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20/03/2024 date de fin
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Après Toulouse, le local des identitaires de Lyon sera-t-il fermé ?

Considéré comme un « foyer de violence d’extrême droite », le local des identitaires lyonnais aura droit à une manifestation, ce samedi, pour demander sa fermeture.

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Les identitaires ont fait de Lyon un de leurs fiefs. Ici, l'intérieur de leur local, la Traboule (dans le Vieux Lyon) ouvert en 2011. ©LB/Rue89Lyon

Désormais connu pour avoir occupé le toit de la mosquée en construction de Poitiers, les identitaires font partie des groupuscules de l’extrême droite radicale parmi les plus actifs. L’une de leur base est à Lyon, dans le quartier du Vieux-Lyon.

Montée du change, à deux pas de la cathédrale Saint-Jean, « La Traboule », comme ils l’ont nommée, accueille les Jeunes identitaires : conférences (Robert Ménard est annoncé le 26 février prochain), bar associatif, soirées à thème et même cours de self-défense. Une sorte de MJC d’extrême droite.

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Le bar du local des identitaires lyonnais, La Traboule. Crédit : Laurent Burlet/Rue89Lyon

Violences à proximité du local

Depuis que le local a été inauguré officiellement en avril 2011, commerçants et habitants du quartier dénoncent la multiplication des agressions et des dégradations.

Plutôt habituées à défendre les vieilles pierres de ce quartier touristique, les associations locales avaient même dressé, il y a un an, une liste non-exhaustive de ces faits.

Depuis, les premières poursuites et les condamnations ont eu lieu :

  • En juillet 2010, deux personnes proches de la mouvance identitaire ont été mises en examen pour le saccage de la terrasse de deux bouchons à vingt mètres de La Traboule.
  • En novembre 2012, le secrétaire de l’association « Les Petits Lyonnais », une des organisations identitaires lyonnaises qui organise, chaque année, sa montée aux flambeaux à Fourvière le 8 décembre, a été condamné à 5 mois ferme, pour avoir agressé deux personnes à proximité du local.

Naturellement, les identitaires lyonnais, par le biais de leur porte-parole Damien Rieu, rejettent la paternité de tous les actes qu’on veut leur imputer :

« Pour l’histoire des bouchons lyonnais, les deux personnes étaient des sympathisants. Elles ont participé à nos manifs. Mais on ne les voit plus depuis trois ans ».

Et dans le cas de la récente condamnation, il accuse l’extrême gauche de provocation.

L’exemple de Toulouse

Un « Collectif de vigilance contre l’extrême droite » s’est créé il y a trois ans. Rassemblant une quarantaine d’organisation de gauche*, ce collectif s’était particulièrement mobilisé pour demander la fermeture du local néonazi dans le quartiers de Gerland. En mai 2011, la Ville de Lyon avait trouvé un moyen administratif pour le fermer.

Ce collectif contre l’extrême droite voudrait que la municipalité réédite son interdiction administrative avec le local des identitaires dans le Vieux Lyon.

Ces militants rappellent qu’à la suite de violences qui leur étaient imputables, le local des identitaires toulousain a été fermé en septembre dernier.

Mais en réalité le parallèle s’arrête là. Dans le cas de Toulouse, à la suite de la mise en examen de leur chef pour coups et blessures sur un étudiant chilien, les identitaires avaient préféré fermer eux-mêmes leur local. Ni la mairie de Toulouse, ni la préfecture de Haute-Garonne n’avaient eu à intervenir.

« En règle pour le type d’activité déclarée »

Le local des identitaires n’est pas prêt de fermer. Après le passage de deux commissions de sécurité, la mairie de Lyon nous a fait savoir que, compte tenu de ses compétences, le lieu ne pouvait pas être fermé car il était en règle pour le type d’activité déclarée.

La condamnation d’un des dirigeants identitaires à cinq mois de prison n’étant pas pris en compte pour l’ouverture d’un lieu associatif privé. Dans le pire des cas, pour les identitaires, il suffirait de changer de nom dans les statuts de l’association « La Traboule ».

Même son de cloche du côté de la préfecture du Rhône. Sa porte-parole explique :

« C’est un établissement recevant du public (ERP) de cinquième catégorie. Le contrôle relève de la municipalité. Une visite de contrôle a eu lieu en l’an dernier. Il fait 88 m2 et peut recevoir 88 personnes. Il est conforme à la législation ».

Le Vieux-Lyon est-il une chasse gardée de l’extrême droite radicale ?

Outre cette demande de fermeture du local, cette manifestation (qui partira à 14h de la place des Terreaux) est envisagée comme une sorte de « marche des fiertés ». L’idée étant de montrer que le Vieux-Lyon n’appartient pas aux divers groupuscules d’extrême droite, comme le souligne Thomas Rigaud, président de SOS Racisme Rhône :

« Il y a un climat de violence et d’insécurité qui règne du fait de la présence de ces sympathisants d’extrême droite. On veut montrer avec cette manif que Saint-Jean appartient à tout le monde ».

Avant que le cortège traverse samedi le Vieux-Lyon, le premier acte de cette réappropriation symbolique de l’espace public a consisté en une distribution de tracts mardi soir, appelant à la manifestation de samedi.

Un petit groupe de militants s’est posté rue Saint-Jean. Un quart d’heure plus tard, trois identitaires sont venus marquer leur territoire. L’échange verbal entre militants anti-fa et identitaires n’a pas été des plus cordiaux. Et il s’est terminé par un coup de poings au visage d’un membre du premier groupe. Ce dernier a porté plainte.

En même temps, le raout des nationalistes radicaux

Déjà sur Facebook les messages « anti anti-fa » se multiplient. En clair, les plus radicaux appellent à venir ce week-end à Lyon pour « se faire du gauchiste ».

Le porte-parole des identitaires assure qu’au même moment, à La Traboule, il y aura des « cours de danses traditionnelles » :

« Ces personnes qui vont défiler sont simplement jaloux qu’on ait réussi à faire une association qui attire les jeunes. Ils vont manifester armés. Ce sont eux les violents ».

Vendredi, par un communiqué de presse, les identitaires lyonnais ont finalement annoncé organiser une « Journée portes ouvertes » à partir de 14h « afin ne pas laisser la place aux caricatures infamantes ».

Hasard du calendrier, disent les organisateurs de la manif contre l’extrême droite : ce même samedi se tient la rencontre annuelle des nationalistes radicaux d’Yvan Benedetti et Alexandre Gabriac. Après l’incendie du lieu où ils devaient se réunir, ces derniers avaient même émis l’idée de se réunir place des Terreaux, lieu de départ de la manifestation. Une autre salle aurait finalement été trouvée.

*Collectif 69 de Vigilance contre l’Extrême-Droite : MFPF, RESF, CGA, CNT, FSE, Sud éducation, Solidaires, la CGT vinatier et CGT éducation, CRASS, PG, NPA, GU, PS, PCF, SOS RAcisme, LDH, le CRI, UJFP, Les Voraces, La Rafal, Résistance Citoyenne Ouest Lyonnais, Ras l’Front, MRAP, Jeunes Ecologistes

 > Article actualisé le 16 février à 10h19 après l’annonce par les identitaires de l’organisation d’une journée portes ouvertes de leur local de « La Traboule ».

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