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Pollution : dites bonjour à la « Zone à faibles émissions » de la Métropole de Lyon

La « Zone à faibles émissions » ou ZFE entre en vigueur aujourd’hui, 1er janvier 2020. Pour fêter sa naissance, Lyon et son agglomération vivent un deuxième pic de pollution aux particules fines en un mois. En quoi consiste ce plan de restriction de la circulation automobile censé permettre de lutter contre la pollution de l’air ?

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Panneau de signalisation indiquant la ZFE dans la Métropole de Lyon

Quels sont les véhicules concernés par la ZFE ?

Depuis ce 1er janvier 2020, ne peuvent circuler et stationner dans cette Zone à faibles émissions (ZFE) que les véhicules utilitaires et camions possédant la bonne la vignette Crit’Air.

Sont donc interdits les poids-lourds et les utilitaires les plus polluants, à savoir :

  • En 2020, les poids-lourds et véhicules utilitaires légers non classés et vignettes Crit’Air 4-5.
  • En 2021, les poids-lourds et véhicules utilitaires légers non classés et vignettes Crit’Air 3-4-5.

Par conséquent, les véhicules des particuliers ne sont pas concernés par ces mesures restrictives.

Classification Crit'Air
Classification des vignettes Crit’Air pour les véhicules utilitaires légers. DR.

Quel est le périmètre de restriction de circulation ?

Le périmètre de la ZFE est essentiellement le centre de la Métropole et Caluire. Plus précisément :

  • Lyon et Villeurbanne à l’ouest du périphérique
  • toute la commune de Caluire-et-Cuire
  • Un petit bout de Bron et Vénissieux (seulement les parties à l’ouest du périphérique)

L’A6/A7 n’est pas concernée par le périmètre d’exclusion.

Périmètre de la Zone à faibles émissions (ZFE) de Lyon.

Combien de véhicules sont concernés ?

Selon les derniers chiffres collectés par la Métropole, 21% des véhicules utilitaires (28 000 sur 130 000) et 16% des poids lourds (4 000 sur 24 000) pourraient être concernés en 2020. Soit au total près de 32 000 véhicules qui ne seraient plus autorisés à circuler et stationner dans le périmètre de la ZFE.

Existe-t-il des dérogations pour les véhicules concernés ?

Des dérogations sont prévues. De trois ordres :

  • Des dérogations permanentes pour les « véhicules d’intérêt général » (ambulances, pompiers, véhicules de secours, militaires,…) et les véhicules des handicapés.
  • Des dérogations pour une durée de 3 ans pour les véhicules qui sont difficiles à changer « dans des délais courts » (camions bétonnières, les bennes amovibles et bennes basculantes, les porte-engins,…).
  • Des dérogations d’une durée de 12 mois, renouvelables une fois, pour des véhicules affectés à un service public, véhicules d’approvisionnement des marchés…

Quelles sont les horaires d’application ?

À partir du 1er janvier 2020, la ZFE est permanente. Ces mesures s’appliquent donc 24h/24 et 7j/7 et pas seulement au moment des pics de pollution.

Pourquoi les véhicules professionnels et pas ceux des particuliers ?

Pour plusieurs raisons selon la Métropole de Lyon. Tout d’abord, la prise en compte de la « question sociale ». Lors de la présentation de la ZFE à la presse, David Kimelfeld dessinait une ligne rouge :

« On a recherché le meilleur équilibre possible. On ne va pas pénaliser les plus précaires. Pour ne pas diminuer les revenus des plus fragiles, nous nous sommes concentrés sur les véhicules professionnels ».

S’agissant du dioxyde d’azote (NO2), ce sont ensuite les véhicules professionnels qui polluent relativement le plus, comme le rappelait le vice-président à l’environnement, Thierry Philip, en avril 2018 :

« Les poids lourds et utilitaires représentent 25 % des kilomètres parcourus dans l’agglomération mais 50 % des émissions de NO2 ».

Pour justifier également cette ZFE limitée aux véhicules professionnels, la Métropole de Lyon insiste sur la baisse de plus de 50% des émissions annuelles de dioxyde d’azote (NO2), et des particules fines (PM10) et (PM2.5) en 17 ans sur son territoire. En clair, pour la Métropole de Lyon les choses vont déjà dans le bons sens, pas besoin de pénaliser l’ensemble des automobilistes. (Voir le graphique ci-dessous).

La Métropole de Lyon est-elle la seule à mettre en place ce dispositif ?

Non. Normalement, d’ici la fin de l’année 2020 d’autres agglomérations doivent le mettre en place : le Grand Paris, Aix-Marseille, Strasbourg, Nice, Toulouse, Montpellier, Clermont, Saint-Etienne, Reims, Toulon, Rouen et Fort-de-France.

Panneau de signalisation indiquant la ZFE dans la Métropole de Lyon
Panneau de signalisation indiquant la ZFE dans la Métropole de Lyon. Photo Rue89Lyon

D’autres en France ou en Europe, ont par ailleurs pris des mesures complémentaires ou permanentes. Parfois plus drastiques. Comme Paris qui a annoncé la fin progressive du diesel, Milan qui laisse toutes les voitures au garage pendant les pics de pollution. Le journal Le Monde a dressé la carte des 230 villes européennes qui restreignent la circulation automobile.

D’où vient l’idée d’une ZFE ?

Pas vraiment de la Métropole de Lyon. En octobre 2015, Lyon et son agglomération étaient retenues dans le plan « Villes respirables » du ministère de l’écologie. Pour obtenir le financement de l’État, les candidats devaient s’engager notamment à :

« créer ou préfigurer une zone à circulation restreinte dans laquelle l’accès sera réservé aux véhicules les moins polluants »

Cette incitation étatique découle elle notamment de sanctions contre la France émanant de l’Union Européenne. L’Union européenne a ouvert une procédure de précontentieux pour les particules fines (PM10) et une procédure contentieuse pour le dioxyde d’azote (NO2) en raison des dépassements récurrents des critères européens et de l’insuffisance des plans d’amélioration de la qualité de l’air français. Cela concerne en Auvergne-Rhône-Alpes, la Vallée de l’Arve, la région grenobloise et l’agglomération de Lyon pour les particules PM10 et le NO2.

Le « Plan Oxygène » dont fait partie la « Zone à faibles émissions » de la Métropole de Lyon est une de ces actions qui ont été présentées à l’Union européenne. Constatant les limites de cette feuille de route française, la Commission a saisi, le 17 mai 2018, la Cour de Justice de l’Union Européenne pour non-respect des valeurs limites en concentration de dioxyde d’azote.

En octobre 2019, la France a fini par être condamnée.

La ZFE va-t-elle servir à quelque chose ?

C’est toute la question. Il faudra déjà qu’elle soit respectée par les propriétaires et conducteurs des véhicules concernés.

Au-delà du respect de son application, certains jugent qu’elle est discriminatoire comme la Fédération des entreprises des transports routiers. Elle estimait en 2018 que le calendrier prévu était trop court.

« Le délai de 2020 pour du tout EURO 6 (la vignette Crit’Air 2 pour les diesels, ndlr) est beaucoup trop court : il est impossible de renouveler les parcs de poids lourds qui font de la livraison en ville et qui circulent déjà en EURO 5 (pour les diesels, ndlr). Cette mesure représenterait des investissements beaucoup trop lourds pour les entreprises impactées, sans compter la perte de valeur des poids lourds à la revente. Par ailleurs, les délais de commande de nouveaux véhicules seraient impossibles à tenir dans cette échéance. »

Pour les militants et élus écologistes de la Métropole, le dispositif ne va pas assez loin. Ils reprochent notamment au plan de s’intéresser essentiellement aux émissions de dioxyde d’azote mais pas vraiment à la pollution aux particules fines et ultrafines (notamment émises par les moteurs diesel).

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