
« La voiture comme signe d’appartenance au « peuple » face aux bobos qui prennent le vélo est un mythe »
Nous rappelons sa thèse : « les centres-villes sont de moins en moins impactés par la voiture. Résultat, ils sont de plus en plus agréables, et donc de plus en plus chers (…) Les populations modestes sont de plus en plus repoussées à l’extérieur des centres-villes où elles sont condamnées à avoir une voiture ».
Nous publions le commentaire de Renaud à qui l’on doit une précédente tribune sur la question.
S’il est absolument nécessaire de s’attaquer à la hausse phénoménale des prix dans le centre-ville et à la « gentrification » qui en découle, il est dommage qu’une fois encore soit servie cette tarte à la crème qui établit un lien direct entre appartenance aux classes populaires et usage de l’automobile.
La dépendance à la voiture, notamment dans des zones où toute alternatives ont disparu, est une réalité au niveau national qui mérite largement d’être nuancé dans une ville comme Lyon.
L’automobiliste a des revenus plutôt supérieurs à la moyenne des « voyageurs »
Les chiffres de l’INSEE montrent que la distance domicile-travail a tendance à augmenter avec les revenus, et les enquêtes montrent que dans les grandes métropoles, l’automobiliste a des revenus plutôt supérieurs à la moyenne des « voyageurs » (lire ici).
La chose est assez facile à admettre pour qui regarde cinq minutes le type de modèles de voiture circulant à Lyon, et alors qu’en 2018 les SUV ont représenté presque une voiture sur deux vendue en France.
Les personnes les plus pauvres de l’agglomération vivent pour une grande partie dans des quartiers certes excentrés mais où existent des lignes, même imparfaites, de transport en commun. Ils subissent cependant de plein fouet les nuisances automobiles, et il y a fort à parier que si on proposait aux habitants de Bron Terrraillon ou des UC de réduire les voies automobiles du périphérique au profit d’une tram verte et de transports en commun plus réguliers, ils ne seraient pas contre.
Bref, la voiture comme signe d’appartenance au « peuple » face aux bobos qui prennent le métro et le vélo est un mythe qui a la peau dure, et qui est largement alimenté par des CSP+ qui, pour le coup, n’ont pas du tout envie d’abandonner leur confort. (Lire par ailleurs)

La barre HLM de l’UC1 le long du périphérique lyonnais à Bron. ©CS/Rue89Lyon
>> L’interview de Jean-Michel Deleuil et tous les commentaires sont à lire ici

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totalement d'accord, et merci pour le lien des chiffres de l'INSEE.
Un témoignage: devant prendre récemment le train à St Exupéry, et désirant tester l'accès en bénéficiant du tarif TCL grâce au bus 47, j'ai passé un certain temps au terminus du tram T3, Meyzieu ZI. Très loin du centre-ville et des bobos ... et plein de vélos!
Le parc relais vélos a 120 places, il était vraiment bien rempli. Il y avait aussi d'autres vélos correctement garés sur des arceaux, mais hors parc relais sécurisé. Bref, une image d'Allemagne ou des Pays-Bas. C'était un dimanche, y aurait-il eu encore plus de vélos en semaine? J'imagine que oui. En tout cas il est clair que même en habitant loin du centre, la mobilité vélo + tram fonctionne dès que les infrastructures le permettent.
Il y a des transports en banlieue, oui, bien sur, mais souvent inadaptés au gigantisme - unique en France - de Paris (10,5 millions d'habitants. 12 pour la zone urbaine : c'est petit, Lyon) parce que les parcours se font très souvent de banlieue à banlieue et que cela signifie correspondances, changements de gare et hop : trois ou 4 heures heures de transport quotidien. Donc : voiture obligatoire. Bref, la voiture comme signe d’appartenance au « peuple » face aux bobos qui prennent le métro et le vélo est une réalité, point. Quant à l'INSEE, hein, ces gens qui affirment que le pouvoir d"achat augmente alors que le coût du logement a explosé en vingt ans....