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Cet été à Lyon, un festival d’actes racistes

Cet été, la Métropole de Lyon a été le théâtre d’une profusion d’actes racistes : deux séries de tags antisémites, deux incendies de mosquées, des croix gammées devant une pizzeria, le saccage d’un restaurant et une lettre anonyme au maire de Givors. Voici une triste séance de rattrapage.

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Actes racistes, incendies de mosquées, tags antisémites et menaces de morts à Lyon été 2020

1/ Tags antisémites sur des affiches de David Kimelfeld à Lyon

Les tags ont été découverts le mardi 23 juin, quelques jours avant le second tour des élections métropolitaines.

Sur plusieurs affiches de campagne des circonscriptions Lyon-Centre et Lyon-Est du président de la Métropole de Lyon (LREM dissident), des sortes de kippas et une étoile de David ont notamment été dessinées au marqueur.

En réaction, David Kimelfeld a repris une citation de l’historien et résistant Marc Bloch :

« Je ne revendique jamais mon origine que dans un cas : en face d’un antisémite ».

Le Progrès rappelait que n’est pas la première fois que David Kimelfeld était la cible d’attaques antisémites.

2/ Saccage du restaurant « Les Tontons Burgers » (Lyon 9e)

Dans la nuit du 14 au 15 juillet, le restaurant « les Tontons Burgers » a été saccagé. Un vandalisme accompagné de nombreux tags racistes.

Côté dégradations, la liste est longue. Notamment :

  • porte extérieure en verre brisée
  • un dégât des eaux
  • des fils électriques coupés
  • de l’huile renversé sur les fauteuils

En matière d’inscriptions racistes, on note de nombreux « FN » et « à mort les arabes » peints à la bombe verte.
Sur la devanture, un autocollant du mouvement d’extrême droite Génération identitaire a été retrouvé.

A l’initiative d’ « Agir pour l’égalité », un petit rassemblement a eu lieu en soutien et pour dénoncer la multiplication des actes racistes le 30 juillet.

A cette occasion, le propriétaire du restaurant Omar Zarioh s’est exprimé pour réclamer justice :

« J’ai porté plainte même si les policiers qui sont venus faire les constations m’ont dit que ça n’allait par aboutir à grand chose. Je veux que justice soit rendue. »

Un des tags racistes sur les murs du restaurant les Tontons Burgers, découvertes le 15 juillet 2020. ©LB/Rue89Lyon
Un des tags racistes sur les murs du restaurant les Tontons Burgers, découvertes le 15 juillet 2020. ©LB/Rue89Lyon

3/Croix gammées sur une pizzeria à Sainte-Foy-lès-Lyon

Dans la nuit du 18 au 19 juillet, des tags racistes ont été inscrits devant un commerce de Sainte-Foy-lès-Lyon, a révélé Le Progrès, quelques jours après les faits.

Plusieurs croix gammées et des insultes (« sales arabes dehors ») ont été tracées à la peinture blanche devant la pizzeria du centre commercial Chavril.

Interrogés par Le Progrès, le patron du commerce, Amine, et son employé, Bilel, se disaient « très choqués ». Ils ajoutaient :

« C’est la première fois que quelque chose comme ça arrive, ça fait dix ans qu’on est là. Pourquoi sont-ils venus faire ça ici ? ».

Capture d'écran Le Progrès

4/ Incendie à la mosquée « Omar » de Bron

Le 7 août, vers 3h du matin, un incendie s’est déclenché dans un local annexe de la mosquée « Omar » de Bron, rue Philippe-Goy. Les dégâts ont été considérables.

Dès les premières constatations faites, le parquet de Lyon communiquait sur le sujet, en affirmant qu’il s’agissait certainement d’un incendie criminel « compte tenu de deux départs de feu constatés à deux endroits différents du local ».

L’incendie a été maitrisé et aucune victime n’est à déplorer, a précisé le procureur de la République.

5/ Second incendie de l’été : à la mosquée « Essalam » de Perrache (Lyon 2)

Une semaine après la mosquée « Omar » de Bron, la mosquée « Essalam » (la paix) de Perrache (Lyon 2ème) a été victime d’un incendie le 13 août à 2h16 du matin.

Comme pour la mosquée de Bron, les premières constatations ont conduit le parquet « à privilégier l’hypothèse criminelle », ce qui a conduit l’ouverture d’une enquête confiée à la sûreté départementale. Aucun blessé n’était à déplorer.

Le lendemain, le vendredi 14 Août à 15h, le Conseil des Mosquées du Rhône (CMR) appelait à un rassemblement devant cette mosquée de Perrache, sise au 63, rue Delandine.

Dans un communiqué, le CMR exprimait « sa plus vive indignation et sa grande inquiétude face à la recrudescence de la violence et la montée significative des actes antimusulmans dans le Rhône ».

Ces représentants musulmans invitaient « l’ensemble de la classe politique, les responsables des cultes et les personnalités de la société civile de la métropole de Lyon à marquer leur opposition à la haine en participant à [leur] rassemblement pacifique ».

Le communiqué était signé par le président du CMR, Kamel Kabtane, le recteur de la grande mosquée de Lyon, cible de Génération identitaire qui avait notamment projeté deux visuels pour dénoncer un appel à la prière durant le confinement.

« Cette affaire m’a beaucoup marqué, déclarait Kamel Kabtane à Rue89Lyon à la fin du mois de juillet. Lyon est la seule région où le dialogue religieux est aussi fort. Mais là, il y a eu un manque de solidarité. »

6/ Tags antisémites dans le 5ème arrondissement

Les tags « Heil Hitler » et « Juden » ont été découverts le 18 août sur la palissade d’une maison au 6 rue Belissen (Lyon 5ème).

Comme pour les incendies de mosquées, les réactions ont été nombreuses. Repris dans Le Progrès, le maire de Lyon, Grégory Doucet affirme :

« Aucune forme de haine ne sera admise à Lyon ».

Il condamne « les auteurs de ces actes abjects (qui) souillent l’esprit humaniste de notre ville et nous mettent tous en danger. »

La Licra a annoncé saisir la justice. Le député de la circonscription, Thomas Rudigoz (LREM), a soutenu cette démarche en tweetant :

« Les actes racistes et antisémites se multiplient. Nous devons tous lutter contre le fascisme et l’extrême droite ».

7/ Menaces de morts et insultes racistes contre le maire de Givors

Le 21 août, le nouveau maire de Givors (écologiste) Mohamed Boudjellaba a reçu un courrier anonyme de quatre pages contenant des insultes racistes accompagnées de menaces de mort.

Le lendemain, il a rendu public une partie du contenu sur Twitter. On peut lire :

« Allez fous le camp bougnoule si tu ne veux pas brûler comme 1 merguez », « on sait encore se servir d’1 mitraillette »

Ou bien :

« tu sais comment ça fait une bombe dans une habitation, ça fait boum »


« Choqué et blessé », le maire a porté plainte.

Son tweet a déclenché des dizaines de messages de soutien de personnalités locales comme nationales, de gauche comme de droite.


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