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Actualités, enquêtes à Lyon et dans la région

Charges « abusives » et insalubrité : aux Brotteaux, la colère de locataires de Grand Lyon Habitat

Charges « abusives » et insalubrité : aux Brotteaux, la colère de locataires de Grand Lyon Habitat
Des habitant·es de logements sociaux dans le 6ème arrondissement s’indignent de charges locatives excessives au regard de l’insalubrité de leurs appartements.

Pour les locataires de la résidence Lalande (Lyon 6e), gérée par Grand Lyon Habitat, la régularisation des charges locatives, estimée « abusive », vient s’ajouter à de nombreux autres problèmes de salubrité. Ils se considèrent délaissé·es et dénoncent l’inaction du bailleur social.

Le 17 octobre, c’est la douche froide pour Lydia (prénom modifié). Elle reçoit une lettre de Grand Lyon Habitat (GLH), qui gère la résidence de logements sociaux ‘Lalande’ dans laquelle elle vit, aux Brotteaux (Lyon 6e). Comme pour les 18 autres locataires, la régularisation annuelle des charges locatives est tombée. On lui réclame plus de 600 euros. Pour sa voisine, Sarah (prénom modifié), c’est plus de 800 euros. « On s’est retrouvé comme des cons », enrage Lydia.

Ces régularisations « sont cinq à six fois plus chères qu’avant », commente Tennessee Garcia coordinateur à la Confédération syndicale des familles de la métropole de Lyon et du Rhône (CSF), association agréée de défense des locataires. D’après un courrier envoyé par Grand Lyon Habitat que Rue89Lyon a pu consulter, Sarah passe ainsi d’une régularisation de 142,60 euros en octobre 2022, à 825,12 euros en 2023. « Un effort financier considérable », mesure Tennessee Garcia.

L’augmentation des tarifs énergétiques, seule cause de la hausse des charges ?

Pour lui, cette hausse s’explique aussi par une « erreur du bailleur ». Il détaille : « Au printemps dernier, le bailleur a augmenté les charges mensuelles en expliquant que cela éviterait une régularisation importante. »

Preuve à l’appui, Lydia sort de son porte-vue noir, dans lequel elle range soigneusement tout ce qu’elle reçoit de Grand Lyon Habitat, le courrier reçu en mars expliquant cette démarche. Le 24 avril, le bailleur social lui annonce une provision de chauffage portée de 39,45 euros à 55,29 euros par mois. « Il reste difficile d’anticiper précisément les coûts réels de saison de chauffe, malgré le relèvement du niveau de provisions de charges », justifie Grand Lyon Habitat.

Courrier charge GLH
L’augmentation des charges locatives par Grand Lyon Habitat devait prévenir une trop forte régularisation annuelle.Photo : MP/Rue89lyon

Contacté par Rue89Lyon, Grand Lyon Habitat répond que la régularisation « est liée à l’évolution exceptionnelle des tarifs de l’énergie en 2022, dépassant largement la protection du bouclier tarifaire mis en place par l’État. » Malgré une baisse de 30 % de la consommation d’énergie entre 2021 et 2022 dans l’immeuble, le bailleur remet en partie la faute sur ses locataires. « Le débit moyen par locataire reste très élevé, ce que nous regrettons », affirme GLH. Tennessee Garcia assure que d’autres logements sociaux gérés par Grand Lyon Habitat seraient concernés par des régularisations de charges très conséquentes.

Reste que, pour faire bonne mesure, le bailleur rencontre, depuis le 6 novembre et jusqu’en 2024, 4 500 locataires de son parc pour « informer sur les éco-gestes et accompagner en cas de difficultés de paiement, face à l’augmentation des prix de l’énergie. »

« Il faut qu’on m’explique quel fioul Grand Lyon Habitat choisit, s’emporte Lydia. Ma mère (logée par un autre bailleur, ndlr) n’a pas eu autant de charges ! »

Comment GLH justifie-t-il ces écarts avec les immeubles possédés par d’autres bailleurs ? Questionné, Grand Lyon Habitat n’a pas répondu sur ce point mais nous a précisé les modalités du calcul. « Nous constatons sur cette résidence une consommation de 110 kWh ep/m2/an, soit approximativement la moyenne de notre parc », ce qui correspond à 1 040 euros de chauffage par logement par an, précise le bailleur.

Des charges « abusives » pour des logements insalubres

« Ma compagne vit ici depuis 20 ans et le chauffage n’a jamais bien marché. Touchez ! », invite un habitant du rez-de chaussée, la main bien à plat sur le chauffage tiède, pourtant tourné au maximum. Ses voisin·es d’en face rapportent des problèmes similaires.

En plus d’un chauffage dysfonctionnel, les appartements sont mal isolés, mal ventilés, rongés par l’humidité, selon nos constations. Les résident·es du 3 rue Lalande ont ainsi du mal à comprendre comment un tel montant de régularisation – parfois deux fois le prix de leur loyer – peut leur être demandé. « Quand j’ai reçu la régularisation j’ai été abasourdie, dégoûtée », s’émeut Lydia, alliant la parole au geste, son visage enfoncé dans ses mains.

« Les locataires vont payer des charges pour une prestation qui n’est pas là », affirme Tennessee Garcia. C’est pourquoi le CSF 69 va demander une ristourne de 50% sur cette régularisation. En attendant, l’association conseille aux habitant·es de demander la mise en place d’un échéancier de paiement auprès du bailleur.

Des appartements mettant en danger la santé des locataires

La situation « la plus grave », selon Tennessee Garcia, reste celle de Sarah. Depuis le palier de son appartement, au premier étage, une odeur dérangeante se dégage. Dans chaque pièce, les coins des murs et les rebords des fenêtres sont noircis de moisissure. La salle jouxtant le salon, surnommée par la locataire « la chambre froide », est dans un état calamiteux.

logement insalubre Grand Lyon Habitat Lyon 6
Chez Sarah, la moisissure attaque les murs de cette « chambre froide », devenue inhabitable.Photo : MP/Rue89lyon

Sarah vit ici avec ses quatre enfants depuis 2011. Les problèmes d’humidité étaient déjà là mais elle nettoyait et repeignait. Il y a un an, en octobre 2022, une importante inondation touche plusieurs appartements de la résidence. C’en est trop pour la mère de famille, qui vient d’apprendre qu’elle est atteinte de fibromyalgie, une maladie caractérisée par des douleurs chroniques, une fatigue intense et des troubles du sommeil. L’humidité ambiante aggrave sa condition. Elle n’a plus la force d’entreprendre des travaux ni de nettoyer la moisissure qui revient inlassablement sur ses murs.

L’expert mandaté par son assurance a conclu, en janvier 2023, que « l’appartement pourrait s’avérer dangereux pour la santé de ses occupants si rien n’était fait dans les plus brefs délais ». D’après Sarah, Grand Lyon Habitat n’a jamais donné suite à ce rapport d’expertise qui leur a été envoyé.

De son côté, le bailleur social reconnaît avoir été « alerté par une des locataires de problèmes importants d’humidité et de moisissures dans son logement. » Toutefois, à lire la défense de Grand Lyon Habitat, la balle était dans le camp de leur locataire : « Un autre logement lui a été proposé et elle l’a refusé. »

« On me proposait de quitter un caveau pour une tombe ! », rétorque l’intéressée. Elle s’était vue proposer un logement dans le 2e arrondissement, trop petit, selon elle, pour accueillir ses quatre enfants. D’autant plus que cette proposition a été faite par la préfecture, dans le cadre du Droit à un logement opposable (DALO), et non par Grand Lyon Habitat.

Face à Grand Lyon Habitat, « l’impression de parler à un mur »

« Le 3 rue Lalande est refait aux frais des assurances », ricane amèrement Lydia. Elle réside dans cet immeuble avec son fils depuis 2007. « Je les appelle tous les ans pour faire remonter les problèmes. On me renvoie toujours vers les assureurs ! », s’exclame-t-elle. En témoigne la réponse que GLH nous a adressé concernant le dégâts des eaux de 2022 : « Les réparations devaient être prises en charge par les assurances locatives dans le cadre des conventions entre assurances ».

Une de ses voisines, locataire depuis 50 ans, leur reproche également de ne « rien avoir fait pour éviter cette situation », et décrit une résidence mal gérée depuis des années.

« Ce qui exaspère, c’est l’impression de parler à des murs, à des gens qui ne comprennent pas », lâche-t-elle, dépitée.

Grand Lyon Habitat tient à rappeler la liste des travaux entrepris dans la résidence, dès l’acquisition du bâtiment en 2004 (« remplacement des menuiseries extérieures, reprise de la façade, et de l’étanchéité de la toiture terrasse »), comme ceux réalisés par la suite (« réfection partielle des circulations extérieures en 2015, reprise des embellissements du hall et de la cage d’escalier en 2020, condamnation des gaines de vide-ordure en 2021 et remplacement des lavabos, placards sous évier, éviers et WC en 2022 »).

« Cacher la misère »

Des travaux qui, selon les témoignages recueillis, n’ont pas changé la qualité de vie des habitant·es. Alors, les résident·es investissent pour tenter d’améliorer l’isolation, achètent des radiateurs d’appoint, peignent et tapissent les murs pour couvrir la moisissure. « Si on ne refait pas des travaux régulièrement, on se retrouve avec un appartement comme celui de Sarah ! », s’indigne Lydia. « On ne veut plus cacher la misère », renchérit cette dernière.

Sarah et ses voisin·es participeront au nouveau comité de locataires qui se créé vendredi 10 novembre, avec le soutien du CSF. La mère de famille reste toutefois inquiète. « L’hiver arrive, et on nous dit qu’il sera rude. Nous avons des enfants, il ne faut pas jouer avec ça. »

#Insalubrité

Huis-clos et police nationale : à Oullins, la fusion avec Pierre-Bénite votée dans la confusion

Huis-clos et police nationale : à Oullins, la fusion avec Pierre-Bénite votée dans la confusion
Le conseil municipal d’Oullins s’est achevé dans la confusion, des policiers nationaux gardant l’entrée de la mairie

Les élus d’Oullins ont adopté le projet de fusion avec Pierre-Bénite à l’issue d’un conseil municipal particulièrement houleux, tenu à huis-clos.

L’image est saisissante. Et symbolique. Peu avant 21 heures, des policiers nationaux ferment les grandes portes d’entrée de la mairie d’Oullins. Face à eux, les opposants au projet de fusion avec Pierre-Bénite tentent encore de faire entendre leurs voix.

Ils viennent d’être évacués d’un conseil municipal qui a fini par valider, à la majorité, le rassemblement des deux villes en une seule, autour de 22 heures.

Comme le prévoit le code général des collectivités territoriales, la maire (LR) d’Oullins, Clotilde Pouzergue, a demandé le huis-clos pour la séance, face aux multiples protestations des opposants à la fusion, venus en nombre à grand renfort de pancartes et de sifflets.

Après deux interruptions, la séance a été levée dans une certaine confusion, avant que les policiers municipaux, aidés de leurs homologues nationaux, n’évacuent entièrement les lieux. Auparavant, vers 18 heures, les 150 manifestants avaient prévu un comité d’accueil, en installant des bougies et un cercueil au nom d’Oullins sur le parvis de l’hôtel de ville.

Fusion Oullins/Pierre-Bénite : les opposants dénoncent un « 49-3 municipal »

Il était décidément dit que le dialogue serait impossible dans ce dossier épineux qui a froissé les oppositions municipales, les habitants… et la Métropole. A la mi-octobre, Bruno Bernard, le président (EELV) de la collectivité, avait appelé les maires (LR) d’Oullins et Pierre-Bénite, Clotilde Pouzergue et Jérôme Moroge, à faire machine arrière.

Fusion Oullins-Pierre-Bénite : des policiers tentent d’évacuer la salle du conseil municipal, le 8 novembre. Photo ED/Rue89Lyon

De débat serein, il n’y aura donc pas eu. Ce conseil municipal historique pour l’avenir d’Oullins s’est tenu sans public, sans presse… et sans élu national. Venu en simple observateur, le député de la 12e circonscription du Rhône Cyrille Isaac-Sibille (Modem) a lui aussi été contraint de quitter les lieux, retardant d’autant plus les débats.

Un peu plus tôt, alors que personne ne semblait vouloir quitter la mairie, de nombreux habitants d’Oullins ont fait part de leur tristesse et exprimé leur rejet d’un « déni de démocratie » et d’un « 49-3 municipal », en référence au texte qui permet au gouvernement de promulguer une loi sans vote du Parlement.

« Je regrette que l’opposition ait fomenté ces troubles »

Dans un communiqué envoyé à la presse à l’issue du conseil municipal, la maire d’Oullins s’est réjouie du vote, saluant une « date historique ». Mais l’édile a regretté que l’opposition « ait fomenté ces troubles qui ne font pas honneur à notre démocratie ». A Pierre-Bénite, la fusion a également été approuvée par le conseil municipal.

Annoncé bilatéralement en février dernier par Clotilde Pouzergue et Jérôme Moroge, la fusion des deux communes n’a fait l’objet d’aucune consultation de la population. Une concertation organisée par l’opposition avait réuni 97% de vote « contre », à Oullins, en octobre.

« De toute façon, la maire doit démissionner, autant le faire maintenant » s’est amusée une manifestante peu avant l’évacuation, pancarte « Je suis Oullins » en main. Si la nouvelle commune voyait le jour, c’est en effet le maire de Pierre-Bénite, Jérôme Moroge, qui en prendrait la tête.

Mais le chemin semble encore long. Sous réserve que les oppositions ne déposent aucun recours, la fusion doit encore être validée par la préfecture. Si tout se passait comme prévu, la commune nouvelle d’Oullins-Pierre-Bénite et ses 37500 habitants devrait voir le jour le 1er janvier 2024. Si tout se passait comme prévu…

Forums sociaux antifascistes : une journée de conférences sur l’extrême droite à Villeurbanne

Forums sociaux antifascistes : une journée de conférences sur l’extrême droite à Villeurbanne
Une dizaine de conférences sont organisées tout au long de la journée, le 12 novembre. Image d’illustration de conférence.

Dimanche 12 novembre, le collectif Fermons les locaux fascistes organise une journée de tables-rondes autour de l’extrême droite à Villeurbanne. L’évènement est intitulé Forums sociaux antifascistes. En clôture, un débat sera animé par une journaliste de Rue89Lyon.

Voilà plus de deux ans que le collectif Fermons les locaux fascistes espérait faire advenir cet évènement. Pendant une journée, dimanche 12 novembre, chercheur·euses, journalistes, associatifs, élu·es et militant·es seront réunis au CCVA de Villeurbanne pour les Forums sociaux antifascistes. Auront lieu une série de conférences autour de l’extrême droite, de 10 heures à 19 heures.

En clôture, de 17 heures à 19 heures, une dernière table-ronde réunira Edwy Plenel, directeur de la publication de Mediapart, Raphaël Arnault, porte-parole de la Jeune Garde et Saphia Aït Ouarabi, vice-présidente de SOS Racisme. Intitulée « Comment lutter contre l’extrême droite et ses idées ? », elle sera animée par une journaliste de Rue89Lyon, Marie Allenou.

Fermons les locaux fascistes est un collectif lyonnais, composé des syndicats, partis politiques, associations et collectifs suivants : Alternatiba Rhône, Attac Rhône, CGT 69, CNT 69, Ensemble 69, FSU 69, Jeune Garde, France insoumise Rhône, NPA Rhône, PCF 69, Parti de Gauche 69, Touche pas à mon pote, Solidaires Rhône, UCL, UNEF Lyon.

Forums sociaux antifascistes à Villeurbanne : un programme varié

Durant la journée, une dizaine de conférences sont proposées. L’entrée est libre et gratuite :

10h :

    Racisme, antisémite et haine de l’autre, aux fondements des idéologies d’extrême droite  L’extrême droite dans le monde du travail

11h30 :

    Les ressorts sociaux du vote FN/RN dans les espaces périurbains Qu’est-ce que l’extrême droite au pouvoir

14h :

    Immigration : petit à petit l’extrême droite fait ses lois L’extrême droite contre les femmes : instrumentalisation, recul sociaux et politiques natalistes

15h30 :

    Outils de propagande de l’extrême droite : comment se diffuse la haine ? Écologie : le double piège de l’extrême droite

17h : Intervention du collectif Fermons les locaux fascistes suivie du débat de clôture : comment faire reculer l’extrême droite et ses idées ?

« Un devoir de lutter contre les organisations d’extrême droite », un appel des Forums sociaux antifascistes

Parallèlement, le collectif Fermons les locaux fascistes a lancé une tribune pour « appeler à la mobilisation face à l’extrême droite et ses violences ». Il y déplore la montée de l’extrême droite en France et revient sur le contexte local, et notamment les deux locaux lyonnais des identitaires : la Traboule et l’Agogée. « Il est urgent de tout faire pour que ces locaux ferment, partout à travers le pays ! », demandent les signataires.

« Les discours de l’extrême droite sont aujourd’hui repris à la quasi-unanimité par la droite et même jusqu’au gouvernement, fustigent-il également. Le tout propulsé par une partie de la classe médiatique qui vire à la réaction, notamment avec l’empire du milliardaire Bolloré »

Parmi les signataires, en plus des organisations précédemment citées, on retrouve (entre autres) le collectif Palestine 69, le collectif soutiens / migrants Croix Rousse, le Syndicat national des journalistes CGT, Gabriel Amard, député de Villeurbanne ou encore Benjamin Badouard, co-président du groupe Lyon EELV.

Les annonces légales : un moyen de soutenir Rue89Lyon

Les annonces légales  : un moyen de soutenir Rue89Lyon
Vous en train de publier sans plus de manières votre AJL sur Rue89Lyon

Rue89Lyon est habilité à recevoir et publier des annonces judiciaires et légales. Souvent contesté, cet ancien dispositif d’aide à la presse est réparti de façon très inégale entre les médias français. Il est cependant possible d’en faire profiter une rédaction indépendante, comme celle de votre média.

Lorsqu’une entreprise déménage ou change ses gérants, elle doit obligatoirement en informer le public. Depuis des siècles, les journaux sont utilisés pour diffuser ces informations sur la vie des entreprises, à destination notamment de leurs fournisseurs, leurs clients, etc. Depuis 1955, les entreprises doivent publier ces insertions dans des journaux habilités, en payant une sorte de taxe de l’ordre de 150€ pour quelques lignes.

Les progrès dans la diffusion de l’information à l’ère d’Internet n’ont pas entamé ce marché des annonces légales, devenu au fil des années une rente importante de la presse quotidienne et hebdomadaire, aux dépens des entreprises et surtout des plus petites d’entre elles.

Rue89Lyon en conflit avec la préfecture sur le dossier « annonces légales »

Cette mesure d’aide à la presse constitue parfois la principale ressource de certains journaux. À Lyon, elle est détenue en grande majorité par quelques médias bien implantés. Une répartition arbitraire, qui favorise certains, plutôt que d’autres localement.

Pour cette raison, Rue89Lyon a attaqué en mars 2023 la préfecture du Rhône en justice. Au niveau local, l’institution participe au financement de la presse en diffusant régulièrement des annonces légales. Or, elle choisit systématiquement Le Progrès ou le Tout Lyon, et beaucoup plus rarement, Tribune de Lyon.

Or, de notre point de vue, elle devrait répartir la publication de ses annonces entre tous les supports habilités, en suivant des critères objectifs, et non en fonction des habitudes des services. Une manière de garantir un certain pluralisme. Le tribunal administratif doit trancher à ce propos.

Une longue bataille pour la presse en ligne

À l’échelle nationale, le syndicat de la presse indépendante (Spiil), dont Rue89Lyon est membre avec ses cousins (Rue89 Strasbourg et Bordeaux), a bataillé pendant plusieurs années pour que ces annonces légales soient applicables à la presse en ligne, ce qui est le cas depuis 2020, tout en dénonçant son caractère obsolète et contraignant.

Immédiatement, de nouveaux médias en ligne ont été créés, reprenant à la chaîne et automatiquement des informations déjà publiées partout et proposant comme modèle économique de… publier des annonces légales.

Cette taxe déguisée en faveur de la presse reste largement contestable, mais puisqu’elle existe, nous estimons que son produit devrait plutôt aller aux médias qui produisent de nouvelles informations et emploient des journalistes de terrain. C’est pourquoi nous avons réalisé à l’époque les démarches nécessaires, et notamment une certification de notre audience, pour pouvoir recevoir et publier à notre tour ces fameuses annonces légales pour le département du Rhône.

Si vous êtes dirigeant d’entreprise, experte-comptable, notaire, huissier ou avocat, pensez à Rue89Lyon pour vos annonces judiciaires et légales. Les tarifs étant règlementés, nous ne sommes pas plus chers que d’autres mais grâce à notre partenaire, Malcom, une relecture systématique par un formaliste est réalisée pour chaque annonce. Notre plateforme est également ergonomique.

IA : ChatGPT sera bien testé à Ebra, le groupe de presse du Progrès

IA : ChatGPT sera bien testé à Ebra, le groupe de presse du Progrès
Le développement de l’intelligence artificielle au sein du groupe Ebras inquiète les journalistes du Progrès.

L’expérimentation du robot conversationnel ChatGPT dans une rédaction de l’Est Républicain, un temps suspendue, a finalement été confirmée. Elle devrait commencer le 22 novembre. Une étape avant une généralisation dans les autres titres du groupe Ebra, dont Le Progrès ?

Reculer pour mieux sauter ? Le 26 octobre dernier, Rue89Lyon révélait le projet d’expérimentation de ChatGPT au sein du quotidien régional l’Est Républicain, pour une aide à la relecture d’article. Cette introduction d’une intelligence artificielle générative dans un titre de presse, une première en France, suscitait des inquiétudes au sein des syndicats du Progrès. En effet, les deux quotidiens sont détenus par le même groupe de presse, Ebra, groupe de presse le plus diffusé en France.

Face au tollé suscité par l’annonce de l’arrivée de ChatGPT, la direction de l’Est Républicain avait annoncé la suspension de l’expérimentation. Avant de retropédaler, lundi 6 novembre, au cours d’un comité social et économique (CSE) extraordinaire. L’intelligence artificielle va être testée à partir du 22 novembre prochain, à Nancy, pour une durée de trois mois.

Le SNJ, syndicat majoritaire de la profession, est parvenu à obtenir qu’un expert soit nommé pour superviser les conséquences de l’expérimentation, notamment sur les conditions de travail.

L’utilisation du robot doit se cantonner à la relecture d’articles des correspondants locaux de presse (CLP). Ces « petites mains » du journalisme sont chargées de faire remonter des informations de proximité et de réaliser des articles sur la vie des territoires (fêtes de village, conseils municipaux, concours sportifs…).

Réécriture d’articles : une ligne rouge franchie ?

Mais comme l’avait mis en évidence Rue89Lyon, ChatGPT sera également un outil rédactionnel. Il aura le « pouvoir » de réduire la taille d’articles, de les retraiter, de supprimer des passages entiers – et donc des informations. Et ce sur la base d’un « prompt », autrement dit une requête définie par le journaliste.

En clair, Chat GPT va faire ce pourquoi il est connu : générer artificiellement un nouveau texte, sur la base des informations collectées par les correspondants de presse. Un outil sobrement appelé « aide au résumé » par la direction de l’Est Républicain.

Le conseil de déontologie journalistique et de médiation (CDJM) recommande qu’« un contenu généré (par une IA) ne peut être publié (…) qu’à condition que les journalistes aient pu connaître et maîtriser, d’une part les informations utilisées à l’origine, d’autre part les étapes de traitement qui leur ont été appliquées. »

Pas d’expérimentation de ChatGPT au Progrès « pour l’instant »

Problème : le développement annoncé de l’outil est concomitant d’une réduction régulière des effectifs dans un secteur en crise, rendant bancale la supervision humaine de ChatGPT vantée par la direction. Selon Eric Barbier, journaliste à Besançon (Doubs) et représentant syndical, l’Est républicain a perdu une vingtaine de journalistes depuis 2017.

Toujours est-il qu’une étape importante vient d’être franchie. « Cette initiative a la prétention de servir de phare », avait affirmé Christophe Mahieu, le directeur général de l’Est Républicain, en marge d’une réunion d’entreprise, le 9 octobre. ChatGPT va-t-il dépasser les frontières de la Lorraine ? « Nous ne menons pas pour l’instant d’expérimentation au sein du Progrès », avait assuré le rédacteur en chef du Progrès Xavier Antoyé aux représentants syndicaux, fin octobre. Pour combien de temps?

Oullins/Pierre-Bénite, un mariage arrangé qui dérange la Métropole de Lyon

Oullins/Pierre-Bénite, un mariage arrangé qui dérange la Métropole de Lyon
La mairie d’Oullins deviendra le centre de la nouvelle commune d’Oullins/Pierre-Bénite.

Annoncée sans concertation début 2023, la fusion des communes d’Oullins et Pierre-Bénite, au sud de Lyon, doit être validée mercredi 8 novembre au soir en conseil municipal. Le sujet crispe jusqu’à la Métropole.

Mariage de raison ou mariage déraison ? La fusion d’Oullins et de Pierre-Bénite, annoncée bilatéralement et sans consultation par les maires des deux communes en février 2023, doit être validée mercredi 8 novembre au soir.

La décision sera prise à l’issue de deux conseils municipaux simultanés dans les deux villes. Si la fusion était validée, la commune nouvelle d’Oullins-Pierre-Bénite, 37 000 habitants (27 000 d’Oullins et 10 000 de Pierre-Bénite), devrait voir le jour le 1er janvier prochain.

L’actuel maire de Pierre-Bénite, Jérôme Moroge, doit en prendre la tête. Dans un premier temps, les services municipaux seront conservés au sein des deux hôtels de ville, et le nombre d’élus municipaux ne devrait pas bouger jusqu’en 2026, date des prochaines élections municipales.

Si le projet s’inscrit prétendument dans une volonté nationale de simplifier le millefeuille administratif français, il cristallise depuis près d’un an les tensions, sur fond de querelle politique.

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À Lyon, une manifestation contre l’extrême droite le 11 novembre

À Lyon, une manifestation contre l’extrême droite le 11 novembre
Le cortège du collectif antifasciste de la Jeune Garde Lyon le 1er Mai 2021. Au tambour, Raphaël Arnault

Samedi 11 novembre, une manifestation est organisée contre l’extrême droite, à Lyon. Le cortège partira de la place Bellecour à 15h.

Ce samedi 11 novembre, une manifestation contre l’extrême-droite est annoncée à Lyon. Elle est organisée à l’appel de Fermons les locaux fascistes, un collectif lyonnais d’associations, de syndicats et de partis politiques, regroupant Alternatiba, Attac, CNT, ENSEMBLE!, FSU, la JeuneGarde, LFI, NPA, PCF, PG Solidaires, SOSRacisme, UC UCL, et l’UNEF.

Le rassemblement débutera à 15h, depuis la place Bellecour (Lyon 2e). La Jeune Garde en a fait la promotion via son porte-parole Raphaël Arnault, sur les réseaux sociaux.

Extrême droite : une journée de conférences à Lyon

Il y a deux ans, une manifestation contre l’extrême-droite avait rassemblée environ 2 000 personnes selon la préfecture, 4 000 à 5 000 selon les organisateur·rices. Les manifestant·es étaient passé·es par le Vieux-Lyon, considéré comme le bastion de l’extrême-droite.

Le collectif organise également une série de débats et conférences sur l’extrême-droite à travers diverses thématiques le lendemain, au CCVA de Villeurbanne. Le débat de clôture, « Comment faire reculer l’extrême droite et ses idées ? », avec Edwy Plenel, président et co-fondateur de Mediapart, Raphaël Arnault, porte parole de la Jeune Garde et Saphia Aït Ouarabi, vice-présidente de SOS racisme. Il sera animé par Marie Allenou, une journaliste de Rue89Lyon.

À Lyon, une manifestation de soutien à la Palestine annoncée ce vendredi

À Lyon, une manifestation de soutien à la Palestine annoncée ce vendredi
Les rassemblement s’enchainent en soutien à la Palestine. ©Photo d’Archive/2014

Ce vendredi 10 novembre, une manifestation de soutien à la Palestine est prévue à Lyon. Elle aura lieu à 18h place des Terreaux.

Une nouvelle manifestation de soutien à la Palestine aura lieu vendredi 10 novembre, de 18h à 20h, Place des Terreaux (Lyon 1er), à l’appel du collectif 69 de soutien au peuple palestinien. Ce rassemblement intervient une semaine après le rassemblement du samedi 4 novembre, ayant réuni plus de 5 000 personnes à Lyon.

Comme de partout en France, les manifestations s’enchaînent à Lyon alors que le conflit ne cesse de s’enliser. Dans un entretien télévisé à ABC News lundi soir, le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou, a écarté l’idée d’un cessez-le-feu immédiat à Gaza « sans la libération de nos otages ».

Cette déclaration intervient après qu’Antonio Guterres, chef de l’ONU, a réitéré sa demande de cessez-le-feu immédiat dans l’enclave palestinienne, qu’il estime être devenu un « cimetière pour les enfants. » Gaza reste soumis à un blocus depuis le 9 octobre, privant la population d’accès à la nourriture et à l’eau et est régulièrement bombardé par l’armée israélienne.

Palestine : la prochaine manifestation de soutien déjà prévue

Dans son appel au rassemblement, le collectif organisateur exige que « la France s’engage activement » pour « la fin des bombardements, des offensives terrestres et des déplacements forcés de populations, ainsi que la levée immédiate du blocus. »

Le collectif annonce également la tenue d’une « prochaine grande marche pour la Palestine, samedi 18 novembre 15h départ Place Bellecour. »

Hébergement d’urgence : les drôles de comptes de la préfecture du Rhône

Hébergement d’urgence : les drôles de comptes de la préfecture du Rhône
Pancarte réalisée par des enfants sans-abri pour demander la réquisition de bâtiments suite aux expulsions.

[Info Rue89Lyon] Depuis septembre, la préfecture du Rhône a demandé à plusieurs associations effectuant des maraudes dans les rues de Lyon de « compter » les sans-abri. Dans quel but ? Certains bénévoles craignent une volonté de minimiser le phénomène du sans-abrisme. Après la parution de notre article, la Préfecture a tenu à rassurer.

Demander des comptes, d’accord, mais pour quoi faire ? En somme, c’est la question qui taraude plusieurs bénévoles investis auprès des sans-abri à Lyon. Selon nos informations, la nouvelle préfète du Rhône, Fabienne Buccio, demande depuis septembre à différentes structures et associations de « compter » le nombre de personnes rencontrées lors des maraudes auprès de sans-abri. Une demande qui a été faite aux acteurs proches de cette problématique : la Maison de la veille sociale, la Croix-Rouge, Alynea et Urgence sociale rue.

Concrètement, il est demandé aux acteurs de faire remonter quotidiennement des « chiffres bruts » sur les personnes rencontrées. 

« On nous a fait cette demande, mais on ne sait pas quelle est la finalité, commente une bénévole qui gravite dans plusieurs associations. On se demande : qu’est-ce qui se trame ? »

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Sans-abrisme : l’inflexibilité de la préfète du Rhône braque ses partenaires

Sans-abrisme : l’inflexibilité de la préfète du Rhône braque ses partenaires
Fabienne Buccio, préfète du Rhône, en 2019, lorsqu’elle était préfète de Gironde.Photo : Walid Salem/Rue89Bordeaux

La métropole de Lyon n’a jamais compté autant de sans-abri… et autant d’expulsions. Depuis son arrivée en janvier 2023, la préfète du Rhône, Fabienne Buccio, a fait évacuer de nombreux squats et campements à Lyon. Cette politique a considérablement dégradé les relations entre les associations, les collectivités locales et la préfecture.

Deux jours avant la trêve hivernale, un lundi matin avant même l’aube, le plus grand squat lyonnais est expulsé sur décision de la préfecture. Le lieu, appelé « Pyramide » (Lyon 7e), accueillait plus de 200 personnes. « Nous attendions d’avoir les capacités d’hébergement pour les relogements », justifient les services de l’État sur place. Pour l’heure, 74 personnes ont été relogées à l’hôtel pendant 8 jours, et quelques autres orientées vers d’autres dispositifs.

Si le timing interroge, l’expulsion voulue par la préfecture n’étonne pas les associations luttant contre le sans-abrisme. Depuis mai 2023, les services de l’État à Lyon vident squats et campements à tour de bras, en proposant des relogements… mais souvent pour une partie seulement des expulsé·es. Et pour cause : le système de l’hébergement d’urgence est complètement saturé dans le Rhône depuis plusieurs années.

Pourtant habituée à se déplacer au cœur de ce genre d’opérations, lors de ses précédentes fonctions de préfète dans le Pas-de-Calais ou en Gironde, la représentante de l’État, Fabienne Buccio, est ce jour-là absente. « Ce squat a vocation à être évacué », tranchait déjà la préfète du Rhône quinze jours plus tôt, lors d’un déjeuner avec la presse. Depuis son arrivée à la tête de la préfecture, en janvier 2023, la haute-fonctionnaire crispe les associations et collectivités mobilisées pour les sans-abri et les personnes migrantes.

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