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Les confinements ont-ils eu un impact sur la pollution à l’ozone à Lyon ?

Ce mardi 11 mai, l’observatoire régional de la qualité de l’air, Atmo, a présenté son bilan de l’année 2020. En question : l’évolution de la pollution à Lyon.

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confinement pollution Lyon

Ozone, particules fines, oxyde d’azote (NOx)… À Lyon, où en est la pollution ? Après plus d’un an sous coronavirus et trois confinements, l’observatoire régional de la qualité de l’air, Atmo, fait ce mardi 11 mai le bilan d’une année 2020 particulière à plus d’un titre.

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Graffiti anti pollution à Lyon réalisés par Greenpeace et Alternatiba/ANV situé vers confluence, sous l’autoroute A7, le 7 février 2019.Photo : MG/Rue89Lyon

Si les confinements ont permis de juguler l’épidémie de coronavirus, ils ont également été efficaces contre la pollution dans la région. Eric Fournier, président d’Atmo Auvergne-Rhône-Alpes, se réjouit d’un bilan annuel positif :

« Sur la qualité de l’air en 2020, il y a des améliorations très significatives, notamment concernant les particules fines, l’oxyde d’azote et l’ozone. »

Cette affirmation est vite tempérée par la réalité des chiffres. L’augmentation de la concentration d’ozone a ralenti en 2020, ce qui signifie qu’elle augmente toujours, mais moins vite. Les données d’Atmo font état d’une croissance de +13 % contre +22 % en 2019. Soit une diminution de 9 %. Pour Eric fournier, c’est encore largement insuffisant :

« Malgré cette diminution de 9 % en 2020, les niveaux d’ozone aujourd’hui sont bien supérieurs à ceux d’il y a 10 ans dans la région. »

Or, l’ozone est un gaz capricieux, dont l’existence est étroitement liée aux activités humaines et au réchauffement climatique. Pas si facile de s’en défaire, donc.

Confinements et temps maussade, le combo gagnant contre la pollution à Lyon

Il semble que le principe du confinement ait réussi là où des années de politiques publiques ont échoué, comme l’avait déjà remarqué Atmo sur l’année 2019. D’après les conclusions d’Atmo, cette augmentation plus ténue de l’ozone dans la région en 2020 est imputable à la réduction des activités humaines pendant les confinements :

« Il ressort de cette analyse une baisse des concentrations moyennes d’ozone de 4% en 2020 par rapport au tendanciel, c’est-à-dire à l’évolution attendue de ce polluant s’il n’y avait pas eu la crise sanitaire. Lors du premier confinement du 17 mars au 11 mai 2020, le trafic a baissé de 70 % environ, entraînant une baisse des concentrations d’oxydes d’azote de 50 % par rapport à une situation normale. »

Et moins d’oxydes d’azote signifie moins d’ozone. Ce dernier se forme à l’issue de réactions chimiques entre des composés organiques volatiles émis par les activités industrielles (hydrocarbures, solvants) et différents polluants tels que les oxydes d’azote, émis principalement par le trafic routier.

Mais il n’est pas seul en cause. Cette réaction chimique est également rendue possible par les actions des rayons UV du soleil. C’est pour cette raison que les pics de pollution les plus graves se produisent l’été, en pleine canicule et au moment où nombre de gens sillonnent les autoroutes du pays.

Le temps maussade de l’été 2020 a ainsi permis une diminution de 5% des concentrations moyennes d’ozone, poursuit Eric Fournier :

« Le deuxième facteur pour expliquer cette baisse des concentrations d’ozone en 2020, ce sont les conditions météorologiques qui ont été plus favorables cet hiver, et des fortes chaleurs estivales plus tardives. »

Une dizaine de département surexposés à la pollution dans la région en 2020

Pour autant, ni les confinements successifs ni le mauvais temps n’ont suffi à régler le problème. Les particules fines, en particulier les PM 2,5 (d’un diamètre inférieur à 2,5 micromètres donc à même de pénétrer loin dans l’organisme) mais aussi les PM 10, sont toujours bien présentes, rappelle Didier Chapuis, directeur territorial d’Atmo :

« Un million d’habitants sont concernés par le dépassement du seuil fixé par l’OMS pour les PM 2,5. Il ne faut pas non plus oublier les benzopyrènes, aux composés cancérigènes, qui ont des valeurs trop importantes dans la vallée de l’Arve. »

Le plus préoccupant restant sans doute l’ozone, particulièrement à l’approche d’un temps estival qui promet les épisodes caniculaires annuels.

« En 2020, les valeurs d’ozone étaient trop importantes pour la santé dans une dizaine de départements de la région. Près de quatre millions de personnes sont concernées par ce dépassement des valeurs sanitaires. »

L’ozone, un gaz oxydant et agressif

D’après les données d’Atmo, les départements les plus concernés par cette pollution sont la Drôme et l’Isère, et dans un second temps la Haute-Savoie, l’Ain et l’Ardèche. En rouge vif sur la carte de la région présentée par Atmo, ces territoires ont largement dépassé la valeur seuil fixée par l’OMS à une concentration moyenne d’ozone de 100 µg/m³ pendant huit heures.

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Départements les plus exposés à la pollution à l’ozone dans la région Auvergne-Rhône-Alpes en 2020. Carte : Atmo.

Des concentrations d’ozone trop élevées pendant trop longtemps peuvent en effet avoir des effets délétères sur la santé comme sur l’environnement, alerte Atmo :

«  C’est un gaz oxydant, agressif pour les muqueuses oculaires et respiratoires et qui pénètre facilement jusqu’aux voies respiratoires les plus fines. Une exposition à l’ozone est susceptible d’entraîner à court terme la survenue de problèmes respiratoires tels que toux sèche, déclenchement de crises d’asthme, diminution de la fonction pulmonaire. Par ailleurs, l‘augmentation des niveaux d’ozone est corrélée à celle, à court terme, de la mortalité et des hospitalisations. »

Un « plan régional ozone » contre la pollution encore flou

Face à la menace d’une augmentation toujours plus forte de ces polluants, avec des conséquences dramatiques sur l’environnement et la santé, Yannick Mathieu, directeur régional adjoint de la DREAL Auvergne-Rhône-Alpes, présente un « plan régional ozone » :

« L’ozone, c’est le polluant qui rassemble tout le monde contre lui. Nous participons tous à sa création et nous en sommes tous victimes. »

Concrètement, ce « plan régional ozone » est une première en France, en cours d’élaboration par les services de l’État. Il propose une vingtaine d’actions concrètes pour limiter les polluants, en cours de validation. Parmi celles-là, on trouve bien sûr des mesures visant à réduire les émissions liées aux moteurs thermiques avec la vignette Crit’Air.

« La vignette est précurseure de la prise de conscience, que les gens se rendent compte qu’ils participent à la pollution et qu’ils y fassent attention. Il faut favoriser le covoiturage, le déploiement du télétravail lors des pics de chaleur… Si vous remplissez toutes les voitures, vous réduisez la circulation de 90 % et vous généralisez le télétravail, là les pics de pollution on les maîtrise ! », affirme Yannick Mathieu.

Mais la voiture est loin d’être le nerf de la guerre. Le « plan régional ozone » prévoit aussi des mesures concernant l’agriculture pour réduire l’émission de gaz précurseurs comme le méthane, en agissant sur l’alimentation animale. Le secteur industriel est aussi dans la liste, ainsi que les forêts.

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