Amal a 42 ans. C’est la mère d’un petit garçon de huit ans reconnu handicapé. L’hyperactivité de son fils et les violences subies les ont obligés à quitter chaque logement précipitamment. Aujourd’hui, la famille cherche un logement durable à Lyon. Faute de mieux, cette femme et son fils sont hébergés dans un hôtel miteux à Perrache.
Au premier abord, c’est surtout la franchise du regard d’Amal* (son nom a été modifié) qui interpelle. Puis, son calme olympien, qui contraste beaucoup avec la fébrilité de son fils. De petite taille, les cheveux mi-longs, elle semble habituée à sillonner la ville main dans la main avec le petit garçon qui ne la quitte jamais des yeux.
Parfois, Amine* (son nom a été modifié) arrive à se calmer en se concentrant sur le téléphone de sa mère, ou sur la valse des serveurs qui slaloment entre les tables du grand café de la place Carnot. Puis, rattrapé par son hyperactivité, il recommence à s’agiter spasmodiquement ou à crier.
« Je n’ai pas eu trop de difficultés à faire reconnaître sa différence auprès de la Maison départementale pour les personnes handicapées (MDPH), il est suivi par une accompagnante d’élèves en situation de handicap (AESH) à l’école. Par contre, il n’existe pas de procédure, d’aide au logement pour les femmes seules comme moi qui ont un enfant en situation de handicap », explique Amal.
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Le nouveau journal Mediavivant publie dans sa dernière newsletter le témoignage de Mohamed Chaia. Fondateur de l’association Coeur Banlieu Zhar à Vaulx-en-Velin, il raconte l’élan de solidarité après l’incendie mortel du 15 au 16 décembre. Nous reproduisons l’article ci-dessous.
Il nous appelle d’Istanbul, où il est étudiant Erasmus cette année. Mais dans sa tête, Mohamed Chaia est «à Vaulx». Depuis l’incendie meurtrier, qui a tué dix personnes dont quatre enfants la semaine dernière, dans sa ville près de Lyon, ce Vaudais de 22 ans n’arrive pas à se poser. Dès qu’il a vu «l’info sur (s)on téléphone» le jour du drame, Mohamed s’est arrêté dans un café pour appeler, «j’avais tellement besoin de parler aux gens du quartier que j’y suis resté jusqu’à la fermeture», raconte-t-il.
Enfant du quartier du Mas du Taureau, théâtre de l’incendie, il assure que «ce n’est pas l’un des plus insalubres ou pauvres de la ville». Il a été d’autant plus bouleversé par la nouvelle qu’il connaissait très bien les quatre enfants morts dans l’incendie et leur mère, tous bénéficiaires de l’association qu’il a créée en 2017. «Cette famille était venue à plusieurs de nos actions, et les enfants étaient inscrits à l’aide aux devoirs».
«On a agi presque par réflexe», analyse-t-il. Son association Coeur Banlieu Zhar a aussitôt mis en place des collectes de vêtements, de nourriture, mais aussi une cagnotte en ligne pour venir en aide aux victimes.
A Vaulx-en-Velin après l’incendie, plus de 50 000 euros de dons en 24 heures
Hyperactif sur la gestion des réseaux sociaux de l’association depuis l’incendie, Mohamed est en colère contre certains médias qui «viennent nous jeter à la figure des poncifs sur l’insécurité, alors que sans nier les difficultés sociétales ici, il y a une entraide magnifique dans ces quartiers».
La preuve : «la solidarité extraordinaire» qui s’est mise en place aussitôt après le drame, «avec une mobilisation très rapide des bénévoles». «On a été choqués par la vague immense de personnes venues donner de leur temps, de leur argent aussi», ajoute-t-il. La cagnotte en ligne, qui a récolté plus de 50 000 euros en 24 heures, a vu venir «des dons de Belgique, de Turquie même !», s’étonne-t-il.
C’est avec des amis du lycée, que Mohamed a cofondé Coeur Banlieu Zhar, pour venir en aide aux personnes en précarité alimentaire d’abord, mais aussi dans l’idée de changer le regard sur Vaulx-en-Velin : «Zhar en arabe, c’est la chance», précise-t-il. «On dit que les jeunes ne font rien, ne s’engagent pas, mais regardez, on a une moyenne d’âge de 21 ans dans l’association, et on est à fond dans l’action». De cinq adhérents en 2017, Coeur Banlieu Zhar est passée à 90 aujourd’hui, et organise même des chantiers de bénévolat à l’étranger. L’été dernier, les jeunes ont retapé entièrement une école au Sénégal.
Étudiant en troisième année à Sciences-Po Paris, Mohamed assure qu’il sera toujours impliqué à Vaulx, regrettant que souvent «les personnes qui ont fait de grandes écoles ne reviennent plus. Ce n’est pas ce que j’ai envie de montrer, je ne peux pas me construire en niant d’où je viens». Avec dans l’idée d’y revenir une fois diplômé.
>> Cet article est issu de la newsletter de Mediavivant. Pour la lire, c’est par ici.
La Ville de Lyon a annoncé ce lundi 19 décembre sa décision de fermer un gymnase qu’elle avait elle-même mis à disposition pour loger environ 80 jeunes migrants. Deux jours auparavant, elle avait pourtant ouvert un autre gymnase pour mettre à l’abri des familles. Alors même que l’hébergement d’urgence n’est pas sa compétence, la Ville de Lyon tente de jongler entre volontarisme politique et pression sur d’autres institutions locales pour les amener à prendre leur part. Aux dépens des jeunes hébergés ?
Ce lundi 19 décembre, alors que les vacances scolaires débutent, une trentaine de personnes est massée devant les grilles du gymnase Marcel Dargent, dans le 8e arrondissement de Lyon. À l’intérieur, environ 80 jeunes migrants attendent qu’on décide de leur sort. Pourront-ils rester dans ce gymnase mis à disposition par la Ville de Lyon et qui leur sert d’hébergement depuis fin septembre ? Devront-ils faire leurs bagages pour s’installer ailleurs ? Ou est-ce la rue qui les attend ?
« Où on crèche à Noël ? » résume la pancarte d’une des personnes présentes.
Fermeture du gymnase Dargent, mis à disposition par la Ville de Lyon pour 80 jeunes migrants
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Fêtes de fin d’année obligent, notre sélection de sorties à Lyon s’étale pour une fois sur deux semaines avec au passage quelques suggestions d’activités pour le réveillon du 31 décembre. N’hésitez pas à ajouter les vôtres en commentaires.
Dos ados
C’est un peu la saison des artistes plasticiens multi-cartes et multi-supports (relire nos différentes sélections depuis la rentrée). Une preuve de plus avec la jeune Johanna Cartier, 26 ans, venue de Brest. Elle ne craint pas de passer d’un médium à l’autre : dessin, peinture mais aussi sculpture, installation. Plus plus qu’elle n’a de peine à s’immerger dans des milieux différents pour cueillir ses thématiques avec un certain sens du pointu (les routiers, les fans de moto-cross, les concours canins). Ici, avec Terrains Fragiles, Amour Miskine, ce sont les adolescentes poussées en milieu rural (un écosystème qu’elle connaît bien), leurs corps, leur ennui, leur genre d’éthique, leurs émois amoureux. Un vrai travail de teen-entomologiste.
Terrains Fragiles, Amour Miskine de Johanna Cartier (c). Kommet
Conte défait
Les adaptations de Hansel et Gretel, célèbre conte des frères Grimm, ne manquent pas. Celle-ci, signée Igor Mendjisky et créée l’été dernier à Avignon est savoureuse et s’adresse aux petits (à partir de 7 ans). Peut-être parce qu’elle est assez libre et personnelle, prenant place dans un décor de chambre d’enfant. Ici, Hansel et Gretel, que tout le monde recherche, se sont en réalité enfuis, partis vivre la grande aventure de l’émancipation et de la découverte du monde. Avec les aventures réelles ou imaginaires que cela peut engendrer. Le spectacle, farci d’inventions visuelles et sonores, sera notamment donné le soir du 31 décembre.
En 2018, l’Auditorium avait déjà donné une soirée gospel mémorable. Qui risque ici de trouver une suite avec le Choeur gospel Philharmonic Experience. Un choeur XXL avec un cœur gros comme ça, comprenant des chanteurs amateurs de la région lyonnaise et dirigé par Pascal Horecka, ancien du Conservatoire de Lyon. Il dirigera l’une de ses compositions mais surtout des œuvres célèbres. De George Gerswhin (Strike up the band) aux classiques du Negro-spiritual, bien sûr une guirlande de chants de Noël (Oh Holy Night, Have yourself a Merry Little Christmas, Jingle Bells…). Et, plus pointu, l’Alléluia du Messie de Handël. De quoi se réchauffer les mains en tapant dedans le soir du réveillon.
Une fois n’est pas coutume, une petite sortie ciné (ou plusieurs) s’imposent durant ces vacances. Vous avez déjà vu Avatar2 ou ça ne vous intéresse pas ? Tentez-donc une des rétrospectives chargées d’achever l’année à l’Institut Lumière. Au programme deux géants du patrimoine cinématographique. Dans des registres éminemment différents mais tout aussi réjouissants. D’un côté, Ernst Lubitsch, le spécialiste de la comédie (pas si) classique américaine (il avait entamé sa carrière dans le muet en Allemagne) : To be or not to be, The Shop around the corner…). De l’autre, l’un des piliers du cinéma politique italien, Fransesco Rosi, (Cadavres exquis, Main basse sur la ville) également auteur d’une mémorable adaptation de Carmen. Les deux rétrospectives s’accompagnant d’un certain nombres de bonus, de remakes en documentaires.
L’Amérique toujours, cette fois du côté de Broadway. Et de l’Opéra. C’est le programme du Nouvel an de la maison lyonnaise qui accueille le britannique Wayne Marshall, chargé de diriger les festivités. Ce pianiste, organiste et chef d’orchestre, est un fin connaisseur de Leonard Bernstein et George Gershwin. Soit deux des grands responsables de la réputation et de l’esthétique Broadway. Au programme notamment, Rhapsody in Blue, An American in Paris ou la Cuban Ouverture de Gershwin, un extrait de Candide (joué en ce moment à l’Opéra) et un peu de West Side Story pour Bernstein.
Farid, Mélissa et leurs enfants ont vécu pendant cinq ans dans l’immeuble où s’est déclaré l’incendie qui a fait dix morts à Vaulx-en-Velin. Ils racontent des conditions de vie indignes, dans un logement insalubre et dangereux.
Farid (le prénom a été modifié), 27 ans, travaille comme livreur dans l’agglomération lyonnaise. Ce vendredi 16 décembre, vers 3 heures du matin, il se préparait comme d’habitude à aller travailler. Distraitement, il jette un coup d’œil sur son téléphone et voit des images d’incendie sur le Snap d’un jeune de Vaulx-en-Velin. Lui-même Vaudais d’origine, Farid ne s’inquiète pas trop :
« Là-bas, le feu on en a l’habitude, il y a presque tous les jours quelque chose qui brûle. Je me suis dit que les pompiers allaient éteindre ça rapidement. »
« Mon sang n’a fait qu’un tour, j’ai appelé tous ceux que je connaissais là-bas. »
Car Farid connaît bien l’immeuble de Vaulx-en-Velin qui a pris feu dans la nuit du 15 au 16 décembre, faisant dix morts dont cinq enfants. Il y habitait encore il y a quelques mois avec sa femme Mélissa et leurs trois enfants, dans l’allée mitoyenne de celle où l’incendie mortel s’est déclaré. Ce drame n’a pas surpris le couple, qui raconte cinq années passées dans un immeuble insalubre et dangereux, à craindre pour leur sécurité et celle de leurs enfants.
Le 12, chemin des Barques, à Vaulx-en-Velin, où s’est déclaré l’incendie dans la nuit du 15 au 16 décembre.Photo : LB/Rue89Lyon
Il y a cinq ans, Farid et Mélissa, âgés respectivement de 22 et 24 ans, décident de s’installer ensemble dans la région lyonnaise. Lui a grandi à Vaulx-en-Velin et Villeurbanne, elle est originaire de l’Isère. Le couple étant au RSA, leur recherche de logement s’embourbe rapidement. Jusqu’à ce qu’ils tombent sur cet appartement du 13, chemin des barques, à Vaulx-en-Velin. Un T3 miteux de 69 m², loué à 780 euros par mois. Malgré l’exiguïté du logement, et son loyer conséquent, le couple signe le bail.
« C’est la seule propriétaire qui a bien voulu de nous », explique simplement Farid.
« Nos prises électriques prenaient feu toutes seules »
La petite famille emménage, à l’étroit mais soulagée d’avoir un toit sur la tête. Rapidement, Mélissa et Farid découvrent que l’appartement est insalubre. Des taches de moisissure s’étalent sur les murs, et le logement est rongé de cafards et d’asticots. En 2020, le couple affirme avoir contacté les services d’hygiène de la ville, sans réponse.
Mélissa et Farid commencent à redouter un drame étant donné l’état du réseau électrique.
« Nos prises prenaient feu toutes seules, parfois on prenait même le jus, se souvient Farid. On est restés un an et demi sans aucune lumière au plafond, on n’a jamais compris pourquoi. »
« Le compteur électrique n’était pas aux normes. A l’intérieur, les fusibles étaient enveloppés dans du papier d’aluminium pour qu’ils aient la bonne taille », complète Mélissa.
Farid, Mélissa et leurs trois enfants ont vécu cinq ans dans ce logement de la copropriété « Cervelières » de Vaulx-en-Velin, dans l’allée mitoyenne à celle où s’est déclarée l’incendie mortel. DR
Or, l’appartement ne dispose d’aucun détecteur de fumée. Pourtant, en 2016, la copropriété avait déjà été touchée par un incendie. Dans la nuit du 22 au 23 août, l’allée 13 avait pris feu, à cause d’un feu de poubelle qui s’était propagé à une bouche de gaz. Une soixantaine de personnes avaient dû être évacuées mais les flammes n’avaient fait aucune victime.
Inquiet pour la sécurité de la petite famille, Farid décide d’installer lui-même un système d’alarme.
« J’en ai choisi un qui soit un peu perfectionné, pour être prévenu en cas d’incendie même sur mon téléphone », précise-t-il.
« Je me souviens d’un appartement dont les toilettes ne fonctionnaient pas, loué 1000 euros par mois à des sans-papiers »
Il y a un peu plus d’un an, la propriétaire de l’appartement annonce son intention d’augmenter le loyer, indépendamment de son état dégradé. C’est la goutte d’eau pour Farid.
« J’ai immédiatement refusé. Je lui ai dit que je ne paierai rien tant qu’elle ne fera pas de travaux dans l’appartement. Pendant un an, on n’a pas payé le loyer. »
Ce qui ne semble faire ni chaud ni froid à la propriétaire. Le couple commence à se poser des questions sur l’honnêteté de cette dernière. Si Farid et Mélissa ont bien signé un bail, déclaré à la CAF, ils n’ont jamais reçu aucune quittance de loyer et doivent impérativement payer le loyer en espèces. D’après le couple, leur appartement de 69 m² insalubre, qu’ils louent à 780 euros par mois, fait partie des moins chers de la copropriété.
« Il y a des logements minables qui sont loués bien plus chers, affirme Farid. Au premier étage, je me souviens d’un appartement pourri, loué pour 1000 euros par mois à des sans-papiers. Les toilettes ne fonctionnaient même pas, ils devaient faire leurs besoins dans un seau. »
« C’est un point de deal »
Dans l’immeuble en lui-même, les conditions de vie se dégradent. Farid et Mélissa décrivent des parties communes vétustes, lambrissées de bois et un défaut d’entretien général. Le père de famille raconte ainsi être intervenu de nombreuses fois pour décoincer des voisins, bloqués dans l’ascenseur. Dans le hall, des groupes de jeunes suscitent l’irritation des habitants.
« C’est un point de deal, et c’est de la drogue dure, affirme Farid. La police intervient régulièrement mais les jeunes prenaient la fuite par la seconde porte d’entrée du hall. Alors elle a été condamnée. Ils squattent quand même dans le hall, il y en a qui ont même été surpris en train de faire cramer des cartons de pizza ! »
Entre l’insalubrité de l’appartement, le réseau électrique défaillant et les expériences inquiétantes des jeunes dans le hall, la petite famille décide de déménager. En juin, Mélissa, Farid et leurs enfants se sont installés à Vénissieux, dans le quartier Moulin-à-vent. C’est le soulagement. Cet appartement-là est correct, et a même son détecteur de fumée. Les images de l’incendie de Vaulx-en-Velin resteront malgré tout longtemps gravées dans l’esprit de Mélissa et Farid. Mais aussi de leurs enfants, dont certains copains sont décédés dans le drame.
Le hall du 12 chemin des Barques, à Vaulx-en-Velin, d’où serait parti l’incendie mortel. Depuis le drame, cette photo tourne sur les réseaux sociaux. DR
Après plusieurs années d’exercice en temps que médecin au centre de rétention administrative de Lyon, Thomas Millot a choisi de démissionner. Il dénonce, dans une lettre ouverte, un système de rétention qui génère de la violence pour les détenus comme pour ceux qui y travaillent.
Le Dr Thomas Millot officiait depuis octobre 2017 au Centre de rétention administrative de Lyon Saint-Éxupéry. Ce 15 décembre 2022, il a démissionné, après avoir cherché durant plusieurs mois à quitter ce poste. Il assurait un suivi médical des personnes retenues pendant quatre demi-journées par semaine, dans une équipe des Hospices civils de Lyon (HCL) dédiée à divers établissements carcéraux.
Dans une lettre ouverte publiée en lien avec l’association La Cimade, il dénonce « une fabrique de violence particulièrement efficace et inhumaine. Et ceux qui y travaillent, policiers et partenaires, comme ceux qui y sont enfermés, subissent de jour comme de nuit cette violence institutionnelle. »
Nous reproduisons ci-dessous ce texte.
« Les unités médicales du centre de rétention échappe à tout contrôle des agences régionales de santé »
« Ce jour, après 5 années d’exercice de la médecine en centre de rétention administrative, je quitte mon poste en raison de l’impossibilité d’y exercer mon métier.
En arrivant en octobre 2017 au CRA 1, je n’ignorais pas que cet exercice ne prend que le sens que nous soignants souhaitons lui donner, les législateurs, qui écrivent patiemment à intervalle très régulier des lois migratoires, n’y incluant jamais de volet sanitaire.
Dans le même esprit, les unités médicales des centres de rétention échappent à tout contrôle des agences régionales de santé ainsi que du ministère de la santé, comme il en est de la gestion des titres de séjour pour raisons médicales dont la responsabilité a été confiée à l’Ofii, organisme public placé sous la tutelle du ministère de l’intérieur. Ainsi, l’interlocuteur privilégié de toute question médicale se trouve être la préfecture : c’est auprès de la préfecture que l’on plaide pour l’amélioration de la qualité ou de l’offre de soins.
Cette situation volontairement ubuesque qui consiste à confier la gestion de l’offre de soins à des policiers rend bien évidemment compte de l’absence de volonté des gouvernements successifs de s’intéresser aux questions sanitaires des étrangers en cours d’expulsion. Aussi dénuée de toute humanité qu’elle soit, cette stratégie reste parfaitement cohérente au regard du traitement fait aux réfugiés arrivant en Europe depuis plusieurs années.
C’est donc en étant parfaitement conscient de l’hypocrisie qui consiste à mettre au milieu des centres de rétention des services médicaux sans moyens que je suis venu y travailler. Après tout, ce n’est ni plus ni moins dégradé que de la médecine humanitaire…
Dans le centre de rétention de Lyon, « la seule loi qui prévaut est celle de la violence »
En janvier 2022, après plus de quatre années de pratique de cette médecine de précarité, un tout nouveau centre de rétention a ouvert à Lyon, l’unité médicale y a donc emménagé : bâtiments neufs, accès ultra sécurisés, des caméras partout, des filets, des barbelés, etc… un véritable centre de détention.
La préfecture y enferme des sortants de prison ou des sans-papiers arrêtés dans la rue pour trouble à l’ordre public, une population de retenus ultra précarisée, souvent d’anciens mineurs non accompagnés qui ont perdu toute attache familiale à la pré-adolescence, ont débuté la toxicomanie à peu près au même âge et ne connaissent des rapports humains que ceux que la rue génère.
Dans cet environnement, les zones d’hébergement sont régies par le principe de la libre circulation par obligation légale et il n’y a aucun surveillant, car la police aux frontières n’a pas vocation à surveiller, elle a vocation à éloigner les personnes faisant l’objet d’une obligation de quitter le territoire français. C’est ainsi que pour survivre dans les zones d’hébergement, pour conserver ses affaires ou son intégrité physique, pour ne pas se faire racketter ou tout simplement pour essayer d’attendre sereinement son expulsion du territoire, la seule loi qui prévaut est celle de la violence.
« La violence institutionnelle, (…) très loin des réalités des centres de rétention, ruisselle sur tous les travailleurs de terrain »
Violence qui s’exerce de jour comme de nuit puisque les portes des chambres sont toujours ouvertes. Aucun membre de l’institution, aucun fonctionnaire n’est affecté à la mise en œuvre de relations normalisées, personne n’aplanit les tensions, personne ne se soucie… pas forcément de manière consciente d’ailleurs, les bonnes volontés existant aussi largement dans la police, tout comme le sous-effectif criant qui oblige à travailler en permanence de manière dégradée.
Dans les prisons, établissements dans lesquels je pratique également mon métier depuis 10 ans, chaque étage de détention a son surveillant. Celui-ci connait les détenus de son étage, ouvre les portes, règle les conflits, répond aux demandes, ou discute tout simplement… avec plus ou moins de réussite évidemment, rien n’est parfait nulle part. Mais l’administration pénitentiaire a compris depuis longtemps que pour avoir une détention pacifiée, la matraque et la caméra ne suffisent pas.
En l’absence de volonté politique de pacification dans les centres de rétention, la violence est partout et s’exerce sur tous : violences entre retenus, à l’égard des fonctionnaires de police, à l’égard des juristes de Forum réfugiés, à l’égard des médiateurs de l’Ofii, à l’égard du personnel soignant. C’est une grande vague d’agressivité qui s’installe et qui s’immisce dans tous les recoins du centre : la violence institutionnelle générée dans des bureaux, loin, très loin des réalités rétentionnaires, ruisselle proprement et méthodiquement sur tous les travailleurs de terrain que nous sommes.
« Je pars du centre de rétention administrative de Lyon par dépit »
Ainsi, moi qui suis médecin de l’hôpital public, travaillant dans des missions d’intérêt général depuis presque toujours, aux urgences, en prison, en rétention, moi qui suis venu en conscience travailler dans un milieu difficile avec la ferme intention de participer à une mission de service public, je me vois depuis plusieurs mois être parasité, infesté par cette agressivité. Je deviens agressif avec mes propres patients, je ne parviens plus à prendre le recul nécessaire à ma pratique professionnelle.
J’ai le sentiment d’avoir été moi-même broyé par la politique rétentionnaire déshumanisée de mon propre pays, une sorte de dommage collatéral en quelque sorte.
Je pars donc du centre de rétention administrative de Lyon ce jour, par dépit, car les conditions de base qui pourraient me permettre d’y faire du soin n’existent pas.
Le CRA de Lyon est une fabrique de violence particulièrement efficace et inhumaine. Et ceux qui y travaillent, policiers et partenaires, comme ceux qui y sont enfermés, subissent de jour comme de nuit cette violence institutionnelle.
Depuis sa création, Rue89Lyon documente la question de la prostitution dans les rues de Lyon et les réponses politiques apportées. À l’occasion de la journée internationale contre les violences faites aux travailleuses et travailleurs du sexe, nous vous proposons un retour sur 20 ans de politique municipale et préfectorale vis-à-vis des prostituées et de leurs camionnettes.
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Journaliste lyonnais fan de l’Ouest, je suis à Rue89Lyon depuis 2020. Aujourd’hui associé et directeur de publication, je couvre les questions sociales mais aussi écologiques (pollutions industrielles, scandale des perfluorés). Le travail, c’est la santé, à condition que le droit soit respecté. Un œil politique sur le Rhône. Pour me laisser une info, c’est ici plemerle@rue89lyon.fr.
Un rassemblement est organisé ce dimanche à Lyon pour protester contre l’emprisonnement en Iran d’Olivier Van Decasteele. Travailleur humanitaire, il a été arrêté il y a un peu plus de dix mois.
Le rassemblement est prévu ce dimanche 18 décembre, à midi devant l’Hôtel de Ville (Lyon 1er). Organisé par le collectif Free Olivier Van Decasteele, d’autres rassemblements lui feront écho en France et en Belgique.
De nationalité belge, Olivier Van Decasteele a œuvré trois ans à Lyon, comme responsable du Bus de Médecins du Monde, une mission mobile qui va à la rencontre des publics vivant dans la rue, leur proposant soin, écoute et denrées alimentaires.
Il a aussi travaillé à Bioforce, premier centre de formation et d’orientation professionnelle français pour les métiers de l’humanitaire situé à Vénissieux.
Un rassemblement à Lyon pour Olivier Van Decasteele retenu en Iran depuis 10 mois
Avant son arrestation le 24 février 2022, cela faisait déjà 6 ans qu’Olivier travaillait en Iran pour des ONG internationales. Le motif de son arrestation reste inconnu et aucune charge n’a été retenue contre lui. D’après le collectif Free Olivier Van Decasteele, il serait emprisonné dans des conditions d’isolement inhumaines, rendant sa détention équivalente à de la torture selon la définition de l’ONU :
« Olivier cumule quasi 300 jours à l’isolement complet dans une cellule en sous-sol sans fenêtre et lumières allumées vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Ses problèmes de santé se multiplient avec notamment une perte de poids importante (de plus de 20 kg), la formation de poches de sang aux orteils, la perte des ongles, des problèmes dentaires et gastriques inquiétants. Ceux-ci sont aggravés par la nourriture qui n’est composée que de pain, de lentilles, du riz et de l’eau du robinet. »
Olivier Van Decasteele a par ailleurs commencé une grève de la faim il y a un peu plus d’un mois et ne s’alimente plus que de pain et d’eau le matin.
Olivier Van Decasteele devant le Bus de Médecins Du Monde Place Carnot le 2 avril 2007 Photographie Philippe Merchez
Plusieurs habitants de la Sauvegarde, à la Duchère (Lyon 9e) déplorent une absence de chauffage dans leur logement. Le Bailleur social Grand Lyon Habitat renvoie la responsabilité à l’exploitant de chauffage urbain, Dalkia.
C’est un running gag qui n’a rien de drôle. Alors que les températures lyonnaises avoisinent les 4 degrés, une dizaine d’appartements à la Sauvegarde, sous-quartier de la Duchère (Lyon 9è) restent sans chauffage depuis le 30 octobre dernier. Les appartements situés dans l’allée 419 rue Marius Donjon appartiennent tous à l’un des bailleurs sociaux de la Métropole, Grand Lyon Habitat.
Une situation similaire à celle de l’année dernière, ou encore à celle d’avant. D’après trois habitants interrogés, sans appoint de chauffage électrique, on ne dépasserait pas les 15 degrés la journée dans ces appartements. Des niveaux de températures que Rue89Lyon avait déjà constatés l’année dernière.
Plusieurs habitants disent avoir appelé ou envoyé des mails que la rédaction a pu consulter.
D’autres habitants témoignent avoir rendu des visites régulières à leur bailleur social, Grand Lyon Habitat, avenue de la Sauvegarde. Hatice, locataire au 419 rue Marius Donjon, déclare s’y rendre au moins tous les trois jours depuis le 30 octobre dernier :
« Ils m’ont dit que j’étais seule à me plaindre de ça. J’avais l’impression qu’ils sous-entendaient que j’inventais. Alors je suis allée toquer chez mes voisins pour qu’ils signent une pétition. »
Des premiers soucis de chauffage à la Duchère en octobre dernier
Cette habitante de la Duchère ironise :
« Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir qu’eux aussi écrivent, appellent et vont voir Grand Lyon Habitat pour les supplier de remettre le chauffage. C’est normal, il fait tellement froid c’est insupportable. »
Sa pétition lancée en début de semaine a déjà rassemblé une petite dizaine de noms, représentant chacun un foyer concerné.
Dans le quartier, les habitants s’inquiétaient pourtant moins que les années précédentes d’éventuelles pannes de chauffage, car celui-ci avait fonctionné correctement du 15 au 30 octobre dernier. Le démarrage avait tout de même été un peu retardé par quelques soucis techniques. Jean-Noël Freixinos, directeur général de Grand Lyon Habitat s’en était expliqué à Rue89Lyon :
« Pendant l’été il y a eu des travaux sur le réseau et des changements d’équipement. Les soucis de compatibilité de ces équipements n’apparaissent que lorsque le chauffage est remis en route. »
« Logement social ça ne veut pas dire que ce n’est pas grave si on paye pour rien »
Le directeur de Grand Lyon Habitat avait conclu :
« Nous avons la capacité de desservir du chauffage à tout le monde, il ne devrait plus y avoir de problème. »
Il y a encore manifestement des problèmes au 419 de la rue Marius Donjon.
Ozman habite au dernier étage du bâtiment. Pour lui, les couacs résultent encore d’un problème de relance du chauffage :
« Ils ont éteint la chaufferie parce que les températures sont remontées pendant quelques jours fin octobre. Quand ils l’ont relancé, ça ne fonctionnait pas dans plusieurs bâtiments. »
« On peut parier que l’année prochaine il y aura encore des pannes de chauffage à la Duchère »
Retraité et habitant son appartement depuis plus de 8 ans, Ozman se dit las de vivre avec la menace d’un chauffage non-fonctionnel chaque hiver :
« On peut parier que l’année prochaine il y aura encore l’une ou l’autre barre qui sera au fond du trou parce que le chauffage n’est toujours pas venu. Ce n’est pas possible. »
Au 15 décembre, l’allée 419 est l’une des dernières à ne pas être alimentée en chauffage dans le quartier, la situation de ses habitants est donc minoritaire :
« Aujourd’hui il ne reste que quelques appartements qui ne sont pas chauffés, mais dans chaque logement il y a beaucoup de familles, d’enfants et de personnes âgées. Une allée, c’est facilement 40 personnes, surtout que bon nombre d’appartements sont suroccupés », commente Ozman.
C’est par exemple le cas de l’appartement d’Hatice, où elle, son mari, son bébé, sa mère, ses deux frères et sa belle soeur occupent un T3.
À l’hiver 2021, une locataire qui portait déjà en permanence deux gros pantalons en polaire l’un sur l’autre dans son logement allée 410 rue Marius Donjon. 2021Photo : LS/Rue89Lyon
Sans chauffage, la hantise de tomber malade à la Duchère
Cette année, ce foyer a d’ailleurs fait le choix de dépenser sans compter en chauffage électrique. Hatice est mère d’une petite fille de 9 mois qui est tombée malade d’une bronchiolite il y a quelques semaines. Elle s’en déclare traumatisée :
« Vous imaginez ma culpabilité, ma colère ? Je paye des charges et ma fille tombe gravement malade parce que visiblement notre situation n’est pas urgente. »
Hatice espace au maximum les bains de sa fille. Elle dit craindre qu’elle n’attrape froid au sortir de l’eau :
« On fait marcher à fond le petit chauffage électrique qu’on a acheté à 20 euros chez Lidl, mais on empile quand même les pulls et les chaussettes. Ce n’est pas assez, je n’ai pas envie que ma fille se traîne des problèmes respiratoires pendant des mois. »
Fatima abonde en son sens. Elle habite l’allée 418, où le chauffage est revenu il y a un peu plus d’une semaine :
« Mes deux petits enfants de 16 et 17 ans sont tous les deux tombés malade, il y en a une qui tousse jusqu’à maintenant. »
Cependant elle temporise et se dit « réconciliée avec l’OPAC » (ancien nom du bailleur social ndlr), trop heureuse d’avoir retrouvé la chaleur dans son logement. « Et l’eau chaude ! Je n’avais plus d’eau chaude depuis plus d’un mois. Dieu soit loué tout fonctionne aujourd’hui. »
Le réseau de chauffage urbain de la Duchère, incriminé chaque hiver
D’après Grand Lyon Habitat, seuls deux locataires auraient signalé un problème de chauffage. Ils rejettent la responsabilité sur l’exploitant du réseau de chauffage urbain que le bailleur social contacterait régulièrement :
« L’exploitant évoque un incident technique du côté du réseau de chauffage urbain de la Métropole : une chaleur insuffisante est envoyée depuis ce réseau « primaire » jusqu’au réseau secondaire. Le niveau de chaleur envoyé depuis le réseau primaire doit être revu à la hausse cette semaine. Il faut ensuite compter une inertie de un à deux jours avant que les températures ne remontent au niveau des logements. »
Cette problématique de chauffage urbain géré par Dalkia (une filiale d’EDF) n’est pas nouvelle. L’hiver dernier, à quelques encablures de La Sauvegarde, des habitants du quartier du Château -toujours à la Duchère- rencontraient le même problème, cette fois-ci avec pour bailleur social Alliade Habitat.
En 2021, les mères de famille de la Duchère avaient organisé une réunion improvisée des locataires sans chauffage à la Duchère. 2021Photo : LS/Rue89Lyon
Le conseil municipal de Lyon a voté l’attribution d’une subvention de 35 000 euros à l’association Cabiria, qui agit avec et pour les prostituées. L’ensemble des groupes a voté en faveur de cette subvention. Elle a cependant donné lieu à un débat qui révèle les clivages sur la perception politique de la prostitution, même au sein de la majorité écologiste et de gauche.
Depuis début novembre 2022, une pétition contre la présence de prostituées à côté de la plaine des jeux à Gerland (Lyon 7e) tourne sur les réseaux. L’attention médiatique s’est de nouveau focalisé sur les prostituées exerçant en camionnette à Lyon. La précédente majorité, dirigée par Gérard Collomb, réglait ce genre de conflits d’usage à coup d’arrêtés anti-stationnement, qui repoussaient les prostituées et leurs camionnettes hors de la ville.
La majorité écologiste, en place depuis 2020, tente une autre approche, celle de l’accompagnement plutôt que la répression. Une subvention de 35 000 euros a été votée en conseil municipal ce jeudi 15 décembre, pour l’association Cabiria. Cette association de santé communautaire, travaille avec et pour les prostitué·es.
Les camionnettes de prostituées se situent à côté du port Edouard-Herriot de Lyon, à Gerland. Crédit : PL/Rue89Lyon.
Prostitution à Lyon : une nouvelle subvention
Cette subvention est accordée pour financer deux actions. La première, le renforcement des maraudes dans le secteur de la plaine des jeux de Gerland, et la mise en place de médiation entre les prostituées, les riverains et les usagers. Le deuxième volet « vise à accompagner les personnes prostituées qui changent ou diversifient leur mode d’exercice, passant de la rue à internet », par la mise en place de maraudes numériques et d’une permanence téléphonique.
Fin septembre, une association pour l’abolition de la prostitution, l’Amicale du Nid, avait déjà reçu des fonds de la mairie de Lyon. 35 000 euros ont été alloués à l’accueil de jour ainsi qu’à l’ouverture de logements pour aider certaines femmes à sortir de la prostitution.
En juillet, le conseil municipal a aussi acté la construction d’une enceinte plus robuste rue Jean-Bouin, pour un montant de 850 000 euros. « Elle vise à occulter les camionnettes à hauteur d’enfant », précise Sandrine Runel, adjointe au maire aux Solidarités.
Tous les groupes du conseil municipal ont voté en faveur de la subvention accordée à Cabiria. Aucun vote contre n’a été enregistré. Malgré tout, la subvention a fait l’objet de débats sur la meilleure façon de résoudre la situation à Gerland. Ces échanges sont révélateurs de la manière dont chaque groupe politique perçoit les personnes prostituées, leurs conditions de travail et les réponses politiques à donner.
Sur la prostitution, les oppositions demandent le retour des arrêtés anti-camionnettes à Lyon
Le groupe Pour Lyon (centre), par la voix de Delphine Borbon, a demandé « un état des lieux de la prostitution à Lyon » et la mise en place d’arrêtés anti-stationnement. Pour parler des personnes prostituées, elle utilise le terme « travailleuses du sexe », souvent utilisé par les associations et militantes qui les considèrent comme des travailleuses avant d’être des victimes. Mais l’élue précise : « Les travailleuses et travailleurs du sexe sont souvent exploité·es, ne l’oublions pas ! »
Du côté des Progressistes et Républicains, Béatrice Gailliout demande aussi le déménagement des camionnettes vers un lieu « où les victimes de la prostitution pourront être en sécurité, sans faire courir de risque à nos enfants. »
Au sein même de la majorité écologiste et de gauche, la question n’est pas vraiment tranchée. Écologistes et socialistes, au national comme au local, n’ont pas tout à fait le même vocabulaire ni la même ligne politique sur le sujet. David Souvestre (Lyon en commun), chargé de s’exprimer pour les socialistes, les écologistes et Lyon en commun, tente de concilier :
« La prostitution a de nombreux visages avec des femmes et des hommes aux parcours de vie différents : des migrants, des minorités sexuelles, des trans ou encore des travailleuses et travailleurs du sexe qui ont fait le choix d’exercer une activité sexuelle tarifée. »
Il fustige par la même occasion les demandes des groupes d’opposition, de faire appliquer des arrêtés anti-camionnettes.
« J’estime malhonnête intellectuellement de dire, dans une même intervention, que les prostitué.e.s sont des victimes qu’il faut protéger et de prôner la vertu d’un outil juridique qui les pénalise et les rend encore plus vulnérables. »
À Rue89Lyon depuis 2022, aujourd’hui journaliste associée. Enquêter sur l’extrême droite, c’est lutter contre l’extrême droite.
J’écris aussi sur la politique, le sans-abrisme, le logement, les violences sexistes et sexuelles. Pour me filer une info ou me contacter, c’est par là : mallenou@rue89lyon.fr