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Métropole de Lyon : David Kimelfeld sort de son cabinet les mercenaires de Gérard Collomb

Un toilettage de cabinet. C’est ce qu’a fini par réaliser David Kimelfeld, président de la Métropole de Lyon, en remerciant deux de ses collaborateurs de cabinet dont il avait hérité de son prédécesseur Gérard Collomb. Cette « info coulisses » montre que la tension perdure dans ce qui passe pour être une gouvernance collective, unie autour de la figure de l’ex-ministre de l’Intérieur qui a quitté Beauvau pour revenir à Lyon.

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David Kimelfeld, lors de la traditionnelle visite de chantiers de Gérard Collomb (c'était en septembre 2015). Il était 1er vice-président de la Métropole de Lyon.

Jérôme Payen doit quitter la rue du Lac, où il a tenu le rôle de chef de cabinet auprès de David Kimelfeld. A partir du départ pour Paris de son patron d’origine Gérard Collomb, il a été appelé le « sergent de Caroline ». Il est en effet un proche de Caroline Collomb, un de ceux en qui elle a (encore) confiance. En tant que référente départementale du mouvement de la République en marche et gardienne du temple pour la famille, elle rencontre bien des difficultés à tenir les troupes, qui doivent pourtant marcher bientôt pour la campagne électorale.

Jérôme Payen fait partie du duo à la tête de l’association sobrement baptisée « Un temps d’avance » que Gérard Collomb avait lancée à la va-vite en juin dernier, dans le but, sur le papier, de prévoir le projet de Lyon 2020, mais qui a surtout servi à compter ceux qui s’affichent toujours publiquement dans son giron.

Plus parlant, le second limogeage, celui d’une figure de la « Collombie ». Arabelle Chambre-Foa, juriste de formation évoluant dans les arcanes du pouvoir de longue date, devenue directrice de cabinet, côtoie Gérard Collomb depuis sa prise de pouvoir en 2001. Encore avant, elle avait travaillé au cabinet de Raymond Barre à la mairie de Lyon. Elle connaît le système du Grand Lyon devenu Métropole de Lyon mieux que quiconque, a (ou plutôt avait) une maîtrise des dossiers reconnue par tous.

Elle assurait pour le compte de Gérard Collomb le maintien du fragile et précieux équilibre politique avec les « petits » maires de droite, un équilibre appelé « rassemblement » par Gérard Collomb, pas peu fier de les convaincre à chaque élection de participer à sa majorité. Dans un portrait intitulé « Arabelle Chambre-Foa, « grand vizir » de la métropole de Lyon », publié dans Médiacités, on dit d’elle qu’elle est brillante, dit les choses sans louvoyer et qu’elle « s’impose chez les hommes ».

Le Progrès a révélé ce limogeage lundi, confirmé à la presse ce mardi.

Entretien de recadrage et base arrière en mairie du 4è

Rue89Lyon avait appris qu’Arabelle Chambre-Foa avait été convoquée par David Kimelfeld, en septembre dernier, pour un « entretien de recadrage ». Plusieurs élus ont témoigné auprès de nous de « blocages » de certains dossiers, que David Kimelfeld aurait voulu mener, de façon autonome (c’est à dire sans la bénédiction systématique de Gérard Collomb depuis Paris).

On sait aussi que la mairie du 4è, arrondissement dont David Kimelfeld est toujours le maire, était devenue une sorte base arrière pour lui et les personnes de confiance embauchées lors de son arrivée à la Métropole. Un lieu dans lequel il a pu recevoir qui il souhaitait, sans subir le regard et la surveillance permanente de fidèles collombistes.

Il semblait compliqué de se séparer d’un pareil pivot de compétences au sein de la collectivité. Mais l’actuel président a fait fi de cet aspect, afin sans doute de pouvoir gouverner à son aise. Arabelle Chambre-Foa devrait rejoindre le cabinet de Gérard Collomb à la mairie de Lyon (tout comme Jérôme Payen, croit savoir le site Lyon Capitale), pour continuer à jouer le rôle de collaboratrice de choix.

Sur leurs lettres de limogeage, c’est le motif de « rupture de confiance » qui est évoqué.

Quelles élections préparent les uns et les autres ?

Si Gérard Collomb avait pu reprendre la tête de la Métropole de Lyon, nul doute qu’il l’aurait fait illico. Seulement, en son absence, l’équilibre politique précaire s’est rompu, des élus de centre droit jusque là tenus sous son joug se sont éloignés, et Gérard Collomb n’était plus assuré du tout de conserver une majorité en se représentant face à eux pour être de nouveau élu. David Kimelfeld se trouve donc calife à la place du calife, et fait jouer son poids pour compter en 2020.

Quelques jours après avoir suscité un véritable psychodrame ministériel à Paris, Gérard Collomb est donc revenu à Lyon. Créant le doute. Très vite a été organisée une conférence de presse où on l’a vu aux côtés de Georges Képénékian, maire de Lyon intérimaire à qui il a dit « pousse-toi de là que je m’y remette », mais aussi aux côtés de David Kimelfeld. Un triumvirat pour la photo.

Pour l’heure, David Kimefled répète à l’envi et aux journalistes qu’il faut un grand rassemblement, que l’ennemi réel est la droite (celle de Laurent Wauquiez et d’Etienne Blanc), qu’avec « Gérard », tout va bien malgré quelques points de vue divergents. Des éléments de langage, en somme.

Mais beaucoup auraient bien vu David Kimelfeld jouer la tête d’affiche, sur une liste plus à gauche que celle que mènera Gérard Collomb.Il n’aura échappé à personne que les thématiques politiques mises en avant à la Métropole ont quelque peu changé, comme le ton et le style.

Ce récent mouvement au sein du cabinet du président de la Métropole pourrait être vu comme une déclaration sinon de guerre au moins d’indépendance faite à Gérard Collomb. Mais le limogeage groupé ne manquera pas d’être présenté comme anecdotique, souhaité et programmé par l’ensemble des parties en présence, en vue de la préparation collective et joyeuse des élections de 2020.


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