
A Lyon, une 7ème manif contre la loi travail : grosses tensions et mobilisation en retrait
Au total, 15 000 personnes ont manifesté selon la CGT (5 500 selon la police), de la Manufacture des tabacs à la place Bellecour. Soit deux fois moins de monde que pour le 31 mars.
Des interpellations avant la manif
La journée a commencé avec les lycéens qui ont bloqué ou tenté de bloquer leur établissement. Ampère-Bourse et Saint-Exupéry à Lyon notamment.
A Saint-Priest dans la banlieue est de Lyon, la tentative de blocage du lycée Condorcet a tourné à la bousculade. La police est intervenue.
150 de ces lycéens sont partis en direction de la place Jean Macé où un premier rendez-vous avait été donné.
A l’arrêt de tram Jet d’eau (8ème arr.), au niveau du lycée Lumière, les vitres de l’arrêt ont volé. La police a utilisé les grenades lacrymogènes et interpellé six personnes. Deux ont été placées en garde à vue.
Une heure plus tard, à la Manufacture des tabacs, une vingtaine de militants d’extrême droite du GUD se sont placés devant l’entrée de l’université Lyon 3 qu’ils considèrent comme leur fief.
Mais contrairement au 31 mars, il n’y a pas eu d’affrontements avec les premiers manifestants. Des gendarmes mobiles se sont interposés mais n’ont pas interpellés les Gudards.
Pendant une heure, leur présence a focalisé l’attention d’une partie des manifestants jusqu’au départ du cortège vers 14h.
Tensions et treize garde à vue
En tête du cortège, composé pour moitié de la CGT, un millier de jeunes. Au premier rang, des lycéens, certains le visage masqué. Et sur le côté, une vingtaine de personnes masquées et toutes de noir vêtues en mode black bloc.

Les banderoles de tête au départ de la manifestation lyonnaise contre la loi travail. ©LB/Rue89Lyon
Dès les premiers policiers anti-émeute aperçus, les projectiles sont partis, surtout des oeufs de peinture.
Contrairement à la précédente manif où les mêmes scènes s’étaient produites, la police a répondu par des grenades lacrymogènes. Puis ce sont des canettes et des pétards qui sont partis. Première charge, premier matraquage et première interpellation.

Dès le départ de la manif, les policiers étaient postés le long du cortège. ©LB/Rue89Lyon
Ce scénario s’est répété jusqu’au niveau de la rue Garibaldi où la CGT a formé une ligne, après un énième arrêt du cortège.
La tension est redescendue d’un cran. Jusqu’aux premières banques qui ont été visées par les oeufs de peinture et des tags. La police a chargé et interpellé a deux reprises à Saxe-gambetta et quelques centaines de mètres plus loin.
Place du Pont, la dernière charge a viré à l’affrontement pour tenter d’empêcher l’interpellation d’un manifestant.
14 interpellations en marge de la manifestation contre la #loitravail à Lyon. Direct #AFP https://t.co/9HJ9m5weLK pic.twitter.com/H6HvXkPxYe
— Luana Sarmini (@LuanaSarmini) 28 avril 2016
La manif se terminait dans le calme quand une nouvelle interpellation a eu lieu rue des Marronniers.
Bilan selon la police : treize interpellations qui ont été suivies de garde à vue. vingt-deux interpellations sur l’ensemble de la journée. Six n’ayant donné lieu qu’à des contrôles d’identité. Onze policiers blessés.
Côté manifestants, la liste des blessés est longue. Un nez cassé pour une lycéenne sous les coups d’une matraque, un cheminot CGT avec également un nez cassé par un tir de grenade lacrymogène. Une manifestante a été évacuée par les pompiers pour une fracture ouverte de la jambe. Trois autres personnes ont été blessées au crâne.

Tête de la manifestation au pont de la Guillotière, juste avant d’arrivée place Bellecour. ©LB/Rue89Lyon
Occupation des Célestins
La place Bellecour s’est progressivement vidée alors que quatre rues adjacentes étaient bloquées par la police, avec, parfois, grilles et canons à eau. Sous les yeux de l’hélicoptère de la gendarmerie.
4 rues au départ de la place Bellecour bloquées par la police #loitravail #Lyon pic.twitter.com/OyNuOINneH
— Rue89Lyon (@Rue89Lyon) April 28, 2016
Vers 16h30, environ 300 personnes ont commencé une assemblée Nuit Debout. L’idée était ensuite de rejoindre la place Guichard occupée. Mais c’est finalement le théâtre des Célestins qui a été rallié.
Depuis 17h, à l’initiative du Collectif 69 des intermittents et précaires, plusieurs dizaines de personnes occupent ce théâtre du 2ème arrondissement de Lyon.

L’occupation du théâtre a commencé à 17h.
Des grèves de moindre ampleur
Un autre indicateur de l’ampleur de la mobilisation n’est pas très favorable aux tenants du retrait du projet de loi travail. Le mouvement de grève est plus limité qu’il y a un mois.
Quelques illustrations :
- Dans la région, la SNCF prévoit 1 TER sur 2 alors qu’elle en prévoyait 1 TER sur 3 en moyenne le 31 mars.
- Concernant les TCL, seules deux lignes de bus ne circuleront pas. Le 31 mars, la ligne A du métro, les deux funiculaires et le tram T1 ne circulaient pas. Une dizaine de lignes de bus étaient également à l’arrêt.
- Dans l’Éducation nationale, il ne devrait pas avoir de fermeture à Lyon alors que le 31 mars au moins quatorze crèches municipales et neuf écoles étaient fermées.
Une mobilisation en dents de scie
Avant cette journée du 28 avril, six manifestations se sont déroulées à Lyon. Elles ont rassemblé :
- le 9 mars, entre 7 000 personnes (selon la police) et 20 000 personnes (selon les organisateurs)
- le 17 mars entre 3000 et 6500 personnes.
- le 24 mars, entre 1 500 et 4 000 personnes.
- le 31 mars, entre 15 000 et 30 000 personnes.
- le 5 avril, entre 1 400 et 2 000 personnes.
- le 9 avril, entre 4 400 et 15 000 personnes.

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à rajouter dans la longue liste des violences policières lors de cette manifestation : une des interpellations a concerné deux jeunes adolescents qui n'avaient à vue d’œil pas plus de 15 ou 16 ans et n'étaient nullement "équipés" d'une manière particulière. Ils se sont faits mettre à terre puis frappés par une dizaine de policiers à coups de matraques et de pieds, avant de se faire mettre hors de portée des manifestant.e.s qui protestaient, derrière une porte d'immeuble, jusqu'à leur évacuation vers le fourgon de police. Quelle légitimité espère avoir une police qui a ce genre de pratiques?
C'est les projectiles principaux qu'on à vu voler, et il n'y a pas eu trace du moindre cocktails molotov (depuis combien d'année n'en à on pas vu à lyon ?) donc je vois pas bien comment vous arriver à parler de violence quand on vous parle de peinture...
Côté "police-qui-pense-qu'en-tapant-fort-ça-ira-mieux", on a eu lacrymogènes, puis flashball (nuages de lacrymogènes vues par moi en dessous de l'helico qui stationnait pile au dessus de la tête de manif pour filmer, à chaque fois que derrière, on était obligés de rester stationnaires, flashball : rapporté par gens). Puis, entre saxe et guillotiere, le moment le plus violent venant de la police, avec notamment une énorme détonation que j'ai entendu depuis le milieu de manif où j'étais alors remontée, et que j'ai pris pour "une détonation de flashball un peu puissante quand même" (des gens m'ont rapporté ensuite usage de grenade assourdissante et/ou de desencerclement à ce moment là de la manif).
Donc ouais, des violences policières ok Sandrine. Mais ils n'ont pas tiré avant que les émeutiers courageux et masqués ne leur donnent motif, en notre nom à tous puisque "l'émeute c'est cool et raaaadical sinon t'es pas des notres et on te soutiendra pas si t'es réprimée parce que qui n'est pas avec nous est contre nous".
Donc oui, on a raison de dénoncer le niveau disproportionné de violence policière (des flashball contre des cocktails, je comprendrais amplement - un cocktail ça n'est ni une canette en verre, ni une pierre de taille petite à moyenne). Mais on pourrait aussi cesser de laisser faire le diktat de la casse et de l'émeute parmi nous...si des gens veulent casser la vitre du tgi, ou lancer des pierres et autres sur la police, qu'ils le fassent comme des grands, et pas en utilisant d'autres lieux qui après sont sommés de "ne pas se désolidariser sous peine d'être des vilains collabos de la police".
Moi mon ennemi, c'est pas la police, c'est un système. Un système où les gens qui ont le pouvoir en usent et en abusent (du flic qui frappe un manifestant menotté et à terre, au prof de fac qui traine en justice une étudiante brillante pour lui bousiller toute perspective d'avenir universitaire par exemple, mais y'a pas que le pouvoir policier en cause). Et ceux qui tendent la perche à l'escalade de la répression sont pour moi les plus collabos de ce système.
En outre, ils sont sur un schéma viriliste et, partant, élitiste, de la manif (rien à fiche des nombreux manifestants qui quittent la manif par peur de ces affrontements : des femmelettes qui n'ont pas de couilles, je suppose, ces mauviettes ?).
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