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Actualités, enquêtes à Lyon et dans la région

À Lyon, nouvelle manifestation contre les expulsions de squats

À Lyon, nouvelle manifestation contre les expulsions de squats
Manifestation contre l’expulsion de l’ECG à Lyon, samedi 30 mars

Après une première manifestation samedi 30 mars, un nouvel appel est lancé par plusieurs collectifs contre les expulsions de squats. Le rendez-vous est donné ce mardi 16 avril à 17h devant la Métropole.

La trêve hivernale touche à sa fin, et les collectifs maintiennent la pression contre les expulsions des squats à Lyon. À l’appel de plusieurs collectifs (Droit au logement 69, Collectif Intersquats 69, Collectif Solidarité Femmes à la rue etc.), une nouvelle manifestation est prévue mardi 16 mars à 17h devant l’hôtel de la Métropole (Lyon 3e).

Ces derniers demandent la suspension de toutes les mesures d’expulsion et la réquisition des bâtiments vacants pour mettre à l’abri les personnes à la rue.

À Lyon, de nombreux squats menacés d’expulsions

A Lyon, plusieurs squats sont sous la menace d’une expulsion. C’est le cas de l’espace communal de la Guillotière (Lyon 7e), le squat Casse-Dalle (Lyon 3e) ou encore le squat de la rue de Bourgogne à Vaise.

Un autre rassemblement avait eu lieu le 30 mars, juste avant la fin de la trêve hivernale. Il avait réuni plus de cent personnes.

Ce mardi 16 avril, les collectifs mobilisés vont de nouveau exiger la suspension des mesures d’expulsion et le maintien des personnes occupant les lieux, en attendant une solution de relogement.

« Il est devenu impossible de se loger ; les expulsions de squats font juste grossir les campements dans les rues », dénoncent les collectifs dans leur communiqué.

À Lyon, la situation est toujours aussi critique. À la crise du logement actuelle, s’ajoutent des politiques d’expulsion plus sévères de la préfecture, notamment depuis l’arrivée de Fabienne Buccio, et un contexte législatif plus répressif. La loi dite « anti-squat », en vigueur depuis juillet 2023, facilite les expulsions des squatteur·euses et complique la mise à l’abri.

Le 15 février dernier, les maires de cinq municipalités écologistes et socialistes, dont Lyon, ont annoncé attaquer l’État devant les tribunaux administratifs. Ces élu·es l’accusent de manquer à son obligation d’héberger en urgence les personnes qui en font la demande.

Dans la métropole de Lyon, l’hébergement d’urgence est saturé : plus de 10 000 personnes sont en attente d’une place.

Une manifestation à Lyon pour le droit au logement

Face à ces chiffres, les collectifs dénoncent la vacance de nombreux bâtiments. Selon eux, 18 000 logements sont actuellement inoccupés sur le secteur de la métropole, « 70% appartiennent au secteur public », affirment les collectifs dans leur communiqué.

Parmi les mots d’ordre du rassemblement, figure donc la demande de réquisition de ces lieux par les pouvoirs publics « pour loger l’ensemble des personnes qui sont à la rue ou en campement précaire. »

Réouverture du train Lyon-Bordeaux : « Il faut que l’État se bouge »

Réouverture du train Lyon-Bordeaux : « Il faut que l’État se bouge »
Un train peut en cacher un autre…

La société Railcoop devrait être liquidée ce lundi 15 avril. Cependant, collectivités et syndicats continuent de militer pour que le train Lyon-Bordeaux retrouve les bons rails. Sans pour autant se faire d’illusion, à l’heure où le secteur public se désinvestit de plus en plus du ferroviaire.

Un motif d’espoir pour le Lyon-Bordeaux ? Abandonnée depuis 2018, la ligne de train Lyon-Nancy sera relancée en décembre 2024, à raison d’un aller-retour par jour. La région Grand est l’a confirmé début avril, dans un communiqué commun avec le ministère des Transports.

Pourquoi le ministère ? Car l’État a décidé de mettre la main à la poche dans le cadre d’un train d’équilibre du territoire (TET), ces lignes intercités qui n’utilisent pas la grande vitesse. Il va contribuer à hauteur de 25 millions d’euros à la relance de la liaison directe entre la Lorraine et la cité des gones.

Avant son abandon en 2014, le Lyon-Bordeaux était également conventionné dans le cadre de ces « TET ». Minée par une infrastructure vieillissante et un manque d’entretien, la ligne directe n’aura finalement pas survécu face aux coûts exorbitants de restructuration. Un classique dans le monde ferroviaire, après 40 ans de « tout » TGV. Cela pourrait-il changer ?

(suite…)
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Dans le Rhône, la qualité de l’air s’améliore… Mais on reste loin du compte

Dans le Rhône, la qualité de l’air s’améliore… Mais on reste loin du compte
©Atmo

Début avril, Atmo Auvergne Rhône-Alpes, l’observatoire de la pollution atmosphérique, a publié son bilan de la qualité de l’air en 2023. La tendance est à l’amélioration… Si l’on s’en tient aux seuils européens fixés. Mais il reste des efforts à faire. À Lyon, 99% des habitant·es sont exposés à des niveaux de polluants supérieurs à ceux recommandés par l’Organisation mondiale de la santé.

Souriez, vous pouvez respirer… ou presque. Début avril, Atmo Auvergne-Rhône-Alpes, l’observatoire en charge de la surveillance et l’information sur la qualité de l’air dans la région, a publié un bilan de la qualité de l’air pour l’année 2023.

L’organisme fait état d’une « baisse réglementaire » de différents polluants atmosphériques. « Les efforts restent à poursuivre pour réduire les effets sur la santé », ajoute Atmo dans son communiqué.

Qualité de l’air en Auvergne Rhône Alpes : moins de dioxyde d’azote et de particules fines mais toujours plus d’ozone

Bonne nouvelle donc, Atmo note dans son bilan une baisse, depuis 2007, des principaux polluants réglementés. Il fait état d’une réduction de 50 % pour le dioxyde d’azote, émis par le trafic routier, de 49 % et de 64 % pour deux types de particules fines (PM10 et PM 2,5).

qualité air graphique ATMO
Depuis 2007, les concentrations en polluants atmosphériques baissent. Photo : ATMO

Cependant, l’organisme se veut prudent : « Le bilan global positif ne doit pas masquer quelques points de vigilance sur notre territoire ». Il souligne une stagnation de l’amélioration concernant les particules fines, et des seuils réglementaires toujours dépassés dans l’agglomération lyonnaise pour le dioxyde d’azote. Un gaz, nocif pour la santé pouvant altérer notre système respiratoire.

qualité air dioxyde d'azote Lyon atmo
En France, seuls Lyon et Paris continuent de dépasser les seuils réglementaires pour le dioxyde d’azote (NO2). Photo : ATMO

De plus, l’ozone (O3), connaît une augmentation de 20 % entre 2007 et 2023. Ce polluant, rappelle Atmo, « se forme en quantité très importante dans l’atmosphère à partir de polluants précurseurs quand il fait beau et très chaud. » C’est donc pendant les périodes estivales que les concentrations d’ozone deviennent problématiques. Avec les fortes chaleurs et canicules observées à l’été 2023 et un dérèglement climatique qui s’accélère, « plusieurs dépassements ont une nouvelle fois été constatés ».

En 2022, les chiffres étaient plus mauvais. Un rapport d’Atmo, et de la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal) notait une augmentation de la concentration d’ozone et de particules fines dans la région depuis 2007. 2022 avait été élue « année de la pollution. » Les températures élevées et de faibles précipitations avaient provoqué une augmentation des concentrations de polluants dans l’atmosphère, en particulier de l’ozone.

Mais pour Raphaël Desfontaines, correspondant territorial d’Atmo pour l’Ain, l’Isère, et le Rhône, il est important de regarder l’évolution de la qualité de l’air sur de nombreuses années. « La tendance est bonne et est à l’amélioration depuis 15 ans », souligne-t-il.

Une baisse certes, mais des chiffres encore trop élevés pour la santé

On ne peut pas se réjouir trop vite. Certes, les niveaux de polluants mesurés sont en dessous des seuils fixés par l’Union Européenne. Ceux-ci sont de 40 micro grammes par m³ pour le dioxyde d’azote et les particules PM10 et 25 micro grammes par m³ pour les particules PM 2,5. Selon Raphaël Desfontaines, la concentration en polluant est en dessous de ces seuils depuis 2017. « Mais ça n’est pas suffisant », ajoute le correspondant territorial.

En effet, ces seuils restent largement au dessus de ceux préconisés par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Ceux de l’institution internationale correspondent à « des niveaux  d’exposition au dessous desquels il n’a pas été observé d’effets nuisibles sur la santé humaine », précise Atmo dans son bilan.

À Lyon, 99 % des habitant·es sont exposés aux niveaux de dioxyde d’azote supérieurs à ceux recommandés par l’OMS. C’est 100 % concernant les particules fines. « La pollution liée à ces particules est la plus préoccupante », explique Raphaël Desfontaines. Elles provoquent des gênes respiratoires, des toux et des crises d’asthme. « Certaines substances comme les PM [particules fines, ndlr] et les gaz d’échappement des moteurs diesels sont classées cancérogènes », note le Département prévention cancer environnement du centre Léon Bérard.

Pour réellement observer des améliorations sanitaires il reste donc beaucoup d’effort à fournir. « En France, environ 40 000 décès pourraient être évités chaque année grâce à une réduction de la pollution de l’air », souligne Atmo.

Des seuils de qualité de l’air bientôt de nouveaux dépassés ?

Des évolutions devraient avoir lieu prochainement. Côté Union européenne, une nouvelle réglementation devrait être finalisée en juin. Elle abaissera de nouveaux les seuils limites pour les polluants atmosphériques. Les seuils actuels seront divisés par deux. Ces limites sont encore supérieures à celles préconisées par l’OMS, mais la réglementation vise à s’en rapprocher progressivement.

seuils polluants atmosphériques
La nouvelle réglementation européenne vise à rapprocher les seuils réglementaires de ceux recommandés par l’OMS. Photo : ATMO

« Avec l’introduction de ces nouveaux seuils, des territoires de la région Auvergne-Rhône-Alpes pourraient être à nouveau en dépassement, nécessitant ainsi d’anticiper cette réglementation en menant des politiques publiques plus ambitieuses afin d’améliorer la qualité de l’air de la région », indique Atmo.

Parmi elles : la Zone à Faible Émissions (ZFE). Sur ce point, Raphaël Desfontaines note que la Métropole de Lyon s’est doté d’un calendrier plus ambitieux que celui porté au niveau national. Une prise d’initiative que salue Atmo… Mais qui ne fait pas plaisir à tout le monde.

L’organisation de protection de l’environnement conseille également de favoriser les déplacements par mode doux et les transports en commun, pour réduire encore les émissions de dioxyde d’azote provenant à 50% des trafics automobiles. Concernant les particules fines, dont les deux-tiers sont émis par le chauffage résidentiel, l’organisme recommande de remplacer les appareils non performants et de poursuivre les politiques de sobriété énergétique et d’isolation du bâti.

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Liquidation de Railcoop : autopsie d’un déraillement annoncé

Liquidation de Railcoop : autopsie d’un déraillement annoncé
Vue sur les voies ferrées depuis la tour To Lyon.

La société Railcoop devrait être officiellement liquidée ce lundi 15 avril. Derrière une com’ bien rodée, des trous énormes dans le budget (entre autres) permettaient de prédire le crash de la coopérative « citoyenne » chargée de relancer le train Lyon-Bordeaux. Une déroute qui interroge sur le désinvestissement de l’État et la libéralisation du secteur ferroviaire.

L’annonce ne faisait plus vraiment de doute. Acculée financièrement, la coopérative ferroviaire Railcoop a annoncé le 27 mars dernier sa liquidation à venir, le 15 avril prochain, devant le tribunal de commerce de Cahors.

Officiellement, la raison avancée est un contentieux juridique entre l’entreprise et ACC-M, le prestataire chargé de rénover les deux (vieilles et polluantes) rames acquises par Railcoop auprès de la Région Auvergne-Rhône-Alpes pour tenter de relancer la liaison ferroviaire entre Lyon et Bordeaux. En réalité, le mal était plus profond.

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À Rillieux, les visages du plan social de la dernière usine Javel Lacroix

À Rillieux, les visages du plan social de la dernière usine Javel Lacroix
Des salariés en grève pour sauver l’usine Javel Lacroix, à Rillieux.

En 2024, les 104 salariés de l’usine Cotelle, appartenant au groupe Colgate-Palmolive, ont appris que leur lieu de travail allait fermer. Âgés en moyenne de 54 ans, ces ouvriers, ayant travaillé souvent au moins 30 ans à produire la Javel Lacroix à Rillieux, se voient « jetés comme des vieilles chaussettes ». Chaque jour, ils se mobilisent pour s’opposer à cette décision. 

Il y a du monde devant l’usine Cotelle de Rillieux-la-Pape, ce lundi matin. Moins à l’intérieur. Bien installés avec barnums, cafés, chaises et chocolats, une soixantaine de salariés bloque la dernière fabrique de Javel Lacroix, appartenant au groupe américain Colgate-Palmolive. Comme chaque jour, campés devant la grande entrée bleue des lieux, ils demandent à ce que soit sauvé leur lieu de travail, celui qui les a vus évoluer, pour certains, plus de 35 ans. 

Depuis le 28 mars, les machines qui permettaient la production d’eau de Javel sont à l’arrêt. Après des négociations infructueuses avec la direction, 90 % des salariés (plus de 70% selon la direction) se sont mis en grève. Le groupe Colgate-Palmolive a annoncé partir vers de nouveaux cieux au nom de la nécessaire « compétitivité ». Un véritable coup de massue. 

Cotelle
Des salariés en discussion devant l’usine Cotelle.Photo : LC/Rue89Lyon.

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Groupes de niveaux : une grève qui dure dans les collèges de Lyon

Groupes de niveaux : une grève qui dure dans les collèges de Lyon
Mobilisation ce mardi 9 avril devant le collège la Tourette (Lyon 1er) contre la mise en place des « groupes de niveaux » et la suppresion d’un poste de CPE

La grève se poursuit dans la métropole : au collège La Tourette (Lyon 1er), ils étaient une soixantaine à protester contre les « groupes de niveaux » et la suppression d’un poste de CPE, mardi 9 avril. Une nouvelle journée de mobilisation pour un mouvement lancé depuis le 1er février.

Depuis que l‘appel national à la grève a été lancé, en février, il n’y a pas une semaine qui passe sans mobilisations des enseignant·es dans l’agglomération lyonnaise. « On va vers une multiplication des journées « collège mort ». C’est certain », lâche David Rappe, devant le portail du collège La Tourette (Lyon 1er). Il fait partie des professeur·es qui ont refusé de donner cours, ce mardi 9 avril, pour protester contre la suppression d’un poste de CPE au sein de l’établissement. Selon les organisateurs, le taux de grévistes aurait atteint les 90 % dans l’établissement.

Dans un contexte de forte opposition à la réforme et à la mise en place des groupes de niveaux, cette suppression a été « la goutte d’eau » qui a fait basculer le collège dans le mouvement de grève. Comme nous vous le racontons régulièrement : depuis deux mois, nombreux sont les établissements, en particulier dans l’éducation prioritaire (REP+), qui mènent des actions « collège mort » pour protester contre la mise en place de « groupe de niveaux ». Un dispositif largement critiqué par les enseignant·es qui voient dans cette réforme, une aggravation de la « ségrégation sociale ».

collège - bloqué - réforme - moblisation - suppresion - poste
Mobilisation ce mardi 9 avril devant le collège la Tourette (Lyon 1er) contre la mise en place des « groupes de niveaux » et la suppression d’un poste de CPE Photo : ©Laury Caplat/Rue89Lyon

Grève à Lyon : un poste de CPE supprimé à La Tourette

Dans ces conditions, l’annonce d’une suppression de poste tombe plutôt mal. « On a de plus en plus besoin de faire du lien, de se focaliser sur les situations de harcèlement scolaire et d’être au plus près des familles pour accompagner les élèves. En supprimant des personnels dont c’est le cœur de métier, ce sont les collégiens qui vont encore en pâtir. C’est dramatique », s’indigne Lara, conseillère principale d’éducation (CPE) depuis 13 ans.

Le 22 mars, elle a appris que son poste allait être supprimé par le rectorat et remplacé par un poste de contractuel, à mi-temps. En cause : la baisse d’effectif d’une cinquantaine d’élèves à la rentrée 2024 à La Tourette. Pour cette conseillère principale d’éducation, c’est « un prétexte » qui va à l’encontre des enjeux pédagogiques actuels.

« Comme avec les autres suppressions de postes annoncées, on est dans des logiques purement comptables. On ne peut pas dire que l’école est une priorité quand on enlève encore des moyens d’encadrement et d’accompagnement pour les éléves », poursuit-elle.

Elle fait référence à la suppression des 60 postes de professeurs annoncée en janvier par le recteur de l’Académie de Lyon. Ce dernier avait (aussi) justifié cette réduction par une diminution du nombre d’élèves dans la région.

« On est déjà pas assez nombreux pour assurer toutes nos missions »

Outre son cas, le personnel était aussi là pour se faire entendre du gouvernement, ce mardi. Malgré la précarité de son métier rendant difficile de se mobiliser, Juliette a aussi décidé de faire grève. Assistante d’éducation depuis six ans, elle craint que la réforme ne renforce la violence dans cet établissement « où l’écart est très fort entre les élèves privilégiés et les élèves dévaforisés ».

« C’est déjà difficile à gérer. Alors si on commence à dire que celui-ci est dans un bon groupe, l’autre, dans un mauvais… Cela va créer des disputes et nous, on est en première ligne quand quelque chose se passe entre eux », souffle t-elle.

Pour elle, la perte d’une CPE ne fera qu’aggraver les problèmes actuels. « On fait face à des élèves qui, depuis le confinement, sont très anxieux et qui ont besoin de beaucoup d’attention. On est déjà pas assez nombreux pour assurer toutes nos missions, on a besoin d’être encadré nous aussi », reprend t-elle, fatiguée.

Juliette et Chloé, assistantes d'éducation (AED) se sont mobilisées contre la suppression d'un poste de CPE au collège la Tourette (Lyon 1er) ce mardi 9 février.

AED, professeurs, parents d’élèves en soutien… Mardi 9 avril, ils étaient une soixantaine rassemblés pour manifester devant le collège La Tourette. Combien seront-ils jeudi ? Le 11 avril, une action similaire devrait avoir lieu au collège Gérard-Philippe, à Saint-Priest. À la Tourette, la journée devrait-elle se passer normalement.

« Dès la rentrée, après les vacances d’avril, il y aura d’autres initiatives. Des actions vont être menées. D’autant plus qu’il a une réelle dynamique syndicale qui appelle à la mobilisation contre la réforme choc des savoirs », indique David Rappe, représentant syndical CNT-Education. Une chose est sûre : débuté en février, le mouvement semble loin d’être terminé.

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Les curseurs bougent (enfin) sur la pollution aux perfluorés à Lyon

Les curseurs bougent (enfin) sur la pollution aux perfluorés à Lyon
L’usine Arkema, de Pierre-Bénite, au cœur d’un scandale autour des perfluorés dans la métropole de Lyon.

Une proposition de loi la semaine dernière, des perquisitions mardi 9 avril, un procès à venir… Après presque un an et demi d’attente, des avancées notables semblent sortir du scandale sur la pollution aux perfluorés, né au sud de Lyon. Du chemin reste à parcourir, mais il faut noter un début.

Certains diront « enfin », tant cela peut paraître long. Ce mardi 9 avril au matin, des habitants de la commune nouvelle d’Oullins-Pierre-Bénite ont pu voir des uniformes encercler l’usine Arkema. Cette fois-ci, ce n’était pas pour arrêter des militant·es en lutte contre les industriels de la vallée de la chimie.

Les usines Arkema et Daikin, soupçonnées d’être responsables de pollutions aux perfluorés (aussi appelés PFAS) sud de Lyon ont été perquisitionnées. Selon nos confrères de France 3, une quarantaine de gendarmes de l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique ont été dépêchés sur les lieux.

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L’Emmanuel, l’influente communauté conservatrice qui s’empare du diocèse de Lyon

L’Emmanuel, l’influente communauté conservatrice qui s’empare du diocèse de Lyon
La Basilique de Fourvière depuis les quais de Saône

Régulièrement pointée du doigt pour des abus et des dérives, la communauté charismatique de l’Emmanuel défend des valeurs traditionalistes. Certains catholiques, prêtres et laïcs, s’inquiètent de l’influence grandissante de cette association religieuse au sein de l’évêché à Lyon.

Ce jeudi soir de mars, une centaine de fidèles se sont rassemblés dans l’église Saint-Nizier. Nous sommes quelques jours avant la semaine sainte et les solennités sont de mise. Pas de messe en latin, ici on est plutôt musique entraînante et chants sympathiques.

La messe de ce soir est dédiée aux malades, « à ceux qui sont éprouvés ». Le père Charles formule des prières de guérison « physique ou spirituelle ». Parmi les fidèles, quelques personnes marchent avec des béquilles. D’autres ont besoin d’aide pour avancer et certains prient pour des proches, malades.

C’est le cas de Marie, qui s’est déplacée depuis La Tour-de-Salvagny. À la suite d’un séjour à Lourdes il y a trente ans, elle affirme que ses capacités respiratoires sont passées de -50 % à +120 %, alors qu’elle risquait une opération. Depuis, elle prie régulièrement pour les malades. « Le seigneur exauce souvent les prières. Ça n’a rien de magique, c’est l’Évangile », explique-t-elle.

L’Emmanuel : une communauté charismatique, adepte des prières de guérison

Marie poursuit aujourd’hui son engagement spirituel au sein de la communauté de l’Emmanuel. Ce jeudi soir, c’est justement celle-ci qui organise la messe. Tout au long de la cérémonie, des laïcs (qui ne font pas partie du clergé, ndlr), visibles à leur écharpe orange, sont positionnés au fond de l’église et accueillent les malades qui souhaiteraient recevoir la prière de guérison. Depuis le chœur, on avise quand même l’assistance « de ne pas arrêter les traitements médicaux » pour autant.

En quelques années, prières de guérison, de libération et de délivrance ont connu un essor important au sein de l’Église catholique, partout dans le monde. Plus particulièrement, à l’intérieur de ces communautés dites « charismatiques ».

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Intelligence artificielle : donner ses données, reprendre c’est voler ?

Intelligence artificielle : donner ses données, reprendre c’est voler ?
Radio Anthropocène

Après la chasse aux œufs, Radio Anthropocène part à la chasse aux données. Au programme de ce mercredi, une nouvelle ruée vers l’or pour ce matériau indispensable aux intelligences artificielles et algorithmes.

L’intelligence artificielle (IA) a le vent en poupe. Et les débats qu’elle agite sont pour le moins houleux ! Pas une semaine ne passe sans qu’elle ne défraie la chronique. Alors que ses partisans y voient un moyen de simplifier nos quotidiens, de guérir des maladies incurables ou de trouver de nouveaux débouchés économiques, ses contempteurs dénoncent le risque de destruction d’emplois, d’abêtissement de nos sociétés, et même de destruction du lien social. Tantôt louée pour ses vertus, tantôt dénoncée pour ses prétentions démiurgiques, l’IA inquiète autant qu’elle suscite la curiosité.

Les données, le nerf de la guerre

Et la curiosité de l’IA s’oriente essentiellement vers la nôtre puisqu’elle se nourrit de nos usages, comportements et pratiques… En un mot de nos données. Mais ces données portent bien mal leur nom, tant elles se vendent à prix d’or !

Il est important de s’arrêter quelque peu sur les termes. En fait l’intelligence artificielle, qu’on appelle aujourd’hui générative (pensons à Chat GPT), est un programme informatique complexe qui a été entraîné sur des volumes colossaux de données. Ce sont des textes, des conversations, des images qui sont collectés et digérés par la machine, et dont elle est intrinsèquement dépendante pour son fonctionnement. Ils lui donnent la capacité d’anticiper avec une grande probabilité des suites de mots logiques ou d’associer des mots entre eux ou avec des images.

Estimation du volume annuel de données numériques générées dans le monde entre 2010 et 2025, Statista, 2021.

Ces nouvelles machines impressionnent souvent par leur puissance de calcul. Elle s’incarne dans des termes tels que le deep-learning, le machine-learning et les réseaux neuronaux. Mais leur véritable valeur, passée et à venir, réside dans leur capacité à ingérer d’immenses banques de données pour enrichir leur apprentissage et créer des applications spécifiques.

Or comme toute mécanique, l’IA repose sur une dimension matérielle. Son pétrole, c’est la donnée ; et celle-ci pourrait se tarir. D’après un article du Wall Street Journal, les entreprises spécialisées dans l’IA pourraient bientôt se heurter à un problème majeur : l’intégralité des données d’Internet ne suffirait plus. Pour pallier ce manque de nouvelles données, dorénavant insuffisantes en quantité, certains explorent la possibilité d’utiliser du contenu généré synthétiquement, c’est-à-dire déjà traité par d’autres IA.

Ceci pourrait mener à un phénomène appelé « model collapse », et faire courir le risque d’un effondrement des modèles linguistiques. Il s’agit d’une sorte de consanguinité numérique, un cercle vicieux où les IA s’entraîneraient sur des contenus produits par d’autres IA et perdraient en qualité.

Des données qui ne flottent pas dans l’air 

Au-delà du risque de pénurie, il convient aussi de lever les yeux vers les nuages. Penchons nous un instant sur ce fameux cloud qui stocke nos données. En fait, les données ne flottent pas dans l’air ! Le numérique nécessite un ancrage physique et son fonctionnement a des conséquences pour l’environnement qu’il ne faut pas sous-estimer.

Il est constitué d’ordinateurs, d’écrans, de smartphones, mais aussi de millions de kilomètres de câbles en cuivre et de fibres optiques, de milliers de data centers, de milliards de chargeurs de téléphones, etc. Rien qu’en 2019, on recensait près de 34 milliards d’équipements pour 4,1 milliards d’utilisateurs, soit 8 équipements par utilisateur. Et pensons quelque peu au poids de ces données dites immatérielles… En 2019, la masse de cet univers numérique atteignait près 223 millions de tonnes, soit l’équivalent de 5 fois celle du parc automobile français !

Et si le bon usage des données contribue à une optimisation de certains systèmes, celle-ci s’accompagne bien souvent d’un effet rebond. En fait, le progrès apporté par la technologie est souvent annihilé par le changement de comportement qu’il induit et l’on comprend ainsi mieux les préoccupations énergétiques liées au boom du secteur du numérique à venir. Si le numérique était un État, il aurait environ 2 à 3 fois l’empreinte carbone de la France, selon une étude de Green IT publiée en 2019.

Esquisse de la smart cityPhoto : Lou Herrmann

En parlant d’État, le secteur public s’est vite engouffré dans la voie du tout numérique. Gage de simplification, les halls de nos services publics sont remplacés par des « guichets numériques » et autres « portails d’accès ».

Les villes s’ouvrent à l’open data, autorisant de ce fait des réemplois via des API – des interfaces de programmation – censées assurer une meilleure qualité de vie aux habitants et habitantes. De la publication des données de mobilité pour développer une mobilité dite « servicielle » au compteur Linky, en passant par les flottes de vélos en libre-service ou le ramassage d’ordure… la donnée est un objet utile.

Riche d’appropriations infinies, elle vise à réaliser la promesse de la smart-city : une ville efficace, efficiente, pilotable en temps réel et à distance. S’il convient de se réjouir de certaines avancées salutaires permises par l’usage de la data, il s’agit aussi de ne pas être naïf. Aujourd’hui, cette ambition de connexion se projette aussi jusqu’à l’intérieur de nos foyers, qui vend le bonheur dans un frigo relié en 6G à notre futur Iphone !

Mais à qui profitent les algorithmes ?

L’usage des données et des algorithmes n’a rien d’un sujet technique. Il s’agit en réalité d’une question éminemment politique. Celle de notre capacité à faire commun, de notre propension à se soustraire d’une rationalité purement instrumentale et probabiliste. Car celle-ci comporte des risques qui menace l’action publique.

Loin d’être des outils neutres, les intelligences artificielles épousent les biais de leurs concepteurs. Pire, les données et algorithmes qui permettent d’entraîner les intelligences artificielles ne sont pas sans conséquences. Bien souvent, elles participent à la perpétuation d’un certain nombre de discriminations qui reproduisent des formes d’inégalités déjà existantes.

En 2022, le maire de Madrid José Luis Almeida a ainsi commandé une étude visant à brosser un panorama de la vulnérabilité de la capitale espagnole. Réalisée par la firme internationale Accenture à l’aide d’un algorithme nommé IGUALA, l’enquête a ainsi mis au jour des résultats pour le moins étonnants. Radicalement opposés aux précédentes études portées par les sociologues de l’Université Carlos III, les résultats dessinent une nouvelle géographie de la vulnérabilité.

Le problème tient en fait au choix des paramètres. Car les indicateurs statistiques traditionnels tels que le taux de chômage, de pauvreté, le degré d’infrastructures de transport sont minorés. En fait, la vulnérabilité y est définie à partir du strict champ de compétence municipale (cadre de vie, tranquillité publique…). Au total, c’est un quartier riche du centre de Madrid, Ibiza, qui est identifié par l’algorithme comme le plus vulnérable. Et cette supercherie a des conséquences financières très concrètes, puisque ces résultats orientent les investissements publics.

En France, le cas récent de la CAF a lui aussi révélé les risques de discrimination induits par le numérique. Fin 2023, l’association La Quadrature du Net, des journalistes du Monde et de Lighthouse Reports ont montré que l’algorithme utilisé par la CAF pour prioriser les contrôles ciblait davantage les populations les plus vulnérables.

Selon l’enquête, l’algorithme CRISTAL aurait été mis en œuvre de manière opaque, sans transparence quant à ses critères de fonctionnement ou à ses implications pour les bénéficiaires de prestations. De plus, il générerait des résultats biaisés, entraînant des suspensions injustes ou erronées de prestations pour de nombreux bénéficiaires. Sous couvert de scientificité, les algorithmes invisibilisent en fait des décisions toutes politiques. Par manque de transparence, ils construisent une prétendue objectivité qui demeure toute factice, puisqu’on ne peut voir sous le capot de leur machinerie.

Donner un sens aux données

La technologie n’est jamais bonne ou mauvaise en soi. Véritable pharmakon, du terme grec, qui signifie à la fois remède et poison, c’est l’usage qu’on en fait qui en détermine sa valeur. Réfléchir aux questions de la data et des algorithmes est une priorité.

Car cette architecture numérique façonne maintenant les formes urbaines, les formes de vie entre humains et non humains. Faire l’économie de la donnée, c’est risquer de se voir voler nos vies. Sa réappropriation, sa politisation c’est peut-être le projet de constituer un monde en commun. De la Smart city aux smart citizens, il n’y a qu’un pas.

Et c’est là l’ambition de cette nouvelle journée de discussion sur les ondes de Radio Anthropocène !

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[Podcast] Comment réconcilier journalistes et scientifiques dans les médias ?

[Podcast] Comment réconcilier journalistes et scientifiques dans les médias ?
Rue89Lyon et Radio Anthropocène en direct du Pilo, lors de la dernière édition du festival de l’Anthropocène.

Sur les antennes des chaînes d’info en continu, les experts s’enchaînent. Souvent, la question de leur légitimité se pose, face à la prédominance des éditorialistes. Qui sont-ils pour parler d’un sujet ? Pour quelles raisons les fait-on parler à notre place ? Rue89Lyon s’est penché sur les relations entre journalistes et scientifiques dans les médias, le temps d’un podcast sur Radio Anthropocène.

À Rue89Lyon, nous considérons que les sujets environnementaux, comme les thématiques de société, sont d’intérêt général. Pourtant, les personnalités choisies pour aborder certaines problématiques dans les médias ne sont pas toujours les mieux placées pour s’exprimer.

Au milieu des éditorialistes, spécialistes de tout, qui prennent de plus en plus de place sur les plateaux de télévision, les experts légitimes ont parfois du mal à se faire entendre. Nécessité de rebondir rapidement, recherche du « bon client »… Les journalistes ont souvent du mal à sélectionner l’interlocuteur pertinent. Dans ce champ médiatique peu reluisant, les scientifiques sont souvent mal représentés, mal choisis, notamment sur les questions environnementales, et plus généralement scientifiques.

Rue89Lyon a décidé, dans le cadre du festival A l’école de l’anthropocène, d’interroger les rapports que les journalistes entretiennent avec leurs sources et ces fameux « experts ».

Journalistes et scientifiques : comment restaurer la confiance dans les médias?

À partir des expériences croisées de journalistes indépendants, ceux de Rue89Lyon, de l’équipe de Radio Anthropocène et de chercheurs, nous vous proposons un talk-show qui décortique les arcanes du travail journalistique.

Une émission animée par Elian Delacôte, enregistrée au restaurant PILO, le 22 mars dernier.

Autour de la table, Simon Gadras, chercheur en sciences de l’information et de la communication et directeur du master journalisme à Lyon 2, Pierre Lemerle, journaliste à Rue89Lyon, Lucas-Martin Brodzicki, journaliste indépendant et Florian Fompérie, de Radio Anthropocène.

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