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A Lyon, une semaine de lutte organisée contre l’expulsion de l’ECG

Symbole de la lutte contre la gentrification, l’espace communal de la Guillotière (ECG) et l’Annexe (Lyon 7e) sont en passe d’être expulsés à la fin de la trêve hivernale, ce 1er avril. À l’initiative de plusieurs collectifs, une semaine de résistance est organisée pour « défendre l’ECG ». Elle débutera ce samedi 30 mars par une manifestation à 14 h, devant la Préfecture.

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Devant l'annexe de l'ECG
L’annexe de l’Etablissement communal de la Guillotière accueille, notamment, une permanence de santé.

Slogans, fanfares et pancartes seront de sortie ce samedi 30 mars à 14 h, devant la Préfecture du Rhône (Lyon 3e) contre l’expulsion de l’espace communal de la Guillotière (ECG) et de l’Annexe, situés au 45 Rue Bechevelin (Lyon 7e). Plusieurs collectifs (Intersquats Lyon et environ, Droit Au Logement Lyon, ECG/Annexe, etc.) ont appelé à « une semaine de résistance » dans ces lieux dont la vocation politique dépasse largement l’accueil des personnes exilées. Elisa, du collectif DAL69, résume ainsi son objectif :

« Le but, c’est de visibiliser la lutte pour le droit au logement et contre toutes les expulsions. On s’oppose à la criminalisation des personnes vivant en squat, qui essayent juste de se sauver de la rue. Expulser l’ECG, tout d’abord, ça veut dire mettre encore une fois des personnes à la rue, sans solutions. Des habitants qui ont construit une vie sociale et militante dans leur quartier. Mais c’est aussi expulser un lieu où les collectifs se réunissent, luttent ensemble et créent du lien. »

Ce samedi 30 mars à 19 h, pour clore la manifestation, une soirée festive aura lieu au 27 rue Salomon Reinach (Lyon 7e) avec la chorale des Branl’heureuxes. Le dimanche 31 mars se tiendra le « Gala de boxe » organisé par les membres de l’amicale du combat libre, à 18 h. Tout au long de la semaine, jusqu’au vendredi 5 avril, diverses activités sont prévues à l’espace communale de la Guillotière (repas partagés, chorales, projections de films, etc.). Une manière pour le collectif de montrer les nombreuses facettes des lieux.

l’ECG, un lieu emblématique de la lutte contre la gentrification à Lyon

Symbole de de la lutte contre la gentrification : l’espace a vu le jour en novembre 2019 dans l’un des bâtiments délaissés de l’ancienne usine Descours, dans le 7e arrondissement de Lyon. En 2021, le squat s’est étendu pour inclure celui de l’Annexe, un bâtiment vide adjacent à l’ECG, propriété du bailleur social Grand Lyon Habitat.

Dans ce quartier à la fois populaire, cosmopolite et (de plus en plus) gentrifié, ces deux bâtiments ont vu défiler nombre d’assemblées générales et de mouvements militants. Des habitué·es s’y retrouvent aussi pour des cours de français, d’informatique, du soutien scolaire, pour la distribution alimentaire ou encore pour consulter une permanence juridique mise en place pour les personnes demandeuses d’asile. 

Juridiquement, l’ECG est expulsable depuis trois ans. Après plusieurs visites des forces de l’ordre à l’été 2023, la mesure d’expulsion est devenue de plus en plus concrète. « Maintenant que l’Annexe n’est plus protégé par la décision judiciaire, on est en risque avéré », explique Fabien* ( prénom modifié) du collectif ECG/Annexe. Grâce à une victoire judiciaire en 2022, les habitant·es pouvaient rester à l’Annexe jusqu’au 31 mars 2024. Ils sont désormais expulsables.

Une décision qui, selon Fabien, « protégeait d’une certaine manière le bâtiment de l’ECG » avant le début des études préalables aux travaux de l’îlot Mazagran. Après des années d’aller-retours, ces dernières devraient débuter dans les mois à venir. Dans quatre ans (minimum), un nouveau projet immobilier devrait voir le jour.

Même si un nombre significatif de logements sociaux est prévu dans ce projet d’aménagement, l’expulsion de l’ECG marquerait la fin du ère pour bon nombre de collectifs et d’habitant·es. Celle d’une longue lutte contre la gentrification dans ce quartier historiquement populaire de la « la Guill ». Celui-ci risque, peu à peu, de voir disparaître son côté dissident et alternatif.

Expulsion de l’ECG : une quarantaine de personnes risque de se retrouver à la rue à Lyon

Questionnée sur la procédure d’expulsion et l’avenir des personnes qui vivent à l’espace communal de la Guillotière et à l’Annexe, la préfecture a indiqué qu’elle n’avait « pas d’information à ce sujet », dans une réponse par mail. Interrogée par Rue89Lyon en début d’année, Béatrice Vessiller (EELV), vice-présidente de la Métropole, assurait que des solutions étaient à l’étude pour déménager l’ECG, en admettant que la situation était complexe concernant « la question du logement ». Elle ne donnait pas non plus de date d’expulsion.

Si il admet que des discussions ont eu lieu avec la Métropole, Fabien reste dubitatif :

« On nous a proposé un local plus excentré et moins grand qui ne correspond pas aux activités développées à l’ECG, avec un non-catégorique pour reloger des personnes », relate-t-il.

Au delà de la symbolique du lieu, le même problème persiste dès lorsqu’on aborde la question des squats. À chaque fois, l’absence de solutions d’hébergement pour des personnes vivants dans la précarité et l’instabilité est mise en avant.

Avec l’expulsion de l’ECG et de l’Annexe, une quarantaine de personnes exilées risquent (une nouvelle fois) de se retrouver à la rue à un moment où le système d’hébergement d’urgence est totalement saturé. Comme nous vous le racontions, la même incertitude plane sur la soixantaine d’habitant·es vivant au Squat Casse-Dalle (Lyon 3e). Celui-ci pourrait également être expulsé à la fin de la trêve hivernale.


#Gentrification

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