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1er Mai à Lyon : l’unité dans la rue, en espérant celle aux législatives

La manifestation du 1er Mai a rassemblé entre 4000 et 6000 personnes cette année à Lyon. Les mots d’ordre étaient variés (retraites, pouvoir d’achat, solidarité internationale…) et sous-tendus par l’espoir palpable d’une union de la gauche pour les élections législatives à venir. Récit.

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1er mai Lyon intersyndicale

Entre 4000 et 6000 personnes ont manifesté ce 1er mai à Lyon, selon les chiffres de la préfecture ou de l’intersyndicale (CGT, FO, FSU, Solidaires, CNT, Unef). Sous un soleil radieux et dans une ambiance festive, le cortège s’est élancé de la place Jean Macé vers 11 heures, direction la place Bellecour.

Le contraste avec l’année dernière frappe d’emblée. Pas de pluie, plus de monde et (presque) aucune tension entre les manifestants et la police. De quoi ravir Yveline et Aimé, un couple de retraités qui ne rate jamais un défilé du 1er Mai. Les deux sont partis à la retraite à 60 ans et ont en travers de la gorge le projet de réforme voulu par Emmanuel Macron, récemment réélu président de la République.

« C’est bien d’être en retraite, encore faut-il être y arriver en bonne santé et bien vieillir. Partir à 65 ans, comme le souhaite monsieur Macron, ce n’est pas possible. Je suis là pour ceux qui travaillent encore et pour revaloriser les retraites de ceux qui y sont déjà », insiste Yveline.

Son mari Aimé abonde, chiffres à l’appui :

« J’ai récemment remis la main sur une fiche de pension de 2014. En huit ans, j’ai perdu plus de 200 euros net. Et ça, c’est sans tenir compte de l’inflation. C’est pour ça qu’aujourd’hui, je suis là essentiellement pour le pouvoir d’achat. Et pour soutenir les jeunes. »

1er mai Lyon retraités
Yveline et Aimé, retraités, ratent rarement un 1er mai à Lyon.Photo : Lucas Martin-Brodzicki/Rue89Lyon

Retraites dignes, protection du pouvoir d’achat face à l’inflation, défense des services publics, autant de revendications portées par l’intersyndicale dans son appel à manifester. Sans oublier l’attachement à la paix et la solidarité avec les travailleurs et travailleuses du monde entier. Des thèmes très présents sur les pancartes et banderoles de ce 1er Mai lyonnais.

Les antifascistes proches de la GALE en tête de ce 1er Mai à Lyon

Associations féministes et écologistes, Gilets jaunes et antifascistes sont également là pour porter leurs messages. Pour les antifas, il s’agit surtout de montrer leur présence, un mois après la dissolution du Groupe antifasciste Lyon et environs (GALE) sur décision du gouvernement.

Les proches de la GALE avaient appelé à former un « bloc rouge et noir antifasciste et autonome ». Il s’est constitué progressivement, se positionnant devant la banderole de tête de l’intersyndicale. Une heure après le départ du cortège, plusieurs centaines de personnes avancent au rythme de slogans comme « Ni Macron, ni Marine » ou « Siamo tutti antifascisti ».

1er mai Lyon antifas
Après la dissolution du groupe antifasciste GALE, banderole de circonstance lors du 1er mai à Lyon.Photo :  Lucas Martin-Brodzicki/Rue89Lyon

Un 1er Mai à Lyon bien différent de l’année dernière

Le risque de voir ce cortège de tête isolé du reste de la manifestation est grand. Mais les événements de l’année dernière ne se sont pas reproduits. La police, à bonne distance de la manifestation, n’a pas chargé. Et il n’y pas eu de heurt entre le service d’ordre de la CGT et ce cortège de tête.

Lorsque la police bloque la rue de la Barre devant l’Hôtel-Dieu et fait usage du canon à eau après quelques jets de pétards, le service d’ordre de l’intersyndicale resserre les rangs et fait avancer la manifestation.

Interrogé sur les événements du précédent 1er Mai lyonnais et la stratégie adoptée cette année pour le service d’ordre, Ludovic Rioux, membre de la commission exécutive de l’Union départementale CGT, a éludé :

« Dans un contexte de banalisation des idées d’extrême droite et de réformes anti-sociales à venir, il faut imposer un rapport de force dans la rue. Et il ne doit être parasité par personne. Ni les fascistes, ni la police. Ce n’est qu’avec l’unité de tous les salariés que nous obtiendrons une hausse des salaires. »

Au 1er Mai, les organisations politiques attendues au tournant pour les législatives

Le cortège arrive place Bellecour deux heures après le départ, avec, en queue de manifestation, quelques drapeaux de l’Union populaire et d’EELV.

Les organisations politiques de gauche se savent attendues au tournant par les manifestants, comme Paulo. Sur sa pancarte, ce message : « 3ème tour : la vraie gauche est de retour ! »

« C’est un clin d’œil aux élections législatives qui approchent. Je suis rassuré que les gens répondent au rendez-vous aujourd’hui après un second tour de la présidentielle aussi lamentable. La solution ne passe pas que par les urnes. Mais j’espère que cette mobilisation va rappeler aux partis à la gauche du PS qu’il est plus que jamais nécessaire de s’unir », met en garde celui qui milite chez Greenpeace.

C’est aussi ce qu’espèrent Michel et Elisabeth, venus avec leur petit garçon. C’est leur première manifestation depuis le début de la crise sanitaire en 2020. Ils subissent coupes budgétaires et restructurations dans leur secteur d’activité – chez GrDF pour l’un, aux Hospices civils de Lyon (HCL) pour l’autre – et veulent que ça cesse. L’élection présidentielle et la qualification de la gauche au second tour, ils y croyaient.

Après le 1er Mai à Lyon, un mini-meeting en amont des législatives

Alors que la manifestation se termine en musique place Bellecour avec la fanfare de l’ENS, Boris Miachon Debard, adjoint à la Maire du 7ème arrondissement et membre du PCF, démarre son meeting sur le Pont de la Guillotière. Il se positionne comme candidat aux élections législatives sur la 3ème circonscription du Rhône.

1er mai Lyon meeting
Boris Miachon Debard, candidat du PCF dans la 3ème circonscription du Rhône, en meeting lors du 1er mai. Lucas Martin-Brodzicki/Rue89Lyon

La prise de parole est suivie par quelques dizaines de personnes, dont Marie-Charlotte Garin, candidate probable dans la même circonscription, sous l’étiquette EELV cette fois. Sans rancune ?

« On appelle l’union de nos vœux, peu importe qui la représentera. Boris a invité tout le monde à venir aujourd’hui. À l’heure où je parle il n’y a pas d’accord au niveau national. Or, c’est à cet échelon que ça se joue. Mais je sais que nous n’avons pas le droit à l’erreur. Chacun prendra ses responsabilités si campagne unitaire il y a », prévient l’écologiste.

Alors qu’un accord national de la gauche en vue des élections législatives des 12 et 19 juin prochains est toujours en discussion ce dimanche, Lyon reste un des secteurs où ça coince.


#1er mai

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