Les Soulèvements de la Terre font partie des organisateurs de la manifestation contre Bolloré (Photo d’archive).Photo : OM/Rue89Lyon
Dans la cadre d’une campagne nationale, un rassemblement est organisé à Lyon face à la concentration des médias dans les mains du milliardaire d’extrême droite Vincent Bolloré. Il aura lieu samedi 1ᵉʳ février à 15 heures, place Guichard (Lyon 3ᵉ).
« Désarmer Bolloré ». Du 29 janvier au 3 février, une campagne nationale vise le milliardaire d’extrême droite Vincent Bolloré, propriétaire de nombreux médias (Le JDD, CNews, Canal+, Europe1…), de maisons d’édition et des points de vente Relay. À Lyon, une manifestation est organisée samedi 1ᵉʳ février à l’initiative des Soulèvements de la Terre et de l’association Action justice climat (ex-Alternatiba).
Le rendez-vous est donné à 15 heures place Guichard (Lyon 3ᵉ), pour un évènement « mêlant prises de parole de collectifs militants, de librairies et médias indépendants, mais aussi des performances artistiques ainsi qu’une fanfare ». Rue89Lyon sera présent (au passage, pour s’abonner, c’est par là !).
Rassemblement à Lyon : Bolloré symbole de l’extrême droitisation des médias
Lancé début 2024, l’appel à « désarmer » Bolloré est signé par une centaine d’organisations et a pris de l’ampleur au moment des élections législatives de juin 2024. Cette nouvelle série d’actions relance cette campagne. Parmi les signataires, on retrouve des associations écologistes (Alternatiba, AJC, Extinction Rebellion…), Attac, des syndicats (dont des syndicats de journalistes), des groupes antifascistes et anti-racistes.
« Nous appelons (…) à mener partout bataille contre Bolloré : parce que c’est un acteur du ravage écologique, de l’exploitation néo-coloniale, mais aussi parce qu’il est devenu en quelques années un levier majeur de la conquête du pouvoir par l’extrême droite », écrivent les signataires.
Au-delà de ses activités industrielles en Afrique et de sa mainmise sur la ligne éditoriale des médias qu’il rachète, Vincent Bolloré avait scellé l’union entre Éric Ciotti et le RN en juin dernier. Tous deux avaient imaginé, ensemble, le lancement d’une pétition pour soutenir « l’union des droites ». Une union largement défendue dans les médias Bolloré, dont plusieurs figures affichaient leur volonté de voir le RN, les LR et les partisans d’Eric Zemmour s’unir.
Banderole du syndicat Solidaires lors d’une manifestation en défense du salarié licencié par Amazon à Saint-Priest.Photo : DR/Solidaires69
[Info Rue89Lyon] Alors qu’il était « salarié de l’année 2020 », Jérémy Paglia avait été licencié de son entrepôt Amazon de Saint-Priest pour avoir osé critiquer publiquement sa direction. En décembre 2024, la justice prud’homale a finalement condamné son employeur pour atteinte à la liberté d’expression. Il n’y aura pas d’appel.
Voilà près de quatre ans que cet ancien salarié du DAR1, entrepôt Amazon de 6100 m² situé à Saint-Priest, attendait cette décision. Le 16 décembre 2024, Jérémy Paglia a fait reconnaître l’invalidité de son licenciement, prononcé par la multinationale de livraison de colis.
« C’était long. Même si j’ai refait ma vie dans une autre boîte, j’avais toujours cette audience dans un coin de ma tête. J’aurais préféré gagner davantage… mais cela répare un peu l’injustice que j’ai subi », admet-il.
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Le développement de l’intelligence artificielle au sein du groupe Ebras inquiète les journalistes du Progrès.Photo : MA/Rue89Lyon
Épinglé par des syndicats de journalistes après de multiples « likes » sur des publications d’extrême droite sur le réseau social LinkedIn, le patron d’Ebra, qui possède notamment Le Progrès et le Dauphiné Libéré, a démissionné mardi 28 janvier. La banque Crédit Mutuel, actionnaire unique du groupe, a salué une décision « responsable ».
Ses excuses n’auront pas suffi. Épinglé par des syndicats de journalistes puis Mediapart pour des « likes » sur des publications d’extrême droite sur le réseau social professionnel LinkedIn, le patron d’Ebra Philippe Carli a démissionné ce mardi 28 janvier.
Dimanche 26 janvier, le président du premier groupe de presse régionale de France, qui possède notamment le Progrès et le Dauphiné Libéré, avait tenté de se justifier auprès de ses équipes, dans un message consulté par Rue89Lyon. Philippe Carli avait reconnu une pratique « rapide » et « maladroite » des réseaux sociaux.
« Ces réactions ne représentent en rien un soutien à quelconque parti, courants politiques ou tout autre mouvement extrémiste. Au contraire, mes valeurs personnelles comme mes engagements associatifs m’ont toujours placé dans un seul camp, celui de l’humanisme, du respect des autres, de l’intégration, dans l’opposition au racisme, aux discriminations, au sexisme. »
Message de Philippe Carli aux rédactions du groupe Ebra
Démission du patron d’Ebra : une décision « responsable » pour le Crédit mutuel
Honnête ou intéressé, le meaculpa n’aura pas suffi. Lundi 27 janvier, la CGT appelait déjà au départ du boss d’Ebra. Philippe Carli semble finalement avoir été lâché par le principal actionnaire du groupe, le Crédit mutuel. Dans un communiqué, la banque salue une décision « responsable » qui « doit permettre aux rédactions du groupe de retrouver leur sérénité dans un contexte économique qui reste difficile pour le secteur ».
L’actionnaire a également réaffirmé son choix « d’assurer le pluralisme des opinions et des points de vue, et enfin le refus de toutes formes de discrimination ». Détail important, ce dernier mot n’était pas présent dans le communiqué interne, consulté par Rue89Lyon, envoyé vendredi 24 décembre par les rédacteurs en chef des différents titres du groupe. Ou quand l’actionnaire rappelle quelques principes de déontologie à ses propres journalistes…
Les likes pro-Trump du patron d’Ebra
Le scandale était parti jeudi 23 janvier d’une alerte du syndicat SNJ, relayée par Mediapart. Il était notamment reproché au désormais ex-patron d’Ebra d’avoir montré publiquement son admiration pour l’eurodéputée Reconquête Sarah Knafo, dont il « aime » de très nombreuses publications.
Mais pas que. Philippe Carli « like » aussi des publications de responsables politiques du Rassemblement national (RN), des micro-partis d’extrême-droite ou encore des éditorialistes de la chaîne CNews.
Au Progrès, cette lutte contre les dirigeants d’Ebra n’est pas une première. Les journalistes de la rédaction centrale, basée à Lyon, débrayent régulièrement pour lutter contre les réductions d’effectifs et les nouvelles directions éditoriales pilotées par le Crédit Mutuel.
Originaire de Lorraine, je suis arrivé à Lyon en 2020, après plusieurs années à Paris. J’ai rejoint Rue89Lyon en 2023, avec le projet de reprise en coopérative. Désormais associé et rédacteur en chef adjoint du média, je suis plutôt branché justice et mobilités. J’aime bien titiller la Région aussi, quand l’occasion se présente. Si vous avez une info ou que vous souhaitez me joindre, c’est par là : edelacote@rue89lyon.fr
Ce lundi 27 janvier, les élus de la Métropole de Lyon étaient invités à débattre des orientations du budget pour l’année 2025. Dans un climat de forte incertitude nationale, les échanges ont eu du mal à s’appuyer sur des éléments tangibles.
« On est plus sur un débat d’observations budgétaires plutôt que sur une réelle discussion sur les orientations budgétaires… » Sur ce point, on aura du mal à donner totalement tort à Yves-Marie Uhlrich, ancien maire d’Écully et membre du groupe Inventer la Métropole de demain.
Comme nombre des opposants à la majorité écologiste et de gauche, il est monté au créneau pour dénoncer un débat d’orientation budgétaire (le fameux « Dob ») avec des trous, ce lundi 27 janvier. Comme un écho au conseil municipal de Lyon, qui s’est tenu jeudi dernier. À raison, compte tenu de la période nationale incertaine… La question étant de savoir : à qui la faute ?
Pas à la Métropole de Lyon en tout cas, pour Bertrand Artigny (Les Écologistes), vice-président en charge des Finances, sur qui reposait la difficile tâche de présenter ces orientations budgétaires. « L’État veut absolument maîtriser nos budgets, mais n’a pas été capable de le faire pour le sien », a ainsi taclé l’élu.
Après la chute du gouvernement Barnier, la collectivité est toujours en attente de savoir à quelle sauce elle va être mangée à l’heure de son « dob ». Quelles coupes vont être demandées par le projet de loi de finances de François Bayrou (s’il est adopté) ? Si on l’annonce plus « souple » que celui de son prédécesseur, il devrait quand même impacter considérablement les caisses de la Métropole.
Budget de la Métropole de Lyon : la lutte contre la pauvreté en « priorité »
Bertrand Artigny n’a pu que constater les pertes sèches représentées par la fin de la DMTO et de CVAE (lire par ailleurs) pour la collectivité. En gros : moins 200 millions d’euros sur deux ans. En face, les dépenses de fonctionnement ont augmenté, notamment du fait d’une augmentation du budget alloué au RSA, les frais de séjour, etc.
« Le tout va impacter notre masse salariale, notamment sur la question de l’évolution des effectifs », commente-t-il. À terme, des départs pourraient ne pas être remplacés dans la collectivité. Cependant, la majorité esquisse un cap clair : « Il nous faut maintenir et augmenter tout ce qui relève de la lutte contre la pauvreté », commente le vice-président.
Après les polémiques de cet été sur les mères isolées, la Métro veut garder une ligne « écologique et social », anticipant de potentielles critiques à sa gauche. Elle a été saluée sur ce point-là par les différents groupes de sa majorité, que ce soit « Voix commune » ou encore le groupe Métropole insoumise, résiliente et solidaire, via Laurence Boffet.
« La majorité a su maintenir un équilibre malgré les vents contraires », s’est-elle félicitée. Côté investissements, les écologistes annoncent ainsi conserver un plan pluriannuel « dynamique » à plus de 3,6 milliards d’euros pour 2025.
« Y a le feu ! » : le « brouillard » autour du budget critiqué
« Flou », « brouillard », « y a le feu aux finances de la Métropole ! »… Dans les rangs de l’opposition, chacun y est allé de son alerte pour dénoncer le manque de mesures concrètes. Devant des pompiers du SDMIS, en grève depuis octobre, les groupes Synergies, Inventer la Métropole en commun ou encore la Métropole positive ont rappelé la nécessité d’expliciter où les coupes devraient avoir lieu.
« Où sont les actions structurantes qui devraient permettre de rationaliser nos fonctionnements ? », s’est agacé l’UDI Max Vincent, du haut de ses 45 ans de vie politique locale. Le tout, en rappelant que les pompiers, eux, devaient être valorisés.
Les pompiers s’invitent au conseil de Métropole
« Ne pas prévoir, c’est déjà gémir », s’est quant à elle inquiétée Nathalie Perrin-Gilbert, de la Métropole en Commun, tentant une citation de Léonard de Vinci. Sans sortir la grosse berzingue, l’ancienne adjointe à la Culture limogée au printemps par le maire de Lyon a voulu poser ses « lignes rouges », tout comme elle le fait en conseil municipal. Histoire de marquer ses différences, en vue de 2026. Le tout, notamment sur le fait que « la sécurité civile » (les sapeurs-pompiers) devait rester un « service public ».
« Il n’a jamais été question de privatiser », a d’emblée répondu Bruno Bernard (EELV), quelque peu étonné par la sortie. Le président de la Métropole a espéré que NPG serait « rassurée » et resterait ainsi « dans la majorité », non sans déclencher quelques rires dans l’assistance.
À la conclusion, l’élu a mis en avant l’importance des mesures sociales, justifiant la hausse du budget de fonctionnement, sans aller plus dans le détail dans les coupes prévues. « Nous allons devoir ne pas remplacer tous les départs », a-t-il réaffirmé.
Budget : les oppositions veulent une commission, le président, des propositions
Il a appelé ses confrères à donner leurs idées pour la suite. « J’ai noté de votre part beaucoup de demandes de dépenses supplémentaires, a-t-il tenté. Moi, pour les économies, ce que j’attends de vous, ce sont des propositions. »
« Dans ce cas, ouvrez une commission transpartisane pour en discuter », lui a répondu son prédécesseur David Kimelfeld (Alliance sociale, démocrate et progressiste). Pour lui, il s’agit de la seule manière d’éviter un débat comme celui du jour, avec une succession « d’effets de manche ». Sa demande : pouvoir mettre le nez dans la machine budgétaire actuelle. « Vous avez les comptes de l’année dernière », lui a répondu le Président, renvoyant cette demande faite par l’ensemble de son opposition.
Pour le reste, Bruno Bernard l’a reconnu, « il n’y a pas tout » dans ce Dob, le vote du budget étant en mars. D’ici là, un projet de loi de finance aura (peut-être) été proposé (voire approuvé) à l’Assemblée. On devrait donc y voir plus clair dans l’avenir de la collectivité aux quatre milliards de budget et aux 9000 agents. En théorie du moins.
Journaliste lyonnais fan de l’Ouest, je suis à Rue89Lyon depuis 2020. Aujourd’hui associé et directeur de publication, je couvre les questions sociales mais aussi écologiques (pollutions industrielles, scandale des perfluorés). Le travail, c’est la santé, à condition que le droit soit respecté. Un œil politique sur le Rhône. Pour me laisser une info, c’est ici plemerle@rue89lyon.fr.
Au nord-ouest de Lyon, à Saint-Didier-au-Mont-d’Or, la ferme des Seignes retrouve sa vocation agricole grâce à Terre de Milpa.Photo : LMB/Rue89Lyon
Ce 30 janvier, des élections professionnelles cruciales prendront fin pour le monde agricole. La FDSEA, largement majoritaire, semble bien placée pour garder sa place de premier syndicat à la chambre d’agriculture du Rhône. Mais, dans un contexte de forte colère agricole, une surprise n’est pas à exclure dans le département…
Une manifestation express… Et quelques tensions. Lundi 6 janvier dernier, des agriculteurs se sont mobilisés dans le Rhône, bloquant notamment quelques accès autoroutiers au sud de Lyon. Un (faible) écho à l’intense mobilisation de 2024, pour réaffirmer leur opposition à l’accord entre l’Union européenne et le Mercosur, le marché commun d’Amérique latine. Sauf que contrairement à l’année dernière, les agriculteurs étaient cette fois-ci divisés.
D’un côté, la FDSEA, principal syndicat agricole du Rhône, s’est retrouvée devant l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) avec ses alliés, les Jeunes agriculteurs (JA).
De l’autre, on a vu sur l’A 450 et la M7 une vingtaine de tracteurs. Sur la tête de certains agriculteurs, le bonnet jaune du syndicat de la Coordination rurale. Cette scission n’avait rien d’anodin, à quelques jours du début des élections professionnelles dans le monde agricole.
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Amap à Lyon : acheter au plus près du producteur. Photo d’illustration prise en 2022 à Savigny.Photo : PL/Rue89Lyon.
Première en nombre d’exploitations centrées sur l’agriculture biologique, Lyon est une ville où se multiplient les Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne (AMAP). Comme on aime parler circuit-court, on vous a fait une petite carte.
Une Amap, c’est quoi ?
Créée en 2001, les Amap (Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne) veulent favoriser le circuit-court et rémunérer, au mieux, le producteur en évitant au maximum les intermédiaires.
Pourquoi vous en parler aujourd’hui ?
Depuis 2011, Rue89Lyon s’intéresse à l’agriculture paysanne, aux initiatives locales pour manger plus local, et meilleur. Ainsi, nous mettons en avant des initiatives permettant de privilégier l’accès à une nourriture de bonne qualité pour tous, comme la mise en place d’une Sécurité sociale de l’alimentation.
Nous parlons des vignerons bios, mais aussi des paysans cherchant à développer un modèle alternatif. Nous allons aussi voir des modèles de structures qui cherchent à mettre en avant le local, le circuit-court. Ce qui nous pousse aussi à parler de leurs difficultés.
Cette carte des Amap rentre dans cette logique éditoriale. Elle met en avant le maillage mis en place par ces producteurs, au plus près du consommateur. D’autant que, pour nous, l’Amap a un autre intérêt : elle met en avant le fait qu’un producteur ne peut fonctionner sans l’arrivée d’une ressource régulière pour lui. Ainsi, l’habitué des Amap paye un revenu mensuel, sans savoir de quoi sera fait son panier. Pour un média indépendant qui vit, principalement, grâce aux abonnements, il y aurait comme de l’écho dans l’air.
La centrale du Bugey à Saint-Vulbas, à 30 km de Lyon et 70 km de Genève. Un débat public sur l’installation de deux réacteurs EPR 2 démarre mardi 28 janvier.Photo : IG/Rue89Lyon
La centrale nucléaire du Bugey (Ain) a été choisie par le gouvernement pour accueillir deux réacteurs EPR 2 à l’horizon 2040. Avant le début du projet, un débat public de quatre mois est organisé avec les habitants de la région, à partir de mardi 28 janvier. Les opposants s’inquiètent, notamment, pour l’avenir du Rhône.
C’est, sans aucun doute, le sujet chaud de ce début d’année 2025. Ce mardi 28 janvier, un débat public organisé par la Commission nationale du débat public (CNDP) s’ouvre sur l’avenir de la centrale du Bugey. La plus vieille centrale nucléaire de France encore en activité va connaître de nouveaux quelques débats enflammés. Et pas des moindres.
Ils concernent l’installation de deux EPR 2, dont le coût pourrait s’élever à 15, voire 16 milliards d’euros, a minima. « Un projet majeur qui va concerner l’Ain, le Rhône et l’Isère », soulignait à propos la préfète Fabienne Buccio, lors de ses vœux.
Situé à 35 kilomètres à l’est de Lyon, le site du Bugey abrite déjà un réacteur en cours de démantèlement et quatre réacteurs d’une puissance de 900 MW chacun (du même modèle qu’à Fessenheim), mis en service en 1978 et 1979.
Le projet du Bugey comporte une spécificité : ce serait le premier EPR 2 à se trouver au bord d’un fleuve et non de la mer. Il devra donc fonctionner en « circuit fermé ». L’eau « impropre » ne devrait donc pas finir dans le fleuve. N’empêche, cela peut quand même poser quelques questions et difficultés…
Pétition : « La technologie des EPR ne marche pas »
« La technologie des EPR ne marche pas et va affecter énormément le territoire », marque à propos Maxime Meyer, conseiller régional et coprésident du groupe écologiste, qui fait partie du collectif des élu.es contre les EPR. Avec 178 élus, il lance une pétition contre le projet (lire par ailleurs).
« Il ne faut pas y voir une attaque purement anti-nucléaire. Nous avons une approche pragmatique (…) Il existe des alternatives plus rapides et plus efficaces. »
Les EPR 2 pèseraient sur un milieu aquatique déjà fragilisé. Pour refroidir la centrale, de l’eau serait prélevée dans le Rhône, avant d’y retourner. « L’eau est rejetée plus chaude qu’avant. Même avec seulement quelques degrés de différence, on détruit des espèces entières, s’inquiète l’élu écologiste. En plus de cela, à quelques degrés près, les bactéries et les éléments physico-chimiques de l’eau changent et elle peut ne plus être potable. »
Cela alors que l’Agence de l’eau prévoit une baisse du débit du Rhône d’un tiers en moyenne en 2050. Pour rappel : le fleuve est déjà utilisé comme eau potable par plus de deux millions de personnes et ses nappes phréatiques servent aux agriculteurs et aux industriels. D’où des inquiétudes.
En face, la préfète parle de 8000 emplois créés au pic des travaux, en plus de la nécessité de créer de l’énergie. Une paire d’EPR doit permettre de produire 40 % de la consommation d’électricité de la région Auvergne Rhône-Alpes. Problème cependant pour le collectif : les emplois créés ne seront pas pérennes.
Bien que la partie semble, a priori, jouée d’avance, ils ont décidé de participer au débat public. Un choix défendu par Maxime Meyer, qui comprend néanmoins la défiance des citoyens : « Quand on ne s’occupe pas de la politique, la politique s’occupe de nous quand même ! Il faut venir et être le plus possible pour poser les questions qui dérangent. »
« Il faut faire bouger les lignes ! » pour FNE
Dans l’Ain, Marjorie Lathuilliere, coprésidente de France Nature Environnement (FNE) Ain, ne snobera pas non plus le débat public. Elle regrette cependant un manque de discussions autour de projets majeurs :
« Prévoir 6, voire 14 EPR, dans une décennie où le GIEC a indiqué qu’il fallait agir dans les énergies renouvelables pour ne pas foncer dans le mur… Cela ne va pas dans le bon sens ! »
L’hiver dernier, l’association avait participé à la concertation publique sur le projet de barrage sur le Rhône, Rhônergia, qui a ensuite été abandonné, notamment parce qu’il aurait gêné la mise en œuvre des EPR 2. « Ici, on ne pourra pas obtenir l’annulation du projet, mais on est convaincu que ce n’est pas la solution. Il faut en parler pour faire bouger les lignes ! »
Un débat public… Pour rien ?
Le débat durera du 28 janvier au 15 mai, avec huit réunions publiques, retransmises sur la chaîne YouTube de la CNDP, des débats mobiles dans les marchés, des visites de la centrale, ou encore le travail d’un groupe citoyen d’une trentaine d’habitants tirés au sort. Des partenariats avec le rectorat, les universités ou les quartiers “Politique de la ville” seront organisés. Le but ? Toucher tous les publics, même les plus éloignés.
Un autre temps fort est prévu le 20 février, à Vaulx-en-Velin, avec un forum, où les acteurs du projet (maîtres d’œuvre, élus, associations, opposants, etc.), seront présents pour échanger avec les citoyens.
Mais au final, les citoyens seront-ils vraiment écoutés ? Comme le rappelle le président de la CNDP, Marc Papinutti : « le débat public n’est pas un référendum ». Il s’agit plutôt de faire une cartographie des avis et des questionnements « ce qui aboutit, en moyenne, à une évolution de deux-tiers des projets. » Un des seuls points sur lesquels l’avis du public pourrait compter, c’est le choix entre deux tours de 200 m de haut ou quatre tours de 161 m de haut pour assurer le refroidissement.
La commission produira, le 15 juillet, un compte-rendu, transmis aux maîtres d’œuvre. Ils devront le prendre en compte et décider (ou non) de poursuivre le projet.
Le développement de l’intelligence artificielle au sein du groupe Ebras inquiète les journalistes du Progrès.Photo : MA/Rue89Lyon
Sur LinkedIn, le patron du groupe Ebra, propriétaire notamment du Progrès, multiplie les « likes » et les partages de publications liées à l’extrême droite. Une révélation, signée Mediapart, qui a mis en émois ses équipes.
Comme si les journalistes du Progrès avaient besoin de ça… Ce vendredi 24 janvier, ils ont appris que leur patron, Philippe Carli, avait une grosse tendance à aimer (en quantité) les publications de l’extrême droite sur LinkedIn.
Dans un article consacré au PDG du groupe Ebra, plus gros groupe de presse régionale de France, notre partenaire Médiapart révèle qu’il partage régulièrement son admiration pour l’eurodéputée Reconquête Sarah Knafo, dont il « aime » de très nombreuses publications. Mais pas que. Il « like » également des publications de responsables politiques du Rassemblement national (RN), des micro-partis d’extrême-droite ou encore des éditorialistes de la chaîne CNews.
Ebra, un mastodonte de l’information
Rue89Lyon a par ailleurs déniché un autre « like » pro Trump, fustigeant les médias « bien-pensants », qui a fait jaser en interne. Si ces publications ont autant suscité l’émoi, c’est que Philippe Carli est à la tête de l’un des plus gros groupe de médias en France.
Ebra, propriété du Crédit mutuel, possède la majorité des journaux de presse régionale de l’est et du nord-est de la France. Le groupe revendique 800 000 journaux vendus chaque jour, plus de trois millions de lecteurs quotidiens et plus de 16 millions de visites par jour sur internet. Bref, un mastodonte de l’information.
Ces révélations sur son PDG sont donc un sacré impair, pour un groupe devant justifier de sa neutralité. « Sa notoriété et ses responsabilités engagent indéniablement les rédactions, dont les lignes éditoriales sont réputées être indépendantes et apolitiques », s’est ému le SNJ, syndicat national des journalistes, dans un communiqué, réclamant à Philippe Carli de s’expliquer « en toute transparence ».
C’est ce syndicat qui a en premier tiré la sonnette d’alarme, avant même l’article de Mediapart. La Filpac-CGT est aussi montée au créneau, en faisant part de sa « surprise » puis de sa « colère » en découvrant les « penchants » du directeur d’Ebra.
Likes du patron d’Ebra : en interne, l’exaspération des journalistes
En interne, ces révélations ont rajouté un peu d’huile sur un feu social, déjà attisé par des annonces de plans d’austérité et de changement de priorités éditoriales. De quoi provoquer l’ire de nombreux journalistes.
« Un tel positionnement sème le trouble dans la relation de confiance entre les lecteurs et nos rédactions. Ça a fait bondir tout le monde. D’autant que ces « likes » ne vont pas à n’importe quels partis », s’est émue une journaliste du Progrès, en mettant en avant la charte éditoriale du journal, où figure « la lutte contre les discriminations, le racisme, la xénophobie… et la désinformation ».
Même son de cloche dans un autre titre du groupe, l’Est Républicain, où les journalistes s’étaient levés contre l’expérimentation de l’intelligence artificielle Chat GPT à l’automne 2023.
« C’est inadmissible qu’un patron d’un groupe de presse aussi important que le nôtre affiche ouvertement son soutien à un parti/des idées d’extrême droite. C’est affligeant, effrayant et révoltant. Il entache la réputation du journal et alimente la défiance du lectorat envers les médias », se désole une salariée, sous couvert d’anonymat. Elle ajoute que les positions de Philippe Carli « ne sont pas du tout représentatives des valeurs du journal ».
Communiqué des rédacteurs en chef d’Ebra : une défense « à côté de la plaque »
À nos confrères de Médiapart, le service de communication du groupe Ebra a assuré que « retweeter ou liker ne vaut pas approbation ». « Ces interactions n’ont aucune vocation à indiquer une quelconque préférence de M. Carli ou du Groupe Ebra, ajoute le service communication. Quant aux rédactions, elles sont évidemment indépendantes. »
Une défense qualifiée de « légère » par la CGT… Mais sur laquelle se sont calqués six rédacteurs en chefs des différents titres du groupe. Dans une communication interne adressée aux rédactions vendredi 24 janvier en fin d’après-midi, consultée par Rue89Lyon, ils ne s’expriment pas sur les prises de position de Philippe Carli. Ils réaffirment l’indépendance de leurs rédactions vis-à-vis de leur patron, tout en assurant que celui-ci « a toujours défendu et valorisé cette indépendance. »
« Depuis son arrivée à la tête du groupe, Philippe Carli est dans son rôle de dirigeant avec pour objectif de défendre les intérêts d’Ebra et d’en garantir la pérennité. Il s’est personnellement impliqué en tant que président de l’Alliance pour protéger l’indépendance de toutes les familles de presse, notamment vis-à-vis des plateformes. Ce que les rédacteurs en chef et les rédactions attendent de lui. »
Communiqué des rédacteurs en chef des journaux du groupe Ebra, 24 janvier 2025
Une réaction « complètement à côté de la plaque » pour un salarié du Progrès. « Ils ne répondent pas au problème avec cette communication », se désole une autre employée du groupe contactée par Rue89Lyon.
À l’heure où de grands patrons français comme Vincent Bolloré et Pierre-Édouard Stérin rachètent à tour de bras des médias pour porter leurs idées conservatrices, cette nouvelle est un nouveau coup dur pour les défenseurs d’une presse libre.
Elle rappelle la nécessité, toujours plus présente, pour les citoyens de se réapproprier les médias. Pour cela, nous vous le disons, encore et toujours, un seul salut : abonnez-vous ! Pour que vive, face aux grands groupes, une presse libre et indépendante, vous êtes essentiel !
Originaire de Lorraine, je suis arrivé à Lyon en 2020, après plusieurs années à Paris. J’ai rejoint Rue89Lyon en 2023, avec le projet de reprise en coopérative. Désormais associé et rédacteur en chef adjoint du média, je suis plutôt branché justice et mobilités. J’aime bien titiller la Région aussi, quand l’occasion se présente. Si vous avez une info ou que vous souhaitez me joindre, c’est par là : edelacote@rue89lyon.fr
Le conseil municipal du 30 mai. Photo d’illustration.Photo : MA/Rue89Lyon
Alors que le projet de loi de finances n’a toujours pas été voté à l’Assemblée, le conseil municipal de la Ville de Lyon a débattu de son budget 2025. La majorité écologiste et de gauche veut maintenir ses investissements au même niveau, tout en envisageant des coupes budgétaires, si nécessaire. Une position d’équilibriste critiquée par ses oppositions, comme par certains membres de sa majorité.
Au menu du conseil municipal de Lyon, c’était « Dob », ce jeudi 23 janvier. Pas le plat en sauce, non, mais le débat d’orientation budgétaire, qui définit les grands axes de dépenses pour 2025. Cette année, le sujet est d’autant plus brûlant que près de 25 millions d’euros d’efforts pourraient être demandés à la Ville de Lyon dans le prochain projet de loi de finances (PLF), actuellement discutée à l’Assemblée nationale. Et ce, après que la censure du gouvernement Barnier en novembre dernier, remettant à zéro les débats parlementaires. L’État cherche à combler son déficit et se tourne vers les collectivités locales pour couper dans leurs dépenses.
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Les deux industriels ciblés dans le scandale des PFAS, Daikin et Arkema, sont sur la même unité de production.Photo : PL/Rue89Lyon
Ce jeudi 23 janvier, le tribunal administratif a annoncé ne pas suspendre le nouvel arrêté mis en place par la préfecture pour permettre l’extension de l’usine Daikin, productrice de Pfas. Il s’était pourtant opposé à un premier arrêté. On vous explique cette décision de justice.
« C’est une déception bien sûr, mais cela n’enlève rien à notre détermination. » Lucas Miguel, du collectif Pfas contre terre, est légèrement amer, ce jeudi 23 janvier. Le tribunal administratif de Lyon n’est pas allé dans le sens des habitants en lutte contre la pollution aux perfluorés, à Oullins-Pierre-Bénite. Il a décidé de ne pas suspendre l’arrêté mis en place par la préfecture pour autoriser l’extension de l’usine Daikin, après une première décision favorable aux militants, en juin dernier.
Un bon militant le sait : quand l’État et les groupes industriels ne vont pas votre sens, le recours au tribunal administratif, compétent sur les arrêtés préfectoraux, est souvent la dernière option possible. Dans l’Ouest lyonnais, par exemple, les militants de Quicury sont devenus des experts en procédure judiciaire pour bloquer des projets de construction de zone logistique.
De même, au sud de Lyon, le combat se joue (beaucoup) devant les juges. La première décision du « TA », en juin, avait ainsi été un coup de tonnerre dans le scandale des perfluorés qui secoue la région depuis 2022. Alors que nombre de procédures restaient sans suite depuis le début de l’affaire des « Pfas », les militants semblaient avoir trouvé une manière de contrarier les industriels.
Parmi eux, Daikin. Dans l’ombre du géant Arkema, le discret groupe japonais est parvenu à étendre son usine avec une nouvelle unité de production, en continuant à utiliser des substances perfluorées jusqu’en 2027…
Face à ce « stop » de la justice, la préfecture avait très rapidement réagi en dégainant un deuxième arrêté pour que Daikin poursuive son agrandissement. Un « passage en force » pour les collectifs, qui s’était suivi d’un deuxième recours. Celui-ci n’a pas eu le même succès que le premier.
Avec Daikin : des Pfas, oui, mais de meilleurs « filtres »
Les juges ont estimé que le nouveau dossier déposé par Daikin comportait « des améliorations visant à réduire fortement les pollutions ». Dans sa communication, il développe :
« Le projet d’installation de pré-compound comprend désormais, en plus du dépoussiéreur déjà mis en place, un pré-filtre et une unité de filtration absolue par des filtres HEPA 14 de très haute efficacité. Ils estiment que dans ces conditions, les émissions de poussières de cette unité seront négligeables, de l’ordre de 2 grammes par an, sans d’ailleurs qu’il soit certain que du bisphénol AF serait présent dans ces poussières très résiduelles. »
Le bisphénol AF, ce Pfas également reconnu comme perturbateur endocrinien et cancérigène, selon les collectifs, était particulièrement dans le viseur. Malgré la défaite, la mise en place de ce filtre est, déjà, une petite « victoire » pour les militants. « Sans notre action, ce filtre n’aurait pas été mis en place », commente Me Sébastien Bécue.
L’avocat de l’association Bien vivre à Pierre Bénite et l’association Générations futures, en charge de la requête, tentait de voir le verre à moitié plein, ce jeudi. Tout comme les habitants. « Nous notons l’admissibilité de l’intervention de Louis Delon, ce qui est une forme de légitimation des démarches scientifiques citoyennes entreprises », indique ainsi Lucas Miguel. Les analyses faites par ce maraîcher engagé dans la lutte contre perfluorés, au sud de Lyon, ont été prises en compte par la justice.
À Lyon, la lutte judiciaire continue contre l’unité de Daikin
Le gros moins ? Le fait que le juge ne demande pas une étude d’impact à l’industriel sur la pollution qu’il a générée depuis des années. Depuis le début, c’est ce point qui motive les collectifs et habitants. Or, la décision ne s’est attardée que sur les potentielles pollutions à venir, pas sur « l’historique ».
C’est là où le bât blesse, pour Sébastien Bécue. « Si cette étude ne se fait pas maintenant, au moment de l’extension. Quand va-t-elle être faite ? s’agace l’avocat. C’est au pollueur de la payer. En attendant, on impose aux habitants de les faire eux-mêmes, et de s’organiser pour aller devant la justice… »
Reste que l’affaire n’est pas finie. Pour l’heure, il ne s’agit que d’une décision « en référé » – soit une décision prise dans une procédure d’urgence. Le jugement sur « le fonds » ne sera connu qu’en fin 2025. Les collectifs ont également toujours la possibilité de se pourvoir en cassation sur cette décision.
Journaliste lyonnais fan de l’Ouest, je suis à Rue89Lyon depuis 2020. Aujourd’hui associé et directeur de publication, je couvre les questions sociales mais aussi écologiques (pollutions industrielles, scandale des perfluorés). Le travail, c’est la santé, à condition que le droit soit respecté. Un œil politique sur le Rhône. Pour me laisser une info, c’est ici plemerle@rue89lyon.fr.