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Actualités, enquêtes à Lyon et dans la région

À Lyon, dans le bus relais du métro B, entre lassitude et résignation

À Lyon, dans le bus relais du métro B, entre lassitude et résignation

[Série – Sur toute la ligne] Les transports en commun disent beaucoup de la vie d’une ville et de ses habitant·es. Rue89Lyon a décidé d’explorer plusieurs lignes de la métropole de Lyon de bout en bout. Pour commencer : le bus relais du métro B.

Voilà depuis le 31 juillet que le métro B est complètement à l’arrêt. Pour les usager·es régulier·es de cette ligne, la question se pose chaque jour : comment se déplacer ? À coup sûr, il faut oublier le confort de la ligne B, trouver un Vélo’v et pédaler sous le soleil si on ne se rend pas trop loin, ou bien être secoué dans un bus bondé, pas toujours climatisé. Pourquoi pas le bus relais du métro B, affrété par la Métropole de Lyon en lieu et place de la ligne souterraine habituelle ?

Le fameux « BRMB » passe toutes les 7 à 15 minutes -paraît-il-. Il faut un peu de patience, et ne pas espérer partir de chez soi au dernier moment, comparé aux 3 minutes de fréquence du métro B. D’autant plus que la régularité du passage est bien plus aléatoire. Cela peut faire l’affaire. Encore faut-il ne pas vouloir monter ou descendre à Charpennes ou aux Brotteaux, car la ligne ne parcourt pas tous les arrêts. Tant pis, nous le prendrons à la Part-Dieu, direction la gare d’Oullins.

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Mais pourquoi dit-on « je vais y faire » à Lyon ?

Mais pourquoi dit-on « je vais y faire » à Lyon ?

Le parler lyonnais regorge de mots et expressions bien spécifiques à notre région. Parmi eux, on retrouve le « y », petit mot savamment utilisé à Lyon, dans des expressions telles « je vais y faire ». D’où vient-il ?

« Fais-y voir », « donnes-y moi ». Des « y » se glissent régulièrement dans la bouche des Lyonnais·es. Un petit mot qui déclenche la surprise chez les nouveaux débarqués à Lyon, mais que l’on ne remarque plus après quelques années passées dans la capitale des Gaules. Certain·es finissent même par l’adopter !

Ce « y » est en réalité utilisé dans toute la grande région lyonnaise et jusqu’au centre-est. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, il n’est pas employé au hasard et à toutes les sauces. Il remplace toujours le pronom « le » et est issu d’une ancienne langue régionale.

Le francoprovençal : une langue née à Lyon

Entre le latin et le français, la région lyonnaise a connu une autre langue : le francoprovençal. Elle a donné la plupart des mots et expressions qui constituent ce qu’on appelle aujourd’hui le « parler lyonnais ». Les mots comme « gâche », « bugner », « débarouler » en sont les vestiges. Il en va de même pour certains accents et tournures particulières comme « c’est quelle heure ? » ou « c’est cher bien », sans oublier le fameux « y », lui aussi dérivé de cette ancienne langue régionale.

Jean-Baptiste Martin, linguiste et auteur de Le parler lyonnais et beaujolais : les 200 mots les plus typiques expliqués et illustrés, publié en 2020, explique :

« Le francoprovençal est une langue née du latin, un latin populaire parlé par les soldats et les marchands, et qui a rayonné depuis Lugdunum (Lyon en latin, ndlr). Cette langue latine parlée à Lyon s’est développée le long des routes qui allaient jusqu’à Augusta en Italie (aujourd’hui Aoste, ndlr). »

L’une de ces routes passait au nord du lac Léman, suivait le cours du Rhône et franchissait les Alpes. L’autre suivait le cours de l’Isère, plus au sud et franchissait aussi les Alpes. Une diffusion géographique qui explique que le « y » lyonnais n’est pas seulement utilisé à Lyon, mais plutôt dans la grande région lyonnaise.

Selon Jean-Baptiste Martin, le parler lyonnais reste malgré tout plus prégnant à Lyon et ses alentours. Il en donne d’ailleurs des cours avec l’association Les Amis de Lyon et de Guignol pour continuer à faire vivre cette langue et l’enseigner aux curieux.

Si bon nombre de mots de ce dialecte n’existent plus, « car ils désignaient des réalités ou des objets qui ont disparu », les locutions et structures grammaticales sont celles qui se sont le mieux transmises. Plus spécifiquement, le « y » qui est encore largement utilisé.

« Il n’est pas en perdition, soutient Jean-Baptiste Martin. Selon des enquêtes que des linguistes ont menées, des enfants qui ne sont pas issus de familles lyonnaises l’apprennent à l’école. C’est le meilleur signe de vitalité. »

Le « y » lyonnais : un pronom neutre

Bonne nouvelle pour les aficionados de l’écriture inclusive ou épicène : le « y » est un pronom neutre ! Il vient du pronom neutre latin « hoc », qui a donné « ou » en francoprovençal puis « y » en français. Dans le livre Le parler lyonnais et beaujolais, Jean-Baptiste Martin détaille :

« Ce qui apparaît à beaucoup comme un affreuse faute de grammaire constitue en fait un enrichissement par rapport au français standard, puisque cet emploi permet de distinguer le neutre du masculin singulier. Le français n’opère plus cette distinction. (…) Le pronom « le » remplit à la fois la fonction de masculin singulier et de neutre (on dit, par exemple : « je le regarde passer dans la rue » et « ça, je le sais »). »

Pour les bilingues anglophones, le « y », correspond au « it » qui permet de désigner des objets, des animaux ou des concepts abstraits. « Dans notre région, ce besoin d’avoir un neutre différent du masculin est resté. Cela s’est fait involontairement, comme tous les faits populaires », précise le linguiste.

Selon lui, ce pronom est toujours utilisé dans toutes les classes sociales à Lyon, bien qu’il reste un tic de langage populaire. Y saviez-vous ?

[Carte] Le guide Anti-Routard de Lyon pour découvrir la ville autrement

[Carte] Le guide Anti-Routard de Lyon pour découvrir la ville autrement

Un tunnel qui raconte une vision de la ville, une cour au passé de lutte sociale, des rails qui plongent dans le Rhône, une villa encastrée dans un immeuble… Depuis 2014, Rue89Lyon vous fait découvrir Lyon avec un œil particulier : celui de l’Anti-Routard. Dans cette carte, explorez la ville comme vous ne l’avez jamais vue.

Connaissez-vous l’anti-routard de Lyon ? Lorsque Rue89Lyon a lancé cette série en 2014, l’objectif était de faire découvrir des lieux, des bâtiments, ou des monuments méconnus de Lyon, loin des guides touristiques.

Mais l’insolite ne fait pas tout. Au fur et à mesure, notre but a été d’amener le lecteur à s’interroger sur son environnement. Quel est ce bâtiment ? Que raconte-t-il de Lyon ? En quoi son histoire illustre l’actualité ?

Aujourd’hui, les anti-routard parlent autant de lieux insolites, comme cette jolie villa à côté de la gare Part-Dieu, complètement engloutie par un immeuble moderne mais gardée intacte, que de personnages ou de lieux qui racontent l’histoire d’un quartier.

Tantôt, ces articles reviennent sur la gentrification d’un quartier, comme à travers le portrait des Valseuses. Tantôt, ils expliquent le pourquoi d’une verrue à l’entrée de la ville, avec le Tunnel de Fourvière. Parfois, ils racontent un moment d’histoire, comme avec la Cour des Voraces ou la fin d’une époque, avec la fermeture de l’Autre côté du pont. En tout cas, ils ont pour but d’éclairer une actualité, à l’image de celui sur l’éternelle mauvaise réputation du quartier de la Guillotière.

Dans cette carte, nous vous proposons de les découvrir un à un.

L’histoire méconnue de lieux pourtant bien connus

À noter qu’un autre critère important guide nos choix pour cet anti-Routard : tous les lieux que nous vous présentons doivent être accessibles au public même si ce n’est que quelques jours dans l’année. Ou du moins être visibles de l’extérieur.

Certains lieux sont bien connus. De tous, ou de leur voisinage. Mais leurs histoires le sont beaucoup moins. La Villa Berliet, qui porte le nom de la célèbre famille de constructeurs automobiles ou une autre bâtisse bourgeoise, la villa Monoyer, qui appartient toujours à la famille de cet ophtalmologue lyonnais. Vous ne le connaissez pas ? Pourtant c’est l’inventeur du fameux test de vision que vous avez tous passé un jour.

Si vous connaissez des lieux méconnus ou des histoires secrètes de lieux plus connus, n’hésitez pas à nous souffler vos idées en commentaires ou bien ici : hello@rue89lyon.fr

L'anti-routard de Lyon
Marre du guide du Routard ? Nous vous proposons l’Anti-Routard de Lyon. Un guide loin de chemins touristiques.Photo : DR

Lyon et l’ensemble du Rhône placés en alerte sécheresse

Lyon et l’ensemble du Rhône placés en alerte sécheresse

La préfecture du Rhône a étendu, vendredi 4 août, l’alerte sécheresse à Lyon et à l’ensemble du Rhône. Elle avait été lancée depuis début juillet sur une partie du département. Des dispositions contraignantes ont été prises et concernent surtout les particuliers.

À compter de vendredi 4 août, l’ensemble du Rhône est en alerte sécheresse. Le 6 juillet déjà, tout l’axe Saône, l’Est lyonnais et une partie des territoires du Nord et de l’Ouest de la métropole de Lyon avaient été placés en alerte sécheresse.

Cette situation alarmante couvait depuis le 12 avril 2023, puisqu’une « vigilance » sécheresse courait dans la métropole de Lyon. Cette catégorie, en-dessous de l’alerte, n’impliquait pas de restrictions. La partie du Rhône qui n’était pas en alerte jusqu’au 4 août, était cependant toujours en état de vigilance.

Les nappes phréatiques de la région ne se sont pas remises de la période d’aridité intense de 2022. L’hiver et le début d’année 2023 ont aussi été marqués par une cruelle absence de précipitations.

« Les quelques évènements pluvieux, parfois localement très intenses, ne sont pas suffisants pour améliorer la situation des nappes et cours d’eau, détaille la préfecture du Rhône. Hormis les mois de mars et juin, le département est en déficit de pluie depuis le début de l’année, avec des valeurs records de sécheresse en février. »

parc Vernaison Lyon sécheresse
Le parc Bernard Clavel, à Vernaison, au sud de Lyon, lors d’un épisode de sécheresse en 2022.Photo : OM/Rue89Lyon

Une alerte sécheresse contraignante pour les particuliers à Lyon et dans le Rhône

L’ensemble des masses d’eau superficielles et souterraines du département du Rhône et de la métropole de Lyon sont à un niveau insuffisant. L’alerte sécheresse déclarée par la préfecture contraint donc particuliers, professionnels comme collectivités à restreindre leur usage en eau.

Tous les usages dits domestiques et d’agrément (lavage de voiture, arrosage des espaces verts, remplissage des piscines…) sont interdits jusqu’à la levée de l’alerte sécheresse.

Concernant les professionnels, notamment dans l’agriculture et l’industrie, la préfecture précise que les « usages sont limités mais restent pour la plupart possibles ».

Le Foreztival, l’histoire d’un petit festival devenu grand

Le Foreztival, l’histoire d’un petit festival devenu grand

Alors que nombre de festivals d’été aux alentours de Lyon ont périclité, le Foreztival ne cesse de se développer dans la Loire, à mi-chemin entre Lyon, Clermont-Ferrand et Saint-Étienne. 38 000 festivaliers sont attendus cette année, contre 3500 en 2005. Retour sur l’histoire d’un festival qui s’est structuré et professionnalisé ces 20 dernières années.

Vous reprendrez bien une bonne dose de son avec un peu de bière chaude ? Ces 4,5 et 6 août, pour la 17e fois, le village de Trelins (42) va accueillir le Foreztival. Comptant à peine 650 habitant·es, cette petite commune ligérienne perdue dans le Forez va voir sa population multipliée par 70 sur trois jours. Près de 38 000 festivaliers, sont attendus pour écouter une programmation éclectique avec des têtes d’affiche comme Shaka Ponk, Vitalic, Gazo… ou encore Bernard Lavilliers.

De 3 500 spectateurs en 2005, le « Forez », comme l’appellent ses habitué·es, a multiplié par dix sa fréquentation. Alors que les festivals d’été aux alentours de Lyon, comme les Démons d’Or ou le Fest Bouc périclitaient, ont fermé leurs portes ces dernières années, l’équipe de Ligériens a su tenir bon en se structurant. Aujourd’hui, il est certainement l’un des plus gros festival de ce type autour de Lyon, avec le Woodstower, même si son histoire a connu des hauts et des bas.

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Lyon est-elle une ville hospitalière pour les insectes ?

Lyon est-elle une ville hospitalière pour les insectes ?

Abeilles, scarabées, papillons, syrphes ou encore coccinelles… Les insectes pollinisateurs sont d’une diversité vertigineuse, mais ils sont aussi menacés. Depuis quelques années, associations et collectivités de Lyon mettent en place une stratégie de végétalisation pour les préserver. Tour d’horizon des initiatives.

En plein mois de juillet, d’une carotte sauvage aux petits amas de fleurs blanches, une minuscule abeille, à peine plus grosse qu’une fourmi, se pose pour butiner. « C’est une abeille sauvage, il fait un peu chaud pour elle mais elle a quand même pu trouver une fleur », remarque Thomas Boutreux, chercheur et écologue au laboratoire d’écologie des hydrosystèmes naturels et anthropisés (LEHNA) de l’université Lyon 1.

D’autres insectes volettent autour de lui : un papillon azuré, un bourdon des champs pollinisateur de trèfles ou encore une syrphe, petite mouche rayée et noire. Tous font partie de la famille des insectes pollinisateurs et bourdonnent en pleine ville, dans le jardin d’une copropriété de Bron.

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Mais pourquoi à Lyon la fontaine Bartholdi représente la Garonne ?

Mais pourquoi à Lyon la fontaine Bartholdi représente la Garonne ?

Bartholdi n’aurait jamais pu imaginer que sa fontaine reposerait un jour sur une place lyonnaise. Pourtant depuis 1892, ce monument est devenu l’emblème de la place des Terreaux (Lyon 1er). Mais d’où vient la fontaine Bartholdi ?

La fontaine Bartholdi qui fait aujourd’hui la majesté de la place des Terreaux, dans le 1er arrondissement de Lyon, s’est retrouvée là par un drôle de concours de circonstances. Initialement, cette fontaine avait été pensée pour la ville de Bordeaux. Frédéric Auguste Bartholdi, célèbre sculpteur alsacien et auteur de la statue de la Liberté, avait été désigné par le maire pour réaliser la décoration de la place des Quinconces. Un objectif : mettre en valeur la Garonne.

Ce joyau monumental n’a donc ni à voir avec la ville de Lyon, ni avec son fleuve, le Rhône. Elle y est pourtant installée depuis 1892 et est même devenue une des fiertés patrimoniales lyonnaises.

Une prouesse technique représentant la Garonne…

Regardons cette fontaine de plus près. L’eau qui s’écoule des cinq jets à son sommet et tombe sur la croupe des chevaux donne l’impression que le char glisse sur l’eau. Le travail ornemental rend chaque détail indispensable à la beauté de l’ensemble et lui donne des allures fantastiques : le coquillage en guise de plancher du char, les sabots griffus des chevaux, les rênes qui sont en fait des algues…

Côté technique, la fontaine suit les principes de construction de la célèbre statue de la Liberté ou Liberté éclairant le Monde à New York, dont Frédéric Auguste Bartholdi est aussi le créateur. Véritable prouesse technique, la sculpture au sommet de l’édifice pèse 21 tonnes et a été réalisée en plomb battu. Cela a permis de livrer la fontaine en pièces détachées. Lors du montage, les ouvriers ont soudé les feuilles de plomb sur une structure métallique pour que le monument prenne la forme voulue par l’artiste.

Le tout pèse 360 tonnes. Le bassin de 15 mètres de diamètre est surmonté de l’élément central de la fontaine, la statue, qui s’élève à presque 5 mètres de hauteur. La sculpture représentant un char antique (ou quadrige) aux caractéristiques marines sautent aux yeux de n’importe quel passant qui traverse la place. Aux rênes de ce char tiré par quatre puissants chevaux, une femme ou plutôt une déesse dont l’assurance et la sérénité contrastent avec l’énergie qui se dégage de la scène. L’allégorie est subtile : il s’agit de la Garonne menant ses quatre affluents vers l’océan. Elle n’a aucun rapport avec le Rhône.

Une fontaine destinée à Bordeaux… Mais qui n’y sera jamais

Pour savoir pourquoi, il faut revenir au 20 avril 1857. Ce jour-là, le Conseil municipal de Bordeaux lance un concours pour la création d’une fontaine monumentale qui viendrait magnifier la place des Quinconces. L’Esplanade des Quinconces située en bordure de la Garonne est la plus grande place d’Europe.

À seulement 23 ans, le jeune Frédéric Auguste Bartholdi obtient le premier prix du concours. Son œuvre est une allégorie du fleuve bordelais, la Garonne. Elle est inspirée du bassin d’Apollon à Versailles réalisé par Tuby. Mais ce premier projet est rapidement avorté.

Cependant, en 1887, soit trente ans après, la Mairie de Bordeaux décide de s’adresser à nouveau à Bartholdi pour un second projet du même ordre. L’objectif est (toujours) de réaliser la décoration de la place des Quinconces. Deuxième chance donc. Si le sculpteur reprend son oeuvre initiale, il l’étoffe en imaginant deux fontaines supplémentaires et identiques.

L’une d’entre elle est celle qui trône aujourd’hui sur la place des Terreaux. Initialement nommée Char triomphal de la Garonne elle en est donc aussi l’allégorie. Mais, le projet est encore une fois abandonné par la Mairie de Bordeaux qui juge son prix trop élevé : 474 062 francs. Bien que financièrement dédommagé, Bartholdi est déçu. Mais il n’abdique pas.

Revoyant son ambition à la baisse, il met au point un des éléments du projet monumental global : le Char triomphal de la Garonne (actuelle fontaine de la place des Terreaux). La Société Gaget et Gauthier exécute un exemplaire de la fontaine en 1888, qui est ensuite présentée à l’Exposition Universelle de 1889. C’est à ce moment-là que des personnalités lyonnaises remarquent la splendeur du monument.

La fontaine Bartholdi, un emblème de la place des Terreaux (Lyon 1er).Photo : LB/Rue89Lyon

Une fontaine en exil à Lyon

Après négociations, le Maire de Lyon, Antoine Gailleton, achète la fontaine pour la somme de 100 000 francs. C’est seulement après son acquisition que la question de l’emplacement est posée. Bartholdi se rend lui même sur place pour réfléchir au lieu idéal pour mettre en valeur son oeuvre monumentale.

Plusieurs emplacements sont envisagés : le Cours Perrache, la place de la République, au Parc de la Tête d’or… Finalement, c’est la place des Terreaux qui est retenue. L’une des raisons principales étant que la disposition de la place permet d’installer la fontaine à l’une de ses extrémités. Son premier emplacement était en effet en face de l’hôtel de ville. Axée de cette manière, elle est mise en valeur par l’espace libre devant elle, sans être absorbée par l’architecture de la place des Terreaux.

Carte postale à l'image de la Fontaine Bartholdi lorsqu'elle était encore installée en face de l'hôtel de ville. ©Bibliothèque municipale de Lyon
Une carte postale de la fontaine Bartholdi lorsqu’elle était encore installée en face de l’hôtel de ville.Photo : BibliothèquemunicipaledeLyon

L’inauguration a lieu pour le centenaire de la proclamation de la première République, en septembre 1892. Depuis, la fontaine est devenue l’emblème de la place des Terreaux.

En 1992, elle est délogée. Son nouvel emplacement au Nord – celui qu’on lui connaît aujourd’hui – a été choisi pour donner l’illusion que l’eau suit le sens du Rhône et de la Saône en descendant des Pentes de La Croix-Rousse. En 1995, la fontaine est classée monument historique.

À la fois classique et baroque, elle a trouvé sa place et a su s’implanter à Lyon, tout en faisant oublier ses origines bordelaises.

À noter que Bordeaux n’a pas fait une croix sur la décoration de sa grande place. Malgré l’échec patent de la collaboration avec Bartholdi, l’actuelle fontaine du monument des Girondins – érigée en 1902 sur la place des Quinconces de Bordeaux – s’inspire fortement de l’œuvre du sculpteur. Il n’en est simplement pas l’auteur.

Vue rapprochée et sur le flanc droit de la fontaine Bartholdi avec en fond l’hôtel de ville de Lyon.Photo : LB/Rue89Lyon

Enquête ouverte après des incendies sur le chantier du Lyon-Turin

Enquête ouverte après des incendies sur le chantier du Lyon-Turin

Très contesté, notamment par des collectifs écologistes, le chantier de construction de la ligne de train LyonTurin a été la proie d’incendies samedi 29 juillet au soir, à Modane, en Savoie. Une enquête a été ouverte pour déterminer la cause des départs de feu.

Des volutes épaisses de fumée et des flammes qui rongent cinq engins de travaux publics. C’est l’image qui a circulé ce week-end du projet de construction du chemin de fer Lyon-Turin. En pleine nuit, ce samedi 29 juillet, une quinzaine de pompiers sont intervenus à Modane, au niveau de l’entrée du chantier de contournement pour éteindre les incendies. Leur origine n’est pas encore identifiée même si, selon les informations de France Bleu Pays de Savoie, il s’agirait d’un « acte volontaire ».

Des soupçons à l’égard des opposants au projet Lyon-Turin

Sans les nommer, les partisans du projet ont profité de l’occasion pour attaquer les opposants au tunnel. En effet, depuis son lancement, il y a environ trente ans, le chantier du Lyon-Turin, un tunnel de 57,5 km qui doit traverser les Alpes par Saint-Jean-de-Maurienne et Suse, est au cœur de controverses multiples. Côté pile, il est vendu comme un projet écologique qui « permettra de délester les routes alpines d’un million de poids lourds et de réduire chaque année les émissions de gaz à effet de serre d’environ un million de tonnes d’équivalent CO2 », par la société franco-italienne TELT (Tunnel Euralpin Lyon-Turin), chargée de chapeauter le chantier. Côté face, il est très décrié par certains habitant·es de la vallée, le mouvement italien des « No-TAV » (Treno alta velocita en Italien) et de nombreux collectifs écologistes.

Ces derniers dénoncent, entre autres, l’artificialisation de plus de 1500 hectares de terres agricoles et la menace que représente « le drainage d’un volume d’eau considérable », peut-on lire sur le blog des Soulèvements de la terre, collectif écologiste dissous en juin dernier. Selon eux, les impacts du tunnel seraient les suivants : des modifications sur le stockage et le mouvement des eaux souterraines, une réduction du débit des sources et des cours d’eau en surface ainsi que des changements radicaux de la répartition entre eaux de surface et souterraines.

Les militant·es écologistes se sont mobilisé·es plusieurs fois contre le Lyon-Turin. La dernière manifestation remonte au week-end du 17 juin, lorsque 3000 à 5000 manifestants avaient occupé l’autoroute A43 à l’appel d’une dizaine d’organisations, dont les Soulèvements de la Terre. Coupé par un large périmètre d’interdiction de manifester mis en place par la préfecture, la manifestation avait été (très) rapidement stoppée par les forces de l’ordre.

Enquête en cours sur la cause des incendies

Pour l’instant, il serait hâtif de conclure que les incendies de ce week-end résultent d’un acte volontaire. Une enquête a été ouverte par le parquet d’Albertville et confiée à la Brigade de recherches de la gendarmerie de Saint-Jean-de-Maurienne et à celle de Chambéry.

Les feux ont eu lieu à un moment clef pour l’avancée du chantier : ce lundi des travaux de percement d’un tunnel de 200 mètres de long, sous la roche, devaient commencer. Ils ont finalement été mis à l’arrêt.

Dans la foulée des événements, la société TELT s’est empressée de réagir, sans attendre les résultats de l’enquête, sur X (anciennement Twitter) :

« TELT condamne fermement les dégradations commises cette nuit sur le chantier du tunnel ferroviaire du #LyonTurin. Cet acte de malveillance non revendiqué visait les outils de travail des hommes et des femmes qui opèrent sur ce chantier. TELT et les entreprises œuvrant sur ce chantier apporteront tout leur concours à l’enquête de Gendarmerie et engageront les actions judiciaires nécessaires. »

Pour l’heure, les investigations n’ont pas abouti à un quelconque résultat. À noter que ces actes de dégradations sont rares côté français. Depuis le lancement du projet, en 1991, des actions plus radicales ont lieu côté italien. Un écrivain italien, Erri De Luca, avait même comparu devant la justice pour avoir clairement évoqué des actes de sabotage contre ce projet. Cependant, avant la mobilisation des Soulèvements de la terre, le tunnel semblait attirer moins l’attention des opposants côté français.

De Pierre-Bénite à l’Assemblée : deux ans de scandale sur les perfluorés à Lyon

De Pierre-Bénite à l’Assemblée : deux ans de scandale sur les perfluorés à Lyon

Ce 4 avril, un projet de loi pour encadrer l’usage de perfluorés, les fameux « polluants éternels », va être débattu à l’Assemblée nationale. Depuis deux ans, cette affaire partie de Pierre-Bénite est au cœur de l’actualité de Lyon et sa métropole. Il touche, depuis, plusieurs zones de France. Retour sur un scandale au long cours. 

Il aura fallu presque deux ans. Ce 4 avril, le scandale des perfluorés prend, officiellement, une tournure nationale. Profitant d’une niche parlementaire accordée aux élus écologistes, le député de Gironde Nicolas Thierry (EELV), présentera un projet de loi pour encadrer l’utilisation des perfluorés, les fameux « polluants éternels ».

Un scandale né en France, en 2022, à la suite des révélation du journaliste Martin Boudot. Après un rappel des fondamentaux à savoir sur ce sujet, Rue89Lyon vous fait une chronologie (quasi) exhaustive de ce dossier complexe. 

Pollution aux perfluorés : rappel des faits

Le 10 mai 2022, l’équipe de l’émission Vert de rage, travaillant pour France Télévisions, rend publique une étude portant sur une pollution dans la Vallée de la Chimie. Elle montre la présence de polluants dits « éternels », les perfluorés, dans le secteur de l’usine Arkema de Pierre-Bénite, au sud de Lyon.

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Le tunnel de Fourvière : histoire d’une « connerie » symbole du tout-voiture à Lyon

Le tunnel de Fourvière : histoire d’une « connerie » symbole du tout-voiture à Lyon

Ouvert en 1971, le tunnel de Fourvière est, pour beaucoup de touristes, un symbole peu reluisant : celui du « bouchon de Lyon ». À l’heure où les voitures vont s’embouteiller devant lui, pour partir (ou revenir) de vacances, retour sur l’histoire d’un monstre de béton qui raconte une vision de la ville centrée sur la voiture.

Quand on passe par Lyon, il y a des lieux qu’il est, malheureusement, impossible de rater. Installé à l’entrée principale ouest de la ville, et faisant la jonction entre le 9e et 5e arrondissement de Lyon, le tunnel de Fourvière est de ceux-là. Monstre gris, il est certainement un de ses symboles les moins reluisants.

Dans toute la France, la « connerie du siècle », pour reprendre Michel Noir, ancien maire de Lyon, est redoutée des automobilistes. Coincés dans les bouchons pour partir en vacances, ou en revenir, beaucoup ont déjà maudit « Fourvière » et ses attentes interminables. Ils seront encore nombreux à le faire cet été, bloqués entre les autoroutes A6 et A7.

Pourtant, « Fourvière » n’a pas toujours eu cette image dégradée. Fut un temps où le « Lion de Lyon », cette grande réalisation de 15 mètres de haut de l’architecte Jean-Cottin présente sur la « porte Gorge de Loup », était censée faire rêver les touristes.

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