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Législatives 2022 : à Vénissieux, le député macroniste en danger dans une possible triangulaire

Aux législatives, la 14ème circonscription du Rhône, celle de Vénissieux, pourrait être le lieu d’une triangulaire au second tour. Le député LREM sortant, Yves Blein, n’est pas sûr de conserver son siège dans une circonscription où la gauche unie peut réaliser un très bon score, et où le RN peut se qualifier pour le second tour.

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Minguettes Marche

Fin avril, la 14ème circonscription du Rhône avait pris toute la lumière médiatique. Le parachutage par la France insoumise du journaliste et militant anti-raciste Taha Bouhafs avait déchaîné les passions, sur les plateaux télés comme sur les réseaux sociaux. Le jeune insoumis avait dû faire face à une campagne de cyber-harcèlement raciste, puis a retiré sa candidature suite aux accusations de violences sexuelles qui pèsent contre lui, reçues par LFI et révélées par Mediapart.

Depuis le calme est revenu à Vénissieux, Saint-Priest, Saint-Fons, Corbas, Feyzin et Solaize, ces communes populaires du sud et de l’est de Lyon. Le député sortant de la majorité présidentielle, Yves Blein, va devoir défendre son siège dans une possible triangulaire avec l’union de la gauche Nupes et l’extrême droite RN.

À Vénissieux, une union de la gauche au forceps pour les législatives

L’union de la gauche Nupes a failli être mise à mal dans la 14ème circonscription. Pendant une dizaine de jours après la signature des accords, la maire PCF de Vénissieux, Michèle Picard, qui voulait aussi être candidate aux législatives est entrée en dissidence. Elle souhaitait maintenir coûte que coûte sa candidature dans une circonscription que LFI s’était réservée lors des accords nationaux car jugée possiblement gagnable par la gauche. En 2017, le candidat LFI avait manqué de peu le second tour, derrière le RN, avec 14,6% des voix. Et en 2022, Jean-Luc Mélenchon est arrivé en tête dans quatre communes sur cinq au premier tour de la présidentielle.

La maire communiste est finalement rentrée dans le rang de la Nupes – non sans mal – après le retrait de Taha Bouhafs, après que LFI a désigné un nouveau candidat : Idir Boumertit, 4ème adjoint (LFI) à la mairie de Vénissieux en charge des grands projets de la Ville et au patrimoine et donc membre de la majorité de Michèle Picard. Le Vénissian est aussi conseiller métropolitain et est donc responsable local de la France Insoumise. En un siècle, c’est la première fois que les communistes ne présentent pas de candidat aux législatives.

Du côté du PS aussi, des velléités de dissidence ont aussi émergé chez Lotfi Ben Khelifa, qui a finalement renoncé à sa candidature. Le PS avait déjà failli connaître une dissidence sur cette circonscription en 2017 puisque Adrien Drioli et Lotfi Ben Khelifa avaient déposé leurs candidatures en préfecture. Lotfi Ben Khelifa avait finalement retiré sa candidature après que le parti a choisi Drioli, même si son nom restait inscrit dans les candidats officiels.

La circonscription ne compterait donc qu’un seul candidat à gauche. On compte aussi deux candidatures écologistes, Delphine Palluy pour le Parti Animaliste et Camila Salmi, jeune candidat de 18 ans sans étiquette, et un candidat d’extrême-gauche, Olivier Minoux, pour Lutte Ouvrière.

vendredi 3 juin 2022, Bruno Bernard (président de la Métropole de Lyon - gauche), et Michèle Picard (maire de Vénissieux - au milieu) accompagne Idir Boumertit, le candidat de la Nupes, au cours d'une déambulation au marché du Charréard à Vénissieux. Photo : Facebook du candidat
vendredi 3 juin 2022, Bruno Bernard (président de la Métropole de Lyon – à gauche), et Michèle Picard (maire de Vénissieux – au milieu) ont accompagné Idir Boumertit, le candidat de la Nupes (à droite), au cours d’une déambulation au marché du Charréard à Vénissieux. Photo : Facebook du candidat

L’extrême droite mise sur des policiers à Vénissieux pour les législatives

La candidature de Taha Bouhafs, militant engagé contre le racisme et les violences policières, a donné des idées au Rassemblement national et au parti d’Éric Zemmour, Reconquête !. Les deux partis d’extrême droite ont positionné des policiers comme candidats dans la 14ème circonscription.

Côté Reconquête !, c’est le policier syndicaliste et Youtubeur, Bruno Attal qui a été investi. Selon Agnès Marion, représentante Rhône du parti, il a demandé, lui-même, a être positionné à Vénissieux contre le journaliste et militant.

Très investi sur les réseaux sociaux, notamment Twitter où il s’en est pris plusieurs fois à Taha Bouhafs, Bruno Attal s’est retrouvé désœuvré après le retrait de l’Insoumis et ne fait presque plus mention de sa candidature à Vénissieux dans ses tweets. Le secrétaire-adjoint du très à droite syndicat France Police n’a cependant que peu de chances de l’emporter. Éric Zemmour a obtenu moins de 6% des voix dans cette circonscription à la présidentielle, où l’extrême droite de Marine Le Pen est bien plus populaire.

Le Rassemblement national a préféré miser de nouveau sur le profil plus discret de Damien Monchau. Le CRS de 35 ans est aussi conseiller municipal de Vénissieux depuis 2015. Il s’était déjà présenté en 2017 aux législatives et s’était qualifié au second tour avec 17,6% des voix. Il avait perdu face à Yves Blein (LREM).

Damien Monchau du Rassemblement National
Damien Monchau, candidat RN aux législatives 2022 dans la 14e circonscription du Rhône était aussi tête de liste du Rassemblement National aux municipales à Vénissieux et sur la circonscription J pour la Métropole de Lyon.Photo : BE/Rue89Lyon

Quant au parti des Patriotes créé par Florian Philippot, ancien cadre du RN, il a investi son référent du Rhône, Martin Egron.

Le candidat sortant de la majorité présidentielle en danger à Vénissieux

Le parachutage avorté Taha Bouhafs et les remous qu’il a provoqué à Vénissieux auraient presque fait oublier que le député de la majorité présidentielle a finalement décidé de se représenter. Après avoir hésité, Yves Blein repart pour une troisième fois.

Il était déjà élu député en 2012 sous les couleurs du Parti socialiste. Il avait alors ravi au PCF ce fief communiste. Yves Blein a rempilé en 2017 sous l’étiquette La République en marche. Le député de 68 ans était maire de Feyzin de 2001 à 2017.

En 2017 il avait pu bénéficier de son ancienne étiquette socialiste, et du raz-de-marée aux législatives après la première élection d’Emmanuel Macron. Il avait aussi bénéficié d’une division des voix entre les communistes et les insoumis. Au sortir du quinquennat mené par Emmanuel Macron, le député va avoir plus de mal à convaincre l’électorat de gauche de voter pour lui. Yves Blein devra compter sur le soutien des électeurs de droite, alors que LR n’a pas investi de candidat sur la circonscription.

Yves Blein au 2ème tour des législatives à la préfecture du Rhône le 18 juin 2017. ©HH/Rue89Lyon
Yves Blein au 2ème tour des législatives à la préfecture du Rhône le 18 juin 2017.Photo : HH/Rue89Lyon

Un report des voix de gauche pourrait bénéficier au candidat insoumis Idir Boumertit, et lui permettre de se qualifier pour le second tour. Ce qui rend probable l’hypothèse d’une triangulaire entre LREM, le RN et LFI, dont le résultat s’annonce incertain. Encore faut-il réunir, au premier tour, les voix de 12,5% des électeurs inscrits dans une circonscription où l’abstention pourrait être très forte.


#Damien Monchau

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