Un extrait des Rues de Lyon dédié au Capotier, avec une photo du Capotier prise en 2021. Photomontage Rue89Lyon
Ce mardi 5 décembre, le nouveau numéro de la revue Les Rues de Lyon, intitulé Le Capotier l’épicier des prostituées de Lyon, sort en librairie. Au-delà du portrait d’un personnage haut en couleur, il s’appuie sur plus de dix ans d’articles écrits par Rue89lyon.
« Le capotier ! Le capotier ! »
C’est une figure unique dans le paysage local (et national). Depuis près de 20 ans, Jérôme Bénozillo tourne avec son camion floqué de préservatifs géants dans Lyon et son agglomération. À la veille de son départ à la retraite, sa trombine est dans le dernier numéro des Rues de Lyon, le mensuel édité par l’Épicerie séquentielle.
Dans ce n°108, Pierre Lemerle, journaliste et sociétaire de Rue89Lyon, et Mathieu Rebière, dessinateur (et parfois scénariste) pour l’Épicerie séquentielle, tissent le portrait de l’épicier des prostituées et travailleuses du sexe de Lyon.
À travers le portrait du Capotier, la BD revient sur 30 ans de vie des prostituées de Lyon et des environs. La constitution des associations d’aides communautaires dans les années 90, les prises de tête avec des structures plus institutionnelles… Mais aussi (et surtout), la politique municipale menée à Lyon ces 20 dernières années.
Avec l’arrivée de Gérard Collomb à la mairie de Lyon, en 2001, les prostituées ont été la cible d’une politique municipale répressive, qui les a amenées à se retrancher dans les faubourgs de la ville, voire, à la quitter. Du centre-ville à Perrache, de Perrache à Gerland, etc. Ces péripéties et les raisons de ces départs sont racontées en détail dans ces pages, avec, pour croquer cela, le crayon de Mathieu Rebière.
Pour ce travail, les auteurs se sont appuyés sur la centaine d’articles écrits depuis la création de Rue89Lyon, en 2011. Ces derniers ont été réalisés, dans la plus grande partie par Laurent Burlet, co-fondateur du média, et Pierre Lemerle.
Vue de Lyon depuis le jardin des Curiosités (5e).Photo : Andréa Blanchin/Rue89Lyon
[Enquête] Depuis plusieurs années, le coliving se déploie à Lyon. Ses colocations avec services, aux loyers élevés, intéressent tout particulièrement les géants du BTP. Moins la majorité en place. Les élus écologistes et de gauche de la Ville et de la Métropole tentent de limiter un phénomène qui permet aux propriétaires d’échapper à l’encadrement des loyers.
Imaginez une sorte de colocation, avec une chambre à serrure et une multitude de services : le ménage, le linge, une salle de sport, Netflix ou même des paniers de fruits ou légumes livrés. Le tout avec une durée de séjour beaucoup plus flexible pouvant durer quelques jours, quelques semaines ou plusieurs années. Cette offre – appelée coliving – peut paraître alléchante. Son problème ? Elle propose des prix particulièrement élevés.
Sur une annonce publiée en septembre 2023, par exemple, il faut compter 810 euros (charges comprises) par mois pour une chambre de 16 m2 à Villeurbanne. « Ce type de logement s’adresse à des personnes qui ont envie de garder une certaine qualité de vie et qui veulent réduire les aléas de la colocation », explique Aurore Tabordet-Merignoux, avocate en droit de l’immobilier à Paris, qui accompagne promoteurs et propriétaires dans leur projet de coliving. Selon elle, ce type de logements fleurirait principalement à Paris, Bordeaux et Lyon, pour le moment.
L’avocate le reconnaît, cela s’adresse à un public « aisé ». Mais en pleine crise du logement, alors que trouver un appartement est presque mission impossible à Lyon, nombre de locataires n’ont d’autres choix que d’accepter ce genre d’offres.
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À Rue89Lyon depuis 2022, aujourd’hui journaliste associée. Enquêter sur l’extrême droite, c’est lutter contre l’extrême droite.
J’écris aussi sur la politique, le sans-abrisme, le logement, les violences sexistes et sexuelles. Pour me filer une info ou me contacter, c’est par là : mallenou@rue89lyon.fr
Sticker antifasciste à la Guillotière, dans le 7e arrondissement de Lyon.Photo : OM/Rue89Lyon
Vendredi 1er décembre, la préfecture du Rhône a déposé deux arrêtés pour interdire trois conférences antifascistes prévues ce week-end à Lyon. L’un d’entre eux vient d’être suspendu après une bataille juridique express permettant la tenue du troisième événement.
La symbolique avait de quoi laisser perplexe. Vendredi 1er décembre, la préfecture du Rhône a interdit la tenue de trois conférences antifascistes dans le cadre de la « semaine antifasciste », dont l’une portant sur les extrêmes-droites, particulièrement actives à Lyon en cette fin d’année. Cette même conférence, qui se tenait ce dimanche à la librairie Gryphe (Lyon 7e) à 13 heures, a finalement été maintenue.
La bataille s’est jouée au tribunal administratif, ce week-end de début décembre. Durant deux jours, les organisateurs de la semaine antifasciste ont tenté de maintenir leurs événements, prévus à Lyon et Villeurbanne.
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Journaliste lyonnais fan de l’Ouest, je suis à Rue89Lyon depuis 2020. Aujourd’hui associé et directeur de publication, je couvre les questions sociales mais aussi écologiques (pollutions industrielles, scandale des perfluorés). Le travail, c’est la santé, à condition que le droit soit respecté. Un œil politique sur le Rhône. Pour me laisser une info, c’est ici plemerle@rue89lyon.fr.
Au théâtre de la Croix-Rousse, des jeunes engagés sur scène pour du théâtre radio.Photo : Théâtre de la Croix-Rousse.
Jingle bells, jingle bells… La fin d’année approche avec ses habituelles festivités attendues (ou honnies) par les Lyonnais. Et parce qu’il n’y a pas que la fête des Lumières ou Noël en décembre, Rue89Lyon vous propose dix sorties hors des sentiers battus à Lyon pour faire le plein de culture. De quoi se réchauffer et agiter ses méninges avant les repas de famille.
6 et 7 décembre : Un rendez-vous pour donner foi en la jeunesse à la Croix-Rousse
Leur précédent spectacle, Radio Live Liban, avait été un coup de cœur pour le public. L’équipe de Radio Live revient, au théâtre de la Croix-Rousse. Avec une pièce intitulée La Relève, Amélie Bonin et Aurélie Charon ont voulu amener sur scène des jeunes activistes rencontrés dans le monde entier. Rwanda, Syrie… Ce spectacle de « théatre radio » fait ainsi dialoguer des jeunes engagés sur les questions d’engagement et d’identité de partout dans le monde. Il propose ainsi une nouvelle réponse à ceux qui dénigrent une jeunesse jugée « paresseuse » ou « inactive ».
La Relève, au théâtre de la Croix-Rousse. Les mardi 6 et mercredi 7 octobre, à 20h. Tarif allant de 5 à 27 euros pour des places à l’unité.
7 décembre : Hommage à Eliott Erwitt, le papa americano de la photo noir et blanc
C’est gratuit, c’est la nuit, c’est en noir et blanc. Jeudi 7 décembre, la Sucrière rend hommage à Eliott Erwitt, célèbre photographe américain décédé mercredi 29 novembre. Une « nocturne » exceptionnelle est prévue de 17 à 19 heures, en partenariat avec Tempora et Magnum Photos France.
Membre de la célèbre agence de photo Magnum, Eliott Erwitt a été un grand photoreporter, et l’auteur de clichés de célèbres stars, comme Marilyn Monroe ou Arnold Schwartzenegger. Mais c’est aussi pour ses célèbres clichés de chiens accompagnés de leurs maître qu’il s’est fait connaître.
Du 7 au 10 et les 16 et 17 décembre : Chiner du ciné
Vous cherchiez une affiche de film pour décorer votre salon ? L’Institut Lumière organise sa braderie annuelle, avec des sorties de stocks, des affiches, des livres, des DVD ou des produits dérivés sortis de son grenier.
Cette année, la Braderie cinéma se démultiplie : elle aura lieu à l’Institut Lumière mais aussi au hangar du Premier-Film et à la librairie du Premier-Film à Lyon 8e. Si vous étiez en panne d’idées pour vos cadeaux de Noël, ne nous remerciez pas : c’est cadeau.
La braderie cinéma de l’Institut Lumière, 25 rue du Premier-Film Lyon 8e, les 7, 8, 9, 10 et 16-17 décembre.
9 décembre : Dudududuuu
La Darude vient fêter ses 5 ans à Lyon ! Fans d’eurodance et nostalgiques des Y2K (années 2000), rendez-vous au Transbordeur le 9 décembre. L’occasion de sortir vos lunettes de vitesse, votre meilleur jean taille basse et votre choker maillé et fluo de l’époque. Pour participer à la fête, il faudra se munir d’une tenue ou d’un accessoire tout droit venu du début du millénaire.
Le collectif La Darude, et ses soirées éponymes, sont inspirés de l’iconique titre Sandstorm du Dj Darude, devenu un mème sur internet. Ce 9 décembre, on retrouvera les DJs Canelle Boudlekick, Lobsta B, Die Kla, Dj Kwame, Future is Offline. Faites vite, une grande partie des billets sont déjà partis.
La Darude, au Transbordeur, 3 boulevard de Stalingrad à Villeurbanne, le 9 décembre
Si vous aimez la politique, les making of journalistiques, les histoires de l’ombre… Le Radiant vous propose une pièce qui s’annonce originale et instructive. Le 14 décembre, la salle de spectacle de Caluire accueille les acteurs Thibault de Montalembert, Hélène Babu, Scali Delpeyrat et Mathilde Roehrich pour Un président ne devrait pas dire ça…
Cette pièce a été réalisée en s’appuyant sur le livre des journalistes d’investigation du quotidien Le Monde, Gérard Davet et Fabrice Lhomme. Une « fiction » très proche des échanges qu’avaient pu avoir les journalistes avec le président de la République de l’époque, François Hollande (PS).
14 décembre : Ambiance musique française et fanfare à la Rayonne
Il y aurait comme un air de nostalgie… Et d’énergie, à la Rayonne. À la mi-décembre, la nouvelle salle du CCO accueille deux groupes historiques : la Caravane passe et Debout sur le Zinc.
Le premier sera là pour fêter ses vingt ans. Connu pour son feat avec Sanseverino, T’as la touche manouche, ou pour ses associations avec R-Wan, le chanteur du groupe de rap musette Java, le groupe viendra faire danser les foules au son du swing manouche avec son sens de l’humour bien à lui. Plus romantique, très poussé musicalement, Debout sur le Zinc, alias DSLZ, jouera (notamment) l’album l’importance de l’hiver.
De quoi se réchauffer et prendre un petit coup de (vieux) « maturité ». L’auteur de ces lignes se souvient bien d’avoir vu DSLZ. C’était il y a 15 ans à peine, alors que le CCO était encore au Tonkin, rue Georges-Courteline.
13-16 décembre : La Force de la farce, comique cosmique au TNG
On ne va pas se mentir, c’est parfois délicat de pitcher des spectacles. Mais pour une fois, le TNG a fait simple pour la Force de la farce. La pièce nous plonge en 1977.
« C’est la fin du monde, Patrice veut garder une trace de l’humour. Pour lui, c’est ce que l’homme a inventé de meilleur. Une machine l’aide à enregistrer les meilleures blagues françaises. Le spectacle est très drôle. »
Précis, concis, sexy, comme on dit dans le milieu journalistique. À l’heure où l’intelligence artificielle est en train de nous dépasser, il reste un domaine où les machines sont limitées : l’humour (si vous n’en êtes pas persuadés, demandez-donc à ChatGPT de vous faire des blagues. C’est TRES drôle). Du coup, nous aussi, on ne demande qu’à en rire.
La Force de la farce, du mercredi 13 au samedi 16 décembre, aux Ateliers Presqu’île. De 5 à 22 euros.
21 et 22 décembre : Les Subs mettent des paillettes dans nos vies
Une petite soirée danse et disco avant Noël, ça vous branche (de sapin) ? La Fondation d’entreprise Hermès et les SUBS présentent, les 21 et 22 décembre, un événement collectif orchestré par et sous la direction artistique de Jonathan Drillet et Marlène Saldana. Ce nouveau projet scénique met en lumière vingt-deux étudiants ayant initié leur cursus à la rentrée scolaire 2020 au sein des écoles supérieures de danse et de théâtre partenaires.
À l’occasion d’un événement sobrement intitulé Sweat, Glitter and Moolah, le magnifique espace en bord de Saône sera investi par chanteurs et danseurs. Une émission de radio pirate est même annoncée. Un DJ set aux sonorités très « disco » est ensuite programmé à partir de 19 heures. Le vendredi, un apéro-débat reviendra sur notre rapport au travail et à la réussite. Pas de doute, au SUBS, l’hiver s’annonce Show (ok elle était facile).
Le Centre d’histoire de la résistance et de la déportation consacre une exposition à Jean Moulin, 80 ans après sa mort. Intitulée “Jean Moulin, les voies de la liberté”, elle dresse le portrait du résistant à travers les yeux de ceux qui l’ont connu ou qui ont écrit sur lui.
Sa vie sera retracée, de son enfance à sa carrière de préfet, en passant par ses années de résistance. L’occasion de découvrir des photos, vidéos et objets personnels du résistant, conservés par ses proches, mais aussi des documents d’archive prêtés au CHRD pour l’occasion.
Les journalistes du Progrès de Lyon se sont majoritairement mis en grève.Photo : DR
Ce vendredi 1er décembre, neuf journalistes du Progrès sur dix sont en grève à Lyon. Ils dénoncent un nouveau plan social, qui va toucher plusieurs agences du groupe. Le média, possédé par le Crédit Mutuel, réduit son nombre de salariés depuis une vingtaine d’années.
C’est une nouvelle coupe franche dans les effectifs, au Progrès. Ce vendredi 1er décembre, les salariés du quotidien lyonnais sont en grève. Ils dénoncent des suppressions de poste, apprises lors d’un comité social et économique (CSE).
Selon le Syndicat national des journalistes (SNJ), six postes de journalistes vont être supprimés : quatre dans le Rhône et deux dans la Loire. « À la rentrée, on nous a dit : « on donne tout pour les locales, c’est notre point fort ». En fait, on navigue à vue… », lâche un journaliste en interne.
Dans le détail : deux postes de journalistes sont supprimés dans l’Est lyonnais (Bron-Villeurbanne), un à Villefranche et un autre dans l’Ouest lyonnais. « Le service des sports se retrouve aussi à l’os (moins un poste) », commente le SNJ dans un communiqué. Seule la rédaction dite « départementale », à Lyon, serait renforcée de deux postes.
Au Progrès à Lyon, la crainte du pire
Ce plan touche également d’autres médias du groupe Ebra appartenant au Crédit Mutuel. Le Bien-Public, basé à Dijon, et le journal de Saône-et-Loire (JSL) sont également concernés. Selon le SNJ, onze postes vont être supprimés à la rédaction, dont neuf journalistes.
« La direction croit-elle sérieusement attirer de nouveaux lecteurs, sans nul autre projet que d’appauvrir la couverture médiatique d’immenses secteurs couverts par les agences ? », tacle le syndicat.
Pour le SNJ, il n’y a plus de réelle stratégie de la part de la direction depuis bien longtemps. En avril 2021, une grève, déjà très suivie, avait été menée pour récupérer des postes, perdus durant la période de la crise sanitaire.
Deux ans plus tard, ces suppressions ne passent donc pas. D’autant que la direction crée des postes, en même temps, en marketing éditorial et côté vente. « Quand il n’y aura plus de journalistes, il n’y aura plus rien à marketter », grince Vincent Lanier du SNJ. Sans journaliste sur le terrain, qui pourra couvrir les conseils municipaux ? La vie politique ? Sociale ? Économique ?
« On touche à l’ADN de notre journal en menaçant la qualité de l’information locale, veut marquer Jérôme Morin, au SNJ. On est là pour défendre ce bien public. »
Preuve de la crainte créée par le dernier CSE, le mouvement a massivement mobilisé. 91% des journalistes sont en grève dans le Rhône, mais aussi 80% dans le Jura et 50% dans l’Ain. Ces départements sont pourtant, en théorie, exclus de ce plan. Le témoignage d’une « solidarité » entre confrères, et d’une « grande préoccupation », pour Jérôme Morin.
De 300 à 235 journalistes : 20 ans de plans sociaux au Progrès
Le quotidien n’en est pas à ses premières difficultés. Depuis une dizaine d’années, les plans sociaux s’enchaînent au Progrès. En 2018, le journal avait connu un plan social en parallèle d’une stratégie « digital first », menée pour améliorer la partie « web » du journal.
La rédaction avait vu partir 60 journalistes, pour 40 embauches. Avant cela, les rachats du média par Serge Dassault (en 2005) puis par le Crédit Mutuel (en 2010) avaient également entraîné des départs.
Régulièrement, les journalistes font part de leur lassitude face à un journal qui voit ses effectifs se réduire comme peau de chagrin, sans que les journalistes aient leur mot à dire. Selon Vincent Lanier, le média comptait près de 300 journalistes au début des années 2000. Avec ce plan, on arriverait autour de 240, voire 235, titulaires.
Début novembre, l’expérimentation de Chat GPT au sein du groupe, à l’Est Républicain, avait également suscité de vives inquiétudes. La situation en interne semble loin de s’arranger.
Sans réel dispositif pour cela, les journalistes n’ont actuellement que la grève pour se faire entendre. Une rencontre avec la direction devrait avoir lieu vendredi ou en début de semaine prochaine. Côté rédaction, toutes les possibilités sont sur la table. Le vote d’une motion de défiance contre la direction n’est pas exclu.
Contactée ce vendredi, la direction du Progrès n’avait pas encore répondu à nos sollicitation au moment de la parution de cet article.
Journaliste lyonnais fan de l’Ouest, je suis à Rue89Lyon depuis 2020. Aujourd’hui associé et directeur de publication, je couvre les questions sociales mais aussi écologiques (pollutions industrielles, scandale des perfluorés). Le travail, c’est la santé, à condition que le droit soit respecté. Un œil politique sur le Rhône. Pour me laisser une info, c’est ici plemerle@rue89lyon.fr.
Alexandre Vincendet, député Les Républicains de la 7e circonscription du Rhône, ancien maire de Rillieux-la-Pape, en 2021.Photo : HH/Rue89Lyon
Alexandre Vincendet (LR), député de la 7e circonscription du Rhône, cumulait trois mandats, profitant d’un vide juridique. Le Conseil constitutionnel a mis son véto.
C’est une conclusion claire, nette, et précise. Dans une décision rendue ce vendredi 1er décembre, les neuf sages du Conseil constitutionnel ont enjoint Alexandre Vincendet, député (LR) de la 7e circonscription du Rhône, à démissionner de l’un de ses deux mandats locaux. À savoir : conseiller municipal de Rillieux-la-Pape ou conseiller Métropolitain.
Bon, quand on dit que la conclusion est claire, nette et précise, il faut quand même savoir lire entre les lignes une décision émanant de la justice administrative.
« Les dispositions contestées ne sauraient (…) être interprétées comme autorisant le cumul du mandat de député avec l’exercice simultané du mandat de conseiller de la Métropole de Lyon et de l’un des autres mandats locaux énumérés au premier alinéa de l’article L.O. 141 du code électoral [en l’espèce, celui de conseiller municipal, Ndlr] »
Point 10 de la décision du Conseil constitutionnel, 1er décembre 2023
Alexandre Vincendet ne peut pas cumuler trois mandats
Pour être plus clair, le Conseil constitutionnel a estimé qu’Alexandre Vincendet se trouvait dans une position de cumul des mandats. Or, depuis une loi entrée en vigueur en 2017, un député ne peut plus être maire. Mais ce n’est pas la seule incompatibilité. Un député ne peut pas non plus, sauf cas exceptionnel, cumuler plus d’un mandat local.
« Il appartient au député qui se trouve dans une telle situation d’incompatibilité à cette date de la faire cesser en démissionnant d’un des mandats qu’il détient au plus tard le trentième jour qui suit cette même date. À défaut d’option dans ce délai, le mandat acquis à la date la plus ancienne prend fin de plein droit. »
Point 11 de la décision du Conseil constitutionnel, 1er décembre 2023
Dans le détail, les membres du Conseil constitutionnel ont reconnu que le mandat de conseiller Métropolitain était similaire, en termes de compétence, au mandat de conseiller départemental. Or, celui-ci figure bien dans la liste des incompatibilités pour exercer plus d’un mandat local.
Quel mandat le député Vincendet va-t-il lâcher?
Si Alexandre Vincendet ne prenait aucune décision, il perdrait son mandat de conseiller municipal, le plus ancien. Un coup dur pour l’ancien maire de Rillieux ? En mai dernier, Rue89Lyon mettait en évidence son omnipotence dans son ancienne commune, au côté de l’actuel édile, Julien Smati (LR). Contacté par Rue89Lyon pour connaître sa décision, Alexandre Vincendet ne nous avait pas encore répondu à l’heure où nous écrivons ces lignes.
Pour comprendre l’imbroglio juridico-administratif, il faut savoir qu’il existait un vide juridique autour de la Métropole de Lyon, qui réunit à la fois les compétences du Département du Rhône et de l’ancienne communauté urbaine. Ce statut particulier n’apparaissait dans aucun texte juridique sur le cumul des mandats.
« Une victoire du droit »
Alexandre Vincendet considérait donc qu’il était dans son bon droit. Le Conseil constitutionnel a dit l’inverse, en émettant une réserve d’interprétation. En substance, la fonction de conseiller métropolitain n’apparaît pas dans les listes d’incompatibilités, mais, dans l’esprit de la loi, elle y est bien inscrite.
Cette question du cumul des mandats ne se posait que pour Alexandre Vincendet, dont le cas était inédit en France. En des circonstances en tous points similaires, le député de la 14e circonscription du Rhône, Idir Boumertit (LFI), avait démissionné en décembre 2022 de son mandat de conseiller Métropolitain. Sans attendre une sentence émanant de Laurent Fabius ou Alain Juppé, deux des neufs Sages.
Le Conseil constitutionnel avait été saisi d’une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) par deux élus EELV. L’un siégeant à la Métropole de Lyon, Matthieu Vieira, l’autre au conseil municipal de Rillieux-la-Pape, Yves Durieux.
Après un long parcours juridique et administratif, les deux élus ont finalement eu gain de cause. « Une victoire du droit et de l’esprit de la loi », s’est félicité Matthieu Vieira, joint par Rue89Lyon.
Détail non négligeable, une décision du Conseil constitutionnel n’est susceptible d’aucun recours. Alexandre Vincendet devra donc avoir démissionné de l’un de ses mandats au 31 décembre. Quoi qu’il en coûte politiquement.
Originaire de Lorraine, je suis arrivé à Lyon en 2020, après plusieurs années à Paris. J’ai rejoint Rue89Lyon en 2023, avec le projet de reprise en coopérative. Désormais associé et rédacteur en chef adjoint du média, je suis plutôt branché justice et mobilités. J’aime bien titiller la Région aussi, quand l’occasion se présente. Si vous avez une info ou que vous souhaitez me joindre, c’est par là : edelacote@rue89lyon.fr
Jérôme Grausi, maire de Saint-Romain-de-Jalionas, pointe le virage qui pourrait accueillir le dernier barrage sur le Rhône. Crédits : LM-B / Rue89Lyon
Un nouveau projet de barrage sur le Rhône pourrait prochainement voir le jour, entre Ain et Isère. Baptisée Rhônergia, l’infrastructure suscite déjà interrogations et controverses. La concertation publique débute, pour trois mois.
Rhônergia verra-t-il le jour? Porté par la Compagnie nationale du Rhône (CNR), ce projet de barrage-centrale hydroélectrique est à l’étude sur le fleuve roi, comme vous le racontait Rue89Lyon en octobre dernier. Entre Loyettes (Ain), et Saint-Romain-de-Jalionas (Isère), l’ouvrage permettrait de produire 140 gigawatts/heure par an d’électricité. De quoi couvrir les besoins énergétiques de 60 000 habitants.
Après des études de faisabilité menées par la CNR et Réseau de transport d’électricité (RTE), une phase de concertation préalable s’ouvre vendredi 1er décembre, pour une durée de trois mois. Elle est organisée sous l’égide de la Commission nationale du débat public (CNDP).
Pour l’État et la CNR, le projet, chiffré à 330 millions d’euros, s’inscrit dans une démarche de décarbonation de la production d’électricité et de souveraineté énergétique.
Barrage sur le Rhône : 50 ans après…
« Toutes les paroles seront les bienvenues », a souligné Jacques Archimbaud, garant CNDP du projet, dans le cadre d’une présentation de l’infrastructure à la presse, mercredi 29 novembre. Elles risquent d’être nombreuses, tant le projet de barrage-usine, à la production finalement limitée, suscite déjà des controverses.
« Dans l’esprit du gouvernement, il faut aller chercher le moindre kWh d’électricité avec les dents. Car le nouveau nucléaire ne va pas arriver tout de suite », contextualise Jacques Archimbaud.
La validation par l’État de la poursuite du projet devrait intervenir au printemps 2024. Si la construction du barrage était confirmée, l’ouvrage devrait être finalisé en 2033, soit près de 50 ans après l’inauguration du dernier barrage sur le Rhône, en 1986.
Rhônergia : un barrage inutile?
À la tête des anti-Rhônergia, on retrouve Jérôme Grausi, maire sans étiquette de Saint-Romain-de-Jalionas, l’une des communes impliquée dans la construction du barrage.
« Le gros problème de cet ouvrage, c’est beaucoup d’argent, quasiment un demi-milliard d’euros, pour très peu de puissance et avec, de notre point de vue, de gros sacrifices. »
Un argumentaire appuyé par un document signé de quatre associations écologistes : FNE AURA, l’association du Nord-Isère Lo Parvi, l’association régionale de pêche AURA et la LPO AURA. En l’état des informations disponibles, « le projet de barrage est un mauvais projet, économiquement dispendieux et au rapport efficacité énergétique/impact environnemental catastrophique », résume le communiqué.
Directeur de projet pour la Compagnie nationale du Rhône, Olivier Le Berre a indirectement répondu aux critiques, en assurant que le projet ne provoquerait qu’entre 12 et 18 hectares d’artificialisation nette, un volume jugé « faible ».
En revanche, 300 hectares de terres agricoles et une centaine d’exploitation, étalées sur 26 kilomètres, seraient impactées par les aménagements du Rhône. La CNR a également vanté l’insertion paysagère de l’ouvrage, dont l’emprise serait nettement moindre que le projet de barrage abandonné dans les années 1980 à Loyettes.
Barrage sur le Rhône : la centrale du Bugey en toile de fond
Reste que les élus locaux et associations écologistes ne sont pas les seuls à s’interroger sur les conséquences environnementales de Rhônergia. En juillet, dans une délibération présentée par l’exécutif écologiste de la Métropole de Lyon, la collectivité interrogeait « l’efficience d’un tel projet au regard de ses impacts environnementaux en matière de continuités écologiques et au niveau hydrologique ».
Questionnée sur d’éventuelles conséquences pour la centrale nucléaire du Bugey, située à quelques kilomètres en amont, la CNR a reconnu que des études devaient encore être menées avec EDF sur la compatibilité de l’ouvrage avec les deux futurs réacteurs EPR2, promis en juillet par le gouvernement.
Originaire de Lorraine, je suis arrivé à Lyon en 2020, après plusieurs années à Paris. J’ai rejoint Rue89Lyon en 2023, avec le projet de reprise en coopérative. Désormais associé et rédacteur en chef adjoint du média, je suis plutôt branché justice et mobilités. J’aime bien titiller la Région aussi, quand l’occasion se présente. Si vous avez une info ou que vous souhaitez me joindre, c’est par là : edelacote@rue89lyon.fr
Les États généraux de la presse indépendante s’organisent ce jeudi 30 novembre.Photo : Visuel FPL
Rue89Lyon participe aux États généraux de la presse libre et indépendante, ce jeudi 30 novembre, en compagnie d’une centaine d’autres médias. Suivez en direct les débats et propositions pour tenter de libérer une information de plus en plus concentrée.
Stop à la Bollorisation de l’information ! C’est, en substance, le mot d’ordre des États généraux de la presse libre et indépendante, qui se tiennent à Paris, ce jeudi 30 novembre. Magie de la modernité, l’événement est à retrouver en livestream sur Youtube (technologie américaine), à partir de 17 heures.
États généraux de la presse indépendante : un enjeu local
59 propositions seront débattues. Elles ont été formulées pour améliorer le sort de la presse française, qui fait face à une concentration toujours plus importante des médias. Elles sont à découvrir dans ce livret, réalisé avec l’aide de Claire Robert, dessinatrice et graphiste.
Entre autres propositions, ces questions seront discutées :
La refonte complète de la loi de 1986. L’objectif est par ce fait de renforcer, en les abaissant, les seuils de concentration des médias.
Interdire à tout groupe industriel dont l’activité principale n’est pas l’information de devenir l’opérateur direct d’un média.
Travailler afin que le délit de presse n’ait pas sa place devant les tribunaux de commerce. Il faut prévoir des immunités de poursuites civiles (notamment dénigrement commercial, secret des affaires, etc.) et empêcher les poursuites en référés visant à censurer avant toute publication des contenus journalistiques.
A l’échelle locale, la pression exercée sur la presse indépendante est particulièrement forte. Nos confrères de Médiacités viennent de remporter leur procès contre Hervé Legros, un bailleur social influent dans la région lyonnaise. Mais ils ont perdu de l’argent et de l’énergie dans ce procès-bâillon.
Rue89Lyon a également plusieurs fois été menacé de procès. Dernier coup de pression en date, à la suite de notre enquête sur les activités de la famille Aulas et de la société Holnest dans l’aéroportuaire.
Rue89Lyon plaide pour une juste répartition des annonces légales
Petite marotte portée par Rue89Lyon, une proposition concerne également une juste répartition des annonces légales. De nombreux médias possèdent une accréditation pour les diffuser, moyennant un certain montant. Pour rappel : notre média a attaqué la préfecture du Rhône en justice en mars de 2023 à ce sujet. Cette dernière choisit de ne donner ses annonces légales qu’à deux médias lyonnais, Le Progrès, et le Tout Lyon.
Ces annonces légales de la préfecture du Rhône, mais aussi d’autres collectivités et structures para publiques comme les bailleurs sociaux, peuvent être considérées comme des aides indirectes à la presse. Cela pourrait représenter une source de revenus non-négligeables pour des médias indépendants. C’est une inéquité qu’il s’agit, pour nous, de corriger.
Aimée, mère de famille sans-abri de Lyon, brandit la pancarte peinte par sa fille lors d’un rassemblement place Charles Hernu à Villeurbanne.Photo : L.R/Rue89Lyon
Ce jeudi 30 novembre, à 13 h 30, une mobilisation en soutien aux femmes et enfants à la rue est prévue devant les locaux de la Métropole de Lyon. Les collectifs interpellent les institutions face à des situations dramatiques.
« En France, de plus en plus de femmes qui viennent d’accoucher se retrouvent à la rue. Certaines peuvent rester à la maternité, d’autres occupent des écoles… »
Ce jeudi 30 novembre, le collectif « Solidarité entre Femmes à la Rue » appelle à un grand rassemblement devant la Métropole de Lyon, à 13h30. Soutenu, notamment, par les associations Jamais sans toit et Droit au logement (Dal 69), le collectif alerte sur plusieurs cas de retours à la rue de femmes et de nourrissons.
Dans un communiqué, il révèle qu’une femme avec ses trois enfants de « trois ans, un an et un mois » a été remis à la rue fin octobre. « Aujourd’hui, c’est au tour de Laetitia qui ne sait pas où elle dormira vendredi soir avec sa petite S. âgée de 30 jours ! Fadela a accouché dimanche et elle est déjà prévenue qu’ils devront quitter leur hôtel à Noël », écrit encore Dal 69 dans un communiqué.
Pour les collectifs, ces cas ne sont que la face émergée de l’iceberg. Nombre d’autres « invisibles » sont dans cette situation. Ils ciblent l’État, en charge de l’hébergement d’urgence, et les services de la Métropole de Lyon, en charge de la protection de l’enfance.
Au moment où les températures chutent, cette remise à la rue, pour les nourrissons, pourraient avoir des conséquences terribles. Or, des familles, hébergées dans des hôtels par la Métropole de Lyon, se sont retrouvées sans toit, en plein milieu de la trêve hivernale.
Femmes à la rue à Lyon : la suite de nombreuses expulsions
Ils attaquent également les institutions et collectivités sur des critères d’hébergement qu’ils jugent arbitraires.
« La Métropole prend en charge les femmes isolées jusqu’aux trois ans de l’enfant, mais seulement jusqu’à un mois du bébé quand elles sont en couple ! L’État applique des critères toujours plus limités au lieu d’ouvrir des places d’hébergement », s’insurge le collectif.
Depuis le 8 novembre, « Solidarité entre Femmes à la Rue », composé de près de 200 personnes, occupe le Centre culturel de la vie associative (CCVA) de Villeurbanne. Une centaine de personnes, en grande partie des femmes avec enfants, y ont trouvé un refuge pour le début de l’hiver. Cette situation fait notamment suite à de nombreuses expulsions.
Dans les témoignages récoltés par le collectif, on note la présence d’une mère de famille vivant précédemment au squat Sans-Souci, expulsé cette année. Elle n’est pas seule dans ce cas. À la suite du squat Pyramide, deux jours avant la trêve hivernale, des familles se sont également retrouvées à vivre dans les rues de Lyon.
Cette problématique est loin d’être nouvelle, mais semble empirer. En avril, Véronique Gillet, directrice régionale de la Fondartion Abbé pierre, s’inquiétait déjà dans nos colonnes.
« Ce resserrement des collectivités autour de leurs compétences est extrêmement inquiétant, affirmait-elle. On voit que la Métropole s’est engagée sur l’hospitalité mais qu’elle est un peu à bout de souffle et aujourd’hui, l’État ne prend pas le relais. Le problème c’est que le logement n’est pas défini par l’État comme une priorité politique. Mais si la Métropole se retire, c’est une rupture de parcours pour ces familles. »
En plein milieu de l’hiver, la situation ne s’est pas améliorée. Mais, avec les degrés en moins, elle pourrait vite devenir dramatique.
[Info Rue89Lyon] Depuis plusieurs mois, la prison de Lyon-Corbas ne compte plus aucun médecin au sein de son unité sanitaire. Une situation inédite d’autant plus alarmante que la maison d’arrêt fait face à une surpopulation record avec plus de 1100 détenus incarcérés.
En quinze ans de service, les psychiatres du pôle médico-psychologique régional (SMPR) de Corbas n’ont jamais vu ça. Depuis cet été, plus aucun médecin généraliste n’est en poste pour assurer le suivi des détenus. L’unité sanitaire, d’ordinaire composée de plusieurs médecins – jusqu’à six ces dernières années – rattachés aux Hospices Civils de Lyon (HCL), tourne aujourd’hui seulement avec un petit groupe d’infirmiers.
“Les soins du quotidien ne sont plus du tout réalisés. Quand on interpelle pour le cas d’un détenu, on a une réponse dans les dix, quinze jours”, raconte une psychiatre, rattachée quant à elle à l’hôpital psychiatrique du Vinatier à Lyon.
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