
Alors que la grève est terminée à la SNCF et que la production a repris à la raffinerie de Feyzin, l’intersyndicale locale (CGT, FO, FSU, Solidaires, Unef, CNT et CNT-SO) a opté une nouvelle fois pour un parcours « grand format ».
Contrairement à la manif parisienne, aucune menace d’interdiction ne pesait sur le défilé lyonnais.
Le rendez-vous était fixé à la Manufacture des tabacs à 13 heures. Mais le cortège ne s’est pas rendu place Bellecour, occupée par la fan zone et a bifurqué à Saxe-Gambetta, jusqu’à la place Maréchal Lyautey, dans le 6ème arrondissement.
Ils étaient entre 3 200 (selon la police) et 8 000 personnes (selon la CGT) à marcher sous un soleil brûlant. Soit légèrement moins que le cortège du 14 juin qui était organisé en parallèle de la manifestation nationale à Paris.

La banderole syndicale était loin derrière un premier groupe de près de 600 personnes (selon la police). ©LB/Rue89Lyon
Le foot devant, les syndicats derrière
C’est à 13h30 que le cortège est parti de la manufacture des tabacs, direction place Maréchal Lyautey, devancé par sept camions de gendarmes mobiles.
Malgré les indications données par le speaker de la CGT : « l’intersyndicale devant les partis politiques derrière », la tête de cortège était une nouvelle fois occupée par les jeunes (et moins jeunes) qui représentaient environ un cinquième de la manif (selon l’estimation de la police).
Cette tête de cortège était suivie de près, à partir de Garibaldi, par une quinzaine de policiers non casqués.
L’ambiance a été plutôt festive, la température élevée et les manifestants ont scandé un nouveau slogan :
« Il fait beau, il fait chaud on veut les canons à eau ».
Au moins une dizaine de ballons de foot étaient de sortie, rebondissant contre les vitrines des banques ou servant de projectiles contre la police.
Vers 14h, à Saxe-Gambetta où le cortège devait bifurquer vers l’avenue de Saxe, une séance de tir au but a été mise en place avec la police tenant lieu de gardiens et de cage de foot. Ces derniers ont crevé les ballons qu’ils sont parvenus à intercepter.

A Saxe-Gambetta, les policiers ont remplacé les cages de foot. ©SS/Rue89Lyon
Tensions avec le service d’ordre
Dans le cortège de tête, peu de personnes masquées et pas de dégradation. Un employé d’une enseigne de gestion de patrimoine, avenue de Saxe, a toutefois décidé de confisquer un ballon qui a heurté sa vitrine. Le cortège s’est arrêté et les tirs de ballons ont redoublé. Des branches et quelques cailloux ont également été jetés.
Le service d’ordre (SO) de la CGT s’est interposé entre les manifestants et la boutique provocant la colère de certains qui ont détourné un slogan habituellement réservé aux policiers : « tout le monde déteste le SO ». Des membres du service répondant :
« Vous ternissez l’image du mouvement ».
Quelques mètres plus loin, la tête de la manifestation a bifurqué subitement sur l’avenue Lafayette au cri de « Grève, blocage, manif’ sauvage ».
Un cordon de gendarmes mobiles et compagnie départementale d’intervention (CDI) s’est rapidement mis en place et a repoussé les manifestants, avec du gaz lacrymogène en spray et des coups de matraque.

Boucliers contre banderole renforcée, les gendarmes mobiles ont repoussé les manifestants.©SS/Rue89Lyon
Dans la mêlée, une personne a été blessée au crâne et a été prise en charge par les streets médics (manifestants transportant du matériel médical).
Cette blessure a une nouvelle fois été source de tension entre le SO qui voulait confier le blessé à la police et les manifestants qui ont refusé. Une nouvelle fois, certains ont accusé le SO de faire le travail de la police.
Le cortège a continué sa route et a fini place Maréchal Lyautey vers 15h30. Ça a été l’occasion pour les manifestants de se rafraichir dans la fontaine.
Vers 16h, devant l’ancienne gare des Brotteaux, une quarantaine de personnes ont bloqué le boulevard en entamant une partie de « football sauvage ». Un message avait circulé dans ce sens durant la manif et sur le site Rebellyon. Au bout d’une dizaine de minutes, les forces de l’ordre sont intervenues en dispersant la foule, notamment avec des grenades lacrymogènes. Il n’y a pas eu d’interpellation.
Prochaine manifestation : le mardi 28 juin date à laquelle le texte de loi devrait être adoptée par les sénateurs. Le cortège partira à 11h de la place Jean Macé jusqu’au niveau de la préfecture du Rhône, quai Augagneur.

Le cortège est arrivée place Maréchal Lyautey, dans le 6ème arrondissement. ©SS/Rue89Lyon
Une mobilisation en dents de scie contre la loi travail à Lyon
Avant cette journée du 23 juin, treize manifestations se sont déroulées à Lyon. Elles ont rassemblé :
- le 9 mars, entre 7 000 personnes (selon la police) et 20 000 personnes (selon les organisateurs)
- le 17 mars entre 3000 et 6500 personnes.
- le 24 mars, entre 1 500 et 4 000 personnes.
- le 31 mars, entre 15 000 et 30 000 personnes.
- le 5 avril, entre 1 400 et 2 000 personnes.
- le 9 avril, entre 4 400 et 15 000 personnes.
- le 28 avril, entre 5 500 et 15 000 personnes.
- le 17 mai, entre 2 000 et 7 000 personnes.
- le 19 mai, entre 2 800 et 9 000 personnes.
- le 26 mai, entre 3 300 et 12 000 personnes.
- le 2 juin, entre 1 300 et 5 000 personnes.
- le 9 juin, entre 850 et 1 300 personnes.
- le 14 juin, entre 3 800 et 9 000 personnes.
Il est temps que les journalistes arrêtent de relayer les estimations fantaisistes des syndicats.
Ca doit être à cause du soleil qui brouille les idées, mais j'aurais écrit "à marcher" ...
" « l’intersyndicale devant les partis politique derrière »" il manque le "s" à politiques, mais c'est dit par un syndicaliste ... on peut peut être l'écrire comme on l'entend ? ;)
"une quarantaine de personnes ont bloqué ", un puriste dirait "a bloqué" en désignant "quarantaine" comme sujet
bonne manif le 28
Et aussi force grenades de desencerclement, selon rebellyon.
2) Alfred : comptez une centaine de personnes dans un cortège, puis voyez la "place" que cela y représente. Ensuite, comptez dix fois cette place dans le même cortège : ça fait 1000 personnes.
Bon, eh bien vous allez être étonné de voir combien de personnes peuvent se trouver en un espace si réduit...vous multipliez par 4, et vous avez votre manif de 4000 personnes...nous étions, je suis formelle, au moins le double de 4000.
Et puis c'est moins cher à fournir pour les médias "dominants" qui n'ont plus les moyens financiers pour investiguer. On prend la dépêche de l'AFP, qui dans une fausse considération de neutralité, communique les chiffres de la police et des syndicats. Le travail des journalistes a été uberisé dans l'indifférence générale et voilà le résultat.
On se dispense de parler du contenu de la loi, de la durée étonnamment longue de la contestation, qui requièrent un peu plus d'analyse et d'envie personnelles. Mais mars, c'est loin, et il y a eu plein de rebondissement anecdotiques, le fond n'est déjà plus de "l'actualité".
On ne parle pas non plus de ceux/celles qui ne manifestent pas car ils n'ont pas trop le choix, financier ou peur du chômage, le fond de ce à quoi s'opposent les manifestant-es, accessoirement.
On ne parle pas non plus de ceux/celles qui ont abandonné tout projet de vie en commun, de l’intérêt général (argh, quel terme dégoûtant!), à des professionnels bien habillés, le verbe érudit, mais intéressés et corrompus par l'entre-soi.
A qui profite le crime ? A des démagos xénophobes qui recueillent le fruit de l'hypocrisie générale, qui attribueront tous les maux du monde "à ceux qui sont pas d'chez nous". Merci pour eux.