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Steven Bissuel, leader du Bastion Social, condamné pour incitation à la haine raciale

À l’occasion du 70e anniversaire de la libération d’Auschwitz, Steven Bissuel avait publié une image et un texte à caractère antisémite. Il les avait diffusés sur le compte Twitter et la page Facebook du GUD Lyon, groupuscule d’extrême droite radicale dont le Bastion Social est la nouvelle vitrine. À l’audience, le 19 juin dernier, une peine de prison avait été requise contre lui. Il n’a écopé que d’une amende.

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Ce jeudi 4 novembre, sept antifas passent en procès au tribunal correctionnel de Lyon.

« Joyeux anniversaire Auschwitz. 70 ans de business ça commence à faire ». Le 27 janvier 2015, le leader du groupuscule d’extrême droite radicale lyonnais publie ce commentaire. Ce jour-là on commémore alors l’anniversaire de la libération du plus grand camp de concentration du régime nazi.

Ce commentaire de Steven Bissuel, 21 ans au moment des faits, accompagnait une illustration. C’est en réalité un détournement de l’étiquette des bouteilles d’Oasis où l’on peut lire l’inscription « Shoasis ». On y voit des ananas portant des étoiles jaunes et des pyjamas rayés évoquant ceux des prisonniers des camps avec l’inscription du portail du célèbre camp de concentration « Arbeit macht frei ». « Teneur garantie : 6 millions au Zyklon B » en sous-titre.

Il était depuis poursuivi pour « incitation à la haine raciale » et « apologie de crime contre l’humanité ».

20 000 euros d’amende et 3000 euros de dommages et intérêts

Ce jeudi 16 août, le tribunal correctionnel de Lyon a condamné l’actuel leader du Bastion Social à 20 000 euros d’amende (sous forme de 200 jours-amendes de 100 euros) pour incitation à la haine raciale. Il devra en outre s’acquitter de 3000 euros au titre des dommages et intérêts à l’égard de la partie civile, la LICRA, et de 1500 euros pour ses frais de justice.

Le tribunal n’a pas retenu l’accusation d’apologie de crime contre l’humanité pour cause de prescription. Dans son jugement, il n’a pas été aussi sévère que le procureur. Ce dernier avait notamment requis une peine de six mois de prison ferme.

Lors de l’audience, en juin dernier, son avocat avait plaidé la nullité de l’action. Il avait soulevé une question de droit portant sur la qualification des faits, de nature selon lui à rendre toute la procédure caduque. Avec pour conséquence l’arrêt des poursuites. Il estimait également que l’exhortation à la haine raciale n’était ni directe ni parfaitement explicite. Un revers donc.

Steven Bissuel avait invoqué l’humour et le second degré

Steven Bissuel avait invoqué la liberté d’expression et le droit à la caricature. Son intention ? Dénoncer la présence quasi quotidienne à ses yeux de l’évocation de la Shoah. Tout en réfutant, toujours sur un fil, véhiculer un message antisémite.

« C’est ma liberté d’aller sur ce terrain, piquer là où ça peut ne pas plaire à tout le monde ».

La présidente avait tenté de dévoiler ce que cachait ce « second degré » brandi par le prévenu.

« – Présidente : Mais allez plus loin ! Vous voulez susciter quoi ?
– Steven Bissuel : Normalement, dans l’Histoire, plus les choses s’éloignent moins on en parle. Là, c’est l’inverse. Sur ce fait (la Shoah, ndlr), il y a une omniprésence quasi quotidienne. C’est mon point de vue.
– Donc pour vous ces blessures devraient être refermées et ne pas être évoquées ?
– Quand on en parle autant, c’est normal que la caricature les touche. »

Toute une « propagande nazie » retrouvée à son domicile

Surtout, l’audience du 19 juin avait été l’occasion de découvrir le contenu des perquisitions au domicile de Steven Bissuel. Réalisées quelques jours après la publication des contenus sur les réseaux sociaux, elles avaient révélé tout un attirail relevant de « la propagande nazie » selon le procureur.

Matraques électriques et télescopiques, lampe shocker (lampe de poche taser, ndlr), bombe lacrymogène et une réplique de Beretta avaient ainsi été retrouvés chez lui. Des cartes postales à l’effigie d’Adolf Hitler, de la Wehrmacht, des écrits de Léon Degrelle ou encore des chants à la gloire de la Panzerdivision étaient également en sa possession.

Cette audience avait également été l’occasion d’apprendre que le leader du Bastion Social avait déjà eu affaire à la justice. Quand il était encore mineur.  Le tribunal pour enfants de Villefranche-sur-Saône en l’avait condamné en 2013 ainsi pour avoir tagué des inscriptions telles que « La France aux Français ». Les faits condamnés aujourd’hui le placent donc en situation de récidive légale.

Un fonds de soutien pour les militants du Bastion Social incarcérés

Steven Bissuel est par ailleurs impliqué dans autre affaire. Il est actuellement mis en examen pour des violences en marge d’un concert « antifasciste » en avril à Lyon. Il a d’ailleurs interdiction de se rendre dans le 5e arrondissement de Lyon entre 22h et 6h. Récemment encore, au micro de France Culture, il avait tenu des propos très ambigus au sujet de l’influence du « lobby sioniste » en France.

Peut-être sera-t-il aidé par le fonds de soutien aux militants du Bastion Social créé il y a peu. En juillet dernier, le groupuscule a annoncé la naissance de Cicero. Une association qui a pour but de collecter de l’argent pour aider ses militants incarcérés et poursuivis.

Deux d’entre eux, de la section de Marseille, sont actuellement en prison. Ils ont été condamnés à six mois de prison le 27 juin dernier pour avoir roué de coups un gendarme et un de ses amis guadeloupéen lors d’une séance de collage nocturne dans le 5e arrondissement de Marseille.

À Lyon, un hooligan proche du Bastion Social a été condamné à dix-huit mois de prison. Il était impliqué dans le passage à tabac d’un policier en marge du match OL-CSKA Moscou aux abords du Groupama Stadium à Décines.

Présent ce jeudi au tribunal pour le rendu du jugement, il a déclaré à l’AFP :

« Je n’ai pas confiance dans la justice de mon pays. C’est une décision politique; donc je constate et j’accepte » ajoutant qu’il allait « bien sûr faire appel ».


#Extrême-droite

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