
Considéré comme un « foyer de violence d’extrême droite« , le local des identitaires lyonnais aura droit à une manifestation, ce samedi, pour demander sa fermeture.
Désormais connu pour avoir occupé le toit de la mosquée en construction de Poitiers, les identitaires font partie des groupuscules de l’extrême droite radicale parmi les plus actifs. L’une de leur base est à Lyon, dans le quartier du Vieux-Lyon.
Montée du change, à deux pas de la cathédrale Saint-Jean, « La Traboule », comme ils l’ont nommée, accueille les Jeunes identitaires : conférences (Robert Ménard est annoncé le 26 février prochain), bar associatif, soirées à thème et même cours de self-défense. Une sorte de MJC d’extrême droite.

Le bar du local des identitaires lyonnais, La Traboule. Crédit : Laurent Burlet/Rue89Lyon
Violences à proximité du local
Depuis que le local a été inauguré officiellement en avril 2011, commerçants et habitants du quartier dénoncent la multiplication des agressions et des dégradations.
Plutôt habituées à défendre les vieilles pierres de ce quartier touristique, les associations locales avaient même dressé, il y a un an, une liste non-exhaustive de ces faits.
Depuis, les premières poursuites et les condamnations ont eu lieu :
- En juillet 2010, deux personnes proches de la mouvance identitaire ont été mises en examen pour le saccage de la terrasse de deux bouchons à vingt mètres de La Traboule.
- En novembre 2012, le secrétaire de l’association « Les Petits Lyonnais », une des organisations identitaires lyonnaises qui organise, chaque année, sa montée aux flambeaux à Fourvière le 8 décembre, a été condamné à 5 mois ferme, pour avoir agressé deux personnes à proximité du local.
Naturellement, les identitaires lyonnais, par le biais de leur porte-parole Damien Rieu, rejettent la paternité de tous les actes qu’on veut leur imputer :
« Pour l’histoire des bouchons lyonnais, les deux personnes étaient des sympathisants. Elles ont participé à nos manifs. Mais on ne les voit plus depuis trois ans ».
Et dans le cas de la récente condamnation, il accuse l’extrême gauche de provocation.
L’exemple de Toulouse
Un « Collectif de vigilance contre l’extrême droite » s’est créé il y a trois ans. Rassemblant une quarantaine d’organisation de gauche*, ce collectif s’était particulièrement mobilisé pour demander la fermeture du local néonazi dans le quartiers de Gerland. En mai 2011, la Ville de Lyon avait trouvé un moyen administratif pour le fermer.
Ce collectif contre l’extrême droite voudrait que la municipalité réédite son interdiction administrative avec le local des identitaires dans le Vieux Lyon.
Ces militants rappellent qu’à la suite de violences qui leur étaient imputables, le local des identitaires toulousain a été fermé en septembre dernier.
Mais en réalité le parallèle s’arrête là. Dans le cas de Toulouse, à la suite de la mise en examen de leur chef pour coups et blessures sur un étudiant chilien, les identitaires avaient préféré fermer eux-mêmes leur local. Ni la mairie de Toulouse, ni la préfecture de Haute-Garonne n’avaient eu à intervenir.
« En règle pour le type d’activité déclarée »
Le local des identitaires n’est pas prêt de fermer. Après le passage de deux commissions de sécurité, la mairie de Lyon nous a fait savoir que, compte tenu de ses compétences, le lieu ne pouvait pas être fermé car il était en règle pour le type d’activité déclarée.
La condamnation d’un des dirigeants identitaires à cinq mois de prison n’étant pas pris en compte pour l’ouverture d’un lieu associatif privé. Dans le pire des cas, pour les identitaires, il suffirait de changer de nom dans les statuts de l’association « La Traboule ».
Même son de cloche du côté de la préfecture du Rhône. Sa porte-parole explique :
« C’est un établissement recevant du public (ERP) de cinquième catégorie. Le contrôle relève de la municipalité. Une visite de contrôle a eu lieu en l’an dernier. Il fait 88 m2 et peut recevoir 88 personnes. Il est conforme à la législation ».
Le Vieux-Lyon est-il une chasse gardée de l’extrême droite radicale ?
Outre cette demande de fermeture du local, cette manifestation (qui partira à 14h de la place des Terreaux) est envisagée comme une sorte de « marche des fiertés ». L’idée étant de montrer que le Vieux-Lyon n’appartient pas aux divers groupuscules d’extrême droite, comme le souligne Thomas Rigaud, président de SOS Racisme Rhône :
« Il y a un climat de violence et d’insécurité qui règne du fait de la présence de ces sympathisants d’extrême droite. On veut montrer avec cette manif que Saint-Jean appartient à tout le monde ».
Avant que le cortège traverse samedi le Vieux-Lyon, le premier acte de cette réappropriation symbolique de l’espace public a consisté en une distribution de tracts mardi soir, appelant à la manifestation de samedi.
Un petit groupe de militants s’est posté rue Saint-Jean. Un quart d’heure plus tard, trois identitaires sont venus marquer leur territoire. L’échange verbal entre militants anti-fa et identitaires n’a pas été des plus cordiaux. Et il s’est terminé par un coup de poings au visage d’un membre du premier groupe. Ce dernier a porté plainte.
En même temps, le raout des nationalistes radicaux
Déjà sur Facebook les messages « anti anti-fa » se multiplient. En clair, les plus radicaux appellent à venir ce week-end à Lyon pour « se faire du gauchiste ».
Le porte-parole des identitaires assure qu’au même moment, à La Traboule, il y aura des « cours de danses traditionnelles » :
« Ces personnes qui vont défiler sont simplement jaloux qu’on ait réussi à faire une association qui attire les jeunes. Ils vont manifester armés. Ce sont eux les violents ».
Vendredi, par un communiqué de presse, les identitaires lyonnais ont finalement annoncé organiser une « Journée portes ouvertes » à partir de 14h « afin ne pas laisser la place aux caricatures infamantes ».
Hasard du calendrier, disent les organisateurs de la manif contre l’extrême droite : ce même samedi se tient la rencontre annuelle des nationalistes radicaux d’Yvan Benedetti et Alexandre Gabriac. Après l’incendie du lieu où ils devaient se réunir, ces derniers avaient même émis l’idée de se réunir place des Terreaux, lieu de départ de la manifestation. Une autre salle aurait finalement été trouvée.
Aller plus loin
Le Vieux Lyon ne veut pas devenir « facho-land »
*Collectif 69 de Vigilance contre l’Extrême-Droite : MFPF, RESF, CGA, CNT, FSE, Sud éducation, Solidaires, la CGT vinatier et CGT éducation, CRASS, PG, NPA, GU, PS, PCF, SOS RAcisme, LDH, le CRI, UJFP, Les Voraces, La Rafal, Résistance Citoyenne Ouest Lyonnais, Ras l’Front, MRAP, Jeunes Ecologistes
> Article actualisé le 16 février à 10h19 après l’annonce par les identitaires de l’organisation d’une journée portes ouvertes de leur local de « La Traboule ».


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Dénoncer la violence et l'insécurité, très bien, mais dans ce cas regarder tous les vendredi et samedi soir dans le Vieux Lyon justement sur les quai de Saône, la sorties de boites, ce sont des bagarres systématiques impliquant des dizaines de personnes.
(ceci n'est pas de la propagande)
On peut parler de climat d'insécurité selon le type de population : la personne ayant la bonne gueule et le bon look ne sera jamais prise à partie. Normal qu'elle ne se sente pas en danger.
Par contre la personne un peu trop basanée ou cataloguée "gauchiste" a du soucis à se faire.
Tout ceci est donc une question de point de vue.
J'habite également dans les vieux lyon depuis quelques années et pour moi il y a d'autres problèmes plus importants:
- le nombre de places de parking est insuffisant, notamment les places gratuites. A chaque nouvel aménagement dans le vieux lyon des places sont supprimées. Des garares individuels sont transformés pour d'autres fonctions etc...
-la disparition des commerces aux profits de magasins pour touristes, symbolisée selon moi par l'ouverture de 2 vendeurs de bonbons rue saint jean et par la désertification du quartier saint georges.
- la vie nocturne. apres 1h du matin, le vieux lyon n'est plus qu'un vaste zoo où résonne les cris d'animaux et les chants d'ivrognes. Des personnes totalement défoncées errent et urinent dans des rues classées au patrimoine.
L'insécurité est très présente à partir de 3h du matin notamment sur les quais de saone qui sont un vrai nid à embrouilles. d'ailleurs un jeune s'est fait tuer là bas il y a peu de temps.
Pour moi l'insécurité politique se résume à quelques autocollants et tags, plus rarement des tracts, des deux bords politiques d'ailleurs. Par exemple la cathédrale saint jean a été taguée il y a quelques semaines par des slogans d’extrême gauche (mais peut être est ce une provocation de l’extrême droite).
Peut être serait ce intéressant de faire un article sur ce quartier, dont la rue principale devient une vitrine pour touristes et dont les autres parties et les riverains sont livrés à l'abandon.
à chaque fois qu'il y a des manifestations d’extrême droite ou d’extrême gauche, ce sont des gens extérieurs au quartier, et même le plus souvent extérieurs à la ville qui viennent participer.
Pour vous donner des solutions à vos préocupations : les places de parking : vendez votre voiture et prenez les transports c'est moins cher et plus écologique.
les magasins pour touristes : ils ne sont pas si nombreux et il me semble que c'est un quartier historique fréquenté par les touristes, donc il me paraît difficile d'y changer grand chose.
je ne suis pas fan de ces magasins mais je préfère les boulangeries, les bouchons lyonnais, les boutiques qui vendent des spécialités lyonnaises ou des cartes postales souvenirs aux rues commerciales du 2eme avec des grosses enseignes de multinationales, non??
quand au bruit : il y a des restaurants et des boites de nuit, certes, donc oui il y aura toujours du bruit quand on habite un quartier fréquenté, solutions : mettre des vitres double vitrage anti bruitou des cotons dans les oreilles.
voyez ce n'est pas compliqué.
et vous allez me citer une seule rue du quartier historique du vieux lyon classé à l'unesco qui est livrée à l'abandon???
parce que là, franchement soit il faut redefinir ce mot, soit je suis aveugle, je ne vois pas une seule rue dans ce quartier à l'abandon, vous devirez aller en banlieue lyonnaise voir quelques quartiers à l'abandon et peut-être que vous changerez vos préoccupations...
Ce phénomène avait même donné à un reportage sur France Culture 2011, que l'on peut encore écouter en ligne :
http://www.franceculture.fr/emission-les-pieds-sur-terre-l%E2%80%99extreme-droite-a-lyon-2011-11-09
Quelques exemples parmi ces agressions ciblées :
- Trois militants syndicaux identifiés comme tels lynchés par une dizaine d'assaillants sur la place Saint-Jean alors qu'ils sortent d'un restaurant un samedi soir.
- Un lycéen violemment frappé au visage au point de lui casser le nez, en plein après-midi rue Saint-Jean, parce qu'il porte un badge à l'effigie du Che sur son sac de cours.
- Un jeune homme jeté à terre sur le pont de la feuillée, roué de coups de pied et de parapluie aux cris de "sale gauchiste", encore une fois en plein après-midi, parce qu'il portait un keffieh (écharpe palestinienne traditionnelle) et venait de décoller d'un poteau un autocollant des "identitaires"
Il ne s'agit là que d'une fraction des agressions qui ont été portées à la connaissance du Collectif, et il y a fort à parier qu'il ne s'agit là que de la partie émergée de l'iceberg.
A Toulouse, dans une configuration identique, il a fallu attendre un blessé grave (une personne rendue hémiplégique) pour que les autorités réagissent. Faudra-t-il attendre un drame à Lyon également ?
(en tous cas riverain69005 m'a bien fait rire)
j'habite également dans le vieux lyon, et ce problème me préoccupe vraiment car on sent chez les commerçant une inquiétude latente, interrogez les commerçants non loin de la traboule ils ne sont pas ravis. et quant à Mr riverain69005, non il n'y avait pas que des gens d'extrème gauche dans la manifestation, il y avait également des citoyen concernés comme moi qui ne suis d'aucun parti mais qui ne souhaite pas voir ce quartier investit par une horde d'excités qui ne pense qu'à faire des ratonnades dès que l'occasion se présente (et je le constate souvent en les voyant). il y avait également dans cette manifestation des élus de gauche du PS, des écologistes, des salarié des MJC rhones alpes, des catholiques et de simples citoyens soucieux de leur quartier.