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Pinkwashing : de la grossière récup’ ou bien un atout potentiel ? Débattons…

« Pinkwashing » a assurément été le maître-mot du “Pride month” 2018. Pour rappel, cet anglicisme désigne une stratégie politique ou commerciale visant à s’approprier ou à se réclamer des luttes LGBTI pour en tirer un bénéfice financier, électoral, d’image… Bref, par ici l’argent et le vote roses !

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Stop-pinkwashing

Pinkwashing, donc, quand Emmanuel Macron invite le Dj gay et noir Kiddy Smile et ses amis à l’Élysée pour une démonstration de voguing à l’occasion de la Fête de la musique. Pinkwashing lorsque la secrétaire d’État aux droits des femmes, Marlène Schiappa, se rend à la Pride de San Francisco pour faire la promotion de… Marlène Schiappa.

Pinkwashing (au sens le plus littéral qui soit !) lorsque la Mairie de Paris repeint aux couleurs de l’arc-en-ciel quelques passages piétons du Marais. Pinkwashing lorsque l’Assemblée nationale arbore le rainbow flag sur sa façade lors de la Marche des Fiertés LGBT parisienne.

Autant de mesures symboliques censées être des preuves d’ouverture et de tolérance mais qui demeurent superficielles et très loin des attentes et des revendications des mouvements queers et/ou LGBTI (même si ces derniers semblent parfois s’en satisfaire).

C’est pourquoi il faut se montrer extrêmement vigilant face à ces tentatives de pinkwashing souvent peu subtiles de récupération et toujours exiger qu’elles se traduisent par des avancées concrètes et véritablement courageuses. Pour autant, tous les symboles ne sont pas que symboliques.

Le pinkwashing, c’est aussi plus de visibilité

Le cinéaste Stéphane Gérard est l’auteur du documentaire Rien n’oblige à répéter l’histoire, sur la mémoire des mouvements homosexuels aux États-Unis. Dans une réaction « à chaud » à la présence de Kiddy Smile à l’Élysée (à lire sur l’excellent site queer Friction Magazine), il  s’indigne :

«Imagine les enfants queers et racisés qui s’autorisent soudain à rêver d’être en haut de toutes les marches qui pourraient compter à leurs yeux».

Il se permet aussi un rappel :

«Les artistes et intellectuel·le·s racisé·e·s et/ou queers célèbres et visibles sont rares» et qu’«on ne peut pas leur refuser le droit d’avoir des motivations personnelles et intimes pour arbitrer leur choix. […] C’est sans aucun doute le moment de leur faire confiance, de les soutenir plutôt que de crier à la trahison pour chaque malentendu».

Sur son compte Facebook, la militante lesbienne Alice Coffin, qu’Hétéroclite avait longuement interrogée il y a quelques mois et qui connaît bien les problématiques liées à la visibilité des minorités dans l’espace public, s’exprimait quant à elle sur la décision de la maire de Paris Anne Hidalgo de rendre permanents les fameux passages piétons arc-en-ciel, suite à leur vandalisation.

«Je trouve cette décision tout sauf anodine et ornementale. Cela marque un tournant dans la relation des pouvoirs publics, parisiens du moins, aux questions de visibilité et de communautés».

Et si, dans notre République qui se veut universaliste, fustige à tout bout de champ le «communautarisme» et nourrit une véritable haine pour la visibilité des minorités, l’appeau à votes gays d’Hidalgo se révélait, peut-être malgré lui ou de façon inconsciente, plus subversif qu’il n’y paraît de prime abord ?

Ces réflexions, émanant de deux activistes qu’on peut difficilement soupçonner de tomber de façon irréfléchie dans des pièges de communication, doivent nous amener à mieux prendre en compte les effets, souvent contradictoires, du pinkwashing.

De grossière appropriation des luttes LGBTI, celui-ci peut-il se transformer, à son corps défendant, en un potentiel atout ?

A lire sur heteroclite.org.


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#Laver son linge sale#LGBT#pinkwashing#Société

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