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Élections 2020 : à Lyon, les alliances baroques du second tour

[Analyse des listes 3/3] Pour le second tour des élections dans l’agglomération de Lyon, différents accords métropolitains ont été signés entre les listes encore présentes sur les 14 circonscriptions. Notamment Gérard Collomb avec la droite ; les écologistes avec la gauche car refusant officiellement En Marche ou David Kimelfeld. Et puis il y a la traduction de ces accords sur le terrain, pas toujours évidente. Parfois même en contradiction. Petit tour d’horizon dans la Métropole de Lyon.

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Panneau électoral pour le second tour des élections municipales à Lyon en 2020

À Lyon, le second tour des élections municipales et métropolitaines, ce dimanche 28 juin, sera peut-être un soulagement pour certains électeurs.rices. Localement, cela devient parfois complexe de s’y retrouver quand on porte attention aux étiquettes, aux alliances et aux soutiens politiques plus ou moins amicaux.

Essayons de résumer les positionnements et les alliances à Lyon, et ses alentours, dans cette campagne qui s’étire. Puis, d’en regarder leurs traductions.

À gauche, une alliance abandonnée puis recommencée au second tour à Lyon

À gauche, socialistes, certains écologistes (notamment Grégory Doucet) et communistes avaient un temps plaidé pour une alliance dès le premier tour. Finalement, les écologistes décident d’y aller en solo avant de faire, autour d’eux, une alliance avec leurs partenaires de gauche pour le second tour. Une alliance avec David Kimelfeld (ou Georges Képénékian aux municipales à Lyon) est exclue : ils sont toujours identifiés comme des Marcheurs et, pour Europe Ecologie – Les Verts, les macronistes c’est cracra.

Dans les faits ? C’est parfois moins limpide.

Cette alliance des écologistes et de la gauche (socialistes, communistes) s’est réalisée dans la majeure partie des cas. Aux municipales comme aux métropolitaines. Aux élections métropolitaines, la fusion des listes écologistes, de « La gauche unie » et de « Lyon en commun » ne s’est toutefois pas réalisée dans la circonscription Ouest (pour les deux premières) :

« Il n’y a pas eu de volonté de « La gauche unie » de fusionner. Il n’aurait eu qu’une position non éligible. Mais elle soutient notre liste au second tour », explique-t-on chez les écologistes.

Envie de toi (aux métropolitaines) besoin de rien (aux municipales)

Sur la circonscription Rhône-Amont, les écologistes ont choisi de fusionner avec la liste menée par Hélène Geoffroy, maire socialiste de Vaulx-en-Velin. Une liste pourtant soutenue par David Kimelfeld (LREM), le président de la Métropole de Lyon, au premier comme au second tour.

Pas de contradiction pour les écologistes :

« Ce n’était pas une liste investie par David Kimelfeld, ce n’est pas une candidate de David Kimelfeld », indique Axel Marin, directeur de campagne des écologistes à la Métropole de Lyon.

Dans cette même ville de Vaulx-en-Velin, tout le monde se retrouve. Là, la liste écologiste n’a pourtant pas fusionné avec celle de la maire sortante. La tête de liste écologiste aux municipales vaudaises, Richard Marion, fait pourtant partie des colistiers d’Hélène Geoffroy aux élections métropolitaines. Mais pas aux municipales donc. Forte de ses 40% au premier tour, il faut dire que la maire sortante n’avait pas vraiment besoin des écologistes.

« Il n’y a pas eu de volonté de fusionner avec Hélène Geoffroy, c’est une question d’équilibre de fusion », euphémise Axel Marin.

En clair, les fusions sont intéressantes quand il y a des places à gagner.

Ou bien quand les animosités locales ne sont pas trop fortes. À Givors par exemple. La ville, dirigée par la communiste Christiane Charnay, pourrait passer entre les mains du Rassemblement National. Aucun accord n’est intervenu entre la liste menée par Christiane Charnay et celle de Mohamed Boudjellaba, soutenue par Europe Écologie – Les Verts mais membre de l’opposition municipale. Mais on oublie tout ça pour les métropolitaines. Christiane Charnay figure sur les listes des écologistes et de la gauche dans la circonscription Lônes et Coteaux.

Les écologistes ne veulent pas de marcheurs à jour de cotisation

L’étanchéité vis-à-vis des « marcheurs » est elle aussi parfois plus relative. Les écologistes l’ont dit :  pas d’accord avec des gens de La République En Marche. La porte a donc été fermée -pour l’instant- à David Kimelfeld.

Ancien socialiste devenu « En Marche » mouvement avec lequel il a pris pas mal de distance. Sans franchir complètement le pas. Les écologistes ont eu moins de mal alors à prendre la photo avec le député du Rhône Hubert Julien-Lafferière. Député élu avec l’étiquette LREM, il est membre depuis peu d’un nouveau parti, Écologie Démocratie Solidarité. Un parti formé d’anciens marcheurs.

À Francheville, pour le second tour des municipales, la liste écologiste a fusionné avec celle de Caroline Paris. La candidate menait au premier tour la liste soutenue par La République En Marche (LREM). Elle figurait également sur les listes métropolitaines de Gérard Collomb dans la circonscription Ouest. Une liste qu’elle a quitté avec d’autres colistiers pour fusionner avec…la liste de David Kimelfeld, menée par Alain Galliano. Chez EELV on se défend en avançant qu’elle n’a pas sa carte à LREM :

« Sinon ça aurait été problématique. »

À droite, l’alliance avec Gérard Collomb est dure sur le terrain

À droite, l’alliance avec les listes de Gérard Collomb ne passe pas non plus auprès de tous ni partout. Pas d’alliance avec Gérard Collomb aux élections métropolitaines dans les circonscriptions Plateau Nord – Caluire et Lyon Ouest. Et les listes de Gérard Collomb ont préféré rejoindre celles de David Kimelfeld dans les circonscriptions Portes du Sud et Ouest.

Pour les élections municipales, c’est parfois la même chose. À Lyon notamment. Pas de fusion avec les listes de Yann Cucherat dans le 9e arrondissement ainsi que dans le 4e arrondissement. À Chassieu, dans un contexte particulier, la liste Les Républicains a carrément fait alliance avec la liste Divers gauche de Jean-François Leone. Le maire sortant, Jean-Jacques Selles, avait été exclu des Républicains pour avoir apporté son soutien à…Gérard Collomb. Il menait donc une liste divers droite lors du premier.

LREM, des alliances à droite, pas avec la droite ou à gauche

À Écully, le maire sortant Yves-Marie Uhlrich ne se représentait pas. La liste Les Républicains était menée par Sébastien Michel, son premier adjoint. Arrivée en tête, il avait face à lui notamment une liste En Marche, menée par Florence Asti-Lappérière (opposition) et Damien Jacquemont (divers droite, majorité sortante). Impossible, malgré l’accord entre LR et Gérard Collomb, d’envisager une fusion entre la liste LR de Sébastien Michel et son opposante LREM. Cette dernière le qualifie même « d’escroquerie électorale et intellectuelle ». Au final : quadrangulaire, comme au premier tour.

Les alliances locales des listes LREM sont elles aussi parfois à géométrie variable. Celle de François-Xavier Pénicaux (candidat Modem et LREM) à Bron a fusionné avec le candidat LR, Jérémie Bréaud. En revanche à Mions, la liste soutenue de Bruno Vananty, soutenue par le groupe local d’En Marche, s’est alliée avec celle divers gauche de Francis Mena pour affronter le maire sortant Claude Cohen (LR).

De quoi paumer quelque peu l’électeur ?


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