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« Challah la danse » de Dalya Daoud : « J’avais l’ambition de raconter une époque »

« Challah la danse » de Dalya Daoud : « J’avais l’ambition de raconter une époque »
Un point de vue sur une commune de l’Ouest lyonnais.

Co-fondatrice et ancienne rédac’ chef de Rue89Lyon, Dalya Daoud a quitté le journalisme pour la littérature fin 2022. Moins de deux ans après, son premier roman sort ce 19 août. Challah la danse (au Nouvel Attila – éditions du Seuil) raconte les histoires entremêlées d’un lotissement ouvrier dans un village des monts du Lyonnais figé dans le temps. Retour sur une ascension express avec notre ancienne patronne.

Rue89lyon : Bonjour Dalya Daoud, alors, ça fait quoi de passer de l’autre côté de la barrière?

Dalya Daoud : Tout ça est assez inattendu pour moi. Le livre bénéficie d’un soutien très important de la part de la maison d’édition, c’est une chance dans une rentrée littéraire.

J’avais envie de faire un roman depuis très longtemps mais je n’osais pas franchir le pas : il y a de trop grosses figures tutélaires qui planent au dessus du mot littérature. Le journalisme était peut-être une autre façon de raconter des histoires, en me prenant au jeu et aux exigences de l’information. On n’use pas des mêmes ressorts pour écrire une fiction et un article de presse, mais je reste le filtre par lequel passe l’histoire, avec mes points de vue et mes angles.

Dalya Daoud, auteure et co-fondatrice de Rue89Lyon. Photo Bénedicte Roscot/Seuil

Tu as arrêté le journalisme il y a moins de deux ans, et déjà un premier roman sort, c’est une ascension plutôt rapide !

Quand j’ai quitté Rue89lyon, j’imaginais que ça allait mettre du temps à fonctionner, je comptais dédier autant de temps que nécessaire, c’est à dire plusieurs voire de nombreuses années. Je suis partie avec la certitude qu’un premier manuscrit se faisait toujours rembarrer. J’avais pris des notes sur plusieurs récits, dont un conte gothique qui se déroule dans les Pentes de la Croix-Rousse. Mais Challah la danse était le projet le plus avancé.

Je me suis jetée à corps perdu dans le roman et après quinze mois d’écriture, je l’ai envoyé à Benoît Virot (Le Nouvel Attila) mi-décembre. Il m’a immédiatement encouragée et demandé le manuscrit en format word pour pouvoir l’annoter. J’étais ravie, car admirative de son travail. Il a tout compris du bouquin, de l’intention. C’est génial de se sentir soutenue pour un premier roman.

Challah la danse, chroniques d’une petite cité (ouvrière) de campagne

Comment as-tu réussi à passer le cap de la vie en rédaction, plutôt active, à une écriture très solitaire ?

Lorsque tu es toute seule face à des pages que tu noircis, tu es sans arrêt confrontée à tes propres limites. C’est un travail très dur mais j’ai été heureuse de cette solitude. Je crois que je la recherchais un peu au fond… C’est une manière méditative et intérieure de travailler. Ça me correspond très bien ! Et puis, j’ai été extrêmement soutenue par mon entourage.

Quand un éditeur s’intéresse au manuscrit, on rentre en revanche dans une seconde phase de travail. Elle a duré trois mois pour ce livre et a été hyper stimulante. En tant que redac chef, j’ai moi-même relu des centaines de textes, accompagné des journalistes dans leurs sujets, j’en ai souvent commandé et, en ça, j’ai aussi expérimenté l’édition, ou une de ses formes. Aussi n’ai-je eu aucune difficulté à discuter la pertinence de tel chapitre, à défendre tel mot plutôt qu’un autre. L’idée, c’est de trouver sa meilleure forme à l’histoire. Et ça demande encore plus d’abandon que de solidité, ce qui est très bien.

Challah la danse chronique, sur une trentaine d’années, des tranches de vie des habitants d’un lotissement ouvrier d’un village des monts du Lyonnais, pour la plupart issus de l’immigration. Un micro-quartier où Maghrébins, Portugais, Arméniens gravitent autour du Lotissement, du Village et de l’Usine, lieux érigés en archétypes. Finalement, c’est un livre sur l’identité, sur l’ennui, sur la ruralité ?

Mon ambition de départ est très modeste ! Je n’ai pas du tout cherché à écrire un livre politique ou à tenir un propos sur l’immigration, qui a finalement un côté « accidentel » dans le livre. En revanche, j’avais l’ambition de raconter une époque, des trajectoires de vies et des histoires de famille. Je voulais aussi raconter une histoire d’amitié, une « bromance rurale », notamment au travers de Bassou, l’un des personnages principaux.

L’histoire du lieu, celles de la construction de l’usine de textile jusqu’à son déclin et du lotissement ouvrier ont été la base de mes idées narratives. Le surgissement du racisme est une composante des relations, mais ça n’en est qu’une parmi d’autres.

Challah la danse : « Ces villages sont des lieux où le temps n’a pas de prise »

On devine dans certains lieux comme « Saint-Bol », « l’Arbrûle », « la vallée de la Brivonne », des endroits bien connus de l’ouest lyonnais (Lyon, en revanche, est citée) où tu as grandi. Il y a une dimension autobiographique dans ce roman ?

Il était important pour moi de ne pas utiliser les vrais noms des villages, même si le paysage des monts du Lyonnais constitue la toile de fond. Ça permet de les faire rentrer en littérature, de les ériger en symboles, en allégories. Je voulais vraiment écrire une fiction même si le roman fait écho à mon enfance.

Le décor et les personnages sont la fusion de beaucoup de choses : des souvenirs, des silhouettes de voisins, d’amis, mais aussi de personnages de romans que j’ai lus, de films gardés en mémoire.

En revanche, je ne suis personne dans le roman. Le personnage auquel je m’identifierais peut-être le plus est Bassou, traversé par pleins de sentiments contradictoires –avec la question de l’éloignement de tout, de la ville et de ce qu’elle permet, de ceux qu’il voit comme plus français que lui. J’ai fait en sorte qu’il vive d’autres choses que ce que j’ai vécu. Les histoires d’amitiés adolescentes qui se finissent mal m’intéressent beaucoup, surtout dans le contexte d’un récit rural.

Challah la danse raconte aussi l’histoire sociale d’un bourg péri-urbain type, avec sa petite usine en déclin, son bar, son église, son lotissement défraichi…

Ce sont des lieux où le temps n’a pas de prise, où les choses bougent peu. Les mêmes familles vivent là depuis des années. Lorsque je vois des ados d’aujourd’hui, j’ai l’impression de me revoir avec mes copains de l’époque. C’est un cycle infini d’histoires.

Je voulais aussi parler des ouvriers de l’usine, des gens qui me touchent énormément. Je trouve ça merveilleux de leur offrir un cadre romanesque. Je suis allée au bout des choses sans faire de compromis vis-à-vis des personnages, inspirés d’ouvriers et de paysans, auxquels je ne rends pas d’hommage alors qu’ils le méritent sans doute.

Il y a un souci du trait, du croquis, né de mon expérience journalistique. Je ne me suis pas totalement défait de ma façon de décrire. Certains de mes articles de Rue89Lyon pourraient ressembler à certains chapitres du livre : des petites histoires de petites gens, qui font en fait de vraies tragédies.

Si tu devais trouver un titre journalistique à ton roman, tu choisirais quoi?

Difficile question… Peut-être « Les chroniques du lotissement Brocard » ? Ou alors non, un truc un peu plus « fait-diversier » du type « voiture vandalisée au lotissement du village : un acte raciste ? ». Qu’est ce qu’on pourrait dire d’autre ? Ce ne serait pas assez complet mais il y a un peu de ça : « Vie et mort d’une petite usine de tissage dans les monts du Lyonnais ». Ou légèrement plus cash, pour une émission à la Strip-tease : « Être arabe dans un petit village français, trajectoires de tisseurs ».

Dans le roman, je reproduis presque à l’identique un très court article du Progrès, sur la fermeture d’une usine à la campagne en 1996. Le titre est à la fois très descriptif et très touchant : la PQR (presse quotidienne régionale) arrive très bien à marcher sur cette ligne de crête. Le ton de la chronique est souvent très juste. »

Les deux fondateurs, Laurent Burlet et Dalya Daoud (à gauche), avec les trois journalistes qui ont repris Rue89Lyon.

Challah la danse, de Dalya Daoud, au Nouvel Attila (Editions du Seuil), 256 p. 19,5 €.

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Canicule à Lyon : le guide de survie de la rédaction

Canicule à Lyon : le guide de survie de la rédaction
En pleine canicule, le bleu de la piscine de Gerland, rénovée par GL Events et renommée « LOU Piscine », donne envie d’y plonger la tête la première. Jean Rémond/Rue89Lyon

À Lyon, on ne sait jamais où se mettre en période de canicule. Comment survivre alors que les épisodes de chaleur sont de plus en plus récurrents ? Rue89Lyon s’est posé la question pour vous. Voici nos solutions de survie, élaborées et testées pendant deux canicules par les Lyonnais·es de la rédaction. N’hésitez pas à en proposer d’autres en commentaire.

Certes, lorsque l’on passe par Lyon pour rejoindre le littoral méditerranéen, la sensation d’être déjà dans le sud peut pointer le bout de son nez. Mais, en pleine canicule, les habitants de la ville et ses environs ressentent bien que la grande bleue est encore loin. Or, parfois, fuir le bitume brûlant n’est pas une option. Voilà donc quelques solutions pour survivre à la canicule à Lyon en profitant de ses espaces verts, nautiques et culturels.

Option 1 : piquer une tête

Avec la canicule, on est vite pris par l’envie de piquer un somme… Ou une tête. À Lyon, le choix de piscines est vaste. Rue89Lyon a d’ailleurs fait le point sur les équipements et les horaires de celles ouvertes cet été. On en compte déjà six de la Ville de Lyon. La liste inclut aussi celle de Gerland (Lyon 7e) renommée « LOU piscine » depuis sa prise en main par GL Event.

Cet été, trois piscines municipales, habituellement fermées en période estivale, mouillent le maillot : la piscine Saint-Exupéry (Lyon 4e), la piscine Tronchet (Lyon 6e) et la piscine Garibaldi (Lyon 3e).

Le pays des merveilles, rêvé par Aznavour dans « Emmenez-moi », existe au pluriel autour de la capitale des Gaules. Rue89Lyon vous a déjà listé une dizaine de spots agréables et accessibles en transports en commun depuis Lyon. De quoi prendre un bon bol d’air frais et d’éviter de ramener sables et graviers dans la voiture.

Option 2 : se rafraîchir près des fontaines

Se balader dans Lyon, et notamment sur la très minérale place Bellecour, sous plus de 35°C peut très vite s’apparenter à une traversée du désert. Mais, la présence d’oasis empêche de sécher sur place.

Lyon regorge de fontaines. On s’y arrête en jouant les touristes épris par la beauté de leurs sculptures et ornements pour simplement profiter de l’eau crachée à profusion. La plus célèbre d’entre elles est (sans aucun doute) la fontaine Bartholdi, installée sur la place des Terreaux (Lyon 1er) et ses quatre chevaux tirant le char triomphal de la Garonne.

Pour rester sur un style classique, citons la fontaine Saint-Jean (Lyon 5e) et la fontaine des Jacobins (Lyon 2e). Et, à moins de 200 mètres de celle-ci, on peut toujours se rabattre sur celle de la place de la République (Lyon 2e). Parmi les œuvres plus contemporaines, signalons la fontaine Lanfrey et Baud, place Antoine-Vollon (Lyon 2e) et la fontaine d’Ipoustéguy (Lyon 1er) et ses trente-cinq jets.

Plus simples, mais tout autant rafraîchissants, les jets d’eau de la place des Terreaux (Lyon 1er), face au musée des Beaux-Arts de Lyon, offrent un terrain de jeu parfait pour petits et grands. Sans oublier ceux, très verticaux, de la place Antonin-Poncet (Lyon 2e). En bref, il y a de quoi atténuer les effets de la chaleur sur les corps transpirants. Rappelons que l’eau de ces fontaines n’est évidemment pas potable.

Sur le territoire du Grand Lyon, les fontaines d’eau potable font, elles, moins de chichis. Leur emplacement est à retrouver sur le site Eau du Grand Lyon. Pour celles et ceux qui se déplacent sous-terre, on trouve aussi des fontaines à eau dans une dizaine de stations de métro du réseau TCL. À consommer sans modération pendant la canicule !

Option 3 : lézarder dans les parcs à l’ombre des arbres

Gourde d’eau et bouquins sous le bras, on se promène aussi dans les parcs jusqu’à trouver le spot idéal pour s’installer sur l’herbe (quand elle n’est pas trop sèche). Selon l’Office nationale des forêts (ONF), il fait 4 à 8 degrés de moins à l’ombre d’un platane isolé dans une cour. Les bénéfices sur le ressenti de la chaleur est donc doublement à prendre en compte dans le choix de son emplacement pour une journée au parc.

Avec ses 105 hectares de pelouses, le parc de la Tête d’Or laisse l’embarras du choix pour poser tote-bags, glacières, jeux d’enfants ou gamelles d’eau pour les canidés. Énumérons aussi, entre autre, le parc Blandan (Lyon 3e, 7e et 8e), celui de Gerland (Lyon 7e), du Vallon (Lyon 9e), celui de la Feyssine (Villeurbanne) et le parc des Hauteurs, sur la colline de Fourvière (Lyon 5e).

On respire aussi mieux au parc de Parilly, sur les communes de Bron et Vénissieux, et sur le domaine de Lacroix-Laval, à Marcy-l’Étoile.

Option 4 : se cultiver au frais dans les musées

En plein cagnard, on rase les murs. Et pourquoi pas ceux des musées où allier l’utile à l’agréable ? À Lyon, les expositions ne manquent pas.

En ce mois d’août 2024, l’institut Lumière fait rayonner jusqu’au 1er septembre une trentaine de tirages argentiques de personnalités iconiques capturées par l’œil du photographe Raymond Depardon durant l’exposition « Les Années déclic ».

Le Jardin botanique de Lyon invite à se mettre à l’ombre des forêts tropicales avec l’exposition « Forêt un jour, forêt toujours ». Une façon de découvrir, jusqu’au 29 septembre 2024, la richesse de ces écosystèmes et de sensibiliser les visiteurs à la préservation de ces écosystèmes face au réchauffement climatique et à la surexploitation humaine.

Et, quand la chaleur rôtie nos corps, on peut aussi, et seulement, se réchauffer le cœur au musée des Confluences avec l’exposition « À nos amours ». L’exposition qui a fait un carton à Lyon, dure jusqu’au 25 août. Elle analyse les phénomènes biologiques, codes culturels et multiples questions sociétales autour de l’amour.

sorties culture Lyon
Pendant les fortes chaleurs, découvrir l’exposition « À nos amours », au musée des Confluences (Lyon 2e) jusqu’au 25 août, réchauffe le coeur sans transpirer.Photo : Musée des confluences

Une liste (non exhaustive) d’idées à enrichir avec les bons plans culture du mois d’août de Rue89Lyon.

Classiques, les salles noires sont également une cachette à considérer. Mentionnons, entre autres, Le Comœdia (Lyon 7e), Lumière Bellecour (Lyon 2e), Pathé Bellecour (Lyon 2e) et UGC Ciné Cité Confluence (Lyon 2e). La plupart du temps, la clim’ fonctionne.

Option 5 : la bibli ou, dans le pire des cas, les centres commerciaux…

Amis lecteurs, n’oubliez pas les bibliothèques ! Il y a tout de même une quinzaine de points, répartis dans la ville, où il est possible de se réfugier dans un peu tous les quartiers de Lyon. Attention : les horaires d’été fluctuent. Néanmoins, la BM de la Part-Dieu, la plus grosse, reste ouverte de 13 h à 19 h du mardi au samedi (18h pour ce jour là).

Bon, dans le pire, des cas, d’autres lieux existent. En cas d’urgence, il est possible de se rendre dans les centres commerciaux (Westfield Part Dieu pour n’en citer qu’un) et grands magasins pour profiter de la climatisation.

Attention tout de même au risque de choc thermique en poussant la porte de la sortie et au retour (plus violent) à sa conscience écologique (si perdue dans le labyrinthe du consumérisme). On cherche la fraîcheur avec la climatisation, mais celle-ci participe activement au changement climatique. Les conséquences de celui-ci sont visibles dans le Rhône. Prudence donc.

Option 6 : se promener dans les bois pendant que le soleil n’y est pas

Sur l’asphalte, quand la chaleur est telle que même nos amis à quatre pattes hésitent à y poser leurs coussinets, on peut se réfugier dans les zones boisées. Les espaces autour des forts de Saint-Priest, Feyzin, Bron et Genas offrent des îlots de fraîcheur et d’histoire.

Pour celles et ceux qui veulent monter encore un peu plus haut, les monts du Lyonnais sont un refuge. Les cols de la Luère (715 m d’altitude) et de Malval (732 m d’altitude), entre Courzieu et Vaugneray, font office de terrains de jeux pour les marcheurs, les cyclistes de route et les VTTistes. Lors des balades entre pentes boisées et prairies bocagères, on profite de la vue sur Lyon et des Alpes.

Moins plaisant, on constate directement les conséquences du réchauffement climatique sur la forêt. Victimes de la hausse des températures et d’un manque d’eau, les arbres de l’ouest lyonnais sont notamment marqués par des taches rouges et meurent à petit feu chaque été. De quoi nous rappeler que la lutte contre le changement climatique est l’affaire de tous.

Voilà ce que la rédaction de Rue89Lyon avait sous le coude (bien bronzé par ce soleil) ! Et vous, quelles sont vos recommandations ? N’hésitez pas à les partager en commentaires.

Mais pourquoi la Fête des Lumières n’aurait pas dû être le 8 décembre ?

Mais pourquoi la Fête des Lumières n’aurait pas dû être le 8 décembre ?
Carte postale de la Fête des Lumières, vers 1910.

[Série – Mais pourquoi c’est lyonnais ?] La légende raconte que les Lyonnais auraient illuminé la ville un 8 décembre pour remercier la Vierge Marie de les avoir sauvés de la peste. L’histoire comprend un (tout petit) fond de vérité mais mélange plusieurs dates et évènements différents. On retire le fil de cette tradition catholique devenue le festival incontournable de la Fête des Lumières à Lyon.

C’est sans doute l’évènement lyonnais le plus connu dans le monde entier. La Fête des Lumières réunit chaque année plusieurs millions de personnes, dont de nombreux touristes étrangers, dans les rues de Lyon. Si la date officielle est le 8 décembre, les festivités s’étalent depuis plusieurs décennies sur trois à quatre jours. La « Fête » est devenue un véritable festival.

Touristique, artistique, et, il faut l’avouer, mercantile, cette célébration trouve ses racines dans une cérémonie catholique en l’honneur de la vierge Marie. Pour nombre de Lyonnais, l’histoire de l’évènement est un peu floue : la légende raconte que la Sainte aurait protégé la ville de la peste au XVIe siècle, ce qui aurait mené à la tenue de cette fête annuelle.

En remerciement, les habitants de la ville allument des petits lumignons qu’ils disposent à leurs fenêtres. Une tradition qui s’est étendue aussi dans la région lyonnaise. Mais en réalité, la véritable origine du 8 décembre n’est pas si vieille.

En 1852, un premier 8 décembre contre vents et marées

La toute première célébration de la « Fête des Lumières » – qui n’était pas nommée ainsi à l’époque – remonte à 1852. Alors que le culte de la vierge Marie est particulièrement prégnant à Lyon, le diocèse prévoit d’inaugurer une gigantesque statue dorée de la sainte sur le clocher d’une chapelle à Fourvière. La cérémonie est initialement prévue le 8 septembre, date important du calendrier catholique, correspondant à la célébration de la nativité de la vierge Marie.

Les éléments en décident autrement. La Saône entre en crue et les ateliers du fondeur, en charge de la conception de la statue, sont sous les eaux. L’artisan ne peut achever son travail qu’au mois de novembre. Une nouvelle date est choisie : le 8 décembre, autre date du culte marial, la fête de l’Immaculée conception.

Un programme chargé est prévu pour cette journée : processions, messes, bénédiction de la statue avant le clou du spectacle le soir. Les autorités religieuses prévoient des feux de Bengale à Fourvière pour illuminer la statue, d’allumer des lampions et de tirer des artifices depuis la colline. Les habitants de Lyon sont prévenus par des messages diffusés dans toute la ville et beaucoup se munissent de lumignons qu’ils disposeront à leur fenêtre.

Sauf que les éléments viennent à nouveau perturber le programme. Des orages éclatent dans l’après-midi et le diocèse décide de reporter les illuminations au 12 décembre. La population lyonnaise allume tout de même ses lumignons et les autorités religieuses finissent par suivre le mouvement.

« L’indocilité » d’une partie des fidèles lyonnais servira ensuite à alimenter la légende du 8 décembre et faire perdurer cette célébration dans le temps, selon le politologue Philippe Dujardin, auteur de l’article Lyon l’allumée. De l’illumination du 8 décembre à la Fête des Lumières, avatars d’un rituel urbain.

« Sans le culte marial fixé à Fourvière depuis le XIIe-XIIIe siècle, le 8 décembre de 1852 n’aurait pas produit cet effet et n’aurait pas eu cette longévité », assure-t-il.

Derrière la Fête des Lumières, une confusion entre la peste et le choléra

L’origine réelle retrouvée, reste à éclaircir cette histoire de peste. « Le socle de la statue atteste de la protection de la Vierge lors de différentes épidémies : non pas celles de la peste, comme le voudrait l’insistant « on-dit » lyonnais, mais celles du choléra qui menacent encore le nord et le sud de l’Europe dans les années 1830-1850 », explique Philippe Dujardin.

Il faut remonter à 1643 pour comprendre. Cette année-là, les échevins formulent un vœu et demandent à Marie de protéger la ville de la peste. C’est le premier « vœu des échevins », autre tradition religieuse lyonnaise qui a lieu tous les 8 septembre. Les dignitaires s’engagent auprès de la sainte à monter à Fourvière chaque année pour lui offrir un cierge de sept livres et un écu d’or contre sa protection. C’est donc la confusion entre deux traditions, celle du vœu des échevins et des illuminations, qui a laissé des traces dans l’imaginaire commun lyonnais.

Un 8 décembre très politique

Mais si le vœu des échevins avait dès le départ vocation à être annuel, ce n’était le cas de l’inauguration et des illuminations de 1852. La tradition a perduré de manière étonnante les années suivantes. « De cette entrée en tradition, on peut soutenir le paradoxe qu’elle fut quasi immédiate », écrit Philippe Dujardin. Il aurait fallu seulement trois éditions pour pérenniser le 8 décembre, selon les sources journalistiques de l’époque.

Très vite, l’évènement est investi par le champ politique de tous bords, alors que la France est dans une période d’intense instabilité politique, entre la fin de la Deuxième République et l’émergence du Second Empire, entre lesquelles subsistent les velléités monarchiques. Anti-cléricaux et catholiques s’opposent dans des manifestations chaque année à Lyon.

Avec un point culminant en 1903 : un catholique, Étienne Boisson, décède dans des affrontements. Il faut attendre 1905, et la loi de séparation entre l’Église et l’État pour que les tensions s’apaisent. « Cette conflictualité disparaît dans l’entre deux-guerres », résume Philippe Dujardin.

La période du 8 décembre devient alors une opportunité pour les commerçants du centre-ville, qui illuminent leurs vitrines et commencent à rendre l’évènement mercantile.

Arrêté 8 décembre 1903 interdisant les pèlerinages et manifestations sur la voie publique les 6,7 et 8 décembre 1903, signé par le maire Victor Augagneur.Photo : Archives municipales de Lyon

Du 8 décembre à la Fête des Lumières

Cérémonie religieuse, le 8 décembre est investi par la municipalité lyonnaise à la fin du XXe siècle. Des années 70 à 90, l’évènement sert d’appui aux politiques pour mettre aussi en scène leurs réalisations dans la ville. « Se sont ainsi succédé les inaugurations du tunnel de Fourvière (1971), de l’éclairage du dôme de l’Hôtel de ville (1972), de la rue Saint Jean piétonnisée (1978), de la place Louis
Pradel (1982), (…) de la place des Terreaux rénovée (1994) », donne pour exemples Philippe Dujardin.

Un moment fondateur est sans doute l’année 1989. Le maire de Lyon Michel Noir décide d’illuminer plusieurs ponts et lieux de Lyon à l’occasion du 8 décembre pour présenter son « plan lumière ». Ce plan a pour vocation de mettre en valeur le patrimoine du centre-ville, par l’éclairage, pas seulement le 8 décembre. Cette politique donne un nouveau rayonnement à la ville, qui devient connue au-delà de ses frontières pour ses illuminations.

Surtout concentrée sur la colline de Fourvière et de la Presqu’île, le 8 décembre commence à changer de forme. Au début des années 1990, la municipalité tente de faire sortir la fête du centre-ville et propose que chaque arrondissement l’organise à tour de rôle. Une expérimentation assez vite abandonnée.

L’idée a cependant perduré : la municipalité écologiste à la tête de la ville depuis 2020 tente de nouveau de faire sortir la Fête du centre-ville en proposant des illuminations dans tous les arrondissements. Un moyen de rendre le festival plus populaire, mais pas seulement.

« La Fête des Lumières a vocation à attirer des touristes et l’espace de ce festival doit répondre aux exigences de déambulation et de circulation de ces touristes, analyse Philippe Dujardin. Ils ne peuvent se satisfaire de la montée à Fourvière c’est pour cela qu’on en arrive jusqu’au parc Blandan ou au parc de la Tête d’Or. »

Pour atteindre le succès touristique actuel, il a fallu attendre 1999. Le maire Raymond Barre acte un changement significatif : de fête, le 8 décembre devient festival, en s’étalant sur 4 jours. Il faut attendre ensuite l’élection de Gérard Collomb en 2001 pour que le nom de « Fête des Lumières » apparaisse.

De l’esprit du 8 décembre initial, il ne reste que la montée aux flambeaux organisé par le Diocèse de Lyon chaque année, que l’extrême droite identitaire tente de s’approprier. « Par définition, une grande manifestation publique se prête à l’appropriation par différents types d’acteurs », explique Philippe Dujardin. L’histoire du 8 décembre n’a pas fini de s’écrire.

Après les tensions, un bâtiment pour femmes sans-abri promis par la Ville de Lyon

Après les tensions, un bâtiment pour femmes sans-abri promis par la Ville de Lyon
Si elle voit le jour, la solution de logement proposée par la Ville de Lyon pourrait accueillir une soixantaine de personnes sans-abri issues du collectif Solidarité entre femmes à la rue, qui compte 200 femmes. Environ 70 d’entre elles occupent un immeuble du quai Arloing à Vaise (Lyon 9e) depuis vendredi 19 juillet. ©JM/Rue89Lyon

Le collectif Solidarité entre femmes à la rue appelle à une manifestation ce mercredi 14 août à 17 h. Face à l’urgence connue par nombre de mères de famille, la Ville de Lyon pourrait offrir une solution temporaire de logement à une soixantaine de personnes sans-abri. Mais, en pleine période estivale, le projet traine et pourrait trainer encore. Explications.

Les relations semblent se réchauffer (légèrement) entre la Ville de Lyon et les collectifs d’aide au logement. Début juin, la Ville de Lyon a soumis au collectif la proposition d’ouvrir pendant un an un nouveau lieu d’hébergement d’urgence pour une soixantaine de ses membres.

Le loyer estimé à 30 000 euros, selon Sandrine Runel (PS), et les travaux seront pris en charge par la collectivité. L’idée du lieu ne sort pas du chapeau de la nouvelle députée, qui assure toujours le rôle d’adjointe aux Solidarités à la Ville de Lyon : « On a répertorié plusieurs pistes de bâtiments vacants à la Ville de Lyon qu’on lui a soumise », tient à préciser Camille, membre du collectif Solidarité entre femmes à la rue.

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« Les gars ne sont pas des machines » : en pleine canicule, le BTP se met à l’ombre à Lyon

« Les gars ne sont pas des machines » : en pleine canicule, le BTP se met à l’ombre à Lyon
Les salariés du BTP peuvent désormais se mettre en chômage technique intempéries pour cause de canicule, en vertu d’un décret gouvernemental du 28 juin et selon des conditions particulières.

La canicule est reconnue comme motif de chômage intempéries dans le secteur du bâtiment et travaux publics (BTP), en vertu d’un décret gouvernemental du 28 juin. À Lyon, les employés du BTP ont continué à travailler en extérieur durant l’épisode caniculaire du 29 juillet au 2 août, mais avec des conditions de travail adaptées. Rebelote pour cette semaine : un nouvel épisode caniculaire touche le Rhône jusqu’au 13 août, au moins.

« L’après-midi, c’est plus lourd que le matin : on préfère descendre les escaliers que les monter », admet Alex, maçon coffreur de 33 ans, sur un chantier de construction de 177 logements à Vénissieux. En période de canicule, le travail physique en extérieur est particulièrement harassant pour les salariés du bâtiment et travaux publics (BTP).

Alors que le Rhône et Lyon sont placés en vigilance orange canicule du 10 août jusqu’au mercredi 13 août, au moins, la ville a déjà connu un épisode caniculaire. La première vague de chaleur de l’été 2024 a eu lieu du 29 juillet au 2 août, selon Météo-France. À Lyon, le mercure est monté jusqu’à 38,1°C le 30 juillet.

Bien que les périodes caniculaires soient de plus en plus récurrentes, les employés du BTP, comme Alex, n’avaient jusqu’alors pas la possibilité de se mettre en chômage intempéries. Cette éventualité est maintenant envisageable puisqu’un décret gouvernemental du 28 juin reconnaît la canicule comme motif du régime de chômage intempéries dans le secteur du BTP.

Concrètement, le régime de chômage intempéries canicule peut-être activé par l’employeur quand Météo-France émet une alerte de vigilance canicule orange ou rouge d’au moins trois jours et trois nuits. Une fois l’arrêt de chantier déclaré, les salariés sont indemnisés à partir du deuxième jour, à hauteur de 75 % de leur salaire brut.

Le financement de la mesure est assuré par les cotisations intempéries versées par les entreprises du BTP à une caisse nationale de surcompensation, comme c’est déjà le cas des indemnités liées aux autres intempéries. La neige, le gel, le verglas, la pluie et le vent fort valent déjà comme motifs depuis les années 1950.

Chômage canicule à Lyon : une première pierre à l’édifice pour le BTP

L’une des forces bâtisseuses de ce décret est la CGT. La prise en compte de la canicule est, depuis 2018, un des chevaux de bataille du syndicat qui a interpellé plusieurs fois la Fédération nationale des travaux publics (FNTP). « C’est déjà ça, mais ça ne demande qu’à être amélioré », réagit Jacky Abada, électricien de métier sous sa casquette d’administrateur de l’UD CGT69.

Les pics de chaleur ponctuels, équivalents à une vigilance canicule jaune de Météo-France, ne sont pas pris en compte par la mesure. Pour lui, « c’est la température mesurée sur le chantier qui devrait être prise en compte pour en définir l’arrêt ».

À Vénissieux, Alex et ses collègues du groupe Mazaud ont continué à poser des poutres et porter des panneaux en plein soleil malgré un mercure qui a avoisiné les 37-38°C. Des chiffres qui vont bien au-delà de la mise en garde de certains organismes de la santé au travail. L’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) alerte qu’au-dessus de 28°C, pour un travail physique, la chaleur peut représenter un risque pour la santé des travailleurs.

Sur le chantier de L’Archipel, à Vénissieux, la plupart des ouvriers ont travaillé en plein soleil pour avancer le gros œuvre durant l’épisode caniculaire.
Sur le chantier de L’Archipel, à Vénissieux, la plupart des ouvriers ont travaillé en plein soleil pour avancer le gros œuvre durant l’épisode caniculaire.Photo : Justine Machado

« On n’a pas renvoyé les gars chez eux parce qu’on ne maîtrise pas encore bien le mécanisme de justification avec les bulletins de Météo-France de vigilance canicule », justifie Lucas Sellier, conducteur de travaux pour le groupe Mazaud.

Mais l’absence de notice pour la partie administrative ne l’a pas empêché de recourir au régime de chômage intempéries canicule pour justifier une perte de production auprès de son client Quartus, le promoteur immobilier du projet L’Archipel. « Là, c’était trois jours de canicule déclarables et je les ai déclarés les trois du mardi 30 juillet au jeudi 1er août », précise-t-il.

À défaut d’être à l’arrêt, la production a tourné « autour de 60 % », estime après-coup Lucas Sellier. Outre la question du rendement, le décret est, selon lui, un outil pour faire changer les mentalités : « Ça permet de faire comprendre au client que les gars ne sont pas que des machines et qu’il faut qu’on puisse travailler dans de bonnes conditions. »

Dans le BTP, adapter les mentalités face à la canicule

Barbara Knoell, coordinatrice sécurité protection de la santé pour l’entreprise Socotec, a commencé à évoquer en juillet le sujet de la canicule en réunions de chantier. Lors de ses échanges avec les équipes, elle a constaté des avancées sur la prise en compte des températures extrêmes par les employeurs. « Avant, le phénomène de chaleur n’était pas forcément considéré comme une vraie contrainte sur un chantier. Maintenant on n’a pas besoin de le rappeler aux entreprises, observe-t-elle. Elles le prennent elles-mêmes en compte et adaptent les travaux et les journées en fonction. »

Et le panel de solutions proposées est large. « L’aménagement des horaires, l’installation de tonnelles et parasols sur des points fixes, le renouvellement des gourdes d’eau et la mise en place de points d’eau à proximité sont les plus pratiquées », fait remonter Barbara Knoell.

Sur le site de L’Archipel, à Vénissieux, les journées ont commencé plus tôt que d’habitude pour certaines équipes. Walid et Opeyemi, tous deux électriciens du sous-traitant CNE pour le lot électricité, ont pris leur poste à 6 h 30, au lieu de 7 h, avec une pause déjeuner d’une demi-heure plutôt qu’une heure pour partir vers 15 h. Walid s’est plié à la décision de la journée continue, même s’il a ses réserves : « Quand on commence à 6 h 30 ça coupe le sommeil mais comme on prend la décision en équipe, il n’y a pas trop le choix. »

La bonne relation entre le chef de chantier et ses équipes est essentielle pour que chacun vive au mieux la vague de chaleur. Alex peut compter sur la compréhension de Jean-Hervé : « Si on ne se sent pas bien, il va nous dire d’aller boire cinq minutes. Il n’y a pas de soucis là-dessus. »

À Vénissieux, sur le chantier de L’Archipel, certaines équipes du groupe Mazaud ont travaillé en journées continues (6 h 30 - 15 h) pendant la canicule du 29 juillet au 2 août.
À Vénissieux, sur le chantier de L’Archipel, certaines équipes du groupe Mazaud ont travaillé en journée continue (6 h 30 – 15 h) pendant la canicule du 29 juillet au 2 août. Photo : Justine Machado

Dans le BTP, 32 857 arrêts intempéries en Auvergne-Rhône-Alpes

Les entreprises s’adaptent et trouvent des solutions pour assurer la sécurité et le bien-être de leurs employés. Mais dans le Rhône combien de salariés ont décidé de recourir au régime de chômage intempéries canicule ? La question reste en suspens. Interrogée par Rue89Lyon, l’Inspection du travail n’a pas fourni d’éléments de réponse.

« Quand il y a des intempéries, on constate que les entreprises utilisent le dispositif. Il n’y a pas de raison qu’ils ne l’utilisent pas pour la canicule », projette Magalie Sanchez, sous-directrice tarification et pilotage des risques professionnels de la caisse d’assurance retraite et de la santé au travail (Carsat) Rhône-Alpes. En Auvergne-Rhône-Alpes, la caisse de congés intempéries BTP (CIBTP) a comptabilisé 32 857 arrêts intempéries pour la période 2021-2022.

Sans pouvoir nommer l’entreprise concernée, Barbara Knoell rapporte un cas dont elle a eu récemment connaissance : « Le motif canicule a été pris en compte pendant une journée sur un chantier de réhabilitation de toiture d’un entrepôt. Il faisait vraiment trop chaud donc les gars sont descendus de la toiture. »

Mais avec un salaire moyen net inférieur à 2 000 euros pour les ouvriers, le milieu du BTP reste rude. Perdre 25 % de salaire est impensable pour certains. « Je préfère travailler au soleil que ne pas avoir un salaire entier », affirme Mounir, 40 ans, sur le chantier de L’Archipel. Même si l’électricien a trouvé que « ce n’était pas plus dur physiquement que d’habitude », il a apprécié le rythme des journées continues lors de la canicule.

Canicule à Lyon : le chômage intempéries ne profite pas à tous dans le BTP

Tous les métiers du secteur du bâtiment ne sont pas concernés par la mesure. Parmi eux, les plombiers chauffagistes qui travaillent en intérieur à la pose de ventilation, de chauffage central, de climatisation ou d’isolation. Eddy, 43 ans, est l’un d’eux. Il fait partie des employés de l’entreprise Clévia Centre-Est, une filiale du mastodonte Eiffage, mobilisés sur le chantier de la bibliothèque métropolitaine de Clermont-Ferrand.

« On a continué à travailler pendant la canicule. Quand il y a des travaux de force, on essaie de les faire au maximum le matin. On a un chef de chantier qui est attentif à la santé et la sécurité des collègues, ce qui n’est pas le cas de tous », fait-il savoir en tant que délégué syndical CGT Clévia Centre-Est.

Lorsqu’ils le jugent nécessaire, ses collègues du secteur du BTP et lui peuvent néanmoins s’en remettre au droit de retrait pour danger grave et imminent, conformément aux dispositions du Code du travail.

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Pentes, stationnement, canicule : Lyon peut-elle vraiment devenir une capitale du vélo?

Pentes, stationnement, canicule : Lyon peut-elle vraiment devenir une capitale du vélo?
Dans la montée du chemin-neuf, la pente atteint 12% par endroit

L’expérimentation de la montée du Chemin-Neuf sans voiture doit débuter lundi 12 août. Objet de tous les fantasmes politiques et médiatiques à Lyon, le vélo est en train de se frayer une place de choix dans la capitale des Gaules, notamment grâce aux Voies lyonnaises. Mais il reste quelques écueils à surmonter pour vraiment développer sa pratique.

C’est le point d’orgue d’une énième polémique concernant le vélo à Lyon. À partir de ce lundi 12 août, la montée du Chemin-Neuf, entre Saint-Just et le Vieux-Lyon (5e arrondissement) sera interdite à la circulation automobile, pour une expérimentation de neuf mois. L’objectif est de sécuriser un tronçon de la Voie lyonnaise 12, l’un des itinéraires sécurisés et dédiés au vélo devant relier Bron à Vaise en passant par le quartier Saint-Just à l’horizon 2030.

Si des dérogations ont été annoncées pour les riverains et véhicules de secours, la fermeture d’un axe automobile entre le plateau de Fourvière et le centre-ville, annoncé en mars dernier, a suscité de vives réactions, et pas seulement parmi les habituels contempteurs des deux-roues.

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#Voies lyonnaises

Au parc de la Tête d’or, l’acroyoga prend son envol

Au parc de la Tête d’or, l’acroyoga prend son envol
Presque chaque soir de la semaine, lors des beaux jours, le parc de la Tête d’or devient un lieu de pratique de l’acroyoga.

[Série | Sport dans la ville] Du printemps à l’automne, la communauté acroyoga se rejoint toujours dans le même coin du parc de la Tête d’or. Au croisement du yoga et de l’acrosport, la discipline compte de plus en plus d’adeptes à Lyon, ce qui les a poussés à s’organiser.

Au parc de la Tête d’or en été, les larges pelouses accueillent quotidiennement sports de raquettes, de ballon, et même des parties de molky pour les plus bobos. Si vous traînez près de la roseraie, à quelques mètres de l’enclos des girafes, vous pourrez apercevoir quelques enhardis s’essayer à des acrobaties. Depuis une petite dizaine d’années, des « acroyogis » se retrouvent ici pour pratiquer une discipline à la croisée du yoga, du cirque et de la gymnastique : l’acroyoga.

« Il y a de l’ombre, on est proches des deux grosses entrées du parc, le terrain est plat, c’est beau et les gens trouvent facilement le lieu », résume Julie, qui fait de l’acroyoga à Lyon depuis 2018. En cette chaude après-midi d’août, une vingtaine de personnes se sont retrouvées pour « jouer », à deux, trois ou quatre personnes.

L’ambiance est bon enfant. Les mines sont tantôt concentrées pour réussir à enchaîner les figures – le « flow » comme les acroyogis l’appellent – tantôt amusés face aux essais ratés des uns et des autres.

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À Lyon, une manifestation pour défendre la justice des mineurs

À Lyon, une manifestation pour défendre la justice des mineurs
La direction de la protection judiciaire de la jeunesse (DPJJ) est une des cinq directions du ministère de la Justice

L’intersyndicale de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) appelle à une manifestation, jeudi 8 août, à partir de 10h. Le rassemblement se tiendra devant la direction interrégionale de la PJJ dans le 3ème arrondissement de Lyon.

L’intersyndicale (SNPES, CGT, UNSA et CFDT) de la Protection judiciaire de la jeunesse (PFF) appelle à une manifestation à Lyon pour protester contre « les coupes budgétaires et l’amateurisme politique » qui touchent la justice des mineurs. Rendez-vous est donné, jeudi 8 août, de 10h à 17h30, devant le siège de la direction interrégionale de la PJJ, (75 rue de la Villette, Lyon 3e).

Une manifestation à Lyon contre un « plan social sans précédent »

Dans un communiqué, l’intersyndicale explique que, le 31 juillet dernier, l’ensemble des organisations syndicales ainsi que les directions interrégionales ont été convoquées par la direction de la PJJ (DPJJ).

La directrice, Caroline Nisand, a selon les syndicats, annoncé une « restriction budgétaire et le non renouvellement de poste de contractuel·les ». Selon l’intersyndicale, ce « plan social sans précédent » ciblerait entre 240 et 480 contrats de personnels en France.

Une décision incompréhensible pour l’intersyndicale qui s’inquiète de la « mise en danger immédiate des institutions » et des conséquences sur la qualité de prise en charge des mineurs.

La DPJJ, une des directions du ministère de la Justice, est chargée de l’organisation de la justice des mineurs. Elle vise l’insertion et l’éducation des mineurs en conflit avec la loi mais aussi la protection des mineurs en danger.

Les syndicats de la justice des mineurs dénoncent le manque d’anticipation de leur direction

Selon les syndicats, ce sont entre 1,6 et 1,8 millions d’euros d’économies qui ont été demandées par la direction. Pour justifier ce « serrage de ceinture » la directrice a, d’après l’intersyndicale, mentionné des facteurs qui, n’ayant pas pu être anticipés, ont impacté le budget 2024 de la PJJ. Parmi eux, le décret publié le février 2024 actant les coupes budgétaires de 10 milliards d’euros voulues par le gouvernement.

Dans la liste de toutes ces « annulations de crédits », la Protection judiciaire de la jeunesse est amputée de plus de 700 000 euros. Une somme qui reste faible par rapport au budget global de 950 millions d’euros alloué pour 2024 à cette direction ministérielle.

Pour l’intersyndicale, les arguments fournis par la directrice restent « douteux ». Ces demandes d’efforts budgétaires sont d’autant plus décriés que les syndicats estiment qu’ils relèvent d’un manque d’anticipation de la part de la direction.

Cette décision survient en outre dans un contexte politique flou depuis la dissolution de l’Assemblée nationale le 9 juin dernier et le maintien en place d’un « gouvernement des affaires courantes ».

L’intersyndicale dirige aussi ses critiques envers le gouvernement qu’elle accuse d’avoir « alimenté une campagne démagogique concernant la justice des enfants ». Le 18 avril, Gabriel Attal, Premier ministre, avait annoncé une séries de mesures s’attaquant à la « violence des jeunes » et destinées à « restaurer l’autorité ».

Contrat d’engagement républicain : la justice donne tort à Laurent Wauquiez

Contrat d’engagement républicain : la justice donne tort à Laurent Wauquiez
Le siège de la région Auvergne-Rhône-Alpes, à Lyon.

En 2022, la Région Auvergne Rhône-Alpes a voulu durcir les conditions du Contrat d’engagement républicain (CER) signé par les associations subventionnées, en empêchant les tenues « traduisant une forme de prosélytisme religieux » dans les équipements publics. Le tribunal administratif de Lyon a estimé que la collectivité dirigée par Laurent Wauquiez (LR) n’était « pas compétente » pour faire cette modification.

À vouloir être être plus laïque que la République, on se fait reprendre par la justice. En mars 2022, l’assemblée plénière de la Région Auvergne-Rhône-Alpes a voté l’adoption du Contrat d’engagement républicain (CER) en y rajoutant une clause. Mercredi 24 juillet 2024, le tribunal administratif de Lyon, saisi par la Ligue des droits de l’homme (LDH), a contraint la Région à retirer cette modification.

Le CER, mis en place en 2021 par l’État, est signé par les associations et conditionne l’octroi de subventions au respect du « caractère laïque et des principes de la République ». La Région Auvergne-Rhône-Alpes, dirigée par Laurent Wauquiez (LR), avait voulu ajouter son grain de sel à ce texte déjà controversé.

Dans l’engagement n°1, la modification suivante avait été apportée : « [Le contrat] interdit le port de tenues vestimentaires traduisant une quelconque forme de prosélytisme religieux dans un équipement public, à l’exception des représentants des cultes ». Cette modification aurait contraint l’ensemble des usagers de l’équipement à ne pas afficher de signes religieux, adoptant une lecture très droitière du principe de laïcité, ciblant plus particulièrement les femmes voilées.

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Pollution aux perfluorés à Lyon : le tribunal ordonne des expertises indépendantes

Pollution aux perfluorés à Lyon : le tribunal ordonne des expertises indépendantes
Des militants lors d’une action contre Arkema à Pierre-Bénite, le 2 mars dernier.

La justice vient d’ordonner des expertises indépendantes pour mesurer l’étendue de la pollution aux perfluorés à Lyon, dans la vallée de la chimie. La Métropole avait attaqué les industriels Arkema et Daikin en justice en mars 2024.

C’est une (petite) victoire environnementale, et un succès politique pour l’exécutif écologiste à la tête de la Métropole de Lyon. La justice vient d’ordonner la tenue d’expertises indépendantes pour mesurer l’ampleur de la pollution aux perfluorés dans la vallée de la chimie, au sud de l’agglomération. Surtout, ces analyses doivent servir à identifier plus clairement la responsabilité des géants de la chimie Arkema et Daikin dans ces pollutions.

Cette décision fait suite à l’assignation devant la justice des deux industriels par la Métropole de Lyon, en mars dernier, dans une procédure dite de référé-expertise. Objectif : accélérer la réalisation d’une évaluation judiciaire pour mieux connaître la portée de la pollution aux perfluorés. Le collège d’experts désigné par le juge des référés aura jusqu’à la fin de l’année 2025 pour rendre son rapport.

Pollution aux perfluorés à Lyon : un impact majeur pour les habitants

Pour rappel, Arkema et Daikin, installés à Pierre-Bénite utilisent pour leurs productions des perfluorés (aussi appelés Pfas), des polluants éternels quasiment impossible à éliminer des sols. Au sud de Lyon, ces composés, pour certains employés depuis plus de 60 ans, ont des conséquences lourdes sur la vie locale. Si Arkema a promis d’arrêter leur production en 2024 (2027 pour Daikin), les conséquences de l’implantation de ces substances dans l’eau et la terre sont durables.

La consommation de fruits et légumes et œufs domestiques est déconseillée dans le secteur d’Oullins-Pierre-Bénite, de même qu’à Saint-Genis-Laval ou encore Irigny. La pêche est également déconseillée au sud de Lyon.

Dans leur plaidoirie, le 27 mai dernier, les avocats de la Métropole de Lyon et de la régie publique avaient mis en avant la défense de l’intérêt public pour justifier la procédure. « Il faut une expertise indépendante sur les rejets actuels, mais aussi sur les rejets historiques de Daikin et Arkema », avait défendu Me Quentin Untermaier, l’un des deux avocats de la Métropole.

La dépollution de l’eau aux frais des industriels?

« La concentration en Pfas en aval du site de Pierre-Bénite sont parmi les plus élevés à l’échelle mondiale. Les études et mesures effectuées depuis 2022 par Arkema sont sans intérêts au regard des rejets passés (de l’entreprise) pour mesurer étendue pollution champ captant », a encore martelé Me Untermaier.

Concrètement, le champ captant de Chasse-Ternay, qui alimente 200 000 personnes en eau potable, est au centre des préoccupations. En 2023, la collectivité avait dépensé plusieurs centaines de milliers d’euros dans une vaste opération de dépollution, alors que 19 commune du sud et de l’ouest de Lyon connaissent des concentrations en Pfas supérieures aux normes européennes.

Un surcoût que la Métropole et la régie publique en charge de la gestion de l’eau espèrent encore se faire rembourser, sur le principe du pollueur-payeur. Mais ce sera l’objet d’une seconde étape du processus juridique.

Pollution aux perfluorés à Lyon : un scandale local à la résonance nationale

« Le coût des solutions pour traiter la pollution aux polluants éternels va être supporté par les usagers
si le principe pollueur-payeur ne s’applique pas. La responsabilité financière des industriels doit être
engagée », espère Guy Martinet, président du Syndicat mixte d’eau potable Rhône Sud.

Bruno Bernard a également frontalement attaqué les géants de la vallée de la chimie : « La mobilisation de la science doit permettre à des experts indépendants de se prononcer sur les responsabilités exactes d’Arkema et de Daikin comme sur les préjudices subis par nos collectivités », a réagi le président de la Métropole dans un communiqué.

Les pollutions aux perfluorés sont devenus un enjeu majeur de santé public depuis les révélations du média Vert de Rage en 2022. Depuis, de nombreux collectifs et actions se sont montées à l’échelle locale, alors que les Pfas sont devenus un enjeu national. Début juillet, huit militants qui avaient pénétré illégalement dans l’enceinte d’Arkema, un site classé Seveso seuil haut, ont été relaxé au titre de la liberté d’expression. Un jugement dont le parquet de Lyon a fait appel.

Arkema et Daikin n’en ont pas fini avec la justice lyonnaise

Le 26 mai dernier, une manifestation, la première du genre, s’était tenue à Oullins-Pierre-Bénite, contre les Pfas. 700 personnes s’étaient réunies en espérant mobiliser plus largement autour d’un enjeu sanitaire qui a pris une ampleur nationale depuis que l’Assemblée a voté une proposition de loi contre l’utilisation des Pfas dans certains secteurs (hors ustensiles de cuisine), dont l’application risque d’être rebattue par la dissolution.

Arkema et Daikin n’en n’ont pas fini avec la justice française. Début avril, des perquisitions ont eu lieu sur les sites de Pierre-Bénite, dans le cadre d’une enquête ouverte après une plainte de Jérôme Moroge, actuel maire d’Oullins-Pierre-Bénite, pour mise en danger de la vie d’autrui.

Enfin, le 20 juin, l’extension de l’usine Daikin a été suspendue par le tribunal administratif de Lyon. Le géant japonais voulait installer une nouvelle unité de production utilisant… des Pfas.