Lundi 21 novembre, Mediapart n’a pas pu révéler une nouvelle révélation de l’affaire Perdriau. Le tribunal judiciaire de Paris a ordonné une censure préalable, à la suite de la demande de l’avocat du maire de Saint-Étienne. En tant que membre du Syndicat de la presse indépendante d’information en ligne (Spiil), Rue89Lyon publie cette tribune qui dénonce une nouvelle atteinte à la liberté d’informer.
À la suite de l’ordonnance du Tribunal judiciaire de Paris interdisant à Mediapart de publier de nouvelles révélations sur les pratiques politiques du maire de Saint-Étienne, le Spiil dénonce une atteinte inacceptable à la liberté d’informer.
Cette ordonnance a été prise sans que Mediapart soit informé de la procédure en cours, sans débat contradictoire, ni audience publique.
Cette décision expéditive, qui s’appuie notamment sur l’article 875, qui relève des « dispositions particulières au tribunal de commerce », fait écho à la récente décision rendue par le tribunal de commerce de Nanterre contre le média Reflets.info. Celle-ci interdisait au média de publier de nouveaux articles sur le groupe Altice en raison d’un risque de “dommage imminent”.
Une fois de plus, le Spiil déplore une dangereuse atteinte à la liberté d’expression et à la liberté d’informer par le recours au droit commercial.
Censure : le droit commercial utilisé contre les journalistes de Médiapart et de Reflets.info
Le Spiil rappelle que le législateur doit veiller à ce que le droit commercial ne puisse pas être utilisé pour censurer des journalistes. La loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse encadre déjà la responsabilité des éditeurs de presse et présente les garanties nécessaires au juge pour apprécier la valeur d’intérêt général des informations révélées.
La transparence assurée par la diffusion d’informations permet aux acteurs économiques, politiques et aux citoyens de prendre des décisions éclairées. Les révélations précédentes de Mediapart concernant la mairie de Saint-Étienne ont d’ailleurs conduit le parquet de Lyon à ouvrir une information judiciaire pour chantage, abus de confiance et atteinte à la vie privée.
Face à la multiplication des attaques contre la liberté de la presse ces dernières années, qu’il s’agisse de la loi sur le secret des affaires ou de la loi confortant les principes de la République, le Spiil appelle à faire reconnaître la liberté de la presse comme un principe constitutionnel.
Gael Perdrieu, président de Saint-Étienne Métropole et maire de Saint-Etienne, a réussi à opérer une censure sur Médiapart, via son avocat.Photo : Rue89Lyon.
De passage à Lyon, le ministre des Transports Clément Beaune a confirmé la suspension des études sur l’élargissement de l’autoroute A46 sud. À l’Est et au Sud de la métropole, les discussions vont devoir reprendre.
C’est un projet qui faisait l’unanimité contre lui, et pourtant. Malgré les oppositions de la Métropole de Lyon écologiste, des villes environnantes LR et même du Département du Rhône, l’État a un temps persévéré dans son projet d’élargissement de l’autoroute A46 Sud. Ce n’est plus le cas. De passage à Lyon, le ministre des Transports, Clément Beaune, a fini par l’enterrer définitivement.
« J’en tire la conclusion qu’aujourd’hui ce projet n’est pas mûr et donc qu’il faut reprendre les choses, avec une méthode qu’il faut cadrer dans le temps, de concertation large, sur les mobilités dans le Sud-Est lyonnais », déclare-t-il, au micro de BFM Lyon.
Des alternatives à l’A46 Sud au point mort à Lyon
Cette mise à l’arrêt de l’élargissement aurait de quoi satisfaire tout le monde. Le projet avait réussi à s’attirer les foudres des pros comme des opposants aux routes. Mais pour quelles autres perspectives ?
Le projet de grand contournement Est, soutenu par les « pros » route, était en panne sèche aux dernières nouvelles. Les discussions autour du projet de «RER à la Lyonnaise», attendues depuis des dizaines d’années, coincent toujours entre la Métropole de Lyon (EELV) et la Région Auvergne-Rhône-Alpes (LR).
Autre alternative possible, le CFAL Sud,projet de contournement ferroviaire lyonnais qui pourrait permettre de mettre des poids lourds de la route sur le rail, tarde toujours à se lancer. Il avait, en théorie, été relancé en mars 2022 par l’ancien ministre des transports, Jean-Baptiste Djebbari
Le projet d’élargissement de l’A 46 Sud faisait l’unanimité contre lui autour de Lyon.Photo : Wikimédia
Fin de l’A46 Sud : une nouvelle concertation pour trouver des solutions au sud de Lyon
Bref, la suspension du projet d’élargissement de l’A46 Sud réveille d’autres serpents de mer et relancent des interrogations. Il n’est pas le premier à capoter. L’anneau des sciences, le Contournement de l’Ouest lyonnais (COL)… En termes de mobilité, les idées de grands chantiers sont légion. Ceux qui aboutissent semblent, par contre, bien rares.
Selon Le Progrès, le ministre a aussi annoncé qu’une large concertation sur les mobilités dans le Sud-Est lyonnais allait être lancée. Un satisfecit pour les associations locales. Reste que beaucoup sont aussi celles à dénoncer des situations de congestions problématiques.
Or, les conclusions de cette nouvelle concertation ne seront connues qu’en automne 2023. Il faudra encore être patient. Autant dire qu’avec cette nouvelle suspension, difficile de savoir quand un nouveau projet sera dans les bacs (s’il y en a un).
Journaliste lyonnais fan de l’Ouest, je suis à Rue89Lyon depuis 2020. Aujourd’hui associé et directeur de publication, je couvre les questions sociales mais aussi écologiques (pollutions industrielles, scandale des perfluorés). Le travail, c’est la santé, à condition que le droit soit respecté. Un œil politique sur le Rhône. Pour me laisser une info, c’est ici plemerle@rue89lyon.fr.
À la Guillotière se cachent 1000 m² de corridors dans lesquels s’entassent des tonnes de produits du monde. Un empire souterrain creusé, année après année, par la famille Bahadourian. Reliant toutes les régions du monde dans une cacophonie d’odeurs, les denrées vont du mafé au maté, du bœuf jerky au gyu gyu.
On ne présente plus le réseau lyonnais d’épicerie fine Bahadourian spécialisé dans les produits exotiques. Aujourd’hui doublé d’un site internet, le magasin a trois succursales à Lyon, notamment au cœur des cossues Halles de Lyon. Son échoppe historique reste cependant sur la place Bahadourian, en plein cœur du quartier de la Guillotière, du côté du troisième arrondissement de Lyon.
L’entrée est discrète, mais une fois à l’intérieur, les couleurs des étals sautent aux yeux. Au-dessus de presque chacun d’entre eux, des photos ont été encadrées pour rappeler la success story de la famille. On y voit le fils casser la croûte avec Paul Bocuse, Djebraïl Bahadourian déambuler aux côtés de Louis Pradel, recevoir la légion d’honneur… Le tout entouré par des théières géantes et des tajines décorés dans un bazar hétéroclite et doré.
L’épicerie n’est pourtant que la face émergée de l’iceberg. Dans les coulisses une cuisine, des bureaux… et 1000 m² de cave. La famille Bahadourian n’a cessé d’agrandir ce petit labyrinthe souterrain au gré de leurs acquisitions foncières à la surface.
À la Guillotière, au dessus des étals de l’échoppe Bahadourian, des photos de son histoire.Photo : LS/Rue89Lyon
L’épicerie Bahadourian, échoppe historique de la Guillotière
C’est en 1929 que le négociant Djebraïl Bahadourian et sa femme ont posé leurs valises dans le quartier cosmopolite de la Guillotière (Lyon 3e). Fuyant le génocide arménien, ils ont acquis une toute petite échoppe donnant sur la place. Pour maximiser l’usage de l’espace, et s’adapter aux demandes de la clientèle, les marchandises ont très vite touché le plafond.
Armand Bahadourian, fils de Djebraïl Bahadourian et actuel gestionnaire de l’échoppe se souvient :
« Mon père ne supportait pas de dire « je n’ai pas » aux clients. Il disait toujours « revenez demain » et, le lendemain, il avait. »
Un challenge de taille au vu de la diversité de peuplement du quartier de la Guillotière. Grecs, Espagnols, Italiens, Juifs ashkénazes, Maghrébins et Arméniens se sont bousculés aux portes de l’établissement pour retrouver les saveurs de leurs pays d’origine.
Aujourd’hui, du haut de ses 80 ans, le fils de Djebraïl ne se lasse toujours pas de parler de son père. Il disserte aussi avec passion sur l’évolution de son métier et de son quartier.
À la Guillotière, Bahadourian rachète les commerces voisins en quelques années
Interrompu régulièrement par des habitués dans les rayons de l’épicerie, il arrête sa déambulation. Il offre une pâtisserie arménienne à déguster à tel ou tel vieil ami du quartier, avant de reprendre diligemment au sujet de l’une ou l’autre des anecdotes de l’échoppe :
« Du temps de mon père, il y avait toujours un énorme bocal de bonbons en libre service sur le comptoir. Il y avait des personnes qui venaient seulement pour ça. »
Armand Bahadourian a grandi en s’imaginant aider son père au magasin. Il n’aurait pu en être autrement. D’ailleurs lui et son frère aîné ont mis la main à la pâte dès leur majorité.
Quelques années après son installation, Djebraïl Bahadourian a doublé la réserve du magasin en installant de grands entrepôts du 244 au 246 rue Vendôme, à moins de deux cent mètres de la place. Il y a placé Arthur, son fils aîné quand Armand Bahadourian, le cadet, s’occupait de gérer les épiceries :
« J’ai fait mes classes chez les curés. Quand je suis rentré, j’ai commencé au magasin. J’ai suggéré à mon père de racheter les petits commerces qui nous entouraient. »
Vendeurs de meubles, restauration rapide, quincaillerie… Peu à peu, tous ont cédé leurs boutiques à la famille Bahadourian qui a pris possession d’un bloc entier du quartier. Aujourd’hui, les rez-de-chaussée de tous les bâtiments situés entre la rue Villeroy, la rue Moncey, la rue de l’Epée et la rue Marignan appartiennent à la famille.
« Quand Lyon a été bombardé, tout le quartier s’est réfugié dans nos caves »
Forte de ces acquisitions, celle-ci a alors commencé l’aménagement d’un entrepôt d’appoint au sous-sol :
« Elles ont vécu plein de choses ces caves. Quand Lyon a été bombardé en 1944, tout le quartier s’y est réfugié. »
À la fin des années 1970, l’achèvement de l’agrandissement du magasin coïncide avec les premiers travaux de protection des berges du Rhône. Ils permettent des aménagements plus ambitieux dans les sous-sols :
« Avant, c’était compliqué d’investir vraiment les caves, car nous y avions souvent les pieds dans l’eau », se souvient, avec amusement, Armand Bahadourian.
Armand Bahadourian dans les caves du magasin historique, à la Guillotière.Photo : LS/Rue89Lyon
Dans le même temps, gênés par une circulation routière qui s’intensifiait, les entrepôts ont quitté la rue Vendôme pour s’établir en périphérie lyonnaise, sur des centaines de mètres carré. « C’est la mondialisation. En trente ans, on est passé de la vente de 2 types de poivres, à maintenant 40 », illustre Armand Bahadourian qui garde pour maître mot l’adaptation à la demande.
À la Guillotière, les caves de Bahadourian comme témoins de la mondialisation
Passer de 2 poivres à 40, cela requiert de la place en termes de stockage. Armand Bahadourian et son père ont donc supervisé l’abattement de murs dans les sous-sols, reliant ainsi toutes les caves des immeubles.
L’architecture des tunnels témoigne des différentes périodes de travaux avec des plafonds tantôt arqués, tantôt droits. La famille a rénové chaque veine du sol au plafond. Elle a même installé un petit atelier de boucher charcutier, dont il ne reste plus que les imposantes machines.
« Ça, c’était pour farcir les saucisses », illustre le commerçant avec nostalgie en désignant une imposante colonne à laquelle est attachée une manivelle. Jusqu’à huit artisans travaillaient simultanément dans la galerie souterraine qui longe la rue Villeroy.
« On n’arrivait plus à trouver suffisamment de bouchers et charcutiers qui travaillent bien. Maintenant on ne produit plus qu’à un seul endroit pour tous nos point de vente, et on achemine ici. »
Un lieu de diversité de produits et de dialectes
Dans les caves Bahadourian, des piécettes sont aménagées en chambres froides, d’autres en entrepôts plus basiques. Les murs sont flanqués de cartons bariolés aux inscriptions traduites dans toutes les langues.
Les caves de Bahadourian, à la Guillotière.Photo : LS/Rue89Lyon
Une atmosphère digne de la tour de Babel donc, avec laquelle les employés ne dénotent pas. Munis de leurs diables pour remonter les marchandises, ils s’interpellent dans tous les dialectes avec bonhomie :
« On a quand même beaucoup d’Arméniens, de Syrie, de Libye, du Liban… Des Algériens, des Tunisiens… On a un cuisinier népalais aussi… », énumère pensivement Armand Bahadourian.
« Avant on allait goûter les spécialités directement dans les pays »
Une diversité nécessaire selon le patron, qui ne jure que par une connaissance experte des produits proposés à la vente. Un perfectionnisme qui l’a amené à parcourir le monde dans ses jeunes années :
« Avant on allait goûter les spécialités directement dans les pays, pour qu’ils nous expliquent comment les utiliser. Maintenant ils les envoient en France et on les essaye ici, c’est un peu moins l’aventure. »
À cela, il faut ajouter qu’Armand Bahadourian déclare se sentir impuissant face aux pénuries de plus en plus régulières : « C’était moins pire pendant le Covid, pour la moutarde je ne sais plus quoi faire. »
Pour autant, le commerçant chevronné continue de découvrir de nouvelles saveurs ; comme celle du poivre sauvage de Madagascar, rare, et popularisé il y a seulement quelques années.
« Je le connais depuis un peu moins de quinze ans, mais ça n’a pas forcément été facile de créer une route d’importation. »
« Chaque année il y a la queue sur cent mètres ! »
Armand Bahadourian a une anecdote par produit, et semble prendre du plaisir à en parler. Même si, au premier abord il avoue avoir été un peu surpris qu’on lui demande de visiter ses caves pour les Journées du patrimoine. Aujourd’hui, il s’en félicite :
« Chaque année il y a la queue sur cent mètres ! On est quatre à se relayer pour faire visiter les caves par petits groupes. »
Une visite gratuite qui promet tout de même une jolie journée de ventes car bon nombre de curieux ne repartent pas les mains vides. Les caves accueillent aussi des visites de groupe ou des dégustations. Armand Bahadourian aime d’ailleurs recevoir lui-même les convives qui viennent à ce type d’événement. Une vie bien remplie pour le commerçant de 80 ans qui ne veut pas entendre parler de la retraite :
« C’est terrible la retraite. Les premiers mois on est content, et après on s’ennuie. Je suis bien là où je suis », martèle-t-il avant d’aller saluer les équipes qui travaillent en cuisine, au rez-de-chaussée.
Il aborde d’ailleurs avec excitation les prochains travaux prévus :
« On veut que le magasin relie chaque côté de la rue, qu’on voit le jour de tous les côtés. Ça va être super n’est-ce pas ? »
En novembre, alors que Mediapart s’apprêtait à révéler de nouvelles informations sur l’édile, une décision judiciaire a frappé le journal d’une censure préalable, l’empêchant de publier son article. Rue89Lyon récapitule l’affaire Perdriau, ce chantage à la sextape qui aurait été orchestré par l’équipe du maire de Saint-Étienne en 2014.
C’est un véritable scandale politique qui secoue la ville de Saint-Etienne depuis la fin de l’été 2022. En cause : un chantage à la sextape visant le premier adjoint au maire, Gilles Artigues. Ce père de famille, très investi dans la communauté catholique, a été filmé à son insu dans une chambre d’hôtel en compagnie d’un escort boy. Cette vidéo a ensuite été utilisée pour faire pression sur lui. Un complot qui aurait été savamment orchestré par l’équipe du maire de Saint-Étienne.
Le 13 octobre 2022, nous avions fait une première chronologie de cette affaire. Ce 21 novembre, alors Gaël Perdriau (ex-LR) est toujours en poste, nous vous proposons une mise à jour.
Pour cause : de nouvelles révélations étaient sur point d’être publiées par Mediapart cette semaine. Mais, aidé de son avocat, Gaël Perdriau a réussi à empêcher cette publication par une décision expresse d’un tribunal de commerce, qui a frappé Mediapart d’une censure préalable. Retour en détail sur cette affaire.
Le président de la Métropole de Saint-Etienne, Gaël Perdriau, le 17 mai 2021.Photo : OM/Rue89Lyon
Mediapart révèle un chantage à la sextape visant le premier adjoint au maire de Saint-Étienne
Hiver 2014
Gilles Artigues, le premier adjoint au maire de Saint-Étienne, est filmé à son insu en compagnie d’un escort boy. Ce dernier a été recruté spécialement à cet effet par des collègues de Gilles Artigues, pour le faire chanter à l’aide de la vidéo de cette soirée.
26 août 2022
Mediapart révèle les faits dans une enquête intitulée « Sexe, chantage et vidéo : l’odieux complot », publiée le 26 août. D’après le journal, c’est un élu municipal de la majorité, Samy Kéfi-Jérôme, devenu par la suite conseiller régional délégué et vice-président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, qui a installé la caméra dans la chambre d’hôtel.
Ouverture d’une enquête sur Gaël Perdriau et premières garde-à-vues à Lyon
29 août
Gilles Artigues porte plainte contre Gaël Perdriau pour « chantage aggravé ».
30 août
Dépaysement judiciaire oblige, c’est le parquet de Lyon qui ouvre une enquête préliminaire qui est confiée à la police judiciaire (PJ).
12 septembre
Depuis les révélations de Mediapart, le maire de Saint-Etienne, Gaël Perdriau, répète en boucle qu’il n’était pas au courant de cet odieux complot visant son premier adjoint. Des enregistrements récupérés et publiés par Mediapart prouvent le contraire. Pire, les extraits audio diffusés le 12 septembre témoignent d’un véritable « chantage mafieux » orchestré directement par Gaël Perdriau en personne, épaulé par son directeur de cabinet, Pierre Gauttieri.
13 septembre
Gaël Perdriau ainsi que d’autres protagonistes de cette affaire sont placés en garde à vue pendant quelques heures. Il en ressort en fin d’après-midi, sans mise en examen et sans être soumis à un contrôle judicaire.
Alors qu’il est en garde à vue, Les Républicains explique dans un communiqué que « la fédération LR de la Loire a demandé ce jour l’exclusion Gaël Perdriau ».
Gaël Perdriau débranche deux de ses collaborateurs impliqués dans le chantage à Saint-Étienne
20 septembre
Le 20 septembre, dans la foulée de ces nouvelles révélations, le maire de Saint-Etienne démet Pierre Gauttieri de ses fonctions de directeur de cabinet. Le 23 septembre, c’est l’adjoint Samy Kéfi-Jérôme qui démissionne.
22 septembre
Après avoir fait sauter ces deux fusibles, Gaël Perdriau continue de se donner un peu d’air. Dans la soirée, le service presse commun Ville et Métropole fait parvenir deux communiqués.
Dans le premier, le « bureau exécutif de Saint-Etienne Métropole » annonce une réorganisation temporaire « le temps de l’instruction judiciaire » :
Les vice-présidents assurent les représentations extérieures de Saint-Étienne Métropole.
Les dossiers partenariaux [sont] délégués aux vice-présidents dans le cadre de leur délégation.
La prochaine séance du Conseil métropolitain du 29 septembre [sera] présidée par Hervé Reynaud, 1er vice-président.
Dans le second, il est annoncé que « Gaël Perdriau, maire de Saint-Etienne, président de Saint-Etienne Métropole a proposé […] que les représentations municipales extérieures soient assurées par les adjoints en fonction de leurs délégations ».
Une petite phrase a été ajoutée pour tenter de montrer que la majorité soutient le maire (et surtout, ne veut pas déterrer la hache de guerre entre les différents groupes en cas de démission de Perdriau) :
« L’ensemble des élus souhaite exprimer aux Stéphanois leur volonté de poursuivre le travail engagé depuis 2014. »
Nouvelles révélations quelques heures avant un conseil municipal houleux à Saint-Étienne
26 septembre, 6h16
De nouvelles révélations viennent accabler Gaël Perdriau, de la part de France Info cette fois-ci. Le maire de Saint-Etienne est soupçonné de favoritisme : il n’aurait pas respecté la procédure d’appel d’offres pour choisir une entreprise chargée d’organiser des spectacles, dirigée par un couple d’amis dont il est proche.
26 septembre, 14h30
Le 26 septembre se tient le premier conseil municipal stéphanois depuis les révélations de Mediapart. Le conseil se déroule dans une ambiance particulièrement houleuse. Des élus de tous bords demandent avec insistance des explications à Gaël Perdriau tandis que celui-ci se cramponnent désespérément à l’ordre du jour. Campés devant l’hôtel de ville, plusieurs centaines de manifestants réclament sa démission.
Le maire de Saint-Étienne, Gaël Perdriau, évincé des Républicains
11 et 13 octobre
Gaël Perdriau est toujours à son poste de maire de Saint-Etienne et de président de la Métropole. il continue à affirmer qu’il n’a rien à voir avec cette affaire de chantage. Le 11 octobre au soir, les Républicains ont voté à l’unanimité son exclusion définitive du parti, au terme de la procédure lancé le 13 septembre.
Deux jours plus tard, le maire de Saint-Etienne a annoncé sur les réseaux sociaux avoir porté plainte contre Éric Ciotti pour injures publiques et contre son désormais ancien parti pour diffamation.
Des nouvelles révélations censurées sur demande de Gaël Perdriau
21 novembre
Alors que l’affaire Perdriau semblait avoir perdue de son souffle médiatique, Mediapart s’apprêtait à divulguer de nouvelles informations sur le maire de Saint-Étienne. Ces révélations concerneraient « le recours à la rumeur comme instrument politique », à l’encontre de Laurent Wauquiez, président LR de la région Auvergne-Rhône-Alpes
Mais le journal n’a pas pu publier son article car il a reçu un acte judiciaire, de la part du tribunal judiciaire de Paris, lui ordonnant de ne pas rendre publique son enquête. En résumé : il s’agit d’une censure préalable, demandée par le maire de Saint-Étienne par le biais de son avocat. Une décision judiciaire prise dans l’urgence, en quelques jours après que Mediapart ait contacté Gaël Perdriau pour une réaction.
« Mediapart n’était pas informé de cette procédure et l’ordonnance a été prise par un juge sans que notre journal n’ait pu défendre son travail et ses droits », affirme le pure-player, qui souhaite entamer des démarches pour faire annuler la censure.
Cet article est une mise à jour d’un article paru le 13 octobre 2022.
Le groupe de rap ACS a sorti un morceau à l’occasion de l’ouverture de la Coupe du monde au Qatar. Les deux rappeurs, installés à Lyon, y critiquent les conséquences humaines et environnementales de cet évènement.
« C’est quoi la Coupe du Monde ? / Une pluie de profits et d’intérêts pour certains / La mort, l’oubli de tant de vies / C’est quoi la Coupe du monde ? / Bientôt plus d’air tant pis si l’avenir est restreint / Je te donne pas de leçons mais tu peux boycott / De cette folie il faut que l’on sorte »
Dès les premières secondes du morceau, le ton est donné, couplé d’un ballon de foot taché de sang qui s’affiche à l’écran. Temsis et Démos, les deux rappeurs lyonnais du groupe ACS, alertent sur la Coupe du monde qui se déroule au Qatar. Mortalité des travailleurs étrangers sur les chantiers (plusieurs milliers y seraient décédés), impact écologique et soupçons de corruption de la FIFA, les deux artistes passent au peigne fin les raisons de s’opposer à cet évènement.
Ils ne souhaitent pas faire du boycott la question centrale, mais veulent « continuer à critiquer un évènement qui va se dérouler » malgré toutes les critiques.
« Plutôt que de l’ignorer, on voulait en parler pour rappeler tout ça aux personnes qui vont le regarder l’esprit léger », explique Anthony, connu sous le nom de « Démos ».
Rap à Lyon : « Cette coupe du monde au Qatar est particulièrement sale »
Alors que les polémiques autour de la Coupe du monde s’intensifiaient, il y a environ un mois, l’idée d’un morceau a germée dans la tête de Robin, plus connu sous le nom de « Temsis ». Il en fait part à son compère, et le projet se monte rapidement. En moins de quatre semaines, les deux artistes « non désengagés », que Rue89Lyon avait rencontré plus tôt en 2022, enregistrent leur morceau et tournent un clip, réalisé par Alexandre Mameli, sur le sujet.
« Cette coupe du monde est particulièrement sale, avec un nombre de morts démesurés. C’est cela qui nous a donné envie d’aborder cet évènement. On a aussi un point de vue critique sur le sport dans sa forme mondialisée, basée sur le profit. On voulait s’attaquer aux structures comme la FIFA et alerter sur le désastre écologique. C’est le sens qu’on peut donner au rôle de l’artiste », conclut Anthony.
À Rue89Lyon depuis 2022, aujourd’hui journaliste associée. Enquêter sur l’extrême droite, c’est lutter contre l’extrême droite.
J’écris aussi sur la politique, le sans-abrisme, le logement, les violences sexistes et sexuelles. Pour me filer une info ou me contacter, c’est par là : mallenou@rue89lyon.fr
Après une période d’accalmie durant la crise sanitaire, les familles sont de nouveau présentes en nombre dans les rues de Lyon. Alors que le réseau Jamais Sans toit compte jusqu’à 250 enfants sans solution d’hébergement, nous avons rencontré une de ces familles SDF. Vivant dans un collège depuis novembre, elle a vécu six mois dans une tente.
« Voilà, c’est ma maison ! »
Un grand sourire enfantin s’affiche sur le visage de Lila (le prénom a été modifié). Avec un brin d’ironie. À 15 ans, cette jeune Albanaise nous présente la tente, sa « maison » qu’elle partage plusieurs mois avec sa mère, son père et son petit frère. En retrait du boulevard Marius-Berliet, à deux pas de la gare Part-Dieu (Lyon 3e), sa tente avoisine d’autres, installées juste à côté des locaux du Sytral et de Médecins du Monde.
Avec sa tête de poupon et ses lunettes rondes, elle semble presque rire de la situation. Ce n’est pas le cas de sa mère, Mimoza. La quadra balance tristement la tête de gauche à droite en regardant la tente remplie de vêtements, le visage crispé. Elle a déjà dû recoudre plusieurs fois la toile de l’habitacle. Les rats, les voisins les mieux lotis de la place, ont déjà exercés leurs dents à plusieurs reprises sur l’équipement de fortune.
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Journaliste lyonnais fan de l’Ouest, je suis à Rue89Lyon depuis 2020. Aujourd’hui associé et directeur de publication, je couvre les questions sociales mais aussi écologiques (pollutions industrielles, scandale des perfluorés). Le travail, c’est la santé, à condition que le droit soit respecté. Un œil politique sur le Rhône. Pour me laisser une info, c’est ici plemerle@rue89lyon.fr.
Pascal Piérart passe chaque semaine de nombreuses heures sur des ponts d’autoroute de l’A42, A46 ou A6 autour de Lyon. De là-haut, il se mue en « truck spotter », photographe amateur qui immortalise les véhicules pour le plaisir, en témoin de la vie autoroutière.
Quelques heures avant le rendez-vous, les instructions affluent pour se rendre sur les lieux où Pascal Piérart a décidé de s’installer. Emprunter une sortie de l’autoroute, passer un pont de la SNCF : il faut se référer à des captures google maps pour trouver l’endroit exact. Le lieu est en effet peu commun, c’est un pont qui enjambe l’autoroute A42, au nord de Lyon.
Ce pont, Pascal le connaît bien. Il y passe de nombreuses heures chaque semaine, de même que sur d’autres ponts de l’A46 ou de l’A6 autour de Lyon.
« Pour le bruit ce n’est pas terrible, concède-t-il. Mais j’aime venir ici car il y a beaucoup de choses à voir comme on est au-dessus d’une deux fois quatre voies. »
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Un rassemblement dit « du souvenir Trans » est organisé ce dimanche à Lyon en mémoire des personnes transgenres assassinées pour motif transphobe.
La communauté LGBTQIA+ de Lyon a organisé un rassemblement place de la Comédie (Lyon 1er) ce dimanche 20 novembre 2022. La commémoration débutera à 17 heures et s’achèvera à 19. Des discours seront lus au cours de ce rassemblement, de même qu’une liste de noms de personnes transgenres assassinées. Il sera possible de participer à la constitution d’une fresque communautaire.
Cet événement international et annuel vise à rendre hommage à toutes les personnes ayant été victimes de transphobie. Il veut également alerter sur les crimes commis contre la communauté trans et rendre hommage aux personnes décédées et à leurs proches. De nombreuses autres villes de France accueilleront un événement similaire.
La journée du souvenir Trans à Lyon en mémoire des victimes de transphobie
La journée du souvenir Trans a lieu le 20 novembre de chaque année depuis la fin des années 90. La première s’est tenue en mémoire de Rita Hester, tuée le 28 novembre 1998 à Allston dans le Massachusetts.
D’après SOS Homophobie, les actes transphobes seraient en hausse dans l’hexagone. En 2021, l’association a répertorié 179 témoignages contre 168 en 2020. Une hausse qui est certainement plus élevée. L’échantillon de personnes interrogées était, en effet, moins important cette année.
Selon l’association, la transphobie est devenue le second pôle de signalements, après celui de la gayphobie. Ce dernier concerne spécifiquement les hommes gays.
Une conférence sur l’écoféminisme aurait dû se tenir ce 19 novembre à la Maison de l’Écologie de Lyon. Suite à une levée de boucliers sur les réseaux sociaux, l’événement a été annulé une semaine avant. Plusieurs groupes et individus reprochaient au tiers-lieu d’avoir invité deux mouvements avec une idéologie jugée « transphobe ». Floraisons et DGR dénoncent, eux, une censure.
Ce n’est pas la première fois que Floraisons, un média anarchiste et écologiste, est invité à donner des conférences à la Maison de l’Écologie de Lyon. Ce tiers-lieu, situé dans les Pentes de la Croix-Rousse (Lyon 1er), est présidé par Samuel Mecklenburg, adjoint à la culture EELV du 4è arrondissement de Lyon. Le lieu avait déjà accueilli deux autres conférences de ce média depuis 2019, sur l’écologie radicale et sur les nuisances de la métropolisation.
Ces précédentes conférences n’avaient, semble-t-il, pas ému les foules. En revanche, celle prévue ce week-end, les 19 et 20 novembre, intitulée « Écoféminisme et résistance » a provoqué plus d’une centaine de réactions de mécontentement sur Twitter et Instagram. Il est reproché au média d’être transphobe, c’est-à-dire d’être hostiles envers les personnes transgenres ou de nier leurs droits :
« Donc la Maison de l’écologie de Lyon, après avoir parlé d’écologie queer invite les transphobes Deep Green Resistance (DGR) et Floraisons pour parler « Écoféminisme et résistance », au lieu d’inviter Myriam Bahaffou qui en parle d’un angle écoféministe, queer, décolonial et racisé ? », fustige l’un d’eux, retweeté 130 fois depuis.
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Une marche est organisée ce samedi 19 novembre à Lyon en soutien à la révolution en Iran.Elle débutera à 15 heures place Bellecour.
C’est à l’appel du « comité des Iraniens de Lyon » que la marche est organisée ce samedi 19 novembre. Celle-ci débutera à 15 heures place Bellecour et s’achèvera aux alentours de 17h devant l’Hôtel de Ville.
Le collectif n’a pas choisi la date au hasard. C’est deux mois après la mort de Mahsa Jina Amini dans la maison d’arrêt de la police des moeurs de Téhéran. Arrêtée car elle aurait été « mal voilée », la jeune kurde de 22 ans était sortie du bureau de police avec une fracture osseuse, une hémorragie et un oedème cérébral. Elle est décédée dans les heures qui ont suivi.
Sa mort a embrasé le pays. Depuis, l’Iran a été le théâtre de dizaines de manifestations violemment réprimées. Le soulèvement continue encore aujourd’hui, et le comité des Iraniens de Lyon entend les soutenir de Lyon.
Des manifestations simultanées à Lyon et en Iran
Le slogan « Femme, Vie, Liberté » porte étendard de cette révolution sera scandé successivement à Lyon et en Iran ce samedi. Plusieurs autres villes de France comme Paris et Strasbourg seront aussi le théâtre de marches de soutien. L’occasion pour des collectifs comme le Collectif des Etudiant.es Iranien.nes de Lyon (CEIL) de rappeler les risques pris par la population iranienne pour faire tomber le régime des mollah :
« Les forces de l’ordre, comme tous les autres jours et tous les autres soirs, ont tirés sur les manifestants avec des balles de plomb (grenaille de plomb), des gaz lacrymogènes et des grenades de désencerclement. Il ne faut pas oublier qu’ils tirent aussi à balles réelles, surtout dans les régions habitées par des minorités ethniques et religieuses comme au Kurdistan, le fief de Mahsa et de la révolution et au Balouchestan au sud-est du pays. On a enregistré jusqu’ici 252 martyrs dont 35 enfants. »