Depuis le vendredi 11 octobre, le 7e arrondissement de Lyon accueille un nouveau squat, dix jours après la fin de l’ECG. Si des échanges ont eu lieu avec le propriétaire, l’avenir de ses habitant·es reste incertain.
« On est venu voir s’il y avait besoin d’aide. »
Ce mardi 15 octobre, quelques militant·es défenseurs d’un logement pour tous et des membres du collectif des Sans-facs discutent en face du 24, rue Chevreul. Les étudiant·es, qui ont investi la Cour de l’université Lyon 2 juste à côté, pour demander l’inscription refusée de certains de leurs camarades, sont venus aux nouvelles des personnes sans-abri, tout récemment arrivées.
Depuis le vendredi 11 octobre, un groupe d’habitants occupe les lieux. Leur message s’affiche au deuxième étage : « Pas de trêve pour les expulseurs ». « Pour l’instant, on ne sait pas trop ce qu’il va se passer, nous glisse un militant. On attend des nouvelles des propriétaires. »
Cette ouverture fait suite à de nombreuses expulsions sur Lyon et son agglomération depuis la rentrée. Les habitants de la rue de Bourgogne (Lyon 9e), du squat de la rue Dedieu (Villeurbanne) et de l’ECG se retrouvent de nouveau sans toit. Ceux du 110 avenue Berthelot ont quitté d’eux-mêmes leur hébergement après un deal avec le propriétaire des lieux. À partir du 17 octobre, les 80 femmes et enfants du squat « Arloing » seront expulsables.
À Lyon, une épée de damoclès sur le squat de la rue Chevreul
Plusieurs de ces ex-habitants ont trouvé refuge dans cet immeuble. Il y aurait, notamment, un bon nombre de demandeurs d’asile, en théorie pris en charge par l’État, sans solution d’hébergement. Pour l’heure, les forces de l’ordre sont passées deux fois rue Chevreul.
Une fois pour constater l’occupation, l’autre fois pour potentiellement faire entrer un huissier. Finalement, seul un membre de la famille du propriétaire est entré dans le bâtiment. À noter que, cette fois-ci, le lieu n’appartient pas au public ou à un bailleur social. On est bien sur du privé.
Quid de la suite ? Pour l’heure, les collectifs ont contacté la mairie du 7e arrondissement pour qu’elle se mette en position de médiatrice, avec le détenteur du bien. Celle-ci se serait engagée, selon un militant, à faire au moins le lien entre habitants et propriétaire. Pour quelles suites ? Beaucoup craignent l’application de la loi Kasbarian-Bergé, durcissant les sanctions contre les squatteurs.
À deux semaines de la trêve hivernale, cette occupation tombe en tout cas en pleine semaine de manifestations contre le sans-abrisme à Lyon. Ces 16, 17 et 18 octobre, trois rassemblements sont prévus dans la ville pour trouver (ou garder) un lieu d’accueil aux personnes sans-abri.
Un nouveau squat a ouvert ses portes rue Chevreul, à Lyon.Photo : PL/Rue89Lyon.
Journaliste lyonnais fan de l’Ouest, je suis à Rue89Lyon depuis 2020. Aujourd’hui associé et directeur de publication, je couvre les questions sociales mais aussi écologiques (pollutions industrielles, scandale des perfluorés). Le travail, c’est la santé, à condition que le droit soit respecté. Un œil politique sur le Rhône. Pour me laisser une info, c’est ici plemerle@rue89lyon.fr.
Une manifestation des militants de Jamais sans toit, en octobre 2022, pour la mise à l’abri des enfants sans-abri et leurs parents.Photo : MA/Rue89Lyon
[Agenda] Ces 16, 17 et 18 octobre, trois rassemblements sont prévus à Lyon pour trouver (ou garder) un logement aux personnes sans-abri. À l’approche de la trêve hivernale et alors que le système d’hébergement d’urgence est ultra-saturé, plusieurs lieux sont menacés d’expulsion.
Le pire ne semble jamais certain quand l’on parle d’hébergement d’urgence. À deux semaines du début de la trêve hivernale, le nombre de sans-abri dans les rues de Lyon n’a jamais été aussi élevé. En cause : un système d’hébergement d’urgence ultra saturé et des expulsions de squats en cascade depuis la rentrée.
Les habitants de la rue de Bourgogne (Lyon 9e), du squat de la rue Dedieu (Villeurbanne) et de l’ECG se retrouvent, par exemple, de nouveau sans toit. Ceux du 110 avenue Berthelot ont quitté d’eux-mêmes leur hébergement après un deal avec le propriétaire des lieux.
Une réalité qui risque (fortement) de s’aggraver. À partir du 17 octobre, les 80 femmes et enfants du squat « Arloing » sont expulsables. Face à cette situation, le collectif Solidarité entre femmes à la rue appelle à deux rassemblements. L’un aura lieu mercredi 16 octobre, à 8 h, devant le siège du bailleur social Grand Lyon habitat, propriétaire des lieux.
Le deuxième est prévu vendredi 18 octobre à 14 heures devant l’hôtel de ville de Lyon. « Le collectif a occupé le gymnase Dargent et Chanfrey en mai et a été expulsé deux fois par la Ville », justifie le collectif. Si l’hébergement d’urgence relève de l’État, les collectifs mettent, une nouvelle fois, l’exécutif écologiste au défi de tenir sa promesse de « Zéro enfant à la rue » à Lyon. Celle-ci semblant s’éloigner de plus en plus.
La Ville de Lyon, la Métropole et l’État visées par ces manifestations pour les sans-abri
Depuis plus d’un an, la Ville et la Métropole de Lyon – compétente sur l’hébergement des mineurs non accompagnés (MNA) et des mères isolées avec enfant de moins de trois ans – est en conflit judiciaire avec l’État sur ces questions. Bloqués entre les trois, les collectifs s’adressent à toutes les institutions pouvant être concernées.
Ainsi, un rassemblement est également prévu le jeudi 17 octobre, à l’occasion de la journée mondiale du refus de la misère, devant la préfecture cette fois. Ce jour-là, le baromètre enfants à la rue publié par l’Unicef en septembre sera présenté aux sénateurs. L’occasion de se (re)faire entendre. Début octobre, le collectif Jamais sans toit recensait 238 enfants sans-abri, dont 135 rien que dans la seule ville de Lyon. Un chiffre en augmentation de 25 % par rapport à l’année dernière.
Cette fois-ci, c’est bien à l’État que s’adressera le collectif :
« L’objectif est d’interpeller le gouvernement afin qu’il crée en urgence des milliers de places d’hébergement supplémentaires pour répondre aux besoins, et qu’il mette en œuvre ce programme politique pluriannuel de l’hébergement et du logement », indique-t-il.
Le rassemblement est prévu à 17 h 30, quai Augagneur au niveau du square Delestraint (Lyon 3e), non loin de l’Hôtel du Département. Un rendez-vous a été demandé à la préfète Fabienne Buccio.
Journaliste lyonnais fan de l’Ouest, je suis à Rue89Lyon depuis 2020. Aujourd’hui associé et directeur de publication, je couvre les questions sociales mais aussi écologiques (pollutions industrielles, scandale des perfluorés). Le travail, c’est la santé, à condition que le droit soit respecté. Un œil politique sur le Rhône. Pour me laisser une info, c’est ici plemerle@rue89lyon.fr.
Bruno Bernard et Véronique Dechamps aux Grandes Locos.Photo : Laury Caplat/Rue89Lyon
À La Mulatière, la maire, Véronique Déchamps (LR), est en situation précaire. Fragilisée au sein de sa majorité à la suite de démissions à la chaine, l’édile a du faire des concessions et discuter avec son opposition. Au cœur de la crise : un projet de renouvellement urbain et une hypothétique fusion avec Sainte-Foy-lès-Lyon.
Le conseil municipal de ce lundi 14 octobre risque d’être agité à la Mulatière. Les dossiers à l’ordre du jour passionneront sans doute moins que les chaises vides laissées par une partie de la majorité. « Les décisions les plus politiques ont été repoussées, l’ordre du jour comprend surtout des délibérations de fonctionnement. Mais on aura bientôt un budget à voter… », note Olivier Mesnard, du groupe d’opposition écologiste « La Mulatière autrement ».
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À Rue89Lyon depuis 2022, aujourd’hui journaliste associée. Enquêter sur l’extrême droite, c’est lutter contre l’extrême droite.
J’écris aussi sur la politique, le sans-abrisme, le logement, les violences sexistes et sexuelles. Pour me filer une info ou me contacter, c’est par là : mallenou@rue89lyon.fr
Le centre de santé communautaire de Bron propose divers ateliers auxquels participent médecins et patients.Photo : MP/Rue89Lyon
À Bron, le Jardin, centre de santé communautaire et planétaire, développe une offre de soins qui change le rapport traditionnel à la médecine. Plus « humaine », écologique et inclusive, cette approche a désormais besoin de pérenniser son modèle économique.
Aux alentours de 14h30, dans cette petite salle aux murs mauves, l’odeur du café se mêle au brouhaha ambiant qui s’installe. Un atelier manuel s’apprête à se tenir au 4 rue Edgar Quinet, à Bron. Pourtant, il s’agit bien d’un lieu médical. Plus précisément, « Le Jardin » est un centre de santé communautaire et planétaire.
Un des médecins du centre, Benoît Blaes, participe aussi à cet atelier de création d’éponge, animé par Céline, sa patiente. Un moment convivial entre patient·es, médecins, et employé·es du centre, qui permet de « créer du lien psychosocial », explique Juliette une des médiatrices, qui aide Céline à animer.
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Pour l’audience au tribunal vendredi 13 octobre, Mamadou a revêtu un Lépi, une tenue traditionnelle de Guinée.Photo : SG/Rue89Lyon
Mamadou Sow, 24 ans, est visé par une obligation de quitter le territoire (OQTF) depuis avril 2024 à Lyon. Rue89Lyon a rencontré ce jeune homme, nouvellement papa, qui semble pourtant cocher toutes les cases du modèle d’intégration.
Vendredi 11 octobre à 9h30, Mamadou se serre contre sa compagne, Mariame. Assis sur un banc de la salle d’audience du tribunal administratif de Lyon, le jeune couple attend l’ouverture de séance. Leur fille, âgée d’à peine deux mois, est toute calme dans sa poussette rose. Derrière eux, six bénévoles du Réseau Education Sans Frontières (RESF) sont venues en soutien.
L’enjeu est immense : son avocat, Jean-Philippe Petit, va plaider pour l’annulation de l’obligation de quitter le territoire (OQTF) qui vise Mamadou depuis le 11 avril 2024. Une mesure prise par la préfecture de Lyon malgré tous les arguments fournis par le jeune homme de 24 ans pour prouver ses efforts d’intégration depuis son arrivée en France en décembre 2016.
Un périple d’un an à travers le Sahara et la Méditerranée avant d’arriver à Lyon
Mamadou naît le 31 décembre 1999 dans un petit village reculé au nord de la Guinée, Pilimini. En novembre 2015, un peu avant de fêter ses 16 ans, il quitte seul sa famille et son pays pour rejoindre la France. Il veut se procurer des médicaments qui permettront de soigner son père, rongé par un cancer.
Mamadou entame un périple de plusieurs mois à travers le Sahara. C’est dans des coffres de voitures qu’il parcourt le Mali puis l’Algérie, avant d’atteindre la Libye.
Là, il survit dans un foyer de migrants tandis qu’il tente d’amasser suffisamment d’argent pour payer la traversée de la Méditerranée. « Des enfants armés, âgés de 7 à 10 ans, venaient nous racketter dans les foyers », se souvient-il lorsque nous le rencontrons chez lui.
En juin 2016, il prend la mer à bord d’un canot pneumatique. « Il était prévu pour une vingtaine de personnes, on devait être 120 », souffle-t-il.
Mais Mamadou survit. Il arrive en Italie, puis traverse la frontière française en se cachant dans les toilettes d’un train. Le 28 décembre 2016, il atteint Toulon. Là, le jeune garçon est pris en charge par l’aide sociale à l’enfance (ASE). « J’ai conscience d’être un survivant, d’avoir eu la chance de toujours rencontrer les bonnes personnes », convient-il dans un faible sourire.
Michèle François, du RESF, a pris en charge Mamadou dès son arrivée à Lyon en 2018.Photo : SG/Rue89Lyon
Un matin de mars 2017, son assistante sociale le convoque dans son bureau et lui tend son téléphone, sans rien dire. Au bout du fil, un voisin de sa famille, en Guinée, lui apprend la mort brutale de son père. Mamadou ne comprend pas tout de suite. « Je suis resté trois jours dans ma chambre, sans manger. Je ne faisais que pleurer. »
À sa majorité, Mamadou fait une demande de titre de séjour auprès de la préfecture du Var. Mais les autorités remettent en question la validité de son acte de naissance. En mai 2018, on lui délivre une première OQTF. Mamadou quitte alors Toulon pour Lyon.
À Lyon, une lueur d’espoir…
Dans la capitale des Gaules, le jeune homme est pris en charge par RESF, qui l’aide à s’inscrire au lycée professionnel François Cévert, à Ecully, où il effectue un CAP logistique de 2019 à 2021.
Une rencontre va alors changer sa vie. Azouz Begag, ancien ministre délégué à la Promotion de l’égalité des chances, anime un atelier d’écriture dans son lycée. Un lien tout particulier se crée rapidement entre eux. « Il m’a dit qu’il voulait faire un livre de mon histoire », raconte Mamadou.
Alors les deux hommes commencent à écrire. « Né pour partir » sortira en septembre 2023. Le livre va rencontrer un certain succès : Mamadou remporte un prix et se met à intervenir devant des classes en collège et lycée.
En parallèle, le jeune homme poursuit ses études et obtient un bac professionnel en logistique en 2023. « Je veux avoir toutes les compétences pour créer ma propre boîte en France », affirme-t-il.
…ternie par une nouvelle OQTF
Mais sa situation administrative n’est toujours pas régularisée. Sa première OQTF étant arrivée à expiration (elle n’était valable qu’un an, selon la loi en vigueur à l’époque, contre trois ans aujourd’hui), il renouvelle sa demande de titre de séjour en février 2021. À force de multiples relances et avec le soutien de RESF, Mamadou obtient une audience en juillet 2023 et dépose un dossier à la préfecture de Lyon. Celle-ci lui délivre une attestation provisoire de quatre mois, le temps d’étudier sa demande.
Malgré les efforts de son avocat, sa demande finit par expirer sans que rien ne se passe. Il décide alors d’attaquer la préfecture pour non-respect des délais. Pour seule réponse, on lui délivre une nouvelle OQTF le 11 avril 2024. « Le document dit que je ne suis pas intégré, que je n’ai aucune attache en France », ricane-t-il, amer. Contactée, la préfecture de Lyon n’a à ce jour pas donné suite à nos sollicitations.
Mamadou Sow a co-écrit un livre, « Né pour partir » (Editions Milan, 2023), avec Azouz Begag.Photo : SG/Rue89Lyon
Mamadou plaide donc son recours devant le tribunal administratif, ce vendredi d’octobre. « Je suis parti pour mon père et je n’ai pas pu le sauver, regrette-t-il. Aujourd’hui, je ne peux que prier pour lui et accomplir son rêve d’éduquer ses fils et de subvenir aux besoins de ma famille. »
Le jeune père refuse d’envisager l’expulsion, qui signifierait abandonner sa fille et sa compagne, réfugiée politique guinéenne. « La justice doit faire son travail, estime-t-il. On juge les jeunes sous OQTF sans nous connaître, on est pris pour des criminels. »
Il est 10 heures, l’audience se termine et l’affaire est mise en délibéré. Mamadou connaîtra le jugement d’ici deux à trois semaines. En attendant, il vient de signer un nouveau contrat d’alternance dans une entreprise de logistique. Car le jeune homme en est persuadé : sa situation va finir par changer.
Lyonnaise d’origine partie m’exiler à Lille pour étudier le journalisme, je retourne aux sources en effectuant mon alternance à Rue89Lyon. Plutôt penchée sur les sujets sociétaux : monde de la nuit, sexualités, violences sexistes et sexuelles, mobilisations sociales…
Contactez moi à sguili@rue89lyon.fr !
Gaël Perdriau, président de la Métropole de Saint-Etienne, le 17 mai 2021.Photo : OM/Rue89Lyon
Le 26 mars 2025, le parquet de Lyon a requis le renvoi devant le tribunal correctionnel de Gaël Perdriau, maire de Saint-Étienne. Alors que l’édile n’a toujours pas démissionné de son poste, nous vous proposons une chronologie exhaustive de l’affaire dite du chantage à la sextape, débutée en 2022.
À un an des municipales, un procès n’a jamais été aussi proche pour Gaël Perdriau. Après plus de deux ans de scandale dans l’affaire dire du chantage à la sextape, le tribunal parquet de Lyon a annoncé le renvoi de l’actuel maire de Saint-Étienne devant le tribunal correctionnel.
Il est poursuivi pour « chantage, soustraction, détournement de fonds publics par un dépositaire de l’autorité publique, et participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un délité puni d’au moins cinq ans d’emprisonnement », a fait savoir le procureur de Lyon par communiqué.
À ses côtés, il retrouvera au tribunal son ancien bras droit, Pierre Gauttieri, l’élu de la majorité Samy Kéfi-Jérôme et Gilles Rossary-Lenglet. C’est lui qui avait révélé toute l’affaire, dont il serait partie-prenante.
Lors de l’enquête, l’ancien bras droit du maire, Pierre Gauttieri, avait fini par lâcher Gaël Perdriau. Mis à mal par une série d’enregistrements diffusés par Mediapart, l’ancien directeur de cabinet est passé à table devant les enquêteurs en janvier 2024.
Admettant avoir « menti » durant de longs mois, Pierre Gauttieri a affirmé que le maire de Saint-Étienne a validé, en amont, le principe de l’opération dite du chantage à la sextape contre son premier adjoint, Gilles Artigues, avant d’en régler les détails financiers. Une accusation qui met encore plus en difficulté Gaël Perdriau, mis en examen en avril 2023 dans cette affaire, et pourtant toujours à son poste.
Les choses se corsent pour l’édile stéphanois, dans ce feuilleton à rebondissement. Le 13 octobre 2022, nous avions fait une première chronologie de cette affaire. Depuis, nous ne cessons de la mettre à jour, tant les éléments à charge s’accumulent. Retrouvez-là ci-dessous.
Le président de la Métropole de Saint-Etienne, Gaël Perdriau, le 17 mai 2021.Photo : OM/Rue89Lyon
Mediapart révèle un chantage à la sextape visant le premier adjoint au maire de Saint-Étienne
26 août 2022
À l’hiver 2014, Gilles Artigues, le premier adjoint au maire de Saint-Étienne, est filmé à son insu en compagnie d’un escort boy. Ce dernier a été recruté spécialement à cet effet par des collègues de Gilles Artigues, pour le faire chanter à l’aide de la vidéo de cette soirée.
Le 26 août 2022, Mediapart révèle les faits dans une enquête intitulée « Sexe, chantage et vidéo : l’odieux complot », publiée le 26 août. D’après le journal, c’est un élu municipal de la majorité, Samy Kéfi-Jérôme, devenu par la suite conseiller régional délégué et vice-président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, qui a installé la caméra dans la chambre d’hôtel.
Ouverture d’une enquête sur Gaël Perdriau et premières garde-à-vues à Lyon
29 août 2022
Gilles Artigues porte plainte contre Gaël Perdriau pour « chantage aggravé ».
30 août
Dépaysement judiciaire oblige, c’est le parquet de Lyon qui ouvre une enquête préliminaire qui est confiée à la police judiciaire (PJ).
12 septembre
Depuis les révélations de Mediapart, le maire de Saint-Etienne, Gaël Perdriau, répète en boucle qu’il n’était pas au courant de cet odieux complot visant son premier adjoint. Des enregistrements récupérés et publiés par Mediapart prouvent le contraire. Pire, les extraits audio diffusés le 12 septembre témoignent d’un véritable « chantage mafieux » orchestré directement par Gaël Perdriau en personne, épaulé par son directeur de cabinet, Pierre Gauttieri.
13 septembre
Gaël Perdriau ainsi que d’autres protagonistes de cette affaire sont placés en garde à vue pendant quelques heures. Il en ressort en fin d’après-midi, sans mise en examen et sans être soumis à un contrôle judicaire.
Alors qu’il est en garde à vue, Les Républicains explique dans un communiqué que « la fédération LR de la Loire a demandé ce jour l’exclusion Gaël Perdriau ».
Gaël Perdriau débranche deux de ses collaborateurs impliqués dans le chantage à Saint-Étienne
20 septembre
Le 20 septembre, dans la foulée de ces nouvelles révélations, le maire de Saint-Etienne démet Pierre Gauttieri de ses fonctions de directeur de cabinet. Le 23 septembre, c’est l’adjoint Samy Kéfi-Jérôme qui démissionne.
22 septembre
Après avoir fait sauter ces deux fusibles, Gaël Perdriau continue de se donner un peu d’air. Dans la soirée, le service presse commun Ville et Métropole fait parvenir deux communiqués.
Dans le premier, le « bureau exécutif de Saint-Etienne Métropole » annonce une réorganisation temporaire « le temps de l’instruction judiciaire » :
Les vice-présidents assurent les représentations extérieures de Saint-Étienne Métropole.
Les dossiers partenariaux [sont] délégués aux vice-présidents dans le cadre de leur délégation.
La prochaine séance du Conseil métropolitain du 29 septembre [sera] présidée par Hervé Reynaud, 1er vice-président.
Dans le second, il est annoncé que « Gaël Perdriau, maire de Saint-Etienne, président de Saint-Etienne Métropole a proposé […] que les représentations municipales extérieures soient assurées par les adjoints en fonction de leurs délégations ».
Une petite phrase a été ajoutée pour tenter de montrer que la majorité soutient le maire (et surtout, ne veut pas déterrer la hache de guerre entre les différents groupes en cas de démission de Perdriau) :
« L’ensemble des élus souhaite exprimer aux Stéphanois leur volonté de poursuivre le travail engagé depuis 2014. »
Nouvelles révélations quelques heures avant un conseil municipal houleux à Saint-Étienne
26 septembre, 6h16
De nouvelles révélations viennent accabler Gaël Perdriau, de la part de France Info cette fois-ci. Le maire de Saint-Etienne est soupçonné de favoritisme : il n’aurait pas respecté la procédure d’appel d’offres pour choisir une entreprise chargée d’organiser des spectacles, dirigée par un couple d’amis dont il est proche.
26 septembre, 14h30
Le 26 septembre se tient le premier conseil municipal stéphanois depuis les révélations de Mediapart. Le conseil se déroule dans une ambiance particulièrement houleuse. Des élus de tous bords demandent avec insistance des explications à Gaël Perdriau tandis que celui-ci se cramponnent désespérément à l’ordre du jour. Campés devant l’hôtel de ville, plusieurs centaines de manifestants réclament sa démission.
Le maire de Saint-Étienne, Gaël Perdriau, évincé des Républicains
11 et 13 octobre
Gaël Perdriau est toujours à son poste de maire de Saint-Etienne et de président de la Métropole. il continue à affirmer qu’il n’a rien à voir avec cette affaire de chantage. Le 11 octobre au soir, les Républicains ont voté à l’unanimité son exclusion définitive du parti, au terme de la procédure lancé le 13 septembre.
Deux jours plus tard, le maire de Saint-Etienne a annoncé sur les réseaux sociaux avoir porté plainte contre Éric Ciotti pour injures publiques et contre son désormais ancien parti pour diffamation.
Des nouvelles révélations censurées sur demande de Gaël Perdriau
21 novembre
Alors que l’affaire Perdriau semblait avoir perdue de son souffle médiatique, Mediapart s’apprêtait à divulguer de nouvelles informations sur le maire de Saint-Étienne. Ces révélations concerneraient « le recours à la rumeur comme instrument politique », à l’encontre de Laurent Wauquiez, président LR de la région Auvergne-Rhône-Alpes
Mais le journal n’a pas pu publier son article car il a reçu un acte judiciaire, de la part du tribunal judiciaire de Paris, lui ordonnant de ne pas rendre publique son enquête. En résumé : il s’agit d’une censure préalable, demandée par le maire de Saint-Étienne par le biais de son avocat. Une décision judiciaire prise dans l’urgence, en quelques jours après que Mediapart ait contacté Gaël Perdriau pour une réaction.
« Mediapart n’était pas informé de cette procédure et l’ordonnance a été prise par un juge sans que notre journal n’ait pu défendre son travail et ses droits », affirme le pure-player, qui souhaite entamer des démarches pour faire annuler la censure.
D’après les informations de Mediapart, les enquêteurs de la police judiciaire de Lyon en charge de l’affaire ont déniché un enregistrement accablant d’une réunion de travail en date du 27 novembre 2017. On y entend le maire de Saint-Etienne menacer Gilles Artigues de diffuser des extraits de la sextape avec laquelle il le fait chanter depuis trois ans déjà, et lui reprocher de comploter dans son dos avec Laurent Wauquiez.
Gaël Perdriau affirme soudainement que Laurent Wauquiez « suce sur le parking des supermarchés des petits garçons ». Interrogé par Mediapart le 18 novembre, le maire de Saint-Etienne a reconnu des propos « grossiers et sans fondement ». Trois heures plus tard, il demandait la censure de l’article.
De son côté Laurent Wauquiez a annoncé son intention de porter plainte pour diffamation contre Gaël Perdriau.
8 décembre
Lors d’un conseil métropolitain houleux, Gaël Perdriau a déclaré, en début de séance, se mettre en « retrait total » de la Métropole de Saint-Étienne. Il ne siégera donc plus au sein du conseil. Il reste cependant, pour le moment, maire de la ville et président de la Métropole.
Au cours de la séance qui a suivi, 60% des élus communautaires ont adopté un vœu appelant Gaël Perdriau à démissionner. C’est la récente censure des dernières révélations de Mediapart qui semble avoir fait basculer les élus de la majorité :
« Le contexte judiciaire pèse lourdement sur notre métropole », surtout depuis que « nous avons assisté avec stupeur à une tentative inédite de censure préalable d’un article de presse (…) « M. Perdriau a perdu toute forme de légitimité d’exercer un mandat, le maintien dans ses fonctions serait une insulte (…) S’il lui reste un soupçon de dignité, il doit quitter ses mandats dans les meilleurs délais, c’est le dernier service qu’il doit rendre aux habitants avant de répondre à la justice », expose notamment le texte du vœu cité par l’AFP.
Le matin même de ce conseil, Le Progrès publiait la première interview accordée par le maire de Saint-Étienne depuis le début de l’affaire. Cette contre-offensive médiatique n’a, manifestement, pas convaincu les élus de la Métropole.
Gaël Perdriau, président de la Métropole de Saint-Etienne, le 17 mai 2021.Photo : OM/Rue89Lyon
Gaël Perdriau, toujours maire de Saint-Étienne, et trois complices présumés, mis en examen
4 avril 2023
Sept mois après les premières révélations, les investigations se poursuivent. Le 4 avril, le maire de Saint-Étienne, Gaël Perdriau, a de nouveau été placé en garde-à-vue comme le révèle Le Progrès. Et il n’est pas le seul. Son ex-directeur de cabinet, Pierre Gauttieri, son ex-adjoint à l’éducation, Samy Kéfi-Jérôme, et l’ex-conjoint de ce dernier, Gilles Rossary-Lenglet, ont également été placés en garde-à-vue.
Le lendemain, le parquet de Lyon a annoncé que ces quatre garde-à-vues ont été prolongées.
Pour rappel, les quatre hommes ont déjà passé quelques heures sous ce régime au tout début de l’affaire, le 13 septembre 2022. Ils en étaient ressortis sans mise en examen.
6 avril 2023
À la suite de cette garde à vue, le parquet de Lyon a communiqué le 6 avril tard dans la soirée. Le maire de Saint-Étienne, Gaël Perdriau, a été mis en examen pour chantage. L’ancien directeur de cabinet du maire, Pierre Gauttieri, est notamment mis en examen pour des chefs de chantage avec mise à exécution de la menace, recel de bien obtenu à l’aide d’un détournement de fonds, complicité de soustraction ou encore détournement de fonds publics par un dépositaire de l’autorité publique.
Samy Kéfi-Jérôme, ex-adjoint à l’éducation du maire impliqué dans l’affaire, a été lui, notamment, mis en examen sur des chefs de chantage avec mise à exécution de la menace, recel de bien obtenu à l’aide d’un détournement de fonds, atteinte à l’intimité de la vie privée par fixation et enregistrement ou transmission de l’image d’une personne présentant un caractère sexuel. Son ex-conjoint, Gilles Rossary-Lenglet, est lui aussi mis en examen pour complicité de chantage et plusieurs chefs d’accusations similaires.
Une nouvelle vidéo de chantage accablante révélée par Mediapart
26 avril 2023
Huit mois après le début de ce scandale politique qui secoue la ville de Saint-Étienne, Mediapart révèle une nouvelle vidéo, tournée par Samy Kéfi-Jérôme, ex-adjoint à l’éducation du maire. Celle-ci a été récupérée par la police judiciaire à l’occasion d’une perquisition, dans un vieux disque dur. D’après les informations de Mediapart, la vidéo a été tournée le 18 septembre 2016, soit un an après la sextape de janvier 2015. On y voit Gilles Artigues, qui ne sait pas qu’il est filmé, et Samy Kéfi-Jérôme, au domicile de ce dernier, alors adjoint à l’éducation mais visiblement désireux de grimper les échelons. Il montre à Gilles Artigues un montage composé d’images issues de la sextape, et le fait chanter. Cette vidéo ne sortira pas, lui dit-il, à condition – entre autres – que Gilles Artigues lui laisse la place aux élections législatives de 2017.
Samy Kéfi-Jérôme n’est pas le seul à être dans la tourmente suite à ces nouvelles révélations. Les enquêteurs ont également mis la main sur des échanges accablants entre ce dernier et le maire de Saint-Étienne, dont un photomontage consternant de Laurent Wauquiez. Lors de son audition par les juges le 6 avril, Gaël Perdriau continuait à nier avoir eu accès à la vidéo de la sextape et avoir exercé un quelconque chantage sur Gilles Artigues.
La sextape financée avec de l’argent public
27 avril2023
Les révélations s’enchaînent sur Mediapart. Le 27 avril, le journal dévoile le circuit anormal de deux subventions municipales, d’un montant total de 40 000 euros. Entre 2014 et 2015, celles-ci ont en effet été attribuées à deux associations stéphanoises méconnues et dont les actions concrètes restent à prouver. Elles ont ensuite atterri chez Gilles Rossary-Lenglet, l’homme qui a supervisé la bonne exécution du piège visant Gilles Artigues. Il en a reversé une partie à son compagnon de l’époque, Samy Kéfi-Jérôme, auteur de la vidéo.
D’après Mediapart, le directeur de cabinet du maire de Saint-Étienne, Pierre Gauttieri, a été mis en examen le 6 avril pour « détournement de fonds publics ». Gilles Rossary-Lenglet et Samy Kéfi-Jérôme ont également été mis en examen, pour « recel ». Gaël Perdriau, lui, a été placé sous le statut de témoin assisté.
« Théo », l’escort boy qui figure sur la sextape, a été retrouvé. Il a affirmé à Mediapart avoir découvert l’affaire dans la presse. Filmé lui aussi à son insu, il dit n’avoir jamais été mis au courant du chantage exercé par la suite grâce à la vidéo.
L’ancien maire de Saint-Étienne a failli pâtir des méthodes de l’équipe de Gaël Perdriau
1er octobre 2023
Ce dimanche 1er octobre, Mediapart dévoile que l’équipe de l’actuel maire avait tenté de piéger son prédécesseur, Michel Thiollière, plus proche des centristes, en 2015. Selon des enregistrements diffusés par le site d’investigation, l’objectif était de le filmer aux bras d’une prostituée de « de 16 ans ». Cela étant fait, il aurait été plus facile de le faire chanter.
Dans une réunion préparatoire de ce guet-apens, on entend un proche de Gaël Perdriau déclarer que l’ancien maire pourrait se suicider devant un tel chantage. « On est d’accord que… comment dirais-je ? On s’en branle », répond un autre.
Finalement, le projet avait été arrêté du fait de la perte de notoriété de l’ancien maire. Il n’empêche. Ce rebondissement entache encore davantage la réputation du maire de Saint-Étienne et de son équipe. Ce dernier est toujours officiellement en poste, même s’il s’est mis en retrait de ses fonctions à la Métropole. Interrogé par Le Progrès, Gaël Perdriau a déclaré « ne pas être au courant ».
Le bras droit du maire de Saint-Étienne passe à table
Jeudi 4 janvier 2024
En ce début d’année 2024, Mediapart révèle que l’ancien bras droit de Gaël Perdriau, Pierre Gauttieri, a lâché le maire de Saint-Étienne. Mis à mal par une série d’enregistrements diffusés par le site d’investigation, l’ancien directeur de cabinet est passé à table devant les enquêteurs, juste avant les fêtes.
Admettant avoir « menti » durant de long mois, il a affirmé que le maire de Saint-Étienne a validé, en amont, le principe de l’opération dite du chantage à la sextape, avant d’en régler les détails financiers. Pièce maîtresse de l’opération de chantage à la sextape selon l’enquête journalistique, l’ancien proche du maire a également affirmé aux juges que Gaël Perdriau avait été informé des préparatifs d’un second piège – qui ne s’est finalement pas concrétisé – visant un autre élu, l’ancien sénateur-maire UDI de Saint-Étienne Michel Thiollière.
Au terme de son audition, Pierre Gauttieri a été mis en examen pour « association de malfaiteurs ». Il était déjà été poursuivi pour « chantage », « détournement de fonds publics » et « utilisation d’images à caractère sexuel. » Contacté par le biais de son avocat par Mediapart, le maire de Saint-Étienne n’avait pas encore réagi à ces accusation à l’heure où nous écrivons ces lignes. Il est, en tout cas, toujours en poste.
Fin des investigations dans l’affaire Perdriau : le maire et six autres personnes mises en examen
Lundi 7 octobre 2024
Évolution majeure dans l’affaire début octobre 2024. Selon l’AFP, le juge lyonnais, Nicolas Chareyre, en charge de l’affaire a rendu lundi 7 octobre un « avis de fin d’information ».
Deux ans après les premières révélations de Mediapart, les investigations judiciaires s’achèvent donc. L’édile de Saint-Étienne et six autres personnes sont mises en examen. Les différentes parties ont trois mois pour adresser des observations ou formuler des demandes au magistrat instructeur.
Un procès requis pour l’affaire Perdriau
Mercredi 26 mars 2025
Après plus de deux ans de scandale, le parquet de Lyon a annoncé le renvoi devant le tribunal correction de Gaël Perdriau, actuel maire de Saint-Étienne.
Il comparaîtra pour « chantage, soustraction, détournement de fonds publics par un dépositaire de l’autorité publique, et participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un délit puni d’au moins cinq ans d’emprisonnement ».
Il revient désormais au juge d’instruction, qui a clos son enquête le 12 février, d’ordonner ou non un procès. La défense a jusqu’à la mi-mai pour formuler ses remarques et la décision devrait être prise dans la foulée, ce qui laisse la porte ouverte à un jugement avant les élections municipales de 2026, selon Le Monde.
À ses côtés, il retrouvera au tribunal son ancien bras droit, Pierre Gauttieri, pour les mêmes chefs d’accusation que le maire et pour « utilisation, conservation ou divulgation d’un document ou enregistrement portant sur des paroles ou images à caractère sexuel ». Le procureur demande aussi de juger l’ancien adjoint à l’éducation Samy Kéfi-Jérôme pour « atteinte à l’intimité de la vie privée par fixation, enregistrement pour transmission de l’image d’une personne présentant un caractère sexuel ». Gilles Rossary-Lenglet, ancien compagnon celui-ci, est lui concerné pour « complicité de chantage ». C’est de lui qu’est partie toute l’affaire.
Cet article est une mise à jour d’un article paru le 13octobre 2022
Le collectif 69 Palestine organise une manifestation pour la Palestine et le Liban à Lyon, un an après les attaques sur des civils israéliens du 7 octobre, suivies d’une année de massacres à Gaza par Israël. Elle aura lieu samedi 12 octobre à 15h, place Bellecour (Lyon 2e).
« Une année de génocide à Gaza. » Un an après les attaques du 7 octobre 2023, perpétrées par le Hamas sur des civils israéliens, et le début des massacres menés par Israël contre le peuple palestinien, le collectif 69 Palestine appelle à une manifestation samedi 12 octobre à 15 heures, place Bellecour (Lyon 2e).
« Les crimes israéliens se poursuivent depuis maintenant une année. Gaza a été rasée, la plupart des infrastructures (universités, écoles, hôpitaux, logements…) essentielles à la vie, détruites », souligne le collectif dans son appel à la mobilisation.
Une manifestation à Lyon contre un an de massacres en Palestine
Les demandes des militant·e·s restent les mêmes depuis un an : cessez-le-feu permanent, levée du blocus sur Gaza par l’armée israélienne qui bloque les acheminements d’aide humanitaire, sanctions contre l’État hébreu, arrêt des livraisons d’armes, reconnaissance par la France de l’État de Palestine… Depuis un mois, une nouvelle revendication s’y est ajoutée : l’arrêt des bombardements au Liban.
Le 30 septembre, les troupes israéliennes ont envahi le sud du Liban dans une opération militaire qu’Israël justifie par la lutte contre le djihadisme. Le ministère de la Santé libanais dénonce des « massacres » et des « crimes de guerre », alors que l’État hébreu bombarde intensivement tout le territoire depuis un mois. Le chef et fondateur du Hezbollah, un groupe paramilitaire chiite ennemi d’Israël, Hassan Nasrallah, a été tué dans un bombardement israélien le 27 septembre à Beyrouth. On dénombre déjà plus de 2000 morts, dont de très nombreux civils.
À Gaza, la situation humanitaire est dramatique. Le ministère de la santé du Hamas dénombre plus de 42 000 morts et au moins 100 000 blessés, des chiffres probablement très en-dessous de la réalité selon plusieurs organisations. Selon l’Unicef, les femmes et enfants représentent la plus grande part des victimes et 96% de la population survivante est au bord de la famine. La plupart des infrastructures de santé ont été détruites et 1,9 million de personnes ont été déplacées (sur une population de 2,2 millions d’habitants).
Un précédent hommage aux victimes du 7 octobre
Lundi 7 octobre, un rassemblement en hommage aux 1200 victimes israéliennes de l’attaque du Hamas s’est tenu place Bellecour. 2000 personnes étaient présentes à l’appel du Crif (Conseil des institutions juives de France) Auvergne-Rhône-Alpes et des associations juives du Rhône. Selon les autorités israéliennes, il reste encore 63 otages présumés vivants à Gaza.
La première de Raconte-moi la France aura lieu au Zénith de Clermont
[Complément d’enquête] Les dépenses de la Région Auvergne-Rhône-Alpes s’accumulent pour soutenir le très droitier spectacle Raconte-moi la France, cher à Laurent Wauquiez (LR), qui promeut le « roman national ». La collectivité a rajouté plus de 60 000 euros à la note initiale. Elle met désormais le paquet pour séduire les lycées de la Région.
« On aime porter la fierté de l’histoire française ». Pour vendre le spectacle réac’ Raconte-moi la France, Laurent Wauquiez (LR) n’hésite pas à se retrousser les manches. Au sens propre. Sur fond de musique épique, l’ancien boss de la Région Auvergne-Rhône-Alpes a vanté les mérites d’un show « incroyable » dans une vidéo promotionnelle publiée sur Facebook le 30 septembre dernier.
Il faut dire que la collectivité et le nouveau député de Haute-Loire font tout depuis plusieurs mois pour mettre en avant ce spectacle itinérant de deux heures, qui ambitionne de raconter « 3000 ans d’histoire de France » en deux heures, sur fond de mise en avant du « roman national ». La première aura lieu le 26 octobre prochain au Zénith de Clermont-Ferrand.
Raconte-moi la France : la note s’allonge pour la Région
Ce soutien n’est pas gratuit. En septembre dernier, Rue89Lyon révélait que la Région avait déboursé 445.000 euros d’argent public pour promouvoir Raconte-moi la France, via un marché public passé sans publicité, ni mise en concurrence. En contrepartie, Auvergne-Rhône-Alpes s’affiche comme le premier partenaire du spectacle et les deux premières dates du spectacle auront lieu sur son territoire à Clermont, puis, au printemps, au sein de la LDLC Arena de Lyon.
Dans un document qui devrait être rendu public ce jeudi 10 octobre en marge de l’Assemblée régionale, Rue89Lyon a constaté que la note s’était alourdie en arrivant dans les tableaux de comptes de la Région.
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Le match OL-Nantes, dimanche 6 octobre.Photo : MA/Rue89Lyon
Les affrontements de dimanche dernier en marge du match entre l’OL et le FC Nantes mettent une nouvelle fois en lumière la présence de conflits politiques dans les travées du Groupama Stadium. Insultes racistes, agressions physiques et verbales, ou encore saluts nazis, des « supporters de gauche » témoignent d’un malaise grandissant dans les tribunes.
Les images ont fait le tour de la planète foot. En marge de la victoire de l’OL contre le FC Nantes, dimanche 6 octobre, la fête a été gâchée par des affrontements entre supporters lyonnais. Selon nos informations, au moins 200 individus, dont certains cagoulés, issus des rangs des Bad Gones et de Lyon 1950, ont attendu les supporters des Six-Neuf Pirates (SNP) après le match pour les charger devant les portes du bloc 439.
Après plusieurs échanges de coups, l’un d’entre eux a été blessé à la cuisse avec une arme blanche. Pris en charge médicalement, il s’en sort avec trois points de suture. Un autre supporter des SNP a été blessé à la tête suite aux coups.
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La maison « Decomberousse » mise en place par la Métropole de Lyon pour les mères isolées.Photo : PL/Rue89Lyon.
La Métropole de Lyon a présenté, lundi 7 octobre, un bâtiment comptant 50 nouvelles places d’hébergement d’urgence à Villeurbanne pour les mères isolées avec enfant de moins de trois ans. 92 autres devraient ouvrir prochainement. Chahuté par les militant·es du droit au logement, l’exécutif tente de redresser la barre et pointe (encore et toujours) l’inertie de l’État sur ce dossier.
Des salles de bains flambant neuves, des chambres aménagées, des cuisines partagées pour les habitantes… Et une pelletée de poussettes à l’entrée. Ce lundi 7 octobre, la Métropole de Lyon a présenté un nouveau lieu d’accueil pour « son public », les mères isolées avec enfants de moins de trois ans, à Villeurbanne.
Dans le quartier de la Soie, la « Maison d’accueil Decomberousse » propose un hébergement temporaire pour 14 familles monoparentales depuis juin. En tout : 50 personnes (femmes et enfants) sont accueillies dans un espace de près de 1000 m2.
Devant une trentaine de personnes, le président d’Habitat et Humanisme, Franck Chalvin, en charge des lieux, puis le président de la Métropole de Lyon, Bruno Bernard (EELV), se sont félicités d’un accueil se faisant dans de « très bonnes conditions ». « Heureusement que Lyon et Villeurbanne prennent leur part avec ce genre de projets. Ailleurs, c’est parfois plus compliqué, même si on y arrive », grince le président.
Pour celui qui défend une « Métropole hospitalière », il s’agit de rappeler l’action de la collectivité, décriée ces derniers temps. Depuis 2020, il s’agit du neuvième site ouvert par la collectivité qui a créé 423 places d’hébergement supplémentaires. « Notre objectif est de réduire progressivement la prise en charge à l’hôtel », ajoute-t-il.
Dans la maison pour les mères isolées mise en place par la Métropole de Lyon, à Villeurbanne.Photo : PL/Rue89Lyon.
À Lyon, des places pour les mères isolées dans une période de fortes tensions
Dans sa lancée, le boss de la Métro annonce que deux nouveaux sites vont être ouverts. Le premier, « les Iris », doit accueillir 92 personnes. Un autre site devrait être annoncé prochainement… « Nous sommes dans une recherche permanente pour trouver ce type de lieu », note Lucie Vacher (EELV), adjointe à la Métropole de Lyon en charge de l’action sociale et éducative.
Une tentative de mise au point alors que l’exécutif est chahuté sur sa gauche sur la question du sans-abrisme. Quelques jours après l’expulsion de l’Espace communal de la Guillotière, une table ronde en présence de Renaud Payre (gauche unie – Voix commune) avait été perturbée par des militants du droit au logement, vendredi 4 octobre.
En ligne de mire notamment : les critères d’accueil des mères isolées avec enfant de moins trois ans, relevant de sa compétence. Dans une note interne, ceux-ci ont été renforcés (voire durcis) comme nous le révélions il y a peu.
« Nous faisons régulièrement des propositions à l’État »
Ce lundi, le but de Bruno Bernard était donc de remettre l’église au cœur du village : la Métropole fait sa part, contrairement à d’autres. « Ce bâtiment avait été prêté à l’État pour l’accueil des réfugiés ukrainiens, rappelle-t-il. Nous avons ensuite proposé de le mettre à disposition de ses services pour faire de l’hébergement d’urgence. Cela n’a rien donné », lâche-t-il. Avant d’ajouter : « Nous faisons régulièrement des propositions à l’État [pour lui mettre du bâti à disposition, ndlr]. »
Le discours de la Métro ne change pas : nous prenons en charge le public relevant de nos compétences, rien que nos compétences. Comme souvent, la collectivité rappelle qu’elle est la seule disposant de compétences départementales à prendre en charge ces publics. En gros, la seule à réellement appliquer la loi.
Entre 2019 et aujourd’hui, le coût d’hébergement des mères isolées par la Métropole est passé de 900 000 à 11,3 millions d’euros.
Journaliste lyonnais fan de l’Ouest, je suis à Rue89Lyon depuis 2020. Aujourd’hui associé et directeur de publication, je couvre les questions sociales mais aussi écologiques (pollutions industrielles, scandale des perfluorés). Le travail, c’est la santé, à condition que le droit soit respecté. Un œil politique sur le Rhône. Pour me laisser une info, c’est ici plemerle@rue89lyon.fr.