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La Région coupe ses subventions au TNG de Lyon

La Région a annoncé le 28 avril couper net ses subventions au TNG de Lyon en réponse à la tribune de Joris Mathieu, son directeur, qui critiquait la gouvernance de Laurent Wauquiez. Le vote du budget culturel devrait avoir lieu le 12 mai en commission permanente.

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Laurent Wauquiez Président du Conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes lors de la signature d'un avenant au Contrat de Plan Etat-Région. ©MG/Rue89Lyon

Elle est coutumière du fait. Au cours d’une conférence de presse, vendredi 28 avril, la Région Auvergne-Rhône-Alpes a annoncé supprimer la totalité de sa subvention annuelle de 149 000 euros allouée au Théâtre nouvelle génération, appelé plus communément TNG, de Lyon, rapporte Le Monde.

Une décision – réaction épidermique ? – signée Laurent Wauquiez, président de Région (LR), à la lecture de la tribune échauffée du directeur de la structure, Joris Mathieu, publiée le 18 avril sur le site du Syndicat national des entreprises artistiques et culturelles (Syndeac), dont il est membre. Ce dernier dénonçait, entre autres, des « dysfonctionnements », occasionnés par la « gouvernance hypercentralisée du président de Région » et ses « dérives autocrates ». 

Laurent Wauquiez Président du Conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes Région Lyon
La région Auvergne-Rhône-Alpes, présidée par Laurent Wauquiez, tire un trait sur 149 000 euros d’aides allouées au TNG de Lyon.Photo : MG/Rue89Lyon

« Tous les acteurs culturels ont peur de s’attirer les foudres de l’exécutif »

« Nous avons bien entendu les propos et les désaccords du directeur et nous avons fait le choix de retirer l’intégralité du financement à cette structure, a asséné Sophie Rotkopf, vice-présidente du Conseil régional déléguée à la culture à l’occasion de cette même conférence de presse du 28 avril. Comment voulez-vous discuter avec quelqu’un qui ne veut pas discuter ? Il n’a de cesse de mépriser la Région et, à travers sa démarche, il méprise tous les habitants en dehors de la métropole lyonnaise. »

Contacté par Le Monde, Joris Mathieu a tenté de se défendre. En vain.

« Dire que nous n’avons pas voulu discuter, c’est une inversion de la réalité, a-t-il plaidé. Après une baisse des aides sans aucune concertation préalable, les organisations professionnelles n’ont jamais été reçues malgré leurs demandes répétées, les décisions tombent par voie de presse. »

Interrogé par Télérama le jeudi 20 avril, il a confié qu’il redoutait un dénouement similaire :

« Soyons clairs, tous les acteurs culturels ont peur. Peur des arbitrages, des conséquences sur les emplois. Mais le plus grave, c’est bien cette peur de s’exprimer et de s’attirer les foudres de l’exécutif qui s’est généralisée. Ce n’est pas normal dans le cadre d’une relation avec une collectivité. » 

Dans les bureaux de l’exécutif écologique de Lyon, les dents grincent. Nathalie Perrin-Gilbert, adjointe à la culture, a également relevé pour Le Monde :

« La Région continue d’affaiblir dangereusement le secteur en opposant les acteurs culturels entre eux et en privilégiant une logique de projets annuels qui fragilise la permanence des emplois artistiques et techniques. »

Pascale Bonniel Chalier mise sur une expression plus directe. Dans son communiqué de presse publié mercredi 3 mai, la conseillère régionale écologiste et membre de la commission culture s’est positionnée en soutien du directeur du TNG :

« Joris Mathieu avait donc bien raison de dénoncer une culture de l’intimidation et de la peur. Ces pratiques de représailles ne sont pas dignes d’un représentant de la République. (…) Dans la Région Auvergne Rhône-Alpes, les secteurs culturels sont ciblés comme des ennemis à museler par l’exécutif de Monsieur Wauquiez. »

À Lyon, le secteur culturel déjà fragilisé par les coupes de subventions de la Région

La nouvelle sonne comme une énième punition à qui viendrait défier l’homme politique, qui n’en est pas à son premier coup de massue. En 2016 déjà, Laurent Wauquiez avait décidé de retirer les 5 000 euros d’aide attribués au « Face à Face », un festival de cinéma LGBT stéphanois fort de 18 éditions. D’autres coupes ont été réalisées auprès d’événements voisins : Vues d’en face (festival international du film LGBT+ grenoblois), Ecrans Mixtes (festival de cinéma queer lyonnais). 

Même rengaine en 2021. À la suite de propos anti-police tenus par un groupe de rap dans la vidéo de présentation du Lyon Antifa Fest, le CCO de Villeurbanne s’était vu privé d’une subvention de 45 000 euros. Décision annoncée par voie de presse. Une nouvelle fois.

Au printemps 2022, il avait annoncé une baisse drastique des subventions à la culture, justifiée par un « rééquilibrage territorial » au profit des « habitants éloignés des grandes institutions culturelles ». Une baisse budgétaire de 3,7 millions d’euros, soit 17,67% de l’aide culturelle régionale entre 2021 et 2022, qui a touché 140 des 313 subventions enregistrées. Sans concertation préalable des acteurs culturels, déstabilisés par le manque de communication. 

Presque un an plus tard, le 13 février 2023, dans les colonnes de Télérama, Sophie Rotkopf a annoncé de nouvelles coupes dans le budget culturel de cette année :

« Rien n’est dû et rien n’est gravé dans le marbre (…). Certaines subventions vont augmenter, d’autres baisseront. »

Faute de précision, les structures concernées ont été dans l’obligation de revoir à la hâte l’organisation des trésoreries et de tailler dans leur programmation. Pour l’instant, seule la coupe des subventions au TNG a été annoncée. Le budget culturel devrait être voté le 12 mai en commission permanente du conseil régional.


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