Josiane, 61 ans, AESH dans une école primaire de Vaulx-en-Velin
Ce jeudi 16 janvier, des AESH de Lyon et sa métropole se sont rassemblés devant le rectorat pour alerter sur la dégradation de leurs conditions de travail. Josiane, l’une d’entres elles, a accepté de revenir longuement sur sa situation.
Josiane est accompagnante d’élève en situation de handicap (AESH) dans une école primaire de Vaulx-en-Velin classée en REP+. En douze ans de métier, elle n’a cessé de voir les conditions de travail et la prise en charge des élèves se dégrader.
« On est devenus des pions », souffle la sexagénaire. Son bonnet enfoncé jusqu’aux lunettes, elle n’en est pas à sa première grève.
À 61 ans, elle travaille en tant qu’AESH depuis plus de douze ans. « Quand j’ai commencé, on nous appelait les EVS – emplois de vie scolaire handicap -, puis les AVS, aujourd’hui les AESH. Aucun de ces changements ne s’est accompagné d’une reconnaissance de notre métier, ni d’une amélioration de nos conditions de travail. Au contraire, je n’ai vu les choses évoluer que dans le mauvais sens ».
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La préfecture a annoncé au jeune guinéen Kéletigui Sylla, connu sous le nom de Kélé, qu’elle envisageait de répondre de façon « défavorable » à sa demande de titre de séjour. Ses soutiens craignent qu’il reçoive une nouvelle OQTF à Lyon. Pourtant, ce « modèle d’intégration » à Lyon semblait avoir gagné son droit à rester en France, après une décision favorable du tribunal administratif.
Il se pensait sauvé. Visiblement, ce n’est toujours pas le cas. Ce 14 janvier, le collectif de soutien à Kéletigui Sylla, surnommé Kélé, a annoncé que le jeune homme n’était (finalement) pas sorti d’affaire.
« Le 2 janvier, elle [la préfecture] inaugure 2025 en écrivant à Kélé qu’elle envisage de refuser une nouvelle fois sa demande [de titre de séjour], écrivent ses soutiens. Cependant, pour obéir au Tribunal administratif et respecter la loi cette fois, elle le convoque d’abord devant la commission du titre de séjour le 6 février, avant sa probable prochaine OQTF (Obligation de quitter le territoire français, ndlr). »
En France depuis dix ans, le jeune homme, d’origine guinéenne, avait remporté une manche importante dans son combat pour rester dans son pays d’accueil. Ce « modèle d’intégration », dont Rue89Lyon avait tiré le portrait, avait été sauvé par la justice. Le tribunal administratif avait annulé son OQTF et demandé à la préfecture du Rhône de lui délivrer un titre de séjour provisoire dans les deux semaines. Son dossier devait aussi être révisé dans les quatre mois.
Une « belle victoire » remise en cause par la préfecture ? En tout cas, selon un document que Rue89Lyon a pu consulter, elle a bien prévu de donner une suite « défavorable » à la demande de titre de séjour de Kélé. Il est également bien convoqué devant une nouvelle commission, le 6 février. Pour les soutiens, celle-ci pourrait bien aboutir sur une nouvelle OQTF. Selon eux, l’institution est « aveuglée » par ses objectifs en termes de « multiplications des OQTF. » Elle enferme Kélé « dans une suite de persécutions totalement arbitraires ».
« Sans doute veut-elle faire de Kélé un exemple de la fermeté sans limites qu’elle se plaît à afficher jusque dans la presse locale », indique encore les soutiens, faisant allusion à une interview donnée par la Préfète à nos confrères du Progrès.
À Lyon, les soutiens de Kélé, visé par une OQTF, se sont rassemblés en décembre à Lyon.Photo : PL/Rue89Lyon
À Lyon, deux annulations d’OQTF avec un traitement différent
La préfecture confirme-t-elle cette décision ? Qu’est-ce qui l’a motivée ? Contactés, les services de l’État n’étaient pas encore revenus vers nous. En novembre, la préfecture s’était montrée plus clémente envers Mamadou Sow. Ce jeune père de famille guinéenne avait également réussi à faire annuler son OQTF auprès de la justice. Un titre de séjour lui avait été quasiment accordé dans la foulée.
Si une nouvelle OQTF frappe Kélé, ce sera sa troisième depuis son arrivée en France. À noter qu’une pétition de soutien pour le jeune homme a recueilli plus de 6000 signatures. Ses proches annoncent réfléchir à de prochaines actions.
Journaliste lyonnais fan de l’Ouest, je suis à Rue89Lyon depuis 2020. Aujourd’hui associé et directeur de publication, je couvre les questions sociales mais aussi écologiques (pollutions industrielles, scandale des perfluorés). Le travail, c’est la santé, à condition que le droit soit respecté. Un œil politique sur le Rhône. Pour me laisser une info, c’est ici plemerle@rue89lyon.fr.
Le T-shirt anti-police exhibé lors du procès des émeutes, au tribunal de Lyon.Photo : OM/Rue89Lyon
Un militant antifasciste lyonnais a été condamné pour outrage à quatre mois de prison avec sursis probatoire, des travaux d’intérêt généraux et un stage de citoyenneté. L’objet du délit ? Un T-Shirt avec le logo Nike assorti de « la police » qu’il a porté dans l’enceinte du tribunal judiciaire de Lyon.
L’affaire remonte au 4 juillet 2023, alors qu’une vingtaine de prévenus sont jugés en comparution immédiate à Lyon pour leur participation présumée aux émeutes qui ont suivi la mort de Nahel, jeune de Nanterre tué par un policier. Un militant antifasciste lyonnais, venu assister aux audiences, navigue entre les salles. Sur son T-Shirt, un message équivoque : le logo Nike, suivi de « la police », formant donc la phrase « Nike la police ».
Jugé en novembre 2024 pour outrage et rébellion, le trentenaire a finalement été condamné uniquement pour les faits d’outrage à quatre mois de prison avec sursis probatoire, 105 heures de travaux d’intérêt général, et un stage de citoyenneté à ses frais. Il doit verser en outre 250 euros à chacun des quatre policiers parties civiles, pour préjudice moral.
Une peine qui colle au réquisitoire de la procureure de la République. Elle avait demandé une peine de six mois avec sursis, ainsi que l’obligation de s’acquitter de 105 heures de travaux d’intérêt généraux et un stage de citoyenneté.
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À Rue89Lyon depuis 2022, aujourd’hui journaliste associée. Enquêter sur l’extrême droite, c’est lutter contre l’extrême droite.
J’écris aussi sur la politique, le sans-abrisme, le logement, les violences sexistes et sexuelles. Pour me filer une info ou me contacter, c’est par là : mallenou@rue89lyon.fr
La presse lyonnaise a été invitée à tester les nouveaux Vélo’v électriques de la métropole, capables d’emprunter la montée du Chemin-Neuf et ses 12 % de pente. Photo EM/Rue89Lyon
Après l’échec des premiers e-Vélo’v, les écologistes à la tête de la Métropole de Lyon vont mettre en service de nouveaux Vélo’v électriques. La collectivité a convié les journalistes à les essayer sur la fameuse montée du Chemin-Neuf (Lyon 5e). L’objectif ? Montrer que sa politique vélo est viable dans une ville comme Lyon, avec ses trois collines, et sur le territoire étendu de la métropole.
Affronter à vélo une pente à 12 % sur une ligne droite de 400 m. Dit comme ça, cela ne fait pas rêver. C’est pourtant le pari de la Métropole qui voudrait que 10 000 cyclistes empruntent tous les jours la très pentue montée du Chemin-Neuf (Lyon 5e) où passera la future Voie Lyonnaise 12. Pour prouver la faisabilité du trajet, la Métropole invitait la presse à tester les nouveaux Vélo’v électriques sur ce tronçon, et Rue89Lyon s’est évidemment porté volontaire.
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Lors de l’édition 2024 du festival Woodstower, 20 000 festivaliers étaient venus au lac de Miribel. Il faudra faire mieux pour la 26e édition au parc de Gerland entre le 17 et le 20 juillet 2025.Photo : BriceROBERT
Le festival Woodstower proposera à l’été 2025 une édition aux ambitions revues à la baisse. L’objectif : sortir de ses difficultés financières qui s’accumulent depuis plusieurs années. Déménagement au Parc de Gerland, nouvelles dates, Rue89Lyon vous en dit plus.
Entre rap, pop, électro et musique expérimentale, Woodstower, créé en 1998 à la Tour-de-Salvagny et qui avait lieu depuis 2005 au lac de Miribel-Jonage, est l’un des derniers festivals d’été de ce type en région lyonnaise. Le Fest Bouc s’est arrêté en 2016, les festivals Démon d’Or et Melting Potage ont baissé le rideau en 2019, combien de temps tiendra encore Woodstower ?
Malgré des têtes d’affiche alléchantes – comme Booba et Hamza l’été dernier – Woodstower est en difficulté depuis plusieurs années. Le festival, qui a fêté ses 25 ans en 2024, proposait à Miribel tout un univers en plus des concerts : un camping pour dormir sur place, une scène avec des humoristes et un éco-village (accessible gratuitement), avec des activités manuelles et des conférences.
En 2025, Woodstower sera totalement transformé, avec une édition moins ambitieuse. Un nouveau lieu : le parc de Gerland et de nouvelles dates : du 17 au 20 juillet. En cause ? Les problèmes financiers qui touchent le festival depuis un certain temps.
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Un lombricomposteur collectif à Croix-Rousse, en 2019.
Depuis l’arrivée des bornes publiques de biodéchets, les composteurs associatifs de quartier sont peu à peu désertés. Associations et utilisateurs réclament une communication plus équilibrée entre les solutions de compostage pour attirer de nouveaux adeptes.
C’est le revers inattendu de la médaille… Les composteurs collectifs de quartier, qui faisaient mouche à leurs débuts à Lyon, voient leur fréquentation se réduire comme peau de chagrin depuis l’installation progressive, dès 2021, des bornes publiques de biodéchets.
Et le constat est le même pour tous les composteurs collectifs recensés dans la Métropole : alors que ces sites tournaient avec une cinquantaine de foyers lorsqu’ils étaient l’unique solution de compostage, seule une petite dizaine continue aujourd’hui d’y déposer ses déchets organiques.
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La banderole de tête de la marche républicaine du 11 janvier 2015 à Lyon. « Je suis Charlie – Pour la liberté d’expression ».Photo : Rue89Lyon
Le dimanche 11 janvier 2015, une grande « marche républicaine » avait eu lieu dans les rues de Lyon, quelques jours après les attentats de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher. Plus de 300 000 personnes avaient défilé à l’appel du club de la presse local. Rue89Lyon avait suivi cette mobilisation record. Retour en images.
Il y a dix ans, après l’attentat de Charlie Hebdo, le 7 janvier 2015, où une grande partie de la rédaction du journal satirique avait été assassinée par des terroristes, Lyon était « Charlie ». Le soir de l’attaque, 15 000 personnes s’étaient réunies place des Terreaux, avec des bougies et des stylos. Rue89Lyon évoquait aussi dans un article les hommages des habitants, des politiques ou des entreprises lyonnaises.
Le club de la presse de Lyon avait ensuite lancé un appel pour une « marche républicaine » silencieuse, « sans autre slogan, mot d’ordre, drapeau, banderole, identification politique ou partisane » le dimanche 11 janvier à 14 heures, entre la place Ambroise-Courtois et la place Bellecour.
Une manifestation record : 300 000 personnes pour Charlie Hebdo dans les rues de Lyon
Cette marche avait rassemblé 300 000 Lyonnais, des chiffres qui n’ont plus été atteints depuis. Et qui n’avaient jamais été atteints. Les images de la place Bellecour totalement pleine avaient marqué.
Rue89Lyon avait recueilli les témoignages de nombreux Lyonnais présents le long du cortège de sept kilomètres, qui voulaient soutenir Charlie Hebdo et présenter un message d’unité et d’amour face à la haine.
Après la marche, la rédaction de Rue89Lyon s’était demandé si cette mobilisation record pour Charlie Hebdo, avec l’équivalent du quart de la population de l’agglomération de Lyon dans les rues, était le plus grand rassemblement politique à Lyon depuis un siècle.
Si l’on manque de sources fiables pour les mobilisations très anciennes et qu’il n’y a pas de chiffres pour certains événements (comme la Libération), la marche d’il y a dix ans reste le plus gros rassemblement politique comptabilisé depuis la 2ᵉ Guerre Mondiale.
La presse satirique et les dessinateurs de Lyon rendaient aussi hommage à Charlie Hebdo
Le 15 janvier 2015, une semaine après les attentats, les Potins d’Angèle, célèbre hebdomadaire satirique lyonnais, avait rendu hommage aux dessinateurs assassinés avec un cahier spécial de quatre pages rebaptisé les « Potins de Charlie ». Le directeur de la publication, Gérard Angèle avait affirmé : « Plus que jamais, nous nous inscrivons dans la lignée de Guignol et continuerons à essayer de sourire de tout et de brocarder l’actualité et ceux qui la font ».
Autre initiative des Lyonnais à l’époque, l’éphémère magazine Charlie Héros, créé en 48 heures par des acteurs culturels, dessinateurs, communicants et illustrateurs de Lyon. Deux numéros paraissent : le premier est distribué pendant la marche du 11 janvier, le second le 13 janvier. « Lyon avait sorti son gros crayon » pour rendre hommage à Charlie et aux dessinateurs assassinés.
La Une du 2e numéro faisait référence à la fiente de pigeon tombée sur l’épaule de François Hollande lors de la marche parisienne pour Charlie Hebdo, qui avait fait rire plusieurs survivants et proches des victimes, dont le dessinateur Luz.
Mohammed Barchi a marché à Lyon, pour « défendre la liberté d’expression sans adhérer aux dessins de Charlie Hebdo ». Crédit : LB/Rue89Lyon. Robert, retraité de 63 ans, a marché à Lyon ce dimanche 11 janvier. LB/Rue89Lyon. Sur la place Bellecour, dimanche 11 janvier. Crédit : LB/Rue89Lyon.
« Sorcières » sera jouée les 21 et 22 janvier au Théâtre du Point du Jour.Photo : Simon Gosselin
La sorcellerie vous intéresse ? Bonne nouvelle, Rue89Lyon fait gagner 8 places pour « Sorcières », les 21 et 22 janvier à 20 heures au théâtre du Point du Jour (Lyon 5ᵉ).
En ce mois de janvier, le Théâtre du Point du Jour présente la création Sorcières, de l’autrice Penda Diouf et de la metteuse en scène Lucie Berelowitsch. Le pitch ? Une jeune femme débarque dans la maison qui semble hantée de sa grand-mère défunte, perdue au cœur du bocage normand, un territoire rural, agricole, peuplé d’histoires anciennes et de légendes vivantes.
Sur scène, Sonia Bonny et Clara Lama Schmit (comédiennes permanentes du Centre dramatique national de Normandie-Vire) et Natalka Halanevych (membre des Dakh Daughters, artistes associées).
Rue89Lyon s’associe avec le Théâtre du Point du Jour pour vous faire gagner 4×2 places pour ce spectacle, les 21 et 22 janvier à 20 heures (Les modalités sont à retrouver en bas de l’article).
Une œuvre inspirée d’une enquête sur la sorcellerie paysanne
Directrice du Préau, CDN de Vire, Lucie Berelowitsch a fait de l’ancrage régional normand une matrice créatrice. Ainsi, découvrant les écrits fascinants de l’ethnologue Jeanne Favret-Saada, notamment Les Mots, la mort, les sorts, une enquête sur les pratiques de sorcellerie rurale, elle demande à l’autrice Penda Diouf d’en prolonger le geste aujourd’hui. Elles mènent des recherches dans les campagnes et vont à la rencontre de ces histoires secrètes et mystérieuses, pour en tirer une fiction à l’intersection des époques.
Entre passé et présent, de faits divers obscurs en situations irrationnelles, les croyances magiques se font écho et prennent au plateau une dimension musicale où la transmission de cet héritage immatériel s’incarne dans une fiction fantastique.
Découvrez le synopsis de cette création :
« Sonia quitte Paris pour s’installer à la campagne dans une maison familiale qui semble hantée. Cette dernière la fait vaciller dans le monde paranormal.
Inspirées par les écrits ethnographiques sur la sorcellerie paysanne de Jeanne Favret-Saada, et des enquêtes dans le bocage normand, l’autrice Penda Diouf et la metteuse en scène Lucie Berelowitsch, dans un décor poétique, font de la parole un rituel de désensorcellement libérateur ! »
Depuis 2021, les soirées No Gender connaissent un véritable engouement dans le milieu techno.Photo : Montage Rue89Lyon
Créées à Lyon, les soirées techno No Gender promeuvent la libération sexuelle et féministe. Mais derrière la façade bienveillante et l’esthétique queer et BDSM, d’anciens bénévoles et artistes dénoncent des soirées devenues renommées grâce à un recours excessif au bénévolat et des prestations sous-payées. De leur côté, les gérantes s’estiment victimes de « rumeurs orchestrées » et assurent avoir adapté leurs pratiques.
Une musique techno à faire vibrer la cage thoracique. Des performances à la fois drôles, sexy et horrifiques. Sur scène, des jeunes gens se déhanchent, (dé)vêtus de cuir, de latex ou de résille. En coulisses, des petites mains travaillent toute la nuit ou presque pour s’assurer du bon déroulement de l’événement. Bienvenue aux No Gender, ces soirées made in Lyon mélant esthétique BDSM, queer et hard techno, qui se développent dans les plus grandes métropoles françaises et internationales.
La DJ lyonnaise Angel Karel, de son vrai nom Angélique Abel-Coindoz, crée en 2017 le concept des No Gender via son association féministe TFIF (pour « The future is female »). Le projet vise à bousculer les codes d’une scène hard techno encore trop masculine en créant des évènements plus inclusifs, pour y promouvoir des artistes féminines ou des minorités de genre, avec des performances queer et BDSM.
Les premières années du projet, de nombreux artistes LGBTI lyonnais·es se greffent à ces soirées, comme performeurs et performeuses, bénévoles ou partenaires. Mais ces derniers mois, le collectif à l’origine des No Gender semble être tombé en disgrâce. Des rumeurs circulent dans les milieux queers et de la nuit et une partie des collectifs et artistes cessent toute collaboration avec TFIF, qui a monté en 2022 une entreprise à but lucratif du même nom.
Les tensions connaissent leur climax à l’été 2024. Un compte instagram, « stopnogender2024 », poste une série de témoignages de performeur·euses et collaborateur·ices de TFIF. Ces publications les accusent d’avoir un recours abusif aux bénévoles et de sous-payer leurs partenaires. La plupart des posts ont aujourd’hui été supprimés, et des plaintes en diffamation déposées par Angel Karel et sa compagne, Elodie Chatagnier.
Ce qui n’a pas réussi à faire taire les bruits de couloir. Un ancien collaborateur a même porté plainte pour « harcèlement moral » contre Elodie Chatagnier le 16 décembre dernier.
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Lyonnaise d’origine partie m’exiler à Lille pour étudier le journalisme, je retourne aux sources en effectuant mon alternance à Rue89Lyon. Plutôt penchée sur les sujets sociétaux : monde de la nuit, sexualités, violences sexistes et sexuelles, mobilisations sociales…
Contactez moi à sguili@rue89lyon.fr !
Le groupe scolaire Al-Kindi a ouvert en 2007 à Décines, près de Lyon. Il est sous contrat avec l’État depuis 2012.Photo : OM/Rue89Lyon
La préfecture a annoncé la résiliation, au 1ᵉʳ septembre, du contrat liant l’État au groupe scolaire musulman Al-Kindi, en périphérie de Lyon, depuis 2012. Il lui est reproché « un positionnement pédagogique problématique » et une supposée « proximité avec la pensée des frères musulmans ». L’établissement compte contester cette décision devant le tribunal administratif.
« C’est de l’islamophobie d’État. » Dans le groupe scolaire Al-Kindi, la tristesse se mêle à l’écœurement et à la colère. Ce vendredi soir, certains enseignants peinent à retenir leurs larmes. À partir du 1ᵉʳ septembre, l’établissement privé musulman de Décines, qui accueille 621 élèves du CP à la Terminale, ne sera plus agréé par l’État. La préfète du Rhône et de la région, Fabienne Buccio, a annoncé ce vendredi 10 janvier la résiliation des trois contrats signés en 2012 (un pour l’école, un pour le collège et un pour le lycée).
En cause, pour rappel, des livres du CDI de l’établissement « connus pour leur radicalité » voire carrément « intégristes », un règlement « discriminant envers les filles » et des cours « qui peuvent poser la question d’un enseignement contraire aux valeurs de la République ».
Depuis la résiliation du contrat de l’établissement d’Averroès (Lille), en décembre 2023, Al-Kindi était le seul lycée musulman sous contrat de France métropolitaine. Malgré les conclusions préfectorales au vitriol, l’établissement gardait un mince espoir.
« On a tout fait pour que ça fonctionne, souffle son service communication. On a répondu à tous les griefs, même ceux qui n’étaient pas fondés. On a changé le règlement intérieur, on s’est séparé de l’enseignant jugé problématique, on a rajouté des symboles de la République… »
Dans un baroud d’honneur, la communauté enseignante d’Al-Kindi a tenté, à travers une tribune envoyée à plusieurs médias jeudi 9 janvier, dont Rue89Lyon, de rappeler son attachement aux valeurs de la République ainsi que les excellents résultats scolaires de l’établissement. En vain.
À la prochaine rentrée scolaire, les quelque sept millions de musulmans que compte la France devront désormais se tourner vers le hors contrat, sans la garantie d’un enseignement conforme aux programmes de l’Éducation nationale.
Dans un communiqué de presse, l’établissement fustige « une islamophobie d’État qui ne prend désormais plus la peine de se masquer ». Al-Kindi ne mâche pas ses mots. « En rompant les contrats d’association, l’État envoie un signal très clair à la composante musulmane de notre pays : elle ne fait pas partie de la nation. »
Vers la fin des bourses à Al-Kindi
L’établissement a appris la nouvelle par voie de presse et sur les réseaux sociaux où Bruno Retailleau, actuel ministre de l’Intérieur, s’est empressé de remercier la préfète. Sur Instagram, Laurent Wauquiez a aussitôt annoncé que « pas un euro de la Région Auvergne-Rhône-Alpes n’ira à cet établissement ». Et ce, avant même que la collectivité communique sur le sujet, oubliant un peu vite qu’il n’en est plus le président.
Concrètement, la résiliation de ce contrat entraîne la suppression des deux millions d’euros versés chaque année par l’État – dont 500 000 de la Région. Un manque à gagner de taille, qu’Al-Kindi espère compenser en augmentant les frais de scolarité de 20% et en faisant appel aux dons. La fin du partenariat avec l’État marque aussi la fin des boursiers, qui représentaient 53% des lycéens et 38% des collégiens. Dans ce contexte, l’établissement craint le départ des familles les moins aisées : « Ils veulent casser l’ascenseur social. »
L’établissement a d’ores et déjà annoncé son intention de saisir le tribunal administratif. En juillet dernier, le collège musulman Avicenne de Nice, sous le coup d’un arrêté préfectoral de fermeture pour des « financements opaques », avait obtenu gain de cause.
Le groupe scolaire Al-Kindi a ouvert en 2007 à Décines, près de Lyon. Il est sous contrat avec l’État depuis 2012.Photo : OM/Rue89Lyon