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Pollution de l’air à Lyon : les leçons à tirer du confinement

Atmo Auvergne-Rhône Alpes, l’observatoire de la pollution atmosphérique dans la région, a dressé lundi 8 juin un bilan plutôt positif sur la qualité de l’air en 2019 à Lyon et la région. Il souligne toutefois les inquiétantes augmentations de l’ozone et les résultats en demi-teinte de la période de confinement.

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Carte interactive de Greenpeace sur la qualité de l'air dans les écoles de Lyon

C’est une bonne nouvelle. Selon le dernier bilan d’Atmo Rhône-Alpes, le taux de concentration de particules fines diminue à l’échelle régionale pour la troisième année consécutive. Ces polluants proviennent principalement du chauffage (54%) et du transport routier (20%).

« Des efforts à faire sur le dioxyde d’azote » dans la Métropole de Lyon

Néanmoins, 65% de la population est toujours exposé à ces polluants particulièrement dans le Rhône et la Métropole de Lyon, comme on peut le voir dans la carte ci-dessous.

Si le taux de concentration de particules fines continue de diminuer, les niveaux enregistrés ne respectent toujours pas la valeur préconisée par l’OMS.

Des taux de concentration constatés en 2019 qui respectent la réglementation européenne. Mais qui restent toutefois trop importants par rapport aux préconisations de l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé).

Cette concentration des particules fines dans le Rhône et sur la métropole de Lyon s’explique par la densité de population et des axes routiers. C’est pourquoi on enregistre également sur cette zone davantage de dioxyde d’azote (NO2), « traceur de la pollution automobile ».

Mais là encore, l’Atmo a souligné une baisse de concentration pour la quatrième année consécutive pour ce polluant.

Ces émissions ont largement diminué avec l’arrêt quasi-total du trafic routier pendant la période de confinement.

« C’est très encourageant sur les polluants sur lesquels on a travaillé, comme les particules fines et les oxydes d’azote. Pour le NO2, il y a encore des efforts à faire », résume Marie-Blanche Personnaz.

Concernant la pollution au dioxyde d’azote, les seuils d’exposition et recommandations de l’Union Européenne et de l’OMS sont ici les mêmes. Et les taux relevés dans  la Métropole de Lyon comme à l’échelle de la région  par Atmo Rhône-Alpes restent supérieurs à ces recommandations.

Mais la directrice d’Atmo Rhône-ALpes a tenu à souligner également la nécessité de connaître et surveiller davantage certains polluants dont la réglementation actuelle n’est pas suffisante. Entre autres :

  • l’ammoniac,
  • les pesticides,
  • et les particules de très faible diamètre (plus fines que les PM2,5). Ces dernières sont connues pour pénétrer encore plus profondément dans l’arbre pulmonaires et pour leurs impacts neurologiques.

Inquiétante évolution de l’ozone

L’ozone est à ce jour le seul polluant dont les concentrations augmentent depuis plusieurs années (hausse de 22% en 10 ans). La prolifération de ce gaz, qui se forme sous l’effet du rayonnement solaire et des températures élevées, a été favorisée par les derniers étés chauds et secs qu’a connus la région, particulièrement en périphérie des centres urbains, et sur les hauteurs.

Les concentrations d’ozone sont particulièrement fortes sur les hauteurs de la région, comme dans les Monts du Beaujolais.

Or, au-delà de ses pouvoirs irritant et oxydant, l’ozone a un effet de modification des structures de pollen, qui le rend plus agressif.

« On est dans l’actualité. Une alerte rouge aux allergies au pollen vient d’être lancée sur la quasi-totalité des départements français », souligne Marie-Blanche Personnaz.

Le confinement, un effet sur le pollution due au trafic routier

Avec une baisse drastique du trafic routier (de près de 70%), les émissions polluantes ont largement diminué de mi-mars à début mai. Les concentrations se sont même situées pendant plusieurs semaines en dessous du minimum enregistré sur ces cinq dernières années.
Résultat : une diminution de 60% du taux de concentration d’oxyde d’azote durant le confinement.

Depuis le déconfinement, la reprise économique et du trafic se fait ressentir sur la qualité de l’air, avec des niveaux de NO2 qui sont légèrement remontés, comme on peut l’observer sur le graphique ci-dessous.

Marie-Blanche Personnaz a souvent pris l’exemple de Grenoble, qui n’avait plus que 1200 habitants exposés au dioxyde d’azote l’année dernière, pour montrer que les diminutions étaient possibles également pour la métropole de Lyon.

Des pics de pollution atmosphérique pendant le confinement

Pourtant, cette période de confinement a connu des pics de pollution, notamment fin mars. En cause : des températures plutôt basses qui ont nécessité la réactivation des chauffages. Ainsi les émissions de particules fines, comme les PM10, ont augmenté durant cette période.

« Le confinement a été l’occasion d’illustrer aux acteurs cette part du résidentiel-tertiaire dans l’émissions de particules », pour Claire Labartette correspondante d’Atmo Rhône-Alpes pour le Rhône et la Métropole de Lyon

En effet, 20% de ces émissions proviennent du trafic routier sur la métropole de Lyon contre 50% au secteur résidentiel-tertiaire. Ainsi, cette période a permis selon elle de démontrer l’impact des particuliers (habitat et bureaux), sur la qualité de l’air.

Carte des principaux émetteurs de pollutions atmosphériques
Carte des principaux émetteurs de pollutions atmosphériques par l’agence Atmo Rhône-Alpes dans son bilan 2019

« Mettre en application des expérimentations que les gens auraient refusé »

Pour diminuer les émissions de dioxyde d’azote liées aux automobiles, les remèdes sont bien connus.

« Le problème, c’est de les faire accepter. Or la période de confinement nous a montré que c’était possible », se réjouit Marie-Blanche Personnaz.

Parmi ces remèdes, le télétravail. Atmo Rhône-Alpes recommande depuis plusieurs années de mettre en place un jour de télétravail sur dix par mois, en entente avec les employeurs, ce qui permettrait de diminuer fortement les bouchons. Mais cela n’était « pas passé au niveau social » jusqu’ici selon elle. Aujourd’hui, les choses pourraient avoir changé.

« Le confinement est une expérience radicale que l’on n’aurait même pas imaginé dans nos rêves les plus fous », poursuit-elle.

Pour la directrice d’Atmo Rhône-Alpes, le tout est de préserver les bénéfices de cette période et mettre en place les conditions adéquates pour poursuivre dans cette voie.

« Ça ne se fera pas d’un coup de baguette magique : ça demande des aménagements urbains particuliers, des choses étudiées actuellement au niveau de la métropole »

Le confinement permettra-t-il de rester dans les clous de l’OMS ?

L’agence régionale de la qualité de l’air a aussi rappelé qu’il n’était pas nécessaire d’atteindre des réductions d’émissions aussi fortes (50%) pour respecter la réglementation. Pas besoin « de rester confiné chez soi toute sa vie ».

« Si ça se trouve à la fin de l’année, rien qu’avec ces quelques mois, on respectera les valeurs cibles de l’OMS. Donc si on étalait ces diminutions sur l’ensemble de l’année, ce serait moins difficile ».

Elle espère ainsi que le confinement aura permis d’éveiller certaines consciences. Afin que des mesures puissent voir le jour dans un cadre moins contraignant que celui que nous venons de vivre. Les mesures technologiques, parce qu’elles entrent dans notre logique économique, sont souvent privilégiées par rapport aux mesures comportementales, alors que ces dernières sont généralement moins chères et tout aussi efficaces, a souhaité souligner la directrice de l’Atmo.

« Ce que l’on espère c’est que les Lyonnnais ont vu pendant cette période que la qualité de l’air était meilleure, et que c’était bien plus agréable. On peut imaginer qu’ils seront plus motivés pour faire efforts », conclut Marie-Blanche Personnaz.


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