Actualités, enquêtes à Lyon et dans la région

Lyon attaque l’État en justice pour carence dans l’hébergement des sans-abri

Dans une tribune cosignée dans Libération avec les maires de Paris, Strasbourg, Rennes, Bordeaux et Grenoble, le maire de Lyon annonce attaquer l’État en justice pour le sous-dimensionnement de son aide aux sans-abri.

Cet article est en accès libre. Pour soutenir Rue89Lyon, abonnez-vous.

Rassemblement devant l'école Gilbert Dru

Le projet était dans les tuyaux depuis près d’un an déjà : plusieurs maires ont déposé un recours gracieux auprès de la justice pour que l’État assume ses obligations en matière de prise en charge des personnes à la rue. Et rembourse les Villes qui ont pris en charge des personnes sans-abri. Alors qu’aucune ouverture de places dans le dispositif d’hébergement d’urgence n’est prévue, le système reste largement sous-dimensionné face aux besoins.

En décembre 2022, Sandrine Runel (PS), adjointe aux Solidarités de la ville de Lyon, souhaitait déjà cette action en justice. Elle avait même convié ses homologues des villes de Paris et Bordeaux à l’école Berthelot (7e). Un lieu symbolique puisque à ce moment-là occupé pour mettre à l’abri des élèves sans-abri et leurs familles. « On va réfléchir à une action collective, qui permettrait d’attaquer l’État », expliquait à l’époque l’adjointe lyonnaise, qui suivait un appel déjà lancé par la Ville de Strasbourg.

L’élue et le maire de Lyon avait de nouveau chargé l’État pour son inaction en matière d’hébergement d’urgence le 18 septembre dernier. Lors d’une visite à l’EHPAD Villette d’Or (3e), mis à disposition et financé par la Ville pour loger une quarantaine de femmes et enfants, Grégory Doucet (EELV) avait plus que jamais pointé du doigt le gouvernement. « Mon objectif n’est pas de faire appel aux tribunaux pour que l’État s’engage sur l’hébergement d’urgence, mais on n’exclut aucune démarche pour qu’il le fasse », clamait-il. C’est finalement chose faite.

« Nos actions ne peuvent se substituer ni pallier un système national défaillant »

Alors que de plus en plus d’écoles sont occupées dans la métropole de Lyon pour héberger des familles à la rue et que les tentes s’empilent sous le pont de Jean-Macé (Lyon 7e), l’action en justice des maires de Lyon, Paris, Strasbourg, Rennes, Bordeaux et Grenoble tombe tristement à pic.

« Au quotidien, nous ouvrons des gymnases, parfois des écoles, mettons en place des centres d’accueil et d’information, déployons des solutions d’habitat intercalaire. Nous nous battons chaque jour pour la dignité de toutes celles et ceux qui vivent sur nos territoires. Mais nos actions ne peuvent se substituer ni pallier un système national défaillant, irrespectueux des droits humains fondamentaux », peut-on lire dans la tribune du quotidien.

Concrètement, les différentes villes vont présenter les factures des sommes dépensées dans l’hébergement d’urgence. En espérant que l’État aligne les moyens.

Rassemblement devant l'école Gilbert Dru pour des familles sans-abri à Lyon
Des élus de la Ville de Lyon, lors d’un rassemblement devant l’école Gilbert-Dru en janvier 2022. Photo d’archivePhoto : PL/Rue89Lyon.

Après un échec à Lyon, une tentative d’action groupée pour les sans-abri

Ce faisant, le maire de Lyon Grégory Doucet (EELV), avec des maires écologistes et socialistes, va au bras de fer avec l’État. Depuis le début de son mandat, l’élu se retrouve confronté à des promesses électorales qu’il ne parvient pas à tenir. Malgré des efforts de la municipalité, la politique Zéro enfant à la rue, annoncée par le maire en 2021, a bien du mal à porter ses fruits à Lyon.

Si des solutions ont bien été mise en place par la mairie et par la Métropole de Lyon, les deux collectivités n’ont pas les moyens de l’État pour remplir leurs ambitions. À plusieurs reprises, la Ville avait déjà tenté de faire pression sur les services de la préfecture, comme en décembre 2022, lorsqu’elle a annoncé la fermeture d’un gymnase qui hébergeait des jeunes migrants en recours pour être reconnus mineurs, afin de forcer l’État à les prendre en charge.

Cette fois-ci, le maire de Lyon a décidé de passer par une action groupée. Sera-t-elle suivie d’effet ? À quelques mois de l’hiver et alors que des squats sont menacés d’expulsions, la question est d’importance pour nombre de personnes en situation de grande précarité.


#Sans-abri

Activez les notifications pour être alerté des nouveaux articles publiés en lien avec ce sujet.

Voir tous les articles

Autres mots-clés :

Plus d'options