
Une question d’image : la préfecture autorise enfin la Marche des fiertés dans le Vieux Lyon, fief revendiqué par l’extrême droite
La préfecture du Rhône a accepté que la 23e Marche des fiertés lyonnaise passe par le Vieux Lyon. Contrairement aux éditions 2015 et 2017 où le préfet avait imposé un itinéraire qui restait en Presqu’île et évitait ce quartier. La manifestation passera donc par cette zone du 5e arrondissement, fief revendiqué par l’extrême droite radicale. Une décision à l’évidence très politique.
Depuis 2015, les organisateurs de ce qu’on appelle encore la Gay Pride tiennent absolument à emprunter le quai Romain Rolland, dans le Vieux Lyon, pour montrer qu’il n’y a pas de quartier « réservé » aux groupuscules d’extrême droite.
Un parcours, toujours le même, avait été déposé en ce sens, après deux interdictions de territoire (en 2015 et 2017) de la part de la préfecture du Rhône.
Mais ce samedi 16 juin 2018, avec comme mot d’ordre « PMA sans conditions, l’égalité n’attend plus », la 23e Marche des fiertés pourra se rendre à Saint-Jean. Après un départ traditionnel à 14h de la place Bellecour, le cortège des 10 000 personnes attendues prendra enfin le pont Bonaparte et cheminera un tout petit peu sur les quais de Saône.
Pour retrouver une manifestation « Lesbiennes, Gaies, Bi, Trans et Intersexes » (LGBTI) autorisée dans ce quartier de Lyon, il faut remonter au 18 mai 2010, le « kiss-in » place Saint-Jean. Ce soir-là, des contre-manifestants catholiques traditionalistes avaient perturbé ce rassemblement contre l’homophobie organisé devant la cathédrale.
Surprenante victoire pour la Lesbian and Gay Pride de Lyon
Pour les organisateurs, c’est une surprenante « victoire ». Le 30 mai, le tribunal administratif avait conforté le préfet du Rhône de l’époque, Henri-Michel Comet, dans sa décision d’interdire l’édition 2017 de la Marche des fiertés de Vieux Lyon.
La Lesbian and Gay Pride de Lyon (LGP) avait saisi la juridiction administrative pour contester ce changement d’itinéraire. Mais le TA avait jugé l’interdiction de manifester dans le Vieux Lyon « nécessaire et proportionnée au regard des nécessités du maintien de l’ordre public » :
« Après avoir relevé que la modification d’itinéraire se justifiait par la nécessité de faciliter l’intervention éventuelle des services de sécurité et de secours dans le touristique quartier du Vieux Lyon, dans un contexte d’état d’urgence et de forte mobilisation des forces de l’ordre, le tribunal constate que l’arrêté se limite à une modification partielle du tracé de la manifestation, sans l’interdire ou priver le trajet d’un intérêt particulier. »
Les organisateurs avaient vu rouge alors que le rapporteur public (sorte de procureur dans la justice administrative) allait dans le sens de La Lesbian and Gay Pride de Lyon.
Dans un communiqué de presse, son porte-parole, Olivier Borel, écrivait :
« Nous ne sommes pas dupes des véritables raisons de ce jugement. Ces dernières sont politiques : volonté de ne pas désavouer l’Etat et interdiction de toute manifestation progressiste dans le fief des fachos ! »
Revirement de la préfecture
Une semaine après un jugement du tribunal administratif qui conforte les autorités dans leur choix d’interdire la Marche des fiertés dans le Vieux Lyon, lors d’une réunion le 6 mai, la préfecture et la LGP ont trouvé un accord sur parcours qui passe… dans le Vieux Lyon.
Cette décision préfectorale est d’autant plus étonnante qu’en 2015, avant l’instauration de l’état d’urgence, le préfet du Rhône de l’époque (il s’agissait de Jean-François Carenco) avait également décidé d’interdire le passage de la Marche des fiertés dans le quartier.
Et en 2016, pour cause d’Euro de football, la Marche des fiertés 2016 avait été décalée au mois de juillet et délocalisée en partie rive gauche du Rhône.
Il n’y a pas de raison majeure d’ordre public qui explique ce changement d’attitude. En 2017 comme en 2018, les risques et difficultés mis en avant par la préfecture sont les mêmes (terrorisme, problème d’acheminement des secours). Précisons qu’à aucun moment les autorités ont mis en avant la menace que pourrait faire peser l’extrême droite radicale pour interdire un passage dans le Vieux Lyon (lire ici et là l’argumentaire de la préfecture).
Sollicitée par Rue89Lyon, la porte-parole de préfecture du Rhône justifie ce revirement par un « changement de contexte » :
« Nous sommes sur un autre temps. Nous ne sommes plus en état d’urgence et nous avons plus de forces de l’ordre »
La préfecture prévient :
« Nous allons renforcer la sécurité dans le Vieux Lyon. Mais c’est aussi aux organisateurs de faire en sorte qu’il n’y ait pas d’éléments d’extrême gauche qui s’infiltrent dans le cortège pour en découdre. Nous attendons de voir comment cela va se dérouler. Cette autorisation ne vaut pas acceptation systématique pour les éditions futures ».

Une décision qui « vient de la place Beauvau » ?
La pression est également dans le camp de la préfecture. Pression médiatique : Lyon est présentée par de nombreux médias nationaux comme la « capitale de l’extrême droite ». Pression des organisateurs qui n’hésitent plus à saisir les tribunaux pour tenter de faire plier la préfecture.
David Souvestre, président de la Lesbian and Gay Pride de Lyon, est persuadé que cette autorisation de passer dans le Vieux Lyon « vient d’en haut » :
« Pour le pensionnaire de la place Beauvau, cela permet de dire que ça se passe bien à Lyon et dans le Vieux Lyon quoi qu’en disent les médias. C’est l’image de la ville qui est en jeu. »
La victoire est toutefois partielle. Le parcours, qui a fait l’objet d’un consensus, n’emprunte que quelques centaines de mètres les quais de Saône.
Après avoir atteint la rive droite de la Saône, le cortège tournera rapidement un peu plus plus loin au pont Alphonse Juin pour retourner en Presqu’île. Les organisateurs souhaitaient continuer jusqu’au pont La Feuillée voire passer devant le local du Bastion social, quai Pierre Scize.
David Souvestre précise :
« On a accepté un des parcours de la préfecture. L’important, c’est le symbole et le message politique ».
A voir, désormais, si cette incursion de la Marche des fiertés ouvrira la voie à l’autorisation d’autres manifestations contre l’extrême droite dans le Vieux Lyon. La dernière, le samedi 26 mai, avait été refusée.

"Mais c’est aussi aux organisateurs de faire en sorte qu’il n’y ait pas d’éléments d’extrême gauche qui s’infiltrent dans le cortège pour en découdre. "
je crois qu'elle ne reconnait pas la droite de la gauche ! ou alors, elle envoie elle-même des droitistes déguisés en gauchistes, histoire d'avoir raison ...
Je peux me tromper, mais je n'ai jamais vu d'extrême gauche, qui peut avoir des éléments LGBT, "saloper" un défilé de la gaypride, en revanche, l'extrême droite bien blanche ... avec ses partisans de la manif pour tous ... et pire ... on en a tout à craindre ...
La gay Pride est donc un symbole de lutte que les identitaires et autres droitistes n'ont pas à pourrir ou "saloper", je trouve.
Je suis étonné qu'un media qui se revendique anti-raciste ne sanctionne pas de tel propos...
Savez vous qu'il est interdit dans notre pays de stigmatiser les individus en fonction de leur couleur de peau?
Merci de modérer ce message.
;-)
Votre phrase évoque un lien supposé entre la couleur de ces gens et le fait qu'ils s'opposent à cette liberté.
"Le méchant homme blanc!"
Il s'agit bien d'une stigmatisation raciale.
Je me permets donc de vous rappeler que la bêtise humaine n'a pas de couleur.
Pour vous en convaincre,tentez donc d'organiser ce genre de défilé dans des quartiers moins "blanc" que nos centre- villes.Profitons-en pour demander à rue 89 de vous suivre pour couvrir l’événement...
Je suis moins bête que j'en ai l'air, ne me vois pas organiser une manif d'extrême droite dans les quartiers dits "sensibles"
"un lien supposé entre la couleur de ces gens et le fait qu'ils s'opposent à cette liberté." c'est bien ce que je dis, je n'ai pas vu de gens de couleur dans les manifs pour tous s'opposer au mariage entre personnes de même sexe
« Je suis moins bête que j'en ai l'air, ne me vois pas organiser une manif d'extrême droite dans les quartiers dits "sensibles" »
Je n'ai pas évoqué votre intelligence.D'autre part,merci de ne pas commenter le contraire de ce qui est écrit.
J 'ai bien écrit « tentez d'organiser CE genre de manif ailleurs que dans nos centres-villes».
De quelle manif parlons nous depuis le début?D'un défilé LGBT...
Je ne vous suggère donc pas d'organiser une manif d’extrême droite dans les quartiers sensibles mais bien une gaypride.
Ceci affin de nous démontrer que l'opposition extrémiste,intolérante et xénophobe que vous aller y rencontrer (car vous allez en rencontrer une) sera le fait d'individus « blancs ».
« je n'ai pas vu de gens de couleur dans les manifs pour tous s'opposer au mariage entre personnes de même sexe »
Vous persistez dans votre démonstration raciste...
Donc,parce que les non-blancs ne manifestent pas contre un projets de loi,ils seraient favorables à cette loi ?
Vous soutenez donc que les mouvances religieuses que l'on trouve dans les quartiers dont nous parlons plus hauts,(quelles soient extrémistes comme le salafisme ou modérées) que les différentes communautés africaines musulmanes ou chrétiennes de ces quartiers ou que les quelques diasporas asiatiques que l'on peut y rencontrer sont favorables au mariage entre personnes de même sexe puisque qu'elles n'ont pas défilé aux côtés de la manif pour tous ?
Vous êtes peut être « moins bêtes que vous en avez l'air » mais certainement beaucoup moins au fait des réalités de notre société que vous le prétendez. A moins qu'il ne s'agisse juste de cette mauvaise fois qui caractérise si bien les discours de gauche...extrémistes?
Bonne journée
;)
Le Vieux-Lyon commence au delà des quais.