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Actualités, enquêtes à Lyon et dans la région

Protection de l’enfance à Lyon : « une dégradation continue des conditions de travail » à la Sauvegarde 69

Protection de l’enfance à Lyon : « une dégradation continue des conditions de travail » à la Sauvegarde 69

La plus grosse association du social de Lyon, la Sauvegarde 69, est au bord du dépôt de bilan. Dans sa communication officielle, la direction met ces problèmes financiers sur le compte de difficultés à recruter dans ce secteur, ce qui l’empêche de remplir les missions confiées essentiellement par la Métropole et que l’association facture. Rue89Lyon a eu accès a plusieurs rapports qui racontent une autre histoire et pointent les conditions de travail au sein de la protection sociale comme causes de cette situation financière catastrophique.

C’est d’abord le rapport commandé par le Comité social et économique (CSE) sur « l’analyse de la situation économique et financière de l’année 2021 » remis en octobre 2022.

En conclusion de cette expertise, le cabinet 3E écrit que le « gros déficit opérationnel » trouve notamment ses origines dans « les difficultés à recruter » mais aussi à « conserver les salariés ». L’expertise relève également comme causes « le niveau d’absentéisme » et « des difficultés managériales sur plusieurs établissements ».

La situation est particulièrement préoccupante au sein du Service de Protection de l’enfance en milieu ouvert (SPEMO).

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La Sauvegarde 69 à la dérive

La Sauvegarde 69 à la dérive

Acteur historique du social et du médico-social dans la métropole de Lyon et le Rhône depuis 1943, la Sauvegarde 69 traverse de graves problèmes financiers. Les salarié·es pointent du doigt des conditions de travail difficiles, responsables d’un fort turnover et d’un recours massif à l’intérim qui auraient creusé le déficit.

4,2 millions d’euros. C’est le déficit abyssal enregistré par la Sauvegarde 69 sur l’année 2022. Une situation financière catastrophique au point de susciter une alerte du commissaire aux comptes en avril 2023. À la suite de celle-ci, un mandataire ad hoc a été nommé par le tribunal de commerce pour accompagner l’association.

La Sauvegarde 69 est une association majeure du social et du médico-social, spécialisée dans l’accompagnement de jeunes et leurs familles au titre de la protection de l’enfance et de personnes majeures et mineures en situation de handicap. Elle gère 21 établissements et services principalement à Lyon et sa métropole, mais aussi dans le département du Rhône, et emploie 941 professionnels. Son financement provient uniquement d’acteurs publics, dont les principaux sont la Métropole de Lyon, le Département du Rhône et l’Agence régionale de santé.

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Pourquoi le pont d’Ainay n’a jamais été reconstruit après la Libération de Lyon en 1944

Pourquoi le pont d’Ainay n’a jamais été reconstruit après la Libération de Lyon en 1944

Il y a 79 ans, le 3 septembre 1944, Lyon était libérée de l’occupation nazie. La veille, les troupes allemandes en fuite ont toutefois pris le temps de dynamiter les ponts de la ville. Ils ont tous été reconstruits sauf un, le pont d’Ainay. C’est à peine si une petite plaque indique son existence passée, comment il a disparu ni pourquoi il n’a jamais été reconstruit.

Pont d'Ainay entier Lyon
Carte postale qui monte le pont d’Ainay avant la guerrePhoto : Wikimedia Commons

Sur la terrasse de bois qui surplombe la Saône, là où le pont enjambait la rivière, entre le quai Tilsitt et le quai du Maréchal Joffre, un sans-abri d’une quarantaine d’années a pris ses habitudes. En nous voyant photographier la plaque soudée à l’ancien parapet, il s’indignerait presque :

« Rien n’indique que le pont a été détruit par les Allemands en 1944 ! »

Alors que la Libération de Lyon est célébrée ce mercredi 4 septembre, un internaute nous signale qu’un fantôme de pont reste suspendu au-dessus de la Saône. On vous a déjà parlé des bombardements alliés qui ont fait plusieurs centaines de morts. L’histoire du dynamitage des ponts à la veille de la Libération (les 1er et 2 septembre) est moins célèbre.

Difficile de trouver le pont d’Ainay lorsqu’on se balade sur les quais de Saône. Et pour cause. Il a été détruit par l’armée allemande, alors qu’elle était en fuite, et il n’a jamais été reconstruit. Si beaucoup de Lyonnais connaissent cette histoire, les murs de la ville semblent l’avoir oublié. Nul lieu de mémoire ne l’indique.

Une plaque renseigne seulement les promeneurs sur l’année de construction du pont fantôme, entre le quai Tilsitt et le quai du Maréchal Joffre, au niveau du square Janmot dans le 2e arrondissement :

« Construit par l’État et la ville de Lyon – 1899 – Les travaux de reconstruction de ce pont ont été exécutés par M. Clavard […] sous la direction de M. Girardon […] avec la collaboration de MM. Amalric […] et Labranche. » Pas plus d’informations. Mais lorsqu’on tourne la tête en direction de la Saône : un grand vide et pas de pont.

Le pont a été construit en 1818 puis reconstruit en 1899Photo : Laura Steen

Les apparitions et disparitions du pont d’Ainay

Petit détour par les Archives municipales de Lyon. Le premier pont d’Ainay, construit en 1745 pour le compte des Hospices Civils de Lyon, était un pont en bois. Au fil du temps, il a été endommagé par les crues de la Saône. C’est en 1793 qu’il subit son premier assaut lors du siège de Lyon : il est alors morcelé par les habitants qui se révoltent.

Les Hospices Civils de Lyon décident de le réinstaller en 1818. Problème : il est toujours la cible des eaux montantes de la Saône et le bois n’est pas assez résistant. Il change finalement de visage en 1899 avec une structure métallique. Forme qu’il aura jusqu’à sa disparition du paysage en 1944.

Cette année là, Hitler ordonne à la Wehrmacht de détruire un maximum d’infrastructures, dont les ponts, en France. Mais selon les villes, tout ne s’est pas déroulé de la même manière.

A Paris, le général allemand Von Choltitz, gouverneur du Grand Paris, désobéit au Führer. Selon Von Choltitz, l’Allemagne a déjà perdu la guerre et faire sauter les ponts parisiens lui a paru inutile. Il signe la reddition le 25 août 1944, sans toucher aux ponts.

En revanche, à Lyon, les troupes allemandes font abstraction des événements parisiens et appliquent les ordres d’Hitler, espérant encore pouvoir échapper aux troupes alliées qui se rapprochent de la ville. Quelques heures avant la libération de Lyon, les 1er et 2 septembre 1944, les soldats allemands en fuite dynamitent les ponts.

Pont d'Ainay détruit Lyon
Pont d’Ainay a été dynamité par les troupes allemandes en déroutePhoto : Blog Christian Palluy

Les Allemands procèdent de manière méthodique. Selon le Musée militaire de Lyon, ils visent d’abord les ponts du Rhône, puis de la Saône, du sud vers le nord. Des déflagrations sont ressenties dans tout Lyon. Certaines fenêtres d’immeubles des quais se brisent. Le Pont d’Ainay est le dix-huitième sur la liste.

Comme le notent les Archives de Lyon, seuls trois restent debout : le viaduc de chemin de fer de Saint-Irénée, la passerelle Saint-Vincent et le pont de l’Homme de la Roche qui a été sauvé par les résistants.

Selon Johan Peter Schreinemacher, 18 ans en 1944, ancien soldat allemand, ils étaient une douzaine pour disposer les charges qui feraient sauter les ponts de la Saône. Lui s’était occupé du pont Tilsitt et du pont du Change. Il témoigne dans Le Progrès (payant) :

« On plaçait deux bombes de 200 kilos pour une arche ».

Le seul pont de Lyon non reconstruit après la guerre

Quelques jours après la Libération de Lyon, on commence à reconstruire les ponts. Sur la Saône, le pont Tilsitt se nomme aujourd’hui le pont Bonaparte ; quant au pont du Change, il a été démoli en 1974 pour être remplacé par le pont du Maréchal Juin, un peu plus loin.

Le pont d’Ainay est une exception puisqu’il ne fait pas partie de la vague de réparations au lendemain de la Seconde guerre mondiale. Il semblerait que sa position sur la Saône n’ait pas été jugée stratégique : à l’époque, la reconstruction en plus grand du pont Kitchener-Marchand, à quelques centaines de mètres au sud, paraissait plus judicieuse.

Pont d'Ainay
L’artiste Tadashi Kawamata a habillé de bois les vestiges du pontPhoto : Laura Steen

Aujourd’hui, il ne reste plus beaucoup de traces du pont fantôme. Les piles, ces appuis intermédiaires au milieu de l’eau, ont totalement disparu. En revanche, il reste des traces des culées, de chaque côté de la rive, qui servaient à soutenir le poids du pont.

Du côté du quartier Saint-Georges, on ne voit plus que ces structures décorées de tags. Vers le quartier d’Ainay, en plus de la plaque, une plateforme de bois a été réalisée par l’artiste japonais Tadashi Kawamata, dans le cadre du projet des Rives de Saône. Encore une fois, l’histoire de ce pont passe à la trappe : il n’est jamais fait mention de sa destruction par les troupes allemandes en 1944.

> Info signalée par un internaute, Thomas Mognetti.

Cet article est une republication d’un papier initialement publié le 3 septembre 2014

Sorties à Lyon : la sélection culture de septembre

Sorties à Lyon : la sélection culture de septembre

Voilà la rentrée, et elle n’est pas que scolaire. Ça s’active dans tous les musées, théâtres, salles de concert et lieux de culture. Rue89Lyon vous fait une petite sélection des évènements et sorties à ne pas manquer en ce mois de septembre à Lyon. N’hésitez pas à donner vos bons plans en commentaire.

Dernières soirées bleutées aux Subsistances

Après un mois de pause, la terrasse des Subsistances rouvre ses portes le 6 septembre, avec un concert du trio Écran total. De quoi profiter des dernières soirées estivales sur les bords de Saône, dans un environnement « Bleu », du nom de leur programmation d’été.

Du 13 au 17 septembre, le lieu organise un festival de musique et de danse, intitulé « Optimisme Ambient », avec une partie de la programmation gratuite. Les musicien·nes de l’Orchestre national de Lyon viendront même y faire une apparition, loin de leurs quartiers – l’Auditorium – le dimanche 17 septembre.

Optimisme Ambient, du 13 au 17 septembre, aux Subsistances.

L’installation « Bleu » l’été 2023 aux SubsistancesPhoto : Subsistances/Gregory Rubinstein

Baroud d’honneur du Ninkasi Gerland

Il reste deux mois au Ninkasi Gerland pour faire la fête, avant la fermeture du site et le début de travaux qui tireront jusqu’en 2025. Du 11 au 20 septembre, l’institution lyonnaise réédite pour la 5e fois son festival de rentrée, avec une programmation 100% gratuite.

Outre les blind test, quizz et karaoké qui peuvent toujours égailler une soirée, le Ninkasi s’est associé avec Plavace, pour une soirée rap, et Hapiness Therapy, pour ravir les amateurs et amatrices de house. Le festival se clôturera le 20 septembre avec un concert de Gloria et Ponta Preta.

En parallèle, le club et le Kafé restent ouvert tout au long du mois.

Festival de rentrée du Ninkasi, du 11 au 20 septembre, dans tous les Ninkasi à Lyon.

Après Drag Race France, la scène ballroom s’invite à Lyon avec la Biennale de la danse

Vous avez peut-être passé l’été devant la saison 2 de Drag Race France, ce concours de drag queens diffusé sur France 2, ou bien vous avez découvert sa gagnante, Keiona, lors d’une interview après son couronnement. Drag queen de talent, elle est aussi représentante de la scène ballroom et de la danse voguing, une sous-culture de la communauté LGBTI+ et afro-américaine.

Si tout ça a piqué votre curiosité, vous pourrez découvrir la scène ballroom à Lyon, le samedi 16 septembre, aux Usines Fagor-Brandt, dans le cadre de la Biennale de la danse. Bien sûr, il s’agira d’un moment festif, avec des concours et performances à partir de 17h, mais des conférences et projections seront aussi organisées la journée pour réfléchir autour de la scène ballroom, ses enjeux et ses combats.

Immersion Ballroom, de 11h à 22h le 16 septembre, aux anciennes usines Fagor-Brandt.

Retrouvez aussi tout le programme de la 20e Biennale de la Danse à Lyon, qui se tient du 9 au 30 septembre, par .

Du théâtre en réalité virtuelle au Pôle Pixel

Qui a dit que le théâtre live ne pouvait pas se vivre au travers d’un casque de réalité virtuelle ? Sûrement pas Vincent Dupont et Charles Ayats. Le chorégraphe et le designer d’expériences immersives se sont associés pour proposer une pièce qui mêle spectacle vivant et réalité virtuelle, au Théâtre nouvelle génération (TNG). Vincent Dupont actualise une pièce de 2010 – Souffles – pour en proposer une version augmentée. L’expérience permettra au spectateur de naviguer entre vision directe et vision à travers le casque, pour une double lecture de la pièce, renommée No reality now.

Du 19 au 21 septembre au Pôle Pixel à Villeurbanne, une co-réalisation de la Maison de la Danse et du TNG, dans le cadre de la Biennale de la danse.

L’Opéra de Lyon fête son anniversaire

Ce sont sûrement les pièces de musiques classiques les plus connues du grand public, et un bon moyen de nouer avec cet art : le Lac des Cygnes, Casse-noisette et La Belle au bois dormant, célèbres œuvres musicales de Tchaïkovski. À l’occasion de ses 40 ans, l’Opéra de Lyon met à l’honneur trois grands chefs d’orchestre qui ont fait l’histoire de l’institution. Daniele Rustioni, actuel directeur musical de l’Opéra de Lyon depuis 2017, va ouvrir le bal avec ces trois pièces de Tchaïkovski, le 15 septembre.

Crédit : Archipel CDCU
L’Opéra de Lyon.Photo : Archipel CDCU

Les Ballets de Tchaïkovski, par Daniele Rustioni, le 15 septembre à l’Opéra de Lyon.

Le corps de retour au Musée d’art contemporain de Lyon

Le 22 septembre, le Musée d’art contemporain de Lyon, MAC de son petit nom, revient avec une nouvelle exposition autour du corps, intitulée Incarnations. Un air de déjà vu, car une exposition portait le même nom de février à juillet 2023, dont voici l’acte 2. « Le second acte de l’exposition prolonge les interrogations développées dans le premier, non plus par le prisme de la nature organique du corps mais dans sa confrontation à l’autre, à son environnement et au monde », décrit le musée. Chacun·e l’interprétera comme il ou elle le souhaite.

Art Make-up de Bruce Nauman, issu d'une exposition au musée d'art contemporain, sorties culture de septembre 2023 à Lyon.
Bruce Nauman, Art Make-up, 1967-1968. Collection macLYONPhoto : Adagp, Paris, 2022

Dès le 22 septembre, on retrouvera aussi deux nouvelles expositions au MAC : Nouvelles mythologies de Aya Takano et Singed Lies de Rebecca Ackroyd. La première est une artiste peintre illustratrice, dessinatrice de mangas et autrice de science-fiction. La seconde s’intéresse aux ruines et présente une partie de l’œuvre qu’elle avait réalisé pour la 15e Biennale de Lyon, en 2019, aujourd’hui partie intégrante de la collection du musée.

Incarnations, du 22 septembre 2023 au 7 janvier 2024 au Musée d’art contemporain de Lyon.

Sans-abri : la Ville de Lyon priorise le relogement des occupant·es du gymnase Bellecombe

Sans-abri : la Ville de Lyon priorise le relogement des occupant·es du gymnase Bellecombe

Le gymnase de Bellecombe (6e arrondissement de Lyon) était squatté depuis le 22 juin par des personnes sans-abri. 15 ménages, composés de femmes isolées et d’enfants, vont être relogés par la municipalité dans le courant de la semaine prochaine. Le choix de sortir de ses compétences, pour reloger ce public en particulier, confirme des orientations politiques affirmées au printemps dernier.

« Qu’est-ce qu’on veut ? Un logement ! Pour qui ? Pour tous ! Qu’est-ce qu’on veut ? Un logement ! Pour qui ? Pour tous ! » Le 21 août, devant la mairie centrale de Lyon, une quarantaine de femmes et d’enfants entonnent des slogans en rythme, casseroles battantes. Le temps est comme suspendu pendant qu’une délégation du collectif « Solidarités entre femmes » est reçu par la mairie. Sous les fenêtres du bâtiment, et du haut de ses 12 ans, Marie s’empare du mégaphone. Elle se lance dans une tirade fleuve, toute en anaphore :

« Vous trouvez ça normal, vous, de laisser des enfants dormir à la rue ? Vous trouvez ça normal, vous, qu’on dorme dans des tentes ? Vous trouvez ça normal, vous, qu’on dorme dans un gymnase en pleine période de chaleur ? Pensez à vos enfants, vous aimeriez qu’ils dorment dans ces conditions ? Et vous-même, vous aimeriez ? Honnêtement, je crois pas. »

Manifestation Bellecombe
Les occupantes du gymnase de Bellecombe (Lyon 6è) manifestent sous les fenêtres de la mairie pour demander un relogement.Photo : ZC /Rue89Lyon.

Deux heures après, la délégation est ressortie avec des nouvelles en demi-teinte : la municipalité assure qu’une partie des ménages vont être relogée mais sans pouvoir préciser qui, ni où, ni si ce relogement va être assuré par la préfecture du Rhône. Seule certitude, « il n’y aura pas d’utilisation de la force publique », rapporte Colette Blanchon, membre du collectif Intersquats.

Femmes et enfants relogé·es après deux mois d’occupation

Ce n’est qu’une semaine plus tard, jeudi 31 août, que les occupant·es du gymnase ont pu être fixé·es sur leur sort. La situation commence à presser à la veille de la rentrée, l’équipement sportif de la Ville de Lyon doit être libéré pour accueillir clubs et scolaires, après deux mois d’occupation lors des congés d’été.

« Comme l’État ne se mobilise pas, nous sommes partis sur une autre solution », explique à Rue89Lyon Sandrine Runel, adjointe en charge des solidarités et de l’inclusion sociale.

D’après Lyon Capitale, lors d’une nouvelle réunion tenue ce jeudi matin, avec les membres du collectif « Solidarités entre femmes » et Jamais Sans Toit, l’élue a annoncé la prise en charge du relogement par la municipalité de tous·tes les occupant·es. Celui-ci devrait avoir lieu en fin de semaine dans l’ancien EHPAD Villette d’Or (voire notre mise à jour).

expulsion squats Lyon gymnase Bellecombe
Le gymnase municipal Bellecombe (Lyon 6e) a été occupé pendant plus de deux mois par des mères et leurs enfants sans-abri.Photo : LB/Rue89Lyon

Si la situation a mis du temps à se débloquer, c’est en partie en raison du bras de fer qui a opposé la municipalité à la préfecture. Sollicité à de nombreuses reprises, l’État s’est contenté de communiquer la même réponse à chaque fois :

« Les situations des personnes se trouvant actuellement au gymnase Bellecombe sont examinées par les services de l’État (l’Office Français de l’Immigration et de l’Intégration ; et la Direction Départementale de l’Emploi, du Travail et des Solidarités). Au regard des vulnérabilités individuelles qui auront été détectées, différentes solutions pourront être envisagées : places d’hébergement aux demandeurs d’asile, places d’hébergement d’urgence ou encore aide au retour volontaire. »

« Nous voulons nous recentrer sur nos compétences, les familles sont notre public prioritaire »

C’est bien la préfecture qui détient la compétence en matière d’hébergement d’urgence, à l’exception des femmes isolées et enceintes de moins de huit mois et les mères isolées d’enfants de moins de trois ans, qui doivent être hébergés par la Métropole de Lyon.

Mais la Ville de Lyon s’était auparavant engagée sur le sujet, en dépassant le domaine de ses compétences, notamment dans le cadre de son plan Zéro enfants à la rue. En décembre 2022, elle avait ouvert le gymnase Chanfray (2e) pour loger en urgence des familles à la rue.

En septembre 2022, la municipalité avait aussi ouvert un gymnase pour un autre public : des jeunes migrants, en recours pour être reconnus mineurs. Réitérant un premier engagement de 2021, lorsqu’elle avait mis une trentaine de places à disposition dans un bâtiment municipal, rue Paul Bert (3e), pour des jeunes dans la même situation. Les familles n’étaient donc pas le seul public que la municipalité écologiste souhaitait prendre en charge. Du moins jusqu’en décembre 2022.

Deux jours après avoir ouvert le gymnase Chanfray pour loger des familles, elle annonçait sa volonté de fermer le gymnase ouvert pour ces jeunes migrants et demandait à la Métropole et préfecture de les prendre en charge. Une annonce qui avait causé l’incompréhension chez les associations et soutiens des familles et des jeunes, au vu des engagements précédents de la mairie.

La collectivité a finalement clarifié sa position plus récemment. Elle a partagé sa volonté de se « recentrer », selon le terme utilisé en mai dernier par l’adjointe à l’accueil et à l’hospitalité, Sylvie Tomic, lors de la présentation d’un plan « pour un meilleur accueil des personnes en situation de migration ».

Elle expliquait alors la nouvelle politique de la municipalité :

« La question de l’hébergement on la poursuit avec la question des familles à la rue, qui est notre public prioritaire. Concernant la question des jeunes, l’idée n’est pas de se désengager. »

L’adjointe précisait que la mairie voulait dorénavant « éviter » de mettre à disposition des gymnases ou des lieux non-adaptés pour ces jeunes mais se concentrer sur « des lieux plus pérennes », en lien avec la Métropole et la préfecture.

Une position qui explique pourquoi la mairie a choisi de reloger les occupant·es du gymnase Bellecombe, mais pas les jeunes migrants qui occupent depuis fin mars un square municipale devant le siège de la Métropole.

395 enfants à la rue dans la métropole de Lyon

395 enfants à la rue dans la métropole de Lyon

Publié le 30 août dernier, le baromètre « Enfants à la rue », réalisé par l’UNICEF et la Fédération des acteurs de la solidarité, dénombre près de 2000 enfants sans solution de logement à la veille de la rentrée en France. L’occasion de dresser un bilan local. Dans la métropole de Lyon, 395 enfants se sont retrouvés à la rue, cet été, selon le collectif Jamais Sans Toit. Un nombre en forte hausse par rapport à l’année dernière.

A l’heure de la rentrée, le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF) et la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) tirent l’alarme :

« Comment ces milliers d’enfants, sans-abri ou menacés de le devenir, peuvent-ils appréhender sereinement la rentrée et suivre une scolarité « normale » dans un quotidien dicté par l’instabilité et la peur de ne pas savoir où dormir ? »

Baromètre « Enfants à la rue » 2023 de l’UNICEF et de la Fédération des acteurs de la solidarité

Selon leur baromètre annuel « Enfants à la rue », 1990 enfants ont été recensés comme sans-abri dans la nuit du 21 au 22 juillet 2023, soit 20% de plus qu’à la même date un an plus tôt.

Sur la métropole de Lyon, ils seraient 395, d’après le collectif Jamais Sans Toit, soit 3,5 fois plus que l’année passée. Parmi eux, 32 enfants ont moins de trois ans. Les chiffres du collectif sont basés sur sur 137 établissements scolaires de l’agglomération et ne comprennent pas les mineurs non accompagnés.

« Le signe d’une insuffisance des politiques publiques »

Au regard de cette hausse sur le territoire lyonnais, Raphaël Vulliez, porte-parole du collectif Jamais Sans Toit, avance trois facteurs d’explication :

« D’abord, la crise économique joue un rôle central en frappant durement les ménages. À cela s’ajoute l’absence de régularisation de certaines personnes qui travaillent en France mais qui n’ont pas accès à l’ouverture de droits sociaux. Et puis, dernier moyen d’expliquer cette augmentation, le manque criant de logements sociaux. »

Dans le Rhône, le 17 octobre 2022, Jamais sans toit recensait 197 enfants à la rue dans la Métropole de Lyon. ©MA/Rue89Lyon
Dans le Rhône, le 14 décembre 2022, Jamais sans toit recense plus de 290 enfants à la rue dans la Métropole de Lyon.Photo : MA/Rue89Lyon

Si l’hébergement relève de la compétence de l’État, le porte-parole pointe « l’échec du plan zéro enfant à la rue » initié par la municipalité de Lyon en décembre 2021. Celui-ci prévoyait notamment l’ouverture de 100 nouvelles places d’hébergement d’urgence pour une durée de deux ans, la mise à disposition de locaux pour l’État et le suivi des personnes hébergées sur place par un « opérateur expérimenté ».

Force est de constater que dans la seule ville de Lyon, les objectifs n’ont pas été tenus. 183 enfants n’ont pas de toit, selon les chiffres du collectif. Ce nombre est en hausse : selon Jamais sans toit, ils n’étaient qu’une vingtaine d’enfants à ne pas avoir de logement.

Enfants à la rue
De décembre 2021 à août 2023, le nombre d’enfants à la rue est en nette augmentation sur Lyon et la métropole lyonnaise.Photo : JamaisSansToit / Rue89Lyon.

« Il faut dire que les négociations avec l’État ne sont pas simples pour reloger les personnes, avance Raphaël Vulliez, mais il existe un levier auquel le maire ne recourt pas. Il possède des pouvoirs de police lui permettant d’assurer la sécurité publique. Avec, il pourrait réquisitionner des logements pour éviter les troubles à l’ordre public. Pour l’instant ce sont les associations qui se retrouvent à prendre en charge le relogement. Au 4 mai, Jamais Sans Toit avait dépensé 57 000€ en nuits d’hôtel. »

Dans son baromètre, l’UNICEF souligne quant à lui que les données récoltées au niveau national sont « le signe d’une insuffisance des politiques publiques » qui sont « censées faire disparaître » le sans-abrisme chez les enfants. Il relève également que le gouvernement n’a pas tenu son engagement pris à l’automne 2022, de « ne plus avoir aucun enfant à la rue ». Une des solutions avancées par le fonds des Nations Unies pour l’enfance serait d’en finir avec une « vision court-termiste », en maintenant la capacité du parc d’hébergement (195 000 prévues au niveau national en décembre 2023 contre 205 000 actuelles).

Une évolution possible du chiffre

Il est important de noter que les chiffres aujourd’hui délivrés sont susceptibles d’évoluer très rapidement. « D’ailleurs, imaginons que les enfants qui occupent le gymnase de l’école de Bellecombe depuis deux mois soient relogés, cela fera automatiquement baisser le chiffre. Ils sont environ une vingtaine là-bas. »

De son côté l’UNICEF évoque sa crainte de voir le nombre d’enfants augmenter dans les prochains mois, en raison de la réduction du parc d’hébergement et des effets prochains de la loi anti-squat, en vigueur depuis juillet 2023.

À Lyon-Gerland : les All Blacks arrivent, les prostituées sont chassées

À Lyon-Gerland : les All Blacks arrivent, les prostituées sont chassées

Alors que l’arrivée des All Blacks est célébrée par la Ville de Lyon en ce début du mois de septembre, les opérations de police se sont multipliées cet été pour chasser les prostituées jugées trop proches du centre d’entraînement de l’équipe favorite de la coupe du monde de rugby.

Vendredi 25 août 17h45, entre le stade de Gerland et la Plaine des jeux, dans une allée Pierre-de-Coubertin déserte, deux femmes bravent l’arrêté préfectoral qui interdit les camionnettes de prostituées dans un large périmètre du sud du 7e arrondissement.

Soudain, une des deux camionnettes se met à la hauteur de l’autre véhicule.

« C’est la police qui arrive », dit la première femme en espagnol.

Aussitôt, la seconde camionnette démarre en trombe. Quelques instants auparavant, cette femme nous avait prévenu :

« 18h, c’est leur heure ».

Pas manqué. Cinq minutes après le départ des deux véhicules, une camionnette de CRS cette fois-ci remonte la longue ligne droite et tourne rue Jean-Bouin également déserte.

« C’est la quatrième fois que je bouge mon véhicule cet après-midi, nous avait dit cette femme de nationalité dominicaine. Si nous ne partons pas, ils appellent la fourrière ».

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Dans le bus C3 à Lyon, « il y a tout le temps du monde »

Dans le bus C3 à Lyon, « il y a tout le temps du monde »

[Série – Sur toute la ligne] Les transports en commun disent beaucoup de la vie d’une ville et de ses habitant·es. Rue89Lyon a décidé d’explorer plusieurs lignes de la métropole de Lyon de bout en bout. Et comment écrire sur les TCL sans s’intéresser au bus C3, la plus fréquentée des lignes lyonnaises ?

Avec plus de 55 000 voyageurs par jour, 12 kilomètres de long et une vingtaine de bus qui se relaient, la ligne C3 est plus qu’indispensable au réseau de transport lyonnais. Sa fréquence est presque celle d’un métro. Alors que l’on se rend vers l’un des terminus de la ligne, à la gare Saint-Paul (Lyon 5e), trois « C3 » passent en moins de 10 minutes, en pleine après-midi de la fin du mois d’août.

« On part dans quatre minutes, je vais prendre un café, je reviens. C’est grâce à ça qu’on tient en rentrant de vacances ! », nous lance joyeusement Arian Ahmeti, le chauffeur, avant de partir au pas de course. Il revient vite, gobelet déjà presque fini à la main, et démarre. Les cheveux coupés ras et la voix posée, le conducteur est un fin connaisseur du C3, qu’il conduit depuis 7 ans. On part pour près d’une heure de trajet, jusqu’à Vaulx-en-Velin – La Grappinière.

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Asvel : mais pourquoi le club de basket élite de Lyon est à Villeurbanne ?

Asvel : mais pourquoi le club de basket élite de Lyon est à Villeurbanne ?

[Série – Mais pourquoi?] Alors qu’il est issu de la fusion entre un club villeurbannais et un club lyonnais, l’Asvel – l’équipe de basket élite de la métropole – reste ancré dans la ville sœur de Lyon. Rue89Lyon a shooté dans plus 70 ans d’histoire pour vous expliquer pourquoi.

Comme souvent dans l’histoire moderne de l’agglomération de Lyon, la naissance du club de basket de l’Asvel débute par un pacte entre catholiques et laïcs. Auréolé d’un titre de champion de France excellence en 1946, Pierre Barbier, président de l’Éveil Lyonnais-Sainte Marie de la Guillotière, cherche à constituer un grand club de basket pour la région lyonnaise. Il a réussi à attirer de grands joueurs mais il lui manque des infrastructures sportives.

Il se tourne vers l’Association sportive Villeurbannaise, club omnisport et laïc qui occupe un nouveau stade municipal (le futur stade Georges Lyvet), et les deux structures fusionnent. Le président de ce nouveau club, nommé « Association Sportive Villeurbanne Eveil Lyonnais » ou « Asvel » est l’ancien président de l’AS Villeurbanne et patron d’un bar-tabac. Il s’agit de Pierre Millet, décrit comme une forte personnalité locale « proche de la mairie communiste de l’époque ».

Le premier logo est imaginé par le premier entraîneur de l’équipe de basket, Georges Darcy : le vert et le noir sont les couleurs de l’AS Villeurbanne et de l’Amicale des Charpennes, avec le lion lyonnais et le dauphin qui rappelle que Villeurbanne appartenait autrefois à la province du Dauphiné. En 1960, le blanc remplacera le noir.

Le journaliste de l’Équipe, Claude Chavally, raconte dans son « ABCdaire de l’Asvel » paru en 2010 que l’Asvel est considéré dans ces années d’après-guerre comme une « équipe de vagabonds » car elle s’est entraîné sur différents terrains de jeu, jusqu’à la construction de la Maison des sports, cours Émile Zola.

C’est le maire de l’époque, le socialiste (SFIO) Étienne Gagnaire (maire de 1954 à 1977) qui contribue grandement à la sédentarisation de l’Asvel à Villeurbanne en bâtissant cette salle municipale. Entrée en service le 5 novembre 1957, elle peut accueillir 2018 places. Une grande capacité pour une salle de basket de l’époque. La Maison des Sports est rebaptisée le 1er avril 1995 du nom du président qui a marqué l’historie du club, Raphaël de Barros, décédé le 7 août 1993, au moment où l’Asvel intègre sa nouvelle salle l’Astroballe.

Ainsi, alors que le projet originel est d’en faire un club lyonno-villeurbannaise, la structure penche vite du côté villeurbannais. Les titres de champions rapidement glanés finissent d’asseoir le basket lyonnais à Villeurbanne.

Le club de basket le plus titré de France

À peine créé, le nouveau club de l’Asvel obtient un premier titre de champion de France élite (dont le nom a changé pour se nommer aujourd’hui Betclic Élite). S’en suivent cinq autres titres jusqu’en 1957, soit six sacres en huit ans.

Après une petite traversée du désert entre 1957 et 1964, l’Asvel redevient hégémonique jusqu’au début des années 80, avec notamment son meneur Alain Gilles, considéré comme le « meilleur basketteur français du XXe siècle » par la Fédération française. Le club perd ensuite de sa superbe jusqu’au début des années 2000.

Au total, l’Asvel dispose du palmarès le plus fourni du championnat de France de basket, avec 21 titres de première division. Surtout, c’est le seul club de l’élite des sports collectifs à ne jamais avoir été rétrogradé en division inférieure. Record en cours en 2023. Seule ombre sportive au tableau, l’Asvel n’a pas remporté une coupe d’Europe, contrairement au CSP Limoges, son grand rival des années 80-90.

Asvel Lyon Villeurbanne basket histoire
Match de l’Asvel à la Maison des sports dans les années 50. Le joueur de L’ASVEL Henri Grange n°10 tente de marquer, malgré le contre d’un adversaire. CC Georges Vermard – Fonds « Photographes en Rhône-Alpes » de la BM de Lyon

Une faible concurrence lyonnaise pour l’Asvel

« Locomotive du basket » dans la région, l’Asvel n’a pourtant pas été le seul club de l’agglomération lyonnaise à évoluer au plus niveau. Mais les Villeurbannais ont écrasé la concurrence venue de la ville voisine pour demeurer l’unique club d’élite de basket de la métropole de Lyon.

Dans les années 60, le Stade Auto Lyonnais ou « SA Lyonnais », héritier du club omnisport l’Union Sportive Berliet, créé pour les ouvriers des usines automobiles, a tenté de contester l’hégémonie des Verts. Les basketteurs lyonnais ont terminé vice-champions de France en 1960 derrière l’Asvel. André Buffière, une autre gloire villeurbannaise, a même entraîné cette équipe après avoir été l’entraîneur-joueur de l’Asvel du début des années 50.

Les derbies se jouaient alors au Palais des sports de Gerland inauguré en 1962. Ce club de basket a aujourd’hui disparu. C’est dans ce même Palais des sports que l’Asvel a organisé ses matchs de coupe d’Europe et ses grands matchs nationaux avant la construction de l’Astroballe. Les records d’affluence de l’Asvel se trouvaient donc à Gerland, avec des rencontres réunissant de 8 000 à 10 000 spectateurs.

Le journaliste du Progrès Serge Galichet, préposé au suivi du basket, se souvient particulièrement d’un 26 février 1986 et d’un Palais des sports « bourré jusqu’aux cintres », lors d’un article sur la défaite du club contre les Soviétiques de Kaunas (Lituanie), en demi-finale de la coupe des coupes.

Au début des années 90, l’Asvel a dû affronter une nouvelle équipe lyonnaise, le Jet Lyon. On doit au PDG de Jet Service (un service de livraison), Roger Caille, le premier « naming » (accoler le nom du principal sponsor ou actionnaire au nom du club ou du stade) de l’histoire du basket français, bien avant Adecco et LDLC pour l’Asvel. Celui-ci a fait de la CRO (Croix-Rousse Olympique) Lyon un club professionnel en attirant quelques grands noms du basket français dont de vieilles gloires villeurbannaises.

Après son accession au championnat d’élite, le Jet Lyon a stagné en milieu et fin de classements. Et n’est pas parvenu à décrocher des titres comme son voisin villeurbannais. Symboliquement, l’Asvel a battu le Jet Lyon pour son premier match dans « sa » nouvelle salle de l’Astroballe, le 15 mars 1995. De défaites en déconvenues financières, l’homme d’affaires Roger Caille a renoncé à Lyon en 1996. Le Jet est redevenu la CRO Lyon et est reparti des tréfonds des divisions régionales pour évoluer aujourd’hui en Nationale 3.

En matière de basket, Lyon c’est Villeurbanne

L’année 1996 constitue un tournant dans la manière dont les élus de la Ville de Lyon ont envisagé le basket pro dans l’agglomération. Cette année-là, le maire de Lyon Raymond Barre a signé un accord de partenariat avec l’Asvel, qui joue pourtant depuis 1995 tous ses matchs à Villeurbanne. À la clé, une subvention d’1 million de francs de l’époque. Une seule exigence de la part de l’ancien Premier ministre : le changement de nom, transformé en « Asvel Lyon-Villeurbanne ».

Faute de club d’élite dans leur ville, les politiques lyonnais ont prolongé cette politique de soutien au basket professionnel.

Parallèlement, depuis la fin des années 90, les actionnaires successifs de l’Asvel devenu Société Anonyme à Objet Sportif en 1998 puis SASP (Société Anonyme sportive professionnelle) se projettent à l’échelle de l’agglomération lyonnaise notamment dans la recherche d’un site d’implantation d’une grande salle.

Villeurbanne, c’est l’Asvel (et inversement)

Si la tendance actuelle est à la métropolisation de l’Asvel, elle s’est accompagnée depuis la fin des années 80 et la professionnalisation du basket en France, d’un soutien financier massif de la part de la Ville de Villeurbanne.

Un lien fort existait déjà jusqu’en 1988 mais cette année-là, un fait rare s’est produit. Le député-maire socialiste Charles Hernu est devenu président de l’association à la suite de la démission du « paternaliste et gaulliste » (selon l’expression du journaliste Claude Chevally) Raphaël de Barros après 25 ans de mandat.

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Le député-maire de Villeurbanne et président de l’Asvel, Charles Hernu regarde « son » équipe jouer contre l’Université d’Arizona (défaite 96-103) le 16 mai 1989. CC Marcos Quinones/ Lyon Figaro – Fonds « Photographes en Rhône-Alpes » de la BM de Lyon

Tout d’abord réticent, « estimant que l’argent des contribuables ne devait pas servir à créer de séparation entre le sport de masse et l’élite », Charles Hernu apporta un appui financier « sans précédent ». Le journaliste de l’Équipe Claude Chevally raconte l’anecdote qui aurait contribué à cette bascule :

« Alors qu’il était ministre de la Défense de François Mitterrand et à l’occasion d’un voyage au Liban, un homme politique crut bon de lui demander de quelle ville il était maire. Quand Charles Hernu eut dit Villeurbanne, la réponse fusa : « Ah ! La ville d’Alain Gilles et de l’Asvel », sous prétexte que l’équipe de France militaire avait un jour joué à Beyrouth, avec Gilles dans ses rangs. Déduction de Charles Hernu : « en voyant qu’Alain Gilles était plus connu là-bas que le ministre de la Défense, j’ai compris la place que tenait le basket dans notre ville ». Il dit avoir pris ce jour-là une bonne leçon d’humilité.

Avec Charles Hernu, l’Asvel est devenu un sujet politique, principalement autour de la question de la construction d’une nouvelle salle pour remplacer la Maison des sports, considéré comme trop petite et inadaptée au sport professionnel. Un projet existait depuis 1978 mais n’avait pas pu être réalisé faute de financement suffisant de la municipalité.

Maître d’œuvre, la municipalité est parvenue à ses fins grâce à l’appui du Conseil général, de la Communauté urbaine et de la Région. D’une capacité de 4851 places (portée à 5278 sièges par la suite), l’Astroballe a été inaugurée en février 1995 par un match gagné contre le Jet Lyon.

Joueurs de l'ASVEL à l'entraînement
Les joueurs de l’ASVEL à l’entraînement avant le match face à Cholet, le 10 mai 2022 à l’Astroballe. Photo Arnaud Fischer/Rue89Lyon.

À Villeurbanne, la mairie bichonne l’Asvel tant qu’elle reste à la maison

Cet important soutien financier est prolongé par Jean-Paul Bret (maire PS de Villeurbanne de 2001 à 2020), le poussant jusqu’à 1 million d’euros de subventions et diverses aides de la Ville. Face aux différentes critiques portant sur cette aide financière hors du commun pour le basket professionnel, c’est l’histoire du club et de Villeurbanne qui est mise en avant.

Mais cette relation fusionnelle a été malmenée par le projet de nouvelle salle voulu par le club. Ce dernier espère accueillir les matchs d’Euroleague, avec une capacité de 12 000 places. Pour maintenir le lien avec la commune, la Ville de Villeurbanne avait manié la carotte et le bâton, en proposant un terrain à une encablure de l’Astroballe et en menaçant l’Asvel de revoir son partenariat si le club allait voir ailleurs dans la métropole.

Actionnaire majoritaire en 2014, Tony Parker, après avoir déclaré sa flamme à Villeurbanne, choisit l’OL Land de Jean-Michel Aulas à Décines. Jean-Paul Bret a mis alors sa menace à exécution en baissant d’un tiers la subvention pour le budget de 2020.

Depuis l’arrivée de Cédric Van Styvendael, les relations se sont apaisées. Si les différentes aides n’ont pas retrouvé leur niveau d’antan, la Ville a signé une nouvelle convention avec LDLC Asvel (comme il faut appeler le club depuis 2018). Cette convention a fait tousser dans la majorité municipale, particulièrement chez les écologistes qui se sont historiquement positionnés contre ces aides massives au sport business.

Parallèlement, comme l’expliquent nos confrères de Mediacités, l’arrivée de John Textor à la tête de l’OL fragilise la position de Tony Parker qui a besoin de la Ville de Villeurbanne particulièrement pour rénover l’Astroballe, où le club va jouer la plupart de ses matchs français. En février dernier, les déclarations d’amour ont alors refleuri à l’occasion de la signature de cette nouvelle convention entre le club et sa « ville de cœur ». Un idylle – pour l’instant – sauvée.

Une première rénovation « d’urgence » à l’école Berthelier de Lyon

Une première rénovation « d’urgence » à l’école Berthelier de Lyon

À moins d’une semaine de la rentrée, l’école Berthelier de Lyon (7e), régulièrement inondée lors d’intempéries, a enfin bénéficié de premiers travaux, du moins sur les parties à risque. La rénovation partielle a lieu avant une complète réhabilitation du bâtiment, vétuste. Attendus depuis longtemps par les parents d’élèves, les travaux doivent débuter en 2024.

Impossible d’imaginer torrents d’eau, dalles de faux plafonds décrochées et cahiers détrempés. Premier constat en entrant dans l’école Berthelier de Lyon (7e arrondissement), les carreaux du plafond sont fraîchement posés et sans défaut apparent, rien ne dépasse. Seuls les emplacements de certains plafonniers attendent d’être comblés dans les prochains jours.

L'école Berthelier de Lyon
Les élus Sylvain Godinot (Transition écologique et patrimoine) et Stéphanie Léger (Education) dans une salle de l’école Berthelier de Lyon, dont les faux plafonds ont entièrement été refaits.Photo : ZC / Rue89Lyon.

En juin dernier, l’établissement revêtait un aspect bien différent après avoir subi de plein fouet un épisode orageux entraînant inondations, fermeture de plusieurs classes et condamnation du couloir central. « Quatre classes ont été en itinérance pendant le dernier mois de cours et les élèves passaient leur temps à porter leurs affaires » se rappelle Maya Abkal, mère d’élève.

Pour assurer l’ouverture des classes à la rentrée, la municipalité a engagé des travaux cet été, qu’elle « ne peut chiffrer en termes de montant », selon les termes de l’adjointe à l’Éducation, Stéphanie Léger. Sont concernés par la réfection : faux plafonds, isolation et zinguerie (évacuation des eaux de pluie). Le principal problème venant de ce toit en forme de « V » où l’eau s’accumulait jusqu’à infiltrer les tuiles. Un trop-plein qui a désormais été comblé et dont l’écoulement a été facilité par la création d’un débord de toiture.

L'école Berthelier de Lyon
Le toit en forme de « V » d’un bâtiment de l’école Berthelier de Lyon empêchait l’évacuation des eaux.Photo : ZC / Rue89Lyon

Ces travaux, comme l’a précisé, lors de la visite presse de pré-rentrée, l’adjoint à la transition écologique et au patrimoine Sylvain Godinot, ont un caractère « d’urgence » pour solutionner les problèmes fréquents d’inondation avant la reprise des cours. En effet, l’épisode de l’année dernière avait un air de déjà vu. En mai 2022, un événement météorologique similaire avait touché quatre classes de CP et de CE1 ainsi qu’une partie du réfectoire et du gymnase.

Une réhabilitation à venir à l’école Berthelier

L’urgence ne supprime toutefois pas les problèmes qui remontent à plus longtemps et qui ne concernent pas seulement l’isolation, mais de façon plus globale, l’état de l’école, construite il y a 130 ans. Lionel Komsa, qui a été parent délégué durant sept ans constate que « l’école est vieillissante » et que la mairie « a parfois manqué de réactivité pour résoudre les problèmes ». Notamment sur les toilettes.

Dès 2017, lui et l’ensemble des parents élus avaient monté un dossier – à destination de la municipalité autrefois menée par Gérard Collomb – faisant l’état des lieux de l’école. Rue89Lyon a pu le consulter. Dedans, ils relevaient l’état vétuste des murs, qui ont depuis été repeints, ainsi que :

« Un problème connu d’évacuation qui engendre rapidement dans la journée, et plus encore en période chaude, des odeurs nauséabondes qui découragent les enfants à utiliser les toilettes. »

La mise aux normes des sanitaires est désormais comprise dans un plan de réhabilitation plus vaste et mené par l’actuelle municipalité, qui prévoit entre autres, selon le compte-rendu d’une réunion de projet daté du 8 juin : la rénovation des façades, la rénovation des toitures, le remplacement de menuiseries, l’accessibilité aux personnes en situation de handicap et le traitement de la surchauffe de la cantine.

Les travaux prennent du retard à l’école Berthelier à Lyon

D’après ce même document, les travaux, estimés à 2,8 millions d’euros, étaient censés commencer en automne 2023. Ils sont finalement repoussés au deuxième trimestre 2024 pour se terminer au premier semestre 2025. Un léger retard qui « inquiète » les parents d’élèves, dont Maya Abkal fait partie :

« C’est bien, on nous dit que les travaux arrivent mais ce qui m’inquiète c’est ce glissement de calendrier. À entendre les autres parents d’élèves, ils sont reportés comme ça depuis dix ans. Si les travaux avaient été menés avant, je ne suis pas sûre que la situation du bâtiment serait celle-ci aujourd’hui. »

Les dalles manquantes aux plafonds de l'école Berthelier n'ont pas été remplacées depuis l'inondation. Photo fournie par des parents d'élèves.
Des dalles manquantes aux plafonds de l’école Berthelier, suite à l’inondation de mai 2022. Photo fournie par des parents d’élèves.

L’adjointe Stéphanie Léger, se veut pourtant rassurante :

« Si cette réhabilitation prend du temps c’est aussi parce que nous menons des études préalables qui sont longues et parce que, forcément, faire des travaux dans un site occupé nécessite une certaine organisation. »

Compétence municipale, la gestion des crèches et des établissements de maternelle et primaire est le principal poste de dépense de la mairie. Les écologistes, élus en 2020, ont souhaité y consacré 28% de leur Plan pluriannuel des investissements (PPI) jusqu’en 2026, soit 425 millions d’euros, dont 354 millions pour la création, rénovation et végétalisation des établissements scolaires. L’école Berthelier en faisait partie, ce à quoi il faut rajouter les rénovations d’urgence.