Les magistrats du tribunal administratif ont manifesté contre la loi immigration, à Lyon.Photo : PL/Rue89Lyon.
Lundi 18 décembre, des magistrats du tribunal administratif de Lyon ont manifesté contre des dispositions de la loi immigration actuellement en débat. Audience en visio ou justice rendue hors du tribunal… ils appréhendent une version dégradée de la justice pour les étrangers.
« On ne peut pas juger une personne retenue dans un centre de rétention administrative… »
Visiblement, on pourrait tout de même s’en rapprocher, si la loi immigration passe en état. Lundi 18 décembre, ils étaient une vingtaine, principalement des magistrats à manifester devant le tribunal administratif de Lyon. Ils s’opposent à plusieurs dispositions de la loi immigration, actuellement discutée au parlement en commission mixte paritaire.
La nouvelle loi entraînerait une généralisation de la tenue des audiences en « visio » ou de façon délocalisée. « Où est-ce que vous voulez placer un interprète dans un jugement en visio-conférence ? », lâche Morgan Bescou, avocat spécialisé en droit des étrangers. Pour lui, il se joue dans cette loi l’image de la justice. Avec des audiences par ordinateurs interposés ou directement à côté des Centres de rétention administrative, la justice ne se rendra plus au tribunal. Finis donc le côté sacré de la justice.
Une justice à deux vitesses à Lyon
« Qu’est-ce qui va différencier le passage au tribunal du passage devant une conseillère pôle-emploi ? », abonde Gabrielle Maubon du Syndicat de la juridiction administrative (SJA). Pour son syndicat et l’Usma (Union syndicale des magistrats administratifs), ces mesures vont entraîner une « dégradation » de la confiance en la justice.
Ils s’opposent également à la généralisation du juge unique comme formation de principe à la Cour nationale du droit d’asile. Pour rappel : cette dernière est chargée d’étudier les recours formulés par l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA). Jusque là, les décisions se prenaient de façon collégiale.
En somme : ils refusent que les étrangers soient considérés comme étant une « sous-catégorie » de justiciables. D’autant qu’un nivellement vers le bas pour les autres citoyens est à craindre, selon eux. « Après cela, pourquoi cela ne toucherait pas tous les contentieux ? reprend Gabrielle Maubon. Depuis plusieurs années, on a vu une évolution de la justice par petites touches… Il faut préserver ce service public. »
Le droit des étrangers déjà dégradé à Lyon
Fortement décriés pour leur qualité d’accueil, les Centres de rétention administrative 1 et 2 ont déjà fait couler beaucoup d’encre et provoqué l’ire du barreau de Lyon. Logiquement, le fait de rendre la justice dans un local mitoyen des CRA, à côté de l’aéroport Saint-Exupéry, fait grincer des dents.
Restera à voir si elles passeront à l’échelle nationale. Après le rejet du projet de loi à l’Assemblée nationale le 11 décembre, le gouvernement prend le risque de déchirer sa majorité. Les concessions faites à l’opposition de droite et d’extrême-droite pour gagner des votes créent de fortes tensions. Elles ne risquent pas non plus de plaire aux magistrats en lutte à Lyon.
Journaliste lyonnais fan de l’Ouest, je suis à Rue89Lyon depuis 2020. Aujourd’hui associé et directeur de publication, je couvre les questions sociales mais aussi écologiques (pollutions industrielles, scandale des perfluorés). Le travail, c’est la santé, à condition que le droit soit respecté. Un œil politique sur le Rhône. Pour me laisser une info, c’est ici plemerle@rue89lyon.fr.
Le Ciri, un prestigieux laboratoire de Lyon, est en proie à des problèmes de harcèlements.Photo : PL/Rue89Lyon.
Le Centre international de recherche en infectiologie (Ciri), prestigieux laboratoire de recherche de Lyon, est actuellement sous le coup d’une enquête administrative coordonnée par le CNRS pour des faits de harcèlement présumés. Surcharge de travail, culte de la performance et guerres d’égo provoquent une grande souffrance. Un coup dur pour ce lieu d’excellence où se croisent 400 chercheurs de l’ENS, de l’Inserm ou encore du CNRS.
« Il y a de la violence dans tous les labos, mais au sein du Centre international de recherche en infectiologie (Ciri), ça atteint des niveaux délirants. »
Le constat est dur, sans appel. Il est fait par Clément Luy, représentant du personnel au sein de l’Ecole normale supérieure (ENS) de Lyon. Ce dernier a participé à l’enquête CHSCT lancée par l’ENS l’hiver dernier, après que des accusations de harcèlement moral sont remontées via la cellule d’écoute – mise sur pied après de longues années de lutte dans un contexte de médiatisation de violences sexistes et sexuelles.
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Cette semaine, Radio Anthropocène se met au sport ! Non pas que l’on trouve que la rédaction commence à s’empâter derrière ses micros (quoi que), mais plutôt pour vous parler Olympisme ! Car oui : il reste aujourd’hui un peu plus de 200 jours avant l’ouverture des Jeux Olympiques de Paris 2024 ! Et à peu près autant de problèmes soulevés.Le sport, dans sa version mondialisée, a un coût, un coût social, un coût environnemental et bien sûr un coût économique.
Paris 2024 : des JO qui coutent un pognon de dingue
Citius, Altius, Fortius : « plus vite, plus haut, plus fort ». La devise des Jeux Olympiques, signée Pierre de Coubertin, parle-t-elle encore de pratiques sportives ? Ou bien davantage de cette grande industrie capitaliste, apogée de la mondialisation et de ses logiques marchandes que sont les compétitions sportives internationales ?
Aujourd’hui ce que l’on s’y partage, ce sont plutôt les profits, pour les grandes compagnies, et les dettes, pour les puissances publiques (nous quoi). Et malgré une stratégie climatique et environnementale ambitieuse, notamment portée par la création d’un « Comité pour la transformation écologique », n’est-ce pas la nature même de ces méga-événements qu’il s’agit de réinventer ?
Sous le soft power, un coût social et environnemental
Mais ces événements sont le terrain de jeu idéal pour le rayonnement politique et économique des pays organisateurs. Bien au-delà du sport, qui ne devient qu’un simple alibi, il s’agit de valoriser son pays sous les yeux du monde entier. On se rappelle ainsi de la Coupe du Monde de football au Brésil de 2014, suivie de très près par les JO de 2016 où l’Etat Brésilien montrait le résultat du processus de « pacification » des favelas.
Ou encore les Jeux Olympiques de Pékin, symbolisant la puissance retrouvée de la Chine sur le plan international. Cependant, n’est-ce pas l’arbre qui cache la forêt, puisque cette arme de soft-power obstrue le coût social et environnemental réel de ces compétitions sportives. L’exemple récent de la Coupe du Monde au Qatar est pour le moins parlant, et inquiétant.
Entre la construction d’équipements sportifs pour une compétition d’un mois, d’infrastructures nécessaires pour accueillir plus d’un million de supporters (hôtels, autoroutes, aéroports), mais aussi tous les déplacements, 3,6 millions de tonnes de CO² ont été émises. A cela, s’ajoute le coût humain d’un tel événement, puisqu’une enquête du Guardian recense, à minima, 6 500 décès de travailleurs étrangers au Qatar entre 2010 et 2020.
Aménager l’espace, le temps et les gens, quoi qu’il en coute
Au Qatar pour la coupe du monde de Football en 2022, lors des Jeux Olympiques de Rio (2016), de Londres (2012) ou même de Tokyo (bien qu’ils aient eu lieu en pleine pandémie de Covid-19, sans spectateurs), l’organisation de tels évènements implique une planification spatiale intense et démesurée.
L’exemple de la Seine-Saint-Denis est criant, le processus de transformation urbaine s’est accéléré à l’annonce des Jeux olympiques, et ce malgré l’opposition d’habitants et collectifs face à ces projets d’aménagements. Mais l’ampleur de ces événements est telle qu’elle nécessite aussi une planification temporelle, interrogeant les transports et la saturation des infrastructures parisiennes.
Enfin pas tous, les forces de l’ordre et les salariés de la RATP, eux, devront mettre les bouchés doubles. Si l’usage de l’urbanisme temporel – il s’agit non plus d’aménager l’espace mais bien d’aménager le temps, thématique que nous avions abordée la saison précédente avec Luc Gwiazdzinski (géographe) – semble être un outil efficace pour répondre aux problématiques urbaines, ne devrait-il pas l’être davantage dans un objectif de redirection écologique de nos territoires et modes de vie ?
Le temps c’est de l’argent
Car le temps c’est ce qui semble manquer aux Jeux olympiques d’hiver 2030 prévus en France. Enfin… C’est plutôt l’inverse, du temps ils en ont trop. 6 ans. 6 ans durant lesquels le réchauffement climatique et ses conséquences vont continuer de s’amplifier. Déjà depuis plusieurs années, et encore plus en 2023, l’organisation des compétitions de ski internationales devient un casse-tête.
Un jour il neige trop, le lendemain il pleut à des altitudes où, il y a peu, on trouvait encore de la neige en plein été. Et à ce petit jeu, nous ne pouvons pas gagner contre la montagne, et le climat. Et le renfort d’outils et d’inventions techniques, à grand frais (du contribuable souvent), n’y pourra rien. Les bulldozers grignotant le glacier de Zermatt (Suisse) en octobre n’ont eu pour seul effet que de réduire son espérance de vie. La course, elle : annulée.
Comme la majorité de celles prévues depuis le début de la saison. La neige artificielle – devenue l’alpha et l’oméga des grands bâtisseurs (destructeurs ?) des montagnes, et qui nécessite de construire partout où on le peut des grandes retenues d’eau – ne résiste pas davantage aux pluies devenues courantes en altitude même en pleine hiver. Pourtant, on continue de construire. Des hôtels, des résidences, et même des pistes, rien ne semble pouvoir arrêter la course frénétique financière de la montagne. Courir toujours plus vite, toujours plus haut, toujours plus fort.
Après tant d’aménagements, ne serait-ce pas vers un ménagement de nos territoires qu’il faudrait tendre ? Être en relation avec nos espaces de vie plutôt que de s’en saisir comme les ressources d’événements (in)considérables. Est-ce possible d’écologiser les manières de faire et de penser les événements sportifs ? La réponse mercredi 20 décembre prochain sur Radio Anthropocène.
L’association Cité Anthropocène prend la suite des activités de l’Ecole Urbaine de Lyon et travaille à la mobilisation conjointe des sociétés et des sciences pour faire face à l’urgence des enjeux soulevés par le changement global.
Dimanche 17 décembre a lieu la journée internationale de lutte contre les violences faites aux travailleuses du sexe. Peu après la mort de Gérard Collomb, ce rendez-vous annuel aura sûrement une teneur particulière, tant l’ancien maire a initié un durcissement vis-à-vis de la prostitution à Lyon. Aujourd’hui, la préfecture du Rhône continue cette politique avec un nouvel arrêté anti-camionnette pour tout le 7e arrondissement.
Le maire « bâtisseur », le maire « visionnaire », « l’ambassadeur » de Lyon… À défaut de le qualifier de maire « social », c’est bien souvent « Collomb, le moderne » qui ressort des hommages faits à l’ancien baron socialiste de la capitale des Gaules qui laissera bientôt son nom à un terminus de métro.
Dans les couloirs de l’Hôtel de Ville, certains se souviennent encore comme les lettres « MNA » (pour mineurs non accompagnés) étaient honnies du temps de l’ancien maire. Lors d’un hommage en mairie au lendemain de sa mort, Thierry Philip, ancien cador du PS et compagnon de ses dernières heures, avait d’ailleurs noté des différends à ce propos, notamment sur la théorie de l’appel d’air.
De même, pas sûr que les travailleuses et travailleurs du sexe qui commémorent leurs morts ce dimanche 17 décembre gardent un souvenir heureux de l’ancien maire. Durant 20 ans, « Gégé », comme l’ont surnommé amicalement certains médias, a mené la chasse aux prostituées à Lyon. Aujourd’hui, la préfecture du Rhône a pris le relais avec un nouvel arrêté paru récemment.
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L’ancien garage Citroën, à l’angle des rues de Marseille et de l’Université (Lyon 7e), a conservé son architecture typique des années 1930Photo : MP/Rue89Lyon
L’ancien garage Citroën de Lyon, construit en 1932 et vestige de l’architecture art-déco industrielle, va bientôt accueillir un magasin Lidl. Le bâtiment, classé monument historique depuis 1992, a accompagné les transformations du quartier.
L’imposant dinosaure rouge métallique, trônant au centre du rez-de-chaussée de l’ancien garage Citroën, rue de Marseille (Lyon 7e), va t-il devoir déménager ? Le magasin Lidl, situé juste en face, veut s’installer à partir de 2025 dans le bâtiment, qui accueille depuis 2015 une école de commerce.
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La mairie d’Oullins deviendra le centre de la nouvelle commune d’Oullins/Pierre-Bénite.Photo : ED/Rue89Lyon
La préfecture du Rhône vient d’acter la création de la commune nouvelle d’Oullins-Pierre-Bénite ce jeudi 14 décembre. La fusion des deux villes prendra effet le 1er janvier prochain.
C’est officiel. Les villes d’Oullins et Pierre-Bénite, au sud-ouest de Lyon, ne font plus qu’une. Dans un arrêté signé ce mardi 12 décembre, la préfecture du Rhône a acté la création de la commune nouvelle d’Oullins-Pierre-Bénite. Son siège sera situé dans l’actuel Hôtel de ville d’Oullins.
Leur décision a été validée par les deux conseils municipaux, le 8 novembre dernier. Mais à Oullins, tout ne s’est pas passé comme prévu. Une centaine de manifestants, opposés à la fusion, ont perturbé la séance, qui s’est finalement tenue à huis-clos pendant que la police nationale évacuait l’Hôtel de Ville.
Fusion Oullins-Pierre-Bénite : un projet controversé
Comme prévu, les conseillers municipaux élus en 2020 conserveront leurs postes jusqu’aux nouvelles élections de 2026. Ils formeront le nouveau conseil. Les deux maires sont, de droit, maires délégués, précise encore la Préfecture. Toutes les compétences sont transférées à la commune nouvelle, et les contrats en cours iront jusqu’à leur terme.
Avant la fusion, Jérôme Moroge, actuel maire de Pierre-Bénite, était pressenti pour diriger la nouvelle commune. Mais, si l’arrêté de la Préfecture vient conclure la partie administrative des choses, la création ex-nihilo d’Oullins-Pierre-Bénite risque d’avoir des conséquences politiques. Car c’est peut dire que le projet de fusion ne passe pas. Auprès d’une partie des habitants, mais aussi à l’échelle de l’agglo.
Dans un échange particulièrement houleux, la Métropole et les deux villes d’Oullins et Pierre-Bénite se sont adonnés à un échange d’amabilités, en octobre dernier. Le président de la Métropole, Bruno Bernard (EELV), reproche aux deux maires un déni de démocratie, et ces derniers accusent le président de la Métropole d’exercer sur eux « un chantage financier ». Avec en toile de fond une baisse de la dotation accordée par la Métropole à Oullins-Pierre-Bénite.
Interrogée sur les raisons de cette baisse de dotation en cas de fusion, la Métropole expliquait en novembre que la dotation de solidarité communautaire (DSC) résulte de plusieurs critères : population, écarts de revenus, potentiel financier, flux de logement sociaux. « Dans l’hypothèse où des modalités strictement identiques à celles de l’exercice 2023 seraient appliquées, la commune fusionnée aurait droit à moins de DSC », précise encore la Métropole.
Oullins-Pierre-Bénite : un avenir pas forcément rose
Parmi les reproches faits à Clotilde Pouzergue et Jérôme Moroge, il y a celui d’une manoeuvre électorale : la gauche a effectué une poussée remarquée sur l’ensemble de l’agglomération, et particulièrement à Oullins, où Clotilde Pouzergue a battu par seulement 150 voix d’avance Jean-Charles Kohlhaas (EELV), le vice-président de la Métropole en charge des transports. Un basculement politique d’Oullins en 2026 était ainsi possible.
Reste une question, plus triviale à trancher : quel sera le gentilé de la nouvelle commune ? Entre les Oullinois et les Pierre-Bénitains, comment vont s’appeler les nouveaux habitants? Les Oullino-Pierre-bénitains?
Faites vos jeux ! Entre les querelles politiques et les oppositions qui grondent, le nouveau conseil municipal oullinais-pierre-bénitois (ou quelque chose comme ça) aura sûrement des questions plus importantes à traiter.
Comme celle des recours que les opposants au projet peuvent encore émettre.
Originaire de Lorraine, je suis arrivé à Lyon en 2020, après plusieurs années à Paris. J’ai rejoint Rue89Lyon en 2023, avec le projet de reprise en coopérative. Désormais associé et rédacteur en chef adjoint du média, je suis plutôt branché justice et mobilités. J’aime bien titiller la Région aussi, quand l’occasion se présente. Si vous avez une info ou que vous souhaitez me joindre, c’est par là : edelacote@rue89lyon.fr
Manifestation en faveur de la Palestine, en juillet 2014. Image d’archive
Plusieurs syndicats professionnels et étudiants appellent à deux manifestations à Lyon, les 16 et 20 décembre prochain, en soutien à la population de Gaza et pour un cessez-le-feu immédiat.
La mobilisation pour la paix en Palestine ne faiblit pas à Lyon. Près d’un mois après un rassemblement ayant rassemblé entre 7 500 et 15 000 personnes, place Bellecour, une intersyndicale réduite (CGT, FO, Solidaires, FSU, Unsa, CNT, et Unef) appelle à deux nouvelles manifestations pour un cessez-le-feu immédiat entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza.
La première manifestation est programmée ce samedi 16 décembre, à 14h30, place Bellecour. La seconde est programmée mercredi 20 décembre, à 12h30, rue Dunoir, devant la préfecture du Rhône.
« On ne répond pas à la guerre par plus de guerre, l’histoire nous enseigne que cela conduit à plus de désastres matériels et humains. Nous devons créer les conditions à ce que la paix triomphe. C’est pourquoi nous exigeons du gouvernement qu’il pèse pour l’arrêt des bombardements, un cessez le feu immédiat et le respect des résolutions de l’ONU. »
A Lyon, des manifestations régulières pour la paix en Palestine
Comme quasiment chaque semaine depuis le début du conflit, la place Bellecour va donc de nouveau accueillir des soutiens à la paix au Proche-orient, alors que les inflexions dans les deux camps semblent illusoires, et que l’Onu craint un effondrement de l’ordre civil à Gaza.
Pour ces rassemblements, l’intersyndicale a souhaité adressé un message de concorde :
« L’aspiration des peuples à vivre ensemble en paix, dans la solidarité, la justice et la fraternité est immense. Nos organisation syndicales sommes persuadés qu’aucune de nos différences de convictions, d’appartenance ou de sensibilités philosophiques, politiques, religieuses, syndicales ou autres ne doivent faire obstacle à l’expression de cette aspiration commune. »
Les rassemblent pour la paix à Gaza sont quasiment hebdomadaires depuis le début du conflit à Lyon. Pour rappel, après une trêve de courte durée, le conflit a repris au Proche-Orient.
Rassemblement contre la loi « Sécurité globale » le 24 novembre devant le palais de Justice du Vieux Lyon.Photo : LB/Rue89Lyon
Ce vendredi 15 décembre, les gouvernements des États membres, les eurodéputé·es et la Commission européenne doivent adopter un nouveau règlement européen sur la liberté de la presse et des médias. S’il comporte des avancées, ce document comporte également des mesures liberticides, portées par la France. Rue89Lyon est signataire d’une tribune pour retirer celles-ci.
À l’heure actuelle, des négociations sont en cours à l’échelle européenne pour définir un nouveau règlement européen sur la liberté de la presse et des médias. Si le texte comporte des avancées, ses manques sont problématiques pour la liberté d’informer. En ligne de mire : une position problématique de la France sur la protection des sources. Pour comprendre la situation, nous reproduisons ici une tribune qui demande à l’État français de défendre la protection des sources. Signée par de nombreux médias, collectifs et sociétés de journalistes, elle peut également être signée par à titre individuelle. Un mot d’ordre : sans protection des sources, pas de journalisme, pas de démocratie.
« Nous, syndicats de journalistes, sociétés des journalistes, associations, médias, considérons que la liberté de la presse ne peut pas s’accommoder d’une exception de sécurité nationale autorisant l’espionnage des journalistes. Ceci est pourtant l’objet d’un actuel vif lobbying de l’Etat français dans le cadre de l’imminente adoption du règlement européen sur la liberté de la presse et des médias (European media freedom act, EMFA).
Les gouvernements des États membres, les eurodéputé·es et la Commission européenne ont jusqu’à ce vendredi 15 décembre pour trouver un compromis sur ce texte. Or, si ce texte comporte une très grande majorité de dispositions renforçant la liberté de la presse, et donc est un progrès, il comporte hélas aussi quelques dispositions liberticides.
Actuellement, la France milite pour que le secret des sources puisse être levé
Tel que proposé par les Etats membres européens, l’article 4 permet l’utilisation de logiciels espions de type Pegasus en cas d’« impératif prépondérant d’intérêt public, en accord avec la Charte européenne des droits fondamentaux » et pour enquêter sur une longue liste de 32 délits punis de trois à cinq ans de prison, incluant le terrorisme mais aussi les crimes informatiques, la contrefaçon ou encore le sabotage. La France milite actuellement activement pour que la protection des sources soit levée dans de tels cas. Concrètement, les appels, les e-mails et les échanges sécurisés entre les journalistes et leurs sources liées à ces enquêtes pourraient être interceptés — en toute légalité — par les services de renseignement.
Insistons : la protection des sources des journalistes est une condition fondamentale de la liberté de la presse, et par conséquent de la démocratie. Elle est d’ailleurs reconnue comme telle par la Cour européenne des droits humains (CEDH).
De nombreuses démarches ont déjà été menées auprès des autorités européennes pour que le règlement sur la liberté de la presse et des médias (European media freedom act) ne soit pas affaibli par une telle exception, qu’il serait impossible d’encadrer efficacement.
Pour une interdiction absolue de surveiller des journalistes avec des logiciels espions
En septembre 2023, 500 journalistes ont signé une lettre appelant le Parlement européen à instaurer une interdiction absolue de surveiller les journalistes en utilisant des logiciels espions.
Le 30 novembre dernier, dix-sept des plus importantes organisations d’éditeurs et de journalistes en Europe ont fait part aux dirigeants européennes de leur inquiétude :
« Au vu des récents développements dans les Etats membres de l’UE, tels que la prolifération d’outils de surveillance intrusifs, il est d’autant plus important que l’EMFA protège efficacement les fournisseurs de services de médias, les journalistes et leurs sources. Nous sommes profondément préoccupés par l’effet dissuasif qui pourrait s’ensuivre si le texte final fixe des conditions pour la divulgation des sources qui sont en deçà des normes internationales en matière de droits de l’homme, et maintient le paragraphe selon lequel « Le présent article [Article 4] est sans préjudice de la responsabilité des États membres en matière de sauvegarde de la sécurité nationale ».
La présidente de la Fédération européenne des journalistes, Maja Sever, a déclaré : « Pour les journalistes, l’article 4 est l’article le plus important, car l’idée initiale est de protéger les sources des journalistes et d’apporter une sécurité juridique aux journalistes et aux médias. Pourquoi ajouter une clause sur la sécurité nationale dans une loi visant à protéger la liberté des médias, alors que nous savons tous que la sécurité nationale est traitée au niveau national ? Ceci reflète une approche illibérale ».
Une potentielle atteinte grave à la liberté de la presse
Pour Dominique Pradalié, présidente de la Fédération internationale des journalistes (FIJ), « cet espionnage, rendu possible, serait non seulement une atteinte grave à la liberté de la presse en Europe mais un signal catastrophique pour les autres continents ! ».
Des articles de Investigate Europe, Disclose et Follow The Money révèlent qu’encore sept pays, dont la France —notamment par la voix de sa ministre de la Culture, Rima Abdul Malak—) continuent d’insister sur la légalisation de l’espionnage des journalistes,” en cas de sécurité nationale”.
Seule une formulation du règlement européen sur la liberté de la presse et des médias incluant les conditions de la CEDH et la jurisprudence, en vertu desquelles les interférences avec les libertés des journalistes peuvent être justifiées, serait pour nous acceptable. C’est le cas de la proposition du Parlement, adoptée le 3 octobre dernier, stipulant que la surveillance des journalistes ne pourrait être autorisée que par une autorité judiciaire indépendante et pour« enquêter ou empêcher un crime sérieux, sans lien avec l’activité professionnelle du média ou de ses employés » et sans que cela ne permette « d’accéder aux sources journalistiques ».
Nous appelons solennellement le président Emmanuel Macron et le gouvernement français, à retirer cette dérogation au titre de la “sécurité nationale” incompatible avec les standards européens pour l’exercice du journalisme. Sans protection des sources, pas de journalisme, pas de démocratie. »
Une manifestation des militants de Jamais sans toit, en octobre 2022, pour la mise à l’abri des enfants sans-abri et leurs parents.Photo : MA/Rue89Lyon
Jeudi 14 décembre, les professionnel•les de l’hébergement d’urgence sont en grève dans la métropole de Lyon, dénonçant le manque de places pour les sans-abri. Ils et elles décrivent un environnement de travail de plus en plus « inhumain ». Témoignages.
Chaque maraude est une goutte de trop pour Agathe. Cette travailleuse sociale est en grève en ce jeudi de décembre. Le vase a débordé depuis bien trop longtemps. Le dispositif d’hébergement d’urgence du Rhône est saturé, et elle n’a plus aucune solution à proposer aux sans-abri qu’elle rencontre dans la rue. Une situation qui s’est fortement dégradée depuis deux ans et la fin des ouvertures de places d’hébergement par l’État.
« Récemment, j’ai vu pour la première fois un bébé de 28 jours à la rue, relate Agathe. Il faut se rendre compte de ce que c’est un enfant de 28 jours, qui ne tient pas sa tête, encore fripé, pas vraiment fini… »
Professionnelle des maraudes depuis cinq ans, son travail consiste à orienter les personnes sans domicile et en grande précarité vers divers dispositifs et les aider à accéder à leurs droits. Ils seraient 14 000 dans la métropole de Lyon, 50% de plus qu’il y a 5 ans, selon le Collectif hébergement en danger.
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J’écris aussi sur la politique, le sans-abrisme, le logement, les violences sexistes et sexuelles. Pour me filer une info ou me contacter, c’est par là : mallenou@rue89lyon.fr
Omer Altunay, sinistré de l’incendie de Vaulx-en-Velin, n’a aucune perspective de relogement.Photo : MA/Rue89Lyon
Pendant onze mois, Omer Altunay, sinistré de l’incendie de Vaulx-en-Velin, a été hébergé à l’hôtel. La mairie de Vaulx-en-Velin a cessé cette prise en charge mi-novembre. Il est le seul des rescapés à ne pas avoir de solution de logement en perspective, notamment car son titre de séjour est expiré.
La mine tirée, Omer Altunay sirote son café serré. Le quarantenaire a accepté de nous rencontrer, comme il l’a déjà fait avec plusieurs journalistes depuis un an. Son habitude de l’exercice ne cache pas sa lassitude. Depuis l’incendie qui a tué dix de ses voisins, le 16 décembre 2022 au 12, chemin des Barques à Vaulx-en-Velin, celui-ci n’a pas retrouvé de domicile stable.
Il a d’abord été logé à l’hôtel, pendant 11 mois par la ville de Vaulx-en-Velin rapportait le Progrès. Le 17 novembre, la municipalité a décidé d’y mettre fin, suite à plusieurs rendez-vous en mairie avec le sinistré. Alors qu’une grande partie des sinistrés ont pu retrouver un logement, pour Omer Altunay « c’est la catastrophe » . « Je vais d’hôtels en hôtels et je paie de ma poche », explique-t-il.
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