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Interdiction de manifester à Lyon le samedi : les commerçants de l’hypercentre cajolés

Après Paris, Toulouse, Bordeaux, ou encore Nice, le préfet du Rhône a pris un arrêté d’interdiction de « toute manifestation ce samedi 13 avril », dans l’hypercentre de Lyon. Un périmètre compris entre le nord de la place Bellecour et le sud de la place des Terreaux. C’était une demande formulée depuis plusieurs semaines par les représentants des commerçants. Mais cet arrêté ne signe pas la fin des manifestations de « gilets jaunes » en Presqu’île.

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Usage de gaz lacrymogène, place de la République le 23 mars. ©LB/Rue89Lyon

A mesure que les collectivités annonçaient des aides aux commerçants du centre-ville de Lyon touchés par les manifestations des « gilets jaunes » (lire ici, ou encore ), des voix s’élevaient pour interdire les manifestations en Presqu’île.

Le président de la CCI de Lyon, Emmanuel Imberton, l’a fait dès la fin du mois de janvier. Début avril, quatre organisations professionnelles, appuyées par une campagne de pub dans Le Progrès, ont lancé une pétition intitulée « stop au blocage sans fin de la Presqu’île ».
En prévision de l’ »acte XXI » des « gilets jaunes », le préfet du Rhône leur a finalement donné gain de cause.

Ce samedi 13 avril, toute manifestation sera interdite entre 12h et 20h dans un périmètre compris entre le nord de la place Bellecour et le sud de la place des Terreaux; et entre la rue de la République à l’est et les rues de Brest/Chenavard à l’ouest. Les deux places de la Presqu’île resteront accessibles.

« Ces rassemblements ont été le théâtre d’affrontements violents avec les forces de l’ordre »

Cet arrêté préfectoral est une première à Lyon. Jusque là, les interdictions de manifester concernaient des manifestations en particulier (lire ici et ). Avec cette décision, c’est l’ensemble d’une zone qui est interdite de « manifestation et de rassemblement revendicatif ».

L’arrêté préfectoral signé le 10 avril égrène des causes d’ordre public pour justifier la prise d’un tel arrêté restreignant fortement une liberté fondamentale. Les contrevenants pouvant être sanctionnés d’une amende de 135 euros.

Lors d’un point presse, le secrétaire général de la préfecture, Emmanuel Aubry, a insisté sur trois points qui, selon lui, ont décidé le préfet à signer cet arrêté :

  • « des travaux rue de la République qui ont commencé »,
  • « un manifestant qui a été blessé lors d’une charge de la police »,
  • « une tentative de mise à sac d’un magasin ».

L’arrêté (voir ci-dessous) insiste sur les affrontements violents avec les forces de l’ordre lors des manifestations de « gilets jaunes ». Mais il ne décrit pas de magasins vandalisés voire pillés. Le président de la CCI reconnaissait également que les manifestations des samedis à Lyon étaient plus calmes qu’ailleurs.

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Des raisons surtout économiques

Naturellement, l’arrêté préfectoral ne peut mettre noir sur blanc des raisons économiques pour justifier une telle restriction. C’est donc la communication autour de cet arrêté qui permet de mieux comprendre pourquoi cette interdiction a été instaurée.

Cela a commencé mardi 9 avril par un communiqué commun Ville de Lyon/préfecture. Le préfet et le maire de Lyon ont justifié le futur arrêté par « la présence de groupes violents adossés aux manifestants gilets jaunes » qui « s’en prennent aux personnes et aux forces de l’ordre, avec la volonté de dégrader les biens publics et privés ».

Conséquence, selon le préfet, « l’activité commerciale souffre de ce mouvement qui empêche de travailler et qui menace la pérennité économique ».

Durant toute la semaine, la mairie comme la préfecture ont multiplié les signes d’attention en direction des commerçants.

Ce jeudi, Gérard Collomb a reçu les représentants des associations de commerçants de la Presqu’île pour « écouter [leurs] difficultés (…) et mettre en place un accompagnement logistique et financier pour les projets d’animation proposés par les commerçants », nous dit un communiqué de presse qui précise que cette démarche se fait « en complément des 700 000 euros de mesures de soutien déjà annoncées il y a quelques semaines par la Ville de Lyon ».

Idem du côté de la préfecture dont le secrétaire général a également reçu les commerçants. Ce jour là, Emmanuel Aubry déclarait à la presse pour justifier de cette interdiction de manifester :

« On a pris en compte les risques liées à ces manifestations et la succession de ces rassemblements. On a également pris en compte l’activité des commerçants de Lyon dont certains voient leur activité être en péril ».

Les services de l’Etat ne disposent pas de chiffres sur le sujet. C’est la CCI et les associations de commerçants qui communiquent sur le sujet.

Si l’on en croit les derniers chiffres diffusés par France 3, différentes fédérations de commerçants de centre-ville ont constaté des pertes de -20 à -40% des chiffre d’affaires à Lyon, Clermont-Ferrand ou le Puy-en-Velay.

« Certains ont rapporté des pertes allant jusqu’à -46% de leur chiffre d’affaires »,  rapporte une membre de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Lyon.

Charge de la police place de la République le 23 mars. ©LB/Rue89Lyon
Charge de la police place de la République le 23 mars. ©LB/Rue89Lyon

Des manifs encore en Presqu’île

A une poignée d’exceptions près, depuis mi-novembre, l’immense majorité des manifestations de « gilets jaunes » à Lyon n’a pas été déclarée. Les cortèges partent généralement de la place Bellecour et sont bloqués quand les manifestants tentent d’accéder au nord de la Presqu’île.

Cette interdiction de manifester va surtout vider la rue de la République et les alentours des manifestants qui s’y sont rendus ces derniers samedis.

Avec cette menace de 135 euros d’amende, peu de « gilets jaunes » risquent de braver l’interdiction.
D’autant plus que des membres de l’assemblée de Lyon ont déposé ce vendredi un parcours qui a été accepté par la préfecture du Rhône.

Il y aura donc un cortège officiel de « gilets jaunes » qui partira à 14h de la place Antonin Poncet pour traverser le Rhône et faire une boucle par les avenues Berthelot, Jaurès et Gambetta pour revenir par le pont de la Guillotière en Presqu’île. Le cortège va en faire le tour par les quais du Rhône puis de la Saône, via la place des Terreaux. La manif a été déclarée jusqu’à 18h30. L’arrivée est prévue place Antonin Poncet.

Une autre manifestation déclarée pour demander l’abrogation de la loi anti-casseurs va partir à 13h de la place Louis Pradel pour se rendre rive gauche et terminer place Antonin Poncet. Elle est a l’initiative de plusieurs organisations de gauche dont la Ligue des Droits de l’Homme et la CGT (voir l’appel ici).

La Presqu’île connaîtra donc encore des manifestations le samedi. Avec l’imposant dispositif d’ordre public qui l’accompagne. Pas sûr que les commerçants apprécient.

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