La manufacture des tabacs, Université Lyon 3.Photo : LS/Rue89Lyon
[Info Rue89Lyon] Fin 2024, une section disciplinaire a prononcé une interdiction d’enseigner d’un an à l’encontre d’un professeur de l’université Lyon 3. Il lui est reproché d’avoir eu des « propos à connotation raciste, islamophobe, xénophobe, discriminatoire et sexiste » et des faits « pouvant s’apparenter à des violences sexistes et sexuelles ».
L’université Lyon 3 va devoir trouver un remplaçant pour l’un de ses maîtres de conférence de la faculté de droit. Le professeur a été interdit d’enseigner pendant un an par la section disciplinaire de l’université Paul-Valéry à Montpellier, où le dossier a été délocalisé. Une épine dans le pied de l’établissement, alors que l’enseignant assurait un certain nombre de cours au sein de plusieurs masters et d’une licence.
Il est accusé par plusieurs anciens étudiants de propos discriminatoires durant ses cours et de comportements colériques. Durant l’enquête, la section disciplinaire a aussi récolté le témoignage de collègues et anciennes doctorantes, témoignant de « faits pouvant s’apparenter à des violences sexistes et sexuelles », plus particulièrement du harcèlement sexuel.
Cet article fait partie de l’édition abonnés.
| Déjà abonné ?
Connectez-vous
Abonnez-vous maintenant pour poursuivre votre lecture
À Rue89Lyon depuis 2022, aujourd’hui journaliste associée. Enquêter sur l’extrême droite, c’est lutter contre l’extrême droite.
J’écris aussi sur la politique, le sans-abrisme, le logement, les violences sexistes et sexuelles. Pour me filer une info ou me contacter, c’est par là : mallenou@rue89lyon.fr
Depuis 2021, « nouvelle vague » enchaine les actions pour demander plus de places pour les femmes dans les conscrits de Villefranche.Photo : DR
Une plainte a été déposée ce début de semaine contre les Conscrits de Villefranche pour « discrimination fondée sur le sexe. » En cause ? L’interdiction des femmes lors du grand défilé dans la ville et l’impossibilité pour elles de participer au banquet du dimanche. Une cause féministe qui a du mal à trouver de l’écho localement, même chez les femmes conscrites.
C’est un moment clef de la vie locale caladoise. Ce dimanche 26 janvier, près de 300 « conscrits » vont défiler dans la rue Nationale de Villefranche-sur-Saône. Dans un spectacle rodé depuis des générations, les jeunes hommes de 20 et 30 ans, et leurs aînés de 40, 50, 60 ans, etc. vont défiler en costume, un chapeau haut de forme sur la tête, le fameux gibus, avec les couleurs de leur classe, correspondant à leur année de naissance.
Ils participeront ensuite, pour la plupart, au banquet du dimanche. Entre « mecs ». Car, contrairement à de nombreuses communes environnantes du Rhône, de l’Ain, voire de la Loire, à Villefranche, ces moments restent réservés aux hommes, et rien qu’aux hommes. Une « discrimination fondée sur le sexe » contre laquelle a décidé de porter plainte le collectif « Nouvelle vague », via son avocate, Maître Violaine de Filippis-Abate, ce lundi 20 janvier. Un coup judiciaire contre une institution locale historique.
Cet article fait partie de l’édition abonnés.
| Déjà abonné ?
Connectez-vous
Abonnez-vous maintenant pour poursuivre votre lecture
Journaliste lyonnais fan de l’Ouest, je suis à Rue89Lyon depuis 2020. Aujourd’hui associé et directeur de publication, je couvre les questions sociales mais aussi écologiques (pollutions industrielles, scandale des perfluorés). Le travail, c’est la santé, à condition que le droit soit respecté. Un œil politique sur le Rhône. Pour me laisser une info, c’est ici plemerle@rue89lyon.fr.
Une trentaine de militants CFDT s’était rassemblée devant le siège de Grand Lyon Habitat pour exiger la reprise des 11 salariés qui nettoyaient les lieux. Photo EM/Rue89Lyon.
Onze agents de nettoyage, employés chez le bailleur public Grand Lyon Habitat, sont au chômage technique depuis le 1ᵉʳ janvier. En raison de dispositions légales complexes, le nouveau prestataire chargé de la propreté n’a pas prolongé leurs contrats. Une situation qui illustre les difficultés d’un métier précaire et déconsidéré, souvent occupé par des femmes.
Jusqu’au 1ᵉʳ janvier dernier, Samira Zammouri, 47 ans, effectuait le ménage dans les locaux de Grand Lyon Habitat (GLH), l’un des plus gros bailleurs sociaux publics de la Métropole, pour le compte de l’entreprise de nettoyage Isor.
Depuis, elle et ses dix collègues n’y travaillent plus. Après un appel d’offres, le marché de l’entretien a été remporté par un nouveau prestataire, 124 Services, une association lyonnaise pour l’insertion professionnelle. Le contrat de Samira, comme celui de ses collègues, n’a pas été reconduit.
Pourtant, la convention collective des entreprises de propreté et services stipule qu’un prestataire remportant un marché doit conserver les salariés travaillant sur le site. Mais 124 Servicesétant une association, elle n’est pas soumise aux règles de la convention collective.
Samira travaillait depuis 2021 dans les locaux de Grand Lyon Habitat. Trois heures par jour, de 17 à 20 heures, pour environ 600 €. « Dans l’entreprise pour laquelle je travaille le matin, lorsque le prestataire a changé, on a été repris. Là, ils n’ont pas pensé aux salariés, ils nous ont jeté comme si nous n’étions rien. »
Nettoyage à Grand Lyon Habitat : une situation insoluble
Une situation insoluble dénoncée par les syndicats. Le 20 janvier dernier, Samira et ses collègues, soutenues par une trentaine de militants CFDT, ont occupé les locaux du siège de GLH pour exiger un entretien avec le directeur général, Jean-Noël Freixinos. Sans succès. Rue89Lyon a pu rencontrer les salariés concernés lors de cette mobilisation.
Les dix employées pour le nettoyage des locaux, toutes des femmes âgées d’au moins 40 ans, racontent la même situation : celle de femmes précaires, employées par plusieurs prestataires du nettoyage, tôt le matin et tard le soir.
Ces six femmes font partie des onze anciennes employées au nettoyage des bureaux de Grand Lyon Habitat. Photo EM/Rue89Lyon.
La salariée la plus ancienne, Garma Ebtisam, 49 ans, travaillait pour Grand Lyon Habitat depuis 14 ans. Celle qui « n’a jamais été absente, jamais en retard », espère qu’elle et ses collègues seront reprises à leur poste, car la perte de son emploi la met financièrement en difficulté.
Une difficulté financière qui se rajoute à la pénibilité d’un métier déconsidéré. Fatma Snoussi, 43 ans, raconte : « Je travaillais 3 h 30 par jour pour GLH. À 17 heures, je nettoyais pendant une heure l’agence de Vénissieux, j’avais 30 minutes de transport et ensuite, je nettoyais durant deux heures les six étages de l’agence GLH dans le 8ᵉ. Tout ça pour 700 euros. »
Des femmes déjà précaires fragilisées par la perte de poste
Malgré ces difficultés, celle qui était depuis six ans à ce poste n’entend pas abandonner.
« On passe nos journées à nettoyer des bureaux très tôt, puis à s’occuper de notre maison et de notre famille, aller chercher les enfants à l’école et retourner nettoyer le soir ailleurs. C’est un travail difficile et fatiguant. On a mal au dos. Mais je ne veux pas lâcher mon CDI comme ça. »
Fatma Snoussi, 43 ans
Brahim Hafouda, 51 ans, était le chef d’équipe de ces salariées. Il a participé à toutes les mobilisations depuis l’annonce de la perte du marché. « Même si Isor finit par trouver une solution, les employées vont perdre toute leur ancienneté, s’inquiète-t-il. Si une salariée habite à Vénissieux et qu’on lui propose un poste à Décines, elle va faire comment ? »
Les manifestants du 20 janvier précisent plusieurs fois ne pas s’opposer à l’association d’insertion professionnelle qui a récupéré l’entretien du bâtiment. Une ancienne salariée explique : « Ce sont des gens en difficulté, mais nous aussi, on est en difficulté ! »
Entre Grand Lyon Habitat et Isor, deux visions qui s’opposent
Contactés par Rue89Lyon, Grand Lyon Habitat et Isor se renvoient la balle. En effet, dans son appel d’offre d’août 2024, GLH avait ajouté une clause sur l’insertion professionnelle. C’est pour cette raison que l’association 124 Services est sortie du lot.
N’étant pas obligée contractuellement de reprendre les 11 salariés du nettoyage, contrairement aux entreprises, soumises à la convention collective, l’association décide de ne pas prolonger les postes des salariés existants, pour les remplacer par des travailleurs en insertion.
Une « rupture d’égalité » pour Pierre-Yves Rouchon, responsable ressources humaines d’Isor. Il s’indigne : « On a 11 personnes, pour certaines là depuis plus de dix ans, qui se retrouvent du jour au lendemain sans emploi. Cela n’a l’air de choquer personne chez Grand Lyon Habitat, au nom de l’insertion professionnelle. »
Un sort incertain pour les onze salarié.es
Du côté de GLH, Jean-Noël Freixinos, le directeur général, assure avoir pensé aux salariées, proposant de transmettre leurs CV ou de les aider à démarrer un processus d’insertion auprès de 124 Services. Il s’étonne aussi qu’Isor ne puisse pas leur trouver les heures de travail compensatoires. « Isor, ce n’est pas une petite entreprise locale, c’est un géant national qui fait 218 millions de chiffres d’affaires. »
Le géant du nettoyage ne s’estime pourtant pas capable de retrouver du travail à l’intégralité des 11 salarié.es, en raison de la convention obligeant à reprendre les employés déjà présents sur un site en cas d’obtention d’un marché. Isor pensait qu’au moins une partie des salariés, ceux avec le plus d’ancienneté, auraient été conservés par 124 Services lors de la reprise de l’entretien.
Damien Gros, secrétaire fédéral de la CFDT-Services, craint pour l’avenir des salarié.es concerné.es : « Isor n’a pas de chantier à leur proposer, ou s’il leur en propose un, ça sera beaucoup plus loin. Elles ne vont pas pouvoir accepter, donc elles vont être licenciées. » –
Isor et GLH se disent favorables à une rencontre avec 124 Services, la CFDT et les onze salariés pour trouver une solution. En attendant, la mobilisation se poursuit après la grève du 20 janvier : les onze salarié.es continuent à se rendre tous les soirs devant le siège de Grand Lyon Habitat. La CFDT, dans l’attente d’une date de rendez-vous avec les autres parties, a indiqué vouloir continuer ses actions.
Rue89Lyon quitte le réseau social X.Photo : Montage Rue89Lyon
Rue89Lyon quitte X, considérant que l’ancien réseau social Twitter est devenu une plateforme de désinformation et de propagande au service de ses intérêts et de l’extrême droite.
Depuis qu’il a racheté Twitter en octobre 2022, Elon Musk n’a eu de cesse de transformer le réseau social. Après avoir rétabli les comptes bannis pour avoir propagé des messages haineux ou mensongers, le milliardaire a modifié les algorithmes de la plateforme pour qu’elle affiche plus régulièrement et plus sûrement ses propres publications, qui se font régulièrement le relais de théories fumeuses adorées par l’extrême droite, de la propagande russe ou des manipulations.
Il a supprimé la certification, permettant à de nombreux comptes conspirationnistes de prospérer et de retrouver la même légitimité que des médias ou des dirigeants politiques. Elon Musk a ensuite supprimé l’essentiel des équipes de modération, arguant que les utilisateurs pourraient s’en charger eux-mêmes via des « notes de contexte » apposées sous les messages.
Cette politique n’a évidemment pas empêché les entreprises de désinformation de prospérer, mais elle a aussi miné la crédibilité des comptes des scientifiques par exemple, qui se sont retrouvés mis en cause par les utilisateurs dans leur propre domaine d’expertise.
Puis le milliardaire s’est alors rapproché de Donald Trump et a mis la plateforme à son service. Lors du dernier mois de la campagne électorale américaine, Elon Musk a publié plus de 3 000 messages sur X selon une analyse vidéo du Monde, à trois quarts politiques et pour inciter les utilisateurs et les utilisatrices du réseau social à voter pour Donald Trump.
50% de contenus polémiques en plus sur X
Ça n’aura pris que deux ans, mais le résultat est là : X n’est plus un réseau social. C’est un média d’extrême droite, propulsé par ses utilisateurs, eux-mêmes favorables aux intérêts du milliardaire. David Chavalarias, chercheur du CNRS et auteur de Toxic Data, a démontré que X sur-représentait de 50% les contenus polémiques envoyés aux utilisateurs de la plateforme. Une analyse qui date de 2023, avant que l’accès à X aux chercheurs ne soit coupé.
Pour Rue89Lyon, il n’est donc plus possible de rester sur X. Bien que les quelque 40 000 utilisateurs et utilisatrices qui nous suivent sur cette plateforme ne sont pas d’extrême droite et ne sont pas responsables des choix d’Elon Musk, nous ne pouvons plus participer par notre simple présence à cette vaste entreprise de manipulation. En restant sur X, nous encourageons nos lecteurs et lectrices à l’utiliser, ce qui revient à les exposer à la désinformation, au harcèlement et au pillage de leurs données.
C’est pourquoi lundi 20 janvier, le compte de Rue89Lyon sur X cessera d’être actif. Il restera présent pour éviter un parasitage, mais il ne publiera plus rien et nous cesserons de répondre aux messages via ce canal. Parallèlement, l’ensemble de nos fonctions de partages qui sont présentes sur notre site ne renverront plus sur X.
Cette date de départ coïncide avec l’installation de Donald Trump à la présidence des États-Unis, une date choisie par le mouvement Hello Quitte X, initié par David Chavalarias et la journaliste Magali Payen. Ce mouvement propose sur son site des outils pour supprimer son compte X, archiver ses tweets et retrouver ses contacts sur d’autres plateformes comme Bluesky et Mastodon. Rue89Lyon invite tous ses lecteurs et lectrices à nous retrouver sur Bluesky : @rue89lyon.fr
Il est en outre bien évident que si Meta devait suivre la même voie que X, nous nous retirerions de Facebook et Instagram de la même manière. Ce nouvel épisode nous permet de nous rappeler la nécessité de garder le contrôle sur nos canaux de diffusion. La plus sûre manière de se connecter à Rue89Lyon, outre le site directement, est la newsletter quotidienne. Vous y retrouverez toutes les informations publiées par notre média et pourrez échanger avec nos journalistes directement par réponse de mail.
Théo Noguer, vétérinaire, est directeur de la pension canine solidaire Paw’sitive Job. Photo : EM/Rue89Lyon
Installée à Vénissieux, Paw’sitive Job garde, pour un euro par jour, les chiens des personnes précaires et sans-abri. Cette pension solidaire, unique en France, leur permet de se faire hospitaliser ou d’effectuer des démarches administratives.
À deux pas de la gare de Vénissieux, dans une ancienne cité SNCF, se trouve un petit écrin de verdure d’où résonnent des aboiements réguliers. En ce mois de janvier, on peut y rencontrer Bless, Bella, ou encore Bandy. Ces chiens sont accueillis dans la pension canine solidaire Paw’sitive Job, pendant que leurs propriétaires, précaires et parfois sans-abris, prennent soin de leur santé ou s’occupent de leur insertion.
Vingt-quatre box avec une courette individuelle, dont la moitié consacrée aux tarifs solidaires, cinq parcs pour jouer et 3 000m2 pour la promenade. Ici, les chiens sont chouchoutés en attendant de retrouver leur propriétaire.
Théo Noguer, directeur et vétérinaire, raconte la genèse du projet. « La pension est née d’un constat simple : si on leur propose un hébergement où les animaux ne sont pas accueillis, les sans-abris choisissent de rester dehors avec leur chien », explique-t-il. Il est ainsi fréquent que les personnes sans domicile fassent passer en premier leur animal, auquel ils sont très attachés.
Le vétérinaire a fondé en juin 2020 une association, Solivet, qui accompagne les structures pour personnes précaires. Les bénévoles forment les lieux d’hébergement pour qu’ils puissent accueillir les animaux de compagnie des sans-abri. Sauf qu’aucun endroit n’avait été pensé pour s’occuper des chiens quand leurs propriétaires ne peuvent pas les amener avec eux : lors d’un voyage pour récupérer un document, lors d’une formation, ou pour se faire hospitaliser.
Cet article fait partie de l’édition abonnés.
| Déjà abonné ?
Connectez-vous
Abonnez-vous maintenant pour poursuivre votre lecture
L’Hôtel de la Métropole, dans le 3e arrondissement de Lyon.Photo : OM/Rue89Lyon
[Podcast] Démissions massives d’élus locaux, fronde des maires contre la Métropole de Lyon, gestion autocratique des communes, le Rhône connaît-il en ce moment une crise démocratique ? Alors que les Franchevillois doivent voter pour élire un nouveau maire, dimanche 26 janvier prochain, on vous en parle, en podcast.
L’année 2024 n’aura pas été de tout repos en termes de démocratie locale. Sur le territoire de la Métropole de Lyon, de nombreuses communes ont connu des crises. On peut citer Francheville, où le maire a démissionné après une fronde de la majorité contre son « autoritarisme ».
De nouvelles élections doivent avoir lieu les 26 janvier et 2 février. À La Mulatière, aussi, la situation est tendue. Rue89Lyon avait enquêté sur la crise politique au sein de la majorité de la maire (LR) Véronique Deschamps, à la suite de la démission de huit personnes en septembre.
Ce phénomène ne touche pas que le Rhône. Depuis 2020, dans les 36 000 communes françaises, « 2 400 maires ont démissionné et 57 000 sièges de conseillers municipaux sont vacants », d’après Catherine Vautrin, l’ancienne ministre du partenariat avec les territoires, citée dans LeFigaro.
La France fait face à une crise des vocations, car les maires indiquent souffrir de ce contexte compliqué. Selon une étude soutenue par l’association des maires de France, publiée le 14 novembre dernier dans Le Parisien, 91,2 % des maires interrogés se disent « sous pression » et 44,6 % des maires ont déjà pensé à arrêter ou à démissionner.
Au niveau de la Métropole, on assiste également à une opposition régulière des maires de droite des petites communes face à la majorité écologiste, notamment sur le sujet des Voies lyonnaises, où ils critiquent les méthodes « autoritaires » du groupe mené par Bruno Bernard. Une opposition qui tient au fonctionnement de la Métropole de Lyon. Collectivité aux compétences uniques en France, elle a la main sur de nombreux projets réalisés dans les communes, parfois pour le plus grand déplaisir des maires.
Pour comprendre tout ça, retrouvez ici notre podcast réalisé en partenariat avec Radio Anthropocène, suivi d’un entretien avec Christophe Chabrot, juriste et maître de conférence en droit public à Lyon 2, qui s’intéresse au fonctionnement des collectivités territoriales et aux questions de démocratie locale. Il a développé le concept de « domocratie » qui remet l’habitant d’un lieu au centre du débat plutôt que le « citoyen ». Il dénonce aussi les trop grands pouvoirs des maires.
Démocratie locale et relations entre Métropole et petites communes dans le Rhône : nos articles pour aller plus loin
Pour aller plus loin, nous vous invitons à retrouver (une partie de) nos articles consacrés à ce sujet ci-dessous. Certains évoquent les crises politiques que traversent les communes du Rhône, d’autres sont consacrés aux relations des communes avec la Métropole.
Autrement, débranchez votre cerveau, et connectez vos oreilles. Bonne écoute !
En attente d’être mis à l’abri, les mineurs isolés étrangers patientent dans les jardins de la montée de la Grande Côte.Photo : MH/Rue89Lyon
Le collectif Soutiens/migrants Croix-Rousse co-signe une tribune avec plusieurs groupes politiques de gauche de la métropole de Lyon au sujet des mineurs isolés (MNA). Ils appellent à la reconnaissance de la présomption de minorité, à la mobilisation des collectivités locales et demandent le recours à l’aide humanitaire internationale. Nous la publions aujourd’hui.
« À Lyon, des mineur·es isolé·es sont continuellement mis·es à la rue et survivent sous une tente ou dans des squats en attendant de voir un juge des enfants pour faire reconnaître leur minorité. 80 % d’entre elles et eux seront reconnu·es mineur·es après de longs mois de procédure.
Les cinq jours de mise à l’abri aujourd’hui prévus par la loi pour la mise en œuvre de l’évaluation de la minorité et de l’isolement par les Départements sont largement insuffisants pour diverses raisons, à commencer par le fait qu’ils ne permettent pas la reconstitution de l’état civil du jeune, procédure qui requiert plusieurs mois et élément fondamental pour la prise de décision du juge.
« La Défenseure des Droits préconise que les mineurs isolés en recours soient pris en charge »
En France, d’après un recensement réalisé en mars 2024, environ 3 500 jeunes sont dans cette situation, abandonné·es par les pouvoirs publics qui devraient les prendre en charge. C’est à la fois très peu, mais beaucoup trop pour les jeunes concerné·es. Pourtant, depuis des années, la Défenseure des Droits préconise que ces jeunes, les mineur·es isolé·es en recours, soient pris·es en charge jusqu’à la décision finale de la justice, comme le stipule la Convention internationale des Droits de l’Enfant (Cide).
En février 2023, le Comité des Droits de l’Enfant de l’ONU constatait la violation de la Convention par la France sur ce point, donnant 180 jours au pays pour prendre des mesures pour que ce scandale cesse. Rien n’a été fait. En mai 2024, 27 organisations ont saisi le Conseil d’État pour contraindre l’État français à respecter enfin la Cide, notamment sur le principe de présomption de minorité.
Si le droit international est clair, sa transposition dans la loi française ne l’est pas. Ce flou juridique entraîne un renvoi de responsabilité entre l’État et les collectivités territoriales pour la prise en charge des mineur·es en recours. Victimes de cette faille législative, les mineur·es en recours, après un parcours souvent traumatisant, sont exposé·es à l’errance et à des conditions de vie précaires qui mettent en péril leur santé, leur éducation et leur sécurité.
« Nous demandons aux collectivités locales abandonnées par l’État d’en appeler à l’aide internationale »
Les organisations politiques Ensemble!69, Génération·s Rhône et Métropole de Lyon, La France Insoumise 69, Les Écologistes Rhône et Lyon, Parti Socialiste du Rhône et Parti Communiste Français Fédération du Rhône, fidèles à leur engagement humaniste et social et alertés localement par le Collectif Soutiens/Migrants Croix-Rousse demandent :
L’instauration dans la loi de la présomption de minorité jusqu’à la décision définitive du juge des enfants conformément aux préconisations de la Défenseure des Droits et aux demandes du Comité des Droits de l’Enfant de l’ONU, avec un dispositif de protection dûment financé par l’État pour que la loi puisse être applicable partout en permettant aux collectivités d’assurer leurs compétences.
En attendant cette clarification légale, que soient mobilisés les moyens nécessaires à la protection des jeunes pendant toute la durée de leur recours devant la justice par l’extension, calibrée aux besoins sur tout le territoire français, de dispositifs partenariaux co-financés par les préfectures tels que celui de la « Station », expérimenté à Lyon.
Dans l’immédiat, la mise à l’abri urgente, par les pouvoirs publics, à commencer par l’État, des mineur·es en recours qui dorment à la rue, à l’instar de l’initiative récente de la mairie de Lyon. Si, comme il le fait depuis des années, l’État reste sourd aux alertes et dans le déni des violations de la CIDE, ne prenant aucune mesure pour assister les départements (à Lyon, la Métropole) dans la protection des mineur·es en recours, alors nous demandons aux collectivités locales abandonnées par l’État d’en appeler à l’aide internationale pour faire face à l’urgence humanitaire à laquelle ces jeunes sont confronté·es sur notre territoire. »
Les organisations politiques Ensemble!69, Génération·s Rhône et Métropole de Lyon, La France Insoumise 69, Les Écologistes Rhône et Lyon, Parti Socialiste du Rhône et Parti Communiste Français Fédération du Rhône et le Collectif Soutiens/Migrants Croix-Rousse.
Des jeunes mineurs isolés étrangers du square du Béguin (Lyon7e) se sont rendus à la réunion publique organisée jeudi 16 janvier.Photo : MP/Rue89Lyon
Dans un contexte politique local et national marqué à droite, la situation des mineurs étrangers isolés de Lyon rassemble (finalement) la gauche. Pour la première fois, jeudi 16 janvier, collectifs et groupes politiques des majorités municipales et métropolitaines se sont réunis. Le signe d’une nouvelle dynamique dans leur dialogue, souvent complexe.
« On m’avait dit que Lyon était une ville hospitalière, mais où est passée l’hospitalité ? », demande, micro à la main, un jeune mineur non accompagné (MNA), présent à la réunion publique initiée par le Collectif Croix-Rousse Migrants, jeudi 16 janvier, à Villeurbanne.
L’événement était assez rare pour le souligner. Pour la première fois, collectifs et groupes politiques des majorités municipales et métropolitaines locales, Europe Écologie les Verts, Génération.s, La France Insoumise, Ensemble !, le Parti communiste et le Parti Socialiste, se sont réunis pour échanger sur la situation catastrophique des mineurs étrangers isolés à Lyon.
L’initiative visait à dénoncer la violation des droits fondamentaux des mineur·es non accompagné·es et demander l’instauration dans la loi de la présomption de minorité jusqu’à la décision définitive du juge des enfants. Une mesure déjà préconisée par la Défenseure des droits en février 2023 et par le Comité des Droits de l’Enfant de l’ONU.
Cet article fait partie de l’édition abonnés.
| Déjà abonné ?
Connectez-vous
Abonnez-vous maintenant pour poursuivre votre lecture
Josiane, 61 ans, AESH dans une école primaire de Vaulx-en-Velin
Ce jeudi 16 janvier, des AESH de Lyon et sa métropole se sont rassemblés devant le rectorat pour alerter sur la dégradation de leurs conditions de travail. Josiane, l’une d’entres elles, a accepté de revenir longuement sur sa situation.
Josiane est accompagnante d’élève en situation de handicap (AESH) dans une école primaire de Vaulx-en-Velin classée en REP+. En douze ans de métier, elle n’a cessé de voir les conditions de travail et la prise en charge des élèves se dégrader.
« On est devenus des pions », souffle la sexagénaire. Son bonnet enfoncé jusqu’aux lunettes, elle n’en est pas à sa première grève.
À 61 ans, elle travaille en tant qu’AESH depuis plus de douze ans. « Quand j’ai commencé, on nous appelait les EVS – emplois de vie scolaire handicap -, puis les AVS, aujourd’hui les AESH. Aucun de ces changements ne s’est accompagné d’une reconnaissance de notre métier, ni d’une amélioration de nos conditions de travail. Au contraire, je n’ai vu les choses évoluer que dans le mauvais sens ».
Lisez la suite pour 1€
En profitant de notre offre d’essai, résiliable en ligne à tout moment.
Pour accéder à cet article, il faut être abonné. Pourquoi ?
Les informations exclusives, les enquêtes et certains reportages constituent l’édition abonnés de Rue89Lyon. En tant que média indépendant, nos ressources proviennent de nos lectrices et lecteurs abonnés, aucun milliardaire ni groupe bancaire ne nous finance.
Nous demandons à nos lecteurs une faible contribution pour disposer à Lyon d’un média vigie des pouvoirs locaux, capable d’enquêter et de traiter les enjeux locaux en profondeur et dans la durée.
Chaque abonnement compte. Toutes nos recettes sont investies dans un journalisme local indépendant, dont la force et la réactivité dépend directement du nombre d’abonnés actifs.
La préfecture a annoncé au jeune guinéen Kéletigui Sylla, connu sous le nom de Kélé, qu’elle envisageait de répondre de façon « défavorable » à sa demande de titre de séjour. Ses soutiens craignent qu’il reçoive une nouvelle OQTF à Lyon. Pourtant, ce « modèle d’intégration » à Lyon semblait avoir gagné son droit à rester en France, après une décision favorable du tribunal administratif.
Il se pensait sauvé. Visiblement, ce n’est toujours pas le cas. Ce 14 janvier, le collectif de soutien à Kéletigui Sylla, surnommé Kélé, a annoncé que le jeune homme n’était (finalement) pas sorti d’affaire.
« Le 2 janvier, elle [la préfecture] inaugure 2025 en écrivant à Kélé qu’elle envisage de refuser une nouvelle fois sa demande [de titre de séjour], écrivent ses soutiens. Cependant, pour obéir au Tribunal administratif et respecter la loi cette fois, elle le convoque d’abord devant la commission du titre de séjour le 6 février, avant sa probable prochaine OQTF (Obligation de quitter le territoire français, ndlr). »
En France depuis dix ans, le jeune homme, d’origine guinéenne, avait remporté une manche importante dans son combat pour rester dans son pays d’accueil. Ce « modèle d’intégration », dont Rue89Lyon avait tiré le portrait, avait été sauvé par la justice. Le tribunal administratif avait annulé son OQTF et demandé à la préfecture du Rhône de lui délivrer un titre de séjour provisoire dans les deux semaines. Son dossier devait aussi être révisé dans les quatre mois.
Une « belle victoire » remise en cause par la préfecture ? En tout cas, selon un document que Rue89Lyon a pu consulter, elle a bien prévu de donner une suite « défavorable » à la demande de titre de séjour de Kélé. Il est également bien convoqué devant une nouvelle commission, le 6 février. Pour les soutiens, celle-ci pourrait bien aboutir sur une nouvelle OQTF. Selon eux, l’institution est « aveuglée » par ses objectifs en termes de « multiplications des OQTF. » Elle enferme Kélé « dans une suite de persécutions totalement arbitraires ».
« Sans doute veut-elle faire de Kélé un exemple de la fermeté sans limites qu’elle se plaît à afficher jusque dans la presse locale », indique encore les soutiens, faisant allusion à une interview donnée par la Préfète à nos confrères du Progrès.
À Lyon, les soutiens de Kélé, visé par une OQTF, se sont rassemblés en décembre à Lyon.Photo : PL/Rue89Lyon
À Lyon, deux annulations d’OQTF avec un traitement différent
La préfecture confirme-t-elle cette décision ? Qu’est-ce qui l’a motivée ? Contactés, les services de l’État n’étaient pas encore revenus vers nous. En novembre, la préfecture s’était montrée plus clémente envers Mamadou Sow. Ce jeune père de famille guinéenne avait également réussi à faire annuler son OQTF auprès de la justice. Un titre de séjour lui avait été quasiment accordé dans la foulée.
Si une nouvelle OQTF frappe Kélé, ce sera sa troisième depuis son arrivée en France. À noter qu’une pétition de soutien pour le jeune homme a recueilli plus de 6000 signatures. Ses proches annoncent réfléchir à de prochaines actions.
Journaliste lyonnais fan de l’Ouest, je suis à Rue89Lyon depuis 2020. Aujourd’hui associé et directeur de publication, je couvre les questions sociales mais aussi écologiques (pollutions industrielles, scandale des perfluorés). Le travail, c’est la santé, à condition que le droit soit respecté. Un œil politique sur le Rhône. Pour me laisser une info, c’est ici plemerle@rue89lyon.fr.