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La Cité de la Gastronomie, ce gros fail lyonnais

Un lapidaire communiqué envoyé à quelques rédactions choisies, indiquant sa « fermeture définitive » : c’est ainsi que la Cité de la Gastronomie, du haut de son titre pompeux et faussement prometteur d’agapes, meurt de sa belle mort.

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Le lustre de la Cité de la Gastronomie. ©Rue89Lyon

Le lustre de la Cité de la Gastronomie. ©Rue89Lyon
Le lustre de la Cité de la Gastronomie. ©DD/Rue89Lyon

La crise sanitaire et économique est l’argument qu’a affiché ce lundi la direction en charge du lieu monté sur quatre niveaux, niché dans un Hôtel-Dieu totalement refait (dans lequel se sont par ailleurs installés boutiques, hôtel de luxe et restaurants). La Covid-19 aurait eu raison de sa survie. L’investissement s’élevait pourtant à plus de 17 millions d’euros et l’inauguration s’était faite en grande pompe en octobre 2019. Il y a à peine un an.

Les réactions n’ont pas manqué. De la part de quelques chefs toqués, dont Jean-Christophe Marguin, qui s’était engagé dans la campagne juste achevée et s’était illustré en insultant les électeurs d’EELV.

C’est le groupe espagnol MagmaCultura qui avait été choisi pour devenir exploitant de la Cité, une grosse société qui a finalement jeté l’éponge. Florent Bonnetain, directeur du lieu, a ainsi annoncé ce début de semaine :

« La Cité fait face à des difficultés précarisant son fonctionnement et la rendant particulièrement vulnérable à la crise soudaine et à ses répercussions. […] Comme de trop nombreux autres acteurs culturels en France et en Europe, la Cité a subi les lourds impacts engendrés par la crise sanitaire du coronavirus. »

Le menu raté de Gérard Collomb

En réalité, le projet a quasiment dès ses prémices fait l’objet de vives critiques. D’abord, l’Hôtel Dieu est passé d’hôpital, dispensaire, à gros complexe commercial et luxueux. Ensuite, l’idée de promouvoir son patrimoine lié à la santé était rapidement passé à la trappe. Puis les critiques se sont poursuivies une fois le lieu ouvert : trop cher (12 euros l’entrée + 12 euros pour goûter quelques tests culinaires de chefs), pas assez de contenu (tant dans les assiettes que dans le propos).

La Ville de Lyon avait apporté 4 millions d’euros sur la table, la Métropole 2 millions d’euros, et l’État 1 million ; 10,4 millions arrivaient de mécènes. La Cité de la gastronomie espérait accueillir 300 000 visiteurs par an. Gérard Collomb avait porté le projet et en avait fait une affaire personnelle, tenant à ne pas anéantir la réputation de Lyon, autoproclamée « capitale de la gastronomie« .

À l’origine, le projet nait d’une sorte de label que le gouvernement doit décerner à une ville.

Pendant cette course et compétition l’opposant à d’autres maires de France (dont François Rebsamen, alors socialiste comme lui à l’époque, Gérard Collomb ne cesse de dire qu’il se fiche de décrocher le titre puisque Lyon possède déjà une notoriété internationale (avec des figures tutélaires telles que Paul Bocuse ou son événement professionnel du Sirah), tout en s’agitant pour l’obtenir. Finalement, c’est un « réseau de villes » qui obtient le label et chacun est renvoyé à son projet, s’il veut bien le faire. Gérard Collomb va donc vouloir faire d’une pierre au moins deux coups : opérer la grande rénovation de l’Hôtel-Dieu tout en se libérant d’un engagement -celui de créer un hot spot de la Gastronomie.

Il confie alors le projet à Georges Képénékian, son premier adjoint et à ce moment l’un de ses plus proches lieutenants. Mais entre temps, les relations font plus encore que se dégrader -pas la meilleure situation pour faire sortir ex nihilo un projet scientifique, touristique, à la hauteur des ambitions affichées.

Les écologistes élus à Lyon goûtent-ils la Cité ?

Sur les réseaux sociaux, certains attribuent cette fermeture à l’arrivée de nouveaux exécutifs, écologistes, à la tête de la Ville de Lyon et de la Métropole. C’est un raccourci et finalement une erreur.

En revanche, on peut rappeler que la désormais nouvelle adjointe à la Culture, Nathalie Perrin-Gilbert, élue sur les listes écologistes, n’avait pas caché son désaccord avec le projet de reconversion de l’Hôtel-Dieu et avait fait partie, en tant qu’opposante de Gérard Collomb, de ses détractrices les plus vives (voir la vidéo du débat organisé pendant la campagne par Rue89Lyon, pendant lequel elle fustige cette Cité).

La Cité de la Gastronomie n’ayant jamais vraiment réussi à faire parler d’elle, s’étant fait voler la vedette par une multitude d’autres projets de restauration -des foodcourts pullulant partout dans la ville ; la voilà qui tire tout simplement sa révérence. L’exploitant n’imaginant certainement pas trouver dans les nouveaux élus en place un soutien sans faille pour tenter de la (re-)mettre sur pied.

La Métropole de Lyon, avec, à sa tête, un nouveau président écologiste Bruno Bernard, n’a pas pu rester silencieuse et a annoncé ce mardi dans la foulée :

« La décision de Magma confirme que ce projet n’était pas viable dès sa genèse, une situation amplifiée par la crise du Covid. L’avenir du lieu sera étudié en lien étroit avec les parties prenantes du projet, dont les mécènes. La réouverture rapide au public du Grand Dôme est par ailleurs en cours d’étude ».

Une annonce pour la forme, consensuelle, marquant le peu de prise de risque que le nouvel exécutif veut prendre, à ce stade.

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