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Téléphérique à Lyon : de nouvelles hypothèses de tracés sous tension

Après avoir étudié trois tracés pour le téléphérique lyonnais et s’être arrêté sur un seul à la fin de l’année 2020, voilà que le Sytral, syndicat mixte qui gère les transports en commun à Lyon, propose trois nouveaux itinéraires de passages pour son hypothétique transport par câble.

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Le téléphérique des Capucins, à Brest ©Jérémy Kergoulay

Les trois itinéraires proposés ce mercredi 2 juin par le Sytral, syndicat mixte présidé par Bruno Bernard (par ailleurs président écologiste de la Métropole de Lyon) ont provoqué la surprise. Alors qu’il était attendu de Bruno Bernard qu’il dévoile de nouvelles informations sur le seul trajet jusqu’ici retenu pour le téléphérique, il n’en a rien été. L’élu a plutôt préféré proposer deux nouveaux itinéraires inexploités. Tentative pour susciter l’adhésion sur un projet déjà très controversé ?

Les trois différents itinéraires vont être soumis à une concertation citoyenne de mi-novembre 2021 à mi-février 2022. Le dossier de presse du Sytral précise :

« Ce moment privilégié d’information et de dialogue […] servira à soumettre à l’avis des citoyens l’opportunité du projet, les hypothèses de tracé ainsi que les principes d’insertion des stations et pylônes. »

Les trois trajets proposés relient tous Lyon à Francheville. C’est donc l’itinéraire et le choix des stations d’arrêt qui sont au cœur du débat.

Le premier itinéraire relie la gare de Francheville à l’arrêt de métro Jean Jaurès (Lyon 7e) ou de Perrache (Lyon 2e) en passant par Gravière/Taffignon et le haut de la commune de Sainte-Foy-lès-Lyon. Cet itinéraire, jamais abordé jusqu’ici a fait entrer la gare Perrache dans l’équation. Ce qui est étonnant. Le téléphérique remonterait alors bien plus haut dans la ville de Lyon que tout ce qui avait été prévu auparavant.

Carte des fuseaux de téléphérique à l'étude par le Sytral.
Carte des fuseaux de téléphérique à l’étude par le Sytral.

Le second itinéraire proposé part toujours de la gare de Francheville mais relierait l’arrêt de métro Gerland (Lyon 7e) en passant par Gravière/Taffignon, le centre de Sainte-Foy-lès-Lyon et la Mulatière. Il s’agit de l’itinéraire le plus proche de l’hypothèse initialement choisie par le Sytral.

Le dernier itinéraire relierait la Gare de Francheville à l’arrêt Gerland (Lyon 7è) en passant aussi par la Mulatière, mais cette fois-ci en empruntant une route longeant par le sud la ville de Sainte-Foy-lès-Lyon.

Abandon de l’arrêt Confluence ?

L’arrêt Confluence, qui était beaucoup discuté en fin d’année 2020, semble avoir été abandonné. Quelques hauts bâtiments du quartier posaient des problèmes techniques, d’évitement ou de survol, comme celui de la chaîne télé Euronews. De plus, il n’y a pas d’arrêt de métro sur la presqu’île.

Les trois itinéraires proposés par le Sytral le 2 juin dernier relient tous Francheville à des stations de métro. Ce qui n’est pas pour rassurer les anti-téléphériques -comme le collectif Touche pas à mon Ciel– qui y voient un stratagème visant à substituer le transport par câble au projet de métro E.

Difficultés du passage du téléphérique à Confluence. Image extraite du dossier de "pré-faisabilité du téléphérique" daté de novembre 2020 du Sytral, réalisé par le bureau Egis. Dossier complet disponible ici. ndlr : le 3S est le téléphérique dit "tricâble" qui résiste à des vents de plus de 110 km/h.
Difficultés du passage du téléphérique à Confluence. Image extraite du dossier de « pré-faisabilité du téléphérique » daté de novembre 2020 du Sytral, réalisé par le bureau Egis. Dossier complet disponible ici. ndlr : le 3S est le téléphérique dit « tricâble » qui résiste à des vents de plus de 110 km/h.

Une levée de boucliers des « anti-téléphérique »

Le projet a été instantanément décrié par les maires, politiques et associations détracteurs du projet. D’après Alain Bavozet, qui a longtemps été élu à Sainte-Foy-lès-Lyon et préside désormais l’association « Touche pas à mon Ciel » :

« Je ne vois qu’une proposition d’élargissement de la nuisance. Le projet n’est pas remis en question et le même trajet de base est toujours présent [celui qui passe au-dessus du centre de Sainte-Foy-lès-Lyon]. »

Il précise :

« Aujourd’hui le Sytral dit nous proposer deux autres fuseaux qui régleraient les inconvénients du premier, mais je crois qu’ils se trompent. »

Il illustre :

« Le trajet qui passerait par le nord de Sainte-Foy-lès-Lyon survolerait l’avenue Valioud. Il passerait au-dessus d’un groupe d’immeubles dont le Mont Blanc. C’est 700 ou 800 personnes de plus qu’en passant par le centre de Sainte-Foy-lès-Lyon qui seraient enquiquinées par un passage de navette toutes les 34 secondes. »

A Oullins, la maire Clotilde Pouzergue (LR) s’est sentie menacée par l’hypothèse d’un passage du téléphérique en terres oullinoises :

« Au-delà du soulagement que représente cette décision [de ne pas faire passer le téléphérique par Oullins], j’apporte tout mon soutien aux maires des villes de Sainte-Foy-lès-Lyon et La Mulatière dans la poursuite de leur combat pour préserver le cadre de vie de leurs communes. »

Le maire LR du 2e arrondissement de Lyon, Pierre Oliver, s’est joint au concert de critiques. Il est aussi très défavorable au projet et a fait part de son mécontentement de n’avoir pas été convié à participer au comité de pilotage. Deux des tracés proposés par le Sytral concernent le quartier Sainte-Blandine, et le quartier Perrache dans le 2e arrondissement.

Il semble qu’au sud de Lyon, le téléphérique est donc toujours très impopulaire. En plus de la maire d’Oullins, Clotilde Pouzergue, et de celle de Sainte-Foy-lès-Lyon, Véronique Sarselli, la maire de la Mulatière, Véronique Déchamps, s’y est aussi fermement opposée. Le seul qui reste en faveur du projet est Michel Rantonnet, le maire de Francheville (droite). Des territoires concernés par le projet, Francheville est la ville la plus excentrée de Lyon qui demande à être désenclavée.

Le téléphérique de Lyon : se fera, se fera pas ?

Pour Alain Bavozet, président du collectif Touche pas à mon Ciel :

« Quand nous avons échangé quelques mots avec Bruno Bernard [président du Sytral], il nous a confié qu’il était lui-même à la recherche de solutions alternatives. Moi j’ai envie de comprendre ‘alternatives au téléphérique’. »

Au cours d’une interview donnée à Rue89Lyon en février dernier, Jean-Charles Kohlhaas, vice-président de la Métropole de Lyon mais aussi vice-président au Sytral a déclaré que le projet ne se ferait pas à marche forcée, mais uniquement si le résultat de la concertation y est favorable. Le téléphérique de l’agglo de Lyon n’est donc pour l’instant pas assuré de voir le jour.

Le téléphérique des Capucins, à Brest ©Jérémy Kergoulay
Le téléphérique des Capucins, à BrestPhoto : Jérémy Kergoulay

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