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Mohamed Chaia, Vaulx-en-Velin au cœur

Le nouveau journal Mediavivant publie dans sa dernière newsletter le témoignage de Mohamed Chaia. Fondateur de l’association Coeur Banlieu Zhar à Vaulx-en-Velin, il raconte l’élan de solidarité après l’incendie mortel du 15 au 16 décembre. Nous reproduisons l’article ci-dessous.

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Mohamed Chaia, Vaulx-en-Velin au cœur

Il nous appelle d’Istanbul, où il est étudiant Erasmus cette année. Mais dans sa tête, Mohamed Chaia est «à Vaulx». Depuis l’incendie meurtrier, qui a tué dix personnes dont quatre enfants la semaine dernière, dans sa ville près de Lyon, ce Vaudais de 22 ans n’arrive pas à se poser. Dès qu’il a vu «l’info sur (s)on téléphone» le jour du drame, Mohamed s’est arrêté dans un café pour appeler, «j’avais tellement besoin de parler aux gens du quartier que j’y suis resté jusqu’à la fermeture», raconte-t-il.  

Enfant du quartier du Mas du Taureau, théâtre de l’incendie, il assure que «ce n’est pas l’un des plus insalubres ou pauvres de la ville». Il a été d’autant plus bouleversé par la nouvelle qu’il connaissait très bien les quatre enfants morts dans l’incendie et leur mère, tous bénéficiaires de l’association qu’il a créée en 2017. «Cette famille était venue à plusieurs de nos actions, et les enfants étaient inscrits à l’aide aux devoirs». 

«On a agi presque par réflexe», analyse-t-il. Son association Coeur Banlieu Zhar a aussitôt mis en place des collectes de vêtements, de nourriture, mais aussi une cagnotte en ligne pour venir en aide aux victimes. 

A Vaulx-en-Velin après l’incendie, plus de 50 000 euros de dons en 24 heures

Hyperactif sur la gestion des réseaux sociaux de l’association depuis l’incendie, Mohamed est en colère contre certains médias qui «viennent nous jeter à la figure des poncifs sur l’insécurité, alors que sans nier les difficultés sociétales ici, il y a une entraide magnifique dans ces quartiers».  

La preuve : «la solidarité extraordinaire» qui s’est mise en place aussitôt après le drame, «avec une mobilisation très rapide des bénévoles». «On a été choqués par la vague immense de personnes venues donner de leur temps, de leur argent aussi», ajoute-t-il. La cagnotte en ligne, qui a récolté plus de 50 000 euros en 24 heures, a vu venir «des dons de Belgique, de Turquie même !», s’étonne-t-il. 

C’est avec des amis du lycée, que Mohamed a cofondé Coeur Banlieu Zhar, pour venir en aide aux personnes en précarité alimentaire d’abord, mais aussi dans l’idée de changer le regard sur Vaulx-en-Velin : «Zhar en arabe, c’est la chance», précise-t-il. «On dit que les jeunes ne font rien, ne s’engagent pas, mais regardez, on a une moyenne d’âge de 21 ans dans l’association, et on est à fond dans l’action». De cinq adhérents en 2017, Coeur Banlieu Zhar est passée à 90 aujourd’hui, et organise même des chantiers de bénévolat à l’étranger. L’été dernier, les jeunes ont retapé entièrement une école au Sénégal. 

Étudiant en troisième année à Sciences-Po Paris, Mohamed assure qu’il sera toujours impliqué à Vaulx, regrettant que souvent «les personnes qui ont fait de grandes écoles ne reviennent plus. Ce n’est pas ce que j’ai envie de montrer, je ne peux pas me construire en niant d’où je viens». Avec dans l’idée d’y revenir une fois diplômé.

>> Cet article est issu de la newsletter de Mediavivant. Pour la lire, c’est par ici.


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