Photomontage : Gérard Collomb avec le faucille et le marteau. ©Christophe Chelmis
A Lyon, la gauche plurielle à la sauce Gérard Collomb a vécu. Fin juin, les écolos ont coupé le cordon avec le maire socialiste de Lyon en choisissant comme chefs de file pour les prochaines municipales Emeline Baume et surtout Etienne tête, l’un des principaux opposants à Collomb sur la question du Grand Stade.
Europe Ecologie/Les Verts (EELV) envisage potentiellement de s’allier avec d’autres forces qui veulent également défier le maire sortant sur la gauche sur sa gauche :
- Le GRAM de Nathalie Perrin-Gilbert, la maire socialiste du premier arrondissement
- Deux des trois formations principales du Front de gauche : Gauche Unitaire et le Parti de Gauche.
Reste le PCF, première composante du Front de gauche, qui se hâte lentement de choisir, alors que Jean-Luc Mélenchon annonce des listes autonomes et que les principales forces politiques ont arrêté leur stratégie. Ce mercredi matin en conférence de presse, le PC a annoncé que les militants communistes voteront finalement fin septembre sur la « stratégie des municipales ».
La direction du PCF veut un maximum d’élus… donc penche pour Collomb ?
On pourrait penser que les communistes lyonnais vont, comme un seul homme, choisir le camp de l’autonomie après la multiplication, durant le dernier mandat, de décisions portées par Gérard Collomb aux antipodes de la ligne du parti :
- La réorganisation de la collecte des déchets dénoncée comme une « privatisation rampante » par les syndicats.
- Le refus d’une régie publique de l’eau.
- La création de la Métropole de Lyon.
D’autant plus que le maire de Lyon annonce la couleur pour le prochain mandat en lançant un club « social-réformiste ».
Et pourtant. La secrétaire fédérale du Rhône, Danielle Lebail se montre très conciliante :
« Il n’y a pas de point de rupture. Ce sera un des éléments sur lequel on se positionnera. Mais il y a aussi le bilan des élus. Si on a eu plus de logements sociaux, c’est grâce aux élus communistes ».
Elle ajoute, surtout, que l’objectif du PCF est de « gagner des élus, meilleur rempart contre l’austérité ». Il y en a 110 dans le Rhône, elle en veut 200. Ce qui peut s’expliquer aussi par la nécessité de remplir les caisses (pas bien pleines) du parti.
Or obtenir des élus, cela passe nécessairement par de bons accords avec Gérard Collomb, qui reste l’homme fort de la fédération socialiste du Rhône. Et rien ne dit qu’une liste Front de gauche fera un bon score au premier tour pour négocier en position de force.
A Lyon, un parti communiste divisé
Face à ces deux options (l’autonomie ou une liste avec Collomb au premier tour), le parti est extrêmement divisé. Une majorité de militants pencheraient pour l’autonomie tandis qu’une grande partie des élus et de l’appareil se verraient bien repartir avec Gérard Collomb.
Conseillère d’arrondissement (dans le premier), Nawel Bab-Hamed fait figure d’exception. Parce qu’elle a décidée de ne pas se représenter et surtout parce qu’elle est une des rares élus à affirmer un choix autonomiste. Sa parole est aussi plus libre :
« On doit être cohérent politiquement. Si on part avec Collomb, on gagne plus d’élus mais on perd en crédibilité. Si on part avec nos alliés du Front de gauche, on risque de perdre des élus mais on gagne en crédibilité ».
Elle annonce que si l’alliance avec Collomb est décidée, il n’y aura pas une majorité de militants pour faire la campagne.
Les débats des deux prochains mois autour de la stratégie risquent d’être mouvementés. Ils ne devraient pas l’être sur un premier programme qui est en train de s’élaborer : plus de logements sociaux, plus de service public, plus de démocratie participative et des transports en commun en partie gratuits. Mais la mise en adéquation des desiderata des communistes avec une stratégie politique risque de laisser des traces.
Les responsables de la section PCF de Lyon lors de la conférence de presse de ce mercredi sur les municipales. Au centre, Aline Guitard, la secrétaire. Photo : Laurent Burlet.
La grande inquiétude des alliés du Front de gauche
En conférence de presse, les responsables communistes se veulent rassurant, sur l’air de : « si on part avec Collomb, il n’y aura pas d’explosion du Front de gauche à Lyon ».
Ce n’est pas l’avis de leurs alliés, avec qui ils ont menés déjà trois campagnes depuis 2009. Ils ne cachent pas leur grande inquiétude et ne peuvent qu’attendre la décision des communistes.
Andrea Kotarac co-secrétaire du Parti de Gauche (PG) du Rhône se place dans la perspective du calendrier électoral :
« Ça nous portera un gros coup. Surtout avec les européennes un mois après ».
Le PG ainsi que l’autre composante du Front de gauche, Gauche Unitaire (GU), vont continuer à rencontrer toutes les entités dans une perspective d’« autonomie rassembleuse ». Armand Creus, le responsable départemental de Gauche Unitaire :
« On va rencontrer Europe Ecologie/Les Verts comme le GRAM de Nathalie Perrin-Gilbert. Nous pouvons monter une liste commune avec eux ».
Concernant Nathalie Perrin-Gilbert, le PG et GU mettent une condition : il faut que l’actuelle maire du premier, qui se positionne à la « gauche du PS » (tendance Benoît Hamon), se déclare « opposée à la politique d’austérité menée par le gouvernement ».
Au sein du PC, comme entre toutes les formations à la gauche de Collomb, les discussions ne font donc que commencer.
"La majorité des élus et de l'appareil". Pouvez-vous me dire ce qu'est "l'appareil"? Dans votre article cela me fait plus penser à un terme de pâtisserie qu'à un terme politique. Connaissez-vous les responsables du PCF à Lyon? Les responsables des cellules sur les différents arrondissements? Les liens qu'ils ont (ou qu'ils n'ont pas) avec leurs élus? De quelle ampleur est cette "division" dont vous parlez si bien, avez-vous fait un sondage auprès des militants et adhérents communistes? Quand le PCF dit vouloir plus d'élus (tient c'est bizarre vous en trouvez des partis qui ont pour ambition d'avoir moins d'élus?) vous en concluez que le PCF va partir avec Collomb? Pensez-vous sincèrement que le but d'EELV soit d'avoir moins d'élus? Avez-vous comparé les votes d'EELV et du Front de Gauche aux dernières élections présidentielles et législatives? Vous oubliez de dire également de combien d'élus dispose le PCF à Lyon, ils ne sont que 14 sur tout Lyon, il y a plus de 500 adhérents à la section de Lyon du PCF... Donc même si la totalité des élus était pour partir avec Collomb cela ne permet pas de parler de "division"...
D'autre part votre titre est assez "crapuleux", vous auriez pu dire: "ce sont les militants qui trancheront" ou quelque chose comme ça, mais non... Vous basez votre article sur des "on dit" et vous n'avez rien de factuel pour étayer vos insinuations... Très déçu, d'autant que vos collègues de la presse lyonnaise ont pour une fois été bien plus honnêtes.
Triste de lire ce genre de papier dans vos colonnes, qui ne reflète pas le contenu de la conférence de presse à laquelle vous avez assisté et n'est pas non plus le fuit d'un travail d'investigation très très sérieux. On est vraiment dans le "marabout bout de ficelle" qui est une tendance regrettable du journalisme contemporain.
Mon analyse sur des tensions au sein du PCF est le fruit d'un travail d'enquête.
Malheureusement comme souvent en politique, les personnes interrogées refusent de témoigner à visage découvert. Mais je peux vous assurer qu'un grand nombre de militants de base, de responsables et d'élus du Front de gauche (dont des militants et élus PCF) évoquent ces deux tendances qui travaillent actuellement les communistes lyonnais : partir avec Collomb ou en autonomie.
L'idée de cet article est de montrer les tendances et les débats qui sont à l'oeuvre dans un parti politique, en l'occurrence le PCF.
Malheureusement (encore une fois), il est très difficile hormis le cas atypique de Nawel Bab-Hamed, d'avoir un ou une responsable PCF qui se positionne ouvertement sur l'une ou l'autre option (l'autonomie ou liste avec Collomb).
Ce qui oblige un article peut-être trop synthétique et qui peut donner l'impression de reposer sur du vent.
Quant au titre, il est volontairement sous la forme de cette question pour susciter le débat.
N'hésitez pas à nous expliquer, comment, en tant qu'adhérent, vous envisagez ce débat au sein du PCF lyonnais.