Rue89Lyon a reccueillis trois vidéos des violences policières ayant eu lieu mercredi 9 avril place Mazagran (Lyon 7e).Photo : Montage Rue89Lyon
[Info Rue89Lyon] Mercredi 9 avril, un homme a été tasé au sol et embarqué inconscient par la police, place Mazagran (Lyon 7e), selon des témoignages et vidéos recueillis par Rue89Lyon. Ces violences policières sont la face visible d’une présence accrue de force de l’ordre sur cette place, où se trouve un point de deal. Une présence qui divise habitants et commerçants.
« Ils m’ont gazé. Puis, ils m’ont mis un truc sur la tête, et ça a fait vrrrrrrr »
Souleyman (prénom modifié) est tout juste de retour sur la place Mazagran, ce jeudi 10 avril, à 17 h. Quelque peu hébété, le jeune homme sort du commissariat. La veille au soir, vers 20 heures, il a été interpellé par les forces de l’ordre qui le soupçonnaient de vendre de la drogue. Régulièrement présent sur la place, ce n’est pas la première fois qu’il a affaire à des policiers, qui surveillent quotidiennement les points de deal autour des jardins partagés.
Sauf que cette fois-ci, l’interpellation, à l’angle de la rue Montesquieu et Sébastien Gryphe, a été particulièrement violente pour le jeune homme, aussi atteint de problèmes psychiatriques. Selon le premier intéressé, les policiers lui ont demandé de « montrer » la drogue qu’il est accusé de vendre. « Mais je n’avais rien », assure-t-il. « Quelqu’un m’a dit : quand ils t’attrapent, il faut que tu cries. Alors, j’ai crié », raconte-t-il.
Violences policières place Mazagran : « Ils l’ont tasé alors qu’il était allongé par terre »
« Ils l’ont maîtrisé, mais comme il criait, ils lui ont mis un coup de taser », décrit Axil (prénom modifié), un jeune homme qui traine sur la place. Alertés par le bruit, plusieurs voisins et membres d’un bistrot de la rue ont assisté à la scène.
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Une manifestation contre le racisme à Lyon, le 22 mars 2025.Photo : MP/Rue89Lyon
Des associations et syndicats appellent à manifester samedi 12 avril à Lyon pour défendre la justice et l’État de droit. Suite à la condamnation de Marine Le Pen et du Rassemblement National pour détournement de fonds publics, le parti d’extrême droite a vigoureusement remis en question l’impartialité des magistrats.
Face aux nombreuses attaques remettant en cause l’indépendance de la justice qui ont suivi la condamnation de Marine Le Pen le 31 mars dernier, de nombreuses associations et syndicats (dont le Syndicat de la Magistrature, SOS Racisme, la Ligue des droits de l’Homme et la CGT) appellent à manifester partout en France, samedi 12 avril. À Lyon, rendez-vous est donné à 15 heures place Guichard (3ᵉ arrondissement).
Depuis la condamnation de sa cheffe de file par le Tribunal correctionnel de Paris, le Rassemblement National entend dénoncer une « décision politique » et un « complot » de la justice. Pour rappel, Marine Le Pen a été reconnue coupable de détournement de fonds publics (4,1 millions d’euros) dans le cadre de l’affaire des assistants parlementaires européens. Elle a écopé de deux ans de prison ferme et cinq ans d’inéligibilité.
Après la manifestation contre le racisme du 22 mars, un nouveau rassemblement est prévu à Lyon contre les propos des partis d’extrême droite.Photo : MP/Rue89Lyon
À Lyon, une manifestation pour défendre la justice
La condamnation de Marine Le Pen l’empêche à ce stade de concourir à la présidentielle 2027. Le parti d’extrême droite prétend dénoncer une « tyrannie des juges ». Sur les réseaux sociaux, les identités des magistrats décisionnaires ont été révélées et de nombreuses menaces ont été proférées à leur encontre.
Dans un communiqué, la CGT s’inquiète d’une remise en question de l’impartialité des juges : « Ces critiques d’une décision de justice ont été plus largement relayées par des élus et responsables politiques d’autres partis, y compris le Premier ministre, et par un grand nombre de médias peu soucieux de la réalité des faits. »
Le fleuve Rhône à Saint-Romain-de-Jalionas.Photo : LM-B / Rue89Lyon
Une étude de la Fondation Tara Océan et du CNRS, publiée le 4 avril, révèle l’étendue de la pollution des fleuves européens par les plastiques. Des relevés ont été faits dans le Rhône : le fleuve draine 900 microplastiques par seconde. Une situation « inquiétante » pour Jean-François Ghiglione, directeur scientifique de la mission. Entretien.
Jusqu’ici, on ne savait pas grand-chose de la pollution en plastiques et microplastiques des fleuves européens. Une étude de la Fondation Tara Océan et du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), publiée le 4 avril 2025, change la donne. Après analyse de l’eau de neuf fleuves d’Europe, dont le Rhône, la mission Tara Microplastiques démontre que tous sont massivement pollués.
Il a fallu six ans pour parvenir à la publication de ces 14 articles scientifiques. Les premiers relevés ont débuté en 2019. Pour le Rhône, les prélèvements ont eu lieu de l’embouchure jusqu’à Arles. L’étude a aussi embarqué des lycéens et collégiens dans une enquête participative pour analyser les berges des fleuves. Cinq lieux ont fait l’objet de prélèvements tout au long du Rhône.
Si les emballages et déchets plastiques sont les plus visibles, les macrodéchets représentent en réalité moins de 10% de la pollution des fleuves. Les chercheurs s’inquiètent de la pollution par les microplastiques (entre 5 et 0,5 millimètre) mais surtout par les petits microplastiques, cent fois plus petits (0,5 et 0,025 millimètre), qui constituent une pollution invisible, mais omniprésente.
« On peut estimer que 900 microplastiques passent chaque seconde dans le Rhône »
Rue89Lyon : Peut-on quantifier la pollution en microplastiques et petits microplastiques du Rhône ?
Jean-François Ghiglione : Nous avons montré que les fleuves transportaient environ trois grands microplastiques par m3 d’eau. Si l’on rapporte cette valeur au débit du Rhône, qui est en moyenne de 300 m3 par seconde, on peut estimer que 900 microplastiques passent chaque seconde dans le fleuve.
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À Rue89Lyon depuis 2022, aujourd’hui journaliste associée. Enquêter sur l’extrême droite, c’est lutter contre l’extrême droite.
J’écris aussi sur la politique, le sans-abrisme, le logement, les violences sexistes et sexuelles. Pour me filer une info ou me contacter, c’est par là : mallenou@rue89lyon.fr
Les free party, ou teufs, sont organisées par des bénévoles et sont souvent gratuites d’accès, pour pousser à l’action collective.Photo : PL/Rue89Lyon
À Lyon, des collectifs organisent une « manifestive », mobilisation pour dénoncer la répression des free parties partout en France. La manifestation aura lieu samedi 12 avril à 14 heures place Jean Macé (Lyon 7e).
« Danser ne devrait pas être un crime. » Pour dénoncer l’intensification de la répression envers les free parties, une manifestation aura lieu samedi 12 avril à Lyon et dans d’autres grandes villes françaises.
Ces fêtes sont régulièrement organisées par des collectifs de bénévoles (des « sound systems »), qui s’installent sans autorisation ou avec un accord tacite de propriétaires privés dans différents espaces (champs, forêts, hangars désaffectés…). Ces collectifs y diffusent de la musique électronique. Les organisateurs appellent à se mobiliser pour défendre cette culture alternative et radicale, en musique évidemment, à partir de 14 heures place Jean Macé.
Alors qu’en mars dernier des députés ont déposé une proposition de loi visant à durcir le cadre légal des « teufs », la « manifestive », mouvement national, revendique « le droit à la fête libre, la reconnaissance de la culture Tekno / Free party, l’expression de [sa] colère contre les mesures liberticides prises par l’État et aussi les violences policières ».
Affrontements avec la police lors d’une free party à Feyzin
Il y a un mois, de violents affrontements avaient eu lieu entre un collectif de teufeurs et les forces de l’ordre à Feyzin, près de Lyon. Dans la soirée du 14 mars, les organisateurs de la free party avaient investi un hangar dans la commune, malgré un arrêté préfectoral qui l’interdisait.
Alors que la soirée battait son plein (il y aurait eu entre 200 et 400 personnes), un impressionnant dispositif avait été déployé par le préfet du Rhône délégué à la sécurité. En tenue anti-émeute, les CRS avaient lancé un assaut musclé et tenté de déloger les fêtards à deux reprises, en vain. Échanges de coups, tirs de projectiles, lacrymos… Durant le week-end, un jeune homme et cinq gendarmes avaient été blessés.
Le collectif Tekno Anti Rep, qui organise la manifestive, dénonce une « dérive autoritaire » de la part de l’Etat. Distributions d’amendes aux fêtards, saisies de matériel, multiplication des arrêtés préfectoraux pour interdire les événements non déclarés… Autant de pratiques répressives, de plus en plus courantes, qui menacent selon eux leur liberté de faire la fête.
Samedi dernier, 1500 personnes ont déjà manifesté au son de musiques techno à Montpellier pour protester contre un arrêté du préfet de l’Hérault qui interdit toute free party dans le département pendant un an.
Depuis deux semaines, la famille de Tayeb et Zahia C. vit dans un appartement sans électricité et vidé de ses meubles.Photo : SG/Rue89Lyon
À Lyon, une famille avec quatre enfants, dont un bébé, est menacée d’expulsion après avoir été victime d’un marchand de sommeil. Elle est maintenant en conflit avec le bailleur social Alliade Habitat, propriétaire du logement.
Les voix résonnent dans l’appartement dénudé. Dans la cuisine vide, une table et trois chaises. Dans les chambres, des matelas à même le sol. Depuis la fin de la trêve hivernale le 1er avril, Tayeb et Zahia C. vivent dans la crainte permanente du jour où les forces de l’ordre viendront remettre leur famille dans la rue. « J’ai peur pour ma femme et mes enfants », confie Tayeb. Pour sauver leurs meubles en cas d’expulsion, les deux parents ont tout descendu dans la cave d’un voisin compatissant.
Pourtant, dès leur arrivée fin octobre 2022 dans cet appartement du bailleur social Alliade Habitat, situé dans une résidence du quartier Moulin à vent (Lyon 8e), le couple a pris soin de réaménager le logement inoccupé depuis plusieurs années. Électricité, peinture des murs, liaison internet, équipement de la cuisine, ameublement du salon et des chambres des enfants… « Je suis mécanicien, donc j’ai pu faire pas mal de travaux », explique le papa. Tayeb et Zahia investissent leur temps et leur argent pour recréer un cocon familial.
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Lyonnaise d’origine partie m’exiler à Lille pour étudier le journalisme, je retourne aux sources en effectuant mon alternance à Rue89Lyon. Plutôt penchée sur les sujets sociétaux : monde de la nuit, sexualités, violences sexistes et sexuelles, mobilisations sociales…
Contactez moi à sguili@rue89lyon.fr !
Le maire de Lyon, Grégory Doucet à sa sortie de Garde à vue.Photo : PL/Rue89Lyon.
Mercredi 9 avril, le maire de Lyon, Grégory Doucet (Les Écologistes) a été mis en garde à vue dans le cadre d’une enquête financière dans le dossier des « chargés de mission ». La veille, l’ancien maire de Lyon, Georges Képénékian, avait également été entendu dans les mêmes conditions. Un coup dur, à un an des municipales.
On reconnaît souvent la panique à une façon, erratique, de communiquer. C’est bien ce qu’a laissé transparaître la Ville de Lyon, ce mercredi 9 avril. Lors de l’annonce de la garde à vue du maire de Lyon par le média du groupe Bolloré, le JDD, vers midi, le cercle proche de Grégory Doucet a d’abord communiqué sur « une audition normale dans le cadre de la procédure judiciaire ». Le tout avant de confirmer, une heure plus tard, les informations du JDD et de l’AFP : « C’est bien une garde à vue ». Une information confirmée à Rue89Lyon par le parquet de Lyon.
Ces atermoiements donnent une idée du choc de la nouvelle. Elle fait suite aux perquisitions menées, en mars 2024, à la mairie de Lyon. Celles-ci avaient été précipitées par l’ouverture d’une information judiciaire pour « détournement de fonds publics par personnes dépositaires de l’autorité publique ».
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Journaliste lyonnais fan de l’Ouest, je suis à Rue89Lyon depuis 2020. Aujourd’hui associé et directeur de publication, je couvre les questions sociales mais aussi écologiques (pollutions industrielles, scandale des perfluorés). Le travail, c’est la santé, à condition que le droit soit respecté. Un œil politique sur le Rhône. Pour me laisser une info, c’est ici plemerle@rue89lyon.fr.
Julie porte fièrement sa pancarte pendant le rassemblement du 31 juillet devant la Métropole de Lyon (Lyon 3e). Du haut de ses 7 ans, elle se sent à la fois « triste et en colère » de savoir que d’autres enfants dorment dans la rue.Photo : Justine Machado
Le collectif Jamais Sans Toit et des étudiants de Sciences Po Lyon organisent une cérémonie de parrainage républicain pour les enfants sans logement à Lyon, vendredi 11 avril. En soutien, des syndicats enseignants appellent à la grève.
La fin de la trêve hivernale n’arrange pas la crise du logement. Vendredi 11 avril à la mairie du 3ᵉ arrondissement, le collectif Jamais Sans Toit et des étudiants de Sciences Po Lyon coorganisent une cérémonie de parrainage républicain d’une trentaine d’enfants. Hébergés dans des écoles de la Métropole lyonnaise, ces derniers sont âgés de un à quatorze ans.
Symbolique, ce baptême civil permet d’alerter sur une situation qui s’aggrave de jour en jour. Plus de 400 enfants sont sans solution d’hébergement au sein de la Métropole, en large hausse par rapport à l’an dernier. Nombre d’entre eux sont abrités dans des écoles lyonnaises, comme l’ancienne école Gilibert (Lyon 2e), menacée d’expulsion.
Les syndicats enseignants appellent à la grève
Des syndicats enseignants, dont la CGT Educ’action, appellent à la grève le même jour. Dans un communiqué, l’organisation dénonce « l’inaction de l’État ». Les enseignants se disent épuisés face à « des situations de misère absolue qui [les] dépassent et engendrent une terrible souffrance au travail ». Un rassemblement se tiendra le 11 avril à 13 heures sur la place Guichard.
Depuis la fin de la trêve hivernale le 31 mars dernier, les collectifs se mobilisent contre les nombreuses expulsions de squats qui s’enchaînent depuis plusieurs mois. Lors d’une « semaine d’actions coordonnées » organisée entre le 24 et le 31 mars, des collectifs et habitants ont tenté d’occuper trois nouveaux lieux. Chaque essai s’est soldé par un échec.
Une des conséquences, selon les militants, de la politique de plus en plus répressive de la préfète du Rhône Fabienne Buccio, qui n’hésite pas à distribuer des OQTF à chaque nouvelle expulsion et exclut pour l’heure l’ouverture de nouvelles places dans le dispositif d’hébergement d’urgence. La situation reste bloquée, tandis que plus de 14 000 personnes sont toujours en attente d’un toit dans la métropole lyonnaise, selon le Samu-Social.
Des centaines de personnes étaient présentes pour la « marche pro vie », contre l’avortement et l’euthanasie.Photo : MP/Rue89Lyon
Dimanche 6 avril se déroulait la marche « pour la vie » à Lyon, aussi appelée marche « pro vie ». Au moins trois journalistes, dont une de nos journalistes, ont été empêchés de réaliser leur travail par des méthodes intimidantes.
Dimanche 6 avril a eu lieu la « marche pour la vie » à Lyon, organisée par plusieurs associations, mais surtout chapeautée par le mouvement « génération pro vie« . 700 personnes, 1 500 selon les organisateurs, se sont rassemblées à 15 heures au départ de la place Louis-Pradel (Lyon 1er) pour défiler jusqu’au palais de Justice (Lyon 5e). Ils étaient venus « lutter contre l’avortement et l’euthanasie ».
La déambulation, organisée tous les ans, fait graviter autour d’elle de nombreuses associations anti-IVG, des milieux d’extrême droite, des catholiques réactionnaires et des groupes comme les royalistes de l’Action Française, présents ce jour-là comme l’attestent leurs réseaux sociaux.
Une manifestation se voulant familiale et festive, mais qui n’accepte pas tout le monde. Plusieurs journalistes n’ont ainsi pas pu suivre le cortège.
« Cinq personnes m’ont encerclée » : notre journaliste intimidée pendant la marche « pro vie »
Journaliste indépendante travaillant régulièrement pour Rue89Lyon, Méline Pulliat en a fait les frais. Dimanche dernier, elle se rend dès 15 h au départ de la manifestation. À peine quelques dizaines de minutes après le départ du cortège, elle est interpellée par un homme qui lui demande « ce qu’elle fait là », « pour quel média elle travaille » et si ce dernier est « de droite ou de gauche ». Elle montre alors sa carte de presse, et l’homme la laisse partir.
Une centaine de mètres plus loin, deux hommes, assez jeunes, dont l’un avec un talkie-walkie à la main, l’approchent. Cette fois-ci, on intime plus directement à notre journaliste de cesser de prendre des photos. « Nous avons des photographes, vous pourrez utiliser leurs photos », lui disent-ils. Ce qu’elle refuse, répétant plusieurs fois qu’elle a le droit de prendre des photos. La manifestation se déroule sur la voie publique et a été déclarée et autorisée en préfecture.
Des manifestant·es décollent des collages féministes laissés dans la nuit sur le parcours de la manifestation par des féministes.Photo : MP/Rue89Lyon
L’explication ne semble guère avoir convaincu ces deux hommes, qui ne font pas officiellement partie du service d’ordre. Ses membres sont, en théorie, reconnaissables avec leurs gilets orange. Ils font appel à un autre homme, portant une casquette noire et des lunettes de soleil, pour l’empêcher d’avancer, la suivre et la coller de près à chacun de ses mouvements.
« Il me suivait à la trace, s’approchait très près de moi quand j’essayais d’avancer. Je suis repartie en arrière pour tenter de continuer mon travail, mais il m’a rattrapée. Puis lui et quatre autres jeunes hommes se sont mis à m’encercler. Celui qui me suivait s’est montré de plus en plus menaçant, m’empêchant de prendre des photos. J’ai pris un peu peur », raconte Méline qui finit par quitter le cortège.
Deux autres journalistes victimes de ces « méthodes »
Ces « méthodes » ont été employées sur d’autres journalistes. Une photojournaliste qui souhaite rester anonyme s’est rendue à la marche aux alentours de 15 h 45. Appareil photo autour du cou, elle a aussi été approchée par trois hommes. « Ils se sont avancés vers moi de manière oppressante. J’ai été bloquée contre la barrière au bord du cortège. Leur regard était intense et ils ne m’ont pas adressé un mot », raconte-t-elle.
Cette photo du cortège est l’une des dernières qu’a pu prendre notre journaliste avant de subir des intimidations.Photo : MP/Rue89Lyon
Elle a alors eu « un petit moment de panique » et a décidé de s’extirper sur le côté. Quelques minutes plus tard, une autre personne l’a empêché de prendre des photos. « Il a fait des gestes vers l’appareil en me répétant ‘photo interdite’. Je lui ai dit plusieurs fois qu’il s’agissait de l’espace public et que j’avais le droit de faire mon travail », décrit-elle. 15 minutes chrono après son arrivée, elle a donc décidé de repartir.
Un autre photojournaliste raconte une expérience similaire. « Deux personnes sont arrivées vers moi, grands et costauds, ils m’ont un peu coincé contre le mur », dépeint-il. Le journaliste dit ensuite avoir été suivi dans le cortège, pointé du doigt par le service d’ordre. « Je ne me sentais pas en sécurité, j’ai eu peur des menaces physiques et matérielles », poursuit-il. Il finira lui aussi par partir, à peine 30 minutes après son arrivée.
Ces journalistes n’ont donc pas pu couvrir correctement l’évènement. « Ça a empiété sur mon travail, on voit que les quelques photos que j’ai réussi à prendre sont faites dans la précipitation », rapporte la première. Elle nous fait part de son agacement et affirme vouloir « continuer à couvrir ce que je veux, car je suis dans mon droit. »
Ces personnes répondaient-elles à une demande du service d’ordre ou opéraient-elles de façon autonome ? Nous avons tenté de contacter l’organisation de la « Marche pour la vie » pour en parler. À l’heure où nous écrivons ces lignes, ce mardi 8 avril, cette dernière n’avait pas répondu à nos questions.
Après deux ans de procédure, Fabien a pu être remboursé par son propriétaire, qui avait fixé un loyer trop élevé.Photo : MA/Rue89Lyon
Fin février, Fabien et une de ses colocataires ont fait condamner leur ancien propriétaire en justice, pour non-respect de l’encadrement des loyers en vigueur à Lyon et Villeurbanne. Une première dans la ville. Le locataire a accepté de nous raconter la procédure. Suivez le guide.
C’est un chèque que Fabien attend avec impatience. Pour la somme, mais, surtout, pour le symbole. Le locataire a réussi à faire condamner son ex-propriétaire en justice pour non-respect de l’encadrement des loyers : une première à Lyon.
Il doit récupérer 1 700 euros de dépassement de loyer, complété par environ 600 euros de garantie, 400 euros de charges et 1 000 euros de pénalités liées au retard de remboursement du dépôt de garantie. Le fruit de deux ans de procédure et d’un procès.
« Je suis arrivé en novembre 2022 dans une colocation de six personnes. Je payais un loyer de 600 euros pour ma chambre, retrace-t-il. Mes amis m’ont dit que c’était cher, mais cela faisait trois mois que je cherchais un logement, alors que j’avais pourtant un bon dossier. » À ce moment-là, l’ingénieur a 24 ans. Il n’a pas connaissance de l’encadrement des loyers en vigueur à Lyon et Villeurbanne depuis le 1er novembre 2021.
Un simulateur pour tester la conformité de son loyer à Lyon
Ses amis lui en parlent et lui conseillent de comparer son loyer aux plafonds légaux, sur le simulateur mis en place par la Métropole de Lyon. Surprise : le montant demandé par son propriétaire est trop élevé de plus de 200 euros, sans compter les charges. Ce qui est le cas pour tous les colocataires. « 200 euros de trop par personne, ça faisait 1 200 euros en plus par mois pour le propriétaire ! », s’exclame Fabien.
Avec l’une de ses colocataires, il commence des démarches pour demander à son propriétaire de se mettre en conformité. « J’ai vu un premier avocat dans une consultation gratuite auprès du tribunal, explique-t-il. Il a écrit une lettre de mise en demeure à notre propriétaire, ce qui n’a rien changé. On a envisagé d’aller plus loin, mais les honoraires d’avocat étaient trop chers ». Le jeune homme est alors un peu perdu, il se « sent seul » dans ses démarches. « On était prêts à abandonner », se souvient-il.
Jusqu’à ce que la Métropole de Lyon le redirige vers la Confédération sociale des familles (CSF), une association d’aide aux locataires. « La CSF nous explique la suite de la procédure et nous dit que nous ne devons pas cesser de payer les loyers, car cela pourrait nous être reproché », détaille Fabien.
« Cette histoire est une situation courante, surtout dans les colocations, déplore Tennessee Garcia, représentant de la CSF 69. Les propriétaires estiment que c’est le prix du marché, mais cela leur permet de dépasser de deux à trois fois le plafond légal. »
Après deux ans de procédure, Fabien a pu être remboursé par son propriétaire, qui avait fixé un loyer trop élevé à Lyon.Photo : MA/Rue89Lyon
La commission de conciliation : étape cruciale pour faire baisser son loyer à Lyon
La procédure se poursuit, avec une étape incontournable : la commission départementale de conciliation. Elle vise à trouver un accord à l’amiable entre les locataires et le propriétaire, tous deux convoqués. « Dans la majorité des cas, on trouve un accord lors de cette commission ou dans les jours qui suivent, car les propriétaires se rendent compte de ce qu’ils risquent », explique Tennessee Garcia.
Mais pour Fabien, le propriétaire s’entête. Il entame alors une action en justice en décembre 2023, toujours accompagné de sa colocataire. Entre-temps, il a déménagé, du fait des tensions que la procédure a suscitées avec son propriétaire. La CSF met les deux colocataires en lien avec un cabinet d’avocat, qui se rémunère seulement après victoire lors d’un procès.
L’audience devant le tribunal se tient en octobre 2024. « C’était rapide, nous n’avons que très peu parlé, décrit Fabien. C’est frustrant parce que j’avais accumulé des émotions pendant cette longue procédure. Je savais que j’avais raison depuis le début et j’attendais juste d’avoir la reconnaissance de la justice. » C’est chose faite, d’autant que le propriétaire n’a pas fait appel. En plus des sommes liées au loyer, ce dernier a aussi été condamné à payer les frais d’avocat des colocataires.
« Nous espérons que cette première condamnation donne confiance aux locataires »
« On est fiers de tout le chemin parcouru et d’être la première condamnation pour non-respect de l’encadrement des loyers à Lyon », se félicite Fabien, qui ne veut pas devenir un « étendard » mais une histoire à laquelle s’identifier.
« On ne peut pas laisser passer ces abus : les locataires ont aussi des droits et le propriétaire a des devoirs. Si on n’est pas capable de respecter la loi, on ne fait pas des investissements immobiliers », conclut-il.
Ce n’est pas Tennessee Garcia qui va le contredire. Le militant est très satisfait de cette première condamnation. « Nous espérons que cela donne confiance aux locataires, souhaite-t-il. Qu’ils se disent qu’ils peuvent récupérer des centaines, voire des milliers d’euros. Le deuxième objectif est que ça fasse écho auprès des propriétaires pour les amener à se mettre en conformité. »
Alors que l’encadrement des loyers est mis en place depuis plus de trois ans, nombre d’annonces sont encore bien au-dessus des prix légaux. Ce qui pourrait bien amener à d’autres condamnations du genre.
À Rue89Lyon depuis 2022, aujourd’hui journaliste associée. Enquêter sur l’extrême droite, c’est lutter contre l’extrême droite.
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Au sud de Lyon, Cyrielle raconte le calvaire qu’elle a vécu, comme maraîchère bio.Photo : SF/Rue89Lyon.
[Témoignage] Maraîchère bio à Saint-Pierre-de-Boeuf, au sud de Lyon, depuis 2017, Cyrielle Paulino a livré ses derniers paniers de légumes le mois dernier aux Amaps de la métropole lyonnaise. De ses champs de légumes à la dépression, elle raconte comment son rêve est devenu cauchemar. Avec quelques conseils pour éviter la crise.
C’est un métier qui en fait rêver beaucoup, mais qui peut aussi devenir un cauchemar. En 2017, Cyrielle Paulino s’installe dans la commune de Saint-Pierre-de-Boeuf, comme maraîchère bio. D’abord en solo, elle est rejointe par son mari Pierre en décembre 2020 pour la soutenir dans son projet.
Après de multiples tentatives pour sauver une ferme de deux hectares répartis entre plein champ et serre non chauffée, le couple a décidé de jeter l’éponge en mars. « Avec le recul, je ne me suis jamais vraiment sentie bien dans ce travail, il a toujours été source de stress », nous confie-t-elle au bord des larmes. Entre profonde tristesse et peur de l’avenir, son témoignage illustre la dure réalité de certains agriculteurs.
Maraîchère bio au sud de Lyon : le risque « d’idéaliser » la profession
D’un point de vue citadin, le métier de maraîcher a tendance à faire rêver. Mettre les mains dans la terre, travailler en pleine nature, planter quelques graines pour nourrir les gens… Sept ans après le début de son aventure, Cyrielle met en garde contre une vision un peu trop bucolique et fantasmée du maraîchage.
« Il ne faut pas le voir comme la part facile de l’agriculture, car techniquement, c’est peut-être même la plus difficile. Il faut tout connaître, composition du sol et particularités des légumes. Et surtout avoir des années de pratique pour ne pas se planter. »
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