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Actualités, enquêtes à Lyon et dans la région

À la Duchère, l’écoquartier peine à porter ses fruits

À la Duchère, l’écoquartier peine à porter ses fruits
L’écoquartier de la Duchère germe, mais les questions de mixité sociales demeurent.

Labellisé écoquartier il y a dix ans, le quartier de La Duchère, dans le 9e arrondissement de Lyon, poursuit sa mue urbaine se voulant écologique. Cette étiquette durable était censée renforcer la cohésion et la mixité sociale. Mais cette dynamique a du mal à s’inscrire dans le quotidien des habitants.

Jamais il n’aurait pensé venir habiter à La Duchère. La soixantaine, Yves Lafond-Puyo, occupait auparavant un cinq pièces du 2e arrondissement de Lyon. Aujourd’hui, il est président du conseil citoyen duchérois. « Pour moi, ce n’était que des barres d’immeubles, confie-t-il, assis dans une boulangerie de la chaîne lyonnaise Naan, installée sur la nouvelle place Abbé-Pierre. Pourtant, ici, il y a une vraie vie de quartier. »

Occupée par des terres agricoles puis par une cité HLM à partir des années 1960, La Duchère a été le premier écoquartier labellisé de Lyon, en 2013. Plusieurs années après le dynamitage de nombreuses barres d’immeubles, le programme national de rénovation urbaine (PNRU) a été pensé pour reconstruire le quartier autour des problématiques environnementales et, notamment, du jardinage. Une évolution qui a amené l’arrivée de nouveaux habitants.

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Une économie plus écologique à Lyon est-elle possible ?

Une économie plus écologique à Lyon est-elle possible ?
Vue sur le quartier de la Part-Dieu, depuis la tour To-Lyon.

Avec ses quartiers d’affaires, ses sièges de grandes entreprises et sa Vallée de la chimie, l’agglomération lyonnaise est une place forte de l’économie française. Les écologistes à la tête de la Métropole voudraient y mettre plus d’écologie, tout en gardant un tissu économique dynamique. Une tâche d’équilibriste dont on vous parle en podcast.

Pendant près de six ans, Lyon a été la ville la plus attractive de France, dans le classement du cabinet Arthur Loyd. Mais, en 2023, la capitale des Gaules a été rétrogradée deuxième position, derrière Toulouse. La faute aux écolos, qui auraient plongé la ville dans la décroissance ? Si l’on regarde le détail de l’étude, c’est plutôt la hausse des prix de l’immobilier – que la majorité tente pourtant d’encadrer – qui a fait chuter Lyon au classement.

Pour autant, les écologistes sont clairs sur un point : ils ne veulent pas d’une ville de cadres. Autrement dit, ils ne veulent pas que l’économie lyonnaise soit portée uniquement par de grandes entreprises nationales ou internationales, qui viendraient installer leurs bureaux à Lyon. L’exécutif métropolitain aimerait voir plus d’artisanat, d’économie sociale et solidaire ou même de petites industries s’installer dans l’agglomération, voire même au cœur de Lyon. 

Pour cela, ils utilisent plusieurs outils : la baisse des loyers commerciaux dans les projets de renouvellement urbain, comme à la Confluence, ou encore l’urbanisme transitoire, encore à ses débuts.

Pour comprendre tout ça, retrouvez ici notre podcast réalisé en partenariat avec Radio Anthropocène, suivi d’un entretien avec Émeline Baume (EELV), vice-présidente de la Métropole de Lyon déléguée à l’Économie, à l’emploi, au commerce, au numérique et à l’achat public.

Un autre enjeu est la décarbonation du transport de marchandises, par voie ferroviaire ou fluvial. Le développement de ces deux secteurs est encore balbutiant, mais il sera crucial dans les années à venir. Tout comme la gestion des pollutions de la Vallée de la Chimie, les perfluorés en première ligne. Un sujet qui embarrasse les écologistes de la Métropole : ce bassin industriel emploie près de 50 000 personnes, mais les leviers de collectivité pour encadrer les rejets polluants sont peu nombreux.

Économie et transition écologique à Lyon : nos articles pour aller plus loin

Pour aller plus loin, nous vous invitons à retrouver (une partie de) nos articles consacrés à ce sujet ci-dessous. Certain d’entre eux concernent la Vallée de la Chimie et une autre des sujets liés à l’artisanat et aux commerces à Lyon.

Autrement, débranchez votre cerveau, et connectez vos oreilles. Bonne écoute !

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Subvention supprimée : Alternatiba attaque la préfecture en justice à Lyon

Subvention supprimée : Alternatiba attaque la préfecture en justice à Lyon
L’association Alternatiba, qui tient son QG dans l’Alternatibar, montée de la grande côte, rentree en conflit avec l’État.

Fin janvier, l’association Alternatiba a déposé un recours au tribunal administratif contre une décision de la préfecture lui refusant une subvention. Une défense face à un « dévoiement » de la « loi contre le séparatisme », selon l’association. Explications et analyse. 

Le 26 janvier, l’association Alternatiba Rhône a déposé un recours contre la préfecture au tribunal administratif de Lyon. En cause ? Le refus d’octroyer à l’association écologiste une subvention de 3 500 euros, sans lui notifier ce refus, ni la raison. Cette décision se serait appuyée sur les nouvelles règles de la « loi séparatisme », bien que cela soit ne soit pas clairement dit par les services de l’État.

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Lyon attaque (vraiment) l’État en justice sur l’hébergement d’urgence

Lyon attaque (vraiment) l’État en justice sur l’hébergement d’urgence
Le 14 février, près de 80 personnes se sont réunies en soutien aux personnes sans toit devant la mairie de Lyon.

Cinq maires écologistes et socialistes (Lyon, Rennes, Strasbourg, Bordeaux et Grenoble) annoncent attaquer l’État devant les tribunaux administratifs pour les failles constatées dans l’hébergement d’urgence de leurs villes respectives, ce jeudi 15 février. Ils espèrent que le gouvernement réponde par une réforme complète de ce système.

Les menaces sont devenues réalité. Lors d’une conférence de presse commune jeudi 15 février, Jeanne Barseghian, maire (EELV) de Strasbourg, Nathalie Appéré, maire (PS) de Rennes, Grégory Doucet, maire (EELV) de Lyon, Pierre Hurmic, maire (EELV) de Bordeaux, et Éric Piolle, maire (EELV) de Grenoble, ont annoncé que leurs villes respectives avaient – ou allaient – attaquer l’État devant les tribunaux administratifs. Ils l’accusent d’une carence dans son obligation d’héberger toutes les personnes qui le demandent.

Ces cinq villes avaient déjà initié des démarches gracieuses auprès de leurs préfectures respectives à la fin de l’année 2023. Des démarches qui sont restées lettres mortes depuis plus de deux mois. Ce silence peut être interprété comme un refus implicite de réponse de l’État.

Concrètement, chacune des villes participantes (Paris n’a pas activé la démarche contentieuse) demandent donc aux tribunaux administratifs de condamner l’État à rembourser une partie de leurs dépenses engagées au titre de l’hébergement d’urgence. Strasbourg facture la mise à disposition d’un gymnase, Bordeaux d’une salle d’accueil, Grenoble l’hébergement d’une famille…

Doucet Grégory
Le maire de Lyon fait partie des cinq maires à attaquer l’État sur les manques de son système d’hébergement d’urgence.Photo : HH/Rue89Lyon

Hébergement d’urgence à Lyon : faire réagir le gouvernement

Au-delà de cette démarche comptable, il s’agit surtout pour ces maires d’obtenir une réponse du gouvernement face à l’aggravation du nombre de personnes sans-abris. Jeanne Barseghian, maire de Strasbourg, a rappelé les objectifs :

« Nous ne pouvons plus accepter des plans grand froid décidés à la dernière minute, des mobilisations en dernier recours et selon les températures de gymnases… Nous demandons au gouvernement de revoir tout le système d’hébergement d’urgence : des critères d’acceptation, des nuitées dans les hôtels, de la gestion au thermomètre, etc. »

À Rennes, Nathalie Apperé indique avoir promis en 2014 que plus un enfant ne dormirait dehors (une promesse également faite à Lyon, en 2020). Elle a avoué jeudi que, malgré la création de 900 places d’hébergement directement gérées par la Ville avec des associations d’aide sociale et 3 millions d’euros engagés chaque année dans ce dispositif, il y avait encore au moins une trentaine d’enfants sous des tentes.

Pour Jeanne Barseghian, la réaction du gouvernement est d’autant plus urgente que la situation actuelle n’est « pas un statu quo, toutes les associations engagées dans l’aide aux sans-abris constatent qu’elle se dégrade ».

Une action voulant être une « main tendue »

Les maires écologistes ont aussi tenu à rappeler que, malgré les apparences, leur démarche est une « main tendue » à l’État et qu’elle n’est « pas partisane », comme l’a rappelé le maire de Lyon, Grégory Doucet :

« Nous agissons en tant qu’élus de la République, mais aussi en tant que citoyens et au nom de nos concitoyens, qui nous interpellent fréquemment sur les raisons pour lesquelles certains habitants de leur ville doivent dormir dehors. Cette question dépasse les clivages, elle s’inscrit dans le principe de fraternité. »

Du côté de l’État, les maires constatent que depuis le début de leur action, trois ministres du logement se sont succédés au gouvernement et que l’avant-dernier avait promis 10 000 places d’hébergement avec un plan de 120 millions d’euros. C’était « insuffisant, à peine 10% des besoins », selon Pierre Hurmic à Bordeaux. Et surtout, c’était juste avant le remaniement.

Acculé, le député du Rhône Hubert Julien-Laferrière quitte les écologistes

Acculé, le député du Rhône Hubert Julien-Laferrière quitte les écologistes
Le député de la 2e circonscription du Rhône Hubert Julien-Laferrière. ©HH/Rue89Lyon.

Nouveau rebondissement dans l’affaire de corruption et d’ingérence étrangère entourant le député du Rhône, Hubert Julien-Laferrière. Après de nouvelles révélations ce jeudi 15 février, l’élu a annoncé quitter le groupe écologiste à l’Assemblée nationale.

Sa position devenait intenable. Le député de la 2ème circonscription du Rhône, Hubert Julien-Laferrière, a annoncé ce jeudi 15 février son départ du groupe écologiste à l’Assemblée nationale. En cause, de nouvelles révélations de la cellule investigation de Radio France sur de supposées prises de paroles rémunérées du député dans le cadre de ses activités parlementaires. Et ce, pour défendre les intérêts de pays étrangers, Qatar en tête.

Dans un communiqué adressé par son avocate à l’AFP, le député a dénoncé « une violation du secret de l’instruction ». Il a déclaré « réfuter avec force les accusations dont il est l’objet » mais également annoncé « se retirer du groupe parlementaire des écologistes afin de préserver la sérénité du travail parlementaire de ses collègues ».

Dans un autre communiqué, les députés écologistes ont eux estimé que « les agissements décrits, s’ils sont avérés, contreviennent à l’impératif de probité, qui doit régir la vie politique ». Contacté à plusieurs reprise sur ce dossier par Rue89Lyon, Hubert Julien-Laferrière n’a jamais répondu à nos sollicitations.

Hubert Julien-Laferrière plusieurs fois cité dans l’affaire Story Killers

En clair, Hubert Julien-Laferrière est soupçonné d’avoir perçu de l’argent pour défendre des intérêts étrangers lors de diverses prises de position et réunions de la commission des affaires étrangères, dont il est membre.

Dans cette affaire tentaculaire, dite Story Killers, il est soupçonné d’avoir pris position contre les Emirats-Arabes Unis, rival régional du Qatar dans la péninsule arabique, sur les « conseils » de deux lobbyistes, Jean-Pierre Duthion et Nabil Ennesri. Mais aussi d’avoir défendu, sur commande également, des opposants béninois et kazakhstanais.

Les relations entre Nabil Ennesri et Hubert Julien-Laferrière étaient étroites. Selon les informations de la cellule information de radio France et du Monde, le député percevait une partie de la rémunération du lobbyiste, versée par une ambassade au Qatar. Soit 5000 euros mensuels, sur plus d’un an, entre 2022 et 2023.

Nabil Ennesri est actuellement en détention provisoire. De son côté, le lobbyiste Jean-Pierre Duthion a été placé sous contrôle judiciaire dans cet immense dossier de corruption et d’ingérence étrangère. Les lobbyistes mettaient en place des opérations d’influences pour le compte d’États ou de personnalités loin d’être démocratiques ou irréprochables.

Le député déjà perquisitionné dans cette affaire

Dans le cadre de cette même affaire, l’ancien présentateur de BFMTV Rachid M’Barki était passé aux aveux en janvier. L’ancien journaliste, mis en examen en décembre dernier pour soupçons d’ingérence étrangère, a reconnu avoir perçu de l’argent liquide pour diffuser des sujets politiquement orientés sur BFMTV.

Fin septembre dernier, Hubert Julien-Laferrière avait subi une double perquisition à son domicile et à sa permanence parlementaire. Il lui était reproché d’avoir fait la promotion d’un escroc camerounais, en pleine commission des affaires étrangères. Le député du Rhône avait vanté le « Limocoin » (une cryptomonnaie) comme étant un moyen d’éradiquer la pauvreté en Afrique.

Dans la métropole, le chemin de croix des Voies lyonnaises

Dans la métropole, le chemin de croix des Voies lyonnaises
La voie lyonnaise 6 devrait passer devant l’Hôtel de ville d’Oullins, en passant une partie de la Grande rue en sens unique.

La Métropole de Lyon a de nouveau fait marche arrière dans son projet phare de création d’un vaste réseau de pistes cyclables, la semaine dernière, à Oullins-Pierre-Bénite. Sur une bonne partie du territoire, l’exécutif écologiste se heurte aux résistances des « petits maires » de droite sur les Voies lyonnaises. Au grand dam des défenseurs du vélo.

Il en fallait peu, un prétexte seulement, pour que tout s’enflamme. Dans le quartier résidentiel de la Bussière, à Oullins-Pierre-Bénite, quelques coups de peinture au sol ont mis le feu aux poudres début février. En cause : le lancement des aménagements de la future Voie lyonnaise 6 (VL6). 

C’est l’une des 12 « autoroutes à vélo » prévues par la Métropole de Lyon depuis l’arrivée au pouvoir des écologistes en 2020. La VL6 doit relier Rillieux-la-Pape à Saint-Genis-Laval, en passant par le centre-ville d’Oullins-Pierre-Bénite et sa Grande rue commerçante. Sauf que son tracé coince, sur différents secteurs clefs.

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Un ex-cadre du Gud, condamné, présent lors de l’attaque d’une conférence à Lyon

Un ex-cadre du Gud, condamné, présent lors de l’attaque d’une conférence à Lyon
©Capture d’écran

[Info Rue89Lyon] Le 11 novembre 2023, une quarantaine d’hommes cagoulés s’en prenaient à une conférence organisée dans le Vieux-Lyon sur la Palestine. L’attaque était revendiquée par l’extrême droite lyonnaise. Sur des vidéos de l’assaut, on aperçoit un ancien cadre du Groupe union défense (Gud) de Lyon, déjà condamné pour agression raciste en 2023.

Lunettes sur le nez, visage découvert et blouson en cuir sur les épaules, Arthur D. observe les environs. En fond de la vidéo sur laquelle il apparaît, on voit un groupe d’hommes masqués mener une attaque contre la Maison des passages (Lyon 5e), où se déroule une conférence d’un chirurgien qui a officié en Palestine. Trois personnes ont été gravement blessées ce 11 novembre 2023 au soir. L’agression est ensuite revendiquée par l’extrême droite lyonnaise, sous l’étendard du « Guignol Squad », accompagnée du slogan « Lyon est nationaliste ».

Ce soir-là, on pourrait penser qu’Arthur D. n’est qu’un spectateur comme les autres de la scène qui se déroule devant ses yeux. Cela paraît peu probable.

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Sans nous, vous n’auriez pas su qu’une association catholique abritait entre ses murs le violent groupuscule Lyon Populaire. Vous n’auriez pas su, non plus, qu’un homme condamné pour violences racistes en décembre 2023 à Lyon était en réalité un cadre d’une association identitaire dissoute.

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Attaque d’une conférence à Lyon : malgré les dissolutions, l’extrême droite reste unie

Attaque d’une conférence à Lyon : malgré les dissolutions, l’extrême droite reste unie
Vidéo de l’attaque des l’extrême droite sur une conférence au sujet de la Palestine.

Mardi 6 février, la police a réalisé un coup de filet dans le milieu de l’extrême droite radicale après la violente attaque d’une conférence sur la Palestine en novembre 2023 à Lyon. Plusieurs militants de longue date, passés par des groupes dissous, seraient impliqués.

Sale temps pour l’extrême droite lyonnaise. Après la condamnation de Sinisha Milinov, ex-cadre identitaire, à six mois de prison ferme pour agression raciste le 6 février, le milieu nationaliste a été ciblé par un coup de filet de la police, le même jour.

Huit personnes ont été arrêtées dans cette affaire. Une remise en liberté, et sept mises en examen pour l’attaque d’une conférence donné par un chirurgien au sujet de la Palestine. Cette agression, survenue le 11 novembre 2023 à la Maison des passages dans le Vieux-Lyon, avait fait de nombreux blessés dont trois graves. Parmi les inculpés, on retrouve Eliot Bertin et Tristan Conchon.

Ces deux militants bien connus de l’extrême droite radicale lyonnaise ont été placés en détention provisoire, selon l’AFP. Un troisième larron, Felix B., avait déjà été écroué en novembre dans ce dossier.

Eliot Bertin est l’actuel leader du groupuscule Lyon Populaire, mouvement national-révolutionnaire particulièrement violent, créé à Lyon en 2019 sur les cendres du Bastion Social. Celui-ci, créé en 2017, est lui-même une émanation du Groupe union défense (Gud). Il a été dissous en 2019 pour « incitations à la violence raciste et antisémite ». Tristan Conchon en était l’ancien trésorier et représentant local à Lyon. Rue89Lyon a aussi pu identifier un ex-cadre du Gud et du Bastion social sur des vidéos prises le jour de l’attaque.

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À Vénissieux, parents d’élèves et professeurs défendent l’éducation prioritaire

À Vénissieux, parents d’élèves et professeurs défendent l’éducation prioritaire
Professeur.es, AED, parents et élèves… ils étaient une centaine ce mardi 13 février à protester unitairement contre la réforme de l’Education nationale devant le collège Paul Eluard à Venissieux

Plusieurs collèges REP+ à Lyon ont été bloqués ce mardi 13 février pour protester contre la réforme de l’Éducation nationale et la fermeture de classes en éducation prioritaire dans la métropole de Lyon. Au collège Paul Éluard à Vénissieux, professeur·es et parents d’élèves se sont mobilisé·es « main dans la main ».

« Les parents ne sont souvent pas au courant de ce qui se trame dans les annonces du gouvernement. On utilise nos enfants pour tester des réformes absurdes qui, on le sait, ne fonctionnent pas. Alors aujourd’hui, on se mobilise aussi », lâche Sarah devant le portail du collège Paul Eluard à Vénissieux. Comme d’autres parents d’élèves, elle s’est levée à l’aube pour rejoindre le rassemblement en soutien à la grève des professeur.es et des personnels éducatifs de cet établissement. Selon les organisateur.trices, le taux de grévistes aurait atteint les 90% à Paul Eluard.

Professeur.es, AED, parents et élèves… ils étaient une centaine ce mardi 13 février à protester unitairement contre la réforme de l’Éducation nationale. Dans le sillage des récentes mobilisations intersyndicales, les revendications sont (presque) les mêmes. Ils et elles demandent de meilleures conditions de travail et s’opposent aux « groupes de niveaux ». En décembre 2023, Gabriel Attal, Premier ministre, avait annoncé leur mise en place en français et en mathématiques au collège. Dans leur ligne de mire également : les deux classes qui pourraient fermer dès la rentrée 2024 dans cet établissement classé REP+ (Réseau d’éducation prioritaire).

Des parents d’élèves inquiets par la fermeture de classes dans les établissements d’éducation prioritaire

Cette mesure inquiète particulièrement Sonia, mère d’une élève de 6ème. « En REP+, on est censés avoir plus de budget, alors pourquoi nous ? Ça veut dire que les enfants seront 30 dans une classe. Il n’y aura pas assez de moyens c’est sûr », s’indigne t-elle. À ses cotés, cinq autres femmes acquiescent de la tête et prennent part à la conversation.

« On a peur pour nos enfants », soupire Sihame, l’une des mamans présentes dans l’assemblée. C’est la première fois qu’elle se mobilise avec les professeur.es du collège. « Quand on appris que les enseignants se mettaient en grève, on a décidé d’aller tracter dans les écoles alentours et de prévenir les autres parents. Maintenant, on sera là à chaque rassemblement », reprend-t-elle, en jetant un œil en direction des collégien.es. Eux, profitent de cet avant-goût de vacances.

Comme d'autres parents d'élèves, Shéhérazade s'est lévée à l'aube pour rejoindre le rassemblement en soutien à la grève des professeur.es et des personnels éducatifs de cet établissement. ©Laury Caplat/Rue89Lyon
Comme d’autres parents d’élèves, Shéhérazade s’est levée à l’aube pour rejoindre le rassemblement en soutien à la grève des professeur.es et des personnels éducatifs de cet établissement.Photo : Laury Caplat/Rue89Lyon

Entre classes saturées et moyens humains insuffisants, ce sont des élèves aux situations sociales déjà difficiles qui se retrouveront pénalisés. « J’ai l’impression qu’on n’est plus là pour aider les élèves. On nous parle d’inclure des élèves en situation de handicap ou des élèves à besoins éducatifs particuliers mais on n’a pas les moyens humains de le faire », dénonce Aïcha, professeure documentaliste. En poste depuis 12 ans à Paul Éluard, elle ne souhaite en aucun cas quitter l’éducation prioritaire. « J’adore mon métier et j’ai choisi de travailler en REP, c’est pour ça que je suis là », soutient-elle.

"On nous demande d'être en même temps surveillants, d'être AESH, de former les nouveaux et ça ce n'est pas concevable sans une revalorisation des salaires et de meilleures conditions de travail" livre Emilie, AED depuis un an au collège Paul Eluard à Venissieux ©Laury Caplat/Rue89Lyon
« On nous demande d’être en même temps surveillants, d’être AESH, de former les nouveaux et ça ce n’est pas concevable sans une revalorisation des salaires et de meilleures conditions de travail », livre Emilie, AED depuis un an au collège Paul Eluard à VénissieuxPhoto : Laury Caplat/Rue89Lyon

Surveillante à Vénissieux : « C’est un métier vraiment précaire donc il y a beaucoup de turn-over »

Croissant à la main, café dans l’autre, l’ambiance est conviviale sur le rassemblement. Tous semblent se connaître et s’échangent des nouvelles, au-delà des revendications militantes. Autour d’une conversation, Émilie, assistante d’éducation (AED) depuis un an au collège, témoigne du manque de reconnaissance de sa profession, d’autant plus importante en REP+. Elle raconte :

« On est souvent livrés à nous-mêmes. Quand les professeurs ne sont pas remplacés, c’est nous qui assurons les permanences et les devoirs faits. C’est un métier vraiment précaire donc il y a beaucoup de turn-over. On nous demande d’être en même temps surveillants, d’être AESH, de former les nouveaux et ça ce n’est pas concevable sans une revalorisation des salaires et de meilleures conditions de travail »

Ce même jour, plusieurs mobilisations étaient organisées dans des collèges REP +, notamment au collège Casarès (Rillieux-la-Pape) où les parents d’élèves se sont aussi rassemblés en soutien aux grévistes. Ce même établissement organise une journée « collège mort », mercredi 14 février, avant un rassemblement appelée par l’intersyndicale le jeudi, au collège Georges-Brassens, à Décines-Charpieu.

Avec la fin du ticket TCL, un bout de solidarité lyonnaise s’en va

Avec la fin du ticket TCL, un bout de solidarité lyonnaise s’en va
©PL/Rue89Lyon

À partir du 15 février 2024, le ticket TCL rouge va disparaître au profit d’un billet vert et rechargeable. Un changement qui signe la fin d’une pratique solidaire typiquement lyonnaise, dont on gardera un peu de nostalgie.

Un bruit d’imprimante saccadé, le clac d’une trappe en plastique, me voilà en possession d’un carnet de dix tickets TCL. Il y a encore pas si longtemps, il ne coûtait qu’à peine plus de 14 euros, pour les moins de 26 ans. Adolescente dans la région lyonnaise, il était le symbole pour moi du passage à la « grande ville ». Lors de mes études, les tickets rouges, presque vif, étaient devenus familier. Ils traînaient par dizaines dans mes poches de pantalons et de vestes.

Mais ils n’étaient pas si nombreux à finir écornés au fond d’une poche. Vite acculturée à la vie lyonnaise, j’adoptais la pratique du « ticket suspendu ». Déposé sur les portiques à la sortie du métro, il servait à d’autres. Parfois, cet autre, c’était moi. Je fouillais parmi les petits bouts de cartons en pagaille, pour en trouver un valable encore 10, 15, 20, 30 minutes, jusqu’à l’heure fatidique de validité. Une pratique solidaire, mais illégale, comme le rappelait régulièrement les TCL, quelque peu agacés par cette coutume. Ce qui n’empêchait pas nombre d’habitants de s’y prêter.

Depuis, une carte en plastique et un abonnement TCL ont remplacé les tickets rouges dans mon portefeuille. Ces derniers devraient bientôt devenir des vestiges d’un autre temps. Début 2024, les TCL ont annoncé la fin du petit ticket en carton jetable. À partir du 15 février, un billet « sans contact », semi-rigide et vert va le remplacer. Réutilisable, les usagers pourront le charger jusqu’à dix fois, plutôt que le jeter ou le donner après un voyage.

« Pour certaines personnes, ce ticket suspendu, ça devait être une nécessité »

Le Sytral, autorité lyonnaise organisatrice des transports, défend un support « plus écoresponsable », plus « moderne », face au système de validation actuel « obsolète ». Mais avec la disparition du ticket rouge, c’est aussi la fin d’une pratique solidaire typiquement lyonnaise, adoptée par de nombreux usagers.

Jusqu’à développer des stratégies. « Dans plusieurs stations de métro que j’emprunte régulièrement, j’ai identifié les entrées où il y a le plus de tickets laissés sur les portiques, et je rentre par là », détaille Louis, ingénieur du son de 27 ans, à Lyon depuis 2019. Amené à travailler fréquemment dans d’autres villes, et utilisant plus volontiers le Vélo’v, il n’a pas opté pour un abonnement TCL, trop cher selon lui.

L’ingénieur du son utilise souvent les tickets laissés par d’autres usagers. « Parce que c’est gratuit et qu’ils vont être perdus si on ne les utilise pas, résume-t-il. Je trouve que les tickets sont trop cher pour la qualité de service des transports en commun. Mais je ne suis pas précaire, pour certaines personnes ces tickets suspendus, ça devait être une nécessité ».

Sur ce point, le Sytral renvoie à sa politique tarifaire menée depuis 2020. « Les personnes à faibles ressources bénéficient désormais d’abonnements solidaires gratuits ou à 10,50€ par mois. Des baisses significatives des tarifs ont également été accordées aux jeunes de 18 à 25 ans, aux étudiants de moins de 28 ans », rappelle l’autorité organisatrice.

Louis se montre aussi dubitatif au sujet du nouveau billet mis en place. « Si c’est un ticket en carton qui finit au fond d’une poche, on va juste les perdre et ne pas les recharger, ou alors ils ne seront plus utilisables », critique-t-il, expliquant qu’il utilisera sûrement exclusivement sa carte bancaire pour valider son trajet dorénavant.

Un ticket TCL rouge toujours utilisable… mais plus pour longtemps

Pour d’autre, le ticket rouge deviendra sûrement support de nostalgie. « Je vais devoir m’asseoir sur ceux qui restent dans mon portefeuille », s’aperçoit Antoine, 31 ans, quand on lui annonce qu’il ne sera bientôt plus utilisable. En reprise d’étude en Suisse, il a un rapport particulier au petit ticket rouge. Originaire de Lentilly, il symbolise pour lui la sortie entre amis à Lyon, à l’adolescence.

« Quand on habite en campagne, aller à Lyon, c’est un peu LA sortie. Je prenais la ligne de train qui allait jusqu’à la gare Saint-Paul et de là, Lyon s’offrait à nous. J’utilisais souvent les tickets laissés sur les portiques, quand il y en avait », se souvient-il. Le trentenaire rendait la pareille et même plus. « Quand on achetait des tickets, j’incitais aussi mes amis à laisser à la sortie », explique-t-il.

Surtout il soulève une pratique qui n’existera dorénavant plus : les personnes précaires qui récupéraient les tickets pour les revendre à moitié prix à l’entrée du métro. La fin aussi d’une petite économie parallèle lyonnaise.