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Retrait de la candidature de Taha Bouhafs à Vénissieux : le bras de fer entre PCF et LFI continue

Dénonçant une « tempête d’attaque », le candidat insoumis aux législatives à Vénissieux, Taha Bouhafs, retire sa candidature.

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Taha Bouhafs vénissieux législatives

Sa candidature était au centre de l’attention médiatique depuis plusieurs semaines. À peine éclipsée par l’annonce de l’union de la gauche (Nupes) le 4 mai dernier. Sur les réseaux sociaux, comme dans les médias, l’investiture du journaliste et militant antiraciste Taha Bouhafs par la France insoumise a été largement commentée et critiquée de manière parfois virulente.

Ce mardi 10 mai dans la nuit, aux alentours de 2 heures du matin, le candidat de la Nupes sur la 14ème circonscription du Rhône a annoncé le retrait de sa candidature. Il écrit dans un communiqué publié sur Twitter :

« J’ai sous-estimé la puissance de ce système quand il veut vous broyer. (…) Continuez de vous battre. Pour ma part j’ai essayé mais je n’y arrive plus. »

À ce moment-là, le doute plane encore car le communiqué ne parle pas explicitement d’un retrait de candidature. Mais quelques heures plus tard, plusieurs cadres de LFI confirment l’information. Alexis Corbière sur France 2, Adrien Quatennens sur SudRadio, puis Jean-Luc Mélenchon lui-même sur Twitter, qui « s’en veu[t] de ne pas avoir su le réconforter autant que nécessaire. »

La candidature de Taha Bouhafs, source de tensions à Vénissieux

Une partie des critiques visant le candidat issu du quartier populaire d’Échirolles (Isère) venaient des communistes, pourtant alliés de la France Insoumise dans la Nupes. Leur candidate dans la 14e circonscription du Rhône, la maire communiste de Vénissieux Michèle Picard, n’acceptait pas le parachutage du journaliste. Taha Bouhafs avait déjà été candidat pour La France insoumise en 2017 en Isère.

Malgré l’accord d’union signé par son parti, elle avait annoncé entrer en dissidence et maintenir sa candidature. Une décision soutenu par le leader des communistes, Fabien Roussel, ancien candidat à la présidentielle qui invitait LFI à « revoir la candidature » de Taha Bouhafs lundi 9 mai sur France 2.

Le parti d’Éric Zemmour, Reconquête!, avait de son côté dépêché Bruno Attal, policier parisien, secrétaire général du syndicat France Police, pour faire face à Taha Bouhafs dans cette circonscription. À la demande expresse du policier, nous expliquait la représentante Reconquête du Rhône, Agnès Marion. Taha Bouhafs s’était notamment fait connaître en filmant les violences d’Alexandre Benalla, alors au service du président de la République Emmanuel Macron, contre un couple lors des manifestations du 1er mai 2018 à Paris, au milieu d’autres policiers.

Un militant antiraciste accusé de racisme

Raphaël Debû, le patron des communistes du Rhône s’était même aventuré sur le terrain judiciaire et éthique pour disqualifier l’investiture du journaliste et militant :

« Nous avons un vrai problème éthique, au vu des condamnations pour injure raciale du candidat qui pourrait être parachuté dans la 14e.  »

Taha Bouhafs a plus précisément été condamné en première instance pour « injure en raison de l’origine » après avoir qualifié la syndicaliste policière Linda Kebbab « d’arabe de service », alors qu’elle défendait des policiers accusés de violences policières. Il a fait appel de cette décision.

Le policier et candidat d’extrême-droite Bruno Attal avait lui publié une vidéo s’en prenant directement au jeune candidat sur les réseaux sociaux, le qualifiant même « d’antisémite ».

Face aux critiques de tous bords, Alexis Corbière (LFI), avait dénoncé un « acharnement contre des militants qui ont toujours le même profil, de la jeunesse qui sont notamment d’origine maghrébine ».

Un autre candidat LFI dans la 14e circo

Restait à savoir si, après le retrait de Taha Bouhafs, les Insoumis allaient investir un·e autre candidat·e sur cette circonscription ou trouver un accord avec la communiste Michèle Picard.

Cette dernière avait indiqué dans un communiqué après l’annonce du retrait de Taha Bouhafs que « la raison l’a emporté ». Avant d’ajouter :

« La Nupes doit maintenant reconnaître Michèle Picard comme la candidate qui peut rassembler toute la gauche. Nous attendons maintenant son soutien. »

Réponse de La France insoumise : c’est nous qui décidons.

Mardi soir, Idir Boumertit, quatrième adjoint à la maire de Vénissieux, en charge de la politique de la ville, a été désigné par LFI comme le candidat Nupes.

Le feuilleton des investitures à gauche dans la 14e circonscription n’est pas pas encore terminé.


#Législatives 2022

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