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« Si l’on souhaite vraiment protéger l’environnement, il faut s’engager dans la désobéissance »

[Militants écolos à Lyon] Samedi 5 mars, plus de 1500 militants écolos ont manifesté dans le quartier de Vaise (Lyon 9e) contre le géant de l’industrie pharmaceutique et agrochimique Bayer-Monsanto. Des étudiants en journalisme de l’université Lyon 2 sont allés à leur rencontre. Nous publions leurs portraits.

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César, militant de Youth For Climate, est venu d'Angers participer aux "Soulèvements de la Terre" contre Bayer-Monsanto à Lyon

Etudiant en écologie, César s’est engagé au sein du collectif Youth For Climate (YFC). Samedi dernier, il est venu d’Angers pour participer au rassemblement “Les Soulèvements de la terre“  contre Bayer-Monsanto.

« Je me suis vraiment engagé quand j’ai réalisé que les actes individuels ne changeaient pas grande chose. ».

Comme pour beaucoup de celles et ceux interrogés lors de la manifestation contre Bayer-Monsanto, la lutte contre le réchauffement climatique est une priorité vitale pour César.

César est très impliqué dans Youth For Climate dont le coup d’éclat date du 15 mars 2019. « YFC » avait réuni plus de 200 000 jeunes dans toute la France dans le cadre de la journée mondiale de grève scolaire pour le climat. Leur objectif : sensibiliser et surtout dénoncer l’inaction des dirigeants politiques en matière de justice climatique et sociale, de protection de l’environnement et de biodiversité. A cette époque, César était lycéen.

« Nous comptons dans les rangs de Youth For Climate, des lycéens, des mineurs, qui sont extrêmement engagés », précise César, qui, a aujourd’hui vingt ans et est étudiant.

«Avec les rapports du GIEC, tu te rends compte que les actes individuels ne suffisent pas » 

César a toujours voulu intégrer un collectif militant, « J’ai très tôt était sensibilisé à l’urgence climatique ». Tout commence au lycée où certains professeurs impliqués dans la sensibilisation environnementale l’initient aux bons gestes écolos :

« Éteindre la lumière lorsqu’on sort d’une pièce, trier ses déchets, prendre des douches courtes, etc», récite celui qui a bien retenu la leçon.

Étudiant en écologie, il a choisi ce cursus pour pouvoir protéger l’environnement à son échelle. Mais son constat est sans appel : si ses études lui apportent un regard différent sur les écosystèmes, elles ne lui permettent pas d’agir.

« En travaillant dans le milieu, on ne participe pas directement à la protection de l’environnement, car le problème ne s’arrête plus à la conservation des espèces, le problème est politique. Si l’on souhaite vraiment protéger l’environnement, il faut s’engager dans la désobéissance », conclut-il.

Pour César, les responsables de l’urgence climatique et de la disparition de la biodiversité sont les grandes entreprises et les politiques. Ils toléreraient presque la dégradation de la planète en faveur des intérêts économiques.

« On s’adresse aux politiciens, car ce sont eux qui jouent le rôle d’intermédiaire entre les grandes entreprises et nous », ajoute-t-il.

Sur le militantisme, César estime qu’aucun militant ne s’engage sur un coup de tête : « Je pense qu’il y a une sorte de gradation dans l’engagement », associant l’engagement à un déclic « à travers les médias, par exemple, tu vois le rapport du GIEC – Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat – et tu te rends compte que les actes individuels ne suffisent pas ».

César, militant de Youth For Climate, est venu d'Angers participer aux "Soulèvements de la Terre" contre Bayer-Monsanto à Lyon
César, militant de Youth For Climate, est venu d’Angers participer aux « Soulèvements de la Terre » contre Bayer-Monsanto à Lyon

« Je suis plutôt pessimiste »

Le collectif Youth For Climate multiplie ses actions : au niveau local grâce à ses différentes antennes implantées en France, au niveau national et au niveau international, en s’alliant à des collectifs étrangers. En effet, les 25 et 26 mars prochains, le mouvement se mobilise partout dans l’Hexagone, en tant qu’antenne française du mouvement international Fridays For Future qui appelle à une grève internationale.

« Localement, on mise plutôt sur des petites actions. À titre d’exemple, ça nous arrive de faire un tour dans les magasins concernés par l’exploitation des Ouïghours où on colle des étiquettes de dénonciation sur les vêtements exposés », raconte-t-il. Quant aux grandes actions prévues au niveau national, César a préféré ne pas donner davantage de détails : « On ne peut pas les divulguer, il ne faut pas que les flics soient au courant. »

Il rappelle qu’en septembre 2021, sept jeunes militants de Youth For Climate, poursuivis pour avoir participé à un squat dans le dixième arrondissement de Paris, ont vu leurs métadonnées transmises à la police. La justice française avait saisi Europol pour récupérer auprès de Protonmail – une messagerie chiffrée suisse – les adresses IP d’activistes de « YFC », dont le domicile a été par la suite perquisitionné. Des lignes téléphoniques ont aussi été mises sous écoute. 

« Je suis plutôt pessimiste », c’est sur cette phrase que le militant a choisi de clore notre échange. Selon lui, la planète Terre se rapproche du pire des scénarios :

« A ce stade, tout repose sur l’action de l’État et des entreprises ! Nous appelons à un changement de modèle, un virage radical, des mesures rapides et drastiques. »


#Monsanto

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