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Réformes des retraites : la fin du grand parcours pour les manifestations lyonnaises

Ce 29 janvier, l’intersyndicale appelle à une nouvelle manifestation interprofessionnelle contre la réforme des retraites. Comme d’habitude, elle partira de la Manufacture des tabacs pour rejoindre la place Bellecour. La nouveauté est le jour (un mercredi), l’heure (13h30) et le parcours. La rue de la Barre sera interdite pour la deuxième fois, ce qui obligera le cortège à passer quai Gailleton et place Antonin Poncet. Cette nouvelle interdiction sonne la fin du grand parcours traditionnel pour les manifs lyonnaises. Au moins pour ce mouvement social.

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Des manifestants devant les gendarmes mobiles qui protègent l'Hotel Dieu et interdisent la rue de la Barre, le vendredi 24 janvier. ©Damien Renoulet

C’est devenu une triste habitude. Depuis le début du mouvement social contre la réforme des retraites, la préfecture du Rhône prend des arrêtés interdisant les manifestations dans certaines zones du centre-ville de Lyon.
Cela a commencé le 5 décembre pour la Fête des Lumières.

Et ensuite, à quasiment chaque nouvelle manifestation interprofessionnelle, un nouvel arrêté a été pris. Même le samedi des fêtes de Noël, parfois en interdisant des zones en dehors Presqu’île : autour des centres commerciaux de la Part-Dieu et Confluence.

Après le 24 janvier, le 29 janvier : la rue de la Barre interdite de manifs contre la réforme des retraites

Pour ce mercredi 29 janvier, la préfecture du Rhône a fait un copier-coller du périmètre d’interdiction du vendredi 24 janvier. Il interdit les manifestations dans une partie de la Presqu’île lyonnaise ce mardi, de 8h à 22h, de la place Bellecour à la place des Terreaux ainsi que rue Victor Hugo.
Depuis début décembre, c’est quasiment toujours les mêmes rues interdites en Presqu’île .
A une très grosse exception près : la rue de la Barre est également interdite.

Le vendredi 24 janvier, une première interdiction passée inaperçue

La presse (dont Rue89Lyon) n’avait pas remarqué ce point-là de l’arrêté du 22 janvier dernier (pour la manifestation du vendredi 24 janvier). Un communiqué envoyé aux médias et mis en ligne sur le site de la préfecture ne faisait plus mention de la rue de la Barre comme étant exclue du périmètre d’interdiction. Bref, il fallait comprendre que la rue de la Barre n’était plus autorisée.

L’intersyndicale déclare ne pas avoir été mis pas au courant de cette interdiction pour le 24 janvier. L’intersyndicale (CGT, FO, FSU, Solidaires, les CNT, Unef et UNL mais sans la CGC) s’en est indignée par le biais d’un communiqué de presse :

« Nous avons été mis devant le fait accompli sur la fermeture, par les forces de la police, de la rue de la Barre, pour protéger l’Hôtel Dieu, ce nouveau temple du capital bâti sur les ruines d’un hôpital ».

Un membre de l’intersyndicale affirme que le service d’ordre de la CGT n’a été informé de cette interdiction qu’au départ de la manifestation, à 11h30, à la Manufacture des tabacs.

Arrivée devant l’Hôtel Dieu, la manifestation a connu des premières tensions, devant le cordon des forces de l’ordre qui bloquait la rue de la Barre. Des projectiles ont été envoyés en provenance du cortège de tête. Et la réaction a été immédiate : des grenades lacrymogènes tirées en nombre.

Des manifestants devant les gendarmes mobiles qui protègent l'Hotel Dieu et interdisent la rue de la Barre, le vendredi 24 janvier. ©Damien Renoulet
Des manifestants devant les forces de l’ordre qui protègent l’Hôtel Dieu et interdisent la rue de la Barre, le vendredi 24 janvier. ©Damien Renoulet

Interdire la rue de la Barre, un problème d’ordre public ?

Dans ce même communiqué, l’intersyndicale a pointé « une attitude irresponsable » des autorités :

« Alors que les autorités sont censées protéger les citoyens, par leurs comportements et leurs positions, elles ont mis en danger les manifestants, à la sortie du pont de la Guillotière entravant la circulation des personnes dans un lieu particulièrement délicat et sujet à des débordements très dangereux ».

En créant un point de fixation devant l’Hôtel Dieu protégé par la police, les représentants de l’intersyndicale considèrent que la préfecture du Rhône porte la responsabilité des troubles à l’ordre public. Ce que rejette la préfecture du Rhône contactée par Rue89Lyon :

« Toutes les informations sur les interdictions de manifester ont été portées à la connaissance de l’intersyndicale et ont été diffusées sur les réseaux sociaux, par communiqué de presse et le site de la préfecture. Dans la mesure où les organisations syndicales sont au courant, il n’y a pas de raison que ça crée un point de fixation »

Après une rencontre lundi soir entre l’intersyndicale et la préfecture pour évoquer le sujet, les syndicats ont dénoncé dans un communiqué le maintien de cette interdiction d’emprunter la rue de la Barre.

La fin du grand parcours pour les manifestations lyonnaises ?

Ce mercredi, la manifestation ne passera pas rue de la Barre, comme le veut la coutume.
Manufacture des tabacs / place Bellecour via la rue de la Barre demeure le grand parcours des mobilisations sociales lyonnaises. Cette ligne droite est invariablement choisie par les organisations syndicales lors de grands rendez-vous. Lesquelles organisations, faut-il le rappeler, déposent le parcours quelques jours avant chaque manifestation en préfecture.

Naturellement, les syndicats entendent conjuguer le passage par des grands axes (pour accueillir le plus de monde possible) et la centralité des lieux (pour se faire entendre).

Depuis début décembre, les interdictions de manifester en Presqu’île n’avaient pas eu d’incidences majeures sur les parcours déposés. Les périmètres interdits étant définis en dehors des parcours habituels.
Même pendant les précédents mouvements contre le CPE, contre la réforme des retraites de 2010 ou contre la loi travail (pour ne citer que ces exemples), une interdiction de la sorte n’avait pas eu lieu alors que des scènes d’émeute ont émaillé les manifs syndicales.
Cette interdiction répétée de la rue de la Barre, à quelques mètres de l’arrivée place Bellecour, est donc une première.

Rue de la Barre, le canon à eau est entré en action. ©LB/Rue89Lyon
Rue de la Barre, le canon à eau en action lors d’une manifestation contre la loi travail le 19 mai 2016 ©LB/Rue89Lyon

Extension des interdictions de manifester

Dans son arrêté du 29 janvier, la préfète déléguée pour la défense et la sécurité, Emmanuelle Dubée justifie le périmètre d’interdiction par les précédentes manifs de « gilets jaunes » et, pour le mouvement sur les retraites, par les affrontements qui ont eu lieu entre manifestants et policiers mais aussi par les jets de peinture contre l’Hôtel Dieu.

L’intersyndicale n’assume pas ces violences qui viennent essentiellement du cortège de tête (les manifestants qui se placent devant la banderole intersyndicale). Avec cette interdiction de la rue de la Barre, les syndicats en subissent quand même les conséquences.
Le porte-parole de la préfecture du Rhône le justifie :

« L’intersyndicale a la responsabilité de la totalité de la manifestation. Nous prenons des mesures car il y a eu des dégradations toutes les semaines, notamment sur l’Hôtel Dieu. Si les manifestations se passent bien, il n’y a pas de raison que l’on maintienne cette interdiction ».


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