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Dans la tempête judiciaire, Gérard Collomb glane des signatures… et des selfies

Cela a toujours été son truc. Gérard Collomb ne rechigne pas à prendre la pose, avec le sourire jusqu’aux oreilles, les yeux mi-clos, réjoui de ce que les lyonnais l’arrêtent dans la rue pour prendre une photo à ses côtés. Depuis quelques jours et tandis qu’une enquête préliminaire pour détournement de fonds publics le vise, le maire de Lyon publie en rafale ce type de clichés sur ses réseaux sociaux. Des photos de photos.

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Capture d'écran du Facebook de Gérard Collomb, qui veut se montrer maire de Lyon... et des Lyonnais, en période difficile.

Les signatures d’élus du territoire lui exprimant leur soutien dans la difficulté, c’est une chose. Mais le soutien des habitants de sa ville, en terme de compol, c’est sans doute mieux.

Gérard Collomb se trouve sous le coup d’une enquête préliminaire pour « détournement de fonds publics ». Son ex-compagne Meriem Nouri aurait bénéficié d’emplois successifs dans différents services municipaux, avec des paiements d’heures supplémentaires non effectuées. L’enquête a été confiée à l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF). Le coût du passage dans les bureaux municipaux de l’ex-compagne du maire, entre 2009 et 2018, est estimé à environ 390 000 euros.

Gérard Collomb s’est publiquement offusqué, à la sortie de l’article du Canard enchaîné la semaine dernière, estimant dans un communiqué qu’il s’agissait d’une « cabale » opportunément dirigée contre lui, à dix mois des élections municipales.

Il n’a eu de cesse ensuite de déclarer, à la presse locale notamment, que « les lyonnais ne s’y trompent pas » et voient bien là la manœuvre. Le maire en veut pour preuve les multiples rencontres avec eux, autant d’occasions de prendre des photos montrant à quel point ils l’aiment ou, en tout cas, ne lui tournent pas le dos -au contraire.

Des selfies à Nuits Sonores, avec la jeunesse fêtarde. Des selfies aux stands des vide-greniers, dans les 7è et 9è arrondissements. Des photos, hilare et entouré… L’actualité judiciaire a clairement donné un coup d’accélérateur à la campagne Gérard Collomb pour les élections de 2020.

« Coucou c’est nous ». Chemise blanche et jeunesse fêtarde pour Gérard Collomb à Nuits Sonores. Un exemple parmi des dizaines d’autres. Capture d’écran de son Facebook.
« Coucou c’est nous ». Chemise blanche et jeunesse fêtarde pour Gérard Collomb à Nuits Sonores. Un exemple parmi des dizaines d’autres. Capture d’écran de son Facebook.

Pour la Métropole, 18 élus se rangent officiellement derrière Gérard Collomb

Gérard Collomb est d’autant plus remonté que, pour la première fois dans sa vie politique locale, il est engagé dans une guerre fratricide ultraviolente l’opposant à son ex-poulain David Kimelfeld, président de la Métropole. C’est la citadelle que Gérard Collomb voudrait reprendre. Le maire estime que son adversaire autrefois frère n’est sans doute pas pour rien dans ce qui lui semble être un coup orchestré pour le mettre à mort.

 

En plus des selfies, qui appuient une communication à destination du grand public, la stratégie électorale de l’ex-ministre de l’Intérieur se précise. Un nouveau groupe politique vient tout juste de se créer à la Métropole, réunissant les « centristes et indépendants » (soit la fusion de deux anciens groupes : « Demain…La Métropole! » et « CIMéT »). Les élu.e.s l’ont ainsi appelé Avenir Métropole afin d’afficher les ambitions électorales, soit « porter un nouveau projet à même de conjuguer ambition globale et déclinaison locale ».

On y compte 18 signataires, parmi ceux qui ont par ailleurs voulu officialiser leur soutien à Gérard Collomb, « victime » selon eux d’attaques, dans un courrier de soutien publié dans le Progrès.

Bien informé, le maire de Lyon a réagi dans la foulée :

« Je me félicite de la fusion des groupes « Demain la Métropole » et « CIMET » en un nouveau groupe politique « Avenir Métropole ». Il va constituer un groupe important qui va pouvoir au sein de la métropole porter une vision respectueuse de la spécificité des différents territoires.

Leur proposition de faire de la Conférence Métropolitaine des Maires une « antichambre consultative » du Conseil de la Métropole va dans le bon sens et rejoint l’idée que je défends depuis plusieurs mois de mise en place d’un sénat territorial. »

On le disait de plus en plus isolé mais ses fidèles veulent montrer les muscles et tentent de recruter.

Dans ce nouveau groupe métropolitain, on compte sans surprise Richard Brumm, vice-président de la Métropole de Lyon
 ; Fouziya Bouzera, également vice-présidente de la Métropole et présidente du Sytral. Jean-Luc Da Passano, maire d’Irigny, Roland Crimier, maire de Saint-Genis-Laval. On y trouve aussi la maire de Saint-Fons, le maire d’Albigny-sur-Saône, de Genay, de Saint-Germain-au-Mont-d’Or, de Fontaines-sur-Saône, etc.

Voilà qui s’annonce d’ores et déjà comme une liste montée contre celle que David Kimelfeld présentera de son côté, pour la conquête d’une collectivité dotée des compétences et du budget les plus convoités.


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