L’épidémie de Covid-19 est toujours bien là en Auvergne-Rhône-Alpes. La situation continue de s’améliorer dans les hôpitaux de la région mais lentement. Ils accueillent encoreactuellement près de fois plus de patients Covid-19 qu’au plus fort de la vague du printemps.
La décrue est lente dans les hôpitaux d’Auvergne-Rhône-Alpes. À l’heure où on l’on se projette sur le déconfinement, la réouverture de certains commerces ou la campagne de vaccination, il y avait au 1er décembre près de deux fois plus de patients Covid-19 hospitalisés qu’au plus fort de la première vague du printemps.
Taux d’incidence : un retour au niveau d’octobre avant le durcissement des mesures sanitaires
Après une évolution de -50% constatée entre le 10 et le 17 novembre, le taux d’incidence a continué de baisser dans la région. Entre le 17 et le 24 novembre, il a diminué de 40% sur une semaine. Une baisse encore importante mais moins soutenue que la semaine précédente.
Au 24 novembre, il s’établissait sur une semaine à 198 cas pour 100 000 habitants dans la région. Selon les données de Santé Publique France, la dynamique de l’épidémie est donc revenue à son niveau d’octobre dernier en Auvergne-Rhône-Alpes. Si la situation s’améliore, elle n’était ces derniers jours pas encore meilleure qu’au moment de l’entrée en vigueur du couvre-feu le 17 octobre dernier.
Auvergne-Rhône-Alpes demeure la région la plus touchée de France.
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Covid-19 : moins de cas mais beaucoup moins de personnes dépistées en Auvergne-Rhône-Alpes
Entre le 10 et le 17 novembre, selon les données de Santé Publique France, les différents laboratoires de la région ont effectué près de 100 000 tests de moins par rapport à la semaine précédente (-43% sur une semaine). La semaine suivante, la baisse s’est poursuivie mais n’a pas été aussi soutenue : un recul du dépistage de -27% entre le 17 et le 24 novembre.
Avec moins de 100 000 tests effectués en une semaine à l’échelle de la région, c’est un niveau qui renvoie à la fin du mois d’août.
Autre bémol aux bonnes nouvelles : l’évolution du taux de positivité (proportion des positifs dans l’ensemble des tests effectués). Il avait baissé de près de 10 points entre le 4 et le 18 novembre. A l’échelle de la région, il stagne cette fois sur une semaine, entre le 18 et le 25 novembre (21,8% contre 21,2%).
Covid-19 : l’axe alpin toujours le plus touché en Auvergne-Rhône-Alpes
La Savoie et la Haute-Savoie restent les départements les plus touchés de la région. Avec l’Isère et le département des Hautes-Alpes (hors région), ils forment un axe alpin où l’épidémie circule le plus actuellement en France.
Vous pouvez également visualiser l’évolution du taux d’incidence par communes sur cette carte (zoomer ou rechercher la commune par son nom) :
Covid-19 : les métropoles de la région se rapprochent de la moyenne nationale
L’épidémie continue de reculer dans les grandes métropoles de la région. Dans la métropole de Clermont-Ferrand, le taux d’incidence (nombre de cas pour 100 000 habitants) était passé en-dessous de la moyenne nationale au 21 novembre.
Désormais, les quatre grandes métropoles de la région affichent un taux d’incidence avoisinant la moyenne nationale.
Covid-19 : une lente décrue dans les hôpitaux d’Auvergne-Rhône-Alpes
Au 1er décembre, les hôpitaux de la région accueillaient 683 patients Covid-19 de moins qu’une semaine plus tôt. Une baisse de 10% environ sur une semaine, équivalente au rythme de la semaine passée. Une décrue toujours lente donc. Cela représente en moyenne un peu moins de soixante patients par département sur une semaine.
Au 1er décembre, le nombre de patients Covid-19 hospitalisés en Auvergne-Rhône-Alpes était encore près de deux fois supérieur au maximum enregistré au printemps.
La Métropole de Lyon projette de signer une convention avec les occupants de squats, pour en faire des « maisons de l’hospitalité ». Les squats du quai Arloing (9ème arr.) et du cours Lafayette (3ème arr.) pourraient devenir des lieux d’expérimentation de ce nouveau dispositif.
> 2ème volet de notre enquête sur les squats de Lyon.
Verra-t-on bientôt arriver des « squats officiels » à Lyon ? L’idée fait son chemin à la Métropole.
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Journaliste lyonnais fan de l’Ouest, je suis à Rue89Lyon depuis 2020. Aujourd’hui associé et directeur de publication, je couvre les questions sociales mais aussi écologiques (pollutions industrielles, scandale des perfluorés). Le travail, c’est la santé, à condition que le droit soit respecté. Un œil politique sur le Rhône. Pour me laisser une info, c’est ici plemerle@rue89lyon.fr.
Bruno Bernard, président EELV de la Métropole de Lyon, a choisi de placer son oncle à la tête du bailleur social Grand Lyon Habitat. Finira-t-il par y voir un problème politique ?
Depuis l’élection des écologistes en juin dernier à la tête de la puissante Métropole de Lyon, leur opposition politique n’avait eu que peu d’occasions de s’indigner -la gestion de crise sanitaire occupant esprits et médias sans discontinuer depuis le printemps.
Mais l’une des premières décisions prises par le président écologiste, relative à l’un des organismes satellites de la collectivité, ne passe pas et continue d’avoir des conséquences. Bruno Bernard a en effet envoyé François Thévenieau comme représentant de la collectivité au conseil de Grand Lyon Habitat (GLH), où il a été nommé président de l’office. Il s’avère que ledit François Thévenieau est l’oncle maternel de Bruno Bernard. Une information qui n’avait pas été publicisée par les intéressés, révélée par le Progrès.
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Dominique Nachury, conseillère métropolitaine Les Républicains, qui siège également au conseil d’administration de GLH, a fait un signalement par écrit au procureur pour dénoncer cette désignation. Elle avait déjà déposé un recours devant le tribunal administratif de Lyon, le 30 septembre dernier. Elle déclare à la presse locale :
« J’ignorais le lien de parenté entre les deux hommes. Ce n’est pas une attaque sur leur honnêteté mais cela fragilise toutes les relations. On l’a signalé dès le début, et on nous a dit qu’il n’y avait pas de problèmes juridiques. Mais il y a forcément une relation financière avec le budget de la Métropole.
Aujourd’hui notre organisation est transparente et rigoureuse. C’est fragile au niveau juridique. »
« Quand on donne des leçons, il faut être prudent »
L’ex-députée LR met la pression :
« Avec 73 conseillers métropolitains chez EELV, il doit bien y avoir des gens de grande qualité pour présider cet office. Quand on donne des leçons à tout le monde, il faut être prudent. Ce recours est fait pour évacuer tous les problèmes. On peut même imaginer qu’il y ait des recours à chaque vote. »
Bruno Bernard avait déjà répondu de manière lapidaire sur la question. Pour lui, tout oncle qu’il est, François Thévenieau était l’homme adéquat : il est le directeur d’Alynea, une association de lutte contre la précarité et, à ce titre, membre du conseil d’administration d’Est Métropole Habitat. Il a également rédigé le programme social de Bruno Bernard pendant sa campagne électorale.
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Si le bailleur social Grand Lyon Habitat est un organisme important -26 000 logements et près de 1000 commerces-, François Thévenieau ne touchera quasi rien en le pilotant (73 euros versés pour la présence et une prise en charge d’éventuels frais).
Mais son association Alynea vient de recevoir une subvention de 396 000 euros de la part de la Métropole, votée au cours d’une commission permanente (assemblée statuant à huis clos et fermée à la presse). Ce qui peut également faire tiquer. Alynea était toutefois déjà bénéficiaire d’aides de la collectivité lors des précédentes gouvernances. Par ailleurs, François Thévenieau aurait prévu d’en quitter la présidence.
Son neveu Bruno Bernard s’était gardé de claironner l’existence de cette parenté, il n’avait même pas prévenu tous les élus de sa majorité dont certains ont découvert le lien dans la presse locale.
Depuis la rentrée 2020, des prises de position se succèdent annonçant une limitation des libertés académiques. Dans la ligne de mire du gouvernement, un « islamo-gauchisme » qui ravagerait les universités françaises. À Lyon, décryptage de cette critique déjà ancienne avec le cas de l’Université Lumière Lyon 2, réputée pour son ancrage à gauche et sa tradition militante.
« Ce qu’on appelle l’islamo-gauchisme fait des ravages », a déclaré Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale sur Europe 1 le 22 octobre.
« Il fait des ravages à l’université, il fait des ravages quand l’UNEF cède à ce type de chose, il fait des ravages quand dans les rangs de La France insoumise, vous avez des gens qui sont de ce courant-là et s’affichent comme tels. Ces gens-là favorisent une idéologie qui, ensuite, de loin en loin, mène au pire ».
La critique n’est pas nouvelle. Il y a un peu plus d’un an, en septembre 2019, le quotidien local Le Progrès consacrait sa Une à de potentielles « dérives sectaires » à l’université, et en particulier dans celle de Lyon 2. Basé sur le témoignage d’un seul étudiant, le dossier fustigeait l’enseignement de matières controversées telles que les études coloniales ou les études de genre.
L’Université Lumière Lyon 2 serait-elle sujette à des dérives ou gangrenée par l’islamo-gauchisme ? La question de l’identité de cette université emblématique est en plein cœur de cette nouvelle polémique. Et nous replonge dans un contenu pédagogique qui a toujours évolué, comme dans son histoire estudiantine faite notamment de mouvements sociaux.
Quelle place pour les « questions controversées » à l’université ?
Cette accusation d’islamo-gauchisme envers les contenus et, indirectement, envers les enseignant.es des universités, Françoise Lantheaume, professeure en Sciences de l’éducation à Lyon 2, la trouve ridicule :
« Islamo-gauchisme ? Je ne sais même pas ce que ça veut dire. C’est un mot-valise utilisé par des politiques. Ça me fait penser à un truc de vieux… Le gauchisme, les jeunes ne savent même pas ce que c’est. Donc on parle de gens de gauche et islamiques ? »
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Ce samedi 28 novembre à Lyon se tiendra la première manifestation contre la proposition de loi dite de « sécurité globale », votée mardi 24 novembre en première lecture à l’Assemblée nationale. Le rendez-vous est fixé à 14h, place des Terreaux.
Après deux rassemblements le 17 novembre (entre 700 et 2500 personnes – selon les chiffres de la préfecture ou des organisateurs) devant la préfecture du Rhône et le 24 novembre devant le palais de justice du Vieux Lyon (entre 1700 et 4000 personnes), une première manifestation est organisée.
L’appel national a été relayé localement. Ce samedi, des « Marches des libertés » auront lieu dans les grandes villes de France, notamment à Grenoble, Strasbourg, Bordeaux ou encore Marseille. À Paris, le préfet Didier Lallement a interdit la manifestation mais le tribunal administratif a cassé l’arrêté préfectoral. Une « Marche des liberté » pourra donc avoir lieu.
À Lyon, un large rassemblement d’associations et d’organisations réunissant notamment l’union départementale CGT, la Ligue des Droits de l’Homme, des Gilets jaunes, une intersyndicale de journalistes (CFDT, SNJ, SNJ-CGT et FO) ou le Club de la presse appelle à ce nouvel « acte » de mobilisation (voir l’événement Facebook).
Après le départ de la place des Terreaux, le cortège devrait emprunter la rive gauche du Rhône pour retourner en Presqu’île et terminer place Bellecour.
L’article 24 : un délit lié à l’intentionnalité du message
Mardi dernier, l’Assemblée nationale a voté, en première lecture, la proposition de loi sur la « sécurité globale » et son fameux article 24 qui prévoit de punir l’utilisation malveillante d’images de policiers ou gendarmes.
Cet article a suscité la réprobation unanime des journalistes et des médias (lire la tribune que Rue89Lyon a signée).
Dans un communiqué, le Syndicat de la presse indépendante d’information (Spiil – dont Rue89Lyon est adhérent) a également rappelé le danger pour la liberté de la presse que comporte cet article :
« L’article 24 crée un délit lié à l’intentionnalité du message et non au message lui-même. Il conditionne en effet la liberté d’informer au sujet de l’activité des forces de l’ordre sur la place publique à l’intention de la personne qui diffuse l’information. Or, une personne qui filme et diffuse ce qu’elle considère comme une violence policière peut être animée d’un sentiment de colère interprété à tort comme une intention manifeste de nuire. Son message n’en sera pas pour autant en lui-même un appel à la haine.
Le risque de pénalisation de témoins, observateurs non journalistes, lanceurs d’alerte, constitue une pression directe sur ces sources d’information, qui sont bien souvent une matière première pour les journalistes et les éditeurs de presse ».
Contre la loi « sécurité globale » et le nouveau Schéma national du maintien de l’ordre
La mobilisation va au-delà du désormais fameux article 24 contenu dans cette loi.
Outre cette article, la coordination nationale #StopLoiSecuriteGlobale martèle son opposition contre les articles 21 et 22 de la loi « sécurité globale », véritable patchwork sécuritaire. Ces deux articles visent à la généralisation de la vidéosurveillance via l’utilisation des caméras-piétons et à la surveillance des manifestations à l’aide de drones.
La coordination nationale pointe également le nouveau Schéma national du maintien de l’ordre (SNMO). Cette circulaire du ministère de l’Intérieur prévoit notamment que les journalistes doivent quitter une manifestation après que les forces de l’ordre aient appelé à la dispersion.
« Ces dispositions visent à empêcher de documenter les violences policières et cherchent à entraver le travail des journalistes, des réalisateurs et de tout citoyen dans la manifestation de la vérité », rappelle la Coordination nationale qui exige le retrait de ces trois articles et du SNMO.
[Photoreportage] Au cœur du Forez, à près de 100km de Saint-Étienne, les personnes âgées peuvent se sentir bien seules durant le confinement. Isolées et privées de vie associative, elles témoignent d’un sentiment d’isolement et d’injustice. Nous sommes allés en rencontrer au cœur de trois communes du Forez : Boisset-Saint-Priest, La Chamba et la Chambonie les deux plus petits villages de la Loire.
Aux portes du Puy-de-Dôme, à presque 1 000 mètres d’altitude dans ces petits villages nichés sur des pentes douces recouvertes de sapins, difficile de se sentir vraiment confiné. Pourtant, là aussi les mesures sanitaires s’appliquent. Alors, le sentiment d’isolement ils sont nombreux à le partager dans ces villages. De habitants âgés, pour la plupart de plus de soixante-dix ans, souvent des agriculteurs à la retraite, parfois veufs et bien seuls dans leur maison. Afficher une carte plus grande Besoin d’info sérieuse et indépendante : abonnez-vous à Rue89Lyon gratuitement le premier mois avec le code confinement2
Loin de tout, privés de leur vie associative, ils partagent aussi un sentiment d’injustice durant cette crise sanitaire. Ils ne comprennent pas toujours pourquoi ils sont logés à la même enseigne qu’une ville de plusieurs milliers d’habitants. Même s’ils disent rester conscients du danger du Covid qui a bien frappé le secteur de Montbrison et ses alentours notamment dans des Ehpad, lors de la première vague.
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Arthur* (il s’agit d’un nom d’emprunt pour préserver son anonymat) a 21 ans, il est livreur depuis 2019 pour Deliveroo. Ce mercredi, il a déposé un dossier en requalification aux Prud’hommes. Il a entamé sa carrière de livreur alors qu’il finissait sa licence de sociologie à Lyon. Avant, il a enchaîné les petits boulots mal payés, aux conditions de travail qu’il jugeait exécrables :
“J’ai bossé dans des fast-foods, il y avait du harcèlement, beaucoup de contraintes. Je me suis dit, livreur à vélo ce sera plus facile à concilier avec ma vie d’étudiant. Tu n’as pas de patron sur le dos, tu es tranquille, et puis en plus tu ne sens pas le graillon quand tu sors du travail. C’est des petites choses, mais ça fait la différence.”
Après sa licence, il décide de se donner un an de réflexion pour réfléchir à la suite de ses études. Cette année-là, il travaille “à temps plein” pour Deliveroo.
“C’est là que je me suis rendu compte, que c’était n’importe quoi. Que la “facturation” -qui ressemble étrangement à une fiche de paie- était, une fois les 23% versés à l’URSSAF [organisme en charge des cotisations sociales des entreprises], bien en dessous du Smic, et que ça continuait à descendre en plus.”
Un accident du travail sans indemnisation
Les livreurs sont payés à la tâche et seul le trajet du restaurant au lieu de livraison est rétribué. Il décrit :
“L’attente de la commande au restaurant par exemple n’est pas considérée comme du temps de travail. Cela peut parfois durer une demi-heure.”
Un jour, Arthur glisse sur le verglas en livrant une commande. Il se fait une entorse du poignet : il n’a pas pu travailler pendant sa convalescence. Comme il a un statut d’auto-entrepreneur, Deliveroo n’a aucune responsabilité envers lui. Il a eu beau les informer de la situation, il n’a pas pu bénéficier d’aides ou d’indemnisations suite à ce qui ressemble beaucoup à un accident du travail.
Malgré les sollicitations de livreurs syndiqués comme Arthur, ceux-ci n’ont jamais été reçus par les cadres de Deliveroo.
“Ils veulent faire comme si on [les syndiqués] n’existait pas. Parce que reconnaître nos existences, c’est reconnaître l’existence de nos revendications. Ils créent des instances de négociations factices comme “le forum des livreurs” et quand vraiment ça chauffe trop dans les médias, ils nous appellent pour nous passer de la pommade ou tenter de nous dissuader de faire grève. Ils ne nous écrivent jamais. Ça laisserait une trace.”
Depuis un mois et demi, les manifestations de livreurs se multiplient : Lyon, Bordeaux, Toulouse, Agen, Nantes, Brest, Lille, Besançon, Limoges… Arthur témoigne :
“Je pense que la baisse continuelle des rémunérations, additionnée au fait que pendant le confinement on a travaillé comme des malades sans protection, tout ça fait que la coupe est pleine.”
Pour Arthur, livreur n’est pas « un métier nécessaire à la survie de la nation », mais Deliveroo n’a rien voulu en savoir. Durant le premier confinement, les commandes pleuvaient, à des prix toujours plus dérisoires. De plus, la plateforme n’a envoyé des protections (masques, gants, gel hydroalcoolique) qu’à la mi-mai, suite à la médiatisation répétée des risques que prenaient les livreurs.
Maintenant, Arthur ne dépend plus financièrement de Deliveroo, ses courses régulières lui servent d’appoint. Depuis cette année, il est surveillant au lycée Albert Camus à Rilleux la Pape. Un soulagement pour le jeune homme.
“J’ai passé des diplômes en informatique, après j’ai postulé partout. Je n’ai jamais eu de réponses positives. À un moment il faut que l’argent rentre. Je me suis tourné vers un secteur où ça recrutait.”
Emmanuel avait un plan très clair : travailler comme un acharné pendant un an pour mettre un peu d’argent de côté, puis, retourner d’une manière ou d’une autre, à l’informatique. Cela fait pourtant trois ans qu’il est livreur.
“En fait on ne peut pas se constituer de trésorerie. J’ai essayé de plein de manières différentes. Quand ils ont baissé les prix des courses, j’ai pris une trottinette électrique pour aller plus vite [avant, Emmanuel était en vélo]. Ils baissaient le prix des livraisons de dix centimes par mois. Et puis un jour ils ont carrément décidé de ne plus mettre de minimum de prix, parce que tant qu’à faire.”
“Avant, a minima, j’étais payé quatre euros cinquante en moyenne pour une course, maintenant c’est deux euros cinquante. Et puis il ne faut pas oublier que 23% de notre rétribution part à l’URSSAF [organisme en charge des cotisations sociales des entreprises]. A un moment, moi, je ne pouvais plus payer mon loyer. Alors j’ai arrêté de donner à l’URSSAF.”
Les livreurs doivent régulièrement envoyer des “attestations de vigilance” à Deliveroo, UberEats ou Stuart pour certifier qu’ils paient leurs cotisations. Emmanuel reçoit quelques rappels de Deliveroo, puis, un jour, son compte est désactivé.
“Maintenant je travaille chez Stuart. C’est la même galère. Alors je travaille aussi chez Amazon en même temps. Ça ne me plaît pas mais il n’y a qu’eux qui emploient. La preuve c’est que je bosse avec des coiffeurs, des commerçants, des cuisiniers… Qui ont mis la clef sous la porte après le premier confinement.”
Un lien de subordination évident
Les livreurs n’ont que peu de contreparties, hormis leur maigre revenu. Devant le siège les Prud’hommes, à Part Dieu, l’avocat de la délégation CGT des livreurs lyonnais en témoigne :
“Il y a déjà des décisions de justices qui ont été rendues, et qui montrent bien que les livreurs ne sont pas des auto-entrepreneurs mais qu’il y a un lien de subordination entre eux et les plateformes : C’est elles qui choisissent les prix auxquels sont fixés les courses, elles suivent leurs coursiers par GPS, et à tout moment elles peuvent désactiver le compte d’un livreur : unilatéralement, et sans explication.”
“En tant que livreurs, on n’est jamais en sécurité”
Léna a 21 ans, elle est étudiante en biologie. Cela fait un an et demi qu’elle livre pour Deliveroo dans la ville de Lyon :
“Je ne trouvais pas de travail compatible avec mes horaires de fac. Alors j’ai commencé les livraisons. Au début c’était pratique, mais comme « petit plus ». Mes parents m’aident encore financièrement.”
La population des livreurs à vélo ou en scooter est majoritairement masculine, la jeune fille témoigne :
“C’est vrai qu’on est moins d’une dizaine de femmes à Lyon, mais je n’ai jamais eu de soucis avec les livreurs. Il n’y a pas de harcèlement comme j’ai pu en subir dans la restauration rapide.”
“On ne va pas se mentir, les voitures roulent n’importe comment, on n’est jamais vraiment en sécurité. Dans ma famille, ils aimeraient bien que je ne fasse pas ça trop longtemps, surtout ma mamie, qui s’inquiète beaucoup.”
Aujourd’hui, Léna ne vient pas déposer de dossier en requalification, elle ne se sent pas encore assez légitime :
“Je ne fais pas assez de courses. Mais c’est important de montrer sa solidarité, en plus on s’entend bien entre livreurs, même de différentes plateformes. Les sans-papiers nous rejoignent de plus en plus dans nos actions, alors que ça représente un grand risque pour eux. Il y en a, ça fait plus de cinq ans qu’ils travaillent comme des acharnés alors que cela ne peut pas les aider à être régularisés.”
Bon nombre de livreurs sont sans-papiers, et travaillent sous des prête-noms. Pour Ludovic Rioux, livreur et délégué syndical CGT, les plateformes connaissent le problème, et font semblant de vouloir y remédier :
“Les travailleurs sans papiers peuvent travailler pour elles durant de longues années sans jamais pouvoir prétendre à une régularisation. Parfois les plateformes ferment brutalement des dizaines de comptes et puis c’est tout.”
“C’est comme faire la guerre à une armée qui a des soldats à l’infini”
“Je vis dans l’angoisse, si mon vélo est cassé, comment je vais le réparer, si moi je glisse comme j’ai déjà glissé sur une plaque en béton, comment je fais ? Il faut toujours que je fasse attention.”
Le métier devient tellement désavantageux que la plupart des amis livreurs de Thibault pensent à le quitter, mais tous sont confrontés au même problème :
“Comme on ne cotise pas, on ne peut pas prétendre au chômage. C’est difficile de se consacrer pleinement à la recherche d’un autre emploi avec le travail. Si on s’arrête, on n’a rien pour faire une transition.”
Le jeune homme déplore de n’avoir jamais pu rencontrer les responsables de la boîte, ni même reçu le moindre email personnalisé :
“On ne sait pas trop où ils sont planqués. On n’a aucun contact, sauf par mails automatisés : “tel client a été mécontent”, “vous n’avez pas été assez rapide”, “envoyez-nous votre attestation de vigilance”… C’est sympa le monde de l’uberisation.”
Thibault regrette que la précarité des livreurs permette à Deliveroo de faire tourner la boutique :
“En fait on a aucun pouvoir parce qu’il y a un turn over énorme. Ils s’en fichent de perdre des livreurs, il y en aura toujours des nouveaux qui travailleront pour encore moins, dans des conditions qui craignent encore plus. C’est un peu comme faire la guerre à une armée qui a des soldats à l’infini, ils n’en ont rien à faire de nous ou de comment ils font bosser les coursiers. L’important c’est que ça livre !”
L’épidémie de Covid-19 frappe de plein fouet le centre de rétention administrative (CRA) de Lyon Saint-Exupéry, où sont enfermé·e·s des étranger·e·s en situation irrégulière attendant leur expulsion.
À l’intérieur, au moins 13 cas de contaminations ont été recensés la semaine passée. Si lors du premier confinement la justice prononçait des remises en liberté quasi-systématiquement, ce n’est plus le cas avec ce reconfinement. C’est le confinement saison 2, on a besoin d’info sérieuse et indépendante ! Abonnez-vous à Rue89Lyon gratuitement le premier mois avec le code « confinement2 »
Les personnes enfermées, des associations et même la Contrôleuse générale des lieux de privation de liberté ont dénoncé le danger sanitaire, mais également l’absurdité de la situation : de nombreux pays ayant fermé leur frontière, beaucoup d’expulsions sont impossibles.
Les tests PCR, nécessaires au retour vers certains pays, sont refusés par certains retenus, qui risquent leur santé, et même la prison, en résistant ainsi à leur « reconduite ».
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[GRAPHIQUES] Région la plus touchée par la seconde vague de l’épidémie de Covid-19, Auvergne-Rhône-Alpes voit enfin sa situation s’améliorer. La dynamique faiblit fortement ces derniers jours. Dans les hôpitaux de la région, la pression commence enfin à baisser mais reste encore forte.(Rue89Lyon propose un point hebdomadaire, celui que vous lirez ci-après a été effectué en date du 24 novembre. Voir le détail département par département).
La baisse de la dynamique de l’épidémie constatée dans la région lors de notre dernier point se confirme. De nombreux indicateurs affichent enfin une évolution. Notamment celui du taux d’incidence, qui participe à l’évaluation de la dynamique de l’épidémie. Il faut toutefois noter que dans la même temps on a beaucoup moins dépisté dans la région ces derniers jours.
Logiquement, le reflux de patients dans les hôpitaux est pour l’heure plus long que celui de l’épidémie. Cette dernière semble décroître aussi fort qu’elle a explosé, par endroits, courant octobre.
Le président de la République,Emmanuel Macron, lors de son allocution télévisée ce mardi 24 novembre, a indiqué que le « pic de la deuxième vague [était] passé ». Toutefois, en Auvergne-Rhône-Alpes, l’épidémie demeure encore forte. Près de deux fois plus dynamique que la moyenne nationale.
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Auvergne-Rhône-Alpes, une baisse enfin confirmée de la dynamique de l’épidémie
La chute du taux d’incidence de l’épidémie dans la région est très forte ces derniers jours. L’indicateur est utilisé pour évaluer la dynamique de l’épidémie et propose le nombre de cas positifs détectés rapportés à 100 000 habitants. Ainsi, entre le 10 et le 17 novembre, il a chuté de moitié en Auvergne-Rhône-Alpes, passant de 710 à 350 cas pour 100 000 habitants. Au 10 novembre, il avait également connu un recul sur une semaine. Le premier constaté depuis le mois d’août dernier.
La dynamique de l’épidémie décroît dans toutes les tranches d’âge de la population de la région durant la même semaine. Pour la majorité d’entre elles, c’est la deuxième semaine de baisse constatée. Seule la tranche des 0-9 ans connaît sa première baisse du taux d’incidence après une hausse continue depuis fin septembre. Elle est restée durant ce temps, et reste encore, la catégorie d’âge la moins touchée selon cet indicateur (mais aussi une des moins testées).
La décrue de l’épidémie qui semble amorcée ne modifie pas pour l’heure les différences territoriales. Le taux d’incidence reste toujours environ deux fois plus élevé en Auvergne-Rhône-Alpes qu’en Île-de-France. La région Bourgogne-Franche-Comté est toujours la deuxième région la plus touchée de France derrière Auvergne-Rhône-Alpes.
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La Haute-Savoie département le plus touché mais avec un taux d’incidence quasiment divisé par deux
Haute-Loire, Savoie, Haute-Savoie et Loire sont toujours les quatre départements présentant les taux d’incidence plus élevés. La Haute-Savoie reste le département où l’épidémie semble circuler le plus fortement actuellement dans la région. Toutefois, la dynamique continue de ralentir après une première forte baisse constatée la semaine dernière. Entre le 10 et le 17 novembre, le nombre de cas enregistrés dans le département a presque été divisé par deux.
Vous pouvez également visualiser l’évolution du taux d’incidence par communes sur cette carte (zoomer ou rechercher la commune par son nom) :
Covid-19 : une circulation de l’épidémie en baisse significative dans les métropoles d’Auvergne-Rhône-Alpes
L’épidémie semble bien continuer de reculer dans les grandes métropoles de la région. Dans la métropole de Clermont-Ferrand, le taux d’incidence (nombre de cas pour 100 000 habitants) est passé en-dessous de la moyenne nationale.
Dans la métropole de Saint-Étienne, entre le 14 et le 21 novembre, le nombre de cas positifs enregistrés a presque baissé de moitié. Dans les métropoles de Grenoble et de Lyon, la baisse du nombre de cas enregistrés se poursuit. Toutefois, elle a connu un rythme moins élevé durant cette semaine par rapport à celui de la semaine précédente. Signe peut-être d’un début de tassement. Ou de l’effet d’un dépistage en forte baisse.
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Covid-19 : Une chute importante du dépistage en Auvergne-Rhône-Alpes entre le 10 et le 17 novembre
La chute du nombre de cas détectés est-elle la conséquence de l’évolution du dépistage ? Depuis le début des mesures, les évolutions de ces deux indicateurs sont très souvent corrélées dans la région. Au 10 novembre, sur une semaine, le nombre de tests PCR effectués dans la région avait déjà baissé. Une première depuis fin septembre.
Cette fois, la baisse est spectaculaire. Entre le 10 et le 17 novembre, selon les données de Santé Publique France, les différents laboratoires de la région ont effectués près de 100 000 tests de moins par rapport à la semaine précédente (-43% sur une semaine).
Une diminution du dépistage qui pourrait donc expliquer en partie la baisse, parfois très forte, du taux d’incidence enregistrée dans certains départements de la région. Toutefois, le recul de l’épidémie semble bien avéré ces derniers jours et dernières semaines dans la région. Cette baisse du taux d’incidence, malgré le bémol du dépistage, se conjugue avec celle du taux de positivité. Et ce pour la deuxième semaine.
Une première diminution du nombre de patients Covid-19 dans les hôpitaux de Lyon et d’Auvergne-Rhône-Alpes
La semaine passée, on observait un ralentissement clair du nombre de patients hospitalisés en simultané dans les établissements de la région. La baisse, sur une semaine, était très légère. Cette fois, elle est plus significative.
Au 17 novembre, il y avait 7000 personnes hospitalisées pour des cas de Covid-19 dans la région Auvergne-Rhône-Alpes. Elles étaient environ 800 de moins (6220) au 24 novembre (-10% sur une semaine).
Au sein des Hospices Civils de Lyon, la pression commence très doucement a diminué également. Au 24 novembre, la direction indiquait que la capacité de lits de réanimation n’avait pas été augmentée par rapport à la semaine précédente. Une première depuis le déclenchement du « plan blanc » en septembre dernier. Au 24 novembre, le taux d’occupation des lits de réanimation par des patients Covid-19 était de 58% (contre 67% au 17 novembre). Le taux d’occupation des lits de réanimation a lui aussi diminué, de 3 points, sur une semaine.
La covid-19 a-t-elle eu raison des initiatives culturelles ? Malgré les fermetures des lieux, les rideaux sinistrement baissés, des formes de poésie perdurent. Il suffit de décrocher son téléphone. Julien Bucci est un mordu de poésie. Il nous raconte ses projets de transmission, Biblio-Fil et le Serveur Vocal Poétique, qui ont su faire fi des deux confinements.
Julien Bucci a travaillé douze ans à Marseille, où il a expérimenté des créations théâtrales en tout genre. En 2008 l’artiste change presque d’hémisphère, il part à la conquête de Lille.
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