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Actualités, enquêtes à Lyon et dans la région

Convoqués au commissariat ! L’ex-président de l’OL Jean-Michel Aulas attaque Rue89Lyon

Convoqués au commissariat ! L’ex-président de l’OL Jean-Michel Aulas attaque Rue89Lyon
Pierre Lemerle, directeur de la publication de Rue89Lyon, a dû se rendre au commissariat, vendredi 10 mai, comme deux de nos journalistes pigistes, Moran Kerinec et Raphaël da Silva.

Début mai, notre rédaction a appris que Jean-Michel Aulas et son fils, Alexandre, ont porté plainte contre Rue89Lyon pour diffamation. L’ancien patron de l’Olympique lyonnais nous reproche une enquête parue en octobre sur ses investissements à travers plusieurs paradis fiscaux dans un terminal de luxe pour jets privés à Miami, dont il est le co-fondateur.

La nouvelle est arrivée par une simple feuille volante déposée dans notre boîte aux lettres, sans accusé de réception. Mardi 7 mai, nous avons reçu à la rédaction une convocation au commissariat des 3e et 6e arrondissements, trois jours plus tard, dans le cadre d’une « commission rogatoire ». À cet instant, nous ne savons pas encore ce que l’on nous reproche.

À Rue89Lyon, on partage entre nous tous les pouvoirs. Malheureusement, la responsabilité légale d’une entreprise de presse ne pouvant être partagée, c’est notre directeur de publication, Pierre Lemerle, qui s’est plié à l’exercice de la convocation judiciaire. Avec un rendez-vous fixé le vendredi 10 mai, en plein week-end du pont de l’Ascension.

Le major de police chargé de notre audition nous apprendra les raisons de cette entrevue imposée. Une plainte en diffamation déposée à notre encontre par Jean-Michel Aulas, ancien boss de l’Olympique lyonnais, et son fils, Alexandre.

Mais pourquoi cette plainte de Jean-Michel Aulas ?

Rappel des faits. Le 16 octobre 2023 paraît sur Rue89Lyon une enquête intitulée « Les Aulas s’envolent en jet privé vers les paradis fiscaux ». Grâce à des documents extraits des Openlux, une large enquête sur le paradis fiscal luxembourgeois, notre article démontre que Jean-Michel Aulas est co-fondateur d’Embassair, un terminal de luxe pour jet privés à Miami. 

Nous prouvons que cette société appartient aux Aulas et à leurs amis investisseurs à travers un complexe jeu de poupées russes qui traverse les paradis fiscaux du Delaware, des Îles Vierges britanniques et du Luxembourg. Une démonstration longue et étayée que nous vous invitons à redécouvrir ci-dessous, et que nous mettons pour l’occasion en accès libre.

L’information est reprise par de nombreux médias et agace l’ancien propriétaire de l’OL. À la retraite depuis peu, Jean-Michel Aulas annonce sur X (ex-Twitter) porter plainte pour diffamation via sa holding Holnest. Dénonçant des « informations calomnieuses », il annonce « assigner en justice toute personne diffusant des informations trompeuses visant à calomnier et salir l’image de la société et de ses collaborateurs ».

Notre média n’est pas cité dans le communiqué. Aucun courrier ne nous a d’ailleurs été adressé. Depuis sept mois, nous n’avions aucune nouvelle de l’équipe d’Holnest. Contacté à plusieurs reprises en amont de la parution de l’article, ni Jean-Michel Aulas, ni son fils Alexandre, également concerné par l’enquête, n’avaient pris la peine de nous répondre.

Que sait-on à ce stade ?

Jean-Michel Aulas a décidé de déposer une plainte avec constitution de partie civile dirigée non seulement contre le directeur de publication mais aussi contre les deux journalistes auteurs de l’article. Juridiquement, il aurait pu poursuivre le directeur de la publication seul, en le citant directement devant le tribunal.

Résultat, outre Pierre Lemerle, directeur de publication de Rue89Lyon, les journalistes indépendants Moran Kerinec et Raphaël da Silva – qui ont enquêté pour nous – sont également visés par la plainte. Un premier journaliste a été auditionné le 16 mai.

Attaque en diffamation de Jean-Michel Aulas : pourquoi on vous en parle ?

Tout cela semble prendre tranquillement la route d’un « procès bâillon ». Selon toute logique, nous devrions être convoqués devant un juge prochainement. Pour l’équipe de Jean-Michel Aulas, millionnaire habitué de ces plaintes, il ne s’agit que d’une affaire judiciaire parmi d’autres. Pour Rue89Lyon en revanche, c’est un combat pour notre survie qui s’engage.

Indépendant, notre média appartient à ses journalistes. Nous n’avons ni fortune cachée dans des paradis fiscaux, ni riches investisseurs pour nous soutenir. Nous sommes libres, mais notre système économique reste fragile. 

Nous sommes totalement confiants dans nos informations et nos journalistes, à qui nous réaffirmons tout notre soutien. Mais nous savons que la procédure va nous prendre du temps, de l’énergie et, bien évidemment, de l’argent.

Selon le magazine Challenge, Jean-Michel Aulas est la 289e fortune française, avec un patrimoine estimé à 450 millions d’euros. À côté, les trois journalistes sociétaires de Rue89Lyon se payent à peine au-dessus du Smic.

Dans ce combat qui peut paraître inégal, nous avons un soutien que les Aulas n’ont pas : VOUS. Vous, lecteurs et lectrices, pouvez nous soutenir dans ce qui risque de devenir un long feuilleton judiciaire. 

Comment nous soutenir ?

Vous pouvez soutenir directement Rue89Lyon, en vous abonnant ou en faisant un don (défiscalisable jusqu’à 66 %). Votre aide précieuse permettra de continuer à enquêter et à gratter là où ça dérange dans la région lyonnaise.

Vous pouvez aussi partager cet article ainsi que l’enquête parue en octobre, aujourd’hui en accès libre. Une manière de vous faire un avis par vous-même et de laisser à d’autres l’occasion de le faire… Ne vous inquiétez pas, nous vous tiendrons au courant de la suite dès que possible !

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Une soirée de soutien à Kélé, jeune Guinéen menacé d’expulsion

Une soirée de soutien à Kélé, jeune Guinéen menacé d’expulsion
Arrivé en France à l’âge de 14 ans, Kéletigui Sylla surnommé Kélé, d’origine guinéenne, vit à Lyon depuis 10 ans. Pour tou·tes celles et ceux qui le côtoient, Kélé « force l’admiration par son parcours d’intégration ». Pourtant, le 11 mars 2024 il a reçu une nouvelle OQTF. ©Laury Caplat/Rue89Lyon

Kélé, jeune Guinéen de 24 ans arrivé en France il y a 10 ans, est frappé d’OQTF (Obligation de quitter le territoire français). Une soirée de soutien est organisée, vendredi 24 mai, dès 18h, à l’espace citoyen (Lyon 8e).

La loi immigration, dite « loi Darmanin », adoptée en décembre dernier, frappe vite.. et fort. Avec la multiplication des OQTF, même les personnes qui collent parfaitement au modèle « d’intégration » souhaité par le gouvernement sont menacées d’expulsion. Parmi elles, Keletigui Sylla, appelé Kélé, jeune homme d’origine guinéenne, arrivé en France il y a 10 ans, dont Rue89Lyon avait dressé le portrait en avril dernier.

Nombreux soutiens

Il n’a que 14 ans lorsqu’il pose bagages à Lyon. Après avoir connu la rue dans son pays natal, il a ciré des chaussures contre un maigre pécule et a rencontré un passeur. À partir de là, tout s’enchaîne. Le départ, les convocations par la police française, les tests osseux, la prison, le CRA (Centre de rétention administrative)… Malgré les galères, Kélé réussit à construire sa vie. Aujourd’hui, l’incertitude du lendemain pourrait recommencer. Depuis le 11 mars dernier, le jeune homme est visé par une OQTF.

Pour soutenir Kélé ainsi que tous les jeunes frappés d’OQTF, une soirée est organisée, vendredi 24 mai prochain, à partir de 18h à l’Espace citoyen (Lyon 8e). Le collectif Soutenez Kélé et le Réseau éducation sans frontière (RESF) 69 sont à l’origine de cette initiative, épaulés par la Ligue des droits de l’homme Lyon Confluence, et la Coordination urgence migrants (CUM). 

Théâtre, chant et poèmes pour soutenir Kélé

Au programme, concerts, lectures et expositions. Le tout, en présence de nombreux artistes, parmi lesquels Pat Kalla, Claudine Labègue, Thierry Renard, Bassirou Sigué, et bien d’autres. Tout au long de la soirée, les poèmes de Keletigui Sylla seront mis à l’honneur. 

Car oui, Kélé est un artiste. Au printemps 2023, il publie un recueil de poèmes, Écrire sans arrêt. Son œuvre a été exposée lors du festival « Écriture hors les murs » à Vaulx-en-Velin, samedi 3 juin dernier. Il chante, aussi. Sa voix s’est déjà mêlée à la chorale « Les Chant’ Sans Pap’Yé », et il fait du théâtre. Kélé à joué dans les ateliers de théâtre de la « Compagnie Waninga » et du « théâtre du Désordre des Esprits ». 

La réussite scolaire de Kélé

Implication artistique et réussite scolaire, le parcours de Kélé est sans embûche. Il décroche un CAP en 2016, un bac professionnel deux ans plus tard, ainsi qu’un BTS en commerce management opérationnel en 2023. 

« Rien ne justifie cette demande d’expulsion », écrivent le Collectif de soutien à Kélé et le Collectif jeune RESF 69 dans un communiqué. « Nous faisons donc appel à vous dans le but de mettre en lumière la situation de Kélé, et par là même celles des nombreux jeunes qui se heurtent aux mesures préfectorales actuelles », concluent les organismes. 

#soirée#soutien

« On est fatigués » : nouvelle expulsion de femmes et d’enfants à Lyon, la Ville assume et réplique

« On est fatigués » : nouvelle expulsion de femmes et d’enfants à Lyon, la Ville assume et réplique
L’expulsion du gymnase Chenfray s’est faite dans la violence. ©Jean Rémond/Rue89Lyo

Bis repetita. Trois semaines après l’expulsion en pleine nuit du gymnase Dargent (Lyon 8e), le gymnase Chanfray (Lyon 2e) a été occupé par une centaine de femmes et d’enfants sans-domicile fixe, mercredi 22 mai. En moins d’une heure, les forces de l’ordre ont expulsé les occupant.es. La Ville vise à nouveau les manquements de l’État. Récit.

Mercredi 22 mai. Une petite centaine de femmes et d’enfants en bas âge, sans domicile fixe, occupent le gymnase Chanfray (Lyon 2e). Elles sont accompagnées par certains collectifs, dont le Droit au logement (DAL), le collectif Solidarité entre femmes à la rue ou Jamais sans Toit.

L’objectif : « tirer la sonnette d’alarme sur la situation précaire de ces familles, et exiger la mise à disposition de logements », clame Marjorie Chencinski, membre du collectif Jamais Sans Toit. 

Occupation gymnase Chanfray femme à la rue
Des femmes et des enfants sans-abris investissent le gymnase Chenfray. ©Jean Rémond/Rue89LyonPhoto : ©Jean Rémond/Rue89Lyon

Sans-abrisme et expulsion à Lyon : « Tirer la sonnette d’alarme »

Le rendez-vous est fixé à 16h30, sur la place Guichard. Femmes et enfants arrivent au compte goutte, poussettes, cabas et sacs plastique en main. « On espère que ça va mieux se passer que la dernière fois. J’ai pris mon sac de couchage et à manger au cas où » avance Marjorie Chencinski.

Elle ne le sait pas encore, mais elle n’en aura pas besoin. Quand la membre du collectif parle de « la dernière fois », elle évoque l’expulsion du gymnase Dargent, occupé pour les mêmes motifs, dans la nuit du 3 mai dernier.

Moment de répit

Il est 17h20, l’heure de rejoindre le gymnase Chanfray. Devant le bâtiment, le groupe accélère le pas et entre. À l’intérieur, d’autres enfants s’exercent à la gymnastique, avant de quitter les lieux.

Occupation gymnase Chanfray femme à la rue
Des enfants dessinent lors de l’occupation du gymnase Chenfray, par des femmes à la rue. ©Jean Rémond/Rue89LyonPhoto : ©Jean Rémond/Rue89Lyon

Des matelas de sport sont poussés contre les murs. Les femmes s’y allongent, épuisées. Quelques enfants les rejoignent. Certains ont encore de l’énergie et sautent sur les équipements sportifs, rient, gonflent des ballons en forme de cœur ou dessinent sur une nappe en papier, étirée sur le sol. Un moment de répit, à l’abri des dangers de la rue.

Arrivée des forces de l’ordre

« Maman, tu peux attacher mon ballon ? », demande une fillette à Soussou (le prénom a été modifié). « Je suis dans la rue depuis 2019 avec mes cinq enfants, de 5 à 17 ans, et je n’ai jamais eu de logement, soupire la mère de famille. Aujourd’hui, je suis confiante, je pense que l’occupation va bien se passer et au moins, nous pourrons nous reposer un petit peu ». La mère de famille était présente lors de l’expulsion du gymnase Dargent.

Il est 18h20, deux policiers pointent le bout de leur nez. Ils ont mis moins d’une heure à arriver. Juliette Murtin, membre des collectifs Solidarité entre femmes à la rue et Jamais Sans Toit, observe les agents en uniforme, silencieuse. « Je pensais que cette fois-ci, notre occupation allait bien se passer. On dirait bien que non, ça recommence », se désole-t-elle. Ses mots sont lourds, son regard vide. 

Expulsion Lyon Occupation gymnase Chanfray femme à la rue
Lors de l’occupation du gymnase Chanfray, de nombreuses personnes étaient équipées de pancartes retraçant leur parcours de vie.Photo : Jean Rémond/Rue89Lyon

Un petit groupe de médiation va à la rencontre des forces de l’ordre. À côté, Jean-Stéphane Chaillet, 1er adjoint à la sécurité à la mairie du deuxième arrondissement, s’impatiente.

Il est arrivé il y a quelques minutes, fait des rondes, passe des appels. « Ce n’est pas de la solidarité, c’est de la prise en otage d’équipement public ! », souffle-t-il à une membre du collectif Solidarité entre femmes à la rue. 

Expulsion à Lyon : « Où allez-vous nous envoyer ce soir ? »

Quelques minutes plus tard, Pierre Oliver, maire (LR) du deuxième arrondissement de Lyon, entre dans le gymnase. « Bonjour monsieur le maire », lui chantonne, ironique, une des femmes du collectif, sans logement depuis plusieurs mois. L’élu fait un tour, observe, donne quelques entretiens aux médias sur place, puis se résigne à échanger avec les occupant.es des lieux. 

Occupation gymnase Chanfray femme à la rue
Une femme se met à genoux face à Pierre Oliver pour lui demander de l’aide et un logement.Photo : Jean Rémond/Rue89Lyon

Devant lui, la femme qui lui a dit bonjour se met à genoux. « Je vous en supplie monsieur le maire, aidez-nous, nous sommes fatiguées. Ayez pitié de nous et de nos enfants, je vous en supplie ». Une autre occupante prend le relais, le regard sombre. « Si vous nous expulsez, où allez-vous nous envoyer ce soir ? La dernière fois, après l’expulsion du gymnase Dargent, j’ai failli être violée à la Guillotière, je ne veux pas que ça recommence ! », lâche-t-elle. 

Organismes saturés

« Vous avez essayé d’appeler le 115 ? », demande l’élu ? « Il n’y a jamais de place« , rétorquent les femmes, en cœur. « Vous êtes passées à l’Ofii (L’Office français de l’immigration et de l’intégration) ? », interroge à son tour Jean-Stéphane Chaillet. « Pour ça, il faut attendre des mois, voire des années », clame une occupante. « Et pour le petit, il y a des possibilités d’hébergement d’urgence ? », questionne enfin le maire en pointant du doigt un nourrisson. « Monsieur, nous n’avons rien », conclut la mère de l’enfant. 

Occupation gymnase Chanfray femme à la rue
Les femmes et les enfants se rassemblent lors de l’occupation du gymnase Chanfray, alors que les forces de l’ordre entrent dans le gymnase.Photo : Jean Rémond/Rue89Lyon

Les femmes décident de s’asseoir sur le sol et entonnent des chants. « Nous sommes en danger » résonne dans le gymnase. Des enfants entourent les deux élus municipaux. Ils tiennent des pancartes, sur lesquelles sont écrits les récits tortueux de leur arrivée en France, de leur vie dans la rue, de leurs galères. 

« Ce que j’aimerais, c’est que tous les protagonistes (la Ville, la Métropole et l’État, ndlr) se mettent autour d’une table pour trouver une solution digne » explique Pierre Oliver. En attendant, les acteurs se renvoient la balle, quand femmes et enfants vivent toujours dans la rue.

Pierre Oliver demande l’expulsion

De son côté, Pierre Oliver a « demandé à ce que le gymnase soit évacué » et ne s’en « cache pas », car « certaines personnes ont payé des séances de sport pour leurs enfants et ne peuvent pas en bénéficier dans cette situation ». Une demande validée par la mairie centrale.

Un avis d’expulsion est signé, l’expulsion ne saurait tarder. « Au gymnase Dargent, nous nous sommes laissées faire, mais cette fois, nous allons voir jusqu’où les policiers sont prêts à aller. Nous allons voir s’ils vont toucher nos enfants et pour ça, nous ne bougerons pas ! », clame une femme, encouragée par ses camarades. 

Expulsion Lyon Occupation gymnase Chanfray femme à la rue
Lors de l’occupation du gymase Chanfray, une fillette observe les forces de l’ordre pénétrer dans le bâtiment.Photo : Jean Rémond/Rue89Lyon

Un vote est organisé : les occupant.es ne partiront pas de leur plein gré. Une vingtaine de policiers encerclent le groupe, assis au milieu du gymnase. Les forces de l’ordre commencent par prendre les poussettes, sacs et autres affaires personnelles des occupant.es pour les mettre à l’extérieur. Et puis, une fois qu’il n’y a plus que des femmes et des enfants dans l’établissement sportif, la force prend le relais. 

Expulsion musclée du gymnase Chanfray à Lyon

Expulsion Lyon Occupation gymnase Chanfray femme à la rue
Un policier observe une femme crier sa peine, lors de l’expulsion du gymnase Chanfray.Photo : Jean Rémond/Rue89Lyon

Les femmes, âgées, malades ou enceintes sont traînées au sol. Les enfants ne sont pas non plus épargnés. Des pleurs, des cris. « Nous sommes fatiguées, nous sommes fatiguées” » répète en boucle une femme, allongée au sol. Il y a quelques jours, Rue89Lyon l’avait rencontrée lors d’un rassemblement organisé par le collectif Solidarité entre les femmes à la rue. Cette mère de deux enfants s’était faite agressée à la gare Part-Dieu deux jours avant notre échange, son fils de 12 ans s’était interposé.

Face à elle, sa fille pleure. La mère de famille sera finalement portée par trois policiers, puis mise dehors, ou des membres du Droit au logement ont organisé un rassemblement de soutien.  Non loin, une femme d’un certain âge est traînée au sol. « Elle est malade et âgée ! », prévient une occupante. Rien y fait, les forces de l’ordre persistent. « Vous me faites mal ! », hurle la concernée, impuissante.

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Une mère de deux enfants est portée par trois policiers, afin d’être expulsée du gymnase Chanfray.Photo : Jean Rémond/Rue89Lyon

Après l’expulsion, l’inévitable retour à la rue à Lyon

Alors que les expulsions de squats et autres bâtiments publics sont fréquentes à Lyon, à l’image du Casse-Dalle le 16 mai dernier, celle du gymnase Chanfray ravive les tensions entre collectifs et la mairie, qui a réagi dans la soirée via un communiqué. 

La Ville de Lyon mobilise des moyens inédits pour aider les familles à la rue. Pour autant, nous ne pouvons pas accepter que des équipements municipaux soient utilisés sans autorisation au détriment des usagers. Ce fut le cas au début du mois au gymnase Dargent dans le 8e, c’est le cas ce jour au gymnase Chanfray dans le 2e arrondissement. Une nouvelle fois, nous attendons une mobilisation des services de l’État à la hauteur des besoins […] Malgré le soutien de la municipalité, le collectif emploie aujourd’hui des méthodes d’occupation ciblées d’équipements exclusivement municipaux. Ceci n’est pas acceptable.

Communiqué de la mairie de Lyon, dans la soirée du mercredi 22 mai.

Une fois toutes les occupant.es à l’extérieur, les policiers s’en vont, sous les huées de la foule. « Nous sommes habituées aux expulsions, mais là, c’était particulièrement violent, s’insurge Davina*. Une femme enceinte saignait et les policiers n’ont rien voulu savoir ». Elle prend sa fille dans un bras, tire une poussette de l’autre.

Occupation gymnase Chanfray femme à la rue
Une femme en pleurs lors de l’expulsion du gymnase Chanfray.Photo : Jean Rémond/Rue89Lyon

Femmes et enfants repartent, sous la pluie, avec, bourrés dans leurs sacs, leurs rares effets personnels. Tout le monde se rend devant l’Opéra de Lyon pour y passer la nuit. « Un toit, c’est un droit », résonne de nouveau dans les rues. La galère recommence pour ces familles, pour lesquelles aucune solution d’hébergement n’a été proposée.

Dîner des sommets : condamné à donner la liste des invités, Wauquiez fait appel

Dîner des sommets : condamné à donner la liste des invités, Wauquiez fait appel
Laurent Wauquiez lors de son premier discours de victoire aux élections régionales 2021 à son QG.

Le tribunal administratif de Lyon vient de condamner Laurent Wauquiez (LR) à transmettre la liste des invités au « dîner des sommets ». Ce rendez-vous informel – à la note somptuaire – avait réuni des notables locaux en 2022 aux frais du contribuable. La région Auvergne Rhône-Alpes a d’ores et déjà annoncé son intention de faire appel.

On pensait avoir le début d’un dénouement d’un croustillant (et coûteux) feuilleton. Le tribunal administratif (TA) de Lyon vient de condamner le président de la région Auvergne Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez (LR), à transmettre à ses opposants politiques la liste des invités au dîner des sommets. Ce rendez-vous entre « personnalités » a été organisé en 2022 aux frais du contribuable.

Contactée par Rue89Lyon, la Région a immédiatement annoncé vouloir faire appel de la décision, sans faire de commentaire supplémentaire.

La grande bouffe, à la généreuse note de près de 150 000 euros en comprenant les frais de conseil, avait eu lieu le 23 juin 2022 dans un luxueux château du Beaujolais, le château de La Chaize, propriété du millionnaire Christophe Gruy.

Le tribunal administratif suit le rapporteur public

Notre partenaire Mediapart révélait en octobre de la même année le montant astronomique de ce dîner offert à 90 personnalités locales, « issues de tous les horizons » afin de « créer de grandes synergies entre les acteurs de la région », selon la com’ de la Région autour de l’évènement. Soit plus de 1100 euros par convive, sans compter les frais de conseil.

Dans son délibéré, le tribunal administratif (TA) de Lyon déclare « qu’il est enjoint au président du conseil régional d’Auvergne-Rhône-Alpes de communiquer (…) dans un délai de 15 jours à compter de la notification du présent jugement, la liste des personnes invitées au « dîner des sommets » du 23 juin 2022. »

La décision du TA a suivi les conclusions du rapporteur public datées du 7 mai dernier. Depuis le dévoilement du scandale par Mediapart, le dîner des sommets fait l’objet de toutes les attentions médiatiques et politiques.

Dîner des sommets : la Région joue (encore) la montre

Interpellé par ses opposants, notamment le groupe d’opposition Socialiste, écologiste et démocrate, Laurent Wauquiez a toujours rechigné à transmettre les documents administratifs relatifs à ce dîner des sommets, dont l’organisation s’est révélée pour le moins opaque.

Le groupe a d’abord fait une demande d’informations auprès de la Région. À la suite d’un refus de celle-ci, elle a saisi la Cada (commission d’accès au document administratif). Cette dernière a jugé « communicable » plusieurs documents demandés par les élus d’opposition (la liste des invités, les documents attestant de l’intérêt du dîner pour valoriser la Région et les documents annonçant de futurs événements). Après une tentative de médiation manquée, le TA de Lyon aura finalement donné raison à l’élu socialiste Johann Cesa, mais uniquement sur la liste des invités.

Mais celle-ci ne risque pas d’être communiquée de sitôt, la Région jouant la montre avec cet appel, après avoir défendu, le 7 mai dernier, qu’il « n’existait pas de délibération ou de décision spécifique à l’organisation du dîner des sommets« . Outre le volet administratif, une enquête du parquet national financier est toujours en cours sur l’organisation du dîner des sommets.

Européennes : Marie Toussaint, tête de liste écologiste, en campagne à Lyon

Européennes : Marie Toussaint, tête de liste écologiste, en campagne à Lyon
Vue de Lyon depuis le jardin des Curiosités (5e).

Jeudi 23 mai, Marie Toussaint, la tête de liste écologiste pour les élections européennes sera en visite à Lyon. Elle y donnera une réunion publique avec plusieurs élus écologistes locaux.

Alors que la date des élections européennes arrive à grand pas, le 9 juin, les Écologistes font halte à Lyon pour leur campagne. Une réunion publique est organisée avec la tête de liste, Marie Toussaint, jeudi 23 mai à 19 heures. Le rendez-vous est donné au théâtre flottant l’Île O, dans le 7e arrondissement.

Alors que sa campagne peine à trouver une dynamique, et que sa liste est à la peine avec 5% d’intention de vote dans les sondages, Marie Toussaint devrait trouver un public acquis à Lyon, bastion écologiste. Le maire de la ville, Grégory Doucet (EELV), le président de la Métropole Bruno Bernard (EELV) et la député du Rhône Marie-Charlotte Garin (EELV) seront tous les trois à ses côtés. La présidente du parti, Marine Tondelier, devrait se joindre à la réunion.

On retrouve sur la liste de Marie Toussaint une élue lyonnaise : Sophia Popoff, adjointe au maire de Lyon au Logement. En 19e position, elle n’a que peu de chance d’être élue.

Lyon, un bastion écologiste pour mobiliser aux européennes ?

Aux élections européennes de 2019, la liste écologiste était arrivée en deuxième position à Lyon avec un score de 20,92% (contre 13,47% au niveau national). Elle était arrivée en deuxième position derrière celle de Nathalie Loiseau (En marche) (28,76%).

Cette année 2024, les sondages ne sont pas au beau fixe pour Marie Toussaint. L’écologiste est créditée de 5% des voix, soit le pourcentage minimal pour pouvoir envoyer des élus à Bruxelles. Il lui faudra encore convaincre pour éviter l’effet « vote utile » chez ses électeurs, qui pourraient vouloir se reporter sur la liste de Raphaël Glücksmann (Place Publique/PS), en bonne dynamique. Avec 14,5% d’intention de vote, il se place juste derrière la liste macroniste portée par Valérie Hayer (15%).

Une deuxième édition pour le revendicatif « carnaval des Pentes » à Lyon

Une deuxième édition pour le revendicatif « carnaval des Pentes » à Lyon
Au jeu de la meilleur pancarte, les opposants à la réforme ont tenté d’innover lors de la manifestation à Lyon.

Le carnaval des Pentes revient à Lyon, vendredi 24 mai. Le rendez-vous est donné à 20 heures sur la place de la Croix-Rousse (Lyon 4e), pour une déambulation jusqu’à la place des Terreaux (Lyon 1er). Une manifestation « contre les Jeux Olympiques, la guerre en Palestine et les réformes » du gouvernement.

On connaissait le carnaval des Dragons de Saint-Georges, moment populaire et festive dans le 5e arrondissement, organisé chaque année en mai à Lyon. Moins connu (et plus jeune), le carnaval des Pentes en est le pendant politique et revendicatif.

Pour sa deuxième édition, il se tiendra le 24 mai à 20 heures, sur la place de la Croix-Rousse. Au programme, les traditionnels déguisements, fanfares, confettis et feux d’artifices. Tout comme le caramantran, ce mannequin, vêtu de loques et de guenilles, catalyseur des colères populaires, symboliquement brûlé en place publique. Attention, “qui n’est pas déguisé sera enfariné”, comme le veut la tradition.

Le carnaval des Pentes : une déambulation aux revendications politiques

Cette année, l’événement se veut “antisexiste, antifasciste, antiraciste et anticapitaliste”, selon les mots des associations partenaires de l’événement, une quarantaine au total. Ces dernières ajoutent que le Carnaval des Pentes, qui avait déjà eu lieu l’année dernière, se place aujourd’hui contre “ les Jeux Olympiques, la guerre en Palestine et les réformes de Macron”. 

Parmi les signataires de l’appel à manifester se trouvent diverses organisations de gauche et d’extrême gauche de la région, comme l’Assemblée des Gilets jaunes Lyon et Environs, les Soulèvements de la Terre, le syndicat lycéen MNL 69, la Maison de l’écologie, Urgence Palestine Lyon, le collectif Lesbiennes contre le patriarcat ou le média alternatif Lyon Insurrection, qui a annoncé la manifestation.

En 2023, le carnaval avait rassemblé environ 300 personnes selon la police, et 3000 selon les manifestants, dans un contexte de forte mobilisation contre la réforme des retraites. Outre la déambulation festive, la colère des manifestants s’était aussi exprimée par la casse de vitrines et des tags sur la mairie du 1er arrondissement. Une personne avait été interpellé.

Fermeture des restaurants à Lyon : un emballement médiatique autour des enjeux sanitaires

Fermeture des restaurants à Lyon : un emballement médiatique autour des enjeux sanitaires
Plusieurs restaurants de la Presqu’Île de Lyon ont subi une fermeture administrative pour raison d’hygiène, mais la rue Mercière a été épargnée.

Depuis le début de l’année, les articles de presse locale faisant état de fermeture administrative de restaurants et autres commerces de bouche se sont multipliés à Lyon et ses alentours. En cause, des contrôles sanitaires en augmentation, certes, mais aussi une passion médiatique pour la question. Décryptage. 

Oullins-Pierre-Bénite, au sud de Lyon. Un restaurant vient de rouvrir, en avril, après cinq jours de fermeture administrative. La Direction départementale de la protection des populations (DDPP) lui a ordonné de fermer ses portes le temps de régler plusieurs problèmes importants d’hygiène.

Le restaurateur, ayant préféré rester anonyme pour éviter une mauvaise publicité, nous accueille dans sa salle. Il ne décolère pas. « On a la cuisine entièrement ouverte, tout est nickel. On ne triche pas, on ne cache rien. D’ailleurs, les clients sont revenus dès qu’on a rouvert. C’est une preuve de leur confiance », plaide-t-il. 

Plus au nord, dans le 1er arrondissement de Lyon, ce jeune chef d’un petit restaurant se prépare lui à la visite inopinée de la DDPP ou de son prestataire, Bureau Veritas. Il confie : « Il y a une crainte générale. On essaie déjà d’avoir de bonnes pratiques, mais là, ils cherchent la petite bête. C’est une pratique particulière de contrôler peu, puis de se dire « on casse la gueule à tout le monde », tout d’un coup ». 

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À l’ouest de Lyon, un atypique cimetière des animaux pour faire son deuil

À l’ouest de Lyon, un atypique cimetière des animaux pour faire son deuil
Mike, un chien au cimetière des animaux de Bessenay.

En 1979, naissait le troisième cimetière des animaux domestiques de France à Bessenay, à l’ouest de Lyon. 45 ans après, il accueille quelques centaines d’âmes. Un lieu avec ses cérémonies d’hommage et ses habitués, qui interroge sur la gestion du deuil d’un animal de compagnie.

L’émotion est palpable, ce samedi matin d’avril, à Bessenay. Dans cette commune à 45 minutes en voiture à l’ouest de Lyon, une famille entière est venue se recueillir en mémoire d’Ulyssia, une petite chienne de quatre mois à peine, au cimetière des animaux. Devant le columbarium, un lieu où sont regroupées des urnes funéraires, une maman, inconsolable, pleure la perte de sa « petite boule de neige ». « Les mois à côté de toi ont été du bonheur, lâche-t-elle. C’est de ma faute si tu es partie, je m’en veux, si tu savais… » 

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Dans les Monts d’Or, l’expérience d’une ferme agroécologique et féministe

Dans les Monts d’Or, l’expérience d’une ferme agroécologique et féministe
Au nord-ouest de Lyon, cette ferme est reconnue Atelier et chantier d’insertion. Olivia de Roubin, à gauche, est la fondatrice de Terre de Milpa.

Dans les Monts d’Or, au nord-ouest de Lyon, des collectivités locales ont racheté une ferme à l’abandon, à Saint-Didier-au-Mont-d’Or. L’association Terre de Milpa s’attache à y redonner vie avec une approche sociale et féministe. Mais son développement reste fragile.

En ce matin printanier de mai, le massif des Monts d’Or, au nord-ouest de Lyon, resplendit. La végétation est luxuriante sur le plateau de Moyrand Charézieux, à Collonges-au-Mont-d’Or. Paloma, qui avait commencé une thèse en Hongrie avant de devoir partir, Olga, qui était agricultrice en Ukraine et une petite dizaine d’autres salariées en insertion, en majorité des femmes, plantent des oignons.

Elles sont embauchées pour des contrats de 26 heures par semaine et bénéficient d’un accompagnement sur leurs “freins” (langue, santé, logement, etc.). Laure Parasote, l’une des cinq permanentes de l’association Terre de Milpa, les encadre sur la partie maraîchage. « Mettre les mains dans la terre, ça fait du bien. Il se passe quelque chose, qu’on aille bien ou pas », indique l’encadrante technique, par ailleurs ancienne bénévole.

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À Villeurbanne, des locataires continuent leur lutte contre un « marchand de sommeil »

À Villeurbanne, des locataires continuent leur lutte contre un « marchand de sommeil »
Des membres du DAL et habitant·es de logements insalubres à Villeurbanne protestent devant l’hôtel de Ville

[Droit de suite] À Villeurbanne, des locataires sont victimes d’un « marchand de sommeil » et vivent dans des logements insalubres aux loyers très élevés. En septembre 2023, Rue89Lyon avait publié une enquête sur leur situation. Depuis, rien n’a changé selon eux. Contacté, le propriétaire réfute les accusations de ses locataires.

Devant l’Hôtel de ville de Villeurbanne, mercredi 15 mai, une quinzaine de personnes sont rassemblées parapluies dans une main et pancartes dans l’autre. Elles affichent des photos d’appartements insalubres avec des trous et des fissures. « Je veux un toit, qui ne s’effondre pas sur moi », chantent des membres du Dal 69 (Droit au logement).

L’association a organisé ce rassemblement avec des résidents·es du 46 rue Léon Blum, dans le quartier Grandclément à Villeurbanne, pour dénoncer leurs conditions de vie « catastrophiques ». Bâtiment « complètement abandonné », logements insalubres, présences de nuisibles… La situation est critique. Les locataires paient de surcroît des loyers élevés.

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