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A Lyon, grosse manif contre le projet de réforme des retraites

[Article mis à jour régulièrement] Ce jeudi, après une première petite journée de mobilisation en septembre, on a assisté à une grosse journée de grèves et de manifestations contre le projet de système de retraites universel par points. A Lyon, la manifestation est partie à 11h de la Manufacture des Tabacs pour atteindre la place Jean Macé.

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Le cortège de la manifestation du 5 décembre 2019 contre le projet de réformes des retraites à Lyon. ©LB/Rue89Lyon

35 000 personnes ont défilé selon la CGT, 21 000 selon la police.

Fête des Lumières oblige, le cortège n’a pas pu emprunter le grand parcours revendicatif lyonnais habituel : Manufacture des tabacs > Bellecour. Le parcours déposé en préfecture a dû être modifié (lire par ailleurs), pour tourner quai Claude Bernard, rejoindre l’avenue Berthelot puis la place Jean Macé (7ème arrondissement).

Ce 5 décembre réussi pour les syndicats est à comparer aux grandes dates sociales de ces dernières années. Pour rappel, le 31 mars 2016 entre 15 000 (selon la police) et 30 000 personnes (selon la CGT) avaient manifesté contre la loi travail. C’était la plus grosse affluence de ce mouvement social à Lyon.

Le cortège de la manifestation du 5 décembre 2019 contre le projet de réformes des retraites à Lyon. ©LB/Rue89Lyon
Le cortège de la manifestation du 5 décembre 2019 contre le projet de réformes des retraites à Lyon. ©LB/Rue89Lyon

« Je n’étais pas descendu dans la rue depuis Charlie Hebdo »

Dans les rangs de la CGT, on cherchait les comparatifs pour rendre compte de « l’énorme succès ».
« C’est bien plus que pour la loi travail », affirme un responsable de l’Union départementale du Rhône.
Un autre, secrétaire de la CGT Educ’action, évoquait la marche après l’attentat contre Charlie Hebdo qui avait rassemblé 300 000 personnes le 11 janvier 2015.

A regarder de plus près, cette journée du 5 octobre est à rapprocher de la manifestation contre la réforme des retraites de 2010 : 18 000 personnes selon la police, 45 000 selon les syndicats avaient marché à Lyon le 19 octobre 2010.

Une chose est sûre. On a croisé ce jeudi 5 décembre dans les rues de Lyon des personnes qui n’étaient pas de toutes les journées d’action de la CGT. Comme Emmanuel, 55 ans, employé de Pôle Emploi :

« Je ne suis pas un habitué des manifestations. Je viens pour moi et surtout pour ma fille. Cette réforme nous plonge dans une incertitude. On se demande tous à quelle sauce on va être mangé ».

Certes, les bataillons de la CGT ont fourni le gros des troupes. Mais toutes les principales organisations de l’intersyndicale – notamment FSU, Solidaires ou encore FO – ont, semble-t-il, fait le plein.

On notait également la présence de plusieurs centaines de militants de l’UNSA, de la CFTC, de la CGC ou encore de la CFDT, dont les organisations n’appelaient pas à manifester avec l’intersyndicale.

Autre aspect : les partis politiques – LFI, EELV et le PCF – ont ramené du monde.

Cortège de tête et affrontements avec la police

L’autre particularité de cette manifestation concerne l’ampleur qu’a pris ce que l’on nomme depuis la loi travail, le cortège de tête. C’est à dire, ceux et celles qui marchent devant la banderole de l’intersyndicale. Ce jeudi, ce sont plusieurs milliers de personnes qui étaient devant.

On retrouvaient plusieurs centaines d’étudiants mobilisés contre la réforme des retraites et contre la précarité depuis l’immolation d’un de leurs camarades. Avant la manif, les deux sites de l’université Lyon 2 mais aussi Sciences Po Lyon avaient été bloqués. Tout comme les lycées Ampère-Saxe et Martinière. Ces établissements sont restés fermés.

Tout devant, des « gilets jaunes » étaient de retour en nombre.
Au milieu de tout ce monde, une cinquantaine de personnes, habillées de noir et le visage masqué, ont formé un petit black bloc, avec banderole renforcée et parapluie déployé.

Peu avant Saxe-Gambetta, un silo à verre renversé a fourni des munitions. Et au carrefour des deux avenues, les premières bouteilles sont parties sur les policiers. Lesquels ont répliqué avec des tirs de grenades lacrymogènes et en chargeant.
Les mêmes scènes se sont reproduites sur le parcours, notamment au niveau du pont de la Guillotière :
Des jets de bouteilles et des tirs nourris de lacrymo en réponse.
Sur les quais du Rhône, nous avons pu constater au moins une interpellation qui s’est terminée, là aussi, par des tirs de lacrymo après quelques jets de projectiles.
Malgré ces violences, le cortège a avancé jusqu’à son terme. Pour atteindre la place Jean Macé vers 14h pour les premiers manifestants.

Vers 15h, la police a bouclé la place et a recommencé l’usage des gaz lacrymogènes. Les affrontements ont repris entre quelques dizaines de personnes et la police. Jusqu’à 16 heures.

> retrouvez quelques moments de cette manifestations sur le « thread » ci-dessous :

La CGT et ses alliés contestataires au complet

Du côté des organisateurs, l’intersyndicale lyonnaise comptait de nouveau dans ses rangs FO. Avec la CGT, ce sont donc FO mais aussi la FSU, Solidaires, les CNT et les organisations de jeunes (Unef et UNL) qui appelaient à manifester ce jeudi et avaient déposé un parcours.

Dans leur communiqué d’appel, alors que tout le projet de réforme n’est pas connu, ces organisations tirent à boulets rouges sur le « système universel par points » voulu par Emmanuel Macron :

« Ce système entrainerait la fin de nos régimes de retraite, avec des réductions très importantes du niveau des pensions et un recul mécanique de l’âge réel de départ à la retraite. Le système par points va pénaliser TOUS les salariés du public et du privé, notamment ceux ayant une carrière hachée, en particulier les femmes ».

L’intersyndicale se fixe quatre objectifs :

  • « la défense de nos régimes et l’amélioration de notre système de retraites solidaire par répartition,
  • l’égalité entre les femmes et les hommes,
  • la reconnaissance de la pénibilité,
  • la revalorisation des pensions, salaires et minima sociaux. »

Une interdiction de manifester XXL faite aux « gilets jaunes »

Comme pour les manifs de « gilets jaunes » du samedi, le préfet du Rhône a pris mercredi 4 décembre, un arrêté interdisant les manifestations dans une partie du centre-ville de Lyon et le une partie du 6ème arrondissement les 5, 6, 7 et 8 décembre 2019 et de 10h à 1h.

Des grèves très suivies contre le système de retraites universel par points

Voici les prévisions de grève pour cette journée.

1. Dans les transports : la SNCF en pointe

A la SNCF on atteint des records. Dans la région, la direction de la SNCF a annoncé pour ce jeudi :

  • 1 TER sur 20.
  • 1 TGV sur 7.

Ce vendredi, la grève continue. Il faudra notamment compter sur 1 TER sur 15.
Dans les TCL, toutes les lignes de tram, de funiculaire et de métro devraient circuler normalement le 5 décembre. Ce qui n’est pas le cas des lignes de bus :

  • « Les lignes C15E, 17, 34 , S2, S4, S9, S11, S12, S15 et N1 ne circuleront pas.
  • Les lignes suivantes verront leur fréquence allégée C7, C11, C16, C17, C26, 2, 4, 5, 6, 8, 14, 15, 16, 18, 20, 21, 22, 24, 33, 37, 39, 45, 52, 54, 55, 57, 60, 62, 63, 65, 66, 67, 68, 77, 85, 86, 87, 88, 90, 95, 98, S1 et S6. »

2. Forte grève dans les écoles

En amont de la journée d’action, le principal syndicat du primaire, le SNUIPP, annonçait déjà une« mobilisation historique des enseignants du Rhône » pour cette grève du 5 décembre. En augmentation par rapport au mois de mars dernier pour la dernière grande grève des fonctionnaires.

Au niveau national, même le ministère de l’Education nationale le reconnaît en parlant d’un taux de gréviste attendu de 55% dans les écoles. A titre de comparaison, le rectorat de Lyon estimait en mars dernier, lors de la dernière grande journée de mobilisation des fonctionnaires, à 27,54% le taux de grévistes dans l’académie.

Pour ce jeudi, dans le Rhône, le SNUIPP estime « qu’entre 65 % à 75 % des enseignants seront en grève » et que « plus de 193 écoles seront fermées ».

A Lyon, 77% des cantines sont fermées, soit 157 restaurants scolaires.

> A la mi-journée, le rectorat a communiqué ses chiffres : enseignants 1er degré : 51,15 %; enseignants 2nd degré : 42,32 %.

3. D’autres secteurs mobilisés

Voici quelques exemples de secteurs mobilisés. Outre les hospitaliers qui continuent leur mouvement, on peut noter.

  • A la suite d’un préavis déposé par Solidaires (principal syndicat), les éboueurs du Grand Lyon de l’entreprise Pizzorno sont également appelés à cesser le travail et entrer dans une grève reconductible « contre le projet de retraite à points et pour des salaires décents ». Huit mois à peine après un premier mouvement de grève.
  • Le barreau de Lyon a également prévenu l’ensemble de la presse qu’il serait en « grève ». Concrètement, pour des avocats qui sont, dans leur immense majorité, des travailleurs libéraux, cela consiste à ne pas assurer un certain nombre de permanences. La journée du 5 est donc décrétée « journée justice morte ».
  • Les policiers sont également appelés à participer à des actions et manifestations mais sans faire grève puisqu’ils n’en ont pas le droit. A Lyon, à 10h, le syndicat Alliance donne un rendez-vous pour un rassemblement devant le commissariat de Montluc.

#CGT

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Usage de gaz lacrymogène, place de la République le 23 mars. ©LB/Rue89Lyon

Photo : LB/Rue89Lyon

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Photo : LB/Rue89Lyon

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