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Actualités, enquêtes à Lyon et dans la région

[Vidéo] La barre Monmousseau à Vénissieux détruite ce vendredi

[Vidéo] La barre Monmousseau à Vénissieux détruite ce vendredi

La barre Monmousseau, emblématique des Minguettes à Vénissieux, a été détruite par implosion ce vendredi 2 avril. La destruction de cette barre de logements HLM, vidée de ses habitants depuis deux ans environ, s’inscrit dans le cadre du « renouvellement urbain » du quartier.

Vers 10h30 ce vendredi 2 avril, la barre Monmousseau à Vénissieux s’est effondrée en quelques secondes. Détruite par implosion (ou foudroyage), elle s’est comme effondrée sur elle-même, par son centre dans un premier temps.

Avant son implosion, un large périmètre de sécurité a été établi. A l’intérieur de celui-ci, tous les habitants ont été évacués tôt ce vendredi 2 avril au matin. Ils ont été accueillis dans des gymnases de la ville dans l’attente de la destruction de la barre avant de pouvoir regagner leurs logements.

Monmousseau, une barre emblématique des Minguettes

Barre Monmousseau à Vénissieux
La barre HLM Monmousseau aux Minguettes à Vénissieux juste avant sa destruction le 2 avril 2021. Photo BE/Rue89Lyon

La barre Monmousseau était emblématique du quartier. Construite dans les années 1960, la barre Monmousseau abritait quelques 200 logements. Des logements sociaux, propriété jusqu’à sa destruction du bailleur ICF Habitat (bailleur social et filiale de la SNCF. La barre s’étirait sur une centaine de mètres. Haute d’une quinzaine d’étages, elle imposait déjà par sa taille. 

Sa localisation la rendait davantage emblématique. Située rue Gaston Monmousseau (du nom d’un ancien syndicaliste et député communiste français), elle marquait la limite Est du quartier des Minguettes et du plateau. Depuis là, elle surplombait les quartiers de Vénissieux centre et de Charréard.

Des travaux jusqu’en septembre 2021

Sa destruction s’inscrit dans le cadre plus large du « renouvellement urbain » du quartier des Minguettes. Un projet déjà largement entamé et qui a déjà vu notamment le renouvellement du secteur de Vénissy.

Le projet de démolition avait débuté en 2016. Le relogement des locataires a duré jusqu’en 2019. Depuis, la barre vidée était préparée pour sa démolition. Le nettoyage et l’évacuation des gravats doivent durer jusqu’au mois de septembre 2021.

Du 100% numérique pour le festival Reperkusound

Du 100% numérique pour le festival Reperkusound

La 16e édition du festival d’électro se fera… derrière les écrans pour le public. Sur scène pour les artistes. Mais plutôt en numérique que pas du tout : Reperkusound jouera et avec de gros noms tels que Suzane, WorakIs. Et la lyonnaise Romane Santarelli.

L’édition 2020 avait tout bonnement été annulée. Une fois, mais pas deux : le vendredi 2 avril de 19h à minuit, Reperkusound sera diffusé sur la plateforme Shotgun. Le festival sera animé comme une émission télé. Deux comédiens, Sophie Belvisi et Dorian Pillot ont pour objectif de créer l’ambiance entre chaque concert. Les spectateurs du festival en ligne pourront participer en apostrophant les deux acteurs.

Le « coup de tonnerre » d’une annulation de Reperkusound : une fois mais pas deux

Au lendemain de l’annulation du festival en mars 2020, Jérôme Laupies, l’un des responsables de Médiatone, association à l’initiative de ce festival avait déclaré, relayé sur Rue89lyon :

« C’est la plus grosse claque de notre histoire. »

Alors pas question d’annuler, surtout avec des têtes d’affiche qui peuvent assurer le show. Suzane, en premier lieu, qui vient de remporter un titre aux « Victoires de la musique » dans la catégorie « révélation scène ». WorakIs comme elle étaient déjà programmés en 2020. Ils avaient promis de venir pour la prochaine édition du festival. Et c’est chose faite.

Le festival dématerialisé comporte tout de même quelques avantages : pour la première fois, Reperkusound sera gratuit. Mais un « bar à dons » sera ouvert, pour soutenir l’événement et sa structure organisatrice Mediatone. Cette année, pour maintenir l’édition dans ce format, les financements ont été trouvés du côté de la Ville de Villeurbanne, du Crédit Mutuel et de Clear Channel…

Les organisateurs du festival ont réfléchi à la scénographie la plus immersive possible : les artistes seront filmés en 360°. Pour ajouter un peu au participatif, le public est invité à se filmer chez lui pour un concours « Reperku dans ta chambre » qui récompensera les meilleurs décors et ambiances.

© Reperkusound / Hugo - Radio Campus St-Etienne
Photo : Reperkusound / Hugo – Radio Campus St-Etienne
#reperkusound

« Fête quais de Saône » à Lyon : « pas de volonté de braver les mesures sanitaires »

« Fête quais de Saône » à Lyon : « pas de volonté de braver les mesures sanitaires »

[Article mis à jour régulièrement] Quelques jours après ce que l’on a nommé la « fête quais de Saône », deux frères de 26 et 22 ans se sont présentées à la police comme étant les organisateurs de ce rendez-vous. Ils ont été immédiatement placés en garde à vue. Ce samedi matin, le procureur les a placés sous contrôle judiciaire. Leur procès aura lieu le 27 avril.

Contactée par Rue89Lyon, leur avocate raconte que ses clients ont été « dépassés par les événements ».

La scène a fait couler beaucoup d’encre.

Mardi 30 mars, en fin d’après-midi, des images ont circulé montrant plusieurs dizaines de jeunes personnes en train de danser au son d’enceintes bluetooth, sur le quai rive droite de la Saône, au centre ville de Lyon.

Baptisée par plusieurs médias locaux et nationaux « la fête des quais de Saône », ces images ont immédiatement fait réagir le préfet du Rhône qui avait décidé de ne pas envoyer les forces de l’ordre par crainte d’un incident.

« Rassemblement irresponsable et inacceptable sur les quais. Compte tenu de la proximité de la Saône et du danger qu’aurait créé une intervention, le préfet a demandé aux forces de l’ordre de ne pas intervenir », avait tweeté la préfecture du Rhône.

Puis le gouvernement, par la voix de Marlène Schiappa, s’y est mis.

Le lendemain, le parquet de Lyon ouvrait une enquête pour « mise en danger de la vie d’autrui » et « non-respect des mesures sanitaires ».

Message audio des « organisateurs » du rassemblement quais de Saône

Avant de se rendre à la police, deux personnes se présentant comme les organisateurs ont envoyé un message audio au Petit Bulletin.
Leur voix a été modifiée par nos confrères à leur demande (écouter ci-dessous).
Ces deux hommes se disent « organisateurs du rassemblement quais de Saône à Lyon » :

« Il est important pour nous d’assumer nos actes et leurs conséquences ».

Et d’ajouter :

« Ces trois derniers jours, un acharnement médiatique a été mis en route à l’encontre de ce rassemblement et de ses organisateurs. Notre démarche aujourd’hui est de stopper toute spéculation à notre encontre et de nous laisser entre les mains de la justice. »

Les deux frères et leur association poursuivis

Ce vendredi à 8h30, les deux frères sont allés de leur plein gré au commissariat du deuxième arrondissement de Lyon. Ils ont été immédiatement placés en garde à vue.

Après leur audition par les policiers en charge de l’enquête, le parquet a décidé de poursuivre les deux frères pour « mise en danger de la vie d’autrui » et « organisation d’un rassemblement interdit sur la voie publique dans une circonscription territoriale en état d’urgence sanitaire et devant faire face à l’épidémie de Covid-19 ».

Dans un communiqué de presse délivré ce samedi après-midi, le parquet de Lyon indique que l’association « X Terre », ayant pour objet « le soutien à la musique et à la culture », est également poursuivie en tant que personne morale des mêmes chefs d’inculpation. Les deux frères étant co-présidents de cette structure. Selon le parquet, c’est via le compte Instagram de leur association comptabilisant « 900 followers » que les deux frères ont lancé une invitation à ce « rassemblement festif ».

« Dépassés par les événements »

Ce samedi matin, après une nuit en garde à vue, les deux frères ont été déférés devant le procureur de la République qui leur a remis une convocation par procès verbal à leur procès qui se tiendra le 27 avril prochain. Ils ont été placés sous contrôle judiciaire.

Contactée par Rue89Lyon, leur avocate, Mélanie Sanzari, revient sur les événements :

« Mes clients ont posté une story sur Instagram annonçant un apéro sonore sur les quais de Saône. Habituellement, dix ou quinze personnes de leurs amis viennent. Mais là, il y a eu beaucoup plus de monde que ce qu’ils avaient prévu. Le beau temps et la perspective d’un confinement plus stricte ont certainement joué ».

Quai de la Pêcherie, les deux frères ont installé deux enceintes bluetooth et plusieurs dizaines de personnes se sont rapidement agglomérées.

« Cet apéro n’était pas une action revendicative contre l’Etat. Ils ne voulaient pas braver les mesures sanitaires. ils se sont faits dépasser par les événements. »

Le préfet interdit les quais de Saône

Conséquence de cette « fête » et autres regroupements, le préfet a interdit ce vendredi soir l’accès aux quais de Saône (mais pas les quais du Rhône), entre Vaise (en amont) et Perrache (en aval). Le préfet du Rhône avait déjà interdit la consommation d’alcool la veille. Mais cela ne suffisait manifestement pas.

Dans un communiqué publié en fin de journée, la préfecture précise qu’il a pris cet arrêté contre l’avis du maire de Lyon et du président de la Métropole qui « ont indiqué ne pas être favorables ».

« Depuis plusieurs jours, il a été constaté une recrudescence des regroupements de personnes sans respect de la jauge de 6 personnes, des gestes barrière, de la distanciation physique et du port du masque. Ces comportements dangereux pour notre sécurité sanitaire collective, dans le contexte de tension épidémique croissante que nous connaissons, vont jusqu’à l‘organisation de fêtes sauvages comme cela a été constaté sur les quais de Saône ».

Toute une équipe de vie scolaire virée : que se passe-t-il au lycée de Rillieux-la-Pape ?

Toute une équipe de vie scolaire virée : que se passe-t-il au lycée de Rillieux-la-Pape ?

Au lycée Albert Camus de Rillieux-la-Pape, après le non renouvellement de 10 surveillants en 2020, deux CPE sont mutés par décision administrative au début du mois de mars. Des décisions rares, qui, d’après les intéressés et deux syndicats, pourraient cacher la volonté de leur hiérarchie de mettre sous le tapis une affaire d’agression sexuelle. 

Le 10 mars, deux CPE (conseillers principaux d’éducation) ont reçu chez eux un arrêté de mutation pour l’intérêt du service. Fini le lycée Camus de Rillieux-la-Pape, où ils officient, pour l’un depuis près de dix ans, pour l’autre depuis la rentrée de septembre 2019.

Cette décision administrative est rare dans l’Éducation Nationale et particulièrement douloureuse pour les deux employés de l’Éducation Nationale. Ils s’y attendaient toutefois.

Selon deux syndicats, « des faits d’agression sexuelle » au lycée de Rillieux-la-Pape

(suite…)

L’hôpital militaire Desgenettes de Lyon dit adieu à ses urgences

L’hôpital militaire Desgenettes de Lyon dit adieu à ses urgences

[Info Rue89Lyon] Ce jeudi 1er avril, l’hôpital militaire Desgenettes à Lyon va fermer ses urgences. Un service qui a pourtant vu passer jusqu’à 30 000 patients en 2018. Dans un contexte de crise sanitaire aigüe, que se passe-t-il dans cette structure affiliée au ministère des Armées, en contrat avec les HCL (hospices civils de Lyon) ?

L’hôpital militaire Desgenettes, dans le 3ème arrondissement de Lyon. DR.

C’est par un courrier interne que Sylvie Perez, médecin-cheffe de l’hôpital d’instruction des armées Desgenettes à Lyon a officialisé le 23 mars dernier la nouvelle : les urgences fermeront ce jeudi 1er avril, date de la dernière garde effectuée par un praticien. A partir de ce samedi 3 avril, les urgences seront transformées en un « centre de consultations non programmées », ouvert uniquement du lundi au vendredi, en journée. « Un coup de massue », selon l’expression des syndicats, alors que Lyon, comme le reste de la France entame son troisième confinement.

Un accord non tenu entre Desgenettes et les HCL

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#Armée

Le préfet interdit une seconde manifestation sur le droit au logement à Villeurbanne

Le préfet interdit une seconde manifestation sur le droit au logement à Villeurbanne

Dans la continuité de la manifestation de ce samedi, une autre manifestation qui était prévue le mercredi 31 mars à Villeurbanne a été interdite par le préfet.

Dans la foulée du week-end européen de mobilisation européen pour le droit au logement, une autre manifestation était prévue le mercredi 31 mars à 16 heures sur le parvis du TNP, à destination de l’Île de l’Egalité. Elle a été interdite car elle n’aurait pas pu assurer le respect des consignes sanitaires.

La manifestation “Mobilisation autour de la question du mal-logement et des expulsions dans la métropole de Lyon” était pourtant déclarée. C’est à la vue d’un autre événement facebook, non déclaré à la préfecture, “Carnaval contre toutes les expulsions” que le préfet aurait pris sa décision.

Une manifestation ou deux ?

Comme le préfet l’écrit dans son communiqué :

“Ces événements n’en font qu’un puisque les organisateurs, le lieu et l’heure sont les mêmes.”

Alors pourquoi interdire l’événement s’ il s’agit en réalité du même ? Selon le préfet :

“Ces événements revêtent un caractère festif qui ne permettra pas de garantir le respect des mesures sanitaires.”

Il n’était pas expressément stipulé que l’événement aurait un caractère festif, hormis la dénomination de « carnaval » ainsi que l’entrain du communiqué de Rebellyon où on peut par exemple lire :

« Rendez-vous sur le parvis du TNS occupé pour un départ fanfaronnant et haut en couleurs vers l’Île Égalité ! »

ainsi que

« Alors, face aux guignols qui nous gouvernent et aux propriétaires qui nous mettent à la rue, sortons-y et prenons là, chantons et dansons au son des revendications qui nous portent : un logement digne pour tous et toutes ! L’arrêt immédiat de toutes expulsions en cours ou à venir ! »

Le préfet a aussi pris un arrêté d’interdiction périmétrique de manifestation pour toute la journée du mercredi 31 mars 2021 de 13h00 à 19h00 dans le secteur délimité par l’avenue Aristide Briand, la rue Paul Verlaine ainsi que la rue du 4 août 1789 et la rue Michel Servet.

Marche pour les familles sans logement organisée par le collectif "Jamais sans toit" jeudi 15 juin à Vaulx-en-Velin. ©HH/Rue89Lyon
Manifestation pour les familles sans logement organisée par le collectif « Jamais sans toit » jeudi 15 juin à Vaulx-en-Velin.Photo : HH/Rue89Lyon

Préfecture du Rhône : les étrangers victimes de la dématérialisation

Préfecture du Rhône : les étrangers victimes de la dématérialisation

Côté face, la préfecture du Rhône a totalement éliminé les interminables queues pour accéder au service d’accueil des étrangers. Côté pile, il faut désormais passer systématiquement par une plateforme Internet pour prendre un rendez-vous. Pour de nombreuses personnes, cette dématérialisation accentue les difficultés pour simplement se rendre à un guichet et déposer une demande de titre de séjour. Une « manière de faire du tri » dans les étrangers, dénoncent le barreau de Lyon et la Cimade.

Des associations d’aide aux étrangers et d’avocats viennent de déposer un recours pour que tous les usagers puissent avoir normalement accès au service public.

Anita (prénom d’emprunt) est kosovare. Depuis une dizaine d’années, elle vit dans la région lyonnaise. Il y a trois ans, elle s’est mariée avec un Français.
En octobre 2019, elle prend sur Internet un rendez-vous à la préfecture du Rhône pour déposer une demande de titre de séjour en tant que conjointe de Français. Un premier rendez-vous lui est attribué en juin 2020. Anita s’arme de patience. Elle part pour huit mois d’attente.

Arrivent la crise sanitaire et son premier confinement. Les guichets du service des étrangers sont fermés, son rendez-vous est annulé. La préfecture lui annonce par mail qu’elle va être recontactée pour lui attribuer un nouveau créneau.

Quelques semaines plus tard, contre-ordre. La préfecture informe Anita qu’elle doit prendre un nouveau rendez-vous sur « Démarches simplifiées ».

En juillet, elle reprend donc un rendez-vous sur cette nouvelle plateforme. Elle le fait toute seule, pensant que la procédure est aussi simple que précédemment. Erreur. Cette fois-ci, elle doit cocher dans un menu déroulant le motif de sa demande de titre de séjour. Elle choisit « conjoint de Français ».

Après plusieurs mois d’attente, elle obtient un créneau en novembre 2020 pour déposer son dossier.
Le jour-J, elle se présente au guichet. Mais là, l’agent lui annonce que même si elle bien mariée avec un Français, elle s’est trompée dans le choix du menu déroulant car elle n’a pas de visa d’entrée sur le territoire français. Elle n’est donc pas au bon guichet : elle relève du guichet en charge de l’admission exceptionnelle au séjour (AES).

Même si Anita peut lui remettre son dossier, l’agent refuse de le prendre et l’invite à reprendre un rendez-vous en cochant, dans le menu déroulant, un nouveau motif de demande de titre de séjour.

Plus d’un an après sa première prise de rendez-vous, Anita n’a toujours pas la possibilité de déposer son dossier.
Elle se tourne alors vers son avocate qui décide de déposer un référé « mesure utile » devant le tribunal administratif de Lyon, pour qu’il contraigne la préfecture du Rhône à lui donner un rendez-vous.
La préfecture finit par délivrer le fameux rendez-vous, avant que le tribunal n’ait eu à l’y obliger.
Et en février 2021, Anita a pu enfin déposer son dossier. Plus d’un an et demi après sa première tentative.

Le renforcement de la dématérialisation pour les étrangers : une nouveauté post confinement

Le parcours du combattant d’Anita illustre une grande partie des difficultés auxquelles les étrangers sont confrontés à Lyon, lorsqu’ils veulent obtenir des papiers.

Pour éviter les énormes queues devant certaines de ses préfectures, l’État français a mis en place une prise de rendez-vous sur Internet en 2016.

Partout en France. À la préfecture du Rhône, les effets conjugués de la dématérialisation et des dysfonctionnements à répétition du service des étrangers ont rendu l’accès au service public catastrophique.
Les délais d’attente se sont allongés jusqu’à atteindre 8 à 9 mois pour une première demande de titre de séjour.
Ces temps d’attente démesurément longs ont pu générer de la corruption, comme nous avons pu le documenter.

Depuis la fin du premier confinement, la préfecture du Rhône, comme d’autres en France, a mis en place la dématérialisation totale de la prise de rendez-vous.
Un choix qui était dans les tuyaux avant l’épidémie -mais la Covid-19 en a accentué les effets négatifs.

Premier principe, depuis le déconfinement (au milieu du mois de mai 2020) : l’accès au service des étrangers de la préfecture se fait uniquement sur rendez-vous, même pour le renouvellement des récépissés qui constituait les dernières queues « physiques ».
Première difficulté : la plateforme n’est pas la même pour chacune de ces démarches.

Premières demandes de titres de séjour : « le vrai gros problème »

Deuxième principe qui marque le fonctionnement du service des étrangers : les rendez-vous sont fixés de manière aléatoire.
En dehors de la procédure pour renouveler un titre de séjour (lire encadré), il est bien difficile de savoir quand on pourra obtenir un rendez-vous.

Pour les premières demandes de titre de séjour, la personne doit désormais se connecter à une plateforme en ligne demarches-simplifiees.fr.
Pour trier les demandes, la préfecture du Rhône a mis en place un système de « priorisation ».
Auparavant, il fallait seulement réserver un créneau horaire. Aujourd’hui, il faut sélectionner le fondement de sa demande dans un menu déroulant et téléverser des pièces.
Alors qu’avant la mise en place de cette plateforme tout le monde était logé à la même enseigne, l’attente pour obtenir un rendez-vous (qui était de 9 mois en juin 2019) est désormais fonction de cette « priorisation ».

Selon nos informations, la préfecture a fixé trois groupes d’étrangers, classés par « priorité ».

• Priorité 1 : les bénéficiaires de visa d’installation : aucune difficulté signalés pour ces personnes.
• Priorité 2 : les étrangers qui demandent des titres de séjour de plein droit. Exemple : conjoint de français, parent d’enfant français, étranger malade.
Pour ces deux premiers groupes, les délais d’attente se sont améliorés, passant de 9 à 6 mois.
• Priorité 3 : admission exceptionnelle au séjour (AES) + L. 313-11 7 (vie privée et familiale). Ce troisième groupe concerne tous les autres étrangers, à savoir les demandes de régularisation via le pouvoir discrétionnaire du préfet.
Pour ces personnes, aucun rendez-vous n’a été fixé durant plusieurs mois après le premier confinement. Depuis cet automne, des rendez-vous sont fixés par paquet, sans qu’on puisse dégager un quelconque délai moyen d’attente.

Une plateforme « démarches simplifiées » très complexe

Quand on est étranger et qu’on veut déposer une première demande de titre de séjour, plusieurs problèmes se posent pour la prise de rendez-vous.

Premier problème. Des pièces obligatoires sont à déposer sur la plateforme (preuve de nationalité, domiciliation, acte d’état civil + des pièces en fonction des demandes).
Pour scanner les pièces, muni seulement d’un téléphone, c’est compliqué. Puisqu’il faut faire glisser le scan sur la plateforme. Par ailleurs, il n’y a pas une boîte mail dédiée pour poser des questions. Il faut écrire à la boîte générale de la préfecture.

Deuxième problème. Il faut préciser le motif du rendez-vous, à savoir le fondement juridique de la demande de titre de séjour. Cela se présente sous forme d’un menu déroulant.

« Là, tout est compliqué. Le fondement juridique est difficile à trouver. Car les situations des personnes sont souvent complexes ».

Les avocates Anne-Caroline Vibourel et Eloïse Cadoux, co-présidentes de la commission droit des étrangers du barreaux de Lyon.

Conséquences de ces deux problèmes, des étrangers reçoivent des mails indiquant que leur demande de prise rendez-vous est « classée sans suite ». Il faut refaire une demande. Ils ont perdu de précieuses semaines alors que les temps d’attente sont toujours très longs entre la demande de rendez-vous et le rendez-vous lui-même.

D’autres, comme Anita, ne peuvent pas déposer leur dossier lorsqu’ils arrivent le jour-J au guichet de la préfecture.
Avocats et la Cimade constatent ainsi que des usagers, « dûment convoqués, se voient refuser l’accès au guichet » car ils n’ont pas effectué le bon choix dans le menu déroulant.

Ce refus de guichet est illégal, selon les avocats. La préfecture pourrait soit accepter le dossier en demandant éventuellement de fournir des pièces complémentaires, soit redonner une convocation. Ici, le système mis en place n’admet aucune souplesse.

L'entrée du service des étrangers de la préfecture du Rhône, à Lyon, en mars 2021. ©LB/Rue89Lyon
L’entrée du service des étrangers de la préfecture du Rhône, à Lyon, en mars 2021.Photo : LB/Rue89Lyon

Associations et avocats deviennent des « auxiliaires de l’administration »

Ce nouveau système de prise de rendez-vous rend de fait la vie de nombreux étrangers plus difficile. Il y a les personnes qui maîtrisent mal la langue française, celles qui n’ont pas accès à un terminal informatique (ordinateur ou téléphone), celles qui n’ont pas d’adresse mail et puis, surtout, celles qui ne comprennent pas le sens juridique des questions posées.

La préfecture du Rhône n’a prévu aucune aide. Il existe seulement un « guichet de renseignements » dans ses locaux de la rue Molière mais il ne permet pas de prendre des rendez-vous. Son utilité est donc fortement limité et peu d’étrangers en ont même connaissance.

Les avocates Anne-Caroline Vibourel et Eloïse Cadoux, co-présidente de la commission droit des étrangers du barreaux de Lyon, pointent ce problème :

« Il n’y a pas d’espace numérique. Pour cause de Covid-19, avance la préfecture. Ni même une borne numérique. Quant à la plateforme « Démarches simplifiées », elle est disponible seulement en français alors que le site de l’Ofii est en plusieurs langues.
Il n’existe aucune autre modalité de prise de rendez-vous en dépit de l’arrêt du Conseil d’Etat du 27 novembre 2019 posant le principe du caractère facultatif du recours aux téléservices.»

Par conséquent, faute de prise en considération de ces difficultés d’accès aux outils numériques et à la compréhension, de plus en plus d’étrangers perdus se tournent vers les associations, Maisons de la Métropole et cabinets d’avocats.

A la Cimade, environ 25% des permanences téléphoniques sont désormais consacrées à aider les personnes à prendre un rendez-vous. Un des bénévoles, Régis Cavelier, explique :

« Avant la mise en place de ce nouveau système, on n’était quasiment jamais sollicités pour de la prise de rendez-vous. Parce qu’il suffisait de réserver un créneau sur un planning. Les gens se débrouillaient tous seuls. Aujourd’hui, le problème principal est de trouver le fondement de la demande de titre de séjour. Il faut analyser la situation de la personne. Il faut discuter longtemps pour comprendre ».

Du côté du barreau de Lyon, même constat, pour les avocates Anne-Caroline Vibourel et Eloïse Cadoux :

« Les cabinets d’avocats voient arriver depuis septembre des gens simplement venus remplir leur demande pour obtenir un rendez-vous. On scanne des pièces : copie du passeport, justificatif de domicile, visa, etc. On remplit des formulaires, on gère des tableaux de suivi. Avant, on le faisait en direct lors de l’entretien ; ça prenait deux minutes ».

Bénévoles des associations de soutien aux étrangers et avocats spécialisés sont devenus des « auxiliaires de l’administration », selon l’expression de l’avocat Jean-Philippe Petit.

« Auparavant, nous accompagnions seulement les personnes pour avoir un titre de séjour. Pour nous, notre mission s’est décalée en amont. C’était déjà compliqué de défendre les personnes sur le fond. Là, on passe notre temps à essayer d’accéder au service public ». 

« Le simple fait d’avoir accès au guichet est devenu le Graal »

Régis Cavelier, de la Cimade, parle d’une « attitude discriminante » de la part de l’administration :

« Aujourd’hui, le droit des étrangers de manière générale et les pratiques des préfectures sont devenus tellement complexes que les gens ne peuvent pas accéder par eux-mêmes au service public. Cette inégalité de traitement qui tient au matériel dont on dispose et à la connaissance de la langue et du fonctionnement de la société française. »

L’avocat Jean-Philippe Petit résume :

« La préfecture ne voit pas tout ce qu’il y a derrière ce nouveau système de prises de rendez-vous. Le simple fait d’avoir accès au guichet, c’est devenu le Graal ».

Il ajoute :

« On ne met plus la file dans la rue mais sur la toile. Ce qui génère encore plus de stress et d’angoisse pour les personnes ».

Un autre avocat, Morade Zouine, voit une volonté de la préfecture :

« Les demandes d’admission exceptionnelle au séjour (AES) restent en souffrance mais c’est volontaire car la préfecture nous a toujours indiqué qu’elle souhaitait prioriser à leur détriment. Mais le délai de réponse, au-delà du délai pour convoquer, fait presque autant de mal aux administrés, qui relancent sans cesse les avocats pour savoir si un rendez-vous a été fixé. Du temps où ils étaient convoqués à 9 mois, on avait au moins une réponse rapide sur la fixation de cette date. ».

« Décourager certaines personnes de s’installer en France »

Les avocates Anne-Caroline Vibourel et Eloïse Cadoux, co-présidentes de la commission droit des étrangers, ne peuvent s’empêcher d’avoir une analyse politique de ces difficultés rencontrées par les étrangers à Lyon.

« Sous couvert de dématérialisation, ce système de prise de rendez-vous rend l’accès au service public plus difficile. Une population vulnérable, qui maîtrise mal le français et l’outil numérique est exclue de fait ».

Parmi les personnes les plus vulnérables, certaines auront la ressource pour trouver une aide, d’autres non. Les avocates poursuivent :

« C’est un système à deux vitesses. Il y a ceux qui ont un avocat ou sont suivis par une association et les autres. Cela permet de décourager certaines personnes de s’installer en France. Laisser pourrir la situation pour décourager ».

Leur confrère Jean-Philippe Petit complète :

« L’administration, ce faisant, dans sa volonté d’aiguiller la demande de rendez-vous crée un pré-enregistrement. Elle fait un tri entre ceux qui méritent d’avoir accès au guichet et les autres. Or, ce n’est pas prévu dans les textes. Il y a une discrimination. »

Il continue :

« Aucun autre usager du service public ne subit un tel sort. Ça n’existe nulle part ailleurs. Si c’était la même chose pour les passeports ou les permis de conduire, on considérerait que c’est un scandale sans nom ! »

Face à ces gens perdus, le Défenseur des Droits (lire encadré) plaide, a minima, pour la mise en place de vrais pôles d’accueil dans les préfecture avec ordinateur et personnels dédiés pour la prise de rendez-vous.

La multiplication des recours en justice pour obtenir un rendez-vous

Aujourd’hui, pour les étrangers, les difficultés sont déplacées en amont du rendez-vous à la préfecture. Pour les avocats, la défense de ces étrangers est devenu l’accès au service public. On crée du contentieux pour obtenir un accès à un guichet et pouvoir y faire enregistrer un dossier de demande de titre de séjour.

Mardi 30 mars, un recours pour « excès de pouvoir » a été déposé au tribunal administratif de Lyon contre la préfecture du Rhône. Il s’agit d’une action en justice concertée à l’échelle nationale car le « téléservice » concerne de nombreux départements.

Cinq associations (La Cimade, le GISTI, la LDH, le syndicat des avocats de France (SAF) et l’Association des avocats pour la défense des droits des étrangers – ADDE) ont attaqué en justice cinq préfectures (dont le Rhône). A chaque fois pour contester la mise en place de la dématérialisation totale de la prise de rendez-vous et ses conséquences.

A Lyon, ces associations sont représentées par l’avocat Yannis Lantheaume. Parmi l’ensemble des griefs, il insiste, pour le Rhône, sur l’absence d’alternative à la procédure dématérialisée. Aujourd’hui, on ne peut prendre un rendez-vous que via une plateforme Internet. C’est cette absence d’alternative qui est considérée comme illégale.

La Cimade et les autres associations espèrent que les tribunaux administratifs suivront l’exemple de celui de Rouen qui a condamné le 18 février dernier, la préfecture de Seine-Maritime pour avoir dématérialisé certaines demandes de titre de séjour.

Quai Augagneur, le 30 mars 2021 : Après le dépôt le jour même d'un recours contre la préfecture du Rhône, la Cimade a organisé un rassemblement d'une cinquantaine de personnes contre la dématérialisation des demandes de titre de séjour mise en place par les préfectures dont celle du Rhône. ©LB/Rue89Lyon
Quai Augagneur, le 30 mars 2021 : Après le dépôt le jour même d’un recours contre la préfecture du Rhône, la Cimade a organisé un rassemblement d’une cinquantaine de personnes contre la dématérialisation des demandes de titre de séjour mise en place par les préfectures dont celle du Rhône.Photo : LB/Rue89Lyon

Selon le Conseil d’État, un sans-papiers peut avoir accès au guichet d’une préfecture

Avant ce recours collectif, plusieurs pistes de contentieux ont été explorées individuellement par les avocats pour leurs clients. En prenant appui sur les récentes décisions du Conseil d’Etat qui sanctionne :

Bien souvent, la préfecture délivre un rendez-vous avant la décision du juge administratif qu’elle sait défavorable, comme dans le cas d’Anita.

« On instrumentalise la justice pour obtenir un simple rendez-vous. C’est la maison qui rend fou », conclut une avocate.

Villeurbanne décroche le titre de « capitale française de la Culture » en 2022

Villeurbanne décroche le titre de « capitale française de la Culture » en 2022

Ce n’est pas qu’un titre honorifique. Villeurbanne, 18ème ville de France et voisine de Lyon, vient d’être désignée « capitale française de la Culture » pour l’année 2022.

Elle concourrait face à Angoulême, Brest, Laval, Le Mans, Saint-Paul de la Réunion, Sète et la communauté de communes du Val Briard. Villeurbanne présentait un projet « résolument tourné vers la jeunesse » pour lequel elle recevra donc un prix d’un million d’euros.

On se rappelle la candidature malheureuse de sa voisine Lyon au titre de « capitale européenne de la Culture en 2013 ». C’est d’ailleurs de ce modèle que s’est inspiré à la France son pour créer son propre titre, doté, lui, d’une somme d’argent. Et Marseille l’avait emporté.

« Un horizon de sortie de crise mobilisateur » depuis Villeurbanne ?

À Lyon, dont le maire de l’époque était Gérard Collomb et l’adjoint investi dans la candidature Georges Képénékian, on avait ragé. On a même soupçonné l’équipe du président d’alors, Nicolas Sarkozy, d’avoir privilégié une ville de la même obédience politique.

Pas de soupçon de ce type pour Villeurbanne, donc. Son maire PS Cédric Van Styvandael s’est félicité ce jour via les réseaux sociaux du résultat offert à une candidature lancée il y a maintenant 5 mois :

« Nous accueillons ce titre avec une grande joie et une grande fierté.

Nous savons que les acteurs de la culture traversent des moments très difficiles. Nous espérons que ce titre offrira un horizon de sortie de crise mobilisateur. »

Cédric Van Styvandael, maire PS de Villeurbanne.

Villeurbanne, « première des deuxièmes villes de France »

Les ateliers Frappaz à Villeurbanne. DR
Les ateliers Frappaz à Villeurbanne. DR

La ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, a transmis quelques mots, alors qu’elle est hospitalisée depuis le 24 mars, atteinte du Covid :

« Première des ‘deuxièmes villes de France’ comme elle aime à se nommer, Villeurbanne, riche de son histoire industrielle, cité jeune et en croissance, a choisi la jeunesse pour force et cible de son projet culturel urbain. »

Villeurbanne qui peut parfois rencontrer des difficultés à être identifiée de façon propre du fait de sa proximité avec Lyon, va peut-être pouvoir attirer la lumière spécialement en 2022.

C’est un jury présidé par Bernard Faivre d’Arcier (ancien directeur du théâtre et des spectacles du ministère de la Culture et du Festival d’Avignon), et composé avec lui de sept personnalités du monde culturel, qui a choisi le lauréat.

Le projet avec lequel la municipalité de Villeurbanne a gagné s’intitulait « Place aux jeunes ! ». Il promet notamment un « festival en plein air conçu par les jeunes dans le parc naturel urbain de la Feyssine. Ils et elles assureront la production, la programmation artistique, la direction technique »…

Cédric Van Styvandael a promis ce mardi que, « dès que les conditions sanitaires le permettront », l’année de la « culture » à Villeurbanne sera lancée en grande pompe. Espérons qu’en 2022, les rassemblements et les lieux culturels ouverts soient de la partie.

[Podcast] L’écoute critique, une voie pour explorer l’espace urbain

[Podcast] L’écoute critique, une voie pour explorer l’espace urbain

L’Ecole urbaine de Lyon propose une série de conférences intitulées « Les Mercredis de l’anthropocène ». Débute d’ailleurs la cinquième saison de ces rendez-vous hebdomadaires. Rue89Lyon en est partenaire et publie les tribunes des invité·es et intervenant·es qui poursuivent les échanges à distance.

© Dominick Guzzo (CC BY-NC-ND 2.0)
© Dominick Guzzo (CC BY-NC-ND 2.0)

Comment appréhender l’espace urbain, le décrire, l’analyser ? L’observation par le regard apparaît souvent comme une évidence, mais laisse dans l’ombre les possibles du sonore pour révéler ce qui se passe en ville, de la production urbanistique aux rapports sociaux qui s’y nouent.

L’écoute critique, au travers d’une écoute active, non hiérarchisante, curieuse sans naïveté, cultivée sans systématisme, propose une autre méthode pour penser la ville, articulant analyse informée et ouverture à la singularité de chaque diffusion/environnement/objet. Par cette notion, nous proposons ainsi de réfléchir à une manière singulière de s’intéresser aux dimensions environnementales, politiques et sociales des espaces urbains ainsi qu’à leur production.

Afin d’explorer les possibilités ouvertes par l’écoute critique, nous accueillerons Juliette Volcler et Marc-Antoine Granier pour un échange autour de leurs pratiques mais aussi pour écouter et analyser ensemble extraits et créations sonores.

Mercredi 31 mars 2021, en direct de 18h30 à 19h30 : « L’écoute critique, une voie pour explorer l’espace urbain »

Avec :

Marc-Antoine Granier. Compositeur et réalisateur radio depuis 20 ans, il compose pour le spectacle vivant et fabrique des documentaires ou essais radiophoniques, notamment pour France Culture. Il a réalisé « Total désir » (France culture, 2018) et « Ville souterraine » (RTBF, 2019). Ses recherches cheminent souvent dans les interstices de l’urbain pour tenter d’en révéler les récits et la création sonore.

Juliette Volcler. Chercheuse indépendante, autrice, productrice radio, critique et curatrice sonore. Elle travaille sur la critique sociale du son et l’histoire de la création sonore. Elle a publié deux essais : « Le son comme arme » (La Découverte, 2011) et « Contrôle » (La Découverte / La rue musicale, 2017).

 Co-animation par :

Matthieu Adam, chercheur en géographie au laboratoire EVS, ses travaux portent sur l’intégration des problématiques environnementales dans la production de l’urbain. Il a coordonné, avec Émeline Comby, l’ouvrage « Le capital dans la cité. Une encyclopédie critique de la ville » (Amsterdam, 2020). Il est aussi documentariste radio amateur et a co-réalisé, avec Marie Causse, « On dirait la soude : plages et ville d’un industriel de la chimie » (Radio Canut, 2019).

Marie-Noëlle Battaglia, documentariste, son travail explore les questions urbaines, d’appropriation des territoires, de migration ou encore de précarité. Elle a réalisé plusieurs documentaires : « Passagères incertaines » (2015) et « En remontant les murs » (2020).

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A Lyon, la manifestation antifasciste interdite par la préfecture

A Lyon, la manifestation antifasciste interdite par la préfecture

[Article mis à jour régulièrement] Après l’attaque menée par des militants d’extrême droite contre la librairie libertaire « La Plume Noire » (Lyon 1er), une manifestation antifasciste a été déclarée en préfecture pour ce samedi 3 avril. Le préfet du Rhône a décidé de l’interdire. Les organisateurs dénoncent « la complaisance de l’Etat face à l’extrême droite ». La préfecture conteste en mettant en avant la récente dissolution de Génération identitaire. Un recours déposé les organisateurs a été rejeté par le tribunal administratif.

Cette manifestation antifasciste est appelée par l’Union communiste libertaire (UCL), l’organisation dont le siège lyonnais est situé à « La Plume Noir », à la fois librairie autogérée et local politique.
Cette initiative est soutenue activement par la Jeune Garde, un des deux groupes antifas de Lyon et par d’autres organisations d’extrême gauche et de gauche dont la CGT, Attac, la LDH ou encore le PCF.

La manifestation antifasciste à Lyon interdite par le préfet

Le rassemblement puis le parcours déposé en préfecture devait faire partir les manifestants à 14h de la place des Terreaux pour se rendre place Bellecour puis dans le Vieux Lyon, siège national du mouvement Génération identitaire, récemment dissous; avant un retour place des Terreaux.

La préfecture du Rhône a d’abord refusé le départ des Terreaux et le passage par le Vieux Lyon. A la suite d’une rencontre entre les autorités et les organisateurs, ces derniers avaient accepté un nouveau parcours entre la Manufacture des tabacs et la place Jean Macé.

Finalement, jeudi 1er avril, la préfecture a décidé d’interdire toute manifestation antifasciste. Ce vendredi, le préfet du Rhône justifie cet arrêté dans un communiqué de presse :

Compte tenu du contexte sanitaire et de la tension qui règne actuellement entre les groupuscules d’ultra-gauche et d’ultra-droite, cette manifestation présente des risques de troubles graves et avérés à l’ordre public et des mouvements de foule, voire des affrontements entre opposants idéologiques.

Parallèlement, le préfet a pris un autre arrêté interdisant toute manifestation sur l’ensemble de la Presqu’île, du boulevard de la Croix-Rousse (au nord) jusqu’à Perrache (cours Verdun – au sud).

C’est la troisième fois, en deux semaines que la préfecture interdit une manifestation. Comme pour celle contre la loi « sécurité globale », la préfecture met en avant la situation sanitaire et les violences potentielles.

« La complaisance de la préfecture face à l’extrême droite »

Dans un communiqué de presse délivré vendredi 2 avril, les organisations signataires de l’appel à manifester (UCL, CGT, Solidaires, CNT, FSU ou encore le PS et les Insoumis – regroupés au sein du Collectif « Fermons les locaux fascistes ») dénoncent « la complaisance de la préfecture, représentante de l’Etat, face à l’extrême droite » mais également « l’application claire d’une politique du « deux poids deux mesures » face aux fascistes et aux réactionnaires ».

Selon ces organisations, il y a « complaisance » de la préfecture car :

« Agression après agression, violences multiples sur les personnes, attaque après attaque, nous ne constatons aucune réaction : ni interpellation ni condamnation. Au contraire les services de l’État laissent les fascistes s’installer à Lyon, autorisent leurs rassemblements et protègent leurs agissements.

Et il y a « deux poids deux mesures » de la préfecture car :

« La Préfecture nous affirme que la Presqu’île et la rive droite sont des zones interdites à toutes manifestations… sauf pour les manifestations des réactionnaires anti-choix comme celle de dimanche dernier. Attaquer une librairie associative à une cinquantaine un samedi à 14h ne semble pas répréhensible (…). Par contre, déposer un parcours prenant en compte le lieu de l’attaque et les locaux fascistes encore ouverts malgré la dissolution de Génération Identitaire est jugé inapproprié par la Préfecture ».

En réaction à cette charge des organisateurs de la manifestation interdite, la préfecture du Rhône a tenu à répondre dans un tweet :

« Le préfet conteste catégoriquement faire le jeu de l’ultra-droite. Il rappelle que l’État a dissous Génération identitaire. La manifestation «antifasciste» de ce jour a été interdite pour des raisons évidentes de sécurité, notamment la présence d’éléments violents en son sein ».

« Contre les violences de l’extrême-droite et pour la fermeture des locaux fascistes »

Même dissous, le bar associatif et la salle de boxe continuent d’être louées par des associations de la mouvance identitaire qui ne sont pas concernées par le décret de dissolution de Génération identitaire.
C’était tout l’enjeu de cette manifestation.

Pour l’UCL, parmi ceux qui ont attaqué la librairie « La Plume Noire » se trouvent des militants de feu Génération identitaire.

« Nous savons pertinemment que cette attaque a un lien direct avec la dissolution de Génération identitaire, notre implication politique contre l’extrême droite et la symbolique que représente notre librairie.(…)
Notre implication politique depuis des années des les collectifs unitaires luttant contre les groupes d’extrême droite à Lyon fait de nous une des cibles permanentes des fascistes et néonazis lyonnais ».

Dans cet appel à manifester, L’UCL et les organisations signataires demandent la « fermeture définitive des locaux ».

Autre problème soulevé, l’absence d’interpellation des auteurs de l’attaque :

« les assaillants ont pu repartir en groupe, traverser plusieurs rues des pentes avant de poser avec une banderole dérobée sur la devanture de la librairie sans être nullement inquiétés par les forces de l’ordre. (…) Nous avons appris de la part de policiers eux mêmes que ce groupe dangereux avait été repéré dès le début et suivi sur les caméras de surveillance. »

Une enquête a été ouverte.

Après l’interdiction préfectorale, l’UCL promet de « reporter la manifestation à une date ultérieure ».

Le recours des organisateurs rejeté mais

Ce samedi à 12h30, le tribunal administratif de Lyon a rejeté le recours des organisateurs.

Mais dans ses motivations, le juge a laissé une petite porte ouverte à une manifestation. En effet, les deux arrêtés préfectoraux pris le 1er avril ne portent que sur le parcours qui devait se dérouler dans la Presqu’île et le Vieux Lyon et pas sur le « nouveau tracé » – entre la Manufacture des tabacs et la place Jean Macé – proposé le 31 mars par la préfecture et que les organisateurs avaient fini par accepter.

« Le nouveau tracé de la manifestation prévue le samedi 3 avril 2021, proposé par les services préfectoraux lors de la réunion du 31 mars 2021 avec les requérants, organisateurs de la manifestation, et accepté par ces derniers, ne présente aucune des difficultés mentionnées dans les arrêtés en litige, dès lors que ces deux décisions portent respectivement sur un itinéraire et sur un périmètre ne comprenant aucunement ledit tracé évoqué le 31 mars 2021 ».

Ordonnance du samedi 3 avril 2021 du tribunal administratif de Lyon

Le problème est que, même rendu en urgence, cette décision a été délivrée le samedi à 12h30 alors que la manifestation était censée démarrer à 14h. Trop juste pour avertir de potentiels participants. Le samedi soir, les organisateurs du Collectif « fermons les locaux fascistes » ont envoyé un ultime communiqué dans lequel ils reviennent sur le déroulé des événements jusqu’à la décision du tribunal de Lyon :

« La manifestation de ce samedi avait été déposée il y a 2 semaines. La préfecture a attendu le 31 mars pour recevoir les déposants et leur imposer un trajet alternatif qu’ils ont accepté. Malgré cela, la préfecture a refusé d’accorder un récépissé pour ce parcours et attendu 2 jours avant la manifestation pour l’interdire sur la base du trajet initial, en prétendant ensuite que cette interdiction concernait l’ensemble des parcours, afin d’entretenir la
confusion. Ce délai extrêmement court visait manifestement à empêcher tout recours ».

Le communiqué évoque également les conditions dans lesquelles ils disent avoir tenu une conférence de presse :

« Cette décision [du tribunal administratif] rendue 1 heure avant la manifestation rendait impossible sa tenue. Le collectif a donc choisi d’organiser une conférence de presse devant l’Opéra. Un gros dispositif policier avec
menaces de verbalisation ou de gazage avait comme seul but de ne pas nous laisser dénoncer
publiquement les violences d’extrême-droite ».

La librairie-bibliothèque "La Plume noire" en décembre 2017, le local de la CGA devenu UCL, sur les Pentes de la Croix-Rousse (Lyon 1er). Ce local est régulièrement la cible de l'extrême droite ©LB/Rue89Lyon
La librairie-bibliothèque « La Plume noire » en décembre 2017, le local de la CGA devenu UCL, sur les Pentes de la Croix-Rousse (Lyon 1er). Ce local est régulièrement la cible de l’extrême droitePhoto : LB/Rue89Lyon