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[Portrait d’électrice 7/10] Malika de Lyon 2ème : « Pourquoi je ne suis pas allée voter dimanche »

Malika souhaite voir les écologistes gagner à Lyon. Pourtant, elle n’a pas voté lors du 1er tour des élections municipales et métropolitaines qui s’est déroulé ce dimanche 15 mars.

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Portrait électeur Malika

À 56 ans, Malika, habitante du 2ème arrondissement de Lyon, est cadre dans la protection sociale. Pour ces élections de 2020, elle avait décidé d’accorder son vote à deux listes différentes. En effet, elle voulait voter pour la liste d’EELV de Grégory Doucet, pour les élections municipales à la différence des élections métropolitaines, où elle envisageait de glisser un bulletin “Gauche unie”, la liste menée par Renaud Payre.

“On a la possibilité de voir passer l’écologie politique pour les élections de la ville avec Gregory Doucet” expliquait-elle quand je l’avais rencontrée avant le 1er tour.

Pourtant, le jour du 1er tour elle n’est pas allée voter. Elle conteste la décision du gouvernement de maintenir le 1er tour des élections locales dans un contexte où les cas de coronavirus ne cessent d’augmenter. Elle explique son choix en reprenant les mots du journaliste Michel Mompontet tenu la veille sur son profil Facebook :

« Les conditions de ces élections sont parfaitement anormales (en pleine épidémie du coronavirus) et j’estime trop la valeur du scrutin pour le voir se dérouler dans des circonstances aussi dangereuses. »

Pour elle, le maintien du 1er tour des élections a mis en danger la population et a « nui à la démocratie » car elle a provoqué trop d’abstention.

« Il n’y a quasiment pas de personnes d’origine maghrébine ou africaine »

Malika est une électrice de gauche.

“J’ai toujours voté à gauche et je suis pour l’écologie politique.”

Elle commence à militer très jeune. Au lycée, elle a été profondément marquée par les meurtres des jeunes à Lyon et ailleurs France :

« Ils se sont fait tuer parce qu’ils étaient arabes”, raconte-t-elle.

Elle s’engage alors dans un mouvement contre le racisme, “Les jeunes arabes de Lyon et banlieue » (JALB). Quelques années après la fin de ses études, elle quitte Lyon pour Paris. Elle s’engage alors chez les Verts. Elle y reste quelques années avant de quitter le parti après les élections européennes.

“Je ne me suis pas retrouvée dans l’évolution du parti ».

Depuis, elle milite dans aucune organisation politique.

Malika ne se sent pas représentée :

“J’ai regardé les têtes de liste de tous les partis. Il n’y a quasiment pas de personnes d’origine maghrébine ou africaine.”

Elle en conclut que les Lyonnais ne sont toujours pas prêts à accepter que quelqu’un de “bronzé ou black puisse représenter une instance”.

Portrait électeur Malika
Malika conteste le choix du gouvernement de maintenir le 1er tour des élections municipales et métropolitaines

Voter contre le projet de l’Anneau des sciences

Pour Malika, les principaux enjeux des élections de cette année sont écologiques :

« Lyon est une ville qui étouffe”.

Elle explique qu’il est urgent de réduire les gaz à effet de serre produits dans la ville, en implantant une nouvelle politique de mobilité. Elle se positionne contre le projet de l’Anneau des sciences:

“On ne règle pas le problème, on crée un système dans lequel on vous encourage à prendre la voiture. Mise à part Gérard Collomb, tous les autres partis sont contre”.

Malika soutient aussi une politique de mixité sociale dans les quartiers lyonnais. Elle souhaiterait qu’on empêche les quartiers de se gentrifier :

“Il faut mettre en place une politique de mixité sociale qui prend aussi en compte l’histoire de ces lieux et des habitants”.

Elle prend l’exemple du quartier de la Guillotière qui a « une histoire avec l’Algérie« .

“Ça serait vraiment chouette que ce quartier puisse être rénové, pas en enlevant les pauvres, mais en permettant à cette histoire d’être connue”.

Franco-algérienne, elle s’est engagée dans le Collectif de soutien lyonnais au peuple algérien.

Elle aimerait que les Français, à commencer les représentants politiques, s’intéressent et changent leur vision qu’ils ont de l’Algérie et des immigrés :

“Les gens comme moi qui ont des liens entre les deux rives peuvent contribuer à construire un avenir meilleur.”

Malika se positionne profondément pour le renouvellement des mandats. Pour elle, c’est un signe que la démocratie est vivante. Elle fait le lien avec Gérard Collomb :

« Il a fait trop de mandats, il ne doit pas être réélu”, expliquait-elle avant ce 1er tour des élections locales. “Tout citoyen, quelque soit son origine, doit pouvoir être élu puis reprendre la vie qu’il menait avant”.

Avec la claque que le maire de Lyon a reçue dimanche, elle a été satisfaite. Malgré tout.


#écologie

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