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Actualités, enquêtes à Lyon et dans la région

Incendie de Vaulx-en-Velin : le point sur l’enquête

Incendie de Vaulx-en-Velin : le point sur l’enquête
Le 12, chemin des Barques, à Vaulx-en-Velin, où s’est déclaré l’incendie dans la nuit du 15 au 16 décembre 2022.

Dans la nuit du 15 au 16 décembre dernier, un terrible incendie ravageait un immeuble de Vaulx-en-Velin. 10 personnes sont décédées dans le sinistre, d’origine humaine.

Un an après l’incendie qui a emporté dix vies, dont celles de quatre enfants, au 12, chemin des barques à Vaulx-en-Velin, les investigations se poursuivent. Depuis août dernier, les enquêteurs savent que le feu est d’origine humaine. C’est l’un des canapés entreposés dans le hall par des squatteurs qui aurait pris feu. A l’époque, les habitants décrivaient des conditions de vie indignes.

Dans un entretien donné au Progrès en novembre, Yves Hartemann, avait annoncé avoir fait deux demandes aux juges d’instruction chargés de l’enquête. D’abord, que certains jeunes reconnus par les habitants soient interrogés. Et ensuite, que la qualification des faits soit modifiée, de « dégradation par moyen dangereux ayant entraîné la mort », à « homicide volontaire ou involontaire ». Si l’avocat n’a pour l’instant pas reçu de réponse sur ce dernier point mi-décembre, il « ose espérer une prise en considération du juge d’instruction ».

L’enquête a connu un rebondissement le 5 décembre dernier. Huit personnes âgées de 19 à 22 ans et soupçonnées d’avoir été présentes sur les lieux du drame ont été placées en garde à vue. « Elles ont été été levées dans la soirée du 6 décembre par le juge d’instruction », a précisé le parquet de Lyon, contacté par Rue89Lyon, qui a aussi indiqué que les investigations se poursuivent.

« L’instruction peut nous permettre de montrer qu’il y a eu manquement de la collectivité ou de l’État »

Joint par Rue89Lyon, Yves Hartemann, explique que les victimes espèrent aussi une autre finalité à l’enquête :

« Il y a les responsabilités directes des auteurs qui ont mis le feu, volontairement ou involontairement. Et il m’apparaît essentiel que toutes les personnes publiques qui ont eu connaissance depuis des mois, voire des années de l’existence d’un squat ou d’un point de deal, et qui auraient pu intervenir, soient aussi considérées comme indirectement responsables de l’incendie, pointe l’avocat. L’instruction peut nous permettre, de montrer qu’il y a eu manquement de la collectivité, de l’État, de la préfecture. ” 

Un an après l’incendie mortel de Vaulx-en-Velin, les habitants peinent à panser leurs plaies

Un an après l’incendie mortel de Vaulx-en-Velin, les habitants peinent à panser leurs plaies
Les copropriétés du chemin des barques, à Vaulx-en-Velin.

Il y a un an, dix personnes, dont quatre enfants, ont trouvé la mort dans un incendie au 12 chemin des Barques, à Vaulx-en-Velin. Depuis, victimes et voisins peinent à se relever. Le relogement se poursuit et les problématiques dans la copropriété perdurent.

La nuit du 15 au 16 décembre 2022 reste profondément ancrée dans la chair de Leïla Hamdi. Cette nuit-là, vers 2h du matin, elle et son mari sont réveillés par des cris. De la fumée s’insère par tous les côtés dans leur appartement, où ils vivent avec leurs 4 enfants.

« On s’est enfermés tous ensemble dans l’une des chambres, la police nous a expliqué par téléphone comment calfeutrer la porte. On a passé 3h dans la fumée, les enfants commençaient à convulser… », raconte Leïla, la voix étreinte par l’émotion.

Ils seront sortis de leur appartement du 6e étage par les pompiers et passeront une journée à l’hôpital, deux pour Leïla, alors enceinte de 8 mois. L’incendie, parti du rez-de-chaussée de l’immeuble du 12 chemin des Barques à Vaulx-en-Velin, est incroyablement meurtrier : 10 personnes, parmi lesquels quatre enfants, périssent. 24 autres sont blessées, dont quatre grièvement. D’après les premiers éléments de l’enquête, le feu serait parti d’un canapé déposé dans le hall par des squatteurs qui occupaient et avaient transformé le lieu en point de deal.

« Tout le monde savait ce qu’il se passait au 12, chemin des Barques »

Un an plus tard, au chemin des Barques, le bâtiment incendié est en travaux et le point de deal s’est déplacé à quelques mètres de là. Devant le 12, un vigile surveille le bâtiment pour empêcher toute intrusion. Les rares habitants qui acceptent de s’exprimer oscillent entre émotion et colère.

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La Métropole de Lyon, ce cadeau empoisonné de Gérard Collomb

La Métropole de Lyon, ce cadeau empoisonné de Gérard Collomb
Gérard Collomb a façonné la Métropole à sa façon d’exercer le pouvoir

Collectivité unique en France par ses compétences et son fonctionnement, la Métropole de Lyon continue de diviser. Vantée comme un exemple à suivre lors de sa conception, l’usine à gaz imaginée par Gérard Collomb est de plus en plus contestée.

« Gouvernance verticale », « dogmatisme », manque d’écoute et d’échanges avec les communes. Il n’est pas une séance du Conseil de la Métropole de Lyon qui ne soit pas émaillée d’attaques contre l’exécutif écologiste, élu en 2020, et plus spécifiquement son président, Bruno Bernard. Celle qui a débuté ce lundi 11 décembre, sur le très clivant débat d’orientation budgétaire, n’a pas fait exception à la règle.

Une minute de silence y a d’abord été respectée en la mémoire de Gérard Collomb, décédé le 25 novembre dernier des suites d’un cancer. Dans la foulée, le président de la Métropole a annoncé que la station de métro Gare de Vaise, sur la ligne D, serait renommée en l’honneur de l’ancien maire de Lyon, qui a fait ses armes dans le 9e arrondissement, où il a débuté en politique.

Métropole de Lyon : des critiques anciennes

Mais s’il est un héritage passé sous silence dans les hommages rendus après sa mort, le 25 novembre dernier, c’est certainement la création de la Métropole de Lyon, superstructure rassemblant les compétences de l’ancienne communauté urbaine et du département du Rhône. Peut-être parce que c’est l’un des accomplissements les plus controversés de Gérard Collomb. Aussi parce que cette collectivité à statut particulier, unique en France, a été pensée et construite par et pour l’ancien maire de Lyon.

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Après les crues du Rhône, la détresse des sans-abri au bord du fleuve

Après les crues du Rhône, la détresse des sans-abri au bord du fleuve
« On nous demande de partir mais pour aller ou » s’énerve Adam

C’est une face presque invisible des crues du Rhône et de la Saône. À chaque fois que les eaux montent à Lyon, des familles entières de sans-abri se retrouvent à fuir le bas des quais, exposant leur misère. Sans solution, en passe d’être expulsés, ces parents avec des enfants en bas-âge vivent l’enfer.

C’est une réalité dramatique, peu visible derrière les images des crues du Rhône. Le week-end dernier, la montée des eaux a dévasté le bidonville situé le long des rives du fleuve, en contrebas du Cours d’Herbouville (Lyon 4ᵉ). Une cinquantaine de personnes (dont une quinzaine d’enfants) vivent dans ces abris précaires. Après la pluie, ils craignent une expulsion de la police.

« Je ne sais pas comment on va faire… »

Adam est inquiet ce mercredi 6 décembre. Sa petite-fille est partie chez le médecin le matin même. Âgée de seulement quelques semaines, elle a une forte fièvre. La faute, dit-il, à la pluie. Le grand-père attend donc le retour du nouveau-né de sa fille et de son gendre avec l’espoir d’une bonne nouvelle. Deux jours après les crues, l’ambiance n’est pas bonne sur le camp.

Adam devant son logement précaire. AG/Rue89 Lyon
Adam devant son logement, en contre-bas des berges du Rhône. AG/Rue89 Lyon

Installé sur les bords du Rhône, au niveau du cours d’Herbouville (Lyon 4ᵉ), ce campement a été frappé de plein fouet par la montée des eaux le week-end dernier. Une cinquantaine de personnes, des Roms de Roumanie, vit dans ce bidonville depuis plusieurs mois, parmi lesquels une quinzaine d’enfants.

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Quels imaginaires pour un monde post-industriel ?

Quels imaginaires pour un monde post-industriel ?
Imaginaire post-industriel – Radio A – 131223

Cette semaine Radio Anthropocène sonde nos imaginaires et se penche sur l’avenir de nos industries. Quels imaginaires pour un monde post-industriel ? C’est à cette question que nos invités répondront dans cette nouvelle journée de programmation radiophonique.

Des imaginaires industrieux

Ville et industrie ont une histoire intimement mêlée. Et des imaginaires étroitement associés. Rappelons-nous : La cité industrielle dessinée par Tony Garnier qui s’ancrait à Lyon à l’aube du XXème siècle, première synthèse d’un urbanisme moderne, abordait l’ensemble des problématiques de la grande métropole. Elle ne pouvait alors qu’être industrielle.

Au XIXe siècle, l’urbanisation s’effectue sous l’impulsion industrielle : avec l’essor des usines, les villes s’agrandissent, se constituent en faubourgs et se peuplent d’ouvriers issus des campagnes et d’étrangers fuyant la pauvreté ou les conflits. L’imaginaire est alors dual : au progrès matériel, à l’accélération des rythmes et à la croissance du capital, répondent les conditions de vie délétères des classes laborieuses, la pollution et la misère. F. Engels, compagnon de Marx, s’en inquiète déjà dans une enquête restée célèbre : La situation de la classe laborieuse publiée en 1845. Il y décrit la ville de Manchester « cheminée du monde », berceau de la Révolution industrielle britannique. À l’imaginaire de la ville locomotive dirigée vers le progrès, il oppose un réquisitoire contre l’exploitation ouvrière dans ces espaces décrits comme des bagnes.

La cité industrielle de Tony Garnier
Une Cité industrielle, les hauts-fourneaux, 1901-1904, Tony Garnier, Passerelles BNF

L’industrialisation des imaginaires

L’imaginaire industriel continue d’irriguer la fabrique de la ville au début du XXème siècle. Le manifeste futuriste publié en 1909 par F. Marinetti en est un exemple. Dans cet imaginaire, où la vitesse est louée, les usines sont glorifiées, les inventions sacralisées pour leur beauté. Marinetti le résume ici simplement : « une automobile de course avec son coffre orné de gros tuyaux tels des serpents à l’haleine explosive […] est plus belle que la Victoire de Samothrace. ».

À la tradition artistique qui fait du lointain et de l’unique un critère de beauté, les futuristes appellent à la construction d’imaginaires nouveaux. L’industrie en est le vecteur et elle se déploie avec l’essor des moyens de transports (automobiles, métros, avions) qui orientent la vie vers un progrès sans borne. La célèbre Metropolis de Fritz Lang poursuit elle aussi cette entreprise qui lie ville et industrie dans une critique dystopique et acerbe. C’est le moment de l’industrialisation des imaginaires : les premiers mass médias construisent cette désirabilité d’un monde urbain où la technique sert à la fois de moyen et de fin en soi. En même temps, quelques rares auteurs mettent en cause ses effets potentiellement délétères.

Des imaginaires industrialisés

Au même moment, les patrons d’industries imaginent de nouvelles formes urbaines pour améliorer leur productivité et leur rentabilité. Pour cela, mieux vaut avoir les ouvriers tous proches de l’usine et répndr leurs besoins essentiels. Des corons du nord aux patrons de la soie lyonnaise, les industriels façonnent littéralement la vie urbaine et peuplent l’imaginaire de leurs employés. À Villeurbanne, Vaulx-en-Velin ou à Décines : on naît, on va à l’école, on prie, on se nourrit, on va au stade, on boit un coup, on travaille surtout, et on retourne à la terre.  Le programme est simple : l’industrie fabrique la ville et elle imagine la vie de ses employés.

Les Trente Glorieuses : l’épiphanie de l’imaginaire industriel

L’après-guerre s’accompagne d’une phase de reconstruction, d’aménagement et d’équipement du territoire français où l’industrie trouve une place de choix. Elle consacre ainsi des territoires où des fleurons industriels qui peuplent l’imaginaire national concourent à l’amélioration des conditions de vie de tout un pays : des usines automobiles de Peugeot à Montbéliard aux fonderies du Creusot, en passant par Romans-sur-Isère, capitale mondiale de la chaussure. La société de consommation est née, inséparable de l’industrie productrice de biens manufacturés et d’emplois qui font la fierté de ses employés.

Salon de l’auto, années 1960 – Affiche scolaire Rossignol

La fin de l’industrie et de son imaginaire

À cette image d’Épinal d’un âge d’or industriel des Trente Glorieuses répond la période de désindustrialisation. La mondialisation faisant, les grands capitaines d’industrie prennent le large, et leurs emplois avec. À la recherche de coûts de production plus faibles, ils décident des fermetures d’usines qui s’accompagnent d’un chômage de masse et d’un sentiment de déclassement profond face à des politiques restés sourds. La carte postale est écornée et l’imaginaire industriel devient moribond. Qu’en reste-t-il aujourd’hui ?

Bâtir sur les vestiges d’un monde industriel

Si le tissu industriel français s’est rétréci, l’imaginaire qui lui est associé est resté. À en croire les nombreux lieux qui peuplent nos villes, des friches aux bars avec mobilier de récup et style cagette, le look indus a le vent en poupe. L’industrie joue ici le rôle de carte postale, que l’on convoque pour chiller à l’heure de l’apéro ! 

Mais que nous dit cette romantisation de l’imaginaire industriel ?

Plusieurs récits cohabitent ici, et avec eux des visions singulières de notre rapport à l’industrie et à son rôle dans la fabrique de nos vies et territoires.

Celle de la « fab city », cette ville de l’industrie participative, construite à partir de l’échange des savoirs, forte de logiciels libres, qui valorise les communs.

Celle de la « smart-city » où l’industrie joue le rôle d’intermédiaire via des technologies qui facilitent les échanges et les communications, où les habitants participent via l’échange de « datas » dont la captation construit des normes et usages.

L’imaginaire de la décroissance construit lui une vision de l’industrie plus proche de l’artisanat, où les individus recouvrent du pouvoir d’agir en fabriquant. Une mise en place du Do it yourself (« fait le toi-même » en français)qui a l’avantage nous faire passer pour autonome. Loin d’être exhaustifs, ces imaginaires post-industriels sont sans cesse renouvelés.

« Il faut rebâtir l’industrie française »

C’est un mantra qu’on entend souvent, un slogan qu’on espère devenir réalité à force de le professer. Mais de quelle vision industrielle se revendiquer aujourd’hui ? Les arguments politiques renvoient le plus souvent à la nécessité d’un retour au monde d’avant – dans une forme nostalgique – et mettent en avant un discours protectionniste. Mais n’est-il pas problématique de reconvoquer ces imaginaires quand on connait le poids des Trente Glorieuses dans l’entrée dans l’ère Anthropocène ?

Alors, plutôt que de regarder dans le rétroviseur pour retrouver un paradis perdu, sondons nos imaginaires. Et pour citer Baudelaire : jetons-nous « au fond de l’Inconnu pour trouver du nouveau » !

C’est à ce programme que s’attèle Radio Anthropocène pour un nouveau mercredi de programmation consacré à la question des imaginaires post-industriels. En direct de la bibliothèque municipale de Lyon, ce mercredi 13 décembre, nous explorerons ensemble cet avenir riche de possibles. Une journée au cours de laquelle se succèderont une pluralité d’invités et de chroniqueurs. 

Avec la destruction de la halle Girondins, une page se tourne à Gerland

Avec la destruction de la halle Girondins, une page se tourne à Gerland
La halle des Girondins va être détruite ce mois de décembre.

La halle Girondins va être détruite en décembre. Elle doit laisser place à un pôle socioculturel, au cœur d’un nouveau quartier résidentiel et tertiaire. Rue89Lyon revient sur l’histoire de ce lieu emblématique du passé industriel de Gerland dans un secteur à mi-chantier.

Il y a de l’agitation à la Halle Girondins. Ce 31 octobre, date de notre venue, les dernières associations et entreprises évacuent les lieux. Elles ont été jusqu’à 28 à vivre dans cette grande bâtisse d’un autre temps. Démontage de locaux, cartons de BD en pagaille transportés dans un camion… Toutes s’agitent pour être dans les temps. La halle sera détruite courant décembre. La fin d’une histoire industrielle pour une nouvelle, plus résidentielle, qui se dessine déjà dans la Zac des Girondins (Lyon 7e).

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Derrière la Fête des Lumières, 331 enfants sans-abri dans la métropole de Lyon

Derrière la Fête des Lumières, 331 enfants sans-abri dans la métropole de Lyon
À Vénissieux, près de Lyon, neuf enfants sans toit ont trouvé refuge au pied des tours des Minguettes.

Alors que la Fête des Lumières va battre son plein du 8 au 10 décembre, une réalité peu reluisante se constate dans les rues de Lyon. Plus de 330 enfants sont sans-abri dans la métropole, un nombre en constante augmentation.

La situation n’a jamais été aussi catastrophique dans les rues de Lyon. Le nombre de sans-abri explose mais les places en hébergement d’urgence, elles, n’augmentent pas. Le Samu social dénombre près de 14 000 personnes à la rue dans le département.

Alors que des touristes venus du monde entier vont s’émerveiller devant les illuminations des murs de la ville, il ne faudra pas trop qu’ils baissent les yeux. Ils risqueraient d’y voir des enfants, pour certains âgés d’à peine un mois, réfugiés dans des tentes ou sous des couvertures. Près des quais du Rhône, dans des tentes… Des enfants sans-abri, qui, malgré leur vulnérabilité, n’ont pas été mis à l’abri, comme la loi le prévoit.

Selon le collectif Jamais sans toit, qui se mobilise pour les aider et les compter, ils seraient 331 à dormir dehors dans la métropole, dont 176 rien qu’à Lyon. C’est de 30% de plus qu’en 2022 à la même date. Un chiffre qui en plus sous-estimé. Le collectif ne recense que les familles dont au moins un des enfants est scolarisé. Parmi ces 331 enfants, 36 ont moins de trois ans.

15 écoles occupés pendant la Fête des lumières à Lyon

Pour pallier aux pouvoirs publics, Jamais sans toit, et d’autres collectifs constitués dans les écoles lyonnaises, occupent les lieux de scolarisation de ces enfants. Dans la métropole, 15 écoles et collèges sont occupées par ces collectifs, dont 10 à Lyon. La nuit, professeurs et parents d’élèves se relaient pour réserver à une famille un coin d’une salle de classe ou d’un gymnase. Le matin, ils remballent le tout, et la vie de l’école reprend. À Lyon, 30% des enfants à la rue sont hébergés de cette façon, grâce à la mobilisation citoyenne. Au final, ces acteurs associatifs se substituent aux services de l’État, dont le système d’hébergement d’urgence est saturé. Une situation dramatique sur laquelle le Samu social Alynea a alerté l’hiver dernier et cet hiver.

Pour alerte sur cette situation, le collectif Jamais sans toit organise un « itinéraire bis » à la Fête des Lumières, pour se rendre à chaque école occupée. La députée Marie-Charlotte Garin (EELV) tiendra aussi une collecte dans son local parlementaire, du 8 au 15 décembre. Elle avait dormi dans une école occupée de Lyon, le 9 novembre, pour attirer l’attention sur la situation des familles à la rue.

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8 décembre des identitaires interdit : l’extrême droite lyonnaise sous pression ?

8 décembre des identitaires interdit : l’extrême droite lyonnaise sous pression ?
Capture d’écran d’une vidéo Youtube de Génération identitaire, sur la marche « Lugdunum suum » du 8 décembre 2019 à Lyon. DR

[Analyse] Depuis plusieurs années, la préfecture interdit systématiquement l’appel à la procession des identitaires pour le 8 décembre à Lyon. Dans un contexte où l’extrême droite lyonnaise est en ébullition et redouble de démonstrations de force, suite au meurtre de Thomas à Crépol, la préfecture veut montrer qu’elle resserre l’étau. Elle multiplie interdictions et présence policière, sans toujours réussir à contenir ces groupuscules.

La Fête des Lumières est une institution lyonnaise. Commerciale et touristique pour certains, tradition chaleureuse pour d’autres, elle est aussi, pour les catholiques, un moment de célébration de la Vierge Marie.

Pour les Remparts, frange de l’extrême droite lyonnaise héritière de Génération identitaire, le 8 décembre est un rendez-vous d’importance. Ce qu’ils appellent le « Lugdunum Suum » (Notre Lyon, ndlr), est pour eux une « fête enracinée de piété populaire », part de « l’identité lyonnaise ».

Chaque année, ils appellent donc à rejoindre la procession aux flambeaux organisée par le diocèse dans le Vieux-Lyon (Lyon 5e), se réunissant dans leur propre cortège. Mais, depuis 2018, la préfecture du Rhône leur interdit systématiquement de défiler.

Pour « l’édition » 2022, le porte-parole des Remparts, Sinisha Milinov, a même écopé d’une amende de 800 euros pour avoir participé à la procession et avoir appelé à s’y rendre. Un cortège « Lugdunum Suum » s’était bien tenu malgré l’interdiction, en fin de manifestation.

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Préfecture du Rhône repeinte par Dernière rénovation : la désobéissance civile en procès

Préfecture du Rhône repeinte par Dernière rénovation : la désobéissance civile en procès
La préfecture du Rhône a été repeinte en orange par Dernière Rénovation Lyon ce mercredi 22 mars.

Trois militants du collectif Dernière rénovation ont été jugés mardi 5 décembre à Lyon pour avoir repeint la préfecture du Rhône en orange, en mars dernier. Ils ont rappelé l’urgence climatique. L’État et le Département ont eux parlé factures.

« Ce qui est légitime est-il nécessairement légal »? Le tribunal de Lyon a planché plusieurs heures sur cette question philosophique, mardi 5 décembre. Trois militants du collectif Dernière Rénovation étaient jugés pour avoir couvert de peinture orange une partie des grilles, des escaliers, et de la façade de la préfecture du Rhône, le 22 mars dernier.

Leur objectif : alerter sur l’inaction climatique, et plus spécifiquement sur les manquements de l’État sur la rénovation énergétique du parc immobilier. Des actions similaires avaient eu lieu à Paris, Marseille, Nantes, Toulouse et Tours. 

Non-violence et désobéissance civile

A Lyon, l’interpellation s’était déroulée dans le calme et sans violence. Il faut dire que les trois activistes ont attendu les forces de l’ordre, souhaitant assumer, et surtout revendiquer leur action. « C’est même nous qui avons rangé la peinture dans leur camionnette », a affirmé l’un des prévenus à l’audience, ce mardi 5 décembre.

Les trois trentenaires, un ingénieur en reconversion, une orthophoniste et un travailleur social, ont assuré devant le tribunal être conscients des risques encourus. Tous trois sont passés par les petites actions du quotidien, avant de se tourner vers l’activisme face à l’urgence climatique. « On a besoin d’un changement rapide. Si on veut faire bouger les lignes, il faut une désobéissance civile non-violente », a appuyé une co-prévenue devant le tribunal.

Rue89Lyon l’avait interrogée en mars dernier, devant la Préfecture.

« Aujourd’hui, résister c’est vital, scandait-t-elle, la main levée. Le gouvernement ne respecte ni ses lois, ni ses citoyens. Cette peinture orange est lavable à l’eau. Ce gouvernement commet des crimes climatiques qui, eux, ne sont pas réparables. »

Marjolaine, militante de Dernière rénovation, le 22 mars dernier

Dernière Rénovation Lyon préfecture
Marjolaine, 33 ans, était la porte-parole de Dernière Rénovation Lyon lors de l’action du 22 mars sur la préfecture du Rhône.Photo : OM/Rue89Lyon

Dernière rénovation sommée de rendre l’argent ?

Un brin philosophe, le président de séance, qui n’a pas nié la légitimité de la cause, a interrogé les activistes : « Où placer le curseur de la légalité quand on défend un intérêt supérieur? Est-ce qu’un jour on va tuer 10 personnes si on peut en sauver 100? Cela risque d’être le chaos? »

« Nos actions sont non violentes. C’est si nos combats n’avancent pas que ça risque d’être le chaos », a répondu Marjolaine.

Pour appuyer son action, dont le passage devant un tribunal faisait partie, Dernière rénovation a fait venir deux témoins, présentés comme experts, pour parler dérèglement climatique et rénovation énergétique.

« Mettre de la peinture orange sur de la pierre n’a jamais fait baisser la température », a tancé le procureur, qui a requis 300 euros d’amende contre les militants. Une sanction qui n’était pas l’enjeu majeur de l’audience de ce mardi 5 décembre.

Par l’intermédiaire de leurs avocates, Département et préfecture, qui se sont partagés les frais de nettoyage, ont demandé des comptes à Dernière rénovation. La note présentée s’élève à plus de 122 000 euros pour le nettoyage et la remise en état du bâtiment, classé monument historique et propriété du Département. Un montant jugé exagéré pour la défense, qui affirme que la peinture utilisée était lavable à l’eau. Les avocats des trois prévenus ont plaidé la relaxe.

Les activistes seront fixés le 19 décembre prochain.

Murage d’un local d’extrême droite à Lyon : les antifas dispensés de peine

Murage d’un local d’extrême droite à Lyon : les antifas dispensés de peine
Le local du Bastion social à Lyon, le lendemain de l’attaque revendiquée par les antifas de la Gale en avril 2018.

Après une procédure à rallonge, cinq militants antifascistes lyonnais ont été reconnus coupables de dégradations pour avoir muré l’entrée d’un local d’extrême droite à Lyon en 2018. Ils ont été dispensés de peine.

C’est le point d’orgue d’une procédure de plus de cinq ans, qui a vu les policiers lyonnais accumuler les auditions, perquisitions et visionnages de vidéos de caméras de surveillance, pour retrouver les auteurs d’un murage.

Dans la nuit du 9 au 10 avril 2018, cinq militants antifascistes lyonnais avaient monté un mur de parpaings à l’entrée du local du Bastion social, groupuscule d’extrême droite dissous par le gouvernement un an plus tard. Ils avaient également tagué le bâtiment à la peinture rouge pour identifier le lieu comme un « local fasciste ».

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