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Actualités, enquêtes à Lyon et dans la région

A Lyon, parking et stationnement changent de société gestionnaire

A Lyon, parking et stationnement changent de société gestionnaire

Pour éviter que les parkings et le stationnement en surface gérés par Lyon Parc Auto ne tombent dans l’escarcelle du privé, les écologistes à la Métropole de Lyon ont fait voter ce lundi la création d’une Société publique locale en charge des « mobilités ». Baptisée Société Publique Lyonnaise des Mobilités (SPLM), elle sera pilotée à 100% par des élus de la majorité. Ce qui a suscité des remous au sein de l’assemblée métropolitaine.

Forte de ses 20 parkings et de la gestion du stationnement en surface à Lyon, Lyon Parc Auto (LPA) est un rouage essentiel des politiques publiques de déplacement. Les écologistes l’ont bien compris.

Cette entreprise publique locale, vieille d’une trentaine d’années, est aujourd’hui présidé par Fabien Bagnon, le vice-président à la Métropole en charge des mobilités actives (vélo et marche à pied).

Mais cette entreprise dont l’actionnaire majoritaire est la Métropole de Lyon a donné des sueurs froides à l’exécutif présidé par Bruno Bernard.

En juin 2023, le marché public du stationnement payant en surface (les horodateurs) géré par LPA pour le compte de la Ville de Lyon arrive à son terme. Surtout, d’ici début 2024, ce sont quinze parkings souterrains LPA qui devait faire l’objet d’un nouvel appel d’offre. Idem pour les parcs relais des gares TER de l’agglomération puis, d’ici 1er janvier 2025, pour les P+R du Sytral.

Au-delà du stationnement et des parkings souterrains, l’autopartage

« Notre analyse est que nous allions perdre la gestion des parkings ».

Ce lundi, en conseil de Métropole, en clôturant les débats au sujet de la création de la Société Publique Lyonnaise des Mobilités (SPLM), Bruno Bernard donnait l’explication essentielle de cet empressement à démanteler la société LPA.

En effet, en créant une société publique locale, baptisée SPLM donc, la collectivité confie la gestion de ses parkings et du stationnement à cette nouvelle structure, à capitaux 100% publics, sans devoir passer par des appels d’offre. Ce qui n’était pas possible dans le cadre de LPA qui a le statut d’Entreprise publique locale avec des actionnaires minoritaires privés.

Le vice-président en charge des transports (EELV) Jean-Charles Kohlhaas a réaffirmé ce choix d’un passage en « gestion directe » (en réalité indirecte) par la collectivité.

Au-delà de la gestion des parkings et du stationnement, c’est l’enjeu des nouvelles mobilités qui reste crucial. Et plus particulièrement celui de l’autopartage.

Aujourd’hui, LPA est la structure privilégiée par les écologistes pour développer la location en free-floating (à travers le service Yea! ou quasi free-floating avec Citiz). Et ces services sont amenés à se développer. L’exécutif veut garder la haute main. Hors de question de le confier à du privé.

Ce faisant, cette SPLM va progressivement grossir. A terme, d’autres missions vont lui être confiées : la relation usagers TCL mais aussi l’agence mobilité pour accompagner les restrictions progressives de circulation liées à la ZFE.

Les parkings et le stationnement de Lyon à la SPLM, que va devenir LPA ?

Louis Pelaez, ancien président de LPA et porte-parole du groupe collombiste « Inventer la Métropole de demain » s’est inquiété du devenir de LPA. Va-t-elle devenir une coquille vide, elle qui va perdre le cœur de son activité, à savoir l’exploitation des parkings souterrains ? Idem, le communiste Raphaël Debû s’est interrogé sur le transfert d’une grande majorité des 200 salariés de LPA vers cette nouvelle SPLM.

C’est Jean-Charles Kohlhaas qui a répondu sur le volet social :

« Comme pour le projet d’allotissement, nous garantissons un socle social pour tous les salariés qui seront transférés à la SPLM ».

Interrogé par Rue89Lyon, le président actuel de LPA, Fabien Bagnon, a essayé de dessiner les contours des futures activités de ce qui va rester de LPA : le développement de « la logistique urbaine » et l’« électromobilité ». 

parking lyon
LPA est en charge du service d’autopartage Yea! et Citiz sur la métropole de LyonPhoto : LB/Rue89Lyon

Quelle gouvernance de la nouvelle société en charge des parkings et du stationnement à Lyon ?

Outre ces questions sur le devenir de LPA, l’opposition mais aussi une partie de la majorité a pointé la gouvernance de cette SPLM.

Cette société publique locale n’a, par définition, que des actionnaires publiques :

    Métropole de Lyon : 70% du capitale, 4 siègesSytral Mobilités : 20% du capital, 2 siègesVille de Lyon : 10% du capital, 1 siège

Le coup est parti depuis l’élue de la majorité Nathalie Perrin-Gilbert, qui s’est interrogée sur « la place des élu·es des différentes composantes politiques de notre conseil métropolitain et du conseil municipal de Lyon » :

« Parce que je suis une conseillère métropolitaine élue à Lyon, comment me satisfaire de voir que les 550 000 Lyonnaises et Lyonnais, et usagers des services de mobilités, soient représentés par une seule voix, par un seul élu, au sein de cette société publique locale  ? »

Contrairement aux deux autres SPL actuelles, celles créées il y a plusieurs années pour aménager les quartiers de la Confluence et de la Part-Dieu, il n’y a que sept sièges. Par conséquent, les quatre sièges de la Métropole sont dévolus à la majorité.

Les précédentes SPL comptent dix sièges et, au moins un de ces sièges revient à un représentant de l’opposition.

L’exécutif par la voix de Jean-Charles Kohlhaas, a pu rassurer sa majorité sur le fait qu’aucune compétence ne sera transférée à cette société publique et que cette société sera « seulement un outil » pour mettre en oeuvre les politiques :

« Tous les débats auront lieu en conseil de métropole ».

Le vice-président en charge des transports a précisé, notamment en réponse de l’intervention de David Kimelfeld qui avait relevé l’absence des communes et de la Région dans l’actionnariat de la SPLM :

« Demain d’autres communes qui confieront par exemple la gestion de leur stationnement (comme Villeurbanne, ndlr) pourraient devenir actionnaire ».

Mais sur l’absence de représentants des différentes tendances politiques, aucune réponse. Le groupes LR et les collombistes du groupe « Inventer la Métropole » ont déposé, chacun, un amendement pour augmenter le nombre de siège de la Métropole et permettre la présence de la Métropole.

La séance s’est terminée dans le brouhaha du côté des conseillers de la droite LR qui demandaient une suspension de séance. Lequel a été refusé par Bruno Bernard au motif que le vote sur ces amendements était déjà ouvert.

« Vive les trotskistes », a moqué le maire de Caluire, Philippe Cochet, en se levant avec d’autres élus de son banc.

Après avoir rejeté ces amendements, une majorité a voté pour la création de cette SPLM et pour la liste des représentants de la Métropole : Fabien Bagnon (EELV), Laurent Legendre (LFI), Sophia Popoff (EELV) et Sandrine Runel (PS).

Bruno Bernard avait conclu les débats en précisant qu’il n’était pas prévu d’indemnités pour ces représentants.

Prostitution de mineures à Lyon : le cri d’alarme

Prostitution de mineures à Lyon : le cri d’alarme

[1/2] Depuis plusieurs années, le nombre de mineures victimes de prostitution augmente dans la métropole de Lyon, comme sur l’ensemble du territoire national. Confrontés à des situations souvent intenables, des professionnels du social tirent la sonnette d’alarme.

C’est un fléau qui gangrène les services de l’aide sociale à l’enfance. Depuis plusieurs années, les cas de prostitution de mineurs se multiplient dans la métropole de Lyon comme dans le reste du pays. En première ligne, les travailleurs sociaux constatent, chaque jour, le développement de réseaux criminels dont le travail est facilité par de nombreuses applications mobiles et sites Internet.

« En foyer, il m’est arrivé d’avoir 80% des dossiers avec des cas de prostitution », raconte Laura *, travailleuse sociale de la métropole de Lyon.

La jeune femme a quitté son poste en foyer en fin d’année dernière, épuisée. Pourtant, elle dit encore « on » quand elle parle du travail qu’elle a mené avec ses collègues. Comme d’autres confrères que Rue89Lyon a pu interroger, elle a fini par prendre de la distance par peur de sombrer. 

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A Saint-Genis-Laval, la fin du squat de la Mouche

A Saint-Genis-Laval, la fin du squat de la Mouche

Mardi 28 juin, les habitants du squat de la Mouche, à Saint-Genis-Laval, devait être expulsés. Sur place, des associatifs craignaient pour le futur de ces habitants. La préfecture assure avoir hébergé toutes les personnes présentes.

Ce mardi, le squat dit de « la Mouche » a été évacué, à Saint-Genis-Laval. Depuis mars 2021, les occupants avaient trouvé refuge dans une usine désaffectée située dans une zone industrielle, rue de la mouche.

Lors d’une intervention en octobre 2021, les services de l’État avaient dénombré près d’une centaine de personnes sur les lieux. Selon les associations, il y a eu jusqu’à 120 habitants sur le site. Une partie vivant dans l’usine, l’autre dans des camionnettes, à côté.

Au squat de la Mouche, des familles roumaines ou des Balkans

Les occupants étaient principalement des familles roumaines. Des Bosniens, des Serbes et des Albanais sont aussi passés par les lieux. Une soixantaine d’habitants étaient encore sur place cette semaine. Ce squat, composé en grande partie de familles nombreuses, accueille beaucoup d’enfants.

Récemment, plusieurs fait-divers ont émaillé la vie des lieux. Au mois de juin, une violente altercation a eu lieu entre des membres du squat et d’autres personnes vivant à l’extérieur. Un incendie a suivi cette rixe. Des faits qui ont entraîné la fuite d’une partie des familles bosniennes installées sur place.

Les associations espèrent que personne du squat de « la Mouche » de Saint-Genis-Laval « ne restera sur le trottoir »

De ce fait, l’intervention des forces de l’ordre n’étonnera pas grand monde. Les familles sur place vivent dans des conditions de vie déplorables. La présence de nombreux déchets entraîne des conditions d’hygiène détériorées.

Sur place, les associations militent pour que les familles soient toutes relogées.

« On espère que tout le monde sera pris en charge et que personne ne restera sur le trottoir », s’inquiète Berthe, une bénévole du Collectif lyonnais pour l’accès à la scolarisation et le soutien des enfants des squats (CLASSES).

Au squat de Saint-Genis-Laval beaucoup d’anciens de squats de Feyzin

Depuis plusieurs années, cette dernière suit des enfants vivant en squat afin de les aider à être scolarisés. Beaucoup sont passés d’un squat à l’autre. A Saint-Genis-Laval, certaines familles sont arrivées après la fermeture du squat de l’usine SEB, à Feyzin. De même, la fermeture d’un autre squat à Feyzin, à l’école Georges-Brassens, a entraîné une nouvelle arrivée d’habitants.

Un espoir donc : que la fermeture de ce squat permette à chacun de trouver une place.

« On veut une vraie résorption des bidonvilles et pas une expulsion avec des remises à la rue », marque la bénévole. 

29 personnes finalement hébergées au squat de Saint-Genis-Laval

Une demande entendue. Ce mardi 28 juin, la préfecture du Rhône a confirmé que l’intervention avait eu lieu à Saint-Genis-Laval autour de 6h30. 29 personnes ont été hébergées, dont 13 enfants. Ils ont été envoyés dans trois centres d’hébergement dont un à Saint-Priest et l’autre à Irigny.

Les forces de l’ordre sont intervenues en vertu d’un arrêté déposé par la mairie. L’Alpil, la Croix-Rouge, la Direction départementale de l’emploi, du travail et des solidarités étaient sur place (DDETS). Selon les services de l’Etat, toutes les personnes présentes ont trouvé une place d’hébergement. Visiblement, plusieurs habitants ont quitté les lieux ces dernières semaines.

Les familles présentes étaient connues des services de l’Etat après plusieurs rencontres sur place. Pour rappel, la Ville avait porté plainte contre l’utilisation de l’énergie par les occupants des lieux. Sur les trois propriétaires privés du site, au moins un avaient porté plainte contre les habitants.

« Les grandes chasses stressent les poissons du Rhône »

« Les grandes chasses stressent les poissons du Rhône »

[Série 3/4] Préserver la biodiversité du Rhône est un objectif défendu par les associations de la région lyonnaise depuis une dizaine d’années. Cependant, il reste difficile de contrer certaines tendances comme le réchauffement du fleuve, le ralentissement des courants ou l’artificialisation générale des cours d’eau.

Les travaux d’artificialisation du Rhône ont commencé dans les années 1890, d’abord pour obtenir une voie navigable sécurisée jusqu’à la Méditerranée, puis pour y bâtir des barrages hydroélectriques.

Aujourd’hui, le Rhône a été altéré sur presque toute sa longueur, faisant obstacle au développement d’une biodiversité équilibrée, capable de s’autoréguler. Différents acteurs associatifs et institutionnels se mobilisent depuis plusieurs années pour donner une nouvelle respiration au fleuve.

Dans un premier volet, Rue89Lyon s’est penché sur les différentes pollutions du Rhône : pesticides en provenance du Beaujolais, microplastiques ou encore les substances pharmaceutiques qu’on avait du mal à déceler jusqu’à récemment. Un second volet a été consacré à l’impact des barrages sur la biodiversité dans le Rhône.

De l’artificialisation et de l’édification de barrages sur le Rhône a résulté un autre phénomène qui inquiète beaucoup. Il s’agit des « grandes chasses ». L’appellation peu scientifique désigne l’ouverture successive des barrages du fleuve pour laisser passer l’eau qui menace de déborder du Lac Léman, en Suisse. Les « grandes chasses » ont la plupart du temps lieu au printemps, moment de la fonte des glaces et des giboulées.

On pourrait croire qu’elles ré-autorisent temporairement le transit naturel des sédiments -qu’habituellement les barrages empêchent-, mais d’après Jean-Pierre Faure, président de la Fédération de pêche du Rhône, il n’en est rien :

« C’est violent, les grandes chasses libèrent tout d’un coup. Les vases, les limons et les argiles sont en suspension, ils n’ont pas le temps de se poser naturellement. »

Quand une trop grande quantité de sédiments est en suspension, cela peut irriter les branchies des poissons par exemple. Jean-Pierre Faure reprend :

« On se pose encore beaucoup de questions. Dans le département du Rhône, on est loin des zones d’ouverture des barrages, on ne va pas observer beaucoup de morts. En revanche, on voit des turbidités prolongées, une influence sur la production de plancton, du stress sur la faune. »

fleuve Rhône Vernaison poissons
Le Rhône à Vernaison. Photo Unsplash par Le sixième rêve.

Il donne un exemple :

« En 2016, on a vu le ralentissement des migrations des poissons dans le Rhône. Cette année là, l’ouverture des barrages a fait l’effet d’une tempête de sable pour les espèces. C’est une observation ponctuelle, on n’a pas encore beaucoup de recul. On peut observer de la croissance qui ralentit, mais on n’a pas d’éléments de recherche qui prouve que c’est à cause des grandes chasses spécifiquement. »

En 2021, 4000 m3 d’eau ont transité par le fleuve contre 800 m3 en 2020

En 2021, on a observé des débits historiques lors des grandes chasses du Rhône. Cependant, il ne faut pas tirer de conclusion hâtive : celles de l’année précédente (2020) ont, au contraire, enregistré des débits extrêmement bas.

Paul Monin est directeur du Centre d’observation de la nature, à l’île du Beurre, une réserve naturelle située à une quarantaine de kilomètres au sud de Lyon, il détaille :

« Généralement, on voit passer 800 m3. En 2021 on n’est pas passés loin des 4000 m3. Il y a eu beaucoup d’eau, qui venait des pluies comme des fontes de glace. »

Paul Monin pondère les conclusions qu’on pourrait en tirer :

« On peut parler de trois « lâchés de barrages » en 2021. Ce qui est vraiment ennuyeux pour la biodiversité, ce sont ceux tardifs : quand il y a un courant trop fort, ça peut décrocher les œufs de là où ils ont été pondus. »

Paul Monin n’a pas les moyens d’observer une variation de populations de poissons en aval de Lyon, en revanche, il a pu admirer trois redécorations successives de sa réserve naturelle :

« Dès qu’il y a une crue, on a des guirlandes de déchets plastiques dans les arbres sur des kilomètres et des kilomètres, à un ou deux mètres de hauteur. Parfois même, nous récupérons des cumulus [chauffe-eau] ou des frigos. »

Blasé, il conclut :

« On attend la crue d’après, c’est tellement régulier qu’on ne se donne pas le mal de les enlever. On est bien conscient que ça n’est pas en nettoyant la partie visible du site, que nous allons faire changer les choses. »

« Avant 2012, on ne coordonnait pas nos ouvertures de barrages »

Pour Eric Divet, directeur régional de la Compagnie nationale du Rhône (CNR) – concessionnaire du Rhône pour la production d’hydroélectricité, le transport fluvial et les usages agricoles -, le système des « grandes chasses » n’est pas parfait, mais il a le mérite d’être bien plus pensé qu’il y a une vingtaine d’années :

« En 2012, une directive s’appuyant sur la Convention d’Espoo a obligé la Suisse à s’harmoniser avec nous. Concrètement, ça a pris la forme d’un comité de pilotage où on coordonne nos ouvertures de barrages. Avant, on ne se coordonnait pas du tout. »

De la même façon, le taux de matière en suspension maximum a aussi été imposé uniformément aux deux pays voisins en 2016 :

« On ne doit pas laisser passer plus de cinq grammes par litre de matières en suspension dans le fleuve. On essaye d’en stocker le plus possible dans le barrage de Génissiat [l’un des premiers ouvrages hydroélectriques après la frontière suisse, ndlr]. Il est arrivé qu’avant, on compte entre 30g et 50g par litre à la frontière. »

Eric Divet ajoute :

« Notre enjeu pendant les grandes chasses est surtout de protéger le vieux Rhône. On va faire transiter le flux par nos usines par exemple, on travaille avec les fédérations de pêche : on fait des pêches de sauvegarde, on aménage aussi des zones de refuge où l’eau est claire. »

Les adeptes du street fishing modernisent la pêche à Lyon

Les adeptes du street fishing modernisent la pêche à Lyon

Le street fishing, littéralement « pêche de rue », a de nombreux adeptes à Lyon. Ces pêcheurs, généralement jeunes, modernisent l’image de la discipline et se réunissent autour de valeurs communes, en quête de répit dans un rythme et un cadre de vie urbains. Rencontre avec Mattéo, étudiant et street fisher lyonnais.

Il est 16 heures, Mattéo, 18 ans, est obnubilé par sa ligne de pêche. Rien ne peut le perturber. Pourtant, une chaleur étouffante s’abat sur Lyon en ce mois de juin, le cadran digital de la pharmacie voisine affiche 31 degrés. Son style vestimentaire ne le différencie en rien des autres passants sur le quai. Pas de treillis, ni de bottes en caoutchouc.

Le trafic routier est dense, les voitures défilent juste au-dessus de nos têtes, au niveau des quais de Saône, entre le quartier d’Ainay et Perrache. Rien, ni la pollution, ni le bruit, ni la chaleur ne viennent le déconcentrer.

Le jeune passionné semble savourer l’instant de la même façon que s’il évoluait près d’une petite rivière de montagne. Il répète soigneusement les mêmes gestes dans l’espoir de voir vibrer le bout de sa canne, ce que les pêcheurs nomment communément le « scion ».

Le street-fishing à Lyon ou la « pizza » dans l’eau

Ce jeune street fisher pratique la pêche aux leurres. Cette technique consiste à simuler la nage d’un véritable poisson par le biais d’un leurre, en l’occurrence un petit poisson souple en plastique, qu’il lance puis ramène en direction du bord. Il est très appliqué dans ses mouvements.

« Il ne suffit pas de lancer, puis de ramener. Il faut animer le leurre, se mettre dans la peau d’un véritable poisson », détaille-t-il.

Ainsi, Mattéo s’applique à marquer des temps de pause, où le leurre coule vers le fond, entrecoupés par des phases durant lesquelles il mouline de façon continue. Il n’hésite pas à donner des petits coups secs au niveau du scion. Sa parade est de mimer un poisson à l’agonie. Une cible de choix pour les carnassiers : les poissons qui se nourrissent d’autres poissons.

« Là, je suis monté pour pêcher plutôt la perche », avance Mattéo. C’est un poisson à l’allure zébrée qui a la réputation de mener un combat intense, bien que sa taille ne dépasse que rarement les 40 centimètres, les plus grosses sont surnommées « pizza » par les street fisher.

Le jeune pêcheur dispose de plusieurs cannes et d’une ribambelle de leurres qu’il adapte en fonction de ce qu’il compte attraper. La pêche au silure ou au brochet nécessite un équipement beaucoup plus lourd que la pêche à la perche.

Petite perche attrapée au leurre par Mattéo, street fisher et étudiant lyonnais. Photo : AR/Rue89Lyon

« Le street fishing, c’est une pêche sportive »

En l’occurrence, pour cette « session pizza », Mattéo va varier les leurres en fonction des spots qu’il va parcourir.

Il faut donc opter pour un leurre dur, un poisson fictif de consistance dure, ou plutôt pour un souple d’un autre colori – ils ont tous une odeur caractéristique pour attirer le poisson, à l’ouverture de la boite les contenant s’échappe une odeur frappante par son aspect chimique : mêlant des émanations de plastique à des parfums exotiques en tout genre –, en tenant compte de la profondeur des eaux ou encore de la météo.

Le street fisher est constamment en mouvement, il lance rarement deux fois au même endroit, s’il n’a pas été alerté par la présence d’un poisson.

« Le street fishing, c’est une pêche sportive où l’on marche beaucoup, on doit s’adapter à l’architecture de la ville », précise Mattéo. Il ajoute : « Il faut pouvoir balayer le maximum de zones où des poissons peuvent se loger, généralement ils mordent dès le premier lancer ».

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Une boite contenant des leurres souples : de petits poissons en plastique à raccorder au bout de la ligne. Photo : AR/Rue89Lyon

« Cette pêche permet de casser un peu les clichés vieillots »

« J’ai à cœur de toujours relâcher le poisson sans le blesser, on ne pêche plus pour se nourrir aujourd’hui. C’est avant tout une passion, un sport. ».

Mattéo pratique le « no-kill », comme la majorité des street fisher aujourd’hui, il ne tue pas son poisson, – d’autant plus que la consommation de ces derniers est interdite à Lyon – il porte en lui de réelles convictions. L’ardillon, une contre-pointe visant à empêcher le décrochage, au niveau de son hameçon, est par exemple écrasé.

Il qualifie sa démarche de « bienveillante » à l’égard du poisson, l’objectif est de limiter au maximum sa souffrance.

« Cette pêche moderne, ça permet de casser un peu les clichés vieillots », résume Jean-Pierre Faure, directeur technique à la Fédération de pêche du Rhône.

Le street fisher, qui a pour objectif d’apporter un nouvel élan progressiste à la pêche, est particulièrement préoccupé par les questions éthiques contemporaines.  

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Les quais de la Saône, de Bellecour à Confluence, sont particulièrement fréquentés par les pêcheurs urbains à Lyon. Photo : AR/Rue89Lyon

A Lyon, le street fishing a aussi ses addicts

« J’ai découvert le street fishing sur les réseaux sociaux et depuis j’ai monté ma propre chaîne YouTube, il y a un vrai public qui est intéressé », témoigne l’étudiant en agronomie.

Le street fishing est une discipline qui se pratique plutôt en solitaire. Le pêcheur ne peut compter que sur sa patience et son abnégation pour espérer dénicher un poisson qui a de l’appétit.

Une nouvelle génération se retrouve en ligne. Le jeune homme nous assure que beaucoup de street fisher lyonnais sont actifs sur les réseaux sociaux – essentiellement via des groupes Facebook – à diverses fins : véhiculer les bonnes mœurs de la discipline (bien relâcher son poisson, ne pas pêcher au vif, respecter les zones de frai…), programmer des sessions à plusieurs ou encore échanger à propos des équipements.

C’est aussi simplement un moyen de se faire remarquer sur la toile, beaucoup de pêcheurs cherchent à attraper un poisson pour le poster dans la foulée sur Instagram.

« Le street fishing, c’est avant tout lié aux réseaux sociaux », déclare Georges, président de l’association Fishare

Malgré l’existence d’une communauté, le street fishing peine à bien se développer à Lyon, contrairement à Paris où la discipline a grossi de façon importante.

Une des explications réside dans le fait qu’accéder à des zones de pêche en pleine nature se fait facilement depuis Lyon. A Paris, les pêcheurs sont contraints de s’adapter au milieu urbain. En l’occurrence, Mattéo affirme qu’il « préfère évidemment pêcher en nature ».

Il ajoute :

« Je ne peux pas me déplacer facilement en dehors de Lyon, je ne suis pas originaire d’ici, je viens sur les quais à vélo ».

Paris dispose de nombreuses sociétés spécialisées en la matière, telles que French Touch Fishing, qui contribuent au rayonnement du street fishing dans la ville. Des magasins voient le jour, des stages sont proposés mais aussi des compétitions organisées. Un dynamisme que les street fishers lyonnais aimeraient bien dupliquer.

#Pêche#pêcheur#Street fishing

Piqûres dans les salles de concert à Lyon : « Notre priorité est la prise en charge des victimes »

Piqûres dans les salles de concert à Lyon : « Notre priorité est la prise en charge des victimes »

À Lyon, le milieu de la nuit est secoué depuis début avril par le phénomène dit « des piqûres ». Des personnes disent avoir été piquées au moyen d’une seringue, droguées pour certaines. S’il est difficile d’en savoir plus sur ce phénomène – psychose ou vrai danger -, les salles de concerts s’adaptent pour assurer la sécurité des usagers.

Après la crise liée au covid-19, les salles de concert de Lyon doivent faire face à un nouvel enjeu sanitaire : des personnes disent avoir été piquées à la seringue lors de soirées. La réduction des risques, liée aux drogues et aux agressions en milieu festif est un enjeu habituel pour les salles de concert.

Mais depuis la réouverture des lieux de fêtes nocturnes, en mars, ce phénomène vient semer l’inquiétude chez le public et les salles. Plusieurs lieux de fête lyonnais ont été concernés par la situation. Les salles de concert tentent de réagir, comme elles le peuvent.

« On n’a pas hésité à communiquer sur la problématique des piqûres parce qu’on s’est senti aussi victimes »

David Fontaine, directeur de la programmation au Transbordeur, se montre particulièrement touché :

« On a fait partie de la première vague concernée par cette nouvelle problématique. Ça n’a pas facilité le fait de retrouver un lien de confiance entre le public nos lieux. On a été plutôt réactifs car on a accru notre surveillance et on n’a pas hésité à communiquer sur la problématique parce qu’on s’est senti aussi victimes. C’est une problématique nouvelle, inquiétante, traumatisante et on n’a pas d’arme absolue pour lutter contre ça. »

Difficile de savoir ce qu’il en est très exactement du phénomène à Lyon. En France, plus de 800 plaintes ont été déposées. Mais pour l’heure, malgré les témoignages et les enquêtes, les autorités de santé n’ont pas trouvé d’éléments probants sur des injections de drogue ou sur de potentiels agresseurs. Reste que les fêtards sont parfois inquiets.

Selon David Fontaine, la communication autour de ce problème et l’appel à la vigilance collective a permis « une prise de conscience globale qui a largement stoppé l’hémorragie ». Aucun nouveau cas ne s’est présenté au Transbordeur.

Un protocole en cours de création à Lyon pour la prise en charge des cas de piqûres

À Lyon, plusieurs réunions ont été organisées, dès mi-avril, entre les pouvoirs publics et les gérants de salles de concert et établissements de nuit autour de ce phénomène. Des enquêtes ont également été ouvertes dans la Métropole de Lyon, et les protocoles de sécurité renforcés dans de nombreux lieux et festivals. Fabien Hyvernaud explique :

« Notre priorité, c’est la prise en charge des victimes, de faire en sorte que les hommes et surtout les femmes se sentent bien chez nous. On travaille avec les services de la Ville de Lyon et l’ensemble des organisateurs sur un protocole de formation de nos équipes. »

Entre ces piqûres et la reprise lente de l’épidémie de covid, la reprise en demi-teinte des salles de concert n’enlève rien des espoirs placés dans l’été et la rentrée prochaine.

#Piqûres

Odile Masquelier, gardienne de la biodiversité à Lyon

Odile Masquelier, gardienne de la biodiversité à Lyon

Depuis plus de 50 ans, Odile Masquelier ouvre grand les portes de son jardin, sur les hauteurs de Lyon. « La Bonne Maison » abrite une biodiversité exceptionnelle pour sa taille, un petit hectare, singulièrement des centaines de variétés de roses anciennes. Retour sur le parcours de cette botaniste autodidacte, pour qui la question de la retraite se pose.

Le jardin d’Odile Masquelier, “La Bonne Maison”, domine la Saône, sur la colline de Sainte-Foy-lès Lyon. Il est bien caché, mais ses portes sont grandes ouvertes une partie de l’année, de mars à juin notamment. Paradis d’un petit hectare, il est accessible du fait de la bonne volonté de la gardienne des lieux.

Mais, à bientôt 84 ans, Odile Masquelier n’a plus autant d’énergie qu’avant pour assurer les visites, payantes pour les adultes, de son eden.

« Je vous laisse aller voir en bas tout seul, il fait trop chaud pour moi. Vous me direz ce que vous pensez de la haie d’hydrangeas. Je referme la porte derrière vous, histoire que la chaleur n’entre pas. »

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#Jardins

Dématérialisation des demandes de titres de séjour à Lyon : « Une reconnaissance de la défaillance de l’État »

Dématérialisation des demandes de titres de séjour à Lyon : « Une reconnaissance de la défaillance de l’État »

Dans une décision rendue le 3 juin, le Conseil d’État a partiellement annulé le décret et l’arrêté qui encadrent la dématérialisation des demandes de titres de séjour en préfecture. Cette dématérialisation était très critiquée par les associations et des avocats dans le Rhône. Jean-Philippe Petit, co-président de la commission en droit des étrangers au barreau de Lyon, revient sur cette décision.

C’est une petite victoire pour les étrangers, les associations et les avocats qui se battent pour le droit d’accéder au service public. Le 3 juin, le Conseil d’État a rendu une décision sur la dématérialisation des demandes de séjour, permise par un décret du 24 mars 2021. La plus haute juridiction administrative française estime que :

« Pour certaines démarches particulièrement complexes et sensibles, le texte qui impose l’usage obligatoire d’un téléservice doit prévoir une solution de substitution : tel est le cas pour les demandes de titres de séjour. »

Le Conseil d’État ne remet pas en cause le principe de la mise en place d’un téléservice, mais estime qu’un accompagnement doit être mis en place, et en dernier recours une solution alternative :

« S’il apparaît que certains usagers sont dans l’impossibilité, malgré cet accompagnement, de recourir au téléservice, pour des raisons tenant à sa conception ou à son mode de fonctionnement, l’administration doit leur garantir une solution de substitution. »

Cette décision vient appuyer la lutte que mène le barreau de Lyon et la Cimade dans le Rhône. En mars 2021, deux recours ont été déposés devant le tribunal administratif de Lyon contre la préfecture du Rhône qui avait déjà mis en place la dématérialisation depuis 2020. L’un demandait la suspension en urgence de la dématérialisation et a été rejeté. L’autre, sur le fond, n’a pas été encore jugé.

Entretien avec Jean-Philippe Petit, co-président de la commission en droit des étrangers au barreau de Lyon :

Demande de titres de séjour : « une alternative à la dématérialisation doit d’ores et déjà être mise en place »

Rue89Lyon. Qu’apporte cette décision du Conseil d’État ?

Jean-Philippe Petit. Cette décision était attendue, puisque les dysfonctionnements de la dématérialisation ont atteint un tel niveau qu’aujourd’hui il n’y a pas d’accès au service public par l’usager étranger. Cela concerne bien sûr la préfecture du Rhône mais aussi d’autres préfectures.

Ce qui est intéressant dans cette décision, c’est la reconnaissance de la défaillance de l’Etat dans la dématérialisation. Il y a une annulation partielle du décret et de l’arrêté qui ont mis en place la dématérialisation.

Cette annulation partielle elle est à mon sens intéressante parce qu’elle donne une grille de lecture, même si elle n’est pas entièrement satisfaisante : elle rappelle que le téléservice est possible, mais il faut qu’il y ait des garanties. Et aujourd’hui aucune garantie n’a été mise en place sur le respect du principe d’effectivité d’accès au service public.

Le Conseil d’État nous dit que dans l’attente du correctif (du décret et des arrêtés, ndlr), il faut permettre le dépôt selon une autre modalité. La situation actuelle doit conduire à ce qu’une alternative à la dématérialisation soit d’ores et déjà mise en place. L’alternative est d’envisager une demande par courrier, ou de déposer sa demande en préfecture comme il était possible avant.

« Des dossiers de demande de titre de séjour attendent depuis près de deux ans »

Le Conseil d’État précise que cette solution de substitution doit être mise en place s’il est impossible de se servir du téléservice en raison de « sa conception ou de son mode de fonctionnement », quelles sont les obstacles actuels qui rentrent dans ces deux critères selon vous ?

Ce vocabulaire fait que l’on ne sait pas exactement ce que l’on peut faire rentrer dedans, c’est une insatisfaction. Le sens de la décision du Conseil d’Etat est de dire à l’État : “vous n’avez pas pensé à tout”.

Par exemple, les ressortissants Algériens dépendent d’un accord bilatéral de 1958. Quand ils justifient preuve à l’appui qu’ils résident depuis plus de dix ans en France, ils peuvent obtenir une carte de séjour temporaire de plein droit. Sur la plateforme, ce cas n’est pas prévu. Si l’on suit la grille de lecture du Conseil d’État, la conception de l’outil est défaillante.

Également, pour les régularisation on reste aujourd’hui sur des délais déraisonnables. La préfecture se donne un délai pour traiter les demandes sauf que nous avons alerté la préfecture en disant que des dossiers attendent depuis près de deux ans, qu’en est-il ? Vont-ils être classés sans suite ? Là on est sur une vraie difficulté de conception de l’outil, mais également de son mode de fonctionnement.

« Il n’y a pas assez de moyens pour instruire les demandes de titres de séjour à Lyon »

Ces délais de traitement des demandes sont-ils liés seulement à la mise en place du téléservice ?

Le vrai problème sera l’effectivité de la mise en place d’une alternative. Pour ça, il faudra revoir l’organisation des services de la préfecture et il faut des moyens renforcés pour qu’il y ait une véritable effectivité de l’accueil. Le téléservice a été mis en place trop vite et il n’y a pas eu la prise en compte des garanties d’accès au service public.

Aujourd’hui à Lyon, il n’y a pas assez de moyens pour instruire les demandes de convocation et ensuite pour instruire les dossiers, c’est-à-dire que pour préserver les droits des usagers étrangers. Donc on saisit de plus en plus de tribunal administratif de refus implicites de délivrance de titres.

Ce n’est satisfaisant pour personne. On en arrive à des situations qui étaient totalement inconnues de nos cabinets auparavant, où des personnes en France depuis plus de 10 ans, avec des enfants qui ont des titres de séjour, n’ont pas leurs propres titres renouvelés, par refus implicite. Cela crée une précarité administrative alors que nombre de ces personnes sont sorties depuis bien longtemps de la précarité financière et sociale.

Pour accueillir dignement en France, un renforcement des moyens budgétaires et humains est nécessaire. A minima, cette décision du Conseil d’État doit donner l’impulsion au niveau gouvernemental pour qu’il y ait une effectivité de l’accès au service public. 

#Titres de séjour

À Lyon, un retour timide du public dans les salles de concert

À Lyon, un retour timide du public dans les salles de concert

Après deux ans d’annulations, de reports ou de position assise, les salles de concert de Lyon ont enfin invité leur public à revenir dans de bonnes conditions. Mais la crise sanitaire laisse encore des traces en cette fin de saison 2021-2022, et la fête peine à battre son plein.

Janvier 2022. Passée l’euphorie du nouvel an, les salles de concerts et établissements de nuit de Lyon encaissent un nouveau coup dur. Les boîtes de nuit doivent fermer, au moins pour 3 semaines, et les concerts debout sont de nouveau interdits, car l’épidémie de covid-19 reprend.

À nouveau, les salles doivent s’adapter, reporter, réduire les jauges. Mi-février signe un nouveau retour à la normale, du moins en théorie. Car le public revient, mais timidement et plus imprévisible, face à une offre de concerts très étendue du fait des reports qui multiplient les soirées prévues.

Pour les salles de concert de Lyon, la fin de saison 2021-2022 laisse un goût doux-amer, avec le retour des soirées festives presque comme avant, mais avec un public qui n’est pas toujours au rendez-vous.

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L’encadrement de la publicité dans la métropole de Lyon bientôt en vigueur

L’encadrement de la publicité dans la métropole de Lyon bientôt en vigueur

Le règlement local de publicité de la Métropole de Lyon voté définitivement lundi 27 juin 2022, entrera en vigueur à partir du 1er janvier 2023. Panneaux publicitaires classiques ou numériques, enseignes et bâches de chantier seront encadrés dans l’espace public. Que prévoit ce règlement de publicité, qui n’a pas fait l’unanimité ?

C’est presque un serpent de mer. L’établissement d’un règlement local de publicité (RLP) à l’échelle de la métropole de Lyon est en discussion depuis de nombreuses années. S’il existe des RLP à l’échelle des villes (mais pas dans toutes), aucune règlementation globale n’existe pour les 59 communes de la Métropole de Lyon.

Les discussions autour du RLP de la métropole de Lyon ont démarré lors du précédent mandat. La volonté de mieux encadrer la publicité dans l’espace public était globalement partagée. Elles n’ont pas abouti sur le vote d’un texte avant la fin de la mandature. La nouvelle majorité écologiste élue en 2020 a repris le dossier.

La fin progressive des panneaux publicitaires numériques

Voté en décembre 2021, ce règlement local de publicité a depuis été soumis à une concertation publique. Il est également « redescendu » dans les 59 communes de la Métropole de Lyon pour y être débattu et voté. C’est donc la fin de la « navette métropolitaine » et le vote définitif. Son entrée en vigueur est prévue pour le 1er janvier 2023. Mais le délai de mise en conformité est long et selon les dispositions s’étendra jusqu’à 2028.

Que prévoit ce règlement local de publicité de la Métropole de Lyon, présenté comme un des plus restrictifs de France ?

    interdiction des écrans numériques et des publicités sur les bâches de chantier,extinction des enseignes de minuit à 6h du matin,réduction du nombre de panneaux publicitaire et de leur taille dans certaines zones (voir plus bas)interdiction des publicités lumineuses en toiture comme celles présentes sur les quais du Rhône,protection très forte autour de plus de 95% des établissements scolaires (de la maternelle au lycée) du territoire.

Un règlement de publicité qui prévoit différents périmètres dans la métropole de Lyon

Par ailleurs, différents périmètres ont été définis au sein de la métropole de Lyon. Ils permettront l’adaptation de certaines mesures. Notamment la réduction des tailles des panneaux publicitaires. Ils pourront ainsi être plus grands en périphérie qu’en centre-ville ou que dans des zones protégées.

Neuf secteurs ont été définis dans le RLP voté en décembre 2021, du plus restrictif (Zone 1 où quasiment toute publicité sera interdite) au plus permissif (zone 9) :

    Zone 1 : Espace de natureZone 2 : Patrimoine remarquableZone 3 : Centralités de villes, bourgs et quartiersZone 4 : Sites paysagers et résidentielsZone 5 : Axes routiers avec habitations bassesZone 6 : Axes routiers avec habitations hautesZone 7 : Zones d’activités paysagèresZone 8 : Zones d’activités classiquesZone 8 : Grands équipements, pôles commerciaux et tertiaires

Ce règlement semblait plutôt faire consensus au moment de sa discussion sous la précédente mandature. Repris en main par les écologistes, il a soulevé des protestations. Des professionnels du domaine ont crié à la catastrophe. Des élus d’opposition ont avancé une « approche et une vision doctrinaires ».

Ils craignent l’impact de la baisse des recettes publicitaires. Comme il y a cinq ans lors des premiers débats, du reste. Certains craignaient pour le financement des Velov, notamment les Velov électriques alors annoncés. Interdire les panneaux publicitaires numériques en extérieur, notamment les sucettes Decaux, allait-il arrêter la financement en contre-partie du service de location de vélo ?

Un règlement de publicité plus restrictif ?

D’ailleurs, ce RLP est-il si différent des pistes qui se dégageaient en 2018 lors des précédentes discussions ? Pas vraiment, même s’il va plus loin, en accord avec les propositions des écologistes pas encore aux manettes à l’époque. Lors d’un débat en 2018 au conseil de la Métropole, le RLP envisagé prévoyait :

    la fin des doublons (deux panneaux publicitaires côte à côte),la réduction des fameux « 4 par 3 » à 8 m² au moins (c’est acté et même plus, 4m2 maximum)l’encadrement des enseignes des commerces,l’encadrement des grandes publicités sur les bâches de chantier, (elles seront interdites)l’encadrement des panneaux publicitaires numériques. (ils seront même interdits)

Denis Broliquier, le centriste maire du 2e arrondissement de Lyon à l’époque, trouvait intéressant de réfléchir « à des zones blanches », vierges de panneaux publicitaires. Ce sera a priori le cas dans les zones les plus restrictives, notamment les espaces natures et sites remarquables comme le Vieux-Lyon.

Pascale Cochet, conseillère métropolitaine de Lyon Gauche Solidaire, proposait qu’il n’y ait ni publicité lumineuse ni éclairage dans les magasins de 23h à 6h du matin. Gilda Hobert, du Parti Radical de Gauche, proposait aller plus loin encore et propose que les magasins éteignent leur éclairage « dès la fermeture ». Ce sera le cas dans les zones 4 à 8 (voir plus haut).

Elle souhaitait également, tout comme le groupe communiste, l’interdiction des panneaux publicitaires lumineux sur le toit des grands immeubles. Ce sera bien le cas.

10 communes défavorables au RLP de la Métropole de Lyon

Ce règlement de la publicité de la Métropole n’a pas reçu un avis favorable de l’ensemble des communes. Une majorité d’entre elles lui a donné un avis favorable sans réserve (31 communes). D’autres l’ont approuvé avec certaines réserves (11 communes).

Près de 75% des communes de la métropole de Lyon l’ont donc approuvé. Certaines ont émis un avis défavorables. Elles sont 10 selon la délibération sur le sujet du prochain conseil de Métropole de Lyon. Les 7 autres n’ont pas fait de retour à la Métropole de Lyon.

Du côté des anti-pubs, l’arrivée des écologistes et de leurs desiderata a plutôt été une bonne nouvelle. Leur proximité a d’ailleurs notamment permis à l’un d’entre eux, issu du collectif Plein la vue, Benjamin Badouard, d’être candidat aux élections métropolitaines pour EELV. Et de devenir conseiller métropolitain.

Les anti-pubs veulent maintenir la pression sur la majorité écologiste

Malgré tout, le RLP voté en 2021, n’allait pas forcément assez loin encore selon les militants anti-pub. Même si la fin annoncée pour 2024 des panneaux publicitaires numériques dans le métro ou sur les bâches de chantier est appréciée.

Des activistes du collectif Plein la vue, de Résistance à l’agression publicitaire et d’Alternatiba ont désactivé un écran publicitaire ce jeudi 23 juin à Limonest. Aux environs de 9 heures du matin, quelques militants se sont réunis devant un écran publicitaire sur la commune de Limonest. Ils ont procédé à sa désactivation, en ouvrant un petit boitier situé à même le panneau. Le but ? Continuer de marquer à la culotte la majorité écologiste de la Métropole de Lyon.

Ils réclament l’interdiction de ces panneaux numériques dans toutes les communes de la métropole plutôt que leur normalisation dans le contexte du vote du nouveau règlement local de la publicité de la Métropole de Lyon. D’autres extinctions et recouvrements étaient annoncées ce même jour dans les communes d’Ecully, Dardilly et Rillieux-la-Pape.

« Il faut mettre ce sujet sur la place publique. L’enjeu c’est de les enlever, que ça ne soit pas normalisé sur l’ensemble de la métropole. Ce sujet n’est jamais acquis, il ne faut pas baisser la pression sur la majorité »

Anthony Geoffroy, président du collectif Plein la vue

Il considère que les écrans publicitaires sont trop contraignants car, au vue de leur taille, ils sont imposés aux riverains. L’association anti-pub fustige également le caractère polluant de ces panneaux numériques.

#anti-pub